Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article HELOTAE

IIELOTAE. Le servage de la glèbe a joué un rôle important dans un grand nombre de cités helléniques où il a contribué à assurer et à maintenir la supériorité militaire et politique de l'aristocratie. C'est dans les pays doriens qu'il a été le plus solidement établi après la soumission des populations indigènes et qu'il a eu la plus longue durée. Dans la Crète il y avait deux catégories de serfs de la glèbe, les MvwiTat ou M'iyrat sur les domaines de l'État et les K),yowrra. ou 'A p.atiTat, qu'on peut identifier avec les oizé.Eç de la loi de Gortyne, sur les terres des particuliers. La condition de ces serfs a été exposée aux articles APHAMIOTAI, GOR'TYXIORUM LEGES (p. 1(333, col. 2 et 1634). Ajoutons seulement que le servage de la glèbe existait encore en Crète à l'époque d'Aristote, mais qu'il ne survécut sans doute pas à la domination romaine Dans la Laconie nous trouvons, depuis l'époque la plus ancienne, la classe des hilotes, ElUerEç (quelquefois EfIo-fT) 2. Quelle était l'origine de ce mot? Il y avait déjà désaccord à ce sujet chez les auteurs anciens ; ils font venir pour la plupart hilote du nom de la ville de "E),(ç 3 ; cette étymologie n'est pas très satisfaisante; le mot "E).cç aurait plutôt donné `E) lot ' ou `E),ETat 5. On a cherché d'autres étymologies. La racine D, donnerait le sens de prisonnier de guerre 5. Comme les hilotes ont été établis dans la vallée profonde de l'Eurotas, on a songé aussi au mot nos qui signifie marais, lieu humide et boisé 7. Le sens primitif du mot n'est donc pas absolument certain. Ottfried Müller a émis l'opinion que les Doriens avaient trouvé dans la Laconie une classe de paysans lélèges, déjà réduits en servitude par les Achéens. C'est une pure hypothèse, en contradiction avec les témoignages anciens qui ne font remonter ce genre d'esclavage qu'aux conquêtes thessalienne et dorienne °. Il n'y en a aucune mention ni dans Homère ni dans Hésiode. On a soutenu aussi i0 que les conditions économiques et sociales ont pu spontanément donner naissance en Grèce à des tenures serviles : par exemple, dans l'Odyssée ", l'esclave Eumée dit que si Ulysse était revenu de Troie, il lui aurait donné une maison, une terre et une femme, récompenses qu'un bon maître donne à son serviteur; Eumée eût donc été un affranchi attaché à la terre ; sa situation n'aurait guère différé de celle d'un serf de la glèbe. La concession des terres à des pauvres, à des bannis aurait pu créer aussi une condition analogue. Nous n'avons malheureusement pas de textes positifs à l'appui de ces hypothèses. On a vu aussi une cause de la formation du servage dans l'obligation imposée aux débiteurs de rester sur les terres des créanciers; cette opinion est peu vraisemblable ; à Athènes le thète insolvable devient, encore à l'époque historique, l'esclave du créancier et peut être vendu au dehors ; sa condition diffère essentiellement de celle de l'hilote; si les dettes avaient amené le servage de la glèbe, Athènes aurait eu aussi ses hilotes 12. En tout cas, s'il a pu y avoir à l'époque primitive quelques serfs de la glèbe isolés, c'est la conquête dorienne qui a créé dans la Laconie la classe des hilotes. Nous n'avons guère sur l'établissement des Doriens que des récits légendaires et nous ne voyons pas nettement quelle fut la raison du partage de la population primitive, sans doute achéenne, en deux groupes très différemment traités, les périèques 13 et les hilotes. Grote f4 voit dans les périèques l'élément urbain, dans les hilotes l'élément campagnard. Cette distinction n'est pas fondée, au moins pour les origines. Les historiens anciens attribuaient avec plus de raison cette différence de traitement il la résistance plus ou moins longue qu'offrirent les villes de la Laconie et à une aggravation graduelle des rigueurs de la conquête. D'après Éphore 15 les Achéens s'étaient d'abord résignés à la condition de périèques et au payement du tribut que leur avait imposé Agis, fils d'Eurysthène, mais les habitants d'Ilélos se révoltèrent ensuite et après leur défaite furent réduits en servitude; d'après Pausanias 15 ce fut à Hélos que les Achéens livrèrent leur dernier combat contre le roi spartiate Alcamène et cette ville fournit les premiers serfs de l'État ; ce nom d'hilotes devint plus tard le nom commun de tous ceux qui furent soumis à la même servitude, même des Doriens de Messénie. Plutarque met le même événement sous le roi légendaire Soos, fils de Proclès ". Ces récits indiquent un fait certain : la transformation d'une partie des anciens habitants en hilotes à la suite de la conquête. La classe des hilotes fait partie intégrante du système social dans la constitution dite de Lycurgue qui représente les plus anciennes institutions de Sparte. Ils exploitent, aux conditions qu'on va voir, les lots distribués aux Spartiates dans la région appelée -:rG'A ;x-il ~ ô x qui comprend essentiellement la vallée de l'Eurotas. Les guerres de Messénie amenèrent la formation d'un second groupe d'hilotes. La première guerre (environ'73-728)'$ enleva aux Messéniens leur indépendance politique ; ils devinrent la plupart périèques, durent jurer de ne jamais se révolter, de prendre part, en costume de deuil, avec leurs femmes et leurs enfants, aux funérailles des rois de Sparte et des principaux magis RIEL -68FIEL trats spartiates; ils gardèrent la possession de leurs terres, moyennant le payement d'un tribut égal à la moitié des récoltes ; peut-être réserva-t-on aux Spartiates une partie de la Messénie, en particulier les terres dont les possesseurs s'étaient enfuis de différents côtés, à Argos, à Sicyone, à Éleusis, en Arcadie 2. Une tradition attribue en effet la création de trois mille lots nouveaux à Polydore, fils d'Alcamène 3; mais aucun texte ne dit comment ils ont pu être exploités. Cette situation paraît avoir duré environ un siècle". Larévolte des Messéniens amena la seconde guerre, qui se termina cette fois par l'assujetissement complet des vaincus; les Messéniens perdirent leurs terres et furent assimilés aux hilotes lacenions 5; quelques villes côtières gardèrent seules leur condition de villes de périèques. Ce sont les Messéniens qui vont constituer désormais la grande masse des hilotes. Nous ne savons pas si on établit des hilotes sur les terres enlevées à Tégée s. Le nombre des hilotes paraît avoir été considérable 7. Vers 2i1, les Étoliens emmenèrent hors de la Laconie 50 000 hommes parmi lesquels les l'ilotes devaient être en majorité 8; vers la même époque Cléomène trouva 6000 hilotes possesseurs d'une fortune de cinq mines 9 ; mais il est impossible d'arriver à une éva.lution précise ; les chiffres qu'on a obtenus de différentes manières sont absolument hypothétiques 70. L'hilote a une situation intermédiaire entre l'homme libre et l'esclave '1; il ne fait pas partie du corps des citoyens 12, il n'a aucun droit politique. Sa condition est issue de la conquête et il relève à la fois d'un maître particulier et de l'État. C'est avec raison que plusieurs textes les appellent esclaves de la communauté". L'État peut seul les affranchir'; et tous les affranchissements que nous connaissons ont eu lieu de cette manière, en masse, comme récompense de services militaires 15. C'est l'État qui surveille les hilotes, qui a fixé leurs devoirs, leurs obligations et aussi leurs droits à l'égard des propriétaires. On a même soutenu que, pour cette raison, chaque citoyen pouvait se servir, en cas de nécessité, des hilotes d'autrui comme des siens, mais les textes de Xénophon et d'Aristote ne s'appliquent probablement qu'aux esclaves véritables 16. Nous ne savons pas si l'État avait des hilotes sur ses domaines. Il ne semble pas que les hilotes fussent occupés aux services domestiques 11. Ils devaient uniquement exploiter les terres des Spartiates, soit dans la Laconie, soit dans la Messénie 18; ils ne cultivaient sans doute pas les terres des périèques 19. D'après les sources que suit Plutarque, ils devaient pour chaque lot r.),r,ro;) une redevance invariable dont la loi religieuse garantissait la fi xi té par une imprécationsolennelle contre le propriétaire qui l'augmenterait 20. Cette redevance était de 70 médimnes d'orge pour le propriétaire, de 12 pour sa femme et d'une quantité correspondante de vin et d'huile 21. Ces médimnes étant ceux du système éginétique 21 et valant 78 litres 80 centilitres, c'était un total d'environ 64 hectolitres de blé et d'une quantité de vin et d'huile qu'on ne peut apprécier. Nous ignorons quel était le rapport de cette redevance avec le produit total et l'étendue de chaque lot; mais le profit des hilotes était assez considérable puisqu'au me siècle, pendant la révolution tentée par le roi Cléomène, on trouva 6000 hilotes qui purent acheter leur liberté moyennant cinq mines par tête 23. Qu'arrivait-il quand il y avait plusieurs enfants dans une famille d'hilotes? Se partageaient-ils l'exploitation du même lot ou l'État les transportait-il sur les lots vacants ? Nous manquons de renseignements sur ce point. Nous ne savons pas davantage de combien de familles d'hilotes disposait chaque Spartiate; le nombre des serfs devait sans doute être en rapport avec l'étendue des propriétés de chaque citoyen; on voit dans Hérodote U qu'à la bataille de Platées chaque hoplite avait sept hilotes à son service : c'était donc peut-être là le chiffre moyen des serfs attachés alors à chaque domaine. L'hilote, lié à la terre, ne pouvait être vendu par le propriétaire 02 ; il avait le droit, comme on l'a vu, de posséder des biens mobiliers. C'est tout ce que nous savons de sa condition juridique. On peut admettre cependant, d'après la ressemblance générale du droit de Sparte et du droit crétois, que sa famille avait la même organisation que celle du serf de Gortyne. Comme autre devoir de l'hilote à l'égard du propriétaire, signalons l'obligation d'assister à ses funérailles 26 La condition des hilotes, à Sparte, était très mauvaise. Toute l'antiquité a été unanime à blâmer la cruauté des Spartiates à leur égard 27. On ne saurait la révoquer en doute, quelque part qu'on fasse à l'exagération des historiens et au caractère légendaire de certains récits ; Plutarque essaye en vain de l'atténuer en ne la faisant dater que de la troisième guerre de Messénie 28. D'après Myron de Priène 29, on infligeait chaque année un certain nombre de coups de fouet aux hilotes, uniquement pour leur rappeler qu'ils étaient esclaves ; on tuait ceux d'entre eux qui étaient trop vigoureux et on infligeait une amende aux maîtres qui les avaient trop bien traités; ils portaient un costume spécial, bonnet et vêtement de peau 39; l'usage des armes leur était interdit 31 ; d'après Plutarque, on obligeait des hilotes à s'enivrer et à se livrer ainsi, dans les syssities, à des chants et à des danses déshonnêtes pour dégoûter les jeunes gens de l'ivresse ; on leur interdisait les chants et les danses des hommes libres 32. Enfin on avait institué contre eux la xUnçreia; les témoignages anciens sont en désaccord sur l'origine et le caractère de cette institution. D'après le récit de Plutarque n, emprunté à Aristote, les éphores déclaraient tous les ans la guerre aux hilotes, à leur entrée en charge, pour qu'on eût le droit de les tuer, sans HEL 69 HEL s'exposer aux peines légales; à certaines époques de l'année, les jeunes Spartiates, les plus vigoureux, armés de poignards et pourvus de quelques vivres, étaient répartis dans la campagne, se cachaient pendant le jour et tuaient la nuit tous les l'ilotes surpris sur les chemins ; souvent même ils allaient jusque dans les exploitations rurales tuer les plus robustes. Iléraclide 1 attribue, comme Aristote, cette institution à Lycurgue et lui donne le même caractère. Platon se borne à dire que cet exercice habitue les jeunes gens à la fatigue 2. Sans prendre ces témoignages au pied de la lettre, on doit en admettre le sens général : les jeunes Spartiates étaient sans doute chargés, comme les éphèbes d'Athènes, de faire des rondes de jour et surtout de nuit dans la campagne et principalement dans la région montagneuse. C'était à la fois pour eux un exercice de gymnastique et une préparation à, la guerre Ils avaient en même temps à surveiller les hilo tes, à leur interdire les réunions nocturnes et pouvaient, le cas échéant, surtout aux époques troublées, les mettre à mort. Nous savons d'ailleurs que les jeunes gens formaient un corps qui pouvait être réuni à l'armée ; sous Cléomène III nous trouvons à la bataille de Sellasie un commandant de la xaui titct4. Cette cruauté des Spartiates à l'égard des hilotes s'explique par les inquiétudes perpétuelles que ceux-ci leur causaient. Les Spartiates et les hilotes se considéraient réciproquement comme des ennemis naturels. Les hilotes, beaucoup plus nombreux que leurs maîtres, Doriens en grande partie, ne pouvaient oublier leur ancienne liberté ni se résigner à leur condition et constituaient un danger permanent Aristote nous les représente, guettant toutes les occasions et surtout les malheurs de Sparte pour s'insurger ; et, de fait, l'histoire de ce pays est remplie de leurs révoltes et de leurs conspirations ; ils ont pris part à la tentative du roi Pausanias qui leur promettait pour prix de leur concours la liberté et le droit de cité, à celle de Cinadon sous Agésilas 3. Une tradition les montre associés à la révolte des Parthéniens après la première guerre de Messénie 9. La troisième guerre de Messénie fut provoquée par le soulèvement des hilo tes de la Laconie après le tremblement de terre de 464 10 ; les Messéniens, réfugiés sur le mont Ithome, résistèrent pendant dix ans et obtinrent par une capitulation le droit de se retirer librement avec leurs femmes et leurs enfants, en jurant de ne plus rentrer dans le Péloponnèse 11; mais, d'après Diodore 12, les hilotes, chefs de la sédition, furent exécutés, les autres transformés en véritables esclaves. Dans le traité conclu avec les Spartiates en 421, les Athéniens s'engageaient à les secourir de toutes leurs forces, en cas d'une révolte des hilotes 13. Pendant la guerre du Péloponnèse il yeut de fréquentes défections d'hilotes 14, surtout lors de l'occupation de Pylos par les Athéniens : c'est pour les prévenir que les Spartiates se débarrassèrent traîtreusement de deux mille hilo tes qu'ils avaient fait semblant d'affranchir pour récompenser leur vaillance à la guerre 15 Le gouvernement de Sparte n'en était cependant pas moins obligé, en raison du petit nombre des citoyens, d'utiliser de plus en plus les aptitudes militaires des hilotes. Tyrtée conseillait déjà aux Spartiates dans un combat de remplacer leurs morts par des hilotes 16. On les employa d'abord comme valets, servants d'armes : Gttxc7tt6-ra: 19; puis comme infanterie légère : à Platées les 5000 hoplites Spartiates avaient avec eux 35 000 hilotes 26 ; plus tard, pendant la guerre du Péloponnèse, ils fournirent des rameurs et des soldats de marine 21, peut-être sous le nom de ôee7roclovxû2', et même fréquemment des hoplites 23. On leur promettait souvent la liberté pour les enrôler ou on la leur donnait comme récompense de leurs services 2 . Deux textes parlent d'hilotes nommés harmostes 2S. Il est encore question des hilotes à l'époque du roi Cléomène III comme on l'a vu, de Philopoemen qui en vendit 3000 26, du tyran Nabis qui en affranchit un grand nombre 27 ; d'après Strabon ils subsistèrent jusqu'à la domination romaine 28 En somme, le servage de la glèbe a procuré à Sparte de grands avantages, mais il lui a causé aussi beaucoup d'embarras et de maux. Les hilotes ont débarrassé les Spartiates de presque tous les soucis matériels 29, leur ont permis de se consacrer entièrement à leurs devoirs politiques et militaires; ils ont facilité le maintien de l'aristocratie de Sparte ; mais en revanche les Spartiates se sont déshabitués du travail, ils sont restés campés au milieu d'une population ennemie qu'ils ne contenaient que par la terreur; rien n'a plus contribué que ce régime à la décadence politique et économique de Sparte. Les hilotes affranchis par l'État forment la classe des 35001pLs'incq 30 ; ils apparaissent durant la guerre du Pélo ponnèse et on connaît surtout leur rôle militaire. Ils servaient comme hoplites en nombre considérable puisque Thirnbron en emmena 1000, Agésilas 2000 en Asie 32 Ils avaient sans doute les droits civils, mais ne possédaient certainement pas les droits politiques, malgré leur titre de nouveaux citoyens et il faut rejeter le texte de Télés d'après lequel tout individu étranger ou issu d'hilote qui aurait rempli les conditions nécessaires de fortune et d'éducation, aurait pu devenir citoyen 33. Ils pouvaient avoir des propriétés foncières, puisqu'on en voit, dans Thucydide, qui ont été établis à Lépréon, pays récemment pris aux Éléens Il est probable qu'on leur assignait leur résidence, car on distingue des simples néodamodes les Bpxc(ôEtot, c'est-à-dire les hilotes qui, après avoir servi sous Brasidas dans la Chalcidique, avaient reçu avec la liberté le droit de s'établir où ils voulaient''. Les néodamodes réclamaient une condition meilleure puisqu'on les voit participer à la conspiration de Cinadon avec les hilotes, les périèques et les citoyens de rang IIEL 70 FIEL inférieur'. Ils ne sont plus d'ailleurs mentionnés dans les textes postérieurs à Xénophon. Il y avait encore à Sparte une classe particulière d'affranchis, les _MdOarsç. On appelait ainsi des enfants de condition servile, élevés avec les jeunes Spartiates selon les règles de l'éducation nationale ; chaque Spartiate avait ainsi, selon sa fortune, un ou deux ou même plusieurs compagnons 2. Cette éducation équivalait-elle à l'affranchissement? ou bien y avait-il ensuite, à un certain âge, un affranchissement régulier, ou, comme l'a cru Schoemann 3, une adoption faite par un citoyen? Les textes sont muets sur ce point; nous savons seulement qu'ils étaient libres, mais pas citoyens; cependant quelques-uns obtenaient le droit de cité, puisque cette classe fournit des personnages tels que Callicratidas et, d'après une tradition, G3 lippe et Lysandre 4 ; peut-être ce privilège était-il réservé à ceux d'entre eux qui étaient des bâtards, issus d'un père citoyen et d'une femme de condition servile'. Aucun texte ne dit précisément que les 11Id0axis fussent des enfants d'hilotes ; mais on doit l'admettre; les esclaves proprement dits n'étaient pas assez nombreux à Sparte pour fournir tous ces enfants. Il ne semble pas qu'il faille distinguer des M60oroç les MdOefvrç dont les grammairiens et les scholiastes donnent à peu près la même définition Nous renvoyons à l'article EPEU,NAKTAI pour les bibles qui ont porté ce nom. Myron 7 signale encore plusieurs variétés d'affranchis, les â?ÉTat, les î(77torot, les ieuzti-ilpeç, dont nous ne connaissons ni l'origine, ni la condition. Les serfs de la glèbe dans les autres cités helléniques sont beaucoup moins connus ; mais partout cette forme de servage paraît avoir eu la même origine, la conquête. II y avait dans la Thessalie la classe des 7rEvirtzt. D'après l'historien Archémachos 8, après l'invasion des Thessaliens, une partie des Béotiens vaincus consentit à rester dans le pays, aux conditions suivantes : leurs maîtres ne pourraient ni les tuer, ni les chasser, ni les vendre hors des frontières de la Thessalie; en revanche les Béotiens devraient cultiver les terres des nouveaux propriétaires et leur payer une redevance. Ils s'appelèrent pour cette raison II.avLCrat, puis =vic:of 9. Ils avaient donc à peu près la mème situation que les hilotes, auxquels tous les textes les comparent 10. Cependant ils paraissent avoir été mieux traités "et pouvaient devenir plus riches que leurs maîtres 12. C'est peut-être pour cette raison qu'ils se révoltèrent souvent, profitant surtout des guerres des Thessaliens avec leurs périèques, Achéens, Perrhaebes, Magnètes 13. Ils fournissaient à l'État de l'infanterie légère, des cavaliers et surtout des matelots 14. Démosthène cite deux Pharsaliens qui envoyèrent au secours d 'Amphipolis l'un deux cents, l'autre trois cents serfs '5. D'après un fragment d'Euripide'd et des vers de Théocrite 1', il y aurait eu aussi des pénestes comme esclaves domestiques. Il est encore question de pénestes à l'époque macédonienne ; Agathocle, officier de Philippe, appartenait à cette classe et Théocrite la connaît encore. Après la fondation de la colonie grecque d'Iléraclée sur le Pont-Euxin, les indigènes, les Mariandyniens, consentirent par traité à servir à perpétuité sur Ies domaines des conquérants en leur payant une redevance, à la condition qu'ils ne pourraient être vendus en dehors du pays 's. Plusieurs textes les appellent ôcepo?dpot, porteurs de présents 20, et ils sont toujours assimilés aux hilotes et aux pénestes 21. D'après Aristote 22 ils fournissaient beaucoup de matelots à l'État; le tyran Cléarque les affranchit en masse au milieu du Ive siècle av. J.-C. u Strabon 2i décrit leur condition d'après les historiens anciens; nous ne savons s'il yen avait encore à son époque. Les auteurs assimilent encore aux l'ilotes les Bithvniens indigènes asservis par les colons grecs de Byzance 20, les serfs de l'Argolide qui fournissaient de l'infanterie légère et s'appelaient pour cette raison f'uu.'i 1rsç ou I'up.v,iceot 20 les Korynéphores (Kopuvv-,4,dpot) de Sicyone, armés d'une massue 27, probablement identiques aux I o.7tevoro(idpot du même pays, serfs portant un costume bordé d'une peau de mouton 28 et que Théopompe compare aux Épeunactes de Sparte 20. Dans la loi de la colonie de Naupacte qui est sans doute antérieure à 455 30 il est question de serfs, oizta'ra(, qu'on ne peut séparer, môme en cas de confiscation par l'État, des lots de terres, propriétés héréditaires des conquérants; ces serfs de la glèbe étaient peut-être Lélèges d'origine 31. Les Kallicyriens (Kz),).txuptot) de Syracuse étaient sans doute aussi des indigènes transformés en serfs de la glèbe sous la domination de la nouvelle aristocratie, des Géomores ; ils étaient plus nombreux que leurs maîtres et réussirent à les expulser à une date inconnue, avant 485 37. Gélon, tyran de Géla, ramena les propriétaires à Syracuse ; nous ne savons ce que devinrent les serfs ; peut-être eurent-ils alors le droit de cité 33. Polémon dit 34 qu'à Iléraclée de Trachinie les Cylicranes ne faisaient pas partie du corps des citoyens et qu'ils avaient l'empreinte d'une coupe sur l'épaule. Ce traitement paraît désigner des serfs. D'après Aristote à Apollonie et à Théra, une aristocratie, issue des premiers colons, régnait sur une foule d'hommes non libres; Aristote n'aurait pas signalé cette particularité s'il s'était agi d'esclaves ; il est probable que dans ces villes les indigènes étaient devenus serfs de la glèbe. En dehors de la Grèce propre, les Ardiaeens, peuplade illyrienne, possédaient, d'après Théopompe 3c, 300 000 7rpoc7riX.'rat, qui leur servaient d'hilo tes. Voilà la liste des pays oit l'existence des serfs de la HE 1t 71 HEM glèbe paraît prouvée. Nous ne savons pas quelle était la condition de ces Lélèges qui, d'après l'historien Philippe', étaient encore les esclaves des Carions à l'époque macédonienne. C'est à tort qu'on a voulu trouver des serfs de la glèbe dans d'autres pays ; par exemple, à Chios 2 et à F.pidamne 3, nous n'avons que de véritables esclaves. Les Kovi roisç (gens aux pieds poudreux) d'Épidaure '` n'étaient évidemment que des campagnards ordinaires. Nous savons seulement des Iiuvd?ctaot de Corinthe que c'était le none d'une tribu Les Cyrrhaeens et les Kragalides de Delphes étaient devenus de véritables esclaves après la consécration de leur pays à la divinité'. Les Thébagènes, dont parle Éphore 7, étaient une partie de la population libre de la Béotie. Cu. LCCRIVAIN, III MÉRODROMOI (`Ht.tsoôcdi.ot, ôpopoxtioureç). Les Grecs appelaient ainsi des coureurs exercés à franchir un espace énorme en un temps très court'. Ils servaient de courriers aux chefs d'armée. D'après Philostrate, le concours du dolique aurait dû son origine à l'institution des hénlévodromes [cunsus]. Les auteurs anciens rapportent des exemples étonnants de la rapidité de ces messagers. Phidippidès 2, qui fut chargé de porter à Sparte la nouvelle de la victoire de Marathon, franchit en deux jours un espace de 1160 stades (environ 214 kilomètres et demi). Il fut de beaucoup surpassé par Anystis, de Lacédémone, et par Philonidès, hémérodrome d'Alexandre ; ces deux messagers parcoururent, le premier en un jour, le second en neuf heures, la distance d'Élis à Sicyone, c'est-à-dire douze ou seize cents stades (220 à 240 kilomètres). Après la bataille de Platées, Euchidas courut de cette ville à Delphes, chercher de quoi rallumer le feu sacré qui s'était éteint par suite de la guerre, et il revint le même jour, quoique la distance fût de mille stades (185 kilomètres). A son retour, il tomba mort de fatigue 5; la même chose arriva à Phidippidès5. Pline, comparant ces coureurs à ceux de son temps, atteste la supériorité de ces derniers; selon lui quelques-uns firent dans le cirque une course de 160000 pas (237 kilomètres); et en 59 avant notre ère, un enfant de huit ans aurait parcouru en un jour et une nuit 75 000 pas (environ 111 kilomètres). L'usage des coureurs se maintint, à côté de toutes celles qui constituaient le cnnsus PUBLICUS, sous les empereurs ; seulement les courriers se relayaient fréquemment'. BBSSEa1AKES.