Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

AGYIEUS

AGYIEUS (Ayuteûç et AyutàTf,,ç I). Ce surnom tiré d'«yuté, rue, donné à Apollon, considéré comme protecteur des rues, devint par extension le nom des images et autels élevés en l'honneur du dieu, à Athènes, devant les portes des maisons (iv rpoOépotç). Ces images ou autels avaient conservé la forme des ARGOI LITHOr ; ils consistaient en un pilier rond ou carré, aminci vers son sommet e. Les monnaies d'un assez grand nombre de villes en offrent la représentation, comme celle d'Ambracie, ici reproduite (fig. 191), où l'on voit le symbole d'Apollon Agyieus, orné de bandelettes semblables à celles qu'on attachait aux stèles funéraires et, AGY 169 AGY en général, aux objets consacrés. On déposait aussi des branches de laurier ou de myrte, on faisait brûler des parfums ou l'on versait des huiles odoriférantes sur la pierre même qui était le symbole du dieu : c'est ce qu'on appelait xvtccâv âyut«S et ayUtaclés OEpŒ72Elat s ; le (i631LQS âyutiéç 4, dont on rencontre fréquemment la mention dans les auteurs anciens, n'était pas autre chose que cette primitive et grossière image. On s'accoutuma à la considérer et à la désigner comme un autel, à cause de l'emploi qu'on en faisait et de sa forme, qui fut appropriée à cette destination. M. Wieseler a reconnu, sans doute avec raison, des autels mobiles (Ovutcuriipta, Ecy«pie), d'Apollon Agyieus, dans des cippes, tantôt debout et tantôt renversés, que représentent diverses oeuvres d'art et dans lesquels on n'avait vu jusqu'alors que des tronçons de colonne dont rien n'expliquait la présence ; au contraire, l'intention de l'artiste de figurer l'egyeas est presque toujours motivée dans les ouvrages où M. Wieseler l'a retrouvé. Ainsi une peinture de Pompéi «fig. 992) représente Hermès et Apollon, dieux invoqués tous deux par les Athéniens comme les protecteurs de leur seuil (Oupcopé;, ©upaïoç, 7rpo77 aatuç), l'un assis, l'autre s'appuyant sur la pierre qui lui est consacrée. Dans cette supposition l'entaille carrée que l'on remarque à la surface supérieure du cippe renversé, serait l'orifice du canal destiné à l'écoulement des liquides que l'on y répandait. Sans doute, aux beaux temps de l'art, Apollon Agyieus fut représenté dans des oeuvres d'art plus parfaites. Un autel trouvé dans l'Attique' offre l'image ici reproduite (fig. 193) du dieu nu, tenant la cithare et s'appuyant sur un tronc d'arbre. L'inscription gravée au-des Nror, le désigne à la fois comme le dieu protecteur de la rue, de la demeure, de la famille, et comme celui de toute la race io nienne. Les Athéniens étaient fort dévots au dieu qui veillait à l'entrée de leur maison. Ils lui adressaient de fréquentes prières ; quand les rues trop étroites ne permettaient pas de lui ériger devant la porte une image taillée, on la peignait sur la muraille e. Apollon Agyieus avait aussi un culte, des autels et des statues à Argos, à Sparte, à Tégée, à Mégalopolis et dans d'autres villes, mais il n'y était pas, comme à Athènes, universellement adoré et n'avait pas son image devant toutes les portes. E. SAGLIO.