Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article HESTIASIS

IIESTIASIS (`Eeriaets). Nom donné par les Athé niens à une prestation ou liturgie, qui était classée, comme la chorégie et la gymnasiarchie', parmi les pres tations ordinaires, les tryxux),tot ),Etroup'Ytat 2, celles qui revenaient périodiquement, par opposition aux liturgies extraordinaires, telles que la triérarchie. Le citoyen à qui incombait cette prestation donnait à ses frais un repas aux membres de sa tribu (cpu),Ertrz iE7.7i9 a) 3. Ces repas, qui étaient à la fois un acte religieux et un moyen d'entretenir la bonne harmonie entre les membres de la tribu 4, avaient lieu à l'occasion de grandes solennités religieuses, telles que les Dionysiaques et les Panathénées 6. Pour les Thesmophories, qui étaient la grande fête religieuse des femmes, l'heria6tç offrait un caractère particulier; le repas avait lieu par dèmes et non par tribus ; les femmes seules y prenaient part, et c'était le mari de l'une d'elles qui supportait les frais du repas6. L'ticrtxrop pouvait être un citoyen de bonne volonté, qui s'offrait spontanément (iOEXovrri;) 7. Mais la charge était assez lourde. En restreignant le repas au strict nécessaire, en éliminant toute friandise, Bàckh évaluait à deux oboles par tête le coôt de l'ECT(aet;, et encore cette évaluation lui paraissait plutôt au-dessous qu'audessus de la réalité. Le nombre moyen des citoyens était d'environ deux mille par tribu. La dépense était donc de six à sept cents drachmes. Les volontaires pouvaient faire défaut. Harpocration dit que, en pareil cas, on désignait un contribuable par la voie du sort Il est plus conforme aux vraisemblances et aux analogies de supposer que I'écrtrs p était choisi parmi les citoyens les plus riches de la tribu. Une liturgie onéreuse ne pouvait pas avoir été livrée au hasard. D'un passage d'Isée, il résulte bien que le repas des femmes mariées, lors des Thesmophories, était payé par les hommes mariés qui possédaient dans le dème des biens d'une certaine valeur, notamment par le propriétaire d'une maison valant trois talents'. Il devait en être de même pour les repas des Dionysiaques ou des Panathénées, bien plus dispendieux, puisque le nombre des convives était beaucoup plus élevé. Si un tirage au sort avait lieu, ce ne pouvait pas être sur l'ensemble des membres de la tribu; c'était seulement parmi les citoyens qui, à raison de leur fortune, étaient en mesure de supporter la liturgie 1° Y avait-il, à Athènes, à l'occasion de quelques grandes solennités, des repas publics, auxquels prenaient part indistinctement les citoyens de toutes les tribus? Bockh admet l'existence de ces repas généraux, payés par la caisse du théorique, et les oppose aux i(iuAETtru, 8Et7v2, dans lesquels se réunissaient seulement les membres de la tribu". Mais le texte auquel Bickh renvoie ne nous semble pas probant en sa faveur 12 ; il est d'ailleurs et très justement regardé comme l'oeuvre de quelque grammairien maladroit ". C'est un prétendu décret, voté sous l'archontat d'Euthyclès, et il n'y a pas eu, au Ive siècle, d'archonte portant ce nom. D'autres textes, allégués dans le même sens par Westermann, ne semblent pas plus décisifs". Ils parlent seulement d ir (aatç et conviennent aussi bien à des repas par tribu qu'à, des festins réunissant le peuple tout entier''. Un ancien rhéteur, Alexandre, a parlé d'une seT(xat; des métèques et des étrangers. Lorsque, dit-il, la cité était en fête, tous les habitants, les étrangers et les métèques aussi bien que les citoyens, devaient participer aux réjouissances. Aussi les étrangers et les métèques se donnaient des repas les uns aux autres, E(er(wv .) XAou; 16 Mais cette vague allégation d'un grammairien peut-elle avoir beaucoup d'autorité ? Un repas commun entre étrangers est plus qu'invraisemblable. On comprendrait mieux une i 7(aetç entre métèques, à L'occasion des fêtes religieuses qui leur étaient spéciales, par exemple lors des sacrifices en l'honneur de Zeus F,.e s xtoç On sait, en effet, que les métèques étaient soumis à certaines liturgies analogues à celles des tribus 18. Il est également possible que, lors des Panathénées et des Lénéennes, fêtes auxquelles les métèques prenaient part avec les citoyens 10, un repas ait été offert par l'un d'entre eux à tous ceux qui avaient figuré dans les processions ou joué un rôle dans les choeurs cycliques 20. Mais ce sont là de simples conjectures sur lesquelles il serait témé raire d'insister. E. CAILLEMER.