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IHÉROPOIOI (`IEpoirotoO. Fonctionnaires ordinai
rement réunis en collèges, chargés en divers endroits d'assister les prêtres, de préparer et quelquefois d'accomplir les sacrifices, en certains cas aussi de recevoir des redevances et d'administrer les biens des temples 1.
Pour les (Epo7roto( aux Éleusinies, voy. ELEUSINIA.
Pour les iEpoaoto( T(70 ZEU v v, chargés des sacrifices des
vénérables déesses, c'est-à-dire des Euménides, voy. FuRIAE, p. 1416 et 11ESYCRIDAI. Pour les iEpo74oto( en géné
considéraient l'hymen d'Héra et de Zeus' comme le mariage sacré par excellence. Car ces deux divinités furent les premières, dit Denys d'Halicarnasse 2, qui s'unirent
par le lien conjugal. On les appelait 7rpuT ÿvEtç Tâ1V ylp.wv et leur union était le modèle idéal des mariages humains. Zeus et Héra se trouvaient au premier rang des Oooi Yapr~atot sous le nom de Zeus Teleios' et d'lléra Teleia 6 ; le mariage s'appelait anciennement Téaoç, à la fois parce qu'il passait pour être la plus sainte des cérémonies religieuses' et que le célibat était regardé dans l'antiquité comme une forme imparfaite de l'existence 8. On donnait aussi à Héra les épithètes de Fc9, r)).(a,
Juga) ; d'après Apulée 10, ce dernier surnom était aussi répandu en Orient, au moins sous l'Empire, que celui de Lucine en Occident.
Cette conception mythologique de l'origine du mariage paraît avoir été postérieure en Grèce à la religion des anciens Pélasges, qui admettaient Déméter, fille du Titan Kronos, comme la première épouse de Zeus [cERES]. C'est
V.
Déméter qui aurait créé les liens de l'union conjugale (Osrp.dg), et Héra Teleia ne parvint pas toujours à supplanter comme déesse du mariage Déméter Thesmophoros. A Athènes, par exemple, la prêtresse de Déméter avait conservé son rôle dans les cérémonies nuptiales" ; d'autre part Héra Teleia s'était glissée dans la fête des Thesmophories, qui rappelait te mythe pélasgique, et on l'y invoquait comme la gardienne des clefs du mariage '2 ; mais durant les fêtes athéniennes d'Héra, le temple de Déméter à Éleusis restait fermé ". Malgré l'antiquité du mythe qui unit la Terre femelle au Ciel mâle, c'est une idée commune à beaucoup de peuples indo-germaniques que l'institution du mariage remonte aux noces de la divinité lunaire [JuNo] avec le dieu du ciel ou du soleil ; on la rencontre non seulement en Grèce, mais aussi dans l'Inde, chez les Lithuaniens et chez les peuplades italiques". Le caractère de divinités matronales, de déesses de la fécondité et de l'enfantement, qu'ont en général les déesses lunaires et qui s'accuse dès l'époque archaïque dans les représentations figurées d'Héra, n'est pas en désaccord avec ce caractère de divinités nuptiales, puisque le but du mariage est précisément de perpétuer la famillel5,
On a cru retrouver dans l'Iliade le souvenir d'un hymne préhomérique sur le hiéros gamos, qui nous donnerait la plus ancienne forme du mythe 16. Il s'agit du passage 17 où le poète nous montre sur l'Ida le fils de Kronos saisissant dans ses bras l'épouse, et la Terre aussitôt, pour leur faire un lit nuptial, enfantant une végétation nouvelle, « le lotos humide de rosée, le crocos et l'hyacinthe molle et touffue. Et ils se couchèrent, et ils s'enveloppèrent d'un beau nuage d'or, et il en tombait d'étincelantes rosées. » Il y a, semble-t-il, dans cette description,
une réminiscence du jardin des dieux (OEwv x'ilaoç)où
certaines traditions paraissent avoir localisé le mariage d'Héra et de Zeus. C'est peut-être pour ce motif que ce pays du printemps éternel, situé aux limites du monde occidental, sur le bord de l'Océan, est le plus souvent désigné sous le nom de jardins de Zeus (3a;19 ou
de jardin d'Héra ("Hpaç ),etlnéo, hortus Junonis) 20. Ilelbig
suppose qu'il est personnifié par des enfants couronnés de fleurs, dans une peinture de Pompéi 21 qui reproduit la scène du hiéros gamos (fig. 3835). Le jour du mariage, la 'l'erre produisitl'arbre quiporte les pommes des Hespérides
pour le donner à Héra; celle-ci le fit planter dans le jardin des dieux et garder par un serpent monstrueux'. L'Iliade contient une autre allusion à, ces noces, qui furent clandestines : péaouç arOovto Tox-71«ç2; les parents dont il
est question sont, d'après le scholiaste, Okéanos et Téthys, chez qui vivait la jeune déesse. Il y avait probablement dans le mythe que connaissait le poète homérique un enlèvement d'Héra; ce rapt constitue un élément important de plusieurs autres mythes relatifs à la hiérogamie.
Nous connaissons un certain nombre de traditions locales sur l'endroit où s'était consommé l'hymen.
Légende béotienne. IIéra avait été élevée en Eubée par sa nourrice Macris ; Zeus la ravit et la cacha, vierge encore, dans une grotte du Cithéron, où ils s'aimèrent' ; ce mythe paraît plus ancien que la légende de la réconciliation que racontent Pausanias et Plutarque'.
Légende eubéenne. La ville de Carystos s'honorait de ce mariage' ; on montrait aussi une grotte de la fiancée (vv~cr.w 'Lau~vcov)6, comme en Béotie; Héra s'était retirée en Eubée après avoir brusquement quitté Zeus dans un accès de colère
Légende crétoise. Les habitants de Cnossos montraient, près du fleuve Théris, l'endroit oit s'étaient unis les divins époux'; d'autre part,. sur la métope du temple d'Héra à Sélinonte (fig. 3836)° qui représente la déesse s'approchant de Zeus, il semble que le rocher sur lequel est assis le dieu caractérise l'Ida.
Légende saurienne. Les deux divinités s'étaient mariées secrètement dans File où Héra était née f0 ; certaines cérémonies des UEBAIA de Samos nous laissent supposer
I'herecyd. Fr. 33, tr. par Ilygin. Poet. astron. 1l, 3; Asclepiad. ap. Athen. III, 83 C. 2 Hom. Il. XIV, 296; cf. une légende analogue, à propos du ma
Byzant.s.•v Kipaaaç; Bursian, Geogr. II, 434; le ice3; sflas aurait eu lieu sur le mont Oché, ainsi appelé fera r1; lzst Tala;; de là venait le nom de la féte de Carystos: Herochia. 6 Schol. Aristoph. Pax, 1126 (ua,imut, 'Eaû anuv); Steph, Byz. s. v. 'Ekiyna; d'après Bursian, il s'agissait d'une des îles de la pointe sud-ouest. 7 Paus. IX, 3, 1. 8 Diod. Sic. V, 72. 9 Foerster, p. 34; Overbeck, Kunstm. Hom. Il. 1, 609; XIV, 296 ; Nicainet. ap.`Athen. 673b et ç ; Varro, ap. Lac.
que Zeus avait caché la déesse dans une oseraie, près de la mer, et que les époux avaient partagé un gâteau de farine, comme gage de leur indissoluble union, suivant un rite que nous retrouvons chez les Hindous, en Grèce et en Italie (confarreatio) ".
Légende syrienne.Le mariage aurait eu lieu en Asie, entre le Tigre et l'Euphrate, près de la source du fleuve Aborrhas; c'est du moins l'interprétation que l'on peut tirer d'un texte d'filien 13, lequel mentionne en passant_ un adyoç is 6ç relatif à cette source. Héra, dit-il, s'y baigna is.crl 'rob y p.ovç Tot; Atoç, et depuis lors cet endroit n'exhale que de doux parfums ; ce dernier détail n'est pas sans analogie avec la description homérique que nous avons rapportée plus haut et le mythe du jardin des dieux, où jaillissent des fontaines d'ambroisie.
Nous ne savons pas quelle était la légende d'Argos, qui passait pour avoir donné le jour à Héra .13 et dont le térritoire possédait le plus célèbre IIéraion de la Grèce. Pausanias ne dévoile les a.7r6p priTa du culte argien quo pour nous apprendre que la déesse recouvrait chaque année sa virginité par un bain dans la source de Canathos, à Nauplie'. Les habitants d'Hermione, sur les bords du golfe Argolique, croyaient qu'lléra et Zeus, venant de Crète, avaient débarqué dans leur port 1' ; ils adoraient Héra comme vierge (7.0Oevoç) et comme épouse (Teaela). D'après la légende areadionne, elle fut élevée à
Stymphale par Téménos ; elle y revint après s'être séparée de Z.eus10; mais nous ignorons où eut lieu le mariage, bien que Stymphale possédât aussi un temple d'Héra Teleia.
C'est peut-être de cette union sacrée que naquit Ilébé77 ou, comme on l'appelait à Sicyone, Dia 13 ; elle avait sa
tant. hist. die. 1, 17; August. Civ. D. VI, 7. La légende du rapt de la statue d'Héra, que raconte Athénée, p. 672, d'après Ménodotos de Samos, n'était probablement qu'une transformation du m} the et servait à dissimuler le sens mystérieux des fêtes samiennes. Il y avait aussi une tradition locale d'après laquelle Héra était née dans file même, près de l'Imbrasos ; Paus. VII, 4, 4. -11 We1cker, Gr. Goetterl. I, p. 369; Roselier, Sol. 20 ; Praec. conjug. 20 ; en Macédoine, Cart. VIII, 46 ; dans l'Inde, Fustel de Coulanges, Cité ant. p.4G ; Denys d'Halicarnasse, 1I, 25, appelle hiérogamie le mariage par confarreatio. 12 Ael. De nat. anim. XII, 30. 13 Strab. IX, 2, 36.ls Paus. 1l, 38, 2; Schol. Pind. Olymp. VI, 149. 16 Steph. Byz_ 'Ee r s ; Aristot. ap. Schol. Theocr. XV, 61; le temple d'Héra était en face d'un temple de Zeus, Paus. p. 2103 ; dans llésiode, Theog. 923, Hébé est rainée des enfants d'Héra. 18 SireVIII, 6, 24 (p. 382); Paus. II, 13, 3; ce nom rappelle celui de Pandia, fille de Zeus. et de Séléné; cf. aussi Iléra Dioné, Apollo ep. Srhpl. Hom. Od. III, 91; Roselier,
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statue dans l'Héraion d'Argos et dans celui de Mantinée2.
Puisque ce mariage fut secret', il est naturel qu'aucune divinité n'y ait été associée. Sur la métope de Sélinonte le couple divin est seul. Dans Aristophane'` on ne voit apparaître, avec Éros, que les Moires ; elles remplissent le rôle de Oc),xE1.Eirptxt; leur présence peut s'expliquer par ce fait qu'elles passaient pour avoir élevé Véra
Dans Théocrite 6, c'est Iris qui prépare la couche des époux ; elle accompagne également Véra sur la peinture de Pompéi (fig. 383). Foerster' attribue au cycle du hiéros garnos toute une série de vases peints à figures noires sur lesquels on voit diverses divinités faire cortège à un homme le plus souvent barbu et à une femme voilée, tous deux montés sur un char à quatre chevaux ; mais il est vraisemblable que dans ces représentations les Ocot yxtl.t),tot n'escortent qu'un couple humain. Le relief d'une base carrée, à la Villa Albani, parait bien se rapporter an cortège nuptial de Zeus et d'Héra. Apollon conduit la marche en chantant sans doute l'hyménée et en s'accompagnant de sa lyre; puis viennent Artémis qui porte des flambeaux (ôxisg vulr.:otxxt) 9 et une déesse qui tient un sceptre : Rhéa, Léto ou Téthys10. Zeus précède IIéra, que suivent Poseidon, Déméter, Dionysos, Hermès et Hestia". Ce relief est de style archaïstique et d'époque tardive. Quant aux processions et aux banquets des fêtes hiérogamiques, ils n'avaient sans doute d'autre but que celui de rappeler la pompe nuptiale et la coutume des festins de noces (7ty.e'WsLx, 0oivrl yx ax-i,).
On appelait hiérogamies certains rites du mariage grec en l'honneur des célestes époux et les fêtes périodiques par lesquelles, à Athènes et ailleurs, on célébrait le souvenir du mariage divin. Dans plusieurs cités, ces fêtes portaient des noms spéciaux, Daidala, Ilerochia, Iler'ophaneia. Souvent on ne les désignait que sous le nom d'nEnAIA; car elles n'appartenaient point au culte de Zeus et se célébraient dans les sanctuaires d'Héra.
1. Platon, pour distinguer la femme légitime de la concubine, dit de la première qu'elle est entrée dans la maison de l'époux u Etiâ Oswv xai ispwv y p.wv 12. Ces divinités étaient primitivement les dieux du foyer, et le ternie de a mariage sacré » désigne ici l'une des formes du mariage antique, la plus ancienne de toutes parce qu'elle correspond aux plus anciennes croyances de la race indoeuropéenne"i3. Plus tard, ce ne sont pas seulement les
1 Paus.Il, 17, 5. -2 Paus. VIII, 9, 3.3 V. aussi Apollod. Biblioth. I, 3. 4Arist. Av. 1731; Cros dirige l'attelage; cf. Pind. Fr. 6 (Boeckh). Men. ap. Pausan. II, (ajouter deux vases du British Aluseurn, n0' 460, 461 ; Overbeck, Kunstm. He part. de Coulanges, 1. c. p. 44. 10 Rhéa d'après Weleker, Alte Den/an. II, p. 18; Léto d'après Braun, Artemis llymnia, p. 6; Téthys d'après Foerster, p. 26 ; Hestia? d'après Roscher, Lez. p. 2129. Overbeck, L c. p. 176 et IIelbig, Fuhrer, ne 844, ne
se prononcent pas.1, Overbeck et Helbig, I. c. ; hermès et Ilestia sont très souvent accouplés; d'après Roscher, Les. p. 2129, il s'agirait d'Aphrodite; il ne reste de la déesse que l'avant-bras gauche. 12 De leg. VIII, p. 841 D; Fustel de Coulanges,
38; llesych. s. v. y40ne fI5; à Argos, Stat. Theb. 253 et suiv.; Héra est souvent re
dieux d'adoption de la femme qui l'introduisent dans sa nouvelle demeure et l'élèvent au rang d'épouse en l'unissant à son mari par le lien tout-puissant du même culte; les Os 'yx!Jc-Iatot l'escortent quand elle quitté la maison paternelle et sanctifient l'union conjugale. On appelle donc aussi hiérogamies certaines cérémonies du mariage en l'honneur de ces dieux et en particulier de Zeus Teleios et d'Héra Teleia : oi yxi.oûvreç notoûet r D1 xs) 'rml "Hpx tepoûç . ccuç1'. Il s'agit sans doute des prières, offrandes et sacrifices qui étaient considérées comme les préludes des noces et qu'on nommait 7rpoTEaetx ou -poy4.tx15. A cette occasion on les invoquait également sous le nom symbolique de 7portpctot 16. Proclus nous apprend qu'en des temps reculés on adressait ces offrandes à Ouranos et à Gaiai'. A Athènes, la plupart des mariages (yau.s ;s) avaient lieu au mois de Gamélion, qui était consacré à IIéra 18, Les époux avaient coutume de jeter loin d'eux, derrière l'autel d'Héra Teleia, le fiel des victimes, symbole de l'humeur querelleusel9. Les fiancées consacraient à la déesse leur chevelure 20. Après le mariage les femmes apportaient à Héra leur voile de noces21. A Sparte les mères qui mariaient leur fille sacrifiaient à Aphrodite Héra 22
II. La grande extension du mythe hiérogamique dès les temps les plus anciens nous autorise à supposer qu'à l'origine la fête du hiéros garnos fut commune à tous les peuples de race hellénique 23. Mais dans plusieurs régions, en Béotie, par exemple, certains détails du mythe et certaines solennités du culte présentent trop d'analogies avec les légendes et les rites sémitiques" pour qu'on ne puisse admettre une influence phénicienne. Dans la Grèce propre, nous savons qu'on célébrait cette fête à Athènes, sous le nom de `Isp'oç I'ctiµos 26, peut-être aussi de Ooo yxl,.tx el, de Fau.i),tx 26 ; à l'Héraion d'Argos, dont les HEBAIA, dits aussi HEKATOMBAIA, parce qu'ils comportaient de grands sacrifices de bétail, étaient les plus renommés ; à Égine dont les IIERAIA OU HEIçATOMBAIA 27 rappelaient, par leur ressemblance avec les fêtes d'Argos, l'origine argienne des Éginètes28; en Eubée (11EROCDIA de Carystos) 29 ; probablement à Hermione, à Mégalopolis 3° et à Stymphale 31, puisqu'on y adorait Héra Teleia; enfin à Platées, qui avait un temple d'Héra Nympheuoméné et Teleia32. On ignore si les Herophaneia 33 et les Daidala3t de Platées étaient deux fêtes
présentée sur les monnaies d'Argos avec des cheveux courts; il faut peut-être voir dans ce détail une allusion à la coutume dont il est ici question : Roscher, Les.
p. 2077. 21 Archil. Fr. 17 (Bergk) ; Dioscor. dans l'Anth. ,gr. VII, 351. 22 Pans. Ill, 13, 9; sur la confusion d'Aphrodite et d'Héra : Plot. Lnn. III, 5, 8; Corp. inscr. gr. Robert, Gr. myth. I, p. 165; Schoemann, Gr. Alt. 3' éd. Il, p. 514; tr. Galuski, H, attique de Gamélion. 27 Schol. Pind. Pyth. VIII, 113; Schoemann, Gr. Alt. Schol. Pind. Pyth, VIII, 83. 29 Steph. Byz. s. v. B0uvss;; Hesychius s. v. 'Ileéziu ; Foerster, p. 18, lit : 'Ileo1fo,1 au ne 2556 du Corp. inscr. gr. ; Overbeck, Kunstnr. II, p. 102 et 123 (monnaies d'Eubée); Perey Gardner, Types of gr. coins, 15, 27; Imhoof-Blumer, Alonn. gr. 222, 223. Toute file était consacrée à Héra : Schol. Apoll. Rhod. IV, 1138. 30 Paus. II, 36, 2 ; Stoph. Byz. s. v. 'Rems), ; Pans. Vlll,
Sire aussi Héra Teleia qu'on adorait à Heraia, dont certaines monnaies portent à la fois l'image de Zeus et la tête diadémée d'Héra (?) : Imhoof-Blumer, Menn. gr. 184une fête fédérale du meule genre, qui avait lieu en Syrie (Luciau. De dea Syria, 49).
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distinctes en l'honneur d'Héra ; mais, d'après Pausanias, les Daidala n'étaient pas en relation directe avec le mythe béotien de la hiérogamie [DAIDALA]. Dans l'île de Crète, dont les habitants vénéraient Zeus Teleios et Héra Teleia comme les maîtres suprêmes, 7rxvr(ev EèpETl; t, on fêtait les noces divines à Cnossos2. Dans l'île de Samos, cette fête', une des plus anciennes, était encore en vogue au temps des Antonins s sous le nom de µEy«).« cEexu,râ 'Hpxiz. Elle devait exister à Erythrae, dans la presqu'île de Clazomène, où l'on adorait Héra Teleia, et à Cymé, en Eolide, où l'on adorait Héra Nymphé'. En Carie, on célébrait cette fête au sanctuaire d'Héra, à Panamara; ce qui tend du moins à prouver que les Heraia de Carie avaient cette signification mythique, c'est que la fête était présidée par le prêtre de Zeus Panamaros et que les deux divinités sont associées dans la plupart des inscriptions locales [HERAIA]. Nous n'avons aucun détail sur les Ileraia d'Amorgos et de Cos'.
Ces fêtes revenaient tous les ans à Athènes et à Samos', tous les cinq ans à Argos' et à Panamara0. En Béotie, les Aa(Saaa Tâ lt.txpx ne devaient avoir lieu que tous les sept ans, et les D«tôx),« Tà II.Ey Xx tous les
soixante ans; les premières n'étaient célébrées que par les seuls Platéens ; les autres avaient un caractère fédéral et toutes les cités béotiennes y prenaient part 10.
A Athènes on fêtait la hiérogamie pendant le mois de
Gamélion 't (janvier-février), (EpoçtT,; °Ilpxç, et sans doute à l'époque symbolique du auvoioç du soleil et de la lune. Mommsen croit qu'elle tombait dans les derniers jours du mois; mais Bergk et Roscher la reportent au commencement; car c'est à la nouménie qu'avaient lieu d'ordinaire les fêtes d'Héra et de Junon". En Crète, la fête devait avoir lieu au mois d'Iléra13.
On retrouve dans les différentes fêtes du mariage sacré la plupart des rites du mariage grec. Les Ileraia de Samos se célébraient, dit Varron, nuptiarum ritut3. Mais, dans la croyance populaire, c'étaient les noces humaines qui s'accomplissaient à l'image des noces divines.
1. L'enlèvement («paxye ). En Grèce comme à Rome,
« la jeune fille n'entre pas d'elle-même dans sa nouvelle demeure ; il faut que son mari l'enlève, qu'il simule un rapt" » ; d'après Denys d'llalicarnasse 1', c'est une
De même certaines solennités du culte samien rappellent l'enlèvement d'Héra. Chaque année l'antique image de la déesse était cachée dans un bocage voisin de la mer, et l'on plaçait devant elle un gâteau, comme on en donnait
un à l'épouse romaine pendant le sacrifice nuptial (con farreatio) ; quand on l'avait retrouvée, on la reportait solennellement dans son temple u. En Béotie, on transportait les azÉSc),a, statues d'Héra sculptées dans des troncs de chênes, jusqu'au sommet du Cithéron", où Zeus avait caché Iléra et l'avait aimée pour la première fois. Un usage analogue au rite samien existait chez les populations falisquestD.
signalé les légendes syrienne et argienne du bain d'Héra; peut-être une des cérémonies des Heraia d'Argos consistait-elle à baigner la statue de la déesse dans la source de Iianathos 2'. Dans le culte platéen, il est fait mention de nymphes Tritoniennes qui remplissaient auprès d'Héra les fonctions de loutrophores 22 ; les `Hpea(SEç dont parle Hesychius 23 désignent peut-être les jeunes filles qui étaient chargées de les représenter aux fêtes des Daidala. Cette cérémonie du bain mystique est commune à plusieurs divinités 2`.
3. La pompe nuptiale (7ro..,ij) et le sacrifice. Aux
grandes fêtes de la confédération béotienne26, quatorze daidala, portant le voile de noces, étaient disposés sur des chars26 que traînaient des boeufs. A côté de chaque statue prenait place une femme, qui devait lui servir de vuucpE6:pta; on tirait au sort l'ordre des chars, et le cortège se mettait en marche vers le Cithéron. Au sommet de la montagne on avait élevé un immense autel, fait de pièces de bois équarries; chaque cité et chaque association (ruvTÉ),Es7) de petites villes y sacrifiait une vache à Héra et un taureau à Zeus; on jetait le lzia),ov dans le feu qui consumait les victimes. Les particuliers pouvaient aussi prendre part au sacrifice; les plus pauvres se contentaient d'immoler du menu bétail.
A Argos, où la fête entière durait trois jours, il y avait au nombre des solennités une grande procession qui se rendait à l'IIéraion. Elle se terminait sans doute autour
de la x),(v r) yap.txl'l ou 0,(n °Ilpaç, qui ornait le pronaos
du temple27. Nous savons par l'histoire de Cléobis et de Biton 23 que la prêtresse d'Héra était assise sur un char attelé de boeufs blancs; c'est sans doute elle qui remplissait auprès de la déesse les fonctions de vupeurpta. L'on voyait dans le cortège les jeunes Argiennes revêtues de leurs plus riches costumes et couronnées de fleurs
(7.7OEe?6pot) 20 ; les hommes étaient en armes 30. Des con
cours musicaux et surtout des jeux guerriers rehaussaient l'éclat de la fête 3t. Quant aux sacrifices de taureaux ou hekatombaia, ils étaient suivis d'un festin
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sacré 1. Les Heraia d'Égine comprenaient aussi des hécatombes, des jeux et une procession 2 Maquette les hommes assistaient en armes. Les Ilerochia de Carystos comportaient un banquet 3. Les fêtes sauriennes ressemblaient beaucoup à celles d'Argos et d'Égine. Une théorie solennelle se rendait au temple d'Héra', situé à l'ouest de la ville, sur les bords de l'Imbrasos 5 ; les hommes faits y venaient armés; la ruasse des fidèles portait le chiton talaire tout blanc, des parures ioniennes, et leurs cheveux tombaient en longues tresses sur leurs épaules. Il y avait également des sacrifices et des jeux. On retrouve dans les lieraia de Carie les mêmes éléments : procession, repas
iEpoeua(x, comme les mots sacrilegium de l'ancien droit romain et sacrilège du très ancien droit français t, désigne le vol ou larcin d'une chose sacrée (iepls u),Eîv,sacralegere).
C'est une question, qui a toujours été discutée entre législateurs, que celle de savoir si, comme le dit Montaigne, on doit mettre sur la même ligne le vol d'un objet sacré et le vol d'un chou dans un jardin, ou si, au contraire, on doit considérer comme des circonstances aggravantes le fait que la chose volée était une chose consacrée au culte ou le fait que le vol a été commis dans un temple. La controverse existait à Athènes, nous en avons la preuve dans les Lois de Platon. Ce philosophe dit à son interlocuteur qu'il ne doit y avoir qu'une seule peine pour tous les vols, quels qu'ils soient, graves ou de peu d'importance 2. Clinias s'étonne de la généralité de cette proposition. Ne conviendrait-il pas au moins de faire une différence entre les vols commis dans les temples et autres lieux sacrés et ceux qui sont faits au préjudice des particuliers? Il semble à Clinias que la peine doit varier suivant la diversité des fautes 3. C'était l'opinion générale à Athènes. La soustraction d'objets consacrés au culte était un outrage à la divinité, une violation de son droit, et, à plus d'un point de vue, elle touchait à l'iweééeiz 4. Platon lui-même distinguait très soigneusement des voleurs (x'AE7rrat) les sacrilèges. Tout homme, soit étranger, soit esclave, qui sera pris volant une chose sacrée (iE?ocu),wv), sera marqué au visage et aux mains d'une empreinte rappelant son crime ; il recevra autant de coups de fouet qu'il plaira aux juges, et sera chassé, dans un état de nudité complète, hors des limites du pays 5. Le citoyen qui se rendra coupable du même crime sera puni de mort; sa mémoire sera en horreur et son cadavre inhumé hors du territoire
Quelle différence entre ces peines et celles du vol! Le voleur rendra au double ce qu'il a dérobé, et, s'il est présentement insolvable, il sera contraint par corps jusqu'à ce qu'il ait payé, que le vol ait eu lieu au préjudice d'un
simple particulier ou au détriment du public (ôrlµocf) 1.
Pour la répression du sacrilège, le droit attique avait
établi une action publique, l'iEpoeu)da; ypap'ii. Devant
quels magistrats laypaq-ii devait-elle être portée? Quels en étaient les juges? Les opinions sont divisées. Plusieurs historiens ont fait varier la compétence suivant le mobile qui inspirait l'accusateur. Avait-il pour but de réprimer l'impiété attestée parla violation d'un temple? L'archonteroi et l'Aréopage étaient compétents. Avait-il surtout en vue la réparation du dommage causé parle vol? Il devait s'adresser aux Thesmothètes, qui saisissaient les Iléliastes, ou, en cas de flagrant délit, aux Onze [DENDEKA] 8.
Cicéron raconte que, une coupe d'or d'un grand poids ayant été volée dans le temple d'Hercule, ce dieu apparut plusieurs fois en songe à Sophocle, et, chaque fois, lui nomma l'auteur du crime. Pour se soustraire à cette obsession, le poète monta à l'Aréopage et dénonça le coupable. Les Aréopagites firent saisir l'accusé, qui, mis à la torture, avoua son crime et restitua la coupe'. Ce récit de l'orateur romain fournit un argument pour l'attribution de la compétence à l'Aréopage. Mais IIiéronyme, dans sa Vie de Sophocle, dit expressément que la dénonciation eut lieu dans l'Assemblée du peuple, et son autorité vaut bien celle de Cicéron. Si l'Aréopage intervint, ce fut peut-être, comme le suppose Tittmann10, pour quelques mesures d'instruction rentrant dans ses attributions de police. On lit dans Xénophon qu'une loi, faite pour les ïEpdeu),ot et pour les traîtres, porte expressément que celui qui trahira l'État ou volera les objets sacrés sera jugé Le ôtxsrtçfy, it, c'est-à-dire par un tribunal d'Héliastes, et c'est bien, en effet, devant des jurés, devant des âvips; ' txarTP(, que Lysias prononça son plaidoyer en faveur de Rallias, accusé d'ie1ocua(a
La peine de l'lspocu),(a avait été déterminée par la loi ; sans tenir compte de la valeur, grande ou minime, de l'objet volé, les anciens législateurs avaient décidé que l'accusé, déclaré coupable, serait puni de mort13. Son cadavre ne pouvait pas être inhumé dans l'Attique ; ses biens étaient confisqués t4
Il va de soi, d'ailleurs, que les procédures sommaires
de l'APAGOG et de l'ÉPHÉGÉSIS devant le collège des
Onze, ces procédures qui étaient admises contre les voleurs ordinaires, étaient à plus forte raison applicables quand le voleur iepdeu),o; avait été pris en flagrant délit.
Lorsque la soustraction frauduleuse de biens appartenant aux temples avait lieu, non pas dans l'enceinte sacrée, mais en dehors du sanctuaire, aurait-on pu employer l'(EpocuXla; ypapri pour infliger au voleur la peine capitale et les aggravations dont nous avons parlé? Le droit attique avait-il établi, à côté de l'action publique,
une action privée, lab(xri x),o er",; i1pcÿv zpretTWV, exposant
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seulement l'accusé déclaré coupable à une amende représentant dix fois la valeur des choses volées 1? Y avait-il même une action publique, moins rigoureuse que l'tEpocuÀ(xç 7px?ila, exposant l'accusé à se voir dépossédé de ses biens, mais n'entraînant ni la mort ni le bannissement'? Des textes que l'on serait enclin à utiliser pour résoudre ces questions, les uns sont obscurs ou ambigus', d'autres semblent bien avoir en vue des délits distincts de l'kkeocu?.(z proprement dite, et, en particulier, des détournements commis par des dépositaires ou des comptables de deniers sacrés. Les orateurs traitaient volontiers de voleurs des hommes, qui, sans être des modèles de délicatesse, n'avaient cependant rien volé, par exemple, les hommes d'État, qui, au cours d'une ambassade, avaient reçu des présents'. Androtion et consorts, poursuivis pour crime de péculat, parce qu'ils detenaient des sommes qui appartenaient au Trésor public ou aux dieux, avaient bien soin de faire remarquer qu'ils n'étaient ni des voleurs, ni des sacrilèges, et la réponse que faisait Démosthène pour démontrer leur prétendue uEpoeu?.(z est loin d'être convaincante : « Le sacrilège qu'ils oui commis est même plus grave que tout autre; car ils ont manqué à leur devoir en n'allant pas, dès le premier jour, porter à l'Acropole le dixième de la déesse et le cinquantième des autres dieux'. » Nous ne savons pas, de source certaine, quel fut le jugement des IIéliastes ; mais ni Androtion, ni son ami Timocrate, ne furent frappés des peines encourues par les tEpelu),ot 7.
E. CAILLEMER.
I111~'1LOTlIYSION (`IspoOûctov). Construction des
Messéniens à Olympie, qui contenait les statues de tous les dieux reconnus par les Grecs 1. P. POUCART.
tion analogue à celle du précédent, n'est connu que par les inscriptions de Lindos. Il désignait l'édifice public qui, dans les autres cités, portait le nom de prytanée; c'était la maison commune où se trouvait le foyer de la cité, c'était là qu'on immolait, au nom de la république, des victimes sacrées et que des magistrats appelés lspoO11TZt prenaient part à un repas sacré. Les Lindiens, pour récompenser les citoyens qui avaient bien mérité de la patrie, leur accordaient le privilège d'être nourris dans