Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article HOMOIOI

IIOMOIOI ("Ou.otot). Pour jouir à Sparte de la plénitude des droits attachés à la qualité de citoyen, il ne suffisait pas d'être né de parents spartiates ; il fallait encore vivre de la vie normale des citoyens, c'est-à-dire observer tous les règlements que Lycurgue avait établis, soit pour les jeunes gens, soit pour les hommes faits ('rit vdtl.tlt.x)', et, en particulier, contribuer aux dépenses des repas publics («viipeix, auaoittx petôértx) et s'asseoir aux tables communes. Le Spartiate, qui, par une sorte de lâcheté civique, restait étranger au genre de vie prescrit par la loi, conservait probablement la jouissance et l'exercice des droits privés; mais il ne pouvait pas exercer les droits politiques. Les vrais Spartiates, ceux qui n'étaient en rien inférieurs à leurs concitoyens, étaient appelés tip.otot ; ils étaient vraiment les égaux, les pairs des citoyens, et tous réunis formaient la classe dominante des 4totot. Les autres, sans être confondus avec les classes inférieures des périèques et des hilotes, étaient notablement au-dessous des ôtl.otot ; on les appelait Ûaopts;oVEÇ 2. En principe, tous les ouotot étaient sur un pied d'égalité parfaite ; il n'y avait pas de distinction entre les riches et les pauvres. Les uns et les autres portaient des vêtements très simples ; ils prenaient en commun leurs repas ; ils pouvaient arriver aux honneurs et aux dignités ; leurs enfants recevaient la même éducation. Entre iil.owt, il n'y avait aucun privilège légal ; les seules différences possibles étaient celles qui dérivaient de la valeur individuelle. Tous faisaient partie de l'aristocratie au-dessous de laquelle vivaient les classes inférieures, périèques, hilotes, etc. Mais, en fait, l'égalité n'était pas aussi complète qu'en droit. A l'époque classique, les £N..otot forment deux groupes : d'un côté, les citoyens riches, instruits, cultivés ; d'autre part, les citoyens pauvres et incultes. Les premiers, évidemment les moins nombreux, sont une sorte d'aristocratie dans l'aristocratie générale; ils sont les r.«),oi xy Ool, les yvtllpttLOt 3, et c'est parmi eux que se recrute habituellement le Sénat, dont Aristote parle comme d'une oligarchie`. Les autres sont véritablement le peuple, le ô=ritl.oç; ils n'ont pas trop le sentiment de 30 I10M -23-i110M leur infériorité, parce qu'ils peuvent arriver à de très hautes fonctions comme l'éphorat; mais les premiers n'ont pas en eux une confiance absolue, et les théoriciens se demandent s'il est prudent de confier de grandes charges à des citoyens pour lesquels la misère peut être une mauvaise conseillère I. Quoi qu'il en soit, les riches et les pauvres sont, en principe, sur un pied d'égalité parfaite, quelle que soit la disproportion de leurs fortunes. Mais cette égalité n'existe que si les uns et les autres sont soumis au même régime et à la même discipline. Par conséquent, les jeunes gens issus de familles si malheureuses que les ressources leur font entièrement défaut pour contribuer aux dépenses communes'; ceux que leurs parents ont élevés à leur guise en les tenant à l'écart de la forte éducation publique organisée par les lois constitutionnelles; ceux mêmes qui,après avoir été autrefois iip..otot et avoir joui de la plénitude du droit de cité, ne veulent plus apporter à la masse les contributions réglementaires, ou qui subissent de tels revers de fortune qu'il leur est maintenant impossible de s'associer aux frais des repas publics, tous ceux-là sont en dehors descll.otot. Ils sont Us) Tirlç rsoÀvrE(xç 3. Les privilèges des N.otot auraient été refusés, d'après certains historiens, même à ceux qui, par des raisons de force majeure, étaient empêchés d'accomplir à Sparte leurs devoirs civiques, par exemple aux jeunes gens qui étaient élevés hors de leur pays, à ceux que l'État expédiait comme colons dans les villes soumises 4. Voilà pourquoi, lorsque, après la défaite d'Agis, Antipater réclama comme otages cinquante enfants spartiates, Étéocle, un des éphores, lui répondit : « Nous ne vous donnerons pas d'enfants ; car ceux que nous vous livrerions seraient complètement étrangers à notre éducation et à notre discipline nationales; ils ne seraient pas citoyens. Nous aimons mieux vous livrer deux fois plus de femmes ou de vieillards'. » L'opinion que nous venons d'exposer est aujourd'hui généralement admise 6 ; mais elle a eu des adversaires, qui ont prétendu que les oll.otot formaient à Sparte une classe de citoyens très distincte du ô~ll.o;. D'après ces historiens, il faudrait voir dans les tip.otot une sorte de noblesse par opposition à la roture, au l' p.o;. Les deux expressions xa),oi xâyaOo(et i j.otst auraient été synonymes et l'on n'aurait pas dû faire entrer les membres du ôr,Ei.o; parmi les pairs. L'antithèse des deux classes se trouverait nettement accentuée par ce fait que les sénateurs ne se recrutaient que parmi les ôy.o(ot, tandis que les éphores pouvaient être pris dans les rangs du Seri' pio;. Cette opinion, que l'on trouve présentée avec d'assez nombreuses variantes, doit être écartée, quoique certains textes paraissent la favoriser, lorsqu'on les isole d'autres textes. Les x«aoi xâyaOot, les ,ta' ptflot, sont bien des ellous; mais les Spartiates pauvres, qui, pour l'éducation de leurs enfants, pour les repas en commun, pour toute la vie extérieure, se conforment à la constitution, sont légalement leurs égaux, leurs o' isiot. En d'autres termes, tous les Spartiates optimo jure, par opposition aux ur.ap.E(ovE;, aux périèques et aux autres Lacédémoniens, forment une aristocratie dans l'État. Ils sont tous ào(ot, parce que, tous, ils sont en possession de la plénitude des droits de citoyen. Ce qui est vrai, c'est que, dans cette aristocratie, il y a des citoyens qui, en fait, sont supérieurs aux autres, qui se distinguent par leur valeur personnelle,ou par leur fortune, tandis que les autres, moins favorisés ou plus pauvres, jouissent d'une moindre considération. Les premiers sont tout à la fois Sp.otot et xx),oi xâyci0o(. Les autres sont bien des N.otot, mais ils ne se distinguent pas de la masse et composent le S7i;LOç d'Aristote. Nous reviendrons sur ce sujet en parlant des IIOMOLOIA (`Olt.o)ifA ce). Fête célébrée à Thèbes,,à Orchomène et dans d'autres cités de la Béotie et de la Thessalie, en l'honneur de Zeus Homoloïos, et qui rappelait vraisemblablement une antique union des Éoliens établis dans ces contrées'. Il est fait mention d'une Déméter Homoloïa à Thèbes', avec laquelle cette fête n'a peut-être rien de commun. Athéna paraît aussi avoir été à Thèbes honorée sous le nom de llomoloïs E, SAGLIO, IIOMONOIA (`ON.dvotx). La Concorde, déifiée par les Grecs comme elle le fut par les Romains [CONCORDIA]. Les premiers lui créèrent même une généalogie. Selon un auteur alexandrin, Homonoia était fille de Zeus et de Praxidikè, soeur d'Arété (la Vertu) et de Ktésios (le Protecteur du foyer) 1• On lui connaît plusieurs temples. Sans compter le sanctuaire que, d'après Apollonius de Rhodes', les Argonautes lui auraient consacré dans l'île de Thynias sur le Pont-Euxin et qui subsistait, dit-il, de son temps, les auteurs en mentionnent d'autres à Tralles et à Milet'. Un ûpztepeé; était préposé à son culte à Chéronée' et à Pergé5, où ce culte était associé à.celui des empereurs divinisés. Elle avait un autel à Olympia a ; ailleurs des statues 7, monuments de l'union des citoyens d'un même pays ou de cités diffé rentes. Le nom de IIomonoia se lit sur un statère de Métaponte, de la plus belle période de l'art (fig. 3870) à côté d'une tête de femme de profila. On trouve fréquemment ce nom OMONOIA, traduction de CONCORDIA, sur des monnaies de l'époque impériale 9, o_ù il accompagne la figure d'une divinité ayant l'attitude et les attributs (la corne d'abondance, simple ou double, une patère, des épis ou un rameau) qui sont habituellement donnés à la person IION 23h I1ON nificatfon de la Concorde chez les Romains. Près d'elle est souvent un autel'. Sur une monnaie de Nicomédie 2 on la voit assise, une coupe dans la main droite et tenant de la gauche un sceptre, à l'intérieur d'un édifice à quatre colonnes (fig. 3871), ce qui donne lieu de croire qu'elle avait un temple dans cette ville. On rencontre aussi, avec le nom omoxom, les deux mains, symbole de la concorde [t. I, fig. 1893] sur des monnaies de Nerva, à Césarée de Cappadoce3 et sur des pierres gravées;. E. SAGLto.