Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

HONOS

IIONOS. I. L'expression de honos est synonyme de magistratus' : on désigne indifféremment le consulat', le tribunal légionnaire3, la questure4, par le terme de magistratus ou par celui de honos. La prêtrise n'est pas plus un honos qu'elle n'est une magistratures. Toutefois, il y a cette différence entre l'une et l'autre expression, qu'en parlant de magistratus on songe surtout à l'exercice du pouvoir, et que le mot de honos rappelle surtout le rang, la dignité, les privilèges attachés à ce pou IION 248 IIOP voir'. La définition que le jurisconsulte Callistrate donne des honneurs municipaux peut s'appliquer aux magistratures romaines : Ilonos municipalis est adminisiratio rei publicae cum dignitatis grade 2. Aussi l'honneur s'oppose à la charge [sJuNlrs], qui oblige à des devoirs sans conférer la dignité 3. Bien qu'il puisse se rencontrer des textes où l'expression de /zonas s'applique au sénat de Rome4, elle était spécialement réservée, dans cette ville, aux magistrats. Dans les villes municipales également, c'est par abus que le décurionat est ajouté à la catégorie des honores 5. Voy. MAGISTRATUS, et, pour ce que nous appelons le II. L'Honneur ou la Gloire militaire fut à Rome l'objet d'un culte ; on lui éleva des temples où on l'adora, soit séparément, soit conjointement avec la Valeur, Virtus. Le plus ancien de ces temples paraît être celui qui fut bâti devant la porte Coltina, à un endroit où avait été trouvée, disait-on 6, une lame de plomb portant gravé le mot lloaotls. Le plus connu fut dédié, en 233 av. J.-C. par Q. Fabius Maximus Verrucosus, près de la porte Capena; M. Marcellus l'agrandit et l'enrichit des chefsd'eeuvre de l'art grec ravis à Syracuse'. Le général avait fait voeu de consacrer un temple à Ilonos et à Virtus; mais sur les représentations des pontifes, qui ne jugèrent pas que les deux divinités pussent être réunies dans le même sanctuaire, il en annexa un pour la Valeur à celui que l'Honneur possédait déjà'. Scipion Émilien, après la chute de Numance, éleva un temple à Virtus seule'. Marius, avec le butin fait sur les Cimbres et les `teutons, en construisit un au Capitole à Ilonos et Virtus réunis10 11 est encore fait mention d'un sanctuaire des deux divinités au théâtre de Pompéi11, et, en dehors de Rome, à Pouzzoles12; de nombreuses inscriptions attestent que leur culte était répandu dans tout le monde romain". Elles étaient fêtées ensemble; Auguste fixa la fête au 29 mail``. On ne sait rien de leur culte, sinon qu'on leur sacrifiait selon le rite grec, c'est-à-dire la tête découverte'". On voit les têtes de Ilonos et Virtus, tantôt séparées, tantôt conjointes (fig. 387)16, sur les monnaies de monétaires appartenant à plusieurs familles au temps de la République. Sur des monnaies des empereurs jusqu'à Marc Aurèle, Ilonos est figuré en pied, à demi nu ou vêtu de la toge, tenant une corne d'abondance, et une haste; et en face de lui, Virtus, en tunique succincte, coiffée d'un casque, armée d'une lance et d'une épée (fig. 3873)17. Quelquefois Ilonos est seul sur les monnaies d'Antonin le Pieux et de Marc-Aurèle 1fl ; tel on le voit aussi sur une pierre gravée 19 et peut-être sur d'autres monuments où l'on a cru le reconnaître. E. SAGL1o.