IIOSPITIUM. GRCE. Dans la société homérique où
règnent le brigandage et la piraterie, l'individu n'a aucune garantie légale en dehors de son pays [FOEDUS, p. 1128, col. 1]; cependant l'hospitalité lui fournit une protection qui supplée dans une certaine mesure à l'absence de droit international. Cet usage joue un grand rôle dans les poèmes homériques. L'hôte s'appelle ,E1voç; ce mot a dû désigner primitivement à la fois l'étranger et l'ennemi' ; c'est le terme général. Le mot 71TtdZôç désigne le mendiant de profession et ix:Tr,ç le suppliant, le fugitif. L'hôte est l'objet d'une pitié issue d'une crainte religieuse, il est atloïoç; il jouit de la protection particulière de Zeuç EÉoto; 2 ; c'est un délit religieux de le maltraiter 3, une loi divine de le bien recevoir"; on prête serinent sur la table hospitalière qui est, avec le foyer, le symbole de l'hospitalité'. Il y a peu d'exemples de peuples inhospitaliers 6; l'hospitalité est au contraire une vertu commune, elle amène des relations souvent héréditaires; de là vient l'expression çiooç 7[xTPcôïoç7. L'hôte (appelé aussi çevoô6yoç) reçoit l'étranger avec le salut amical yxïpc), et le serrement de mains, lui fait apporter de l'eau pour ses ablutions, quelquefois un bain chaud, lui fait servir des aliments, çetvrüx3. Si l'étranger arrive au moment d'un grand repas, il est invité séance tenante9; s'il arrive le soir très tard, la réception solennelle est remise au lendemain, elle peut se compliquer d'un sacrifice10; l'hôte invite l'étranger à rester le plus longtemps possible, sans toutefois l'importuner" ; il ne l'interroge que discrètement après le repas, quelquefois même au bout de plusieurs jours1°. Il y a déjà dans ces relations beaucoup d'égards mutuels et de délicatesse 13. L'étranger exprime, en arrivant, des
souhaits de bonheur pour l'hôte et sa famille, à qui il doit le respect". Au départ, il y a échange réciproque de
cadeaux, Etv-,iïx ou ocopx Etv~ta15. Il n'est pas question de tessères d'hospitalité 16. Ce sont naturellement les rois qui reçoivent les hôtes de distinction 17 et surtout les fugitifs qui ont quitté leur pays à la suite d'un meurtres$ [ExslLlun]; aussi cette hospitalité a une sorte de caractère public : Ulysse, chez Alcinoüs, s'adresse non seulement au roi, mais aux grands de son entourage".
A l'époque historique, nous avons à distinguer l'hospitalité privée et l'hospitalité publique.
1. L'humeur voyageuse et sociable des Grecs, les fêtes, les besoins du commerce et très souvent aussi les exils politiques rendent toujours l'hospitalité privée nécessaire dans toutes les parties du monde grec. La pratique de l'hospitalité est toujours une des vertus les plus estimées, la meilleure preuve de générosité, le meilleur emploi de la richesse20. Dans Hésiode il y a une malédiction contre celui qui reçoit mal l'étranger21. L'hôte est toujours considéré cornme un bien pour la maison22. Les proverbes abondent sur ce point23 ainsi que les légendes où des hommes donnent l'hospitalité à des dieux2''. Ces légendes trouvent leur expression dans la fête des Osolsvtx que célèbrent quantité de villes : ce jour-là, certaines divinités de chaque ville, les Dioscures à Agrigente, à Paros 25, Apollon à Delphes et à Pallène d'Achaïe26, la Mère des dieux à Mégare 27, Isis à Cios28, étaient transportés hors de leur sanctuaire et leurs statues recevaient l'hospitalité cirez des particuliers; à Mégare l'hôte de la Mère des dieux s'appelait p.,zT.Fe,àvo; 2'; à Ténos, une inscription mentionne le collège des Oeocvt2cTx(30. L'hôte est toujours comme à l'époque primitive, sous la protection des dieux, surtout de Zeus Xénios et d'Athéna Xénoa 31; nous savons qu'il y avait à Sparte des monuments consacrés à ces deux divinités32. Les mentions de l'hospitalité privée abondent dans les pièces de Plaute qui reproduisent des comédies grecques33 ; il y avait même des relations de ce genre entre des Grecs et des barbares, ainsi entre les Marseillais et les Gaulois Segobrigii 34. Certains peuples de ce genre avaient, à ce point de vue, une réputation particulière, par exemple les Thessaliens, les Lucaniens, les Athéniens35 ; les Milésiens établis le long du Phase recueillaient, réconfortaient les naufragés et les renvoyaient en leur donnant
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à chacun trois minest; à Agrigente c'était une vieille tradition chez les habitants que de bien recevoir les étrangers; un certain Gellias faisait inviter par ses esclaves tous ceux qui passaient; un jour il logea cinq cents cavaliers de Géla et donna à chacun d'eux à leur départ un manteau et une tunique L'hospitalité privée a lieu le plus souvent entre de simples particuliers 3; un étranger peut avoir un hôte privé même dans une ville où la sienne entretient un proxène4; ainsi dans le traité entre Chaleion et Oeanthea de Locride, si les juges du tribunal des étrangers, les ï Evoâ(rat sont en désaccord, le demandeur peut choisir des assesseurs parmi les premiers citoyens, sauf cependant son hôte privé ou le proxène de son pays. L'hospitalité privée peut unir aussi des particuliers et des rois; nous avons de nombreux exemples de ce dernier case ; les princes du Nord, surtout, suppléent à la proxénie, institution éminemment républicaine, par l'hospitalité personnelle ; à Athènes il y avait beaucoup d'hôtes de ce genre qui, en réalité, rendaient aux souverains les mêmes services que des proxènes°, recevaient par exemple leurs ambassadeurs$.
L'hôte, celui qui reçoit et celui qui est reçu 9, s'appelle
UEvo; 10 ; on trouve aussi l'expression iôtd;évoç 11 ; Xénophon emploie une fois le mot -apd;Evos pour l'étranger reçu 12;
Plutarque 13 et Pollux" citent encore une certaine catégorie d'hôtes privés, les ioou,svot de Mégare : pendant une guerre civile entre les cantons de la Mégaride, les prisonniers, bien traités de part et d'autre et mis en liberté, étaient devenus sous ce nom, après le payement de leur rançon, les hôtes de leurs anciens maîtres. La relation d'hospitalité est souvent héréditaire15; elle peut prendre fin par une renonciation formelle 16, qu'exprime l'acte de casser la tessère 17. L'hôte n'a droit régulièrement qu'au gîte et au feu 18; on le loge, autant que possible, dans un local spécial, EV(lv 19 ; d'après Vitruve 20 il y avait à cet effet, dans les habitations importantes, de petites maisons complètement isolées, situées à droite et à gauche de la maison principale; on invite généralement l'hôte à dîner le premier jour" et, si on ne le nourrit pas les jours suivants, on lui envoie des provisions de bouche 22. Inviter à ce dîner du premier jour se dit pro
mvoioxEtv2'. On fait à l'hôte des cadeaux de départ, aussi appelés lrvta2' ou simplement ô(7)px20. On échange avec lui, pour l'avenir, un signe de reconnaissance, auf,.ôoaov 27 : ce mot paraît désigner en général les deux moitiés symé
triques d'un objet, susceptibles de se l uperposer l'une sur l'autre ou de se rejoindre exactement"; ruais on pouvait aussi échanger deux objets analogues, portant chacun une inscription, surtout des mains d'os, d'ivoire ou de métal". Nous avons conservé une plaque en ivoire, portant d'un côté deux mains jointes, de l'autre une inscription qui indique un lien d'hospitalité entre le Carthaginois Imilcon et un Grec de Sicile et ses descendants30. Il pouvait n'y avoir qu'un seul objet; ainsi un Athénien avait reçu du roi de Chypre une coupe d'or 3l
Nous avons peu de renseignements sur les devoirs de l'hospitalité privée; l'hôte doit pourvoir à la sépulture de l'étranger32, il est probable que c'est par son intermédiaire que l'étranger peut sacrifier aux dieux de la ville"; il lui rend tous les services qu'il peut : le principal titre que sur les inscriptions mentionnent les candidats à la proxénie d'une ville, c'est d'avoir reçu avec générosité et aidé en toutes circonstances, souvent en continuant une tradition familiale, les voyageurs, les .marchands, quelquefois les ambassadeurs de cette ville 34. Les hôtes privés se doivent mutuelle protection, s'épargnent autant que possible en guerre", se rendent à l'occasion des services politiques; ainsi Brasidas fut guidé par ses hôtes thessaliens dans sa marche à travers la Thessalie16; Lysandre prit beaucoup de villes, grâce à ses hôtes 37 ; Alexandre nomma roi à Tyr un hôte d'lléphaestion3fl.
L'hospitalité privée continua à jouer un grand rôle dans la Grèce malgré l'amélioration des rapports internationaux, la multiplication des auberges et surtout l'extension de la proxénie [PROXENIA].
II. L'hospitalité publique se présente sous deux formes principales ; selon qu'elle repose sur un simple devoir d'humanité ou des coutumes de droit international, ou qu'elle résulte d'une convention spéciale entre deux États.
La première forme comprend les applications suivan tes :
1° La réception des exilés d'une ville par une autre. Nous avons de nombreux exemples; Cimon reçoit l'hospitalité à Sparte 39, Pisithidès de Délos à Athènes 40, les Athéniens, exilés après l'établissement des Trente, dans la Béotie et à Argos S1; Thèbes loge les Mégariens pendant un an à Platées 4Y.
2° La réception des étrangers aux frais des villes, soit en tout temps, soit simplement au moment des grandes fêtes religieuses. Pollux mentionne parmi les principaux monuments d'une ville le local des étrangers, ;évoiv43. Il
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est question à Mégare d'un ;wtov'. Il y avait en Crète dans les locaux des syssities une table spéciale et des sièges particuliers réservés aux étrangers, placés sous l'invocation de Zeus Xénios, et une sorte de dortoir à leur usage2. Xénophon demande qu'on construise à
Athènes des locaux publics (ôrl(r.dctx xxTaydyta) pour les
voyageurs et les commerçants étrangers'. Dans les villes ()il ont lieu de grandes fêtes, les magistrats logent les visiteurs sous des tentes ou dans des locaux provisoires'; mais il pouvait aussi y avoir à cet effet des locaux per
manents, xxTxauat , ra.0cycàyrov°. A Delphes, le Portique
des pèlerins, décoré par Polygnote, était affecté aux étrangers et dans la fête qui avait lieu tous les neuf ans, on distribuait de la farine et des légumes à tous ceux qui en demandaient°. A Olympie, on invitait au Prytanée, dans le local appelé ErTtxTdptov, les vainqueurs des jeux Olympiques'.
3° Les rapports d'hospitalité, établis par la coutume entre les métropoles et les colonies. Ainsi les citoyens de Delphes avaient droit à Délos au logement et aux fournitures suivantes : sel, vinaigre, bois, huile, couverture; les Magnètes du Méandre, colons de Delphes, fournissaient aux Delphiens les mêmes objets et en outre la lampe et les tables' ; d'après une inscription qui est sans doute du v° siècle av. J.-C., les colons établis à Naupacte par Oponte et d'autres villes de la Locride hypocnémidienne pouvaient, quand ils séjournaient dans leur ancienne patrie, participer au culte et aux sacrifices de la ville et des cômmunautés, comme les hôtes'.
41° L'obligation imposée à des citoyens d'une ville de recevoir en son nom les envoyés officiels d'une autre ville. C'est ce qu'on a appelé la proxénie liturgique, appliquée par accident à défaut de la proxénie ordinaire 10. D'après llérodote", à Sparte, les rois désignaient comme proxènes ceux des citoyens qu'ils voulaient; cela ne se produisait sans doute qu'exceptionnellement, au moment d'une grande affluence d'étrangers; tel est le cas de ce Lichas qui reçoit les visiteurs venus à Sparte pour les Gymnopédies 12. Une inscription mutilée est relative à des Spartiates qui avaient logé un Romain et sa suite i3; une autre à un épimélète d'Amyclées qui paraît avoir eu à s'occuper des étrangers". A Rhodes
nous trouvons parmi les magistrats cinq E7ctu.Earirxi r)v ;ÉVwv, sans avoir d'autres renseignements sur leurs fonctions". La proxénie liturgique paraît avoir existé à Athènes pour remplacer dans certains cas la proxénie ordinaire; les scholiastes d'Hérodote16, d'Aristophane", de Thucydide", de Démosthènet3, Ilesychius, Suidas 20, Eustathe 21 distinguent des proxènes ordinaires, nommés
par les villes étrangères, les proxènes nommés par l'État pour recevoir les citoyens et les ambassadeurs étrangers
et les appellent 7Cpd;EVOt 'EaeUdp.EVOt. Ces textes s'appli
quent à Athènes; mais cette proxénie n'y a jamais été qu'une exception; c'est pourquoi Platon demande dans ses Lois la nomination régulière de citoyens chargés de donner l'hospitalité au nom de l'État". La proxénie liturgique existait peut-être aussi à Corcyre23. Faut-il regarder comme des proxènes liturgiques les ZEvoldxot que citent plusieurs textes? Ils ont évidemment ce caractère à Hiérapolis où ils doivent recevoir les étrangers venus pour les fêtes de la Déesse syrienne"; quant à ceux qui figurent sur des actes d'affranchissement de la Thessalie 2a, ils jouent peut-être simplement le rôle de témoins"
5° La forme particulière de proxénie liturgique qu'on
appelle théorodoquie (OEwpoBox(a) 27. Il y avait deux caté
gories de députés sacrés, chargés de missions religieuses, de OEwpo( [TneoROl] : les députés des temples qui allaient dans les villes annoncer l'approche des jeux et des fêtes, et porter l'invitation officielle; puis les députés que les villes envoyaient pour les représenter à ces cérémonies. Les théorodoques (OE(spoddxot) étaient chargés de recevoir les théores, de leur rendre les services que les proxènes rendaient aux autres ambassadeurs; or, nous trouvons trois catégories de théorodoques : 1° dans plusieurs pays les citoyens riches sont chargés de recevoir les théores des temples ; c'est une sorte de liturgie; ainsi les villes étoliennes nomment des théorodoques pour recevoir les théores de Pergame qui annoncent les nouveaux jeux fondés par Eumène, les Nicéphories2t; °?° des villes établissent auprès d'un temple des théorodoques pour recevoir et présenter leurs théores" ; 3° les administrateurs de temples établissent dans les villes ou à côté d'autres temples des théorodoques pour accueillir leurs propres théores; on en connaît pour tous les grands temples, ceux d'Olympie30, de Delphes31, de Délos'', de Zeus Néméen et d'Héra Argienne33. Le titre de théorodoque est conféré par les autorités du pays'; le théorodoque est souvent en même temps le proxène36; mais ces deux fonctions ne sont pas nécessairement réunies ; les théorodoques paraissent avoir à peu près les mêmes privilèges que les proxènes; c'est certain pour Delphes"; à Olympie ils sont admis au culte 37; cette fonction est quelquefois héréditaire 36.
La seconde forme de l'hospitalité publique correspond à l'hospitium publicum des Romains. Nous la connaissons mal; il nous reste peu de documents et le sens primitif de cette convention s'est obscurci d'assez bonne heure. Car d'une part la formation d'un droit international et
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l'établissement de tribunaux et de magistrats spéciaux pour les étrangers la rendaient de moins en moins nécessaire; d'autre part les traités se sont enrichis rapidement d'une quantité de clauses nouvelles correspondant à de nouvelles relations politiques, religieuses, commerciales [FOEDUS]; et les États qui voulaient garantir à leurs nationaux une protection particulière concluaient des contrats de proxénie avec des citoyens
d'autres États [PROXENIA]. 011 peut cependant retrouver
d'une manière assez probable le contenu primitif du traité d'hospitalité publique. Il a dô être le type le plus simple de convention et renfermer strictement les garanties réciproques qui étaient nécessaires à la sécurité des relations. A notre avis, la ;s' (z primitive a été identique avec la ut),tx. Les textes rapprochent souvent ces deux termes ' qui sont employés tous les deux depuis l'époque la plus ancienne pour désigner l'établissement de relations amicales. Hérodote appelle ;EVfx un traité entre Xerxès et la ville d'Abdère; Pausanias donne le même nom à un traité entre Hiéron et Pyrrhus 2. Isocrate dit que les grandes fêtes helléniques renouvellent les anciennes SEi(xc3; dans l'Iliade la paix qui suit une guerre s'appelle ~cadTrç '` ; un des plus anciens traités connus est une convention de yt),(x pour cinquante ans entre deux petits peuples de l'I lide 5 ; nous trouvons aussi soit un établissement, soit un renouvellement d'amitié entre Thurii et Crotone, entre Hiérapytna de Crète et les Magnètes 6; l'amitié est à toutes les époques un des éléments essentiels des traités de symmachie ou d'isopolitie ; elle figure ainsi dans des conventions entre Crésus et Sparte', entre Athènes et Cnossos de Crète', entre Athènes et Mytilène °, Athènes et Philippe 10, Athènes et Démétrius 11 entre Cyrène et Alexandre12, entre Hiérapytna et Priansos 13, entre Smyrne et Magnésie du Sipyle'', entre les Messéniens et les Phigalicns13, entre Naupacte et Céos16, entre les Étoliens et Céos, entre la ville d'Aptéra et le roi Attale17. On peut regarder comme équivalente à l'amitié l'e' vo;« conclue anciennement entre Siphae de Béotie et Aegosthène de Mégaride", Nous considérons aussi comme des traités d'hospitalité publique les traités de proxénie, conclus entre deux États, par exemple entre Agrigente et les Molosses 1°, entre Delphes et les villes de Sardes et de Ciphaera 20.
Les parties contractantes faisaient chacune rédiger et graver le tex te.du décret [FOEDUS] et en outre elles pouvaient se remettre réciproquement des signes de reconnaissance, analogues à ceux qu'on a vus pour l'hospitalité privée; on a conservé une main droite en bronze
V.
(fig. 3907), portant l'inscription célp.Poî,ov 7cpô; OÛEÂxuv(ouÿ,
qui indique l'hospitalité publique entre le peuple gaulois des Vellavii ou celui des Velanni et une ville grecque, peut-être Marseille 21 ; les ctîp.eo),a que les Athéniens
firent fabriquer après avoir conféré laproxénie â Strabon, roi de Sidon, pour reconnaître ses ambassadeurs et faire reconnaître les leurs, avaient peut-être le même caractère22. L'hospitalité publique a eu vraisemblablement comme effets principaux : 1° l'établissement de relations amicales entre les deux pays et par conséquent la protection réciproque de la liberté et des biens des citoyens [ASYLIA]; 2° le droit de se présenter devant les tribunaux de chaque pays sans proxène ni patron; 3° le droit de posséder des immeubles, terres et mai
mission au culte public ; 3° des règlements sur l'échange des ambassadeurs. Il est évident, en effet, que les règles observées plus tard en cette matière, entre tous les États, dérivaient des règles de l'hospitalité publique; primitivement les ambassadeurs étaient sans doute nourris pendant toute la durée de leur séjour aux frais de l'État qui les recevait; cela ressort de la définition que donne Pollux du prytanée et du foyer de l'État 23, et des exemples que l'on a de la continuation de cet usage à l'époque historique"; mais, de bonne heure, les ambassadeurs furent logés en général chez les proxènes de leur ville [PROXENIA] 25, et l'État se borna à les inviter à un repas dans le local du prytanée e); 'r ;rpuravEiov, au foyer pu
blic, i^G T )'I xoty i)v i r(zv 26, à un repas, É7l. ÿivtx27, quelquefois E1-:1 ;Evtcudv 28, fréquemment à Athènes E-l 8Eïirvov u.
A. Athènes, les inscriptions indiquent généralement le jour de l'invitation, c'est le lendemain du vote du décret honorifique 30; il en est de même à Céos, à Délos3t, et il y avait probablement la même date dans les autres villes. Les personnages qui reçoivent du peuple l'ordre d'inviter les étrangers sont tantôt les magistrats32, tantôt ceux des prêtres qui président généralement à ces repas"; à Athènes c'est le sénat 34. En second lieu, on donnait aux ambassadeurs des dons d'hospitalité, les vtx : c'était une habitude générale 35, sauf à Athènes 36 ; le taux des
38
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dons était déterminé par la loi t ; c'est pourquoi les inscriptions mentionnent quelquefois la concession du don le plus élevée; dans un décret de Cyzique ce sont les magistrats qui le fixent 3. On accordait ces mêmes cadeaux aux théores', aux juges étrangers', et à Délos aux artistes dionysiaques 6. C'est généralement un trésorier qui doit préparer et livrer l'argent 7. C'était probablement aussi une ancienne prescription de l'hospitalité publique que l'obligation d'enterrer les députés morts pendant leur ambassade'. Signalons comme autres distinctions honorifiques d'une époque postérieure, et accordées plus rarement aux députés, l'invitation à assister aux jeux publics', l'offrande d'une couronne de feuillage", l'octroi du titre de proxène [PROxENIA] et surtout l'éloge public inscrit sur un document officiel".
Après Alexandre nous trouvons en Asie une forme particulière d'hospitalité, l'obligation pour les villes de loger différents fonctionnaires royaux ". Cu. L$CRIVAIN.
ROME. L'hospitalité romaine présente une analogie remarquable avec l'hospitalité grecque. Chez les peuples de l'Italie primitive, le droit d'hospitalité avait tempéré l'ancienne rigueur du droit des gens qui voyait un ennemi [uosTls] dans tout membre d'une nation étrangère. C'était une institution très ancienne, probablement la plus ancienne de toutes les conventions internationales13, comme l'indiquent la parenté certaine des mots hospes et hostis f4 et les exemples rapportés par les historiens15. Elle a existé dans toute l'Italie; nous connaissons des rapports d'hospitalité entre des Campaniens et des Latins16, entre des Samnites et des Grecs de Naples, entre des Latins et des Étrusques 17 ; plus tard ils ont été également employés en dehors de l'Italie entre les Romains et les étrangers.
Nous avons à distinguer trois formes principales de l'hospitalité ; entre un citoyen romain et un étranger, c'est l'hospitium privatum; entre un citoyen romain et une ville étrangère ou sujette, c'est théoriquement l'hospitium publicum, mais pratiquement le patronage; entre le peuple romain et un étranger ou une ville étrangère, c'est l'hospitium publicum proprement dit.
Voyons d'abord la première forme. Nous sommes mal renseignés sur l'hospitalité privée de l'époque ancienne; elle devait être éminemment utile à une époque oti il n'existait pas encore d'hôtelleries I cAUPONA]. Les Romains la concluent même avec des habitants de pays peu civilisés, par exemple, sous la République, avec des Gaulois, des Germains78, et soit avec de simples particuliers, soit avec des rois19. Elle se forme vraisemblablement soit
par le simple consentement, soit par une convention solennelle, verbale ou écrite, accompagnée d'un échange de présents'', d'une poignée de main 21, et placée sous la garantie d'une divinité, notamment de Jupiter hospitalis". Les deux parties se remettent un signe extérieur de reconnaissance, la tessera hospitalis, objet composé de deux morceaux semblables, susceptibles de se rejoindre et de coïncider exactement comme les tailles modernes; il est généralement en bronze23 et affecte différentes formes, poisson", tête de bélier; nous avons deux
exemplaires de ce dernier type, un (fig. 3908) d'origine inconnue, conservé au musée de Vienne (Autriche), sur lequel sont écrits deux
noms",I'autre (fig. 3909) trouvé en 1895, à Trasacco, près du lac Fucin, et qui porte deux noms séparés par le mot hos
pes". La tessera pouvait
sans doute aussi, comme chez les Grecs, représenter deux mains jointes27. Le pacte d'hospitalité privée est perpétuel de sa nature et lie les successeurs des contractants '° , mais il peut prendre fin par une dé
nonciation formelle 29. 11 impose des devoirs de conscience qui ne sont sanctionnés que par l'usage et
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la religion' mais qui, à ce titre, sont généralement observés, et que les jurisconsultes classent tantôt audessus, tantôt au-dessous des devoirs de la clientèle2. Il s'applique dans toutes les circonstances possibles, mais surtout naturellement aux époques des grandes fêtes et des jeux publics'; l'hôte du particulier a droit au logement' ; à son arrivée on célèbre un sacrifice 5, on lui donne un bains, on lui offre un repas (cena adventicia)7; on ne sait pas si on le nourrit ensuite pendant la durée de son séjour. L'étranger a droit aux bons soins, à la protection de son hôte 9 qui, le cas échéant, le représente et le soutient en justice', pourvoit à ses funérailles10. Les hommes d'État romains tenaient à avoir beaucoup d'hôtes, à les traiter honorablement, à les protéger contre les mauvais traitements de leurs propres concitoyens; c'étaient le plus souvent d'ailleurs les hôtes qui les avaient reçus eux-mêmes dans leurs gouvernements provinciaux". Quand l'hôte est un roi, c'est évidemment surtout une protection politique que lui doit le citoyen romain 12En temps de guerre, les hôtes se ménagent, se protègent réciproquement"; c'est une obligation que de procurer la liberté à celui qui est devenu prisonnier"; en temps de paix, les hôtes se rendent des services réciproques dans leur pays15; on voit Spurius Maelius acheter du blé en Étrurie par l'intermédiaire de ses hôtes10; les Romains envoient leurs enfants faire leur éducation chez leurs hôtes étrusques de Caere"; dans toutes les circonstances, Cicéron recommande ses hôtes et leurs intérêts à ses amis politiques", obtient pour quelques-uns le droit de cité romaine 10,
11 ne faut pas confondre avec l'hospitalité volontaire l'obligation imposée par Rome aux municipes et aux villes stipendiaires de loger les magistrats et les fonctionnaires romains pendant leurs voyages et leurs tournées. Ils avaient droit, pour eux et leur suite, au logement, y compris les lits, au bois, au sel, au foin pour leurs bêtes ; ces redevances avaient été réglées à la fin de la République par la lex Julia" ; elles s'appellent en grec s rlacxep.s(x21 ; à l'époque impériale, elles constituent un munus patrimonii [su Nes] 22; dans les villes grecques, les citoyens riches, à qui elles incombent à tour de rôle, s'appellent .a.Eozo23' Quant aux obligations du xenoparochus, nous savons seulement qu'elles constituaient un munus personale 2'. Naturellement de véritables rapports d'hospitalité s'établissaient souvent entre les magistrats romains et les personnes qui les avaient reçus.
La situation de l'hôte était primitivement analogue à
celle du client, et c'est pourquoi les textes rapprochent souvent ces deux personnes2". Il y avait cependant entre elles cette différence que le contrat d'hospitalité liait des égaux tandis que la clientèle reposait sur l'inégalité de l'une des parties et sa soumission à l'autre. L'hôte avait une patrie, le client n'en avait pas; l'hôte vivait selon son propre droit, tandis que le client ne devait pas appartenir à une cité qu'un contrat d'hospitalité ou d'amitié liait à Rome 20. Mais dès les derniers siècles de la République, l'hospitium privatum subit de profondes modifications; d'une part la multiplication des traités entre Rome et les peuples civilisés et la formation graduelle du jus gentium fournirent à l'étranger une protection suffisante sur le territoire romain sans qu'il eût besoin de la qualité d'hôte; d'autre part les conquêtes dans l'Italie et les provinces amenèrent fréquemment entre un citoyen romain et un État plus ou moins sujet des relations qui portèrent encore le nom d'hospitium, mais qui n'étaient plus en réalité, comme l'indiquent d'ailleurs également les termes techniques, que des relations de patron à client. Nous arrivons ainsi à la seconde forme de l'hospitalité, au patronage,
Ce patronage apparaît dans l'Italie, au moins dès la deuxième moitié du me siècle av. J.-C. ; il met en présence, d'un côté un citoyen romain, personnage influent, très souvent le général qui a fait la conquête du pays 27, quelquefois le personnage qui a fondé la colonie28, ou le gouverneur de la province35, quelquefois un simple bienfaiteur, un personnage influent3', de l'autre un État client, cité, province, peuple 31, ou confédération 32 ; l'État peut être soit stipendiaire, soit libre et allié 33 ; bien plus, de très bonne heure, le patronage s'étend même à des villes de droit romain, complet ou incomplet, par exemple à une ville de demi-cité, comme
Fundi en Italie entre 222 et 1à2 av. J.-C.)3'", à•des co
lonies" et surtout à partir de l'Empire, à des municipes : à ce moment le patronage devient une institution municipale. Nous n'avons pas à l'étudier sous cette dernière l'orme [PATRO\US] ; mais nous pouvons utiliser dans une certaine mesure les documents surtout épigraphiques de l'époque impériale pour reconstituer le patronage primitif. Établi par le seul consentement des parties contractantes, il émane de l'autorité publique, représenté par le peuple et le sénat municipal ; dans l'Occident, sous la République et au début de l'Empire, le sénat agit quelquefois seul36, mais en général il y a vote du sénat et ratification par le peuple 37; dès le let siècle ap. J.-C.,
HOS 300 Hos
le rôle des comices populaires diminue; les inscriptions mentionnent alors le Sénat seul (ordo)] ou bien renferment des expressions vagues, telles que civitas, respublica, colonie, qui n'indiquent plus qu'une participation fictive du peuple sous une forme que nous ne connaissons pas 2. On fait rédiger par écrit et graver le contrat sur pierre ou sur bronze3 et on en envoie une copie au patron par l'intermédiaire de plusieurs députés
(legali) ; c'est la Cessera hospitalis' ou tabula hospitalis i, plus tard tabula patronatus 6, que le patron expose souvent dans l'atrium de sa maison 7. Le patron s'appelle
patronus, en grec 7râ'rplnv 8, ou plus souvent 7cp0aT T-ri,9 ;
les expressions techniques sont, de la part du patron,
in (idem clientelamque ou in clientelam domus suae 1 ° accipere't ou recipere 12, quelquefois hospitium facere13 ; de la part du client patronum cooptare 14 ou adoptare'', ou adsciscere'6 ; in /idem se tradere et convenire17, hospitium jungeret8 ou publice facere 19. Une ville peut avoir plusieurs patrons20. Le patronage est héréditaire21 et le plus souvent conféré à toute la famille du patron, à ses enfants et descendants22, mais plusieurs inscriptions23 prouvent que si toute la famille participait à l'honneur du patronage, la fonction de patron n'était réellement exercée que par celui qui recevait le décret d'investiture et passait, après sa mort, à son fils aîné. Le mot patronus, comme le mot grec 7rooarx.-ri_, désigne primitivement le représentant responsable, le citoyen qui sert d'intermédiaire surtout au point de vue juridique entre l'État et les individus qui ne sont pas citoyens. Les devoirs des patrons sont donc des devoirs généraux de protection à l'égard de la ville et de ses habitants; d'après Denys d'Halicarnasse", le sénat romain aimait à confier les litiges des villes clientes à leurs patrons, et en effet nous voyons les patrons défendre leurs protégés auprès du gouvernement romaine' ou devant les tribunaux quand ils subissent ou intentent des poursuites26. C. Claudius convoque les Marcelli, patrons de la Sicile, pour organiser le sénat de la ville d'llalesa dans cette province 27 ; c'est à des patrons que le sénat romain confie la rédaction du statut municipal d'Antium 28, le règlement d'une querelle entre les anciens habitants de Pompéi et les nouveaux colons de cette ville 29 et entre les Genuates et
les Veturii30. Nous sommes mal renseignés sur les obligations des clients à l'égard de leurs patrons à l'époque primitive; en général ils leur doivent des égards31, des distinctions honorifiques, des présents, des hommages souvent coûteux3e; à Syracuse, l'arrivée d'un Marcellus était l'occasion d'une fête et d'un sacrifice aux dieux"; c'est à leur patron que les Allobroges dénoncent les menées de Catilina34; Octave dispense Bologne de s'armer contre son patron Antoine35; Capoue demande le retour de Cicéron56; les Gaditains arrêtent une accusation contre L. Cornelius Balbus. Antoine persécute les gens de Sidicinum et de Puteoli, qui ont comme patrons Cassius et Brutus37.
Les villes grecques de la Sicile et de l'Italie méridionale avaient employé de bonne heure la proxénie; nous connaissons des proxènes de Naples à Tarente38, de Malte à Syracuse39, d'Agrigente à Syracuse et à Tibur40. Il n'est pas étonnant que les villes grecques du monde oriental aient utilisé aussi la proxénie pour nouer des relations avec Rome et s'y créer des représentants. Ce fut une tradition établie dès la fin du nie siècle av.
J.-C.'`1. Nous connaissons de nombreux proxènes de
ce genre, par exemple le préteur Cn. Aufidius pour Rhégion 42, L. Ilortensius pour Athènes vers 17043, les banquiers Num. et M. Cloatii pour Gythion''4, P. et L. Acilii pour les Acarnaniens 4J, S'ex. Cornelius pour Héraclée des Maliensw6, M. Sextius pour DélosM. Aemilius Lepidus, T. Quinctius Flamininus et plusieurs autres pour Delphes48. Ces proxènes des cités grecques à Rome n'étaient plus comme en Grèce, des chargés d'affaires, mais bien de véritables protecteurs, des patrons; au moment de la conquête, plusieurs États eurent à la fois des patrons et des proxènes, par exemple Rhodes b9, Delphes 5° et peut-être Syracuse 51. Mais la prépondérance de Rome devait naturellement amener la substitution du patronage à la proxénie et à partir de César les villes grecques n'eurent plus à Rome quo des patrons" auxquels les inscriptions donnent généralement, comme aux anciens proxènes, le titre de bienfaiteur, Eiisl'(ÉCr,ç.
Nous arrivons à la troisième forme de l'hospitalité, à l'hospitium publicum proprement dit. Nous le connaissons mal, faute de documents. On n'a que deux exem
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pies certains d'hospitalité publique entre Rome et une ville ou un peuple', et trois entre Rome et des particuliers2. D'autre part les Romains ont de bonne heure délaissé le terme d'hospitium publicum. Cette convention se forme, comme dans les cas précédents, par le simple consentement des parties, par un simple pacte3. Elle émane toujours do l'autorité publique, c'est-à-dire du sénat romain 4. Elle est perpétuelle' et lie les descendants des parties, sauf s'il s'agit d'un roi ou d'un prince 6. Elle prend fin soit par une renonciation formelle', soit implicitement par le refus de l'une des parties de satisfaire à ses obligations 3. Elle est rédigée par écrit, gravée sur pierre ou bronze et conservée dans les archives'. Quels sont ses effets? Nous trouvons ici, en présence, plusieurs théories : tout le monde reconnaît que c'est une des plus anciennes conceptions du droit international, appliqué par Rome, mais les uns10 l'identifient avec les deux plus anciennes formes de traités que nous connaissions, l'amicitia et le foedus aequum, les autres l'en distinguent". Il est peu vraisemblable qu'il y ait eu primitivement des formes multiples de traités; on admettra plutôt un type unique renfermant les concessions réciproques nécessaires aux rapports internationaux. Ce type est précisément l'hospitium publicum qui n'a dû différer au début ni de l'amicitia, ni du foedus aequum; les textes rapprochent constamment les mots hospitium et amicitia12, C'est plus tard seulement que le foedus aequum s'enrichit de clauses accessoires, politiques et militaires, amena la distinction des alliés et des hôtes et finit par supplanter l'hospitium. D'autre part, AuluGelle13 paraît identifier l'hospitium publicum et le municipium primitif". D'après cette ressemblance, nous pouvons faire entrer dans l'hospitium publicum conclu entre Rome et une ville étrangère, les clauses suivantes : 1° la convention d'amitié, amicilia, en grec :aMa1J, et par conséquent la paix, et l'inscription sur la liste officielle
des amis (formula amicorum, en grec T'o tiôev u,iaoly ôtz
'ray(3.z) i0 ; 2° la protection réciproque de la liberté et des
biens des citoyens17 ; par exemple le Romain prisonnier de guerre recouvre sa liberté en entrant sur le territoire d'une ville amief3; 3° des règlements sur l'échange des ambassadeurs. Willems" et Walter20 refusent de les faire entrer dans l'hospitium; c'est à tort, car s'ils ont fait partie plus tard du jus gentium, c'est que, précisément, ils étaient contenus à l'origine dans l'hospitalité. Les ambassadeurs ont droit à des égards spéciaux" ; Rome leur donne pour toute la durée de leur séjour une habitation franche de toutes charges" (locus, lova, aedes, liberae, instructae) ; le mobilier nécessaire, lautia23, un présent d'hospitalité" qui, à l'époque historique, consiste en objets d'or et d'argent, en vêtements, en armes, en chevaux 20, et une certaine somme fixée par la loi, à partir du ler siècle av. J.-C., graduée selon la condition de l'hôte, pour ses frais d'entretien et qui est le munus ex formula" ; des soins en cas de maladie, la sépulture en cas de mort27; le droit de participer aux cérémonies religieuses28 et d'assister aux fêtes publiques, aux jeux, à des places spéciales29, notamment à l'endroit appelé Graecostasis 30, quelquefois l'inscription sur la liste des amis 31. C'est devant le questeur que les ambassadeurs doivent se présenter en arrivant à Rome; c'est lui qui veille à ce qu'ils ne manquent de rien62. 4° Un certain nombre de règlements sur les relations privées des membres des deux États. Pour que l'étranger pût avoir une existence légale à Rome, il devait participer dans une certaine mesure au droit romain; il devait donc avoir au moins le commercium pour pouvoir acquérir ou
aliéner suivant les règles du jus quiritium [COunERCIUM],
le droit de se présenter lui-même devant les tribunaux; et la procédure de la recuperatio figurait peut-être aussi dans les traités les plus anciens pour les règlements des procès entre les citoyens des deux pays [RECUPERATIO] 33
Le contrat d'hospitium publicum dut de bonne heure céder la place au foedus, plus large, plus flexible; cependant il fut employé jusqu'à la fin de la République pour récompenser les services rendus par des étrangers au
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peuple romain. Ce n'est plus alors un contrat réciproque, mais un acte unilatéral, accordant la protection de home à un sujet ou à un allié ; ainsi un certain Onésimus de Macédoine est mis au rang des amis, on lui donne les lautia, on lui achète en outre des terres et une maison à Tarente' ; pour récompenser les services de trois marins grecs de Clazomène, de Carystos, de Milet, un séna
tus-consulte de 78 av. J.-C.2 leur accorde entre autres
privilèges le titre d'amis, les faveurs octroyées généralement aux ambassadeurs, et le droit pour eux et leur postérité de se présenter ou d'envoyer des députés devant le sénat'.
Deux inscriptions espagnoles nous font connaître des contrats d'hospilium publicum et paraissent prouver que cette institution était aussi pratiquée chez les indigènes, peut-être même avant la conquête romaine. Dans un de ces textes', deux tribus (gentilitas) du même peuple (gens) renouvellent en 27 ap. J.-C. un ancien hospitium et se mettent réciproquement à perpétuité dans la clientèle l'un de l'autre; plus tard, en 152 ap. J.-C., elles reçoivent dans leur clientèle plusieurs individus appartenant à d'autres peuples; dans l'autre texte 5, un indigène conclut un hospitium héréditaire avec la ville de Pallantia. Césars qualifie d'hospitium les relations qu'il y avait entre Ambiorix et le peuple des Ménapiens. Cu. LÉcniv,ux.