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IIYMNODUS (`T ivwtldç). Ce mot, qui signifie « chan
teur d'hymnes », est employé par les auteurs dans un sens qui n'a rien de technique'. Pollux, dans une énumération de termes groupés autour de l'idée de mystères, men
tionne les ût.tvwtSoi et les ûli.vr,Tp(SEçz. On pourrait en con
clure que dans certains grands sanctuaires où se célébraient des mystères (par exemple à Éleusis ou à Samothrace, peut-être aussi à Éphèse), un corps spécial de chantres était, dès l'époque classique, attaché au personnel sacerdotal; sur ce point cependant nous ne pouvons rien affirmer. I1 est certain que les Grecs auraient trouvé le modèle d'une pareille institution dans les religions orientales avec lesquelles ils étaient en contact. Ainsi, en Égypte, le décret de Canope décide que les hymnes en l'honneur de la reine Bérénice, composés par les hiérogrammates, seront chantés, dans le service journalier, dans les fêtes et panégyries, par les wiloi des deux sexes instruits par le wiôoStSxrxaaoç'. Toutefois, tant que se maintinrent parmi les populations grecques le goût de la musique, l'esprit civique et religieux, on réussit en général à pourvoir aux besoins du culte sans faire appel à des chantres salariés : tantôt ce sont les prêtres eux-mêmes qui exécutent les hymnes liturgiques, tantôt ce sont des enfants de choeur, choisis parmi les familles les plus considérées, dressés par le paidonomos et pour qui cette corvée est à la fois un devoir et un honneur. II en était ainsi même pour les cérémonies qui se rattachaient au culte des rois divinisés 4. Cependant c'est
dans les collèges formés en Asie Mineure pour perpétuer ce culte qu'il faut probablement chercher l'origine des hymnodes impériaux de l'époque romaine : les 'ATTaatrrra( (dont les membres se recrutaient parmi les artistes dionysiaques), les ilitao 1.riTpstot, etc., sont des associations à la fois amicales, religieuses et musicales, qui ne se contentaient pas sans doute de célébrer la mémoire de leur patron par des banquets et des libations; le chant des hymnes devait avoir une large place dans le programme de leurs cérémonies, et leur organisation devait ressembler à celle des autres synodes formés sous les auspices d'une religion spéciale, comme, par exemple, les Iobacchoid'Athènes dont le règlement nous est parvenu.
La véritable patrie de cette institution est l'Asie Mineure. En Europe on ne l'a rencontrée jusqu'à présent qu'à Nicopolis sur l'Ister 6 et (d'après une restitution douteuse) à Mélos'. Les hymnodes d'Éphèse paraissent être attachés à l'Artémision 7 ; mais dans la majorité des cas les hymnodes nous apparaissent en relation avec le culte des empereurs et celui de la déesse Rome, qui en était inséparable : tel est sûrement le caractère de l'hymnodie à Nicopolis, à Pergame 8, à Smyrne', probablement à Acmonia10. A )Éphèse, où il y a également un temple impérial, ses hymnodes paraissent désignés
sous le nom de OEap.w;io(". Les hymnodes forment un
collège qui porte le nom d'hymnodes de l'empereur divinisé auquel est consacré le temple et de Rome; cependant le nom de Rome se supprime souvent : à Pergame un contemporain de Marc-Aurèle s'intitule
simplement û~.vw;Sôç OEoû Aûyoécrou1°; à Smyrne nous
L'hymnodie figure dans la liste des accessoires ordinaires, mais non pas nécessaires, du culte impérial, avec les jeux sacrés, l'immunité et les 0so),dyot (hiérophantes), dont les fonctions se cumulent parfois 'avec celles des hymnodes''. Lorsqu'un vote du Sénata autorisé l'érection d'un temple impérial dans une ville, le décret impérial qui réglemente le nouveau culte peut autoriser, entre autres, la création d'un collège d'hymnodes : à Smyrne l'institution n'est attestée que pour le second néocorati5. Les membres du collège sont quelquefois désignés sous le nom de suvutuv o;io('6. Le nombre en est naturellement variable suivant l'importance du culte et de la ville, mais paraît être fixé une fois pour toutes. A Pergame, dont l'hymnodie nous est mieux connue que toute autre grâce à un règlement datant du temps d'Hadrien17, les
probablement de 36. Outre les membres titulaires, la corporation comprend, comme membres temporaires, les fils ou petits-fils des sociétaires, qui prennent une part subordonnée à la vie sociale et pzyent une cotisation (»Fa). Les sociétaires non Pergaméniens (érçwttxot), qu'il
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faut peut-être considérer comme des membres honoraires', payent aussi une redevance spéciale de 50 deniers « pour les images des empereurs n. Le collège se recrute probablement par libre cooptation; toutefois les fils ou descendants des membres sont choisis par préférence en remplacement de leurs auteurs décédés 2. Les membres titulaires sont exempts de cotisation annuelle, mais astreints à un droit d'entrée (f -i).iruv) considérable : 100 deniers pour les sacrifices, 15 à chaque hymnode, 30 aux dieux, du vin et trois pains; le nouvel élu doit aussi rembourser au président 15 deniers pour l'encens offert aux obsèques de son prédécesseur. Pour le fils qui succède à son père ces tarifs sont réduits de moitié. Le récipiendaire apporte, en principe, un hymne nouveau qui enrichit le répertoire du collège ; le fils hérite de l'hymne paternel. Comme on ne peut pas supposer que tous les hymnodes fussent poètes et musiciens, ils devaient sans doute se fournir chez l'hymnographe officiel : précisément à Pergame une inscription mentionne un OEondyoç des temples impériaux qui s'intitule
jouit d'un local spécial, 1'by,vwticiov. Elle est administrée par plusieurs magistrats (cipyovTEç), l'EVxorV.oç, le prêtre (ieptéç), le secrétaire (ypxll.uxTe' ç) '°. Ces fonctions sont
annuelles ; elles imposent à leurs titulaires des liturgies coûteuses. Par exemple, à l'occasion des petites fêtes, l'EÛxocu.oç doit fournir aux hymnodes des couronnes, des gâteaux, de l'encens, des flambeaux pour l'autel d'Auguste; aux cinq fêtes plus importantes, on exige de lui une mine d'argent, des prestations de pain et de vin. Le prêtre et le secrétaire sont assujettis à des libéralités non moins onéreuses, qui représentent pour chacun d'eux une somme de 400 deniers en argent par an, sans compter les fournitures en nature. En somme, presque toutes les grosses dépenses du collège sont supportées par ses dignitaires; le « fonds commun », 'r xotvdv, alimenté par les droits d'entrée, n'est mentionné expressément que pour l'encens fourni aux « enfants de deuil » lors des obsèques d'un des associés.
La grande affaire, l'objet propre de l'hymnodie ce sont les cérémonies religieuses célébrées en l'honneur des empereurs. A Pergame on fête : 1° l'anniversaire de la naissance de chaque empereur divinisé; 2° l'anniversaire « mensuel » de la naissance d'Auguste ; 3° son anniversaire « annuel » (23 septembre), que l'on commémore avec un éclat particulier ;44° l'anniversaire (conventionnel) de la naissance de Livie, reporté au 21 septembre pour le rapprocher de celui d'Auguste. En outre, les hymnodes se réunissent : le 1°r janvier pour la fête du nouvel an romain ; du 24 au 26 mai pour une « fête des Roses » ; du 23 au 25 juin pour une « fête des Mystères ». Le programme de ces cérémonies est naturellement variable. Les fêtes « mineures » ne paraissent comporter qu'un chant exécuté devant les statues impériales, une couronne sur la tête ; aux fêtes « majeures» il. y a un banquet, sans
préjudice de l'hymne. Ces hymnes étaient-ils chantés en choeur ou chaque hymnode récitait-il successivement le sien? Les textes ne nous renseignent pas à cet égard.
On voit que l'hymnodie, malgré le rang un peu effacé qu'elle semble occuper dans la hiérarchie des fonctions municipales, était encore une institution assez aristocratique, entraînant de fortes dépenses et " accessible seulement à des citoyens aisés. La considération qui s'attachait au titre d'hymnode est attestée par les inscriptions qui nous le montrent cumulé avec celui de prytane 3, de secrétaire du peuple G, de « stratège des processions » 7, de boularque (président du conseil municipal) d'une commune °. A Mélos, des places spéciales sont réservées aux hymnodes dans le théâtre s ; à Éphèse, Vibius Salutai'is ne les oublie pas dans ses largesses i°. A Acmonia ils figurent à côté des viol dans un décret honorifique" rendu en faveur d'un trésorier. Bref, on se tromperait beaucoup en comparant, sur la foi du nom, l'hymnodie à un simple « lutrin » ; elle ressemble plutôt à une maîtrise ou à un chapitre, sinon à un cercle musical.
A côté de l'hymnodie annexée au culte d'un dieu, à côté de l'hymnodie impériale, les textes nous font connaître dans certaines villes d'Asie-Mineure des hymnodes de la gerousia''. Nous sommes aussi mal renseignés sur leurs fonctions que sur tout ce qui se rapporte à l'institution de la gerousia asiatique elle-même13. Tout ce qu'on peut supposer, c'est que la gerousia ayant certaines attributions religieuses à Éphèse, elle préside aux fêtes d'Artémis ", à Amastris elle est en rapport avec un ti.ucT«pyt•.dç16 les gérousiastcs avaient organisé en vue de leurs têtes un corps spécial de chantres, une « maîtrise » particulière : ce sont là les hymnodes de la gerousia. On a voulu en rap
procher les ûpvc»tôo: 7Lpe ;TEpot de Nicopolis sur l'Ister :
mais l'existence d'une gerousia dans cette ville est invraisemblable et le corps des hymnodes de Nicopolis est ailleurs qualifié de 9t),ocEÔacTot', ce qui semble prouver qu'ils étaient attachés à un Augusteum. Il est probable qu'ils se divisaient en deux sections : les vetttspot et les stpcrt;ûTEpot. Le chef du collège portait le titre de chorostate.
Enfin, à Éphèse, une inscription mentionne un hymnode vsILI T ;ç (juge ?) « de la boulé, de la gérousia et des chrysophores (prêtres et lauréats privilégiés) », qui est en même temps secrétaire des jeux institués en l'honneur d'IIadrien'7. Il est difficile de savoir si ce personnage doit être rapproché ou séparé des hymnodes ordinaires d'Éphèse, connus par d'autres textes, et qui paraissent constituer la maîtrise de l'Artémision. Tu. REINACII.
IIYMNIJS (°TN.voç). Le mot hymne est un terme équi
voque que les anciens ont pris dans des significations très différentes.
1° Dans son acception primitive et poétique, conforme à l'étymologie (racine ûp, tisser) ', il désigne tonte espèce de chant, de poésie, et est à peu près synonyme de âotô ti 2. Si les oracles sont spécialement appelés û(1.vot3, c'est sans
V.
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doute qu'ils représentent la plus ancienne forme de poésie régulière.
2.° Dans un sens plus restreint et qu'on peut appeler le sens courant, sont dits hymnes tous les poèmes ou chants adressés aux dieux, par opposition aux chants qui célèbrent des hommes, réunis sous le terme générique de Zyxd(ttai. Beaucoup de compositions qualifiées ainsi d'hymnes n'ont pas le caractère lyrique. Tels sont les hymnes homériques, véritables proèrnes de style épique récités par un rhapsode dans une fête, et les hymnes de Callimaque. D'autres n'ont même jamais été destinés à l'exécution publique, commel'hymne de Cléanthe à Zeus2, les hymnes orphiques et ceux de Proclus.
30 Quelques grammairiens,tout en restreignant la notion de l'hymne aux compositions lyriques, y comprennent même les odes d'un caractère profane. Ainsi à côté de
1' « hymne-péan' » (u(t.vo; 7vatâvo;), de 1' « hymne proso
tifou, comme, par exemple, les odes triomphales de Pindare 4. Quoique peu correcte, cette manière de s'exprimer s'explique par le sens très large du mot hymne, d'une part, et aussi par la grande place que tiennent, dans le lyrisme mondain de la bonne époque, les allusions mythologiques, le sentiment religieux. Les anciens euxmémes ne savaient pas s'il fallait qualifier de péan ou de scolion la célèbre ode d'Aristote à Ilermias ou à la Vertu'. L'épinikion comporte nécessairement, à côté de l'éloge d'un vainqueur mortel, celui d'un héros ou d'un dieu', et il est arrivé à Pindare de diviser ces deux sujets entre deux odes distinctes 7. En un mot, pour employer la terminologie de Proclus, presque toutes les odes « profanes » de style soutenu s'adressent à la fois à un homme et à un dieu et méritent ainsi, plus ou moins, la qualification d'hymnes.
4° Dans un sens encore plus restreint et technique, celui que nous avons principalement en vue dans cet article, l'hymne n'est qu'une variété, la plus importante il est vraie, de la lyrique religieuse : c'est, comme dit Platon, « une espèce d'ode, consistant en une prière adressée aux dieux'. » Pour compléter cette définition un peu vague, Platon oppose à l'hymne le thrène, le péan, le dithyrambe, le nome citharodique. Il faudrait retracer ici tout le développement de la poésie religieuse chez les Grecs, montrer comment d'un tronc commun se sont détachées successivement diverses branches, caractérisées les unes par la personne du dieu invoqué
[DlT1IYRAMBUS], les autres par un refrain consacré [IOBAC
cuus, PAiAN], d'autres, par une exécution monodique et une allure de morceau de concours [moulus]; comment telle espèce d'hymne était chantée par une procession en marche [PROSODION], telle autre par un choeur dont une autre partie exécutait une danse mimétique [llYPORCIIEMA], telle autre par un choeur de jeunes filles [PARTEENION]. Ces distinctions et beaucoup d'autres que nous omettons ont servi de base à la classification des oeuvres des grands lyriques entreprise par l'érudition
alexandrine. Si subtiles qu'elles paraissent, et quoique leur réseau serré n'ait pas toujours trouvé place pour certaines formes importantes, mais passagères, de la composition lyrique, -péans de Thalétas, de Xénodamos, de Xénocritos3, cantates héroïques de Stésichore -, il faut avouer qu'en général elles sont fondées en raison et qu'à chacune des variétés classiques du lyrisme correspondaient des rythmes, un style appropriés: nulle part ne se révèle mieux, même dans une matière qui paraît rebelle à toute discipline, l'esprit d'ordre et d'analyse des Grecs, leur besoin instinctif de mettre la forme en harmonie avec le fond.
Après qu'on a éliminé ainsi, de la notion générale d'hymne, toutes les variétés constituées en espèces définies, il se trouve un résidu de chants religieux, en forme de prière, susceptible d'être adressés à toute divinité et caractérisés en quelque sorte par des qualités négatives. Ce sont ces chants auxquels, dans une terminologie précise, on réserve le nom d'hymnes stricto sensu, xup(u; ôNvot. « La particularité de l'hymne, dit excellemment M. Alfred Croiset, était de ne s'être jamais séparé ni par une composition musicale plus savante, ni par un procédé spécial d'invocation, ni par des danses spéciales, du type primitif d'où tout le reste était sorti. C'était le vieux chant religieux par excellence ,étroiteinentlié avec le culte, exécuté avant ou après le sacrifice, et resté pur de toute modification locale, de toute nouveauté assez tranchée pour donner bientôt naissance à un genre distinct 1e.
De toutes les branches de la poésie lyrique, l'hymne ou « chant d'Église » proprement dit est celui sur lequel nous possédons les renseignements les plus insuffisants, malgré la place considérable qu'il tenait dans la vie religieuse et publique des anciens Grecs. Les spécimens que nous en avons conservés sont peu nombreux, presque tous fragmentaires et ne donnent qu'une idée incomplète du répertoire en usage à chaque époque. Dans ce genre, en effet, dont l'essor fut toujours comprimé par de vénérables traditions et par des scrupules rituels, l'esprit conservateur a perpétué plus qu'ailleurs les formules et les types archaïques. Non seulement des hymnes dont l'origine se perdait dans le lointain des âges ont gardé leur place dans la liturgie jusqu'à une date très récente 11, mais à toute époque on s'est plu à pasticher, souvent de très près, les vieux modèles. La diversité ici est moins dans les temps que dans les lieux : chaque pays, chaque ville avait ses dieux, ses légendes, ses usages rituels, ses lieux saints, ses épithètes consacrées qui trouvaient place dans l'hymnographie officielle et s'imposaient même aux poètes étrangers. Un recueil des hymnes grecs serait donc un tableau fidèle des fêtes et religions de la Grèce. Malheureusement les éléments nous manquent pour tracer un pareil tableau, et nous devons laisser à l'histoire littéraire l'étude proprement poétique des débris de l'hymnographie. Nous nous bornerons ici à quelques indications générales sur la composition, la nature et l'exécution des hymnes, en
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tenant compte, autant que possible, des différentes époques, et en renvoyant aux articles spéciaux pour les espèces d'hymnes constituées à l'état de genres distincts.
P A quelle date remontent les plus anciens hymnes ? Quel était leur caractère? Il est assez remarquable que Ies poèmes homériques, qui connaissent le péan et le thrènet, ne font aucune mention de l'hymne proprement dit. On en a conclu que l'hymne n'existait pas à cette époque, mais cette conclusion est très hasardée : tout au plus peut-on induire du silence d'llomère que, dans la société guerrière et chevaleresque dont il nous dépeint les moeurs, l'hymne ne se risquait pas hors des murs du sanctuaire et ne se recommandait par aucun intérêt poétique ou musical. Mais du temps d'Hérodote, et encore six siècles plus tard, du temps de Pausanias, on conservait, on exécutait peut-être dans divers sanctuaires de la Grèce propre (Delphes, Éleusis, Délos) et de la Grèce d'Asie (Éphèse) des hymnes très archaïques que les traditions locales attribuaient à des poètes plus anciens qu'Homère : Olen et Mélanôpos à Délos, Philammon à Delphes, Musée, Pamphos, Eumolpos en Attique, etc.2. Ces attributions n'ont guère de valeur et beaucoup de pièces fausses ont pu se glisser dans la collection ; les noms mêmes de ces prétendus poètes sont en partie purement mythiques, en partie semblent personnifier des familles ou corporations sacerdotales, attachées à certains sanctuaires, et chez lesquelles la composition des hymnes liturgiques était un talent, ou, si l'on veut, un métier héréditaire: tels étaient à Athènes et à Éleusis les Eunéides, que Cratinos, au ve siècle, appelle encore iir..ovs; eé;ca))â)zrev J o'i 3, les Eumolpides, les Lycomides , peut-être les Pamphides 4. Aucun fragment authentique ne subsiste de cette vieille littérature sacerdotale. Il semble cependant qu'on puisse s'en faire une idée approximative d'après les hymnes du Véda et de l'Avesta, d'après les chants romains des Saliens et des Frères Arvales,surtout d'après l'hymne homérique à Arès et le début de la Théogonie d'Ilésiode, qui a certainement utilisé des hymnes liturgiques. Ces morceaux ont un caractère nettement hiératique; ils se composent d'appels réitérés, de longues litanies où le nom du dieu revient sans cesse, sous des synonymies variées et avec des épithètes sonores, quelquefois obscures. Ce sont de véritables « hymnes d'invocation », ü?.vo: x).7lttxo(, et certains procédés de leur style se retrouvent encore dans les compositions analogues d'Alcman et de Sappho même de Callimaque. Tout porte à croire que le mètre unique de ces hymnes primitifs était l'hexamètre dactylique, dont la tradition rattache la naissance et le développement au sanctuaire de Delphes. Le prosorlion délien d'Eumélos de Corinthe le premier chant religieux dont. nous connaissions avec exactitude l'auteur (vers 750 av. J.-C.) est encore écrit en hexamètres Les majestueux proèmes de Terpandre, qui, sauf leur destination, étaient de véritables hymnes, sont aussi composés dans le rythme
dactylique L'accompagnement musical était fourni
par la lyre : il faut se le représenter, jusqu'à Terpandre, à l'unisson du chant et aussi pauvre, aussi grêle que le chant lui-même: La forme ordinaire de l'exécution doit avoir été la monodie et le chantre unique avait sans doute un caractère sacerdotal. Dans certains cas, peut-être, les fidèles lui donnaient la réplique par un bref refrain (ipôuvtov, 'u fi OEY~x) 6; d'autres fois des chants d'un caractère plus populaire, comparables à nos rondes, pouvaient être exécutés dans l'enceinte sacrée par un choeur d'officiants ou d'officiantes : telle est la ronde des «femmes d'Élis » en l'honneur de Dionysos Tauriforme9. Toutefois l'emploi du choeur, dans les chants religieux de quelque nom qu'on les désigne, à l'exception du péan, est une rareté à l'époque homérique, même avancée : l'hyporchème crétois en l'honneur d'Ariadne, décrit par le poète de l'Hoplopoiia10, le part hénion délien et le prosodion delphique décrits dans l'Hymne à Apollons', sont signalés comme des spectacles extraordinaires, probablement comme des nouveautés, et l'on sait cependant que l'un et l'autre poème sont de date relativement récente, peut-être contemporaine des premiers essais de la chorale dorienne. Quant à l'affirmation de Proclus, d'après Iaquelle le nomos delphique primitif aurait été exécuté par un choeur, aux sons de la flûte ou de la lyre, jusqu'à l'innovation de Chrysothémis 12, elle est certainement erronée; elle a sa source dans la prétention des novateurs du Ive siècle (Timothée, etc.), qui introduisirent l'élément choral dans le nomos, de trouver un précédent à ce changement. En réalité, l'hymne apollonique primitif ne diffère pas du nomos citharodique, qui s'en est dégagé par une lente évolution plut() tmusicale que poétique, en revêtant des formes fixes, en s'assujettissant à un plan obligatoire : on peut définir le nomos citharodique de Terpandre un « hymne de concours », cl c'est bien ainsi que l'entend Pausanias 13.
2° Époque historique. Auteurs des hymnes. Au
vue siècle commence le magnifique développement du lyrisme grec, qui atteint son apogée vers l'époque des guerres Médiques et décline ensuite lentement pendant la seconde moitié du ve et le Ive siècle. Pendant cette période naissent ou se perfectionnent un grand nombre de formes nouvelles du chant religieux, principalement du chant choral; mais l'hymne proprement dit n'est pas négligé, et si les vieux cantiques anonymes ou pseudonymes consacrés par la tradition se maintiennent dans la liturgie de certains sanctuaires, le répertoire s'enrichit de beaucoup d'hymnes nouveaux, composés par les poètes en renom. L'école lesbienne apporte les hymnes gracieux de Sappho sa et d'Alcée (quoique ces derniers soient peut-être qualifiés plus exactement de proèmes '», la vieille école lacédémonienne ceux d'Alcman, qui ne sont pas toujours faciles à distinguer de ses parthénées, l'école ionienne ceux d'Anacréon.
Il est douteux qu'il y eût des hymnes proprement dits de Stésichore 16, à qui la lyrique chorale dut ses formes définitives ; c'est certainement à tort qu'on a qualifié
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d'hymnes ses grandes cantates d'apparat, à sujet héroïque'. Mais tous les grands maîtres qui entrèrent dans la route ouverte par le poète d'Ilimère ont laissé des hymnes, qui formaient une section spéciale de leurs Oeuvres : tels sont Apollodore d'Athènes, Lasos d'Hermione, Simonide, Pindare, Bacchylide, Lamproclès. Les hymnes d'apparat étaient généralement écrits à la requête de certaines villes, désireuses de rehausser l'éclat des grandes solennités religieuses par un morceau de choix : c'est ainsi que les l:léens demandent à Simonide un hymne en l'honneur de Zeus Olympien 2, que les habitants de l'oasis d'Ilammon commandent à Pindare un hymne à Zeus Ilammon, qui fut gravé sur une stèle triangulaire encore debout au temps de Pausanias'. Naturellement les poètes devaient les prémices de leur talent à leurs cités natales : Pindare composa pour les Thébains son hymne aux dieux de Thèbes, Lasos pour Iler,mione son hymne à Déméter, comme plus tard Callimaque pour Cyrène l'hymne à Apollon Carnéen.
Dès la fin du v° siècle, avec le déclin de l'esprit religieux et du goût de la poésie chorale, la production hymnographique vraiment littéraire commence à se tarir. Timothée, le rénovateur de la musique grecque, composa encore vingt et un hymnes 4, dont l'un, l'hymne à Artémis, fut chanté au théâtre par le poète lui-même : l'hymne retournait à la monodie, mais cette monodie devenait une cavatine. Au Ive siècle, les poètes lyriques ne cultivent plus guère que le nomos et le dithyrambe, qui ont pris d'ailleurs un caractère tout à fait profane et théâtral ; dans le genre sacré, le péan, désormais adressé indifféremment à tous les dieux et même aux hommes héroïsés, jouit d'une faveur prépondérante : la plupart des exemples de chants religieux conservés par les textes ou les inscriptions à l'époque alexandrine ont le caractère ou le nom de péans'. Parmi les hymnes proprement dits, on peut citer, outre ceux de Callimaque, écrits à l'occasion de différentes fêtes, l'hymne ïambique au dieu Pan par Castorion, plein de recherches métriques puériles 6, un autre hymne à Pan écrit par le célèbre Aratus de Soli 7 (276 av. J.-C.), l'hymne à Apollon delphique par l'Athénien Cléocharès (vers 200), qui avait également composé pour ce temple un péan et un prosodion 8, le « chant chorique n intitulée Dionysos dont l'exécution a été offerte aux Delphiens par l'aulète Satyros de Samos', puis les deux grands hymnes du u° siècle, accompagnés de notes musicales, que l'École française a retrouvés à Delphes en 1893-94 et qui ont pour auteurs des poètes athéniens inconnus. Ce dernier exemple nous montre l'honneur de la gravure sur marbre, jadis réservé aux suprêmes productions du génie, accordé libéralement à des productions académiques assez médiocres. D'autres poètes d'hymnes ont perpétué à, leurs propres frais leurs faibles élucubrations : tels sont Nikiadès de Paros dont nous possédons l'hymne élégiaque à Perséphone 10, l'au
-Leur inconnu et tardif du grand hymne en hexamètres à Isis 1f, Maximus le décurion, qui chanta le dieu éthiopien Mandoulis On peut aussi considérer comme des hymnes les deux odes de Mésomède, contemporain d'Adrien, à Némésis et à IIélios, qui nous sont parvenues avec leurs notes musicales et qui semblent destinées à un chant choral f'. Les besoins pratiques du culte, notamment du culte impérial, ont perpétué l'hymnographie jusqu'aux derniers temps de l'antiquité païenne ; elle redevint, ce qu'elle avait été à l'origine, un métier, auquel l'inspiration n'avait plus aucune part. Dans certains sanctuaires, un fonctionnaire spécial est attaché au corps sacerdotal
avec le titre pompeux de üll.voyrxp,oç 8câ (l(ou. Tel était, au
na siècle après J.-C., L. Astranius Beryllus à Notion, qui cumulait ces fonctions avec celles de paidonome16. Ailleurs, c'est le secrétaire de la Boulê qui est chargé de la confection des hymnes nécessités par le « service journalier » i6. Dans le collège des hymnodes d'Auguste à Pergame, chaque nouveau membre doit apporter un hymne nouveau 16 : curieuse combinaison du « caveau» et de la maîtrise.
3° Objet, composition, style des hymnes. L'hymne,
partie intégrante de tous les cultes, peut être adressé à n'importe quel dieu. Parmi les fragments conservés, nous trouvons des hymnes à Zeus Olympien et à Zeus IIammon, à Poséidon, à Pallas, à Déméter, à IIélios, à Apollon, à Perséphone, même à Dionysios et à Asclépios, puis encore à des divinités étrangères (Isis), à des demidieux ou des héros (Télesphoros), à des abstractions personnifiées (la Fortune, l'Occasion), plus tard à home, aux rois et aux empereurs divinisés, même à la mémoire de simples particuliers''. Quelquefois plusieurs divinités apparentées sont associées dans un même hymne : ainsi le chant séculaire d'Horace invoque à la fois Apollon et Diane ; l'hymne thébain de Pindare s'adresse à un véritable Panthéon. Les rhéteurs, poussant à l'excès l'esprit d'analyse, distinguent entre l'hymne
prière (üp.voç EûxTtxç), l'hymne de déprécation (ü. ü.7rEUxTtxd;), l'hymne d'appel ou d'invocation (üu.vo; x),riTtxdç) et l'hymne d' « au revoir » ou « d'escorte » (AM(); éc7co71611.7t
Ttxd;), par lequel on prend congé d'un dieu qui émigre temporairement vers un autre séjour18. Ils définissent encore, comme autant de variétés spéciales, les hymnes physiques (Parménide, Empédocle), mythiques, généalogiques, imaginaires (r:s7c),ualt.€vot), comme l'hymne de Simonide au dieu Aüptoç et ceux d'un certain Pausanias. Mais en laissant de côté ces distinctions subtiles, on peut considérer tous les hymnes comme des chants destinés à célébrer la gloire et les bienfaits du dieu et à invoquer sa protection sur ses fidèles. Quand l'hymne est très court, il se borne à la prière et prend le nom de xceréu ii le ; quand il est plus développé, l'invocation et la prière proprement dite forment le cadre de la composition, cadre que le poète remplit selon sa fantaisie et les circonstances, ordinairement, dans le lyrisme d'appa
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rat, par un morceau narratif. En général, Ies éléments du développement épique lui sont fournis par la légende du dieu célébré, particulièrement par les mythes qui se rapportent à sa naissance, à la propagation de son culte, à la fondation de ses sanctuaires; on y rattache l'éloge de la cité, la description du temple, lieu de la cérémonie, et de la cérémonie elle-même, parfois aussi des allusions aux légendes du terroir qui donnent à l'hymne une couleur locale. L'abondance des souvenirs mythologiques ne laisse au poète que l'embarras du choix et il tire souvent parti de cet embarras même. Les hymnes de Sappho et d'Anacréon paraissent avoir exclu tout élément narratif ; ils le remplacent « par une énumération poétique et colorée des surnoms du dieu, de ses attributs et des principaux sanctuaires où il recevait son culte ». C'est l'ancien hymne liturgique « tiré de l'ombre des temples » et revêtu d'une forme littéraire Le luxe des images, l'accumulation des épithètes ne sont pas interdits à l'hymnographie ; mais le genre impose cependant une certaine gravité d'allure, une sobriété de coloris qui contrastent avec le désordre voulu du dithyrambe. Ce que dit Plutarque du péan apol
linique (tisixyt.l.ioi xa( c(O?oovx N.oûcxv) 2 s'applique à plus
forte raison à l'hymne, du moins pendant la bonne époque, et l'on comprend jusqu'à un certain point l'étonnement que provoqua au théâtre le début tumultueux de l'hymne à Artémis de Timothée : Mxwâôx, Butâlx, cpoôâix, nuacxix... et l'exclamation indignée de Iiinésias : «Puisset-il te naître une fille pareille! 3 » Au reste, nous ne pouvons émettre que des conjectures sur le plan et le style des hymnes de la plus belle époque du lyrisme, car aucune de ces compositions ne nous est parvenue intégralement ; le fragment le plus considérable des hymnes d'apparat, qui paraît extrait de l'hymne pindarique à Zeus laammon °, est transmis d'une manière lamentable et donne une impression assez confuse par l'abus de l'érudition mythologique, qui étouffe le sentiment religieux. L'hymne d'Ariphron à Hygie (qualifié d'ailleurs de péan), quoique jugé digne de la gravure sur le marbre, est une oeuvre froide et par surcroît, semble-t-il, un plagiat de Likymnios. Les deux hymnes delphiques à Apollon sont déjà des compositions académiques, auxquelles manque le souffle lyrique ; il semble néanmoins qu'on y retrouve assez exactement la disposition, sinon le style, consacrée par les modèles classiques de genre. Quant aux beaux choeurs en forme d'hymnes qu'on rencontre çà et là chez les tragiques et dans Aristophane, leur brièveté ne permet pas d'en tirer des conclusions trop précises pour les hymnes, beaucoup plus étendus, des grands lyriques.
4° Structure rythmique et mélodique. Nous avons vu, que jusqu'à la fin du ville siècle les hymnes liturgiques étaient écrits en hexamètres dactyliques. Dans les prières particulièrement solennelles récitées pendant les libations (c;covSeïx), on paraît avoir fait usage de rythmes de la même famille, mais en n'employant que des syllabes longues auxquelles la lenteur de l'allure (Celai'-.) donnait une durée de quatre temps ordinaires; certains choeurs d'Eschyle et d'Aristophane paraissent écrits à
l'imitation de ces vieux chants. Avec l'école éolienne, l'hexamètre disparaît de l'hymne, pour faire place à des rythmes plus agiles, combinant le dactyle et le trochée, ou l'anapeste et l'ïambe; l'hymne se divise en petits couplets de facture identique, chantés probablement sur le même air. Ces compositions plus gracieuses qu'imposantes ont servi de modèles à l'ode à Diane de Catulle (n° 34) et au Carmen saeculare d'Horace, qui sont de véritables hymnes choriques, écrits sur commande pour une fête déterminée 6. Mais le véritable hymne d'apparat, celui de Pindare et de Simonide, adopte les cilla et périodes de longueur inégale, les amples strophes, la disposition ternaire mise en vogue, sinon créée par Stésichore. On a prétendu à tort que l'hymne, même à cette époque, s'en était tenu à la division en strophes égales, sans épodes'; mais sans vouloir alléguer les fragments de l'hymne thébain et de l'hymne libyen de Pindare, dont la restitution prête trop au doute, on doit se rappeler que toutes les grandes compositions chorales du v1e-v° siècle présentent, malgré la diversité du ton, un grand air de famille dans la construction métrique : prosodion, odes triomphales, même les scolies sont alors comme jetés dans le même moule ; il n'y a aucune raison de croire que l'hymne fît exception à la règle commune. Les rythmes sont d'ailleurs les mêmes que ceux des épinikl'a : ce qui domine, c'est la combinaison des dactyles avec les épitrites (u -), qui allie merveilleusement la vivacité avec la majesté. La mélodie, probablement d'une grande simplicité comme il convenait à un chant exécuté par des volontaires, se tenait dans une gamme unique d'un bout à l'autre de la cantilène; le mode était ordinairement le dorien, exceptionnellement l'éolien, qui n'en est d'ailleurs qu'une variété 8, Toutes les strophes et antistrophes se chantaient sur la même mélodie; une seconde mélodie servait à toutes les épodes.
Après Alexandre le Grand, l'hymnographie, sous l'influence du style dithyrambique, paraît avoir abandonné la structure antistrophique, du moins pour les compositions d'apparat, dont l'exécution était confiée à des artistes professionnels 3. Les hymnes delphiques sont écrits en vers libres, groupés en péricopes ou « reprises », de longueur variable : c'est ce qu'on appelle la structure commatique ou anabolique. La mélodie se développe librement, sans répétitions ni refrains, d'un bout à l'autre de la longue cantilène ; seulement le dessin mélodique coïncide avec l'intonation naturelle réglée par les accents toniques, et cette coïncidence pouvait, dans une certaine mesure, venir au secours de la mémoire des chanteurs. La musique, qui a conservé, par tradition, le mode dorien et même le type archaïque de ce mode avec la suppression systématique du troisième degré diatonique (en harmonique ancien), s'est enrichie néanmoins de toutes les conquêtes de la mélopée du Ive siècle ; elle use largement des modulations tonales, du mélange des genres et même des notes extratonales. Mais ce qu'on a gagné du côté de la mélodie, on l'a perdu du côté du rythme : à la richesse un peu troublante de la rythmopée pindarique a succédé une extrême indigence; le premier hymne est écrit tout entier en pieds de la même mesure
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(crétiques). Le second ne présente qu'une seule métabole rythmique, à la fin, où le rythme cr©tique cède la place à un couplet glyconique, d'une facture d'ailleurs monotone.
L'hymnographie de l'époque alexandrine et romaine retourne, pour les hymnes destinés à la simple récitation, à l'hexamètre primitif' ; on trouve aussi de soi-disant hymnes en distiques élégiaques'. Les hymnes chantés emploient ordinairement des vers plus courts et des rythmes plus légers, mais peu variés. L'hymne thessalien à Thétis, cité par Philostrate 3, est en anapestes; l'hymne delphique, cité ou inventé par Héliodore, en pentamètres 4. Les hymnes de fésomède sont composés de côla uniformes, dans le mètre ïambico-anapestique, et la platitude du rythme n'a d'égal que celle de la mélodie. Par leur forme rythmique, les compositions du paganisme expirant donnent la main aux premières productions de l'hymnographie chrétienne, telles que l'Hymne aux Enfants attribué à Clément et le Cantique des Vierges de saint Méthode 5; mais c'est la vie qui naît de la mort.
5° Mode d'exécution; accompagnement instrumental et orchestique. L'hymne primitif est un solo ; l'hymne classique est entonné par un choeur, chantant à l'unisson. « L'hymne proprement dit, dit Proclus, était chanté par le choeur arrêté, au son de la cithare 6. » Ce texte a été pris trop à la lettre, et l'on en a souvent tiré des conclusions excessives; pour le comprendre, il faut le replacer dans son contexte, où la définition de l'hymne est opposée à celle du prosodion : le prosodion se chante pendant que la procession est en marche vers les autels, l'hymne quand elle y est arrivée; le prosodion est ordinairement accompagné par la flûte, instrument plus portatif et plus sonore ; l'hymne est ordinairement accompagné par la cithare. Réduite à ces termes, la formule est exacte, mais la règle comporte des exceptions. Ainsi, de même qu'on voit quelquefois une procession chantante s'avancer aux sons de la flûte et de la cithare associées, cette même combinaison instrumentale peut être employée pour l'accompagnement de l'hymne : tel est notamment le cas des hymnes delphiques à Apollon, d'après la propre description du poète'. D'autre part, s'il est vrai que l'hymne se chante quand le choeur est arrêté au pied des autels, il ne faut pas en conclure que celui-ci observe une immobilité absolue, peu compatible avec la division antistrophique. Athénée, dans un passage malheureusement mutilé, qui dérive d'Aristoxène, nous apprend expressément que certains hymnes étaient dansés, tandis que d'autres ne l'étaient pas; parmi les hymnes dansés, il semble ranger ceux qui s'adressaient à Aphrodite ou à Dionysos'. On sera tenté, il est vrai, d'identifier ces hymnes dansés aux hyporchèmes et de réserver le nom d'hymne aux cantiques chantés de pied ferme; mais l'hyporchème véritable comporte une danse expressive ou mimétique particulièrement importante et exécutée par une fraction seulement du choeur
[nYPORCIIÈHA]. La danse « hymnique » pouvait être plus
simple, se réduire à quelques évolutions cadencées. Au surplus, le nom d'hyporchème disparaît bientôt de la ter
minologie lyrique ; je n'en connais aucun exemple en épigraphie; bien certainement les hymnes delphiques à Apollon étaient considérés comme des hymnes véritables, quoique leur rythme à 5 temps soit un clair indice de danse. Ces mouvements orchestiques étaient-ils exécutés par le choeur tout entier? ou bien, comme à Délos°, une partie des choreutes chantait-elle pendant que l'autre dansait? ou enfin, comme en Crète, le chant tout entier était-il confié à un seul exécutant10? C'est ce qu'il nous est impossible de savoir. On voit, en tous les cas, combien l'on peut imaginer de combinaisons variées, et il se peut fort bien que chacune d'elles ait été réalisée en temps et lieu.
6° Qui chantait les hymnes? Lorsque le goût croissant des Grecs pour la musique chorale eut définitivement substitué l'exécution collective à la monodie dans le chant religieux, ce ne fut pas un mince problème de recruter et de dresser pour ces exécutions des chanteurs en nombre suffisant. Un très petit nombre de temples, à la bonne époque, étaient assez riches pour posséder un personnel spécial de choristes sacrés, attachés d'une manière permanente aux fonctions du culte. Parmi ces sanctuaires privilégiés paraît avoir été celui d'Éleusis, où Pollux signale des ûu.vcocôo(etdes ûl,.v rp(lsç11
Heureusement l'enthousiasme, la dévotion, l'amourpropre des citoyens suppléait à la pénurie des administrations sacrées.
En général, à l'époque classique, les chanteurs se recrutaient parmi les bourgeois de bonne volonté, qui considéraient comme un honneur d'être choisis pour cet emploi, eux ou leurs enfants. Le poète dirigeait souvent lui-même les études d'un hymne nouveau. Une fois ces chants entrés dans le « répertoire », les prêtres en avaient la surveillance et la responsabilité, comme de toutes les autres parties des fêtes religieuses. Parfois l'organisation des choeurs sacrés relevait d'une autorité spéciale, comme le collège des seize femmes à Élis ; plus ordinairement elle rentrait dans les attributions du yopoôcôzaxm),oç ou du paidonome; ce dernier fonctionnaire intervenait dans le cas très fréquent où l'hymne était chanté par des jeunes garçons ou des jeunes filles. En Arcadie, dès l'époque classique, les enfants sont dressés dès leur jeune âge à apprendre les hymnes et péans qui sont chantés aux fêtes traditionnelles en l'honneur des dieux et des héros 12. Mêmes usages en Crète, à Lacédémone, etc. Ces choeurs d'enfants, où les sexes sont quelquefois mélangés, se rencontrent aussi à l'époque alexandrine et romaine. C'est un choeur d'enfants dressé par le yopohizcxm),oç 13, qui doit chanter tous les ans le prosodion, le péan et l'hymne de Cléocharès au sacrifice solennel des Théoxénies delphiques. A Téos, dans la fête annuelle célébrée en mémoire de la reine Apollonis, l'hymne « auprès des autels » (7mpm6wia.tov) est chanté par des garçons de condition libre, l'hymne processionnel par des jeunes filles, que choisit le paidonome ". Le choeur pour lequel Catulle écrivit son hymne à Diane est composé moitié de garçons, moitié de filles ; vingt-sept filles et vingt-sept garçons chantèrent le Carmen saeculare
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d'Horace (17 av. J.-C.). Mentionnons encore un choeur cité dans une inscription de Notion, de l'époque impériale, et qui chanta un hymne à Apollon de Claros : il comptait six garçons, six jeunes filles, et un coryphée, le « prophète » d'Apollon Pythien 1. Cet exemple nous montre un ministre du culte, un prêtre faisant fonction de chantre; il n'est pas isolé : à Téos, l'hymne annuel à la mémoire de Pius sera chanté par le prêtre de Dionysos et le « prêtre des enfants » 2. A Stratonicée, l'hymne journalier est chanté par trente enfants de bonne famille, qui se rendent au bouleutérion, vêtus de blanc, couronnés de feuillage, des rameaux verts à la main, sous la conduite du paidonome et des paidophylaques; quant à l'hymne annuel et solennel en l'honneur d'Hécate, il sera exécuté par un choeur d'enfants, choisis par le prêtre de la déesse, parmi les familles qui habitent le domaine sacré ou le voisinage. Quand un de ces « enfants de_ choeur » passe éphèbe, on fait son portrait, on y grave son nom et celui de son père, et on le place dans un édifice public 3. D'autres fois les choreutes sont des éphèbes qui sont, eux aussi, sous la tutelle des autorités publiques. A Pergame, sous Marc-Aurèle, l'oracle d'Apollon, à la suite d'une peste, prescrit de faire chanter aux éphèbes quatre hymnes en l'honneur de Zeus, d'Athéna, de Dionysos et d'Asclépios et l'un de ces hymnes, gravé sur marbre, est parvenu jusqu'à nous'. Quant au recrutement volontaire des choeurs d'adultes, il devint de plus en plus difficile à mesure que le sentiment civique, musical et religieux, s'affaiblissait parmi les Grecs. Pour l'exécution des hymnes d'apparat, comme les deux grands hymnes delphiques à Apollon, il faut, dès la fin du 1110 siècle, recourir à des artistes dionysiaques. A l'époque impériale, en Asie Mineure, on voit se former dans plusieurs villes des corporations d'hymnodes [uvu:vonus] attachés à différents cultes; ils s'occupaient spécialement de l'exécution des hymnes très nombreux réclamés par le culte de Rome et des empereurs.
7° Où et quand étaient chantés les hymnes? Nous
ignorons presque tout de la vie intérieure d'un temple grec; aussi est-ce une question de savoir si le service religieux y comportait ordinairement quelque chose d'analogue à l'« office quotidien» des églises chrétiennes, où auraient eu naturellement leur place les vieux hymnes liturgiques. On a prétendu trouver la preuve de cet usage dans l'inscription, déjà citée, de Stratonicée', où la boulè prescrit de faire chanter par un choeur de garçons l'hymne quotidien en I'honneur des dieux protecteurs de la cité, Zeus Panémérios et Hécate. Mais, outre que l'inscription est de date récente et consacre une innovation, il faut remarquer que l'exécution de cet hymne a lieu, non dans un temple, mais dans un lieu profane, le palais où se rassemble la boulè, devant les images des dieux qui y ont été érigées. Il faut donc voir là un acte de la vie politique, un exercice de piété pour la jeunesse des écoles, plutôt qu'une fonction religieuse proprement dite. On ne doit pas non plus invoquer ici l'exemple des cultes orientaux, comme celui de la_déesse d'Hiérapolis en Syrie, qui, outre les fêtes solennelles, comportait un sacrifice quotidien accompagné de chants'.
En réalité, le chant religieux paraît avoir été toujours
lié, dans la religion hellénique, à des fêtes déterminées, dont chacune comportait un rituel spécial. Ces fêtes, il est vrai, étaient en très grand nombre et sauf l'inégalité de la répartition à travers l'année, équivalaient à peu près à nos dimanches. A l'époque impériale, le culte de Rome et des Césars, avec ses nombreux anniversaires, multiplie encore les occasions de mettre en mouvement les hymnodes. On peut poser en principe qu'il n'y a pas de fête, pas de sacrifice solennel sans chant religieux wcis~ $. Ce chant n'a pas toujours le caractère d'un hymne proprement dit; certaines fêtes consistent surtout en une procession et la forme naturelle du chant y est alors le prosodion; d'autres fois, très souvent ce sera un court péan. C'est dans les solennités un peu imposantes que l'hymne avait sa place indiquée ; il marquait en quelque sorte le point culminant de la fête, il précédait ou accompagnait les libations ou le sacrifice qui en constituent l'élément essentiel, indispensable : l'hymne de libation s'appelle raout-dvôecov, l'hymne de sacrifice r«raoaSlu.tov 9. Quand sur les degrés et aux alentours du temple se pressait une foule joyeuse et parée, les magistrats de la cité et les députations étrangères en tête, quand la victime couronnée de fleurs était amenée à l'autel, où fumait déjà l'encens, à ce moment solennel où, dans les temps primitifs, le chantre sacré psalmodiait sa courte litanie, aux formules mystérieuses et monotones, retentissait maintenant l'hymne poétique, aux formes littéraires, entonné par un choeur d'enfants, de jeunes filles, de citoyens ou d'artistes professionnels rangés au pied de l'autel, ou quelquefois encore déclamé par un rhapsode vêtu d'habits de fête. L'instant précis de l'exécution de l'hymne, le tableau brillant dont il forme le centre, ne sont nulle part mieux dépeints que dans le premier hymne delphique à Apollon : « Viens, illustre Attique à la grande cité, toi qui, grâce aux prières de Tritonis, déesse armée, habites un sol inébranlable : voici que sur les saints autels Héphaistos consume les cuisses des jeunes taureaux; avec lui, l'encens d'Arabie monte en tourbillons vers l'Olympe ; le roseau au clair murmure (la flûte) fait résonner un chant aux modulations variées, et la cithare d'or, la cithare aux doux sons, répond à la voix des hymnes. Alors nous, la troupe entière des artistes (dionysiaques) établis en Attique, nous te chantons, fils du grand Zeus, illustre par le jeu de la cithare, au pied de ce rocher couronné de neiges. » Ce moment vraiment émouvant du sacrifice ou des libations qui le suivent immédiatement, est également marqué pour l'hymne à Zeus de Callimaque, destiné à une exécution réelle. Quelquefois aussi le chant sacré intervient à un autre moment de la cérémonie. L'hymne à Apollon Carnéen (n° 2) de Callimaque est chanté pendant que les fidèles groupés dans le pronaos attendent anxieusement l'ouverture des portes pour consulter l'oracle. Le cinquième hymne retentit à lins tant où l'antique idole de Pallas Argienne va sortir du sanctuaire pour être baignée par les femmes d'Argos dans les flots de l'Inachos. L'hymne VI salue l'arrivée du calathos de Déméter, etc. A l'époque impériale, où l'hymne est souvent chanté devant les statues des dieux et des Césars, l'éclat de la cérémonie diminue peu à
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peu avec la richesse des populations, avec l'ardeur de leur foi et le mérite des productions littéraires, mais le principe subsiste, et l'hymne reste jusqu'à la fin du paganisme ce qu'il a été dès l'origine, l'âme du culte, le compagnon du sacrifice. Les chants sacrés ne se turent que le jour où la flamme s'éteignit sur les autels. Tu. REINACi.
dans le langage usuel, sinon dans le langage officiel, désignaient sous le nom d'è;xooc presque tous leurs alliés dans la ligue formée, au Ne siècle avant notre ère, pour lutter contre les Perses. Officiellement, sans doute, les alliés étaient des hommes libres et plus ou moins indépendants, qui combattaient avec les Athéniens, et, dans les inscriptions, ils sont appelés of cût.LU.azot 1. Mais, comme peu à peu les Athéniens prirent dans la ligue une situation tout à fait prépondérante', les alliés finirent par être regardés comme des subalternes, comme des subordonnés; de là le nom d'ü-4oot 3.
On sait, en effet, que le trésor de la ligue fut transféré de Délos à Athènes ' ; que la flotte des alliés se rassembla dans les ports de l'Attique ; que les Athéniens se chargèrent, à prix d'argent, de fournir des navires aux alliés qui n'en avaient pas, etc., etc. Plusieurs cités, trouvant trop lourde l'obligation de procurer un certain contingent d'hommes et de vaisseaux, s'affranchirent de cette charge en payant un supplément de tribut à Athènes. I1 y eut un moment où les Athéniens furent vraiment des seigneurs, et les alliés, des dépendants, des u7r~xoct ~.
Ce titre d'û7rroot fut-il commun à tous les alliés? Le public distinguait-il, en fait comme en droit, deux classes de cup.ll.atot, celle des autonomes et celle des tributaires, ces derniers étant seuls appelés subordonnés? Bôckh croyait à cette distinction'. Mais son opinion est combattue par M. Fraenkel'. Autonomes et tributaires étaient bien, en effet. dans la dépendance d'Athènes. Pour les tributaires, il n'y a pas de doute possible, puisque non seulement ils étaient astreints à verser un tribut, mais encore ils subissaient beaucoup de restrictions dans l'exercice de leurs droits de souveraineté particulières. Thucydide fait dire aux Mytiléniens que presque tous les cûu.(t.ayoc sont, à l'égard des Athéniens, dans un véritable esclavage9. Mais les autonomes eux-mêmes ne jouissaient que d'une indépendance et d'une liberté nominales. Samos, Chios, Méthymne sont des cités indépendantes (a'rrOvol..ot), mais à la condition de fournir des vaisseaux, et Thucydide les qualifie de vauci û7t-/xoot 10.
Il faut toutefois limiter la qualification d'u7rrixooc aux alliés faisant partie de la ligue originairement formée entre Athènes et beaucoup de cités grecques pour la défense contre les Perses. Les États qui avaient conclu des alliances avec Athènes, sans que leurs alliances se rattachassent à la cuiLp.ayta, étaient bien réellement autonomes, et ils auraient eu le droit de se plaindre si on eût parlé de leur subordination f1.
p. 1564, qu'il y avait en Crète une classe d'habitants correspondant aux Périèques de Sparte, et que les Crétois appelaient é i,xoot. Ces ûrr,xoot, que l'historien Sosicrate 12, originaire de la Crète, opposait très nettement aux APBASIIOTAI et aux uNoïTAl, étaient probablement les
habitants de bourgades rurales, dans lesquelles s'étaient concentrés les fils des anciens occupants de la Crète, de ceux qui s'étaient soumis sans trop de résistance aux conquérants doriens et à qui, pour cette raison, les envahisseurs avaient laissé une liberté relative 13. Les APnAO11oTAI et les 31NOïTAI étaient des serfs de la glèbe, lespre
miers attachés aux terres des particuliers, les seconds cultivant les terres de l'État. Les inst',aool étaient de condition libre et cultivaient des terres qui leur appartenaient. Soumis aux anciennes lois que Minos leur avait données ", ils vivaient tranquilles dans leurs bourgades", payant seulement un tribut à la cité dorienne dans le voisinage de laquelle ils étaient fixés'° et à laquelle les rattachait un lien de dépendance. Leur condition était donc bien différente de celle des Pilotes, auxquels Aristote les a plusieurs fois comparés. Ils ne jouaient pas un rôle actif dans l'État ; ils étaient inférieurs aux vrais citoyens, les représentants des envahisseurs doriens. Mais ils étaient libres personnellement, et leur subordination ne se révélait que par le tribut qu'ils payaient. Ainsi s'explique leur tranquillité habituelle, formant un si grand contraste avec les soulèvements des Pilotes.
Grole "a nié l'existence de cette classe des u7v-iixooc, intermédiaire entre celle des citoyens et celle des serfs, et son argumentation, antérieure à la découverte de la loi de Gortyne, a paru confirmée par l'absence dans cette loi de toute allusion à une classe d' û t xooc18. Cependant, même depuis 1885, la plupart des historiens persistent à croire à la présence en Crète de personnes libres, sans toutefois jouir des droits politiques, payant une taxe à l'État et vivant indépendantes dans l'agriculture 10, le commerce ou l'industrie20. Ces personnes, si elles ne sont pas nominativement désignées dans la loi de Gortyne, peuvent être, sans aucune difficulté, comprises, comme les étrangers et d'autres encore, dans le groupe générique de tous ceux qui sont en dehors des hétairies,
les âtsé'ratpot 21. Or la condition de ces âpérataot, Si elle
est notablement inférieure à celle des citoyens, est bien préférable à celle des colons ou potxéeç. Par conséquent, Grole s'est trompé en niant l'existence d'une classe
intermédiaire en Crète. E. CAILLEMER.
tionnée dans une inscriptioni,mais dont on ne sait rien d'ailleurs.
propre, l'homme employé dans un équipage de navire sous les ordres d'un chef, et, par extension, tout serviteur, aide, ouvrier, manoeuvre 1. Il peut être esclave ou libre. On distingue de nombreuses catégories d'è7c ,p éat. On trouve d'abord les esclaves domestiques2, en parti
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culier ceux qui desservent et nettoient la table', ceux qui aident les médecins, leurs maîtres 2, ceux qui accompagnent les hoplites comme valets 3; puis les esclaves publics, employés comme manoeuvres, appariteurs sous la direction des magistrats et des fonctionnaires de tous ordres; mais il est souvent très difficile de savoir si on a affaire à un esclave public ou à un employé libre. A Athènes, il y avait des esclaves publics au service des Onze, pour la garde des prisons, l'arrestation et la mise à la torture des coupables'; au service des Astynomes, pour la surveillance des rues de la ville', des bôoi-roio(, pour l'entretien des rues et des routes au service des archontes thesmothètes pour la formation des jurys d'héliastes; au service des différents magistrats, pour la police des tribunaux, des lieux publics, des assemblées du peuple 7 ; ces derniers étaient les archers scythes,
).2ziiOxt, ' o;dTz; , remplacés plus tard, au milieu du ive siècle, par une tribu tirée au sort, au rie siècle, par les éphèbes' [EKKLESIA, p. 520-521]. On ne voit pas bien si 1'innzipi.riç qu'emploient dans Démosthène les archontes et les stratèges pour le matériel triérarchique était un esclave ou un employé libre 70. Il y avait des ürrioérce, esclaves publics, dans les autres villes grecques, pour les mêmes services". Aristote distingue, en général,
parmi les E7y.sns(at, celles qui, étant û,.r3psrazv.(, peuvent
être confiées à des esclaves, si les villes sont assez riches pour les entretenir 12. On peut assimiler aux esclaves publics les esclaves des temples chargés surtout des soins matériels que demandent la propreté et l'entretien du sanctuaire 13. A Délos il y a un û7rr,pETrls pour chacun des temples de l'île, et pour la palestre qui dépend du temple d'Apollon; il reste en fonctions plusieurs années et touche un salaire assez élevé 1'. Il y en a du même genre au temple d'Andania 1U, à Ilion, à Delphes 1°. Mais les è p.at de Cos qui offrent des sacrifices sont peut-être des hommes libres 17
Nous trouvons des uzirip_;zi, libres ou affranchis : 1° au service des corporations privées ou religieuses 18 ; 2° dans les collèges éphébiques; à Athènes, l'urr,pérri; figure le dernier, quelquefois l'avant-dernier sur la liste des fonctionnaires du collège; c'est probablement un intendant chargé de l'administration du matériel19; il figure aussi sur les inscriptions éphébiques de Naxos20 et de Sparte, sous le titre spécial de 7ratôtcxtwpoç21; 30 au service du collège des hiéromnémons de Delphes ; leur fonction paraît avoir été viagère et avoir passé aux membres
d'une même famille 22; 4° au service des villes, dans les emplois subalternes, analogues à ceux des scribes, des hérauts23; à Acrae, en Sicile 2i, ce nom est porté par un petit fonctionnaire; à l'époque romaine ce sont sans doute des û7cr3p:.Tat qui forment dans beaucoup de villes la police municipale 2J et le personnel subalterne des bureaux porte aussi ce nom à la fin de l'Empire 26, comme en Égypte à l'époque des Ptolémées27; 5° comme ouvriers 28 ou domestiques libres 29; 6° sur les vaisseaux, oit ils forment à côté des rameurs (vx Tat), des soldats de marine (ErrmE âTat) 30, la troisième partie de l'équipage, appelée ü-ripec'z, qui comprend le pilote principal (zuGispvpTzis), le pilote en second (aptfpsuç ou zrpo psi..-ç), le chef des rameurs (rs),sue. ç), et les autres hommes préposés aux manoeuvres (vau ryo(, avTrirdvTap~ot). Gn. LLCRIVAIN.
lexiques de Séguiert mentionne une infraction ayant un rapport direct avec l'usurpation du droit de cité, poursuivie par la ypa.psv(a;. Cette infraction aurait eu lieu en cas de supposition d'enfant, c'est-à-dire vraisemblablement lorsque des citoyens faisaient adopter par un Athénien ou attribuaient frauduleusement à celui-ci des enfants d'étrangers ou d'esclaves. On aurait pu agir
alors contre l'enfant ûroeo)p .zio; par la ypz: Ùzroeo),li,jç et
il aurait été vendu comme esclave. Mais cette théorie nous paraît être uniquement le fruit de l'imagination du lexicographe. Il est difficile, en effet, d'admettre que la législation athénienne, qui se caractérise par sa douceur et son humanité relatives, ait permis d'imputer à des enfants innocents un délit commis par d'autres personnes. En supposant que la fraude en question fût punissable, le châtiment ne devait atteindre que les véritables délinquants, et un enfant libre ne pouvait être privé de sa liberté par la seule raison que d'autres s'étaient servis de sa personne pour réaliser une fraude2. L'enfant esclave û7to6o);N..aioç seul pouvait être vendu'. La ypa9ili uroiOOaïiç, si on en admet l'existence, devait rentrer dans la classe des actions non estimables et elle appartenait à l'hégémonie des thesmothètes, comme les autres actions destinées à prévenir l'usurpation du
droit de cité 5. L. BEAUCIIET.
Tov). On doit établir une distinction entre les mots hypocausis et hypocausturn : le premier désigne plus particulièrement l'appareil de chauffage, le second la pièce chauffée. Il est utile de connaître cette distinction pour
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Fig. 3939. Praefarnium d'hypocauste à Bade (plan).
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l'intelligence de certains textes; toutefois le mot hypocaustum est souvent employé dans le sens d'hypocausis.
L'hypocauste était, comme l'indique son étymologie (,,o xar.iw), un appareil de chauffage placé sous les constructions dans lesquelles il devait envoyer la chaleur'. Il en existait sous les bains, sous les maisons privées, quelquefois sous un seul appartement ou sous une seule pièce de la maison. Les Romains qui, pour combattre le froid, connaissaient l'usage de la cheminée [cAsuNUS], étaient donc aussi pourvus d'appareils correspondant à nos calorifères à air sec et chauffé.
Les hypocaustes sont assez connus par les textes des auteurs anciens et surtout par les fouilles archéologiques pour qu'il soit facile de les décrire dans leurs parties essentielles ; il est beaucoup moins aisé de se rendre compte de tous les détails de leur fonctionnement.
1° Le fourneau, prae furnium, propnigeum, était une chambre ronde (fig. 3937,1) ou rectangulaire (fig. 3937 a,
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3938 a, 3939 a), souvent précédée d'une cour ou d'une chambre de dépôt (fig. 3937, b) 2. Il était voûté et recouvert de tuiles (fig. 3938), avec une ouverture pour allumer le feu (fig. 3938, b, 3939, b) ; en un mot semblable à un four. Souvent un seul fourneau suffisait pour plusieurs salles' ; parfois la même salle avait deux fourneaux séparés'; on a trouvé aussi un hypocauste muni de deux fourneaux accouplés et communiquant peut-être entre eux de telle sorte que l'on pouvait faire passer la braise incandescente de l'un dans l'autre Souvent, en même temps qu'il envoyait l'air chauffé dans les chambres de