Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article INFULA

INFULA. D'après les définitions de Servius et de Festus 2, le mot infula (souvent employé au pluriel in fulae) signifiait un bandeau de laine blanche et écarlate qui se portait sur la tête en manière de diadème, tantôt à plat, tantôt tordu comme un ruban dont les bouts pendaient aux deux extrémités. On l'a souvent confondu avec les autres termes qui désignent des bandeaux plus ou moins semblables, ornements de tête, guirlandes L'in fula était un insigne sacré, l'indice de la consécration à la divinité et de l'inviolabilité religieuse. Il était réservé aux personnes, aux animaux, aux monuments servant au culte. A ce titre, l'infula était essentiellement une coiffure sacerdotale dont les prêtres se paraient, avec les VERBENAE, au moment du sacrifice. Tous les prêtres en général pouvaient porter l'in fula; elle est formellement attribuée aux prêtres de Cérès3, à ceux d'Apollon et de Diane t, auxVestales5 et aux Arvales 5. Prudence, décrivant l'attitude des Vestales à l'amphithéâtre', les représente avec la toeta infula qui lie leur chevelure. Cette expression, ainsi que la description de Servius, répond exactement à la coiffure des statues de Vestales découvertes à nome dans l'Atrium Vestae8. Cette coiffure se compose d'un large diadème posé sur les bandeaux de la chevelure et en partie recouvert lui-même par le voile sacré ou SUF'FIBuLUM. Ce diadème se subdivise en six bourrelets parallèles, ayant la forme de nattes artificielles et disposées comme le représentent les figures 4056, 40579. Sur quelques unes des statues et des têtes détachées qui n'ont pas le voile, on distingue très bien les cordons ou VITTAE qui pendent, derrière les oreilles, de chaque côté du cou. I1 est probable, cornme l'a supposé Jordan 10, que cette coiffure artificielle était la copie d'une ancienne coiffure naturelle, qu'on appelait aussi les six nattes (sex crines), et dont on fit un insigne de chasteté : c'est pourquoi, d'après un passage jusqu'alors mal entendu de Festus", elle était la coiffure des Vestales et des jeunes fiancées. Le mot infula fut appliqué aux ornements dont on parait la tête des victimes avant le sacrifice (fig. 4058) 12. Dans ce sens, l'infula se confond assez souvent avec les bande lettes [TAENIA] OU 1es guirlandes sacrées [SERTA], déjà en usage chez les Grecs, et qu'on retrouve fréquemment représentées sur des bas-reliefs, des vases peints ou des peintures murales. Il semble pour tant qu'il faille plus particulièrement réserver ce terme, d'après les définitions des anciens, et eu égard à la formation du mot lui-même 73, à des bandelettes faites de fils de laine (filamenta lanea), qu'une vitta enveloppe comme le bourrelet des Vestales que l'on a vu plus haut', ou qui les serre de place en place; la laine, se ren flant dans les intervalles, a souvent l'apparence de grains plus ou moins ronds ou fuselés, et aux bouts les brins s'écartent en touffes ou sont ramassés en glands (11g, 11059)15; ou bien c'est la villa dont le ruban flotte aux extrémités (fig. 4060)16. Des victimes animales, l'infula passa aux victimes humaines : les condamnés à mort en étaient parés 17. 1NF X46 -ING Les suppliants s'en couvraient la tête pour se rendreinviolables'. Les envoyés carthaginois en ornèrent leur navire lorsqu'ils vinrent offrir la paix aux Romains L'in fula candida et les serta décoraient la porte du nouvel époux 3. Comme insigne décoratif, entouré de la vénération religieuse, l'in fula est devenue dans le langage figuré l'emblème des hautes dignités, et particulièrement de l'empire (infulae imperiales) '. Sénèque' dit même de la philosophie qu'elle tient lieu d'in fulae aux gens de bien, c'està-dire qu'elle est leur dignité. GUSTAVE FOUGÈRES. INFUNDIIIULII31. Xo5v-r), Xwvoç. Entonnoir. Les mots grecs placés à côté du nom latin, en tête de cet article, s'appliquent plus ordinairement aux fourneaux et aux creusets qui servent à la fusion des métaux, mais on les trouve employés d'autre part avec le sens qu'a le mot entonnoir en français C'est aussi la signification du mot infundibulum, quoique l'instrument ainsi nommé ne soit pas décrit dans les rares textes latins où on en rencontre le nom 2. Les objets auxquels ce nom convient se sont conservés en grand nombre. Les plus anciennes céramiques de la Grèce fournissent déjà des exemples de vases droits, allongés, s'amincissant de l'orifice, ordinairement muni d'une petite anse, jusqu'à l'extrémité, qui est percée d'un trou par où le liquide peut s'échapper. Celui que reproduit la figure 40613 a été trouvé à Santorin et est antérieur au cataclysme qui a enseveli les maisons de l'île, environ deux mille ans av. J.-C. Il existe des entonnoirs du même type provenant d'Ialysos ou de Camiros, dans l'île de Rhodes', et de Mycènes'; ils sont moins anciens. D'autres trouvés à Ilissarlik le sont au contraire davantage : les uns sont en forme de cornet, comme les précédents, d'autres sont demi-sphériques et criblés de trous autour de leur petit orifice (fig. 4062) 6. Schliemann présumait que ces derniers avaient été employés pour la métallurgie. La forme d'une tasse plus ou moins profonde ou évasée avec un tuyau plus ou moins long prévalut. On voit sur les vases peints des entonnoirs semblables servant à faire passer de l'huile [AMPUORA, fig. 2871] ou du vin (fig.4063) 7. On conserve un assez grand nombre de ces objets dans les collections, principalement au Musée de Naples. La plupart sont en bronze, mais on en rencontre aussi de terre cuite', quelquefois de verre' ou d'argent. Un entonnoir de ce métal est ici figuré (fig. 4064) ; il faisait partie du trésor découvert en 1883 à Montcornet (Aisne) 10; l'entonnoir est muni d'un manche plat auquel est adaptée une passoire [coLus] qui manoeuvre à l'aide d'une charnière. Les deux bras du manche qui saisissent le bord supérieur de l'entonnoir sont découpés en bec de cygne, ainsi que les bras de la charnière sur laquelle se meut la passoire. Un )"' ' élégant entonnoir de bronze, au musée archéo logique -_~ de Florence 1', est de même doublé d'une passoire qui s'y emboîte exactement, mais qui est sans charnière et s'enlève au moyen d'une poignée figurant un petit quadrupède ; le manche de l'entonnoir se recourbe en col de cygne. Le musée de Berlin pos sèdeun instrument semblable en bronze f3; la passoire est à deux manches en col de cygne et l'entonnoir posé sur un pied, qui permet de le faire tenir debout. E. SAGL1O. INFURNIBULU31 ou INFUNIBULU9I. Pline appelle ainsi un tuyau en façon d'entonnoir [1NFuznIBuLuo servant àt aspirer de la fumée de tussilage pour guérir la toux'.