Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article ISOTELEIA

ISOTELEIA ('IccTFaEta). Nous n'avons de renseignements importants sur l'isotélie que pour Athènes. Il faut d'abord rejeter les définitions de quelques lexicographes qui font des isotèles (icoTEaeïç) tantôt des étrangers devenus citoyens', tantôt des étrangers admis à tous les droits des citoyens, sauf aux doits politiques2. ISO 588 IST Gomme leur nom l'indique, les isotèles sont des métèques assimilés pour les impôts aux citoyens; ils sont dispensés des taxes particulières à leur classe, c'està-dire du EI.ETo(xtov [sl Toraos], du droit de marché (,Evtxâ. Tati) 1 et sans doute aussi de la liturgie dite exitpwop(«; ils supportent les autres liturgies, chorégie, triérarchie, sur le même pied que les citoyens 2, paient l'c'frtpop« au même taux et sur les mêmes listes qu'eux fournissent les contributions volontaires dites t:alocsT; 4. On ne peut donc identifier, comme on l'a fait quelquefois 5, l'isotélie et la simple dispense du u.ETotrtov. Sur plusieurs inscriptions 6, des isotèles obtiennent aussi le privilège de servir à l'armée avec les Athéniens; il est probable que c'était la règle; mais nous ne savons dans quels corps ils figuraient; peut-être étaient-ils inscrits à }hart 7 et ne servaient-ils que dans l'Attique. Quant à l'yxTrlct; x«i oint«;, elle figure souvent parmi les privilèges des isotèles, mais n'en fait pas nécessairement partie 8. Les isotèles n'ont pas d'autres privilèges légaux. On en trouve qui sont arbitres privés9, mystagogues pour l'initiation aux mystères d'Eleusis10; mais tous les métèques pouvaient sans doute exercer ces fonctions. A tous les autres égards, les isotèles restent métèques, sont soumis à la juridiction de l'archonte polémarque1l, doivent avoir un patron (apocT«-r-,ç)e ne possèdent pas l'E tT«ui«. Quel est le rapport de l'isotélie et de la proxénie? Les proxènes passent officiellement avant les isotèles 12; ils ne paraissent cependant pas avoir eu tous les privilèges des isotèles, puisque nous avons plusieurs décrets qui confèrent l'isotélie à des proxènes 13. L'isotélie n'est pas seulement un privilège financier, mais aussi un titre honorifique; elle figure généralement sur les documents officiels 14, sur les inscriptions funéraires 15: une fois même le mot icoTE),et« figure en grandes lettres en tête d'un décret". Elle ne paraît pas être héréditaire de plein droit, puisque l'hérédité est indiquée expressément sur plusieurs inscriptions 17. Le nombre des isotèles ne parait pas avoir été très nombreux; nous n'avons guère jusqu'ici qu'une douzaine d'épitaphes d'isotèles 18. Nous ne savons pas à quelle époque a été établie l'isotélie. Elle était en général la récompense de services rendus à l'État en paix et en guerre, de l'einpressement à payer l'impôt de guerre, l'E)'e?op«, et les contributions volontaires, à subir les liturgies onéreuses, à remplir les devoirs militaires. On a vil qu'elle était accordée quelquefois à des proxènes, le plus souvent à des métèques, soit d'origine libre, commerçants, industriels, réfugiés politiques19, sait affranchis20. D'aprèsXénophon, on l'aurait donnée aux étrangers qui travaillaient aux mines 21; c'est le seul renseignement que nous ayons sur ce point. D'après un fragment de Théophraste 22, les Athéniens auraient accordé l'TE),E(« aux Olynthiens et aux Thébains, après la destruction de leurs villes, pour le cas où ils s'établiraient à Athènes; or, les lexicographes mettent ce fragment dans l'article relatif à l'isotélie; peut-être donc faut-il corriger le texte de Théophraste et admettre qu'il y était question de l'isotélie. Sur une inscription du nit siècle av. J.-C., les Athéniens donnent l'isotélie aux habitants de Ténos23; mais en général les Athéniens donnaient plutôt aux réfugiés d'une autre ville, pour récompenser ou obtenir leurs services, l'àrs),Ei« simple, c'est-à-dire la dispense du u.ETOt etov et de certaines liturgies [ATELEIA] 24. La concession de l'isotélie a lieu selon la procédure habituelle; le décret du peuple doit être précédé d'un ,~i,oiioé).Eu.x, du sénat; en outre, sans doute depuis la fin du Ive siècle, il y a, comme pour la concession du droit de cité, une ratification par un tribunal d'héliastes25 En dehors d'Athènes, nous trouvons des isotèles, métèques privilégiés, à Ephèse2''; à. Mesambria du Pont, l'isotélie est concédée en même temps que la proxénie et le droit de cité". Dans de nombreuses villes de la Béotie, à Tanagra, à Oropos, à Orchomène, à Thespies, à Thisbé, à Thèbes, à Coronée, à Ilaliarte28, elle fait partie des privilèges de la proxénie, en même temps que l'asylie et l'tyxcr6tç Titi; x«i oixt«;. A Thermon d'Etolie, dans un acte d'affranchissement où plusieurs dieux sont pris comme témoins, l'affranchi devient, selon la loi des Etoliens, isotèle et 1Tl)J.G;29, c'est-à-dire qu'il entre comme à Athènes dans la classe des métèques privilégiés. CH. LÉcRIVAIiN`.