Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ISTHMION

ISTIIMION (" ION.tov). Nom que les Chypriotes donnaient à un vase à boire (7CoTiietov) t. On n'en connaît pas la formel ; on peut seulement supposer qu'il était pourvu d'un goulot, car le même terme désignait le col d'un vase, par analogie avec le sens d'isthme, détroit, passage 3. On appelait aussi ra0pex certaines parures en forme de colliers 4. E. POTTIER. ITA II. Les plus anciennes représentations de l'Italie personnifiée, que nous connaissions, remontent ah début de la guerre sociale (91 av. J.-C.). Le nom d'Italia désignait alors la confédération des anciens peuples autochthones du centre et du sud de la péninsule, qui, refoulés jadis par les Etrusques et les Gaulois venus du Nord, chassés des villes du Sud par les Grecs, luttaient à présent contre Rome pour leur indépendance. Les monnaies que les chefs de la confédération italiote firent frapper, tant pour affirmer cette indépendance que pour subvenir aux frais de cette lutte où ils devaient succomber, sont des deniers d'argent, imités de ceux de Rome elle-même, et portant, les uns des légendes latines, les autres des légendes osques'. L'un des plus anciens est frappé au nom de Q. Pompoedius Silo, proclamé chef de l'insurrection en 90 av. J.-C. (fig. 4107) 2. Au droit, figure la tête de l'Italie personnifiée, accompagnée de son nom, ITALIA; la déesse a la tête ceinte d'une couronne de laurier, des pendants d'oreilles et un collier de perles ou de petites pendeloques analogues aux colliers d'or que nous fournissent les métropoles de l'Etrurie. Au revers, on voit huit guerriers samnites ou italiotes, debout, rassemblés autour d'un pontife agenouillé, qui tient un petit porc dans ses bras; derrière le pontife, une lance plantée en terre; les guerriers, le bras tendu, l'épée basse et dirigée sur le porc qu'on va sacrifier, se jurent alliance et fidélité pour la guerre contre Rome. Un autre denier (fig. 4108) représente, au droit, la même tête de l'Italie, mais d'un style beaucoup plus barbare que la précédente. Au revers, le mot ITALIA, placé au-dessous du type qui figure l'Italie assise sur un monceau d'armes et couronnée par la Victoire qui se tient debout derrière elle; dans le champ, la lettre E, retournée, initiale d'un nom de chef, de magistrat monétaire ou d'atelier. La déesse s'appuie d'une main sur la lance et de l'autre elle saisit la poignée de son parazonium. Sur des monnaies grecques frappées dans le cours du lu° siècle avant notre ère, l'Étolie est représentée, comme ici l'Italie, assise sur un monceau d'armes 3. Fig. 4109. L'Italie et Rome. ITA 592 Pro D'autres pièces de la même série italiote nous montrent la tête de l'Italie diadémée et non laurée', ou même'coiffée d'un casque orné d'une tête de griffon Dans ce dernier cas, cette représentation est identique à celle de la déesse Rome sur les deniers romains, si bien qu'on pourrait les confondre si la légende ITALIA ou, en osque, Vitelin, qui l'accompagne, ne nous tirait d'incertitude. Peut-être pourrait-on croire que cette Italia casquée comme la déesse Rome n'est pas la figure allégorique de la confédération italiote proprement dite, mais la figure de la ville de Corfinium, la capitale des insurgés, qui, suivant Diodore avait reçu, elle-même, le nom d'Italia. Enfin, la même déesse est représentée parfois assise, munie de grandes ailes comme la Victoire et tenant une palme à la main. Ces variétés font évidemment allusion à diverses péripéties de la lutte entre les révoltés et les Romains . A la suite de la pacification générale de l'Italie, c'està-dire après que le chef des insurgés, Pontius Te.lesinus, eut été réduit par Sylla, en l'an 82 av. J.-C. (de Rome, 672), des deniers furent frappés à Rome, par Q. Fufius Calenus et Mucius Cordus, qui représentent la réconciliation de Rome et de l'Italie, sous les auspices de deux divinités guerrières, VIRUS et Iloxos (fig. 4109) Au revers de ces pièces, on voit l'Italie, accompagnée de son nom en monogramme, donnant la main à la dea Routa. Elle est vêtue d'une tunique talaire et a pour attribut une corne d'abondance; Rome est diadémée et pose le pied sur un globe. Sur les monnaies de l'époque impériale, la représentation allégorique de l'Italie n'est pas rare à partir du règne de Nerva. Un grand bronze de ce prince, à la légende TVTELA ITALIAE, frappé en 97 de J.-C., figure Nerva assis et accueillant l'Italie qui vient implorer la protection impériale, accompagnée d'un jeune garçon et d'une jeune fille 6. Sous Trajan, on frappe dans les trois métaux des pièces à la légende : ITALIA REST(ituta) s. P.Q.R. OPTIMO PRINCIPI, qui représentent Trajan relevant l'Italie agenouillée ; la déesse a la tête ceinte d'une couronne murale et elle tient un globe; elle est accompagnée de deux enfants tendant les bras dans une attitude suppliante'. D'autres monnaies du même empereur, à la légende ALIM(enlatio) ITAL(iae) nous montrent Trajan assis sur une chaise curule et accueillant l'Italie qui s'avance vers lui avec un enfant dans ses bras et un autre à ses pieds (fig. 4110) 8. Les monnaies d'Hadrien, qui ont pour types les F. Bompois, Op. cit. pI. r, fig. 8 ; Garrucci, pl. xcy fig. 9. 2 F. Bompois, pl. ,, fig. 9 à 12; Garrucci, pl. xcr, fig. 18 et suiv. 3 Diod. Sic. XXVII, 2 ; cf. Strab. V, 1v, 3 ('lvàÀi 4; Veil. Patere. F. Bompois, Op. cit. pl. r, fig. 8 ; Car6 Cohen, Méd. impériales, 2• éd. t. II, p. 12-13. 7 Ibid. p. 37 et p. 51.52. 8 Ibid. p. 18-19. 9 Ibid. p. 178-179. IO Ibid. p. 110. 11 Ibid. p. 212213. 12 Ibid. p. 311-315. 13 Ibid. t. III, p. 264. 1' Ibid. t. IV, p. 153. -15 On a cité notamment un bas-relief représentant une scène du Forum, qu'on a teasera per gli alimenti, in bassorilievo rnarmoreo (Brizio, dans les Annali dell' Instituto, 1872, p. 309-330 ; Afonumenti, t. IX, pl. xr.vn). On a voulu rapprocher figures allégoriques d'un si grand nombre de provinces de l'empire romain, nous présentent l'Italie sous divers aspects. Sur les pièces à. la légende ITALIA Ou ITALIA FEUX, l'Italie est debout, tenant un sceptre et une corne d'abondance°. Celles à la légende ADVENTVI AVG. FI'ALIAE, montrent Hadrien et l'Italie debout, en regard, séparés par un petit autel; la déesse tient une patère et une corne d'abondance f °. Avec la légende RESTITVTORI ITALIAE, on voit Hadrien relevant l'Italie agenouillée, une corne d'abondance sur le bras 11. Nous donnons ici (fig. 4111) le revers d'une monnaie d'Antonin le Pieux, sur lequel la légende ITALIA accompagne le type de la déesse, assise sur un globe constellé d'étoiles, la tête ceinte d'une couronne murale, tenant le sceptre et la corne d'abondance f2. Ces attributs sont également ceux que donnent à l'Italie le revers de monnaies de Commode à la légende ITALIA 13, e t celui de pièces de Septime Sévère et de Caracalla, avec l'inscription : INDVL GENTIA AYGG. IN ITALIAM 1'". Après Caracalla, la numismatique ne nous fournit plus de représentations allégoriques de l'Italie. En dehors des monnaies, l'Italie a dû être représentée à l'époque impériale romaine sur d'autres monuments, tels que bas-reliefs ou statues, mais il ne paraît pas qu'on l'ait identifiée jusqu'ici avec certitude15. E. BABELOs.