Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

LACERNA

LACERNA. Il existait, chez les Grecs et les Romains, une série de vêtements de dessus, souvent militaires et civils à la fois, qui, tout en portant des noms différents, avaient entre eux une grande analogie : ABOLLA, ARMI anciens, ils sont souvent confondus. Artémidore' assimile la chlamyde à la ni antillais, à l'ephestris et au birrus, tandis que le scoliaste de Perse2 fait du mot birrus le synonyme de lacerna ; mais saint Augustin 3 et Sulpice Sévère '• établissent une distinction entre le birrus et la lacerna. Pour Suidas3, ephestris, nlandnas et birrus sont le même vêtement. Velleius Paterculus6 et Plutarque' racontant le même fait, l'historien grec se sert du mot yaz ' lsc. là oh l'historien latin a employé le mot lacerna. Le trait commun à tous ces vêtements était d'être un manteau retenu sur l'épaule ou sur la poitrine par une fibule ou par une agrafe. Malgré les confusions que nous venons de noter, les textes des auteurs permettent d'établir entre ces vêtements des différences ; mais rarement ces différences sont assez marquées pour que nous puissions les reconnaître avec certitude sur les monuments figurés. Chez les Romains, la lacerna fut d'abord un manteau militaire que le soldat portait par-dessus son armure"; à l'origine, il était même exclusivement militaire°. C'est très probablement une lacerna, ornée de ses franges 10, que porte le soldat romain représenté ici (fig. 1318), d'après un bas-relief de la colonne Trajane ". Le même monument nous offre des soldats dont la lacerna, autrement disposée, laisse voir son point d'attache sur le haut du bras, sur l'épaule ou devant le cou (fig. 11319)12. Ce manteau, avec des dissemblances, se rapproche beaucoup de la chlamyde antique, et les Romains Pont peut-être emprunté aux Grecs, qui le tenaient eux-mêmes de peuples barbares [CnLAMYS]. La lacerna, ou un vêtement analogue, se retrouve sur les épaules de nombreux guerriers barbares figurés dans les bas-reliefs antiques : chez les Gaulois du sarcophage de la vigne Amendola 13, chez les Y. Parthes de l'arc de triomphe de Septime Sévère 14, chez les cavaliers maures 1'3 et chez les Daces 16 de la colonne Trajane Les figures qui précèdent permettent de coinprendre, au premier coup d'oeil, combien était prati que ce manteau militaire se prêtant, pendant l'action, à tous les mouvements et à toutes les attitudes du combattant dont le bras et les épaules restaient complètement dégagés. Au repos, la lacerna, au lieu d'être rejetée tout entière sur le dos ou sur l'épaule, retombait, en avant sur la poitrine, qu'elle défendait du froid ainsi que le dos et les épaules; comme la lacerna civile, elle pouvaitêtremunie d'un capuchon [CUCULI.US' qui préservait le soldat de la pluie" (fig. 4320). Du costume militaire, la lacerna passa dans le costume civil des Romains à une époque qu'il est difficile de préciser. L'usage n'en était pas encore admis au temps de Cicéron 19. Pendant les guerres civiles (lui troublèrent la fin de la République, les lois qui défendaient de porter dans l'intérieur de la ville le costume militaire cessèrent, à maintes reprises, d'être observées. Il en résulta certainement pour les particuliers une plus grande facilité d'adopter certaines parties du costume militaire et d'en établir peu à peu l'habitude. Et, en fait, c'est vers cette période et au commencement de l'Empire que nous voyons l'usage de la lacerna se généraliser et être soumis à des essais de réglementation 20. Pour les civils, comme pour les militaires, la lacerna fut un pardessus 21 . Manteau d'hiver, elle était de couleur sombreL2, en laine épaisse23, destinée à garantir du froid et de la pluie 26, et, à cet effet, munie d'un capuchon adhérent ou mobile [cucuLLns]25. Pas plus que nos pardessus modernes, on ne gardait la lacerna dans les circonstances qui exigeaient une tenue de cérémonie 26. Retenue par une fibule, elle couvrait les épaules, la poitrine et le dos, enveloppant le corps qu'elle tenait serré". Dans un mémoire qui contient des développements intéressants sur la lacerna, M. E. Schulze a cru reconnaître ce manteau sur un buste du temps de la République"; cette attribution plausible ne parait pas cependant absolument démontrée. La lacerna était portée dans toutes les classes de la société; c'était un vêtement exclusivement à l'usage des hommes29. Son seul aspect, sa couleur, l'état d'usure ou de malpropreté où elle se trouvait, étaient autant d'in 114 LA.C 902 LAC (lices auxquels il était facile de reconnaître, au premier coup d'oeil, la. condition ou la situation plus ou moins prospère de celui qui en était revêtu. Martial abonde en allusions de ce genre'. Mais, arec le progrès du luxe, on ne tarda pas à faire des lacernae légères et flottantes qui, sans protéger contre le froid, ne visaient qu'à l'effet'. Le manteau frangé, attaché au moyen d'une fibule, que l'on voit (fig. -4321) sur un verre à fond d'or de l'époque chrétienne portée par un chef d'atelier, est vraisemblablement une lacerna. On choisissait des étoffes d'une grande richesse et de couleurs volantes; on fabriquait, en effet, des larrernae blanches pourpres° ou écarlates', violettes", d'un vert pale', de nuances variées comme les fleurs d'une prairie", tissues d'or et de soie 1t, ornées de sujets brodés en or 12. Il n'est pas surprenant que ces vêtements, d'un luxe parfois insolent 13, aient souvent atteint des prix très élevés Aussi la lacer'na resta longtemps un vêtement discrédité sous lequel, de temps à. autre, on reprochait aux sénateurs de cacher leur toge1'. I1Exav ~1H1?DEvTAT. LACUNA. Pièce d'eau plus petite que le LAous'. Pièce d'eau factice destinée à 1 elertim' dies oiseaux de basse-cour, spécialement des oies'. insu: dessécheraient'. -Cuve de foulon'. On appelait lac(tiret s", en grec ),zxxo7totiç 6, l'ouvrier qui creusait des lacuno,e.