Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

ALEISON

ALEISON (°A),etoov). 'Vase à boire et à libations, mentionné par Homère ', quelquefois fait de matières précieuses, d'or par exemple (ypécEtov), et muni de deux anses (OCüpo '700). Dans Athénée' on le voit rapproché de la xé t [CALIX] et du DEPAS. E. S. de coqs. Les Grecs de tous pays étaient passionnés pour ce genre de divertissement'. Les jeunes gens, les hommes de tout âge élevaient et exerçaient des coqs pour le combat'. Ceux de Tanagre et de Rhodes, qui passaient pour les plus belliqueux (µaxtuot, 'yevvci ot, â0)o'nd 3) étaient particulièrement estimés, et après eux ceux de Mélos et de Chalcis On leur faisait manger de l'ail et des oignons pour rendre leur ardeur plus grande 5. Au moment de la lutte, on mettait les coqs en face l'un de l'autre sur une sorte de table ou de plate-forme à rebords élevés appelée Tr),(a et on armait leur ergot d'un éperon de bronze '. A Athènes, une loi ordonnait que chaque année un combat de coqs eût lieu dans le théâtre aux frais du trésor public, en mémoire, disait-on, de l'allocution par laquelle Thémistocle avait relevé le courage de ses concitoyens, avant la bataille de Salamine' : voyant deux coqs qui se battaient, il leur' demanda s'ils n'imiteraient pas, pour défendre leur liberté et leur patrie, l'acharnement de ces animaux qui s'entre-tuaient pour le seul plaisir de vaincre. Les jeunes gens étaient tenus d'assister à ce spectacle, afin d'apprendre comment on lutte jusqu'à la dernière extrémité'. Le coq avec une palme, que l'on voit sur des tétradrachmes d'Athènes 10, est aussi un souvenir de cette institution. On remarque un semblable symbole sur les monnaies de beaucoup d'autres villes, telles queDardanus de Troade, Ophrynium , Carystus d'Eubée , Antioche de Pisidie, Clazomène en Ionie, Calatia, Calés, Naples en Campanie, etc. Nous avons eu déjà l'occasion de signaler (p. 150, fig. 184) un bas-relief où l'on voit deux coqs, marquant au mois de Poseideon (décembre-janvier) sur un calendrier figuré, l'époque où avaient lieu les combats de ces animaux 11. On a découvert au théâtre de Bacchus, à Athènes, le siége du prêtre de ce dieu : sur chaque côté est figuré un génie ailé mettant aux prises deux coqs 1Y. Nous rappellerons enfin le beau miroir de Corinthe (p. 147, fig. 182) où est gravée l'image d'un génie semblable ". Les combats de coqs sont souvent peints sur les vases d'argile14. Celui d'où est tirée la fig. 212 appartient au musée Grégorien, à Rome ". Deux éphèbes tiennent leurs coqs prêts à s'élancer l'un sur l'autre. Une belle mosaïque de Pompéi (fig. 213) montre l'issue d'un pareil combat16. Derrière les deux coqs, l'un qui se dresse, les ailes encore frémissantes, l'autre saignant, les plumes en désordre, et la tête baissée 17, sont debout deux jeunes gens et deux en ALE 181 ALE fants dont l'attitude répond à la leur : tandis que les vaincus s'affligent, le maître du coq victorieux tient une cou ronne et un enfant lui présente une palme ; dans la main gauche il porte le sac où le coq était tenu enfermé avant la lutte. Le même objet est représenté sur un vase du musée du Louvre 18, et on le voit aussi dans la main de la statue connue sous le nom d'Aleetryonophore 19. Les sculptures 20 de plusieurs cippes et sarcophages offrent des images analogues à celles qu'on rencontre dans les peintures. On peut rapprocher de la mosaïque de Pompéi le bas-relief que reproduit la figure 214, d'après un de ces monuments, conservé à Rome, au musée de Latran 21. Le sujet est aussi la fin d'un combat de coqs, et l'hermès qu'on voit au fond et près duquel est une table chargée de couronnes et de pal mes indique une palestre. Cette composition donnera l'idée d'autres scènes du même genre 22 dans lesquelles des enfants, des amours ou des génies ailés remplacent les personnages que l'on voit ailleurs. De nombreuses pierres gravées offrent des représentations semblables ". Quelquefois aussi ce sont des cailles que l'on voit entre les mains de jeunes gens, et l'on sait, en effet, que les Grecs avaient un goût au moins aussi vif pour ces oiseaux dont l'ardeur belliqueuse ne le cède en rien à celle des coqs E4. Il y avait des hommes dont la profession était de prendre, de nourrir et de dresser des cailles de combat (ôpTUyogp«t, p7uyorpdpot pTU?07Iôl),ae "5); on faisait aussi combattre des coqs de perdrix 2s Le prix de ces combats était quelquefois l'oiseau vaincu, quelquefois de l'argent; les enjeux étaient souvent considérables et même ruineux pour le perdant 27. E. SAGLIO.