Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LIBELLA

LIBELLA. Nom par lequel on désignait entre l'an 269 et l'an 217 av. J.-C. une quantité d'argent, 1/10 du poids du denier, laquelle avait la valeur d'un as de bronze [DENARIUS]. Dans les premiers temps byzantins, le nom de libella s'appliquait quelquefois au denier de compte de 5760 à LIBELLIS(A),'E7ri¶ ç(3fôl,ot1.-L'expressionalibellés désignait à la fois un des bureaux de la chancellerie impériale et le fonctionnaire placé à la tête de ce bureau. Il est évident que les nombreux libelli que recevait l'empereur et auxquels il donnait suite [LIBELLIS, II] exigeaient une administration considérable. Tant que l'empereur administra la partie de l'empire qui lui était confiée, comme un particulier administre son patrimoine, il y employa ses esclaves ou ses affranchis'. Sous Claude, ces employés sont organisés en bureaux ayant leurs attributions distinctes. C'est alors que se crée, avec les L.is. Les a libellis de Claude sont des affranchis 2 ; il en est de même sous Néron 3, sous Domitien t et sous les Flaviens'. Peu à peu, l'idée monarchique continuant son évolution, les employés de ces services deviennent des fonctionnaires et les citoyens d'un certain rang ne craignent plus de briguer ces charges autrefois réservées aux esclaves et aux affranchis impériaux e. Vitellius LIB 1173 -LIB commence à recruter une partie de ce personnel parmi les chevaliers'. Domitien tient la balance à peu près égale entre affranchis et chevaliers2 ; enfin, au temps d'Hadrien, la réforme est complète', et les hautes fonctions de la bureaucratie impériale sont occupées par des personnages importants de l'ordre équestre, sous cet empereur et sous ses successeurs-. A la fin du m° siècle, les différents bureaux de la chancellerie sont placés, chacun, sous la direction d'un magister 6. Quoique nous n'ayons pas de texte qui nous l'indique pour cette époque, nous pouvons croire que le bureau a libellis suivit le sort commun. Un texte épigraphique, non daté, mentionne un magister a libellis qui fut aussi magister a censibus Une inscription de l'an 376 nous fait connaître un magister libellorum et cognitionum sacrarum 8 ; ce qui prouve que, à cette époque, il y avait eu fusion entre les bureaux a libellis et A cOGNITIONIBUS. CO fait est d'ailleurs confirmé par la 1Votitia d'Orient' et d'Occident 10 où on lit : magister libellorum cognitiones et preces tractai", et par le Digeste : magister scrinii libellorum sacrarumque cognitionum 12. Mais, à cette même époque, le bureau a memoria, qui apparaît pour la première fois sous Caracalla, a pris une grande importance, et a attiré à lui les affaires du bureau a libellis et a cognitionibus, dont le magister ne semble plus travailler que pour le compte du magister memoriae " [A MEMOBIA]. Comme employés inférieurs du bureau a libellés, nous voyons, aux différentes époques, un adjutor a libellis sous Marc Aurèle", un proximus a libellis sous Caracalla et Géta10 et plus tardf6, tous affranchis ; deux esclaves exerçant les fonctions, l'un de custos a libellis" , l'autre de scriniarius a libellis" , et des scribes désignés par le terme général de libellenses ", sous lequel étaient sans doute compris des employés de rangs divers. On devine facilement la somme considérable de travail qui se faisait dans ces bureaux. Il fallait examiner et classer les innombrables libelli adressés à l'empereur 20. Mais là ne devaient pas se borner les attributions de ce bureau. Beaucoup de libelli soulevaient des questions délicates, relatives aux impôts, au cens, au droit public et privé, etc., et les réponses devaient souvent avoir force de loi et entrer, à ce titre, dans les recueils [LIBELLI'S, 11]. Il est évident que l'empereur ne pouvait pas avoir la science universelle ; des financiers éminents, des jurisconsultes devaient étudier les questions, et, au libellas, joindre un rapport. C'est pour ce motif que nous voyons un magistera censibus devenir magister a libellis 21, des jurisconsultes comme Papinien " et Ulpien 23 exercer les fonctions de a libellis. C'est bien d'ailleurs ce genre de travail qu'indiquent les expressions suivantes appliquées par les auteurs aux a libellis : libellos agere 2''; libellis