Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LIBELLIS

LIBELLUS. I. En droit civil : 1° Libellas', libellas accusatorius2, libellas accusatoris3, libellas inscriptionuin ', ou inscriptionis libellas conventionis 6, libellas criminum Tous ces noms désignaient un écrit dont le dépôt entre les mains du magistrat compétent introduisait, en vertu de la loi Julia Judiciorurn a, une action judiciaire. Ulpien, à propos d'une plainte en adultère, nous a laissé la formule d'un de ces libelli. Il fallait indiquer l'année, le jour du dépôt; le nom du magistrat auquel devait être remis le libellas, laloi sur laquelle s'appuyaient les poursuites, le lieu, le jour, l'heure, les circonstances du délit. Enfin la signature du plaignant était requise, ou, s'il ne savait pas écrire, celle d'un autre. Tout libellas irrégulièrement rédigé entrainait la nullité de la plainte, qui, toutefois, pouvait être reprise 9. Une constitution de Valentinien interdisait au magistrat de recevoir un libellas en secret et en dehors du temps et du lieu oit il exerçait sa charge 10. L'action introduite par le dépôt du libellas suivait la procédure ordinaire qui varia aux différentes époques 2° Libellas appellationis. Document par lequel celui qui avait perdu un procès devait, dans un délai de deux ou trois jours, signifier, si telle était son intention, qu'il en appelait " 3° Libellas dimissorius. Le plaideur qui en appelait devait, dans un délai de cinq jours, se faire délivrer, par le magistrat dont il n'acceptait pas le jugement, des lettres de renvoi au juge d'appel. Ces lettres, que l'on appelait apostoli et libelli dilnissorii 1'2, étaient remises au nouveau juge qui se trouvait ainsi saisi de l'affaire, et procédait d'après les règles de la COGNITIO 13 !1° Libellas contradictorius ", refutatorius". Réponse au libellas déposé par la partie adverse. Au temps du Bas-Empire, le libellas refutatorius était aussi un mémoire que le premier juge adressait à l'empereur pour défendre son jugement frappé d'appel"S. 5° Libelli contestarii. Demande de dispense d'une tutèle [EXCUSATIO] 1'. Un texte de droit nous a conservé la formule de ces libelli". Les particuliers chargeaient les hommes de loi, à qui leurs fonctions n'interdisaient pas ce travail, de préparer les libelli qu'ils avaient à déposer". II, Libellas, preces, supplicatio. Placet, supplique adressée à l'empereur. Ces suppliques avaient les causes les plus diverses : appel à la générosité ou à la protection impériales20 ; transfert d'une action judiciaire au tribunal LIB 1176 LIB de l'empereur' [coGNI'TIO extraordinaria], demande en réhabilitation 2; quelquefois c'était une cité entière qui réclamait un dégrèvement d'impôt', une revision des rôles du cens', l'immunité 5, la conservation de quelque privilège a, ou décrétait une adresse à l'empereur 7 ; souvent, par un libellas, on demandait à l'empereur, comme on l'aurait fait à un homme de loi, une consultation juridique'. Avec l'aide des bureaux spéciaux de la sCRIrIuM], l'empereur donnait à ces libelli divers la suite qu'ils comportaient. Les hauts fonctionnaires étaient avisés par une lettre, epistola,les particuliers par un RESCRIPTOM, c'est-à-dire par une simple adnotatio ou subscriptio écrite sur le libellas lui-même 9, libellas rescriptus. Quand la réponse impériale faisait loi, elle était exposée sous les portiques des thermes de Trajan à Rome. Il existait, au moins au temps de Gordien III, un recueil des rescrits impériaux intitulé : liber libellorumrescriptorum10. III. Libellus famosus, crrmen famosum. Ces noms désignaient les libelles, pamphlets, satires, épigrammes, chansons propres à nuire à l'honneur ou à la réputation des citoyens". De bonne heure la loi s'est préoccupée de réprimer ce genre d'attentat, et la loi des Douze Tables n'édictait rien moins que la peine capitale contre les auteurs de ces écrits' 2. Sylla renouvela la législation par le crimen majestatis 13. Mais cette répression tomba sans doute très rapidement en désuétude, car Tacite14 dit qu'Auguste, le premier, punit les auteurs de ces libelli. En effet, cet empereur, dédaignant d'abord les libelli famosi répandus à profusion dans le sénat contre lui-même ", crut plus tard qu'il était nécessaire de protéger, contre les indécentes diffamations de Cassius Severus et de ses semblables, des hommes et des femmes du rang le plus illustre 13. 11 fit donc rechercher ces livres pour les brûler, et leurs auteurs, interdits de l'eau et du feu, furent condamnés à être déportés dans des îles éloignées du continent d'au moins i00 milles"; Tibère maintint la même législation "8. Paul prononce encore la relégation dans une île", Ulpien déclare le diffamateur intestabilis 20. Plus tard, quiconque trouve un libellas famosus doit le brûler 91 ; Constantin ordonne que l'auteur du libellas, quand même il démontrerait la vérité du fait, soit puni pour avoir préféré la diffamation à l'accusation 22. Revenant à la sévérité de la loi des Douze Tables, Valentinien et Valens rétablissent la peine capitale 23. Celui qui, ayant trouvé un libellas, au lieu de le brûler, le fait connaître, est puni comme l'auteur, d'après un édit de Valentinien, Théodose et Arcadius2b. En justice, le libellas famosus ne devait avoir aucune autorité". IV. Affiche. Affiche de vente que l'on apposait sur les biens des proscrits ou des débiteurs insolvables°-0. 2° Placards séditieux 27. 3° Annonces et programmes, destinés à être affichés ou distribués, d'une séance de lecture 28, de jeux, de combats de gladiateurs, libellas munerarius 29, libellas tfladiatorum30. Ces programmes donnaient le détail du jeu et les noms des gladiateurs qui devaient être engagés dans le combat'. 44° Celui qui trouvait un objet de valeur était contraint, sous peine d'encourir l'accusation de vol, à annoncer par une affiche ou libellas qu'il tenait cet objet à la disposition du propriétaire. Ulpien, qui nous a transmis cette loi, ajoute que le détenteur peut demander une récompense (EUpmTpl) sans commettre un vol, ruais non sans manquer à la délicatesse 32. De leur côté, ceux qui avaient perdu un objet précieux faisaient placarder des affiches promettant récompense à qui rapporterait l'objet à l'adresse indiquée 38 Quoiqu'aucun texte ne l'indique, il est certain que, comme les précédentes, ces affiches s'appelaient libelli. Souvent, afin d'attirer l'attention, on écrivait ces affiches en gros caractères3'' V. Nous énumérerons rapidement quelques autres sens du mot libelles. 19 Communication écrite du prince au sénat ou même à des particuliers 35. 2° Ordres écrits d'un commandant d'armée, en cam pagne 3f. 3° Assignation pour comparaître en justice 3'. 4° Dénonciation écrite. César négligea de lire celle qui lui dévoilait le complot tramé contre lui 38. Caligula, après avoir dit qu'il avait brûlé toutes les dénonciations, en usa cependant pour faire des poursuites 39. :i° Mémoire, exposé de situation, état, rapport60. 6° Carnet de notes où l'on inscrit les choses à retenir ou à faire 4'. 7° Dossier d'avocat, papiers d'affaires 42 8° Livret. Les frères Arvales recevaient, au moment utile, un libellas sur lequel était écrit leur chant traditionnel". 9° Attestation e4. En temps de persécution, des chrétiens qui ne se sentaient pas le courage d'affronter le martyre, obtenaient quelquefois d'un magistrat la fausse attestation qu'ils avaient sacrifié. De là le nom de libellatici qui leur fut donné 4J. 10° Livres de compte du trésor 43. 11° Lettre privée47. 12° Petit volume, opuscule i8. 13° Traité scientifique ou autre49. 1/4° Livre frivole, léger 50, jocularis libellas 51 ; libellas ineptiarum, jocorumt2. LIB 1477 LIB Ibo Partie d'un ouvrage, ce que nous appelons un livre'. 16° Enfin, par extension, on a donné à une librairie (taberna libraria) le nom de libellus HENRY TBeDENAT. LIBER, BéêXoç 1 et (3(P),oç, [itf)(ov, livre. 1° Période archaïque. Les Égyptiens ont connu, dès l'antiquité la plus reculée, l'art de fabriquer des feuillets de papyrus et de les rassembler pour en former des livres ; il était certainement parmi eux d'une pratique courante plus de trois mille ans av. J.-C.'. Pourtant les Grecs n'ont profité qu'assez tard de cette invention étrangère. Comme beaucoup d'autres peuples, ils ont commencé par écrire sur des matériaux lourds et épais; dans les premiers siècles de leur histoire, ils ne se servaient guère de l'écriture que pour assurer la conservation des documents nécessaires à la vie publique ou privée ; les ouvrages littéraires se transmettaient surtout par la tradition orale : les poèmes d'Hésiode, par exemple, ont été d'abord gravés sur des tables de plomb, qui ne pouvaient circuler de main en main 3. Les Doriens, il est vrai, employèrent de très bonne heure des peaux de chèvre et de mouton`; mais, en général, on dut surtout faire usage de tablettes de bois enduites de cire (a:v«,Eç, a«v(SEç, SÉ)tot), que l'on réunissait en nombre variable par une ficelle ou par une courroie [PUGILLARES, TABULA], Parmi les matériaux pri mitifs de l'écriture, on cite encore les feuilles de palmier et les écorces de certains arbres 6 ; ce témoignage s'applique également bien aux premiers siècles de Rome, puisque le mot même qui désigne le livre (liber) e d'abord eu le sens d'écorce a. On fit, pour recueillir les actes publics, des rouleaux de feuilles de plomb'. Enfin, on écrivit sur des bandes de toiles; c'est ainsi que furent formés ces libri lintei de l'ancienne Rome, que l'on conservait au Capitole dans le temple de Moneta, et où on avait tracé, année par année, la liste des magistrats 9; tels étaient encore les livres sibyllins [Lm 1] t0. Les Samnites, et d'autres peuples d'Italie, pratiquèrent ce procédé pour conserver le souvenir de leurs antiquités civiles et religieuses". 2° Le livre de papyrus. -Ce fut, à ce qu'il semble, l'apparition de la littérature en prose qui rendit nécessaire, au commencement du vl° siècle av. J,-C., l'emploi d'une autre matière. Les ouvrages des premiers logographes et des premiers philosophes n'étaient pas faits pour être récités, mais pour être lus ; à supposer que des rouleaux de peau ou des tablettes de bois aient suffi encore pendant quelque temps à ces écrivains, il est clair qu'on a dû bientôt sentir quels avantages présentait le papyrus. En tout cas, cette marchandise importée d'Égypte était certainement répandue dans les pays grecs, au moins au commencement du v° siècle. La fibre (M),oç) du papyrus (lt htapoç), transformée en papier (y«p'rriç, charte), devint à partir de ce moment, la matière la plus généralement usitée pour les besoins de la littérature 12, quoique jusqu'au bout les Romains, aussi bien que les Grecs, aient continué à la tirer de l'Égypte. Après la fondation d'Alexandrie, la fabrication du papyrus, centralisée dans cette ville, fut pour l'Égypte une source de richesse 13 On trouvera à l'article PAPYRUS tout CO qui concerne la préparation et la vente de cette sorte de papier. La forme ordinaire du livre de papyrus était le rouleau (Tduoç, xé),tvipoç 14, volumen). Les papetiers vendaient des feuilles séparées (atX(SEç, poginae, plagulae, schedae), dont les dimensions variaient suivant les prix [PAPYRUS]. Une fois qu'on les avait recouvertes d'écriture, on les mettait bout à bout, en collant légèrement la marge gauche de chaque nouvelle feuille à la marge droite de la précédente; faire cette opération se disait xo),aâv, St«xoa), (v, glutinare, adglutinare, conglutinare 15 ; la feuille collée s'appelait xdÀa7 µ« 1G, la première du rouleau itpwTdxoAao,t la dernière ïazxTdxoa),ov f8. Naturellement, la grosseur du volumen dépendait du total des feuilles qu'on avait ainsi juxtaposées, et par conséquent du bon plaisir de l'auteur ou du copiste. La fantaisie des particuliers, en cette matière, s'exerçait sans limites. Mais on conçoit qu'on dut éprouver de bonne heure la nécessité de fixer de justes proportions aux exemplaires des ouvrages classiques entrés dans le commerce; sinon, ils auraient pesé d'un poids trop lourd sur les bras du lecteur. A l'époque où les grammairiens d'Alexandrie et de Pergame entreprirent de reviser et de cataloguer les chefs-d'oeuvre de la littérature grecque, ils cherchèrent à introduire dans l'usage un type courant de volumen. Ce type, adopté pal les libraires, aurait comporté par rouleau (scapus)" vingt feuillets seulement, s'il faut en croire Pline l'Ancien : « Niée quant. plures scapo quant vicenae (plagulac)20». Ce chiffre a paru à M. Birt tout à fait invraisemblable, parce que nous connaissons des exemplaires d'auteurs anciens beaucoup plus volumineux, qui cependant n'ont pas pu être exceptionnels; le même savant a proposé de lire ducenae, deux cents feuillets; mais on ne saurait admettre un chiffre aussi élevé. Les fabricants dont parle Pline établissaient des rouleaux de papier blanc tout faits (3,é)(« etyp«v,x)", non seulement pour les libraires, mais encore pour les auteurs et pour quiconque en avait besoin ; même un auteur célèbre n'avait pas toujours de la copie toute prèle pour remplir entièrement un seul de ces rouleaux 92. Il est donc probable que le maximum de vingt feuillets était suffisant pour la moyenne des demandes ; ce serait là, sauf erreur, le modus voluntinis 23. On était toujours libre d'ajouter ensuite au rouleau maximum du LIB 1178 LIB commerce autant de feuillets qu'on voulait', sauf.à ne pas imposer au lecteur un trop lourd fardeau 2. Les Égyptiens ont eu des rouleaux d'une étendue considérable ; ils nous ont laissé un papyrus qui ne mesure pas moins de 43 mètres et demi; M. Birt a calculé qu'il suffirait très bien pour contenir l'Odyssée tout entière'. Cependant il est douteux que les Grecs, même avant l'époque alexandrine, aient jamais imité cet exemple et enfermé autant de matière dans un seul volume 4. On incline plutôt à croire que les copistes, dès les premiers temps, répartissaient en deux ou plusieurs volumes tout ouvrage qui dépassait une juste mesure, mais sans faire correspondre la division par volumes aux grandes divisions du sujet, de telle sorte qu un même ouvrage chevauchait sur deux ou plusieurs volumes et pouvait mème y être précédé ou suivi par des ouvrages différents ; c'étaient des livres mélangés, ety.p.1yE(ç (3iââ)ot (volumina commixta). La critique alexandrine mit fin à cette coutume, au moins pour les ouvrages de bibliothèque ; dans sa revision de lalittérature antérieure, elle fit correspondre une fois pour toutes la division des volumes à la division des matières : un chant d'Homère ou un livre de l'histoire de Thucydide, par exemple, forma désormais un rouleau s. Il semble bien, du reste, qu'Aristote avait déjà entrepris cette réforme ; car nous savons que chaque livre de ses traités exotériques était précédé d'une préface particulière 6. La réforme s'imposa à la littérature nouvelle ; ces rouleaux simples et sans mélange (âp.tyE%ç (3f~aot, volumina simplicia)7 furent adoptés communément pour tous les écrits destinés à une grande publicité, et non à l'usage privé. 11 arriva même quelquefois, dans les ouvrages de vaste étendue, qu'une seule division occupât deux rouleaux ; c'était le cas, par exemple, pour le premier livre de Diodore D'autre part, on en vint naturellement à mettre le format du volume en rapport avec le genre de l'ouvrage : à la poésie, à la littérature légère, on affecta des rouleaux de dimensions modestes ; un livre d'un ouvrage d'histoire formait en moyenne, suivant M. Birt, un rouleau quatre ou cinq fois plus gros qu'un livre d'une épopée9. Généralement, on n'écrivait que sur la partie interne du papyrus, c'est-à-dire sur celle où les fibres de la plante étaient disposées horizontalement [PAPYRUS) 10. Ce n'était jamais que par exception que l'on écrivait aussi sur le verso (inversa charta) ". Ainsi, on abandonnait aux enfants les vieux papiers de rebut déjà noircis au recto; sur l'autre côté, resté vierge, ils faisaient leurs exercices d'écriture et leurs brouillons 12. Mais il était contraire aux convenances, autant qu'aux habitudes, d'envoyer à un ami, ou de mettre en circulation, un manuscrit opis thographe (inrilOdypacpoç) ". Il est vrai qu'un de nos pa pyrus les plus précieux, contenant la Politique des Athéniens d'Aristote, est opisthograph.e ; l'ouvrage du grand philosophe est écrit sur le verso ; quelques années aupa ravant (78-79 ap. J.-C.), un fermier s'était déjà servi du recto pour écrire ses comptes ; mais on s'accorde à admettre que cet exemplaire du traité d'Aristote n'a pas été fait pour la vente'. Les lignes d'écriture étaient disposées par colonnes (ot)GSEç, paginae), de telle sorte que chaque feuillet collé (xdaarlp.a) à l'ensemble du rouleau recevait une colonne, et toutes ces colonnes parallèles, placées à la droite les unes des autres, défilaient successivement sous les yeux du lecteur à partir de la gauche. Seuls les documents officiels de la République romaine furent écrits sans colonnes (transversa charta), dans toute la largeur du rouleau'. Nous avons des papyrus d'époque byzantine dans lesquels les lignes, toutes perpendiculaires aux longs côtés du rouleau, ne forment, du haut en bas, qu'une seule et même colonne; mais cette disposition n'apparaît jamais dans les papyrus littéraires 16. Les colonnes étaient parfois numérotées; on inscrivait les numéros dans la marge du haut ou dans celle du bas 17. Le total était inscrit soit sur le premier, soit sur le dernier feuillet 18. En pareil cas, le total des colonnes était aussi celui des feuillets ; les bords latéraux des feuillets, par lesquels ils étaient collés les uns aux autres, formaient les entre-colonnements. Mais il pouvait arriver que l'on écrivît même sur les bords rapprochés par la colle, ou que l'on fit tenir deux colonnes sur un même feuillet; dans ce cas, le total des feuillets n'étant plus celui des colonnes, on avait soin de les indiquer tous les deux au commencement ou à la fin du volume '9. Le nombre et la disposition des colonnes restaient identiques dans tous les exemplaires d'une même édition 20, afin que le contrôle du travail des copistes pût toujours se faire d'une manière rapide et sûre. Lorsqu'un certain nombre de lignes (atiÎ7oç, versus) avait été arrêté pour une colonne, le copiste s'y tenait dans toutes les colonnes du même manuscrit, mais non point cependant d'une manière absolue ; nous voyons dans nos papyrus que le nombre des lignes oscille légèrement d'une colonne à l'autre. Enfin, pour faciliter les comptes des éditeurs, on en vint à instituer une ligne-type, composée d'un nombre invariable de lettres ou de syllabes. Les savants mode'', nes ont cherché à déterminer la stichométrie des manuscrits grecs et latins ; cette question, qui est du plus haut intérêt pour la critique verbale, parait aujourd'hui résolue d'une manière satisfaisante. Il était facile d'avoir une commune mesure pour évaluer rapidement le travail du copiste quand il avait à reproduire des vers d'un mètre uniforme, tels par exemple que des hexamètres dactyliques. On convint donc une fois pour toutes que la longueur de la ligne de prose serait ramenée à la longueur de l'hexamètre dactylique, en le considérant comme composé en moyenne de 3h lettres, ou de 16 syllabes 21. Sur ce principe, le nombre des lignes était LIB -1179 LIB noté de cent en cent, ou de cinquante en cinquante, puis le nombre total noté encore, quelquefois par l'auteur luimême 1. L'Édit de Dioclétien fixe le prix de la copie à tant par cent lignes, manière de régler les comptes qui devait être usuelle et suppose nécessairement une lignetype 2. Une autre division, qui a sans aucun doute une origine ancienne, se rencontre aussi dans quelques manuscrits : c'est celle oit chaque phrase, ou membre de phrase (xé)ov) forme un alinéa distinct ; la cololnétrie, probablement issue de la poésie lyrique, a dû être de bonne heure appliquée, pour la commodité de l'enseignement, aux ouvrages destinés à être lus et expliqués à haute voix, notamment aux ouvrages des orateurs; nous savons que les textes de Démosthène et de Cicéron furent souvent publiés sous cette forme ; de là la tradition passa plus tard dans les exemplaires des livres saints Au bas de la dernière colonne on inscrivait le titre de l'ouvrage, le nombre des feuillets, des colonnes et des lignes, etc. ; ces indications finales (xo),o dv) n'étaient pas utiles seulement pour les copistes et les libraires ; elles servaient aussi à renseigner l'acheteur et à déterminer la valeur marchande de l'exemplaire'. A l'aide d'une règle (xavd'e, regula) et d'un petit disque de plomb (p.ôatèiog, plumbus), on traçait les lignes pour l'écriture et les limites des colonnes'. Le titre et les têtes de chapitres étaient écrits à l'encre rouge (minium), d'où le nom de rubrica, par lequel on les désignait'. Quand on voulait effacer l'écriture sur des tablettes de cire [TABULA), on n'avait qu'à gratter (tiâv) la surface avec un canif et on récrivait par-dessus ; la tablette était alors 7tâaty ; c'était un palimpseste (palimpsestus). Ce procédé était impossible, ou au moins très difficile, avec le papyrus, matière beaucoup trop fragile et trop mince ; pour effacer l'écriture, à condition qu'elle ne fût pas trop ancienne, on se servait d'une éponge mouillée 7. Cependant, par une extension du mot usuel, on continua à appeler palimpsestes les papyrus lavés et corrigés, quoiqu'à proprement parler on n'eût pas eu recours au grattage 8. Pour donner plus de consistance à l'extrémité du rouleau, on fixait le bord de la dernière feuille sur un petit cylindre de bois ou d'os (ii.pa),de,, umbilicus) ° ; dérouler un livre jusqu'à l'ombilic (devolvere, adducere ad umbilicum', c'était donc le lire jusqu'au bout 10. Cependant, on ne considérait pas cet appendice comme indispensable ; les papyrus d'Herculanum en sont dépourvus et il n'apparaît pas davantage sur les monuments figurés qui représentent des manuscrits ; il est vraisemblable qu'on le réservait pour les exemplaires les plus soignés". Sous l'Empire, on en vint même à fixer le premier feuillet sur un autre ombilic; mais à plus forte raison ces rouleaux ornés de deux ombilics, l'un au commencement, l'autre àla fin, durent toujours être une exception". Les deux extrémités de l'umbilicus, en haut et en bas du rouleau, se terminaient quelquefois par deux «cornes (cornua) », c'est-à-dire vraisemblablement par deux boutons ou deux pointes dépassant les bases du rouleau 11. Ces « cornes » étaient parfois peintes ou dorées'". On rognait (circumcidere) et on polissait à la pierre ponce (pumicare) 1 le haut et le bas (frontes, fastigia) 16 du volume enroulé et on y passait une couleur, du noir par exemple". C'était aussi, à ce qu'il semble, une pratique assez ordinaire d'enduire les papyrus avec de l'huile de cèdre qui leur donnait une couleur jaune 16 ; cette opération avait pour but d'en éloigner les mites, les vers et autres insectes nuisibles. Le titre était inscrit sur une étiquette de parchemin (n(nueog, index, titulus), qu'on suspendait à une des bases du rouleau " ; de cette manière, quand une quantité de rouleaux fermés étaient empilés sur des rayons, ou serrés dans une boîte, on pouvait d'un coup d'oeil s'assurer du contenu de chacun d'eux avant de les tirer de leur place. La figure 4449 représente d'après une peinture de Pompéi un manuscrit muni d'une étiquette ovale, qui paraît bien n'être autre chose que le titubes20. Du reste, cette étiquette pendue extérieurement ne faisait sans doute que répéter le titre tracé sur le premier ou sur le dernier feuillet21. On a retrouvé récemment en Égypte un petit fragment de papyrus, mesurant O'n,028 sur Om,12b, qui a peut-être servi à cet usage; il provient d'un rouleau ayant contenu les Mimes féminins de Sophron, comme l'atteste l'inscription ES2EPONOE MIMOI PY'NAIKEIOI 22, Les volumes auxquels on attachait du prix étaient enrou lés dans une couverture en peau (hppli(ia, patte-ils, membrana, paenula) coloriée en jaune ou en rouge"; une simple feuille de papyrus, restée vierge d'écriture, devait souvent en tenir lieu". Ceux à qui ces précau se les LIB 1180 LIB -Lions ne suffisaient pas avaient encore le manuelle (âva),o?Eiov), c'est-à-dire un étui en bois 1. Il est douteux que des courroies ou des cordons fussent passés autour du rouleau pour le tenir fermé. Il est bien question dans Catulle de courroies rouges qui faisaient partie des accessoires d'un volumen ; ceux qui n'admettent pas qu'elles servissent à le fermer supposent qu'elles portaient l'étiquette du titre 2. Il importe en tout cas de remarquer les petits appendices qu'on voit représentés au bout de chaque rouleau sur la figure 4450 3. Certains ouvrages comportaient un grand nombre de rouleaux; il pouvait y en avoir quarante-huit dans un Homère complet. Pour les empêcher de disperser, on liait ensemble en faisceaux (ôa;,.0e, fasces) ; ils ne formaient désormais qu'un seul et même recueil (aév'ro1 ç, aévTa'(ïa, awu.a, sw.âtitov, corpus, corpusc2tlum) 5, qu'on ne divisait plus dans la bibliothèque ou dans la CAPSA. Tels sont ceux qui figurent parmi les attributs des magistri scriniorum dans la Notitia dignitatum (fig. 4451 a). Beaucoup d'écrivains et de magistrats ont été représentés par l'art antique tenant un rouleau de papyrus à la main; c'est un des attributs les plus ordinaires des personnages en toge, avocats, patrons de municipes et autres, auxquels on a élevé des statues à l'époque romaine'. Souvent aussi on le voit dans la main de Mnémosyne et des Muses, notamment de Clio, de Melpomène et de Calliope 8. Pour lire un volumen, le lecteur le prenait dans la main droite, puis avec la main gauche il tirait l'extrémité gauche de la bande de papyrus et il continuait ainsi en le déroulant (âvEÀlaanty, àvEt),tiv, evolvere, explicare) au fur et à mesure de droite à gauche La figure 4452, empruntée à une peinture de Pompéi, montre de la manière la plus nette quelle était l'attitude ordinaire d'une personne occupée à lire f0. On en pourrait rapprocher un très grand nombre de monuments, dont plusieurs sont reproduits dans d'autres articles de cet ouvrage ls. Quand on avait fini de lire, il fallait enrouler de nouveau le volume de telle sorte que le commencement se trouvât toujours au-dessus, prêt à être déroulé vers la gauche pour une autre lecture. Cette nécessité avait inspiré un geste qui avait fini par devenir familier à beaucoup de personnes ; on emprisonnait le commencement de la bande entre son menton et sa poitrine, et on enroulait à deux mains à partir de la fin en serrant fortement jusqu'à ce qu'on arrivât au bout; il paraitquelesvieux livres, qui avaient beaucoup servi, se reconnaissaient à la trace qu'y avait laissée le menton deslecteurs 12. Si la feuille de papyrus a été pliée, c'était surtout quand on s'en servait pour écrire des lettres 'LEPISTOLA] ; nous avons des papyrus qui ont été pliés dans l'antiquité. Mais en réalité la fibre du verso se prêtait mal à recevoir l'écriture; aussi n'y avait-il pas grand avantage, avec cette matière, à abandonner la forme du rouleau pour celle du cahier (codex), autrement dit pour celle de nos livres actuels. Il n'est pas probable que l'on ait commencé à former des codices chartacei avant le temps de Dioclétien; les fragments de livres de ce genre qui sont parvenus jusqu'à nous datent d'une période comprise entre le ive et le vile siècle 13. La collection de papyrus la plus importante par la quantité est celle des rouleaux carbonisés qui ont été retrouvés en 1752 sous la lave d'Herculanum; d'après l'inventaire le plus récent, elle comprend 1805 numéros, dont un très grand nombre réduits à l'état de fragments; on en a déchiffré à peine 350; la bibliothèque devait contenir à peu près 800 rouleaux entiers. Ce sont pour la plupart des ouvrages de philosophie épicurienne d'un intérêt médiocre copiés au temps d'Augustes". Dans ce siècle les tombeaux de l'Égypte nous ont rendu des textes beaucoup plus précieux : les Odes de Bacchylide, la Politique des Athéniens d'Aristote, les Mimes d'Hérondas, pour ne citer que les principaux, comptent parmi les dernières acquisitions de la science. Nos papyrus grecs les plus anciens remontent à peu près au commencement du HIe siècle av. J.-C. so. Nous donnons ci-contre deux spécimens de rouleaux développés, l'un du grand format, l'autre du petit. La figure 4453 reproduit un LIB 1181 LIB morceau de la Politique des Athéniens; le papyrus date de la fin du Ier siècle de notre ère ; dans son ensemble, il se compose de 37 colonnes, ayant en moyenne de 45 à 50 lignes et réparties en quatre rouleaux de longueur inégale; le plus long mesure 2m,20 et comprend 11 colonnes, le plus courtmesure 0m,914 et comprend6colonnes. Les quatre rouleaux ont tous également Om,275 de haut; on y a reconnu quatre mains différentes 1. Dans la figure 4454, on voit une partie du papyrus d'Ilérondas ; il date à peu près de la même époque que le précédent. A l'origine il formait un rouleau unique de 4m,42 de long ; sa hauteur est de 0',125 ; il comprend 41 colonnes ; mais il n'est pas complet; il faut y ajouter quelques fragments en mauvais état. La colonne se compose en moyenne de 18 verse. Les papyrus latins jusqu'ici sont infiniment plus rares que les grecs ; tout ce que nous pouvons citer se borne à quelques pages mutilées : un fragment de V. poème du temps d'Auguste sur la guerre d'Actium, des lambeaux de discours en prose, des bribes de Virgile, des papiers d'affaires, etc.'. 149 1i13 18 1,1H I' Le livre ide parchemin. Tandis spi.'Eu iaène Il esrégnait à Pergame (197-159 av. it rC.), on cuva, dans cette ville un ;crut-vue e moyen de pr {'peTe,r p, a+s_x d'animaux pour l'écriture; la rivalité entre les savants d'Alexandrie, protégés par les Ptolémées, et ceux de Pergame, protégés par les ?ttales, aurait été, suivant Varron, la principale cassie de ce porfi iiionrement: les. â lolériicos auraient _ d "rt d ,-xpé r r ! L ' roi] F p. air:), Vif, 38 iecou 1 pirt, '4:1 ., ' r':._, F' busc„ tes radine n ...et acceptable qu'en partie, On a déjà vu que gaine et les savants la cour d'Ee auraient été mis dans la nécessité d'y .suppléer par une matière nouvelle ; ce serait un épisode de la querelle qui s'éleva noLaminent entre Àristarque et Cratès de Malles r, Cette 5'pfi1e) pour l' e w' remontait, en une bien plus Lame antiquité'. Il est po-., h.. niant qu'on ait trouvé en effet à Pergame, ors Eumène li, usa moyen de perfectionner la, fabrication et 1' emploi. de cette matière; autrement on s'expliquerait rial (pie l'antiquité l'ait appelée d'un nom particulier qui lui est resté, la peau de Pergame, ment tronc Pergamene, le parchemin 3. On suppose qu'auparavant la peau, comme le papyrus, ne recevait d'écriture que sur un côté; le côté du poil, qui en était la partie externe, restait inemployé ; on devait aussi coudre les peaux les unes au bout des autres et en former des rouler s aurait consisté à les préparer de telle sorte que on p,11 écrire sur les deux faces, et en former ensuite de Iiters. On y gagnait d'avoir des livres beaucoup plus faciles à manier, où la surface àcouvrir d'écriture citait, a v•o'iouie égal, augmentée du d.ouele. Il y avait encore un .autre avantage: c'est que le parchemin était infiniment plus solide et plus durable que le papyrus ; les anciens citent comme une rareté des rouleaux de papyrus vieux de deux ou trois cents ans' : :nous a-. .1S encore des livres de parchemin qui remontent a r+'° Eut' 4 c,r ne pou vait qu'à grand peine grata sur le papyrus ; le parchemin soufre beaucoe d'un travail de correction. Quand on commença . se servit ° la peu i,, ii e r pour les besoins de la littérature, fut évidemment forme des tablettes enduites de cire cAS'»S, r-rrr'm,tuvi que l'on prit pour modèle ; les pol,p gyques de bo t raniment employés dans le affaires en d'. ou de registres durent donner la preiuièie cahiers de parchemin ; de 1a vient cime ceux quelquefois appelés irrc;,,zt + gtlitnd étaient de petit format ;les ris et les autres étaient également des codices (reizoi;. S'il faut en croire la tradition, le parchemin aurait été importé à Rome dès l'époque de ention par les soins de Cratés de Malles' ; on ne peut guère douter en tout cas qu'il y fût en usage au temps et Cicéron', C'est cependant un fait digne de remarque que, malgré sasupériorité sur le papyrus, il ne le remplaça que très lentement dans le commerce de la librairie ; on n'a point de témoignages positifs sur des manuscrits de parchemin, contenant, deus ouvrages classiques, avant le temps u Martial ; cet auteur mentionne un Homère, un un Cicéron, un 'lite Live, un Ovide7; encore semble-tell qu'A cette époque le parchemin fut employé surtout pour les exemplaires de fatigue et pour les brouilrdart toujours les préférences de ceux qui vou aiei.t avoir les oeuvres des grands écrivains dans des exemplaires soignés. Il en fut ainsi encore pendant assez longtemps, A quelle date le parchemin prit-il le dessus? D'après les recherct es les plus récentes et les plus approfondies, il parait probable que ce changement se produisit à peu pros sous Dioclétien, Nous ayons encore il est vrai des papyrus du moyen âge; mais LIB a_, 1183 L1B d'après un savant qui a spécialement étudié cette catégorie de textes, M. Kenyon, il n'y a point de papyrus grec littéraire qui soit postérieur au mo siècle ; tous les papyrus grecs écrits depuis le Ive siècle seraient uniquement des papiers d'affaires, des actes administratifs, etc.', Ce qui est certain, c'est que nous avons des livres en parchemin écrits entre le me et le Tve siècle et que nous n'en avons pas de plus anciens. L'enquête que l'on peut faire sur les monuments figurés ne contredit pas ces conclusions; au Ive siècle, le codex y apparaît à côté du rouleau et quelquefois sur le même monument, comme le montre la figure 1455 2 ; à partir du ve siècle, il devient plus commun que son rival. En résumé , le succès définitif du parchemin coïncide à peu près avec le triomphe de l'Église ; comme on l'a remarqué, il y a peut-être là plus qu'une simple coïn cidence ; cette matière étant plus du rable et se prêtant mieux à la formation des recueils de vaste étendue, il est possible que les écrivains ecclésiastiques lui aient volontiers donné la préférence pour la multiplication des livres saints et en général de tous les livres nécessaires à l'enseignement chrétien. Constantin fit exécuter cinquante copies des Écritures sur parchemin pour les églises de Constantinople". Une fois l'exemple donné et l'épreuve faite, on se hâta de transcrire sur parchemin les ouvrages des siècles passés auxquels on voulait assurer une plus longue durée ; ainsi, vers la fin du ive siècle, deux prêtres oie Césarée, Àcaeius et Euzoius, ayant entrepris de renouveler la belle bibliothèque qu'y avait formée saint Pamphile, remplacèrent par des copies sur parchemin tous les livres de papyrus qu'ils trouvèrent en mauvais état'. C'est à des restaurations de ce genre, poursuivies surtout du Ive au vie siècle, que nous devons ce que le moyen tige a sauvé de la littérature antique. Nous en aurions conservé une bien plus large part si on avait eu plus tôt cette heureuse idée ; l'usage du rouleau de papyrus est une des principales causes pour lesquelles les injures du temps se sont exercées d'une manière si capricieuse sur les plus belles oeuvres de l'antiquité classique c'est que chacune d'elles fut pendant longtemps transmise par morceaux détachés sur une matière très fragile'. Les grandes compilations législatives de Théodose et de Justinien ont pris tout de suite la forme de codices; il est, douteux que ces codes eussent été seulement possibles avec l'ancienne forme du livre'. Par un abus naturel du langage, le nom de (3hOX.oc, liber, qui avait servi pendant des siècles à désigner le livre en fibre de papyrus, fut appliqué au livre de parchemin et perdit ainsi tout à fait son sens étymologique. Ce serait sortir de notre sujet que de descendre trop bas dans l'histoire du livre de parchemin ; mais sans toucher à la paléographie du moyen tige, nous résumerons les notions générales auxquelles conduit l'étude des manuscrits qui remontent aux derniers temps de l'antiquité classique'. Quand le parchemin avait reçu du fabricant l'apprêt nécessaire LMGMBHANAl et qu'il avait été coupé en feuilles (yap't(z, ~péa)a, furia), on les réglait, mais non pas avec le disque de plomb comme le papyrus; pour cette opération exécutée sur le côté poil, on se servait d'une pointe mousse qui marquait la peau assez profondément pour que sa trace fût aussi visible au revers ; le réglage était donc identique des deux côtés; on traçait par le même procédé les limites des marges à droite et à gauche. Ensuite on prenait quatre feuilles et on les pliait en deux; chacune d'elles devenait alors un diploeta. (U),eep.1)9; les quatre feuilles pliées et assemblées formaient un cahier, quaternio ('r€cpc, Ts'r éliov), qui comptait par conséquent huit feuillets plus petits appelés paginae, comme les feuillets de papyrus dans le rouleau 10. C'était là le nombre ordinaire ; cependant on a fait aussi des cahiers de cinq feuilles. En assemblant les feuilles d'un même cahier, on les disposait de telle sorte que le côté chair fit toujours face au côté chair et le côté poil au côté poil, soit pour assortir les couleurs, l'une étant plus claire que l'autre, soit pour permettre de vérifier plus facilement que les feuilles se suivaient bien dans l'ordre voulu". Le format le plus usité pour les textes littéraires, si nous en jugeons par les exemplaires conservés, était un grand in-quarto, dans lequel la largeur égalait à peu près la hauteur ; plus un manuscrit se rapproche de la forme carrée, et plus il est voisin des temps antiques. Les colonnes formées par l'écriture étaiént souvent, comme dans les papyrus, groupées au nombre de deux 52, de trois et même de quatre par page (fig. 444456), de telle sorte qu'un codex ouvert ressemblait beaucoup à une section de volumen déroulé. Tous les cahiers étaient numérotés ; on inscris '-ait le numéro d'ordre dans la marge en tête du premier feuillet, ou plus souvent à la fin du dernier. On a même dû d'assez bonne heure numéroter les feuillets13, bien qu'il n'y ait pas d'exemple de cet usage dans les manuscrits les plus anciens. Enfin les cahiers étaient cousus ensemble pour former le livre. On fit des exemplaires de luxe avec des parchemins teints en pourpre, sur lesquels le texte était écrit en lettres d'or ou d'argent ; Maximin le Jeune en eut un en sa possession qui contenait les poèmes d'Homère'"; LIB 4184 LIB quelques copies des livres saints exécutées dans le haut moyen âge peuvent nous donner une idée de ces livres somptueux'. Quant aux codices plus modestes usuellement répandus dans le public, nous n'en avons qu'un petit nombre qui remontent au Ive et au ve siècle; nous citerons parmi les grecs un Ilomère (Ambrosianus, à Milan) et trois exemplaires de la Bible (Vaticanus, Sinauicus et Alexandrinus), parmi les latins plusieurs Virgile (Sangallensis, Romanus, Palatinus, Mediceus, Vaticanus etschedae Vaticanae), un Térence (Bembinus), des fragments de Salluste et deux Tite Live'. Il faut y ajouter quelques palimpsestes. Le parchemin, avons-nous dit, avait sur le papyrus un avantage ; c'est qu'on pouvait plus facilement le gratter avec un canif [SCALPRUM], pour en faire disparaître l'écriture primitive et pour récrire à sa surface un second texte. Malheureusement, on abusa beaucoup de cet avantage après la chute de l'Empire; le parchemin étant devenu plus rare et plus coûteux, on gratta les exemplaires des auteurs profanes pour y copier surtout les livres saints et les ouvrages des Pères de l'Église. Un très grand nombre de textes classiques ont dû être ainsi perdus entre le vll° et le lx° siècle. Mais parfois ces parchemins grattés et couverts d'une seconde écriture portent encore des traces de la première : grâce à des réactifs chimiques, on peut les faire reparaître et déchiffrer plus ou moins complètement l'ancien texte'. C'est ainsi qu'on a retrouvé un exemplaire du de Republica de Cicéron, qui date du Iv' siècle, sous un ouvrage de saint Au gustin copié pardessus au vue 4 (fig. 44b7), et que dans un manuscrit de Milan des morceaux de la Bible cachaient un précieux texte de Plaute remontant à la fin des temps antiques.'. De même que l'on fit par exception des codices de papyrus, on fit aussi des rouleaux de parchemin qu'on ne couvrit d'écriture que sur le recto ; cette forme du livre de parchemin, qui semble bien même en avoir été la forme primitive, ne disparut jamais complètement. Elle était'en usage au temps de Cicéron et dura pendant tout l'Empire 6. Dans les exemplaires de luxe, le verso était teint en jaune'. 4° Autres matériaux. Pareillement on ne renonça jamais tout à fait, même quand le papyrus fut importé par grandes masses, aux matériaux dont on s'était servi, faute de mieux, dans la période archaïque: telle était par exemple l'enveloppe fibreuse qui se trouve dans le tilleul (tpl),éEn, tilla) entre l'écorce et le bois; on en faisait des feuilles de papier qui, collées en rouleaux comme le papyrus, perpétuèrent assez longtemps la première forme du liber; même avec le bois du tilleul on faisait encore des tablettes à écrire [TABULA] B. Jusque sous Aurélien et " . ae• 1N esretobn ses. moaiem ► katnxr u~bu 11e2e%iu~se•t eu a j u eor . se u5griauee81 S r .e , P asC)lCONlnrmite, uaeoeçoutdt,rteosRluoWn.meee c uôë eS` 1Cm.su,â1ra1Mp _~T tt uoloblsseCOepe127t'^LClprlue LIB 1185 LIB sous Constantin, on confectionna des livres de toile comme dans la Rome primitive, pour recueillir les actes des princes et pour répandre dans le public les textes de lois'. On a retrouvé récemment un curieux échantillon de ces livres sur une momie égyptienne conservée au Musée d'Agram; c'était à l'origine un rouleau de toile, qui devait avoir une longueur de 3'',50 sur Om,36à0m,40 de hauteur. Il est couvert d'un texte en langue étrusque, emprunté sans doute à un rituel funéraire et disposé par colonnes de Om,25 à Ou,26 de large. Ce livre a dû être copié au temps des Ptolémées. Il a été découpé ensuite en bandelettes qui ont servi à envelopper la momie ; la figure 4458 _~1;sersra cA er sâccdest,e nsg éru èni-1 r •^sfipet»'O,iisummeumlwlll au u ~` NS j3 Mipen.ge ►~ _ 5 Q ~,pcls'oniun a . _ _ _ a celé.; è atmn T utaliep T~.?orL zv_a~cul = en reproduit un morceau. Le texte, dont l'interprétation reste encore très douteuse, est un des principaux monuments de la langue étrusque On trouvera ailleurs tout ce qui concerne les livres formés de tablettes de bois ou de métal [TABULAI et nous n'avons pas à parler ici de la terre cuite [OSTRAICON, TESULA] par laquelle on remplaçait quelquefois des matériaux plus propres à recevoir l'écriture. Il importe seulement de retenir que l'antiquité classique n'a pas connu du tout le papier fabriqué avec des chiffons de lin et de chanvre ; employé d'abord par les Arabes au Ixe siècle, il ne s'est répandu en Europe qu'au xn°. Quant au papier de coton, c'est une question de savoir à quelle date il a fait son apparition ; mais il n'est sûrement pas plus ancien. 5° Correction et annotation. Que le livre fût grec ou latin et quelles qu'en fussent la forme et l'écriture [ALP11ABETUM, SCRIPTURA],''oeuvre du copiste une fois ter minée pouvait laisser à désirer. Souvent même elle était très incorrecte ; quand on avait hfite de faire reproduire un texte en très peu de temps à un grand nombre LI I3 6--¢ 1 l 6 1,1E1 d'exemplaires, il est probable qu'il devait être dicté à toute une équipe de copistes travaillant ensemble 1; d'autres fois, au contraire, un même exemplaire était l'muvre de plusieurs mains différentes ; ces procédés multipliaient les chances d'erreur. Cicéron se plaignait que les manuscrits latins fussent criblés de fautes et il ne savait où s'adresser polir en trouver de corrects même ceux des marchands ne valaient pas mieux que les autres ~. De là la nécessité de faire revoir et corriger (a.(ptêovv, âtop0ouv, entent-lare) par un homme plus cultivé et plus compétent que les copistes les livres qu'on voulait acheter ; du reste, les libraires soucieux de leurs intérêts avaient eux-mêmes dans leurs officines des lecteurs (âv«lvimrat, anagnostae) et des correcteurs (8topmtai), dont la fonction propre consistait à reviser tous les manuscrits destinés àla vente '. Pour que le correcteur lui-même s'acquittat convenablement de sa tâche, il fallait qu'il eût sous les yeux un texte auquel il pût se fier. S'il s'agissait d'un ouvrage nouveau oit au moins de date récente, la chose était encore assez facile ; l'auteur avait intérêt à ne pas laisser répandre sons son nom des copies incorrectes ; aussi prenait-il parfois la peine de surveiller Iui-même les premières qui paraissaient ; il faisait établir un exemplaire type, ou il corrigeait de sa main quelques exemplaires qu'il adressait à ses amis. Il suffisait ensuite que le correcteur d'une librairie eût à sa disposition l'un de ceux-là, ou au moins une copie voisine de la source pour qu'il pût établir à son tour une bonne édition Sa tâche était beaucoup plus délicate s'il s'agissait de reproduire des ouvrages anciens dont les auteurs étaient morts depuis longtemps et dont les premières copies étaient détruites ou perdues. Il fallait alors choisir entre les diverses leçons ou retrouver sous des formes barbares les leçons primitives ; de là naquit dans l'antiquité même le critique verbale avec toutes les nouvelles chances d'erreur quecomportelinterprétation personnelle du critique. II fallait enfin dévoiler les altérations et les falsifications préméditées qu'on n'épargnait pas même aux plus grands écrivains. Brama s'explique aisément que le soin de mi-viser la besogne des copistes fût parfois confié à un grammairien de profession, à un graioniaticus, et qu'un exemplaire eut d'autant plus de prix que le travail de correction avait été fait par un homme plus instruit Sans entrer dans les questions épineuses, le correcteur avait au moins à redresser lorthographe et à resti tuer les leçons du modèle là où le copiste s'en était écarté ; c'était proprement l'emendatio. En général, les mots n'étaient pas séparés les uns des autres; mais le correcteur s'assurait que les paragraphes, les accents et les divers signes de ponctuation [scRIPTi'RA' étaient bien à leur place ; autrement dit il contrôlait la distinctio. Dans ses attributions rentrait encore l'adnotatio ; les Alexandrins, particulièrement Aristarque, avaient introduit dans l'usage un certain nombre de signes conventionnels (cr,usia, notre) pour éclairer le lecteur ou le mettre en garde contre les fautes de copie, les leçons suspectes,etc.Suétone comptait vingt et un signes de ce genre'. Ainsi dans le système d'Aristarque la ôtn},0 (ypalzEd»1) ou ligne bifurquée () renvoyait à un commentaire; 1Meai-ç ou broche (-) désignait un vers suspect d'interpolation, l'astérisque (:) une répétition, l'antisigma (D) une interversion,... etc. Quelques-uns de ces signes se retrouvent en effet dans nos papyrus homéri ques ; mais en somme ils sont rares D'antres, qui sont devenus d'un usage plus général, remontent certainement aussi à l'antiquité classique : les deux points (") sur et l'a pour indiquer la diérèse ou séparation des lettres, le point sur une lettre parasite (3), le trait horizontal barrant les mots à rejeter ou à remplacer, le signe ou in, pour remplir un blanc à la fin d'une ligne, l'hyphen (t,) sous les mots réunis à tort,... etc. Les bonnes leçons à substituer aux mauvaises étaient récrites dans l'interligne au-dessus des mots raturés; une ligne omise était ajoutée avec un signe de renvoi dans la marge du haut ou dans celle du bas ',Ce n'était point la coutume de charger les marges de commentaires (iunop.vijaatia, commenta); on les recueillait plutôt dans des livres spéciaux. Pourtant nous avons des exemples de gloses et de scolies sur des papyrus de l'époque aiexa.Idrinc ". Le correcteur mettait son nom comme une garantieaubas du man userit en le faisant suivre de la formule le ri. emendari, celnt1tli, relegi ; les copies exécutées postérieurement ont quelquefois respecté ces attestations et nous en ont transmis des exemplesdanslasubscriptio10 Le plus ancien que nous connaissions remonte au mir siècle de notre ère ; c'est la subscriptio d'un grammairien, nommé Statilius Maximus, qui avait donné une recension du de loge agraria de Cicéron ; parmi sess ources, il cite au premier rang l'édition procurée par Tiron, l'affranchi de Cicéron :aStalitiasdia.aini .o,'ursusemendariadTgraItem et Lactatian am et Dont (itildm et alios reteres ll , rain de Cicéron Nous savons aussi que Varron, dans ses !magines, publia, les portraits de sept cents hommes illus tres ; Pline, qui rapporte le fait, félicite Varron de cette très libérale invention « benignissimum inventum n ; mais il ne nous dit rien du procédé il ajoute seulementque ces portraits, exécutés paf' un certain moyen, « aliquo modo », furent répandus à pn 1i.z$f e l1 ~t 1 ~ 1 ' 11 ll r _ € âi` %®dfS9mtiAtAtAmiKico.h dR€s€ 4 €hl AD'tut m. NÎCMOÂI t SO L â° Ornementation. ,aL'art dorner les livres de dessins et de couleurs remonte a une très haute antiquité ; nous possédons des papyrus hiéroglyphiques de l'ancienne Égypte qui en offrent des exemples ' A. ne consulter que les textes, il semble que cet art :;e serait introduit assez lentement et assez tard chez, les peuples classiques. Trois médecins grecs; C ateuas, Diouysios etialetrodoros, publièrent un ouvrage sur les plantes, où chacune était figurée en couleurs au-dessus d'un texte qui en décrivait les effets ; Crateuas est un contempo grand nombre d'exemplaires, « Inventeur d'un bienfait à rendre jaloux même les dieux (inventer muneris etiam dfis in eartiosr), non I seulement il a donné l'immortalité à ces personnages, mais encore il les a envoyés par toute la terre afin gaie partout on pût les croire présents', r Sans parler des hypothèses chimériques auxquelles a donné lieu ce pompeux éloge', il résulterait de là que Varron n'aurait pas eu de devanciers ; on l'a cru longtemps en effet sur la foi de Pline mais son témoignage est au r _r;t -lied lection. Rostoe', aest. 9895), qura2eue le preuves. q• a cru trouver ne paraissent a u ite.ste; on tend de ~? us en plue à di4'•n3ettre qu'il ne s'applique qu'aux 19o-I•es des li'.otnains et, à défaut de preuves positives, on. considère ait moins comme très vraisemblable que bien avant Varron les Alexandrins avaient, eu l irtée de peindre des portraits sur° les manuscrits °. En tout cas, on ne saurait douter rfn ils eussent déjà emprunté à l'antique :l gypte l'art tracer des dessins et des figures coloriées s. Sous l'Empire, ce fut un usage très commun de donner en tête des ouvrages classi.gnes le portrait de l'auteur ; les plus grands écri s deRome furent souvent représentés,à partir du temps d'Auguste , sur la première feuille des rouleaux de papyrus qui conte naient leurs oeuvres 7. Parmi les papyrus grecs et latins que l'on a trouvés jusqu'ici, un pat't noms seule et portent des ligures tracées fi l'encre et ai calame ; elles se rencontrent principalement dans les papyrus iraarsigéees 3 ; un traité d'astronomie de l'époque alexandrine, mis sous le nom d`Eudoxe, contient aussi des figures géométriques rehaussées de couleur rouget'. Les papyrus proprement tit araires sont dépourvus Tic tonte illustration. Mais nous savons des manuscrits sur parchemin, généralement attribue au e' et au siècle, qui sont ornés de pein tures comme i livres de l'orge classique, et même les saxe' r ces peintures en dernier lieu sont très, qu'elles ne font qu'en reproduire vrages antiques qui touchent aux illustrés dans quelques-uns de nos manuscrits en parchemin ; tel est un exemplaire du traité du médecin Dioscoride sur les plantes f0; il peut donner une idée de la Botanique illustrée de Crateuas dont parle Pline f 1. Tels sont encore un Nicandre 13 et un manuscrit des Aratea de Germanicus 13, conservés l'un à Paris et l'autre à Leyde ; il y a de fortes présomptions pour que les enlumineurs qui les ont ornés aient travaillé d'après des modèles remontant par une série d'intermédiaires jusqu'au temps même de Nicandre et Il 1. AXA5VMMMOCVLvlllllMIM-CVMA INAeMANI: MA1O ISt1VE-CADVNI-A1115.0 MON Il hl] S.VMbUAE IOE AMONSVMCORYDON'PA510ZçAKDEbAI.AIE DEItCIA 5'DOM1 N 1.N t CŒV 1 DU IAAM t-fABE bAt 1AN IUM'I Ni E f~Df N.SAS•UMKOSACACVML N AÎd603 ADSIDVMVENIf belBUt-fit EClNCOND11%S0 VS LIB 1188 LIB d'autres plus anciennes, tracées sur papyrus au ne, et peut-être au 1°° siècle'. Comme exemple, nous citerons tout d'abord un Virgile ( Vatican. 3225) qui ne peut guère être postérieur à Théodose ; il nous en reste 76 feuillets ornés de 50 peintures àla gouache ; elles occupent le bas, le haut ou le milieu de la page, quelquefois une page tout entière ; elles sont encadrées par un filet noir et par un second filet extérieur de couleur rouge, sur lequel ont été posés au pinceau des losanges d'or. Quelquefois comme sur les bas-reliefs antiques,on voitreprésentées dans le même tableau deux actions successives où paraissent les mêmes personnages 2. La figure 4459 montre Enée et Achate conduits par la Sibylle de Cumes au temple d'Apollon; des légendes tracées dans le champ désignent par leur nom les trois personnages et le temple. A en juger d'après les costumes, les armes et le style de ces morceaux, il n'est pas impossible que nous ayons là des copies d'un volunzen qui remonterait au temps des Antonins 3. Le Codex ibn-tonus de Virgile (Vatican. 3867) est du vie siècle ; les 19 peintures qui subsistent encore appartiennent à un art plus barbare que les précédentes et ne peuvent provenir d'un original antérieur à Constantin; mais dans le nombre se trouve un portrait de Virgile, échantillon curieux de ces portraits d'auteur qu'on mettait en tête des livres (fig. 4460) ; le poète, tenant lui-même un volumen, est assis entre un pupitre et une cAPSA 4. Ce qui est surtout digne de remarque, c'est que ce portrait est répété trois fois dans le Codex Romanus ; d'après une hypothèse séduisante, il se pourrait fort bien que ces trois exemplaires identiques viennent de trois rouleaux de bonne époque, où ils précédaient les trois parties de l'oeuvre virgilienne; les copistes intermédiaires les ont déplacés maladroitement, sans leur faire perdre tout à fait leur caractère antique qui tranche sur celui des autres peintures du manuscrit'. Il faut faire rentrer dans la même catégorie une Iliade, conservée à Milan, ouvrage du ve siècle, qui devait contenir , dans son état primitif, environ 150 peintures et une Bible de la même époque, dite la Genèse de Vienne a. On est même de plus en plus disposé à admettre que les dessins et les peintures, qui ornent plusieurs manuscrits de Trencée copiés en plein moyen âge, du lx° au xi° siècle, procèdent d'un exemplaire sur papyrus datant des premiers temps de notre ère s. Comme il est naturel, les ousciences sont aussi LIB 1189 LIB