Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LIBÉRA

LIBÉRA.Libera était une ancienne déesse italique, parèdre du dieu Liber ou LIBER PATER, et honorée en même temps que lui le jour des Liberalia. Comme Liber, elle fut de très bonne heure assimilée à, une divinité grecque. Le nom de Libera fut employé pour désigner la seconde divinité féminine de la triade Éleusinienne, lorsque cette triade fut transportée à Rome, sur l'ordre des livres Sibyllins, au début de la République. Libera fut alors assimilée à la déesse grecque Korè-Perséphone ; elle entra ainsi d'abord dans le cycle proprement éleusinien, puis plus tard dans le thiase dionysiaque. Les vignerons l'associaient à Liber dans le culte qu'ils rendaient à ce dieu au moment des vendanges'. Ovide et Pline' l'assimilent quelquefois à Ariane. Dans une inscription d'Apubrm'°, dédiée à Libera trijormis, il s'agit évidemment d'IIécate. Libera fut toujours à Rome une divinité très secondaire, Elle n'y a pour ainsi dire pas de culte propre ; aux Liberalia du 17 mars, elle est la compagne de Liber ; dans le temple de Cérès, Liber et Libera, elle occupe un rang tout à fait inférieur à Cérès. Elle est très rarement mentionnée dans les provinces de l'Empire, sauf en Dacie ° où elle forme avec Liber un couple, qui est probablement d'origine locale [LIBER PATER]. Des rares images de Libera qui sont parvenues jusqu'à nous, aucune ne se rapporte à la déesse italique primitive. Libera est représentée sur quelques bas-reliefs de Pannonie et de Dacie e avec une physionomie purement dionysiaque ; ses attributs sont la couronne de pampres ou de lierre et le thyrse ; une panthère est figurée à ses pieds. De même, sur les deniers de L. Cassius de l'an 79 av. J.-C., la tête de Libera est ornée de pampres et de grappes de raisins'. J. Tou:1nm LIBERALI4. Les Liberalia étaient une fête romaine très ancienne, qui se célébrait, en l'honneur de LIBER PATER et de LIBERA, le 17 mars de chaque année, Elle est inscrite sur l'un des plus anciens calendriers romains connus, le calendrier dit de Numa. D'autres calendriers portent pour le même jour la mention Agen(iu nj ou Rgereiaenl Martiale ; mais il faut ne voir là qu'une coïncidence. D'ailleurs, le nom de Liberalia était, pour le 17 mars, le seul nom couramment employé; les pontifes savaient que le même jour pouvait être désigné par les mots Agonium Martiale' ; mais cette désignation. n'était pas populaire ni courante. Nous ne savons que très imparfaitement en quoi consistait la fête des Liberalia [voir LIBER]. Elle était nettement distincte des autres fêtes et cérémonies qui se célébraient en l'hon neur du Liber pater hellénisé [CEREALIA, LIBER, BACCHUS, BACCRA_NALIa]. Ce n'est pas aux Liberalia, mais aux Cerealia, que se rapportent les jeux scéniques, quelquefois appelés luth Liberales. Cicéron Servius', saint Cyprien' nous donnent sur ce point les détails les plus explicites et les plus formels. J. Tourins. L1B 1192 LIB