Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LIBRA

LUIRA.1. ~caBv lç, Txaav~ov 1, balance. L'invention de la balance, au moins dans son principe essentiel, remonte à. une très haute antiquité. L'échange se trouve au début de tout état social, si rudimen taire soit-il; mais si l'échange ne va pas sans la notion de valeur, la valeur à son tour suppose comm.el'un des éléments sur quoi elle se fonde l'évaluation du poids de la marchandise échangée. De là la nécessité de recourir à la pesée, nécessité qui dut amener de fort bonne heure la découverte de la balance'-. La civilisation égyptienne ne put pas ignorer longtemps la balance Les peintures de Beni-Hassan nous en font voir un premier modèle réduit à sa plus simple expression, un pied vertical soutenant une barre recourbée à ses extrémités et terminée par deux crochets`; à ces crochets il suffisait de suspendre l'or qu'on façonnait en anneaux pour établir la pesée. D'autres peintures nous montrent la balance complète, avec ses plateaux suspendus aux deux bouts d'un fléau qui peut ou reposer sur un pied, ou être lui-même fixé à un anneau". Sur un papyrus de Thèbes', où le support en forme de colonne à base évasée est couronné par une figure assise, deux fleurs de lotus terminent de part et d'autre le fléau, et c'est de l'intérieur de ces fleurs que sortent les fils qui soutiennent les deux cupules profondes servant de plateaux : nous retrouverons le même mode de suspension dans la coupe d'Arcésilas. Le monde grec, aussi haut que nous puissions remonter, cannait, lui aussi, la balance. Dès l'épopée homérique, il y est fait plus d'une fois allusion. Le poète nous montre la balance entre les mains de Zeus, qui l'incline pour décider des destinées '. Il est à remarquer, toutefois, que dans aucun passage il ne s'agit (le déterminer vraiment le rapport d'un objet à un poids convenu ", mais seulement d'établir l'équivalence de deux objets entre eux ou la supériorité de l'un sur l'autre. Mais avec le chant XII nous descendons chez les mortels, et il intervient la notion d'une pesée véritable : a Les adversaires, dit le poète, ne se maintiennent ainsi que quand une femme juste et Travailleuse, prenant le poids et la lainel0, élève les plateaux et les égalise de part et d'autre t'. » L'une des tombes de Mycènes a livré deux paires de mi nuscules balances en or 12. Les pla teaux sont de sim ples rondelles en or ornées, deux d'un papillon, les deux autres d'une rosace. Ils étaient reliés au fléau par de longs rubans d'or . Les deux fléaux sont des tubes de même métal très minces, qui étaient sans doute traversés par un morceau de bois destiné à leur donner de la consistance 1R. Il est clair que ces balances n'ont jamais pu servir, non plus que d'autres auxquelles appartenaient vraisemblablement dix petits disques de métal trouvés dans le tumulus de Vaphio 51; mais qu'on songe, comme Schliemann, aux balances symboliques où se pesaient les bonnes et les mauvaises actions tn, ou qu'on voie simplement, dans ces objets, faits pour accompagner dans une tombe de femme la morte qui y était ensevelie, un souvenir de ses occupations dans la vie réelle te, nous n'y trouvons pas moins le modèle réduit de balances véritables. Les Grecs ont donc employé dès l'origine la balance telle que nous l'employons encore aujourd'hui; mais, LIB 1223 LIB il n'est pas un seul des exemplaires parvenus jusqu'à nous qu'on soit en droit de regarder comme d'époque proprement grecque' : une balance du British Museum indiquée comme trouvée à Corfou semble plutôt d'époque romaine 3. Les représentations des vases peints suppléent, dans une certaine mesure, à l'absence des monuments eux-mêmes. La célèbre coupe d'Arcésilas (fig. 4163)' représente le roi cyrénéen présidant à un marché de silphium. La partie supérieure à droite est traversée par une poutre à laquelle est suspendue une balance dont le nom est écrit 7OMOA.. (a'AOMO,')', Le fléau, dont les dimensions excèdent celles de la poutre, est relié à celle-ci' par une armature assez compliquée. D'une part, des liens fixent à la poutre un anneau ; de l'autre, des liens aussi, semble-t-il, quoique les extrémités en soient figurées indépendantes, rattachent au fléau une tige verticale rigide. L'extrémité supérieure de celle-ci se termine par une courte traverse horizontale engagée dans l'anneau. Non moins curieux est le mode de suspension des pla teaux chargés de sil phium . Il semblerait K O T A Px c 5 K o p S (lue les cordes, au nom bre de quatre, qui les soutiennent et aboutissent à des rondelles, sortent de l'intérieur même du fléau creusé en forme de tube. Quatre anneaux qui garnissent le pourtour des plateaux en reçoivent les extrémités. La grande amphore de Taleidès 6, jadis dans la collection Hope', nous offre pour l'époque archaïque un second exem ple non moins intéressant (fig. 4466) 8 : deux personnages, assis aux extrémités, maintiennent les plateaux d'une grande balance déjà occupés l'un et l'autre par une masse informe ; au milieu, un homme barbu dépose dans le plateau de droite une seconde masse analogue à la première. Les dimensions exceptionnelles données à la balance permettraient sans doute d'en distinguer mieux qu'ailleurs la structure; mais, en l'absence d'un examen direct de l'original et avec les seules représentations anciennes dont on dispose 9, il est difficile de donner comme assurés tous les détails. Le fléau parait suspendu d'une façon assez particulière et qui ne pouvait lui laisser qu'une mobilité fort défectueuse. La corde qui le soutient, et qui devait elle-même être attachée à un crochet ou à un anneau que l'artiste n'a pas figuré. se bornant à tracer la corde jusqu'à la limite de son tableau, ne forme pas une simple tige de suspension fixée au milieu du fléau, ni même deux bouts assujettis des deux côtés de celui-ci en face l'un de l'autre : double dans toute sa longueur et rattachée par ses quatre` extrémités au support fixe qui servait de point d'appui à tout le système, ses deux branches passent sous le fléau, oit elles sont légèrement écartées de manière à assurer un certain équilibre, et se rapprochent au-dessus grâce à un lien qui les enserre 10. II faut citer aussi une cenochoé de Vienne" représentant la pesée de barres rectangulaires, sans doute des lingots de métal, scène qui met en évidence une grande balance. Les plateaux, qui portent déjà l'un et l'autre des barres analogues à celles que deux personnages s'apprêtent à y placer, sont suspendus à peu près comme sur la coupe d'Arcésilas. L'extrémité droite du fléau, notamme'nt, se termine par une sorte de rondelle qui semble laisser passer une tige d'un diamètre plus petit portant les plateaux ; mais l'autre bout ne montre pas le même détail. Un grand anneau est fixé au centre du fléau, de manière (t pouvoir permettre aisément la suspension de l'appareil. Les vases peints d'é-. .? . s' poque moins ancienne nous fournissent encore, dans la scène de la psy chostasie et dans celle de la rançon d'Hector, plusieurs représentations de balances. Le premier en date est un lécythe archaïque de Capoue, au British Museum, sur lequel se voit Hermès pesant deux figurines ailées " ; mais on ne peut reconnaitre d'une manière précise comment le dieu tient le fléau. Sur un vase de la collection de Luynes13, du style sévère'' Hermès porte une balance, c'est bien entre ses doigts que se fait l'inclinaison du fléau. Même scène sur un vase du Louvre'', avec cette différence que le fléau est muni d'un anneau visible qui sert au dieu à le tenir. La même scène encore, sur une amphore de Nola au Musée détails pour la balance qui y est suspendue à un tronc d'arbre ; mais sur une amphore de Ruvo, au Musée de l'Ermitage (fig.4467)2,nousvoyons l'armature qui forme le support de la balance : elle se compose de deux montants droits, formant gradins à la base, réunis par une traverse. Les plateaux restent toujours les mêmes, suspendus par quatre fils, qui, malgré les fautes de dessin, doivent ètre regardés comme fixés analogue (fig. au pourtour. Un support été trouvé à Pompéi 3. Il consiste en deux pilastres de bronze reposant sur une base à degrés et reliés à leur sommet par une pièce formant arcade dont la partie inférieure porte un anneau. Chez les Étrusques, nous retrouvons encore la psychostasie et par suite la balance, sur une ciste de Palestrina de la collection Barberini4 et sur le beau miroir gravé connu sous le 4468), a LIB 1224 LIB nom de patère de Jenkins La forme est toujours la même, avec les plateaux soutenus par des fils aux extrémités d'un fléau renflé à la partie centrale ; mais, le problème de la suspension de l'appareil n'est pas éclairci. Hermès tient la balance entre le pouce et l'index. L'inspiration de modèles helléniques est ici manifeste. Elle est non moins certaine dans la scène de la rançon d'Hector que l'on voit sur l'une des aiguières en argent du trésor de Bernay e : la par tie centrale du fléau, constituée par inc simple barre droite aux deux bouts de laquelle deux crochets supportent les plateaux, est d'ailleurs cachée par un grand masque tragique. Dans un bas-relief de Turin 7, qui représente le dieu Kairos tenant sur le tranchant d'une lame effilée le fléau d'une balance, dont par un léger attouchement de l'autre main il fait pencher l'un des plateaux [IsAIROS, fig. 4251), la balance est réduite au fléau et aux plateaux. Plus intéressant dans sa grossièreté est un autre bas-relief [KAIRos, fig. 42521 représentant également Kairos, conservé à Torcello près de Venise, et sur lequel nous reviendrons : ici, pour la première fois, nous apercevons, au-dessus du fléau, un appendice formé de deux tiges entre lesquelles le fléau se meut et qui permet de tenir la balance à la main tout en lui laissant sa mobilité. Un autre bas-relief trouvé à Pola s fournit l'exemple unique d'un support en équerre sur lequel s'appuie l'un des bras du fléau quand la balance est au repos (fi g.4469). Le bas-relief (fig.447O) du tombeau du boulanger romain Eurysacès 9 contient aussi une balance sur le plateau de laquelle sont entassés des pains : il s'agit de poids considérables et la balance ne pouvait être tenue en main ; elle repose donc sur un grand trépied dont le sommet supporte le fléau ; mais, pour les mêmes raisons de solidité, il semble, si du moins nous comprenons bien l'indica tion qu'a voulu donner l'auteur du bas-relief, que ce fléau ne soit pas une simple tige comme à l'ordinaire, mais une plaque d'une certaine largeur, dont la rotation se faisait autour d'un axe contenu dans le couronnement du trépied et qui traversait la plaque en son milieu . Il faut enfin citer un certain nombre de représentations de balances, dans des dimensions tout à fait réduites,dans un petit compartiment du monument funéraire des kterii 10, sur un couvercle de sarcophage du Musée du Capitole sur un ex-voto d'Épidaure 12, sur une main panthée de la Bibliothèque nationalef 3, au revers de monnaies consulaires t` et autres 15, sur des pierres gravées 16, etc.f1. LIB 1225 LIB Mais de l'époque romaine quelques balances en nature nous sont parvenues' plus ou moins complètes. Deux au British Museum 2 sont particulièrement intéressantes par la présence d'un index analogue à celui des balances actuelles '. Un fléau jadis possédé par Caylus (fig. 4471) en fournit un troisième exemple très remarquable. I1 a disparu et force est de nous en tenir au témoignage de Caylus : «Sa justesse, dit-il, paraît encore très grande. Il ne diffère en rien des fléaux que nous employons aujourd'hui : il est orné de petits cercles dont les bronzes de la plus haute antiquité se trouvent très souvent décorés ; cependant, on peut assurer qu'il est romain 4. » 11 est à remarquer, par contre, que sur aucune des représentations jusqu'ici signalées il n'apparaît de trace d'un index. On ne saurait décider, étant données les dimensions réduites et la grossièreté du travail, si sur le basrelief de Torcello [i:Alaos, fig. 422, il y a autre chose que la double tige par laquelle Kairos tient le fléau suspendu et si entre les branches existe un accessoire. Il serait téméraire d'en conclure qu'avant l'époque romaine ce progrès n'ait pas été connu? Le peintre ou le sculpteur n'était pas tenu d'entrer dans de tels détails. Il est donc permis de croire que la science grecque, si avancée dans l'ensemble, et qui dans la Mécanique d'Aristote, par exemple, établit le rapport de l'amplitude des angles décrits par le fléau, et par suite de la précision obtenue, avec la longueur même du fléau n'a pas dû ignorer le perfectionnement qu'apporte l'index'. Notons seulement que les témoignages écrits font défaut aussi bien que les témoignages figurés, alors que pour l'époque romaine ils viennent s'ajouter à la preuve directe fournie par les exemplaires conservés. Juppiter ipse duas aequato examine lances sustinet, dit Virgile'. Perse demande ironiquement si celui-là se mêle de peser l'hellébore qu,i ne sait point arrêter au point fixé l'examen 8. L'examen, c'est précisément, ainsi que nous le dit un scoliaste à propos d'un autre passage du même auteur e, la languette qui occupe le centre du fléau de manière à équilibrer les poids. Isidore de Séville le définit de la même manière 70. Les Romains, d'ailleurs, en possession de la balance ainsi perfectionnée, lui ont souvent substitué un instrument moins exact dans les appréciations qu'il fournit, mais d'un maniement plus simple et d'un usage plus rapide, la balance connue sous le nom de statère ou balance romaine. Ils continuèrent pourtant à se servir de la balance à plateaux, et cela non seulement, comme on l'a dit, pour les pesées de petites quantités, comme les métaux précieux, mais aussi pour des masses considérables. L'existence des innombrables poids tant en métal qu'en pierre, souvent fort volumineux, quelques-uns atteignant jusqu'à cent livres 11, qui nous sont parvenus, ne s'expliquerait pas sans cela. Isidore de Séville s'exprime ainsi12: « La balance appelée trutina, où la pesée des poids contenus dans les deux plateaux se fait grâce à l'index vertical, sert pour les talents et les poids de cent livres, comme la momentanea pour les petites sommes d'argent. » Il ajoute : « Elle s'appelle aussi statera. » Le nom de statera désignait donc aussi à l'occasion la balance à plateaux ". Suétone raconte que 'Vespasien avait vu en rêve une statera en équilibre ayant dans l'un de ses plateaux Claude et Néron, dans l'autre lui-même et ses fils ". Trutina s'applique aussi aux deux types de balances, puisque Vitruve parle de la classe des trutinae appelées staterae". Les deux mots se prenaient également au sens générique et figuré'', et Cicéron déclare par exemple, sans vouloir établir une distinction de nature entre elles, que les moyens de l'orateur sont de ceux qui s'examinent non dans la statera de l'orfèvre, mais dans la trutina populaire". Seuls ne pouvaient s'employer indifféremment les termes qui, dérivés de la structure même de l'objet, comme bilantes, pour la balance à deux plateaux i8, ou rappelant l'origine, comme campana pour la balance dite romaine d'abord employée en Campanie'9.Libra, par luimême, reste une désignation indéterminée et générale 2e la désignation traditionnelle par exemple dans la formule per aes et libram appliquée à certains actes juridiques où devait figurer une balance [NEXUM, MANCIPATIO, TESTAMENTUM]21 : c'est ce qui nous autorise à grouper ici tout ce qui a trait à la balance en général. Le pays d'origine de celle-ci, nous l'avons vu, passait aux yeux des anciens pour être la Campanie 22, et rien n'empêcherait de supposer que les Romains l'aient empruntée aux Grecs de l'Italie méridionale. La décoration artistique de certaines balances romaines a paru un indice que les Romains auraient eu des prototypes leur servant de modèles 23. Mais nous n'y trouvons aucune allusion chez les auteurs grecs. De plus, il nous en est parvenu, à la différence des balances à plateaux dont le nombre est trop restreint pour qu'on puisse en tirer aucune conclusion, un très grand nombre d'exemplaires ; aucun n'est antérieur à l'époque romaine. Il n'y a aucune raison pro LIB 1226 LIB hante pour attribuer aux Étrusques une statère découverte à Chiusi' dans le fond d'un puits 2; de ires ancienne construction étrusque, elle peut fort bien n'y avoir été jetée qu'à une date beaucoup moins reculée 3. La combinaison de l'une et l'autre variétés de balances se trouve réalisée dans une curieuse balance de Pompéi conservée au Musée de Naples (fig . t's7:2) 4. Construite comme une balance ordinaire à plateaux, avec une courte chaîne ou tige servant à suspendre par le milieu le fléau, elle porte en plus, sur l'une des moitiés de celui-ci, un poids curseur mobile en forme de gland. La même moitié du fléau est marquée de divisions qui permettaient d'apprécier la différence de poids entre deux objets placés dans les deux plateaux. Une balance semblable est au Musée de Berlin qui possède aussi six fléaux gravés sur l'un de leurs bras'; un autre, au British Museum 7, présente encore la même disposition e. Mentionnons encore une petite balance de Florence (fig. 214473)9, dont le fléau, la tige de suspension, l'index sont d'une balance à plateaux, mais dans laquelle il n'y a de plateau qu'à l'une des extrémités . L'autre porte, suspendu par une chaînette, un contrepoids fixe en forme de tête. La balance, ne pouvait pas servir proprement à évaluer le poids d'un objet, mais seulement à reconnaître s'il était conforme à un étalon donné; on a supposé qu'elle servait à vérifier l'exactitude des monnaies". L'usage de la balance romaine est encore courant; il n'est pas nécessaire de s'étendre longuement sur son principe. « Elle n'a point deux plateaux, dit Isidore de Séville, mais le fléau porte un poids curseur " » Vitruve formule ainsi la théorie du fonctionnement o L'anse est placée près du bout auquel est suspendu le plateau; c'est là qu'est le centre du mouvement; sur l'autre partie du fléau, vous promenez le contrepoids plus ou moins loin, ou même jusqu'à l'extrémité, en lui faisant franchir les divisions marquées; il peut ainsi, malgré la fiai blesse et l'inégalité de sa masse, contre-balancer les pesées les plus lourdes en établissant l'équilibre du fléau 12. » Le premier modèle adopté semble pourtant avoir été quelque peu différent du modèle ainsi décrit; la partie mobile en était, non le contrepoids, mais le point de suspension. Telle est une balance découverte dans les environs de Vérone", dans des constructions de l'époque républicaine et en même temps qu'un as de bronze du système en vigueur vers la fin du me siècle av. J.-C.''°. Elle se compose (fig. 44L7!) d'une lame métallique se mouvant librement dans l'ou verture rectangulaire du support qui servait à suspendre l'appareil " ; son bord inférieur porte une Sél'ie d'entailles et des gradations inscrites au-dessus de chacune. La lame se relie par deux pièces coudées à une barre dont l'une des extrémités s'alourdit en contrepoids, tandis qu'à l'autre on suspendait par un crochet ou sur un plateau l'objet à peser. Il suffisait, pour obtenir le poids, de faire glisser la lame graduée dans le support jusqu'à parfait équilibre et de lire le chiffre correspondant à l'encoche. L'existence d'un second exemplaire analogue découvert en 1773 à Carthagène est attestée par un manuscrit de la Bibliothèque nationale 16 qui en donne le dessin 11, et ce n'est que faute de connaître la balance précédente que M. llultsch a pu se méprendre sur sa reconstitution1e. Le Musée de Berlin, enfin, a acquis récemment une troisième balance du même type (fig. 1173), plus soignée et d'une conservation meilleure 19. La tige y affecte la forme d'une colonne et le contrepoids est constitué par un avant-corps de panthère. Un A au pointillé désigne le point initial de la gradation; puis LIB 1227 LIB viennent les indications correspondant à 1, b, 3, 4, 6, 7, 8, 9, 10 onces, 1, 173 I1,, 1' a, 2 )1/4. 3, 4, '/,, 3, 6, 7, 8, 9, 10, 12, 13, 20, bà, 30, 40 livres, avec cette particularité que, par suite du défaut de place, le chiffre le moins élevé est inscrit, non à droite de celui auquel il doit être ajouté, mais au-dessus'. Les divisions, on le voit, sont très rapprochées, plus rapprochées encore dans l'exemplaire de Vérone, qui porte 39 divisions au lieu de 34, et surtout dans celui de Carthagène qui, n'allant que jusqu'à fil livres, indique 38 divisions et donne, au-dessous d'une livre, les onces once par once'. Les balances de ce genre offrent, il est facile de s'en rendre compte, au point de vue des études métrologiques, le très grand intérêt de pouvoir servir à la détermination des poids anciens, recherche à laquelle se prêtent mal les romaines ordinaires, pour lesquelles l'appartenance des pesons est presque toujours douteuse. Les balances romaines ordinaires sont trop nombreuses dans les musées et les collections 3, pour que nous puissions faire autre chose qu'en signaler quelques spécimens caractéristiques. La marchandise à peser pouvait être soit suspendue à un crochet (fig. 41176), soit placée sur un plateau : les chaînettes qui supportent le plateau, et dont, une bague diminuait l'écartement, sont alors réunies à leur sommet dans un anneau et rattachées au fléau grâce à un trou qui en perce l'extrémité, ou bien celle-ci, terminée par un renflement, présente une gorge ou se place l'anneau de suspension : dans ce cas, l'on comprend que le plateau ait pu aisément se perdre, et de fait il manque souvent. II est rare que crochet et plateau se trouvent réunis comme dans la belle balance de la Bibliothèque nationale provenant de Porto d'Anzio (fig. 11477) '', où les chaînettes du plateau ne se relient pas directement au fléau, mais s'attachent d'abord à un disque mouluré. Du milieu de ce chapiteau, comme l'appelle Caylus 3, pend une quatrième chaîne plus courte, terminée par un crochet, ce qui, remarque-t-il, « peut servir à peser ensemble ou séparément plusieurs corps de nature et de figures différentes s ». En outre, le disque, ajoute Caylus, a une profondeur suffisante « pour placer de très petits poids et tels qu'ils sont nécessaires pour savoir avec précision la pesanteur des matières les plus précieuses' » . Sur la balance du Musée de Naples 3, c'est au contraire à tort que M. Bliimner signale comme destiné à porter l'objet à peser soit le plateau, soit un crochet, et qu'il explique ainsi la double gradation Le crochet en question, comme l'autre, sur lequel M. Blûmner ne s'est pas mépris, servait, à suspendre, non l'objet à peser, mais la balance elle-même. Même erreur, excusable par ce fait que le plateau a disparu, a été commise à propos d'une balance trouvée à Bearouth1 °: les trois crochets, dont un manque, étaient des crochets de suspension. Il faut donc prendre garde de se méprendre sur l'usage des crochets qui se voient fixés aux balances romaines. Ils ont parfois servi à accrocher la marchandise à peser, et nous en avons mentionné des exemples " : dans ce cas, d'ailleurs, ils se trouvent d'ordinaire à l'extrémité d'une chaînette assez longue. Le plus souvent ils sont ce que Vitruve appelle l'anse de la balance 12, et leur nombre correspond à celui des gradations. Il eut été impossible, en effet, sous peine d'allonger outre mesure le fléau ou de trop augmenter le contrepoids, d'obtenir, avec un seul point de levier et en une gradation unique dont les divisions restassent claires, une échelle allant jusqu'à des pesées assez fortes. Supposez au contraire plusieurs crochets inégalement éloignés du point d'attache de l'objet à peser, rien n'empêche d'en calculer l'éloignement de manière que, le peson restant le même, mais la balance étant successivement suspendue par les différents crochets, la position du peson la plus rapprochée en un cas corresponde précisément à un poids immédiatement supérieur à celui qui équilibre dans l'autre cas sa position la plus éloignée. Il suffira alors de donner au fléau une section polygonale et d'utiliser les différentes faces pour y inscrire les gradations correspondant aux pesées faites avec les différents crochets. Les Romains s'étaient prévalus de cet avantage dans la construction de leurs balances romaines, et si plusieurs d'entre elles n'ont qu'un seul crochet de suspension et qu'une seule gradation ", la double gradation avec deux crochets est non moins fré quente 1. Une balance de la collection Gréau, par exemple, porte sur l'une des faces les indications del à 6 livres avec les moitiés, sur l'autre de 7 à 202. De même les nombreux exemplaires du Musée de Naples. Sur l'un sont, d'un côté, les chiffres I à X avec des points intermédiaires pour les demies ; de l'autre, les dizaines de X à XXXX avec des V aux demi-dizaines (fig. 4478); en outre aux arêtes des signes marquent les fractions Sur deux autres balances on lit, d'un côté les chiffres I à VII, de l'autre IV, X, V, XX, V, XXX 4, ou les chiffres 1 à VIIII et III, V, X, V, XX, V, XXX La division plus complète des dizaines, donnant toutes les unités, se voit sur une autre balance, dont la première face est marquée, comme d'ordinaire, de I à VIII et l'autre XIIIIVIIIIXXIIIIVIIIIXXXIIII 6. Nombreuses enfin sont les balances à trois gradations'. La gradation y est toujours faite suivant les principes que nous venons d'exposer, des traits pour les unités et quelquefois pour les demies, des V aux demi-dizaines, et celles-ci marquées soit en entier, soit uniformément du chiffre X, comme sur une balance de Chiusi graduée de 2 à 183 livres et où il n'est fait d'exception que pour les chiffres initiaux de chaque face et pour 50 et 100 indiqués respectivement par fL et 08. Un autre exemplaire, trouvé à Laodicée de Syrie et appartenant autrefois à Caylus, au lieu des chiffres romains, portait suivant le système grec les lettres EIK: KAMNE ]N_0119 PIIiA, soit 5, 10, 20, 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90, 100, 110, 120, 130, avec des E aux demi-dizaines' ; de même un exemplaire au British Museum10, et un troisième au Louvre". Les fléaux présentent quelquefois, en dehors des marques pondérales, des inscriptions. Le plus souvent, ce sont des noms propres au génitif, rarement latins, comme Hermetis 11, d'ordinaire grecs, tracés ou non au pointillé, avec ou sans accompagnement de croix, et qui témoignent d'une basse époque : `H)1toôdpouf8, guère douteux que ce ne soient ceux des possesseurs, quoique, dans un cas au moins, on ait proposé de sous-entendre É7C't et d'y voir la mention d'un contrôle 20. Rien ne justifie une telle hypothèse. Mais qu'un tel contrôle ait existé dans l'empire romain, la chose n'est pas douteuse. Il serait permis de l'affirmer a priori, en présence du contrôle qui s'exerçait sur les poids et que mentionnent tant d'exemplaires, que nous n'avons pas à rappeler ici rEXAGIUM, p. 8741, portant les noms du préfet de la ville, des consuls, des édiles; dans les villes grecques, des agoranomes. Des poids exacts n'eussent servi à rien avec des balances infidèles. Deux balances du Musée de Naples l'attestent, d'ailleurs, d'une manière plus directe. L'inscription de l'une (fig.4479) nous fait savoir que la balance a été vérifiée au Capitole en l'année 77 de notre ère : Imp(eratore) Vesp(asiano) Aug(usto) IIX T(ito) Imp(eratoris) Aug(usti) f(ilio) VI co(n)s(ulibus) exacta i(n) Capitolio 21. On lit sur le fléau de l'autre: Ti(berio) Claud(io) Caes(are) Aug(usto) IIII, L(ucio) Vitel(lio) III co(n)s(ulibus) exacta ad Artic(uleiana) cura aedil(ium)12. La mention exacta ad Articuleiana, qui se retrouve sur un poids de Rome23, est expliquée par un poids portant lui-même, avec la même date consulaire, les mots pondera exacta M. Articuleio Cr2. 7'urranio aedilibus24.Les édiles de l'année 47 ap. J.-C. avaient donc fait établir des poids étalons, dits d'après le nom de l'un d'eux articuleiana. D'après ces poids, on contrôlait et les poids du commerce et les balances. Nous savons d'ailleurs qu'il y avait aussi à Rome, exposés en lieu officiel, non seulement des poids, mais des balances : une balance 26 était conservée au temple de Saturne. LIB 1229 LIB Il resterait, enfin, à signaler l'ornementation qu'ont reçue souvent les balances. Des fléaux, il n'y a presque rien à dire' : leur usage même interdisait presque toute décoration et seule l'extrémité a pu sur quelques exemplaires être façonnée en tête d'animal'. Il n'y a guère d'exception que pour la romaine d'un système tout particulier du Musée de Berlin, où la partie du fléau formant en même temps contrepoids est un bel avant-corps de panthère (voir plus haut, fig. 1175) 3. Les plateaux, eux non plus, ne se prêtaient guère à recevoir d'embellissements, si ce n'est celui des filets concentriques qui y sont tracés. Dans la balance du Cabinet des Médailles mentionnée plus haut, pourtant, trois colombes aux ailes éployées sous les plateaux retiennent dans leurs becs les extrémités des chaînettes Le plateau d'un des exemplaires de Naples offre sur la face supérieure, légèrement concave, une véritable représentation, un Satyre luttant avec une chèvre ". Mais n'était-ce pas un contresens, puisque cette face précisément devait recevoir la marchandise à peser. L'exemple aussi bien est isolé. Il était, au contraire, une partie où l'ingéniosité des fabricants pouvait à bon droit se donner libre cours et n' apas manqué : ce sont les pesons des romaines. Ici, grande est la variété et c'est l'exception quand le peson se présente sous l'aspect d'une simple masse géométrique, sans recevoir un aspect proprement ornemental : encore, même dans ces cas, cherche-t-on, soit en le découpant en losange', soit en le façonnant en cône renversé' ou en pyramide 3, ou en en faisant une sphère parfaite 3, à lui donner un aspect agréable. Un degré de plus est franchi dans les exemplaires où le peson prend la forme d'un amphorisque" ou d'un gland 1l, ou encore d'un médaillon orné d'une tête de Méduse 1l., d'un vase orné de Sirènes". Une balance de la Bibliothèque nationale a pour peson un colimaçon (fig. 4180)1` ; d'autres pesons représentent des têtes de loups 10, de béliers 18. Mais la forme devenue traditionnelle, qui se rencontre de beaucoup le plus souvent, est celle de bustes 1', soit encore attenant à la balance à laquelle ils appartenaient, soit isolés. Il n'est presque pas de musée ou de collection d'antiquités il qui n'en contienne: bustes d'enfants19, de jeunes filles et de femmes 20, bustes d'éphèbes 91, d'athlètes 22 et de guerriers 23, bustes iconographiques et en particulier bustes d'empereurs, de princes et de princesses 24', bustes de genre tels que des bustes de négrillons 25 ou d'acteurs comiques26, bustes de personnages héroïques, d'une Amazone par exemple 27, bustes de Rome casquée, bustes de Satyres et de bacchantes 28, bustes de divinités de toutes sortes". Le Louvre en particulier possède toute une série de pesons venant d'Égypte où se répète à satiété l'image de Serapis ou d'Isis 30. Il ne sali rait être question d'en pousser plus loin l'énumération et la description ; et sans doute suffira-t-il, pour en donner une idée plus complète, à côté des exemplaires déjà reproduits, d'indiquer encore, comme exemples de dimensions particulièrement considérables, une tète d'Attys01 et une tète de Minerve (fig. 4.481) 32, alourdie par la masse de plomb qui en remplit l'intérieur, conservées l'une et l'autre dans la salle des bronzes du Musée du Louvre. 1I. Gu itç, constellation de la Balance ZODIACCSj. II1. Libre aqoaria. Le mot de libre est très souvent employé pour désigner le niveau d'un lieu et en parti V. LIB 1230 -LIB calier d'une nappe d'eau ; mais dans un passage de Vitruve le même mot, accompagné de l'adjectif aquaria, désigne aussi l'instrument qui sert à reconnaître le niveau 2. «Leniveau s'établit,écrit-il.soitavee la dioptre 3, soit avec la libre aquaria (que l'on traduit d'ordinaire par balance â eau), soit avec le chorobate, mais de la manière la plus exacte au moyen du chorobate, étant donné que la dioptre et la libres induisent en erreur. Suit la description du chorobate tCIOROBA'TES, dont le fonctionnement, d'une manière générale, repose sur l'emploi du fil à plomb combiné avec des marques perpendiculaires tracées sur le cadre de 1/appareil ". a Toutefois, si le vent fait obstacle et que, par suite des mouvements, les lignes tracées ne puissent donner d'indications certaines, alors, ajoute Vitruve, que le chorobate ait dans sa partie supérieure un canal long de cinq pieds, large d'un doigt, profond d'un doigt et demi, et qu'on y verse de l'eau : si l'eau touche également le sommet des bords du canal, on saura qu'on est de niveau 3. » Le chorobate, dans ce cas au moins, faisait donc intervenir le niveau d'eau. Il n'est donc peut-être pas aussi certain qu'on l'a dit que la libre aquaria, qui est un autre instrument, ne soit pas autre chose que notre niveau d'eau actuel. L'épithète d'equaria pourrait indiquer, non que l'eau y jouait un rôle, mais que l'instrument servait à juger de l'altitude de l'eau7. Il est difficile, en l'absence de tout renseignement, de rien affirmer de positif. La seconde hypothèse, même admise, n'entraîne d'ailleurs nullement comme conséquence qu'on puisse, comme on l'a fait ', identifier la libre avec la LIBELLA, qui, servant à juger non seulement de la parfaite planitude, mais encore de l'horizontalité ou de la verticalité, était avant tout un outil d'ouvrier maçon, charpentier ou autre. La libre aquaria, au contraire, était un instrument employé principalement dans les levés hydrographiques. IV, Livre, unité du système pondéral romain ainsi nommée d'après M. Mommsen parce que, quand l'homme étendant le bras balance l'objet qu'il tient en main, il en estime aussitôt le poids 10. D'après une explication quelque peu différente, le mot de libre indiquerait l'équilibre entre l'unité de poids et la marchandise qu'elle contre ville propose aussi une autre étymologie d'après laquelle la livre serait appelée libre parce qu'elle est liber'a, d'està-dire sans doute qu'elle est indépendante, qu'elle se suffit à elle-même, qu'elle est en un mot l'unité, tandis qu'elle renferme en elle tous les autres poids 12. « La livre ajoutet-il, comprend douze onces et est regardée comme le type du poids parfait parce qu'elle est composée d'autant d'onces que l'année de mois 13. » Il développe ailleurs la même idée en montrant comment libre d'une manière plus générale s'applique à tout entier formé de douze parties. « L'année qui se compose de douze mois peut être dite libre. Le jour équinoxial sans la nuit correspondante, qui se compose de douze heures, peut aussi être appelé libre. La livre en effet, dans l'évaluation des poids, de la mesure des arbres, de la surface du sol, de la taille de l'homme, peut s'entendre des diverses mesures formées du nombre duodécimal'''. » Il résulte de ces observations que le mot pondus lui-même pourra être pris comme équivalent de libre, d'où dupondius pour le poids de deux livres '3, et surtout qu'il y aura équivalence entre libre et as16, qui représente dans le système duodécimal, adopté par les Romains, l'unité supérieure par rapport à l'unité inférieure ou douzième qui est l'once'. Les multiples de la livre, par suite de cette équivalence, en dehors du dupondius dont nous avons déjà parlé, sont désignés par la combinaison du mot as avec les différents noms de nombre, tressis jusqu'à nonussis, dee'ussis, bicessis, tricessis jusqu'à centussis 18. Les divisions, d'autre part, sont, avec l'once, les sui vantes : deunx =11/12 dextans =10/12 dodrans = 9/12 bes = 8/12 septunx 7/12 semis 6/12 quincunx = 512 triens = 4/12 ouadi. ans19= 3/12 serions = 2/1220. Il y faut ajouter la sescuneia, ou une once et demie, soit le 1/8 de la livrets. De ces désignations, les unes, comme semis, triens, quadrans, sextans, indiquent des fractions de la livre, la moitié, le tiers, le quart, le sixième; d'autres, comme bes, septunx, quincunx, sescuncia, des multiples, soit sans référence à une unité spéciale, comme bes qui est simplement pour bi-as, deux unités, en réalité deux fois le triens 2', soit par rapport à l'once, septunx, quincunx, sescuncia; d'autres, enfin, une soustraction, deunx, soit la livre moins une once, LIB 1231 LIB dextans, pour desextans, soit la livre moins un sextans, dodrans pour dequadrans, soit la livre moins un quadrans. La subdivision peut être poussée plus loin en prenant à son tour l'once elle-même pour unité, subdivision qui donne : semuncia =1/2 d'once=1/24 de livre sicilicus =1/4 d'once =1/48 de livre sextula =1/6 d'once=1/72 de livre scriptulum ou scripulum =1/24 d'once=1/288 de livre', et qui peut se compléter par les binae sextulae 1/3 d'once = 1/36 de livre et la dimidia sextula = 1/12 d'once = 1/144 de livre 2. Les signes les plus ordinaires employés pour désigner ces poids sont : dimidia sextulas scripulum 3 3 Il en est fait notamment usage dans les marques pondérales qu'on avait coutume d'inscrire sous la vaisselle d'argent, comme le trésor d'Hildesheim par exemple ou celui de Boscoreale 6, La connexion avec le système grec, enfin, introduit encore sous l'Empire la drachme= 1/96 de livre, l'obole =1/2 scripulum =1/5 76 de livre, et comme division infime le clzalcus = 1/8 d'obole, qui à partir de Constantin fait place à la siliqua = 1/3 d'obole L'origine même de la livre romaine, au point de vue métrologique, est assez obscure, etce n'est pas ici le lieu d'examiner les théories fort abstraites qui ont été proposées. Indiquons seulement que pour M. Hultsch, qui plus que tout autre s'est occupé de ces questions, le rapport avec la mine attique ne paraît pas douteux, quoique l'ancienneté de la livre romaine ne permette pas d'admettre qu'il y ait eu passage de l'une à l'autre'. La livre serait plutôt la moitié d'une mine commerciale phénicienne propagée de très bonne heure en Italie comme en Grèce et qui, à Athènes, aurait été dans la suite mise en relation avec le système établi par Solon M. Hultsch a même été plus loin et s'est efforcé de retrouver la source d'où découle la livre dans de très anciens étalons babyloniens et égyptiens a. Il résulte en revanche, d'une manière à peu près certaine, des pesées qui ont été faites, tant d'après des poids les mieux conservés possible, comme des exemplaires en serpentine 1e, que surtout d'après des monnaies toujours plus exactes", que le poids de la libra était très approximativement de 327 grammes et une fraction. Letronne, en particulier, a eu le mérite de déduire cette évaluation de la pesée comparée de 27 monnaies consulaires et de 27 solidi de Constantin '2, et ce sont ses calculs, repris avec une très légère modification par Bckh 13, qui ont conduit à la valeur proposée par le savant allemand" et universellement adoptée de 327 grm45 pour la livre romaine'. V. Mesure agraire usitée dans la Narbonnaise et dont nous ne savons rien, sinon que dans cette province la mesure de surface était appelée par les uns libra, par les autres parallela's. VI. Mesure de capacité employée en particulier pour l'huile. Suétone parle quelque part d'une distribution de dix librae d'huile par personne que fit faire César ". Il pourrait, sans doute, s'agir de dix livres en poids, et il est bien certain que le nom de libra, donné à la mesure de capacité, vint du rapport établi avec la livre ; mais, d'autre part, Horace, dans une de ses satires, fait allusion à la coutume où l'on était à Rome de vendre l'huile dans des mesures en corne", et un passage d'un traité de Galenus nous apprend précisément que ce sont elles qui constituaient la ),iT?a, équivalent du latin libra, qu'elles portaient tracée une division en douze parties du nom d'onces, et il ajoute qu'il a voulu savoir quel en était le poids f9. La libra d'huile était équivalente en volume à Pour bien comprendre ce que furent pendant toute l'antiquité classique la publication et le commerce des livres, il faut commencer par oublierleshabitudes etleslois auxquelles la librairie a été soumise chez les peuples modernes depuis l'invention de l'imprimerie. Le seul fait de confier son ouvrage à un éditeur atteste de la part d'un auteur la volonté formelle de le publier; elle est constatée par un traité établissant entre l'un et l'autre des obligations réciproques auxquelles sont attachés certains droits ; il y a donc une différence essentielle entre une copie manuscrite et un livre imprimé; sauf de rares exceptions, un imprimé est fait pour la vente, ou du moins pour la publicité. Chez les anciens, une copie destinée à rester la propriété d'un particulier pouvait ne se distinguer en rien d'une copie destinée à être mise en circulation, et il y avait dans la publicité tant de degrés qu'on pouvait avoir de la peine à décider où, quand et LIB 1232 LIB comment elle avait commencé pour certains ouvrages. Il est probable que dans les premiers temps de son histoire le livre n'était pas un article de commerce ; on copiait soi-même ou on faisait copier dans sa demeure les ouvrages qu'on voulait avoir sous la main ; nous voyons encore, chez Xénophon, Socrate s'étonner qu'Euthydème, grand amateur de livres, possède un Homère complet'. L'esclavage fournissait du reste aux gens aisés un moyen commode de monter leur bibliothèque sans bourse délier ; une des principales tâches des esclaves lettrés (servi litterati), à toutes les époques, fut de reproduire des manuscrits pour leur maître ; c'était là le procédé le plus répandu et le plus simple. Lorsque le roi Antigone Gonatas voulut se tenir au courant de l'enseignement du fameux stoïcien Zénon, son contemporain, il crut ne pouvoir mieux faire que de lui envoyer à Athènes des copistes chargés de recueillir ses leçons par écrit et de les expédier aussitôt en Macédoine 2. Cependant un jour arriva où des gens habiles à reproduire les manuscrits eurent l'idée d'en faire trafic. Dès lors, il y eut des copistes ((3tt),toypâtvot), qui furent en même temps libraires ((ieto,rùÀat). C'est à peu près vers la fin du gouvernement de Périclès que ces marchands apparaissent à Athènes pour la première fois; ils avaient leurs magasins surtout à l'agora; les lettrés y fréquentaient volontiers ; on y faisait même des lectures à haute voix, qui attiraient les curieux et achalandaient ce quartier savant' : ce fut pour avoir entendu lire à la porte d'un libraire le second livre des Mémorables de Xénophon que Zénon sentit s'éveiller en lui sa vocation philosophique'. Athènes était à coup sûr le grand centre où on venait depuis la fin du ve siècle s'approvisionner de livres; de là le commerce les portait dans les grandes villes du monde hellénique, où ensuite on les multipliait par la copie 3. Pourtant ce mouvement d'exportation se produisit avec une certaine lenteur; on sait comment, après le désastre de l'expédition de Sicile, en 413, certains Athéniens prisonniers à Syracuse durent leur liberté aux vers d'Euripide qu'ils apprirent à leurs vainqueurs; le grand poète était alors dans tout l'éclat de sa gloire et cependant les Siciliens n'avaient pas encore pu lire tout ce qu'il avait écrit, malgré l'admiration que leur inspirait son génie La fondation d'Alexandrie et les travaux critiques poursuivis par ses fameux bibliothécaires durent avoir pour effet d'étendre et de régulariser le commerce de la librairie; grâce aux Ptolémées, on eut désormais dans cette ville un vaste dépôt de manuscrits bien établis et bien classés, d'où l'on pouvait en tout temps tirer des copies sûres des textes anciens: Alexandrie fut pendant de longs siècles la métropole de la librairie hellénique. A Rome, l'histoire du livre passa au début par les mômes phases qu'à Athènes. Même quand il y eut une littérature latine, les ouvrages les plus estimés durent être multipliés d'abord par l'initiative individuelle des lecteurs ; le librarius n'était qu'un copiste travaillant sous les ordres et pour l'usage d'un particulier, dont le plus souvent il était l'esclave. De grands personnages, des lettrés usaient encore largement de ce système de reproduction au temps de Cicéron. a Atticus, dit son biographe, avait beaucoup d'esclaves très instruits, des lecteurs (anagnostae) habiles et un grand nombre de copistes ; il n'était pas jusqu'à ses valets de pied qui ne fussent en état de lire ou de copier au besoin'. » La plupart de ces copistes privés, à en juger par leurs noms, étaient des Grecs, comme Dionysius, Menophilus, Antaeus, Pharnaces 8; tels encore le Chrysippus de Cicéron' ou l'Eros de Virgile". Cependant certains librarii avaient ouvert des magasins et vendaient les manuscrits copiés par eux ou par leurs serviteurs ; de là vient que le mot de librarius a gardé jusqu'au bout un double sens. Au temps d'Auguste, Rome était après Alexandrie le principal marché pour le commerce des livres". Mais les amateurs n'étaient pas toujours satisfaits des textes qui sortaient de ses officines" ; ils préféraient beaucoup les exemplaires établis sous la surveillance des particuliers, parce qu'ils avaient été copiés sur de meilleurs modèles et corrigés avec plus de soin". Atticus eut l'idée d'exploiter pour en tirer profit la supériorité de ses esclaves, et on vit alors ce riche personnage organiser chez lui, sous sa direction, de véritables ateliers de copie ; c'était une manière comme une autre de faire valoir sa fortune, une des nombreuses formes que pouvait prendre la main-d'oeuvre servile. Non seulement Atticus reproduisait les ouvrages anciens, mais il en publiait de nouveaux ; Cicéron le choisit comme éditeur de plusieurs des siens ; Atticus les faisait reproduire chez lui à un grand nombre d'exemplaires et s'occupait ensuite de les placer ; son ami le félicite dans une lettre d'avoir très bien vendu le pro Ligario'". Il se chargeait enfin de faire acheter au loin par ses correspondants les livres dont ses amis de Rome pouvaient avoir besoin et de compléter leurs bibliothèques 1'. On ne saurait affirmer qu'Atticus ait été le premier ni le dernier, parmi les Romains de la haute classe, qui ait exercé ce négoce; mais il est resté célèbre entre tous ; il a dû contribuer beaucoup, par son exemple et par la concurrence qu'il a faite aux libraires de proféssion 18, à rendre le public plus difficile, les copistes plus attentifs et plus soigneux. En général, quand un auteur venait de terminer un ouvrage et qu'il se proposait de le publier (xâôdvat, edere, etnittere, vulgare, divulgare, publicare), il le remettait entre les mains d'un éditeur, à moins qu'il n'eût les moyens de le faire reproduire dans sa propre maison. C'était pour l'éditeur un devoir de conscience de ne communiquer l'ouvrage à personne sans l'aveu de l'auteur et avant le terme fixé par lui"; mais comme il n'y avait aucune loi qui protégeât la propriété littéraire, cette garantie fut souvent illusoire; il arrivait fréquemment LIB -1233 LIB que l'ouvrage, avant d'être mis en circulation par la volonté expresse de l'auteur, recevait une demi-publicité, soit que l'éditeur eût manqué de loyauté et de délicatesse, soit que la faute vint de quelques amis infidèles, soit enfin que l'auteur lui-même eût répandu autour de lui quelques copies seulement pour tàter l'opinion'. Il y a des exemples de livres qui sont ainsi restés connus par un petit nombre d'exemplaires pendant plusieurs années de suite avant de recevoir définitivement une publicité véritable ; c'est une des raisons pour lesquelles il est si difficile de déterminer avec précision la date qu'il faut assigner à la première édition de certains ouvrages classiques 2. On admet en général que les droits d'auteur n'étaient point dans l'usage'; par conséquent, si l'oeuvre d'un écrivain était publiée sans son aveu, sa réputation pouvait en souffrir, mais non pas son intérêt. Cependant il faut bien convenir aussi que la règle devait comporter des exceptions ; quoique la question soit pour nous pleine d'obscurité, certains faits nous porteraient plutôt à croire que l'auteur en certains cas devait ètre payé : bien souvent le possesseur d'un manuscrit exigeait une redevance, quand on le lui demandait pour le copier 4 ; n'est-il pas naturel de supposer à plus forte raison que l'auteur d'une oeuvre inédite se faisait payer pour la communiquer 3? Quelquefois il avait contribué à la dépense G; est-il vraisemblable qu'il ne fût pas intéressé dans la vente? En un mot, les conventions particulières devaient jouer un grand rôle dans les rapports mutuels entre l'auteur et l'éditeur. L'absence d'une réglementation fixe entraîna évidemment beaucoup d'abus : quelquefois l'auteur, voyant circuler partout sous son nom des livres où sa pensée était défigurée, fut obligé, beaucoup plus tôt qu'il ne l'aurait voulu, d'en donner lui-même une édition D'autres fois, comme la propriété n'en était pas plus garantie à son éditeur qu'à lui-même, des copies incorrectes, faites à la fois sur de mauvais modèles, sortaient de plusieurs officines concurrentes 8 ; il faut y ajouter les falsifications, très communes dans l'antiquité ; la cupidité des libraires est certainement une des principales causes qui nous ont valu tant d'oeuvres apocryphes 9. On ne sait pas trop quels étaient les moyens légaux de contenir et de réprimer la mauvaise foif0. Mais il faut dire aussi que la plupart du temps l'éditeur avait intérêt à ne pas mécontenter l'auteur, celui-ci restant toujours libre de porter ailleurs son oeuvre revue et modifiée, et par suite de déprécier du jour au lendemain la première édition'. Il n'est pas aisé de distinguer parmi nos manuscrits antiques ceux qui ont été copiés pour l'usage privé f2 ; pourtant on peut présumer que dans les exemplaires faits pour la vente, l'écriture et tout l'appareil extérieur devaient être plus réguliers, plus soignés, plus conformes à une tradition apprise par une longue pratique du métier. A ne considérer que nos papyrus, il faut d'abord mettre à part les papyrus non littéraires ; ceux-là évidemment ne viennent point du commerce. Parmi les papyrus littéraires, il y a lieu aussi de distinguer ceux qui sont opisthographes ou palimpsestes [LIBER: ] à supposer que la première écriture ait été celle d'un copiste travaillant pour le public, il ne saurait en être de même de la seconde. Dans nôtre exemplaire de la Politique des Atlteniens par Aristote, le texte est écrit au revers des comptes d'un fermier ; il est clair que le volumen, dans son second emploi aussi bien que dans le premier, n'était pas destiné à la vente ". Lorsque l'auteur ne pouvait surveiller lui-même la publication de son livre, il en chargeait un ami. Celui-ci, d'accord avec l'éditeur, collationnait les copies sur le manuscrit autographe et s'assurait de leur correction'. Sans parler des ouvrages posthumes, dont l'É'neide est le plus fameux exemple, il est arrivé souvent aussi que, pour répondre aux demandes des libraires, des ouvrages publiés séparément par un auteur fussent après sa mort réunis pour la première fois et que l'édition complète subit, à cette occasion, une recension nouvelle 11, La censure a existé à toutes les époques de l'antiquité classique le ; elle frappait aussi bien l'auteur que le livre. Le plus ancien exemple connu est celui du sophiste Protagoras condamné en 411 à être banni d'Athènes pour avoir professé l'athéisme ; tous les exemplaires de ses écrits qu'on put retrouver furent confisqués et brûlés sur la place publique''. Sous l'Empire romain, cette institution est souvent mentionnée. Auguste, nommé grand pontife, fit brûler plus de deux mille volumes de prédictions, écrits en grec et en latin, dont les auteurs étaient anonymes, dit Suétone, ou peu recommandables ; il ne réserva que les oracles sibyllins, et encore en fit-il un choix1e. Caligula, dans sa démence, bannit des bibliothèques publiques les oeuvres de Virgile et de Tite Live, et peu s'en fallut qu'il ne fit subir le même sort à celles d'Homère19 . Mais ce furent surtout les écrits des stoïciens qui excitèrent les colères des empereurs du ter siècle20. Il semble que d'ordinaire le livre était condamné par sénatus-consulte à être détruit (abolitus) ; on le brûlait solennellement sur le forum devant les triumviri capitales ; la peine appliquée à l'auteur variait suivant la gravité du cas. Les copistes eux-mêmes n'échappaient pas toujours ; Domitien ayant fait périr Hermogène de Tarse, auteur d'une histoire où on avait vu des allusions satiriques, ses copistes furent mis en croix='. Dans les premiers temps du christianisme, les livres saints furent quelquefois condamnés au feu par ordre des empereurs; l'Église triomphante exerça à son tour les mêmes rigueurs contre les livres des païens et des hérésiarques22. Plusieurs écrivains nous ont conservé les noms des LIB 1234, LIB libraires de Rome qui furent célèbres au temps de l'Empire; ainsi, sous Auguste, les Sosie ; leur magasin se trouvait au vices Tuscus, à l'endroit où cette rue débouchait sur le forum, près d'une statue de Vertumne I ; à la fin du 1" siècle, Tryphon, éditeur de Quintilien 2; Atrectus, au quartier d'Argiletum 3 ; Secundus, derrière le temple de la Paix et le temple de Minerve ° ; C. Pollius Valerianus, éditeur de Martial 5. Un certain Dorus, qui vendait les ouvrages de Cicéron et de Tite Live, est cité par Sénèque Comme cette énumération suffirait à le prouver, les principales librairies (tabernae librariae) s'ouvraient sur les places publiques ou sur les rues adjacentes; il y en avait au forum romain au forum de Jules César au vices Sandaliarius aux SigillariaS°. Des annonces et des exemplaires à vendre garnissaient du haut en bas la devanture et les piliers voisins" ; à l'intérieur, les lettrés et les curieux se réunissaient pour prendre connaissance des nouveautés, au milieu des boîtes (capsae) et des cases (nidus) remplies de livres79. La librairie avait déjà pris assez d'extension à Rome à la fin de la République, pour que les ouvrages en langue latine fussent exportés au dehors ; Cicéron confiait à Atticus le soin de répandre ses écrits à Athènes et dans les autres villes de la Grèce 13. Ceux des grands poètes du temps d'Auguste, aussitôt publiés, étaient lus dans tout le monde civilisé". Cependant on ne vit qu'assez lentement les libraires s'établir à demeure dans les villes de province ; au temps de Trajan, Pline, informé par un ami qu'il y en avait à Lyon, manifeste un certain étonnement, et Lyon était la plus grande ville d'une province depuis longtemps latinisée 15. La plupart des livres à vendre étaient donc expédiés directement de Rome; les libraires de la capitale ne se faisaient même pas faute de réserver pour les clients de province les vieux exemplaires maculés : un Horace défraîchi pouvait encore se vendre en Afrique ou en Espagne 1S. Mais à partir du ne siècle les provinces latines, devenues sans doute plus difficiles, eurent aussi leurs librairies et les échanges de l'une à l'autre devinrent plus actifs 17. Les prix des livres16 variaient, naturellement, suivant le format, la qualité de la matière première, la beauté de l'écriture, etc. Nous sommes embarrassés même pour établir un prix moyen , car il a d11 aussi varier beaucoup d'un âge à l'autre. Nous savons qu'en 407 av. J.-C. deux feuilles de papyrus coûtaient à Athènes 2 drachmes 4 oboles, soit environ 1 fr. 25 la pièce [PAPYRUS] 19, ce qui porterait à 26 drachmes 4 oboles (25 francs) le prix d'un rouleau de vingt feuilles [LIBER]. Mais les calculs que l'on peut fonder sur ce renseignement sont très fragiles, et en tout cas, à supposer qu'ils nous donnent avec exactitude le prix moyen de l'an 407, il est bien certain qu'on n'en peut rien conclure pour l'époque postérieure, et surtout pour l'époque romaine; car le prix du papyrus a dù subir dans la suite une baisse considérable. Stace envoie à un ami, à l'occasion des Saturnales, un petit livre (libelles) de sa composition ; il l'a fait copier sur du papyrus neuf, orner d'un étui de pourpre et de deux umbilici [LIBER] ; ce petit exemplaire soigné représente, indépendamment du travail de l'auteur, une valeur de 10 as (environ 0 fr. 70)". Le premier livre des Épigrammes de Martial, « bien ébarbé à la pierre ponce, et orné de pourpre », se vendait chez le libraire Atrectus 5 deniers (près de 5 fr. 40) ; mais l'auteur déclare luiméme que c'était trop cher'-'. On pouvait se procurer pour 4 sesterces (1 fr. 10), chez le libraire Tryphon, le livre XIII du même recueil ; en le vendant pour 2 (0 fr. 55), il aurait encore réalisé un bénéfice". Ces exemples suffisent à montrer qu'à la fin du ter siècle les livres étaient d'un prix fort abordable, même pour les bourses modestes. Le nom de librarii a servi à désigner non seulement les copistes et les libraires, mais encore les secrétaires, les teneurs de livres et les comptables 23. Sur leur condition à tous, on trouvera les renseignements néces