Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LIBURNA

LIBURNA ou LIBURNICA (NAVIS). Vaisseau de guerre léger et rapide, dont l'invention est due aux pirates Liburniens d'Illyrie". C'était, à l'origine, un croiseur de forme allongée qui s'effilait en pointe à la poupe et à la proue, et présentait deux rangs de rames 2. Les liburnes apparaissent dans la flotte romaine dès le milieu du let siècle avant notre ère. Lucain les signale à Pharsale 3 ; César s'en sert en 48 avant J.-C.". Horace mentionne leur présence dans la flotte d'Octave, en 31 '. Après la victoire d'Actium, où les liburnes jouèrent un rôle décisif, en détruisant les lourds vaisseaux grecs de la flotte d'Antoine et de Cléopâtre, leur emploi se généralise au point que le mot liburna, rencontrant à Rome une faveur égale à celle du mot trière en Grèce, perd peu à peu sa signification spéciale et précise, et désigne, d'une façon générale, tout navire de guerres. A la fin du Ive siècle, Végèce oppose les, liburnae aux lusoriae, la flotte de guerre qui protège les côtes maritimes à celle qui sillonne les fleuves frontières'. Il y a désormais des liburnes de toutes les tailles, depuis un rang jusqu'à cinq rangs de rames'. Pourtant le type de la liburne primitive, à deux rangs de rames, semble s'être conservé, car Zosime, contemporain de Végèce, oppose encore les 77),oïa A('Gtpva aux pentécontères et aux trières 9. Nous ne possédons aucune représentation figurée certaine de la liburne. On a supposé que le bas-relief découvert dans le temple de la Fortune à Préneste, et aujourd'hui conservé au musée du Vatican, représente une liburne, mais ce n'est là qu'une simple hypothèse 10. Une mosaïque, trouvée en 1896 à Medeina, en Tunisie, dans le triclinium d'une villa romaine ", montre, au centre d'une grande composition marine où des Tritons et des Néréides évoluent autour de l'Océan et d' Amphitrite, un grand navire à deux rangs de rames, gréé d'une large voile, au mât incliné, sur laquelle se lisent les mots sui forme assez lourde, et il est chargé d'amphores. Malheureusement, la mosaïque est aujourd'hui très mutilée ; de plus, elle avait déjà subi des restaurations assez maladroites dans l'antiquité : le milieu du navire a été refait et l'on peut se demander si l'ouvrier chargé de la réfection du pavement a bien fidèlement restitué les parties manquantes du dessin primitif. Donc, à supposer que la mosaïque représente bien la liburne de guerre, le document n'aurait qu'une faible valeur; mais il semble que l'artiste n'ait voulu figurer ici, comme dans les pièces voisines de la même villat3, qu'un simple bateau de commerce servant au transport de l'huile ou du blé, et LIC -1239 -LIC dont le véritable nom serait peut-être apaeona ou apaeona, mot d'ailleurs inconnu. P. GAUCELER.