Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article LIGNA

LIGNA, ;éna, les bois. Le terme tiyynum (çUov) servait à désigner la substance solide plus ou moins compacte qui constitue la racine, le tronc et les branches des végétaux, c'est-à-dire le produit nad urel qui n'a pas encore été façonné ni modifié par le travail cle l'homme. Lorsque le bois est considéré par rapport à l'usage que l'on en fait„ il prend le nom de MATEHTES (üar)1. Les anciens, comparant les végétaux aux corps des êtres animés, ont souvent employé, pour en désigner les différentes parties, les noms des parties de l'organisme animal qui leur paraissaient semblables ou analogues; c'est ainsi que les vaisseaux sont appelés venae (p)(é.ç), les fibres nervi (iveç) 2, le tissu cellulaire coco (axp;) 3 ; la partie dure du bois, nommée xapo(a par les Grecs, est comparée par Pline aux os des animaux'/'; l'aubier (alburnum), que Théophraste n'a pas distingué du reste du bois, a été assimilé à la graisse (adeps) 3. Le bois a été utilisé dès les premiers temps pour construire des abris, fabriquer des instruments et des ustensiles divers, pour se chauffer et faire du charbon. Nous énumérerons simplement ici, par ordre alphabétique, les principaux arbres dont le bois a été employé à ces divers usages. Abïes, i)A'o' , le sapin'. -Cet arbre croissait dans les diverses régions (le l'Europe ; en Grèce, il se trouvait notamment sur le Parnasse et en Macédoine', et celui de cette dernière contrée était le plus estimé ; il y en avait aussi en Arcadie, près de Ikrané 8; ici les arbres, poussés dans un lieu qui ne recevait jamais les rayons du soleil, atteignaient, il est vrai, une grande hauteur, mais ils fournissaient un bois moins solide que celui des arbres venus dans des lieux ensoleillés. En Italie, les sapins des Apennins et, des Alpes étaient les plus recherchés et, parmi les premiers, on préférait ceux du versant de la mer Tyrrhénienne à ceux des versants du nord et de l'est. Le sapin des pentes occidentales était appelé abies infernas, l'autre chies supernas; le bois du premier passait pour meilleur". Il y en avait aussi de très beaux en Corsef0. L'Italie en tirait de la Gaule et prisait ceux du Jura et des Vosges ; ensuite venaient les arbres de Corse, de la Bithynie et du Pont, puis ceux d'Arcadie ; quant aux sapins du Parnasse et de l'Eubée, ils étaient rameux et noueux et passaient pour se pourrir facilement1l. Le sapin s'abattait au printemps, époque où l'écorce se détachait le mieux12. La partie inférieure du tronc, qui était exempte de noeuds, flottée et dépouillée de son écorce, était appelée sappinus, la partie supérieure, noueuse et plus dure, fusterna13. Le bois de sapin, LIG 1213 LIG réputé imputrescible, qualité que le hasard avait fait découvrir lors d'une inondation eu Arcadie', avait de nombreux usages [MATEBIES_. Arec, cp€vô«woç, oyfx,y)iEivos,l'érable '. LesGrecsen distinguaient deux ou trois espèces. L'une au bois fauve, veiné et solide, qui croissait dans les montagnes humides et notamment, à ce qu'il semble, dans la région de l'Olympe du côté de la Macédoine, était appelé ~vy!x par les habitants du pays; l'autre, au bois blanc, plus tendre et moins veiné, était désignée dans cette même région par le terme y),Eïvoçt, tandis qu'ailleurs elle paraît avoir reçu le nom de aipÉvlxuvo; 6 ; une troisième espèce, du côté de Stagire, était appelée x),tvdrpoyoç 6. L'érable blanc naissait aussi au delà des Alpes; on l'appelait gaulois (gallicum) dans l'Italie transpadane où l'on s'en servait pour marier la vigne 8. L'Italie tirait les érables de l'autre espèce de l'Istrie et de la Rhétie; c'était de ces pays que venait la plus belle sorte dénommée pavonine d'après la disposition des veines ; on appelait la moins belle crassiveniuin . Ce que l'on prisait surtout dans l'érable, c'étaient des protubérances ou tubérosités appelées brus citai et molluscit i0. Alaternus, cta6x'r, l'alaterne". Cet arbre ne naît que dans les montagnes ; il se trouvait en Macédoine". Son bois blanc était bon pour les ouvrages de gour '° [TORNATUBA. Alnus, eXïl©px, l'aune''`. Les anciens connaissaient une seule espèce d'aune' ; c'était un arbre au tronc droit, au bois tendre qui croissait dans les plaines et dans les lieux humides". Enfoncé en terre dans les endroits marécageux, son bois passait pour avoir une durée indéfinie; aussi l'appréciait-on là où il fallait construire sur Cet arbre, dans lequel la tradition voulait que les premières barques eussent été creusées", parait avoir été l'objet d'une culture particulière en Italie, où on le multipliait au moyen de scions fichés en terret9. Planté dans l'eau, il protégeaitles campagnes contre les inondations 20 ; son ombre passait pour favorable aux plantes21; on lui connaissait des tubérosités, mais elles étaient loin d'être prisées comme celles de l'érable et du citre 22; enfin ses feuilles étaient employées en médecine". Andraclile, àvôpxyn~, espèce d'arbousier2t. On est d'accord pour voir dans cette plante une variété d'arbou sier commun. C'était, selon Théophraste, une plante de montagne qui ne venait pas dans la plaine; on la trouvait du côté de lit Macédoine. Son bois était employé pour les métiers à tisser 23. Aquifolium, agrifolium, aquifolia arbor26, x-i;axaTcov le houx. Il parait très vraisemblable que les anciens connaissaient le houx. Classé parmi les arbres sauvages à feuilles persistantes qui résistaient à la culture28, il poussait du côté de l'Olympe27 et se plaisait dans la plaine et dans la montagne 30. Planté dans une maison de ville ou de campagne, il avait la réputation de préserver des maléfices 31. Son peu de développement à l'état sauvage ne permettant pas de tirer un grand parti de son excellent bois, on n'en faisait guère que des traverses 32 et des bàtons 33 qui passaient pour avoir la singulière propriété, lorsqu'on les lançait trop faiblement contre un animal, de se relever d'eux-mêmes pour se rapprocher de la bête 34. 'Apia, l'alisier allouchier 35. Il est décrit comme un arbre à bois dur 36, incorruptible 37, difficile à travailler 38 et qui donnait un excellent charbon 39 dont on se servait dans la métallurgie de l'argent pour le premier grillage du minerai. Balanus, pznavoç, la noix de ben t0. Ce mot désigne un arbre d'Égypte qui fournissait un bois solide employé dans les constructions navales et à d'autres usages sur lesquels nous ne, possédons aucun renseignement ". Son fruit était utilisé dans la parfumerie [UNGLEHTA; Y2. Betulla, le bouleau 43. Inconnu en Grèce n, le bouleau est décrit par Pline comme un arbre de Gaule qui se plaisait dans les lieux froids 43. Les baguettes de bouleau composaient les faisceaux des licteurs; elles servaient aux ouvrages de vannerie, à faire des liens Y0. En Gaule, on extrayait du bouleau une espèce de goudron. Buxus, acç, le buis" On le rencontrait dans la Grèce septentrionale4S, en Macédoine, au mont Olympe, mais il y était de grandeur médiocre, noueux et pour cela même inutilisé19. C'était au Cytore, en Paphlagonie, dans le Bérécynthe, en Phrygie, et dans les Pyrénées qu'on en trouvait la plus grande quantité, mais le plus beau et le plus développé venait de la Corse o0. Le buis fournissait un bois estimé pour sa couleur jaune clair 51, qui ne se pourrissait ni se fissurait 62. Impropre au chauffage LIG 121 LIG et à la fabrication du charbon, il se travaillait très bien' et était employé dans la menuiserie pour des pièces qui exigeaient un bois d'une grande solidité, capable de résister à la carie, à l'humidité et à l'influence du temps MAZERII:5. Les Romains, qui en distinguaient trois espèces, aimaient le huis pour les jardins et appréciaient celui de Gaule et celui d'Italie ; la troisième espèce. appelée oleastrum, n'était d'aucun usage à cause de sa mauvaise odeur 3. On le multipliait par des boutures en liant ensemble cinq ou six brins"". Carpinus, ôarpuç et ôaTpéc, le charme Le charme était connu comme arbre de montagne et de plaine qui se plaisait dans les lieux humides 6. Indigène dans l'Italie transpadane il était estimé pour son bois pâle, blanchâtre et dur (MATEHIES] ; mais en Grèce on lui attribuait une influence fâcheuse sur la parturition'. II fut beaucoup employé pour faire des torches (faces)', et sa cendre avec celle du hêtre entrait dans la préparation appelée SAPO10 Castanea, le châtaignier -Nous ne savons si cet arbre était connu des Grecs. ruais il était l'objet d'une culture étudiée en Italie, oit on l'avait amélioré par des greffes renouvelées '2.11 se plaisait, disait-on, dans les montagnes et dans les vallées 13, mais il aimait les terrains secs f4. Le châtaignier se multipliait de graine ou de provins et se coupait à sept ans 76. Son bois, classé parmi ceux que la carie n'attaquait que très tard10, servait principalement à faire des échalas pour la vigne "; un jugère de châtaignier fournissait des échalas pour cinq jugères de vigne. On employait encore ce bois à d'autres usages sur lesquels nous n'avons que des renseignements très vagues". Cedrus, x_Spoç, le cèdre. Le cèdre dans l'antiquité a été souventconfonduavecle genévrier («pxsuOoç, juniperus)19. Il est mentionné dans Homère où Calypso le fait brûler avec d'autres bois odorants 20, mais on ne peut savoir exactement de quelle espèce d'arbre résineux il s'agit. Théophraste, qui ne parait pas avoir vu l'arbre lui-même, le classe parmi ceux qui se plaisent dans les lieux froids et qui viennent dans les montagnes de Thrace et de Phrygie21. La Syrie en produisait dont les dimensions étaient remarquables ; il y en avait notamment de fort beaux dans les jardins de ce pays 22. Cet arbre dominait en Cilicie 20. Le grand cèdre (cedrus magna, major), ainsi appelé par opposition au petit cèdre (cedrus miner, cedrus lycia, phainieia) qui est vraisemblablement un genévrier, reçut aussi le nom de cedrelate". Le cèdre le plus considérable dont on fasse mention venait de Chypre; il avait été abattu pour la galère à onze rangs de rames de Démétrius Poliorcète et mesurait 130 pieds de long; il fallait trois hommes pour l'embrasser 2e. Avec les cèdres de Syrie, ceux de Crète et d'Afrique étaient les plus estimés 23. Outre le bois qui était regardé comme éternel", on appréciait l'huile qui se tirait de la résine du cèdre comme préservatif contre les vers et la pourriture, aussi bien pour le bois que pour d'autres matières. On s'en servait en Égypte pour embaumer les morts2", et elle avait grande réputation pour la conservation des bois et des livres"s Ce/titis, voir Lotus. Cerasus, xépaaoç, le cerisier 10. Il passe pour avoir été introduit en Italie par Lucullus 31; au temps de Pline, sa culture s'était étendue jusque dans la Bretagne. Il fut cultivé surtout pour ses fruits; cependant son bois est décrit comme s'il avait été employé dans les constructions 32, mais on ne saurait dire à quel usage. Citrus, Oux, léov, le thuya articulé 33. La racine de cet arbre a fourni un des bois les plus recherchés du luxe romain. Il était peu connu des Grecs; ceux-ci, pour qui son nom est indécis (lés ou Oéov), savaient seulement que c'était un arbre de Cyrénaïque semblable au cyprès, dont le bois imputrescible avait servi jadis de bois de charpente dans le pays d'origine 34 ; ils n'ignorent pas que de celui de la racine on a fait-des ouvrages de prix. A l'époque romaine, on le trouva dans la Mauritanie, où ceux du mont Ancorarius ne tardèrent pas à être épuisés". Comaros, voir Andracltle. Iio),otT«, le saule marceau3f. On le trouvait dans l'Ida", mais nous ne savons si c'est en Crète ou en Asie; nous ignorons aussi l'usage de son bois dense et dur. Koaou'ri , le baguenaudier38. Tout ce que nous savons, c'est que son bois fut employé pour faire des bâtons39. Cornus, xpâvet«, le cornouiller03. Arbre de montagne et de plaine", le cornouiller se trouvait en Troade et en Macédoine où il poussait dans des lieux humides". Il est nommé dans Homère 43, LIG 1215 LIG Les anciens paraissent en avoir distingué deux variétés, l'une au bois très dur qu'ils appelaient le cornouiller mâle, l'autre au bois plus tendre qui, à leurs yeux, était l'arbre femelle'. Cet arbre, qui se reproduisait de semis et de boutures 2, servait, dans l'Italie transpadane, à marier la vigne On appréciait aussi son fruit que l'on conservait après l'avoir fait sécher au soleil ". Corylus, xap5« ilp«x),amrtxri5, le coudrier noisetier. Il vivait et fructifiait dans les montagnes '; on le trouvait aussi dans la plaine' ; son bois était employé dans la vannerie 8 ; on en faisait des échalas', des broches" [MATERIES]. Cet arbre se multipliait de boutures" ; et son voisinage était censé nuire aux vignes 12 Crataegos, xp 'r ,yoç ou xp«T«tyâly 13, l'azarolier' 4. Nous ne connaissons pas l'usage de son bois qui est cependant mentionné comme solidei5. C7Ip'ressuS, xu7CâptTTOç, Xuazptasoç, le cyprès". Au temps de Théophraste, on croyait que le cyprès était indigène en Crète ; c'est là qu'il trouvait, ce semble, les conditions de vie les plus favorables ; car si, partout ailleurs, on le reproduisait au moyen de graine, en Crète il repoussait du tronc, de la souche et même de la racine ; il naissait spontanément, disait-on,dans la chaîne de l'Ida et sur les montagnes blanches aux sommets toujours couverts de neige ". C'était d'ailleurs dans les climats chauds qu'il se plaisait le mieux, en Lycie, à Rhodes, en Cyrénaïque f8. Il paraît avoir eu quelque peine à s'acclimater en Italie 19, où l'on cultiva surtout deux variétés, le cyprès pyramidal, considéré comme l'arbre femelle, et le cyprès étalé, appelé arbre mâle, auquel on mariait la vigne ; l'autre servit d'abord à séparer les rangées de pins dans les plantations, puis entra dans la décoration appelée topiarium opus 20 [HORUS]. Des deux variétés on tirait des perches et des pieux, qui, à la treizième année, se vendaient un denier ; les plantations de cyprès étaient d'un bon rapport et on les appelait la dot d'une fille" Le cyprès se semait en avril dans un terrain meuble, bien aplani, et on le transplantait au bout d'un an 22. Sa longévité était grande et l'on citait à Rome un cyprès contemporain de la fondation de la ville qui périt à la fin du règne de Néron 23. Cet arbre était consacré à Pluton et ses branches se plantaient auprès des maisons où il susceptible de prendre et de garder le poli, était très estimé"; mais on recueillait aussi ses baies qui servaient à la fabrication d'un vin artificiel26 et fournissaient une huile employée dans la préparation des parfums 21 et en médeéine 28. Sa résine était peu estimée". V. Cytisus, xÔTtcoç, la luzerne arborescente 30. Nous ne trouvons que la mention de la dureté du bois, sans indication d'usage 31. Erica, €pc(x' , la bruyère en arbre a2. Le bois paraît avoir été employé à faire des socles 33 Fagus, d,6r,, le hêtre 3'. Les Grecs en connaissaient deux espèces, l'une blanche, qui croissait sur les montagnes et dont le bois était très estimé, l'autre noire, qui poussait dans la plaine et était regardée comme de moindre valeur ". Les plaines du Latium produisaient des hêtres admirables et de grandes dimensions 30. L'écorce du hêtre servaità certains usages religieux 37 ; son fruit, la faine (glans fagea), se récoltait pour les animaux", enfin sa cendre entrait dans la préparation du SAPO 39. Ferula, vâpe-r) 0, la férule commune". -On la regardait comme le plus léger des arbrisseaux et comme très propre à faire des cannes pour les vieillards". Ficus, aux-i, le figuierS3. Le figuier était plus recherché pour ses fruits que pour son bois ; présent des divinités, il était sacré pour les Grecs et le figuier ruminai était l'objet de la vénération des Romains [ARBORES aACRAE]. Les Grecs le cultivèrent avec soin dans la plaine ; le meilleur moyen de le reproduire était de planter en terre, après l'avoir appointie, une branche un peu forte que l'on enfonçait à coups de maillet jusqu'à ce qu'elle ne dépassât plus que très peu; on recouvrait ensuite de sable ; ce procédé donnait les plus beaux plants "; on le piquait aussi dans une scille pour le préserver des vers ". Pour donner de bons fruits, il ne lui fallait en général que peu d'eau ; le figuier de Laconie faisait exception "6. On vantait les figuiers du Pont ", ceux de l'Ida en Troade, au bois fort et souple, qui atteignaient les dimensions de l'olivier". Le figuier fut aussi l'objet d'une culture soignée en Italie où l'on acclimata dans la campagne d'Albe des espèces syriennesS9. Il était au nombre des arbres que l'on plantait dans les vignobles 50 Dans les montagnes du côté de la Macédoine poussait le figuier sauvage (ptvadç, caprificus)" dont on estimait le bois pour sa souplesse " ; il était entretenu aussi en Italie pour la greffe et la caprification 53 [PosA]. Fraxinus, µsala, le frêne ou orne; bumelia, (iouN.Eatoç, le frêne élevé ". Les anciens avaient distingué deux espèces de frênes ; l'une d'un beau port, très élevée, peu noueuse, au bois relativement tendre, se plaisait surtout dans les vallées et les lieux humides et était appelée en Macédoine 4ouµiatog (bumelia) ; l'autre espèce, moins haute, au bois plus serré et plus dur, croissait sur les montagnes ". D'après Théophraste, l'espèce appelée µs7 (« 157 LIG 124,6 LIG se trouvait clans le Ponti et les deux étaient abondantes dans la vallée du Nil'. Comme le bois de frêne était des plus utiles et se prêtait à toute espèce de travail', cet arbre fut cultivé en Italie, où l'on préférait celui qui avait poussé dans des endroits humides 4. Il se multipliait au moyen de boutures que l'on transplantait vers le milieu de février' et on l'abattait en automne °. II fut aussi planté dans les vignobles'. Ilebenus, Ëôn'ioç, l'ébénier, plaqueminier ébénier8. Les anciens n'ont sur l'ébénier que des renseignements très incertains. Théophraste parait croire que c'est un arbrisseau particulier à 1 'Inde 9 ; il n'en connaît que le bois rrui était dans le commerce dès une haute antiquité et classé parmi les matières précieuses, puisque les Éthiopiens en payaient tous les trois ans au roi de Perse un tribut de deux cents troncs ou bûches 40 (t¢z).a.ya;l dont nous ignorons la mesure, et que Pausanias dit avoir vu de très anciennes statues en ébène]]. A l'époque de ce dernier circulaient encore sur la nature et la provenance de ce bois des récits fabuleux qui tendaient à le faire passer pour une matière fossilel2. L'ébène avait figuré dans le triomphe de Pompée sur Mithridate 13. On dirait qu'il y avait deux espèces d'ébéniers : l'un rare, dont le bois était beau et bon, l'autre commun n'offrait qu'un bois sans valeur 14 La poudre d'ébène passait pour un excellent remède ophtalmique ". Iledera, xt-«dc, xtaaôç, Bat;, le lierre 16. Au IVe siècle avant notre ère, on connaissait de nombreuses espèces de lierres, parmi lesquelles on distinguait trois principales que l'on appelait le lierre blanc, le lierre noir et l'hélix, faisant ainsi du lierre rampant une espèce à part qui, selon quelques-uns, pouvait se changer en lierre (à s 1TToôafat) proprement dit". On savait aussi que cette plante avec le temps pouvait prendre les proportions d'un arbre 18. Bacchus avait adopté le lierre pour se couronner [CORONA] 19 ; c'était aussi l'attribut de Silène20; des peuples de Thrace en ornaient leurs casques et leurs boucliers dans les fètes religieuses21; une variété de lierre noir, appelée par quelques-uns lierre de Nysa, servait à tresser les couronnes des poètes", Le bois de cette plante [MATERIES] passait pour avoir la propriété de séparer le mélange d'eau et de vin en laissant passer ce dernier seulement"; on en faisait aussi des Jugions, xapéx n' èttxri, le noyer ". Les renseignements fout défaut sur la culture du noyer en Grèce. Nous voyons qu'en Italie on le donne comme un arbre qui ne se plaisait pas sur les montagnes, craignait l'humidité", résistait bien aux vents27 et dont l'ombre était nuisible aux gens et aux plantes 28. Dans ce pays, on le multipliait de graine semée du 1er au 1h mars 29. Avec son bois on préparait un charbon recherché dans la métallurgie du fer 30 Juniperus, 4xe',6oc 31, le genévrier. -Cet arbre et le cèdre ont été quelquefois confondus 32 ; de cette confusion il ressort que les anciens connaissaient plusieurs espèces de genévriers. Il y en avait en Macédoine sur les montagnes", en Lycie et en Phénicie 34, que l'on prenait pour des cèdres ; on en trouvait de très gros en Espagne, surtout dans le pays des Vaccéens 35. Son bois était sous certains rapports mis au-dessus de celui du cèdre 3s. Avec ses baies on falsifiait le poivre 37 et, en les faisant bouillir dans du moût38, on fabriquait une espèce de vin artificiel conseillé par les médecins contre la fatigue 39 Larix, le mélèze °. On n'a rien trouvé chez les Grecs qui se rapporte à cet arbre 41. Au temps de Vitruve, il n'était connu, depuis César seulement, que des habitants des rives du Pô et des bords de l'Adriatique comme un arbre dont le bois était incombustible. Cette particularité aurait été découverte lors du siège d'un lieu, situé dans les Alpes, appelé Larignum, d'où l'arbre tira son nom 42. Le bois de mélèze venait de là par le Pô à Ravenne 43. On pensait que le plus grand arbre qui eût jamais existé était un mélèze dont Tibère avait fait exposer sur le pont de la Naumachie une poutre de 120 pieds de long eL d'une grosseur uniforme de 2 pieds 44. Cet arbre fournissait une résine fluide couleur' de miel, d'une odeur assez forte, qui ne se concrétait pas 43 ; elle était employée en médecine". Laurus, lâw'q, le laurier 47. C'est un des arbres les plus renommés du monde ancien et cela dès une haute antiquité. S'il n'en est fait mention qu'une fois dans l'Odyssée 4", où il ombrage la caverne de Polyphème, Hésiode dit qu'il l'a reçu comme un présent des Muses 49 et il a joué un rôle important dans les temps historiques, où il est l'arbre aimé d'Apollon, le symbole de la victoire a0 et celui de la paix"' [ARBORES SACRAE, CORONA, TRILMPIIVS]. Probablement originaire de la Thessalie, d'où, selon une ancienne légende, il fut apporté à Delphes 32 APOLLO], il était très répandu dans le monde grec à l'époque de Théophraste ; on le trouvait au mont Olympe, probablement sur le versant méridional, puisque l'arbre ne LIG 12i7 LIG pouvait supporter le froid'; il venait dans les régions montagneuses voisines de la Propontide, dans l'Ida en Troade, du côté d'Héraclée de Pont', et en Italie dans la plaine du Latium Les efforts faits pour l'acclimater en Crimée, à Panticapée, en vue des besoins du culte, avaient été inutiles". En ce temps on le multipliait surtout de rejetons transplantés avec leurs racines 5, car il venait mal de bouture et de graine, dégénérait le plus souvent A l'époque romaine, il fut introduit en Corse avec succès 3 ; sa culture avait fait des progrès, car, au Ica siècle de notre ère, on en connaissait de nombreuses variétés qui toutes se reproduisaient de graine ou se provignaient, sauf le laurier triomphal qui ne venait, dit-on, que de bouture (talea)10. Diverses superstitions étaient attachées au laurier ; on croyait qu'il éloignait la foudre" et que des branches fichées dans un champ protégeaient les moissons contre la nielle 12. En dehors de son bois, qui n'est pas très bon [MATERIES, IGMIARIA], on utilisait ses baies pour faire de l'huile et une espèce de vin". Ligustrum, le troène 14. Du bois de cet arbrisseau, qui se plaisait dans les lieux humides, on faisait des tessères Lotus ou celtlli.s'6, X0 t , le micocoulier 17. Sous le nom de lotus (awtiç) ont été confondus divers genres d'arbres, d'arbustes et de plantes 1fl ; notamment ce terme s'applique à la fois à une espèce de jujubier et au micocoulier. C'est de ce dernier seulement que nous avons à nous occuper. Selon toute vraisemblance, il correspond au lotus, grand arbre qui fournissait un bois noir, dense, dur jusqu'au centre, incorruptible et indestructible par le temps". Cet arbre était regardé comme originaire de Libye ; les plus beaux exemplaires se trouvaient notamment dans la Cyrénaïque du côté des Syrtes. On l'avait acclimaté en Italie, où, selon Pline, le terrain l'avait modifié". On citait à Rome trois de ces arbres dont l'un avait au moins 450 ans, l'autre, appelé capillata parce qu'on y portait les chevelures des vestales, peut-être davantage ; un troisième, dans le Vulcanal, passait pour contemporain de la fondation de Rome 21. Il y en avait six dans la maison de L. Crassus, dont il avait refusé six millions de sesterces ; ils périrent lors de l'incendie de Rome, sous Néron". Le fruit du lotus avait une grande réputation ; on le mangeait et on en faisait une espèce de vin ; tout ceci peut s'appliquer au fruit du jujubier ". Maltes, u.rln:s, le pommier V1. Cet arbre prospérait dans le Pont" [POSTA]. Le bois du pommier de la plaine passait pour meilleur que celui du pommier de montagne 25 ; on en faisait des échalas 27. Morus, auxzptvoç, le mûrier28. Nous n'avons pas de renseignement sur l'habitat de cet arbre en Grèce. En Italie, où il ne se trouvait guère que dans la plaine 20, on n'avait rien gagné sur lui par la culture ; on était seulement parvenu à lui faire produire des fruits tin peu plus gros 3Ô. Son bois très dur était estimé [MATERIES, IGw1ARIAj, Avec ses fruits desséchés, on faisait un vin artifcie131, On l'appelait le plus sage des arbres parce qu'il ne bourgeonnait que tardivement" et c'était une sorte de proverbe campagnard que, quand on voyait le mûrier pousser, il n'y avait plus rien à craindre de l'hiver u. Myrica, p.upixtij, le tamaris articulé 34 Théophraste distingue du tamaris de Grèce celui de file de Tylos, en Arabie ; le premier a un bois faible ; celui du second est aussi fort que le bois de l'yeuse 35. Il y avait aussi en Égypte et en Syrie un tamaris cultivé qui ne différait pas du tamaris sauvage 30. Celui d'Europe, au moins en Italie, n'était utilisé que pour faire des balais". gupziç 41, le myrte u. Le myrte est consacré à Vénus 4a, on en tresse diverses couronnes 44 [ARBORES SACRAE, CORONA, OVATIO, TRIUMPHUS); c'est aussi un arbre de deuil Fuxus). Il fut cultivé avec grand soin en Grèce et en Italie. Dans cette dernière contrée, c'était un arbre importé; la tradition voulait qu'il eût été planté pour la première fois au promontoire de Circé sur le tombeau d'Elpénor 45. II y en avait, disait-on, sur l'emplacement de Rome au moment de sa fondation et il fut peut-être le premier arbre planté dans les lieux publics 46. On en citait un d'une grosseur extraordinaire à Liternum u, En Grèce, il ne pouvait vivre aussi haut que le laurier, mais il prospérait avec lui dans les régions montagneuses voisines de la Propontide 46. Le plus odorant se trouvait en Égypte u. Les Latins en ont d'abord distingué trois espèces, puis deux seulement", le myrte cultivé et le myrte sauvage, appelé par quelques-uns oxymyrsine, mais ce dernier n'est pas un myrte 51. Dans l'espèce cultivée, on faisait trois variétés, le myrte de Tarente et celui de pays, tous deux utilisés dans l'opus topiarium; la troisième, appelée hexastictia, d'après la disposition des feuilles, n'était d'aucun usage. En Grèce, on multipliait le myrte de boutures"; en LIG 1211.8 LIG Italie, les diverses variétés venaient bien de graine dans la Campanie; à Rome, on le provignait; à Tarente, il se semait d'une façon particulière ; on brisait légèrement les baies les plus grosses, en ayant soin de ne pas endommager les graines, puis on en faisait une sorte de pâte dont on enduisait une corde que l'on enfouissait. Les boutures se transplantaient au bout de trois ans'. Il fallait beaucoup fumer et arroser le myrte 2 et, pour le maintenir à l'état d'arbre, l'éceper tous les deux ans 3. On lui attribuait diverses vertus, entre autres celle de préserver de la fatigue ; une baguette de myrte tenue à la main était utile à qui faisait une longue marche 4. Son bois avait été utilisé, ainsi que ses baies, dont on faisait du vin et de l'huile employée en médecine, et ses feuilles qui, séchées, fournissaient une poudre astringente conseillée contre les ulcères 0lea, nez, ai« 6, l'olivier cultivé, oleaster, xd'etvoç, l'olivier sauvage 7. Très probablement originaire de l'Asie 8, l'olivier passait en Grèce pour une création et un présent d'Athéné à laquelle il était consacré ° [ARBORES SACBAE]. Des légendes locales nous montrent l'olivier en Grèce à une époque très ancienne 10; on conservait religieusement à Olympie l'oleaster qu'Héraclès était censé avoir rapporté des régions hyperboréennes 11 . Argos croyait posséder l'olivier auquel Argus avait attaché Io changée en vache12. Cependant une tradition, rapportée par Hérodote f 3, voulait qu'à une époque qu'on a cru pouvoir fixer approximativement vers la 60e olym piade (540-536 av. J.-C.)f4, il n'y eût pas d'olivier cultivé en Grèce ailleurs qu'à Athènes. Quoi qu'il en soit, dans les ternps historiques, nous le voyons, protégé par la loi 15, prendre une importance considérable et, à partir de Pisistrate, sa culture s'étend sur toute la Grèce et dans les îles 16. Lorsque le climat s'y prêtait, l'olivier se reproduisait avec une grande facilité; il repousse du tronc, de la souche, de la racine; on plantait le bois sans racine après l'avoir fendu et introduit une pierre dans la fente 17. Au temps de Tarquin l'Ancien, l'Italie, l'Espagne, l'Afrique n'auraient pas possédé l'olivier ; au Jr esiècle de notre ère, il était non seulement dans ces contrées, mais aussi dans les Gaules. Sa culture avait fait tant de progrès que cet arbre qui, dans l'antiquité, avait la réputation de rapporter si tardivement, pris dans une pépinière et transplanté donnait une récolte l'année suivante 13. L'Italie en connaissait de nombreuses espèces 19 ; en ce pays, où il semble qu'on les ait de préférence propagés de boutures, c'est surtout au printemps 20 qu'on plantait les oliviers; en automne, on les fumait et la cendre des fours à chaux était un engrais qui, disait-on, leur convenait bien 2t. Le bois de l'olivier sauvage ou autre offrait au sculpteur, au menuisier, au charpentier, une matière des plus solides [M ATEBJES1 ; son fruit était recherché pour l'huile qu'on en tirait et pour la table Y2, ses feuilles étaient utilisées en médecine". Palma, poivt, le palmier, le dattier 24. Le palmier est en Grèce un arbre importé probablement par les Phéniciens, comme semble l'indiquer son nom "Al fait partie des attributs d'Apollon [ARBORES 5ACBAE] qui, selon la légende, a vu le jour au pied d'un palmier à Délos26; on en voyait auprès du sanctuaire d'Artémis à Aulis27. Cet arbre semble donc s'être répandu en Grèce çà et là à la faveur du culte de ces deux divinités 23. Son feuillage dans les grands jeux est le signe de la victoire20. Sous le climat de la Grèce, ses fruits ne mûrissaient pas, non plus que sous celui de l'Italie et de l'Espagne 30 ; mais de nombreuses espèces de dattiers étaient l'objet d'une culture méthodique, tant pour leurs fruits que pour leur bois, en Assyrie, en Perse, en Syrie, en Phénicie, en Égypte et en Libye 31 ; ceux de la Judée étaient renommés pour leurs dattes"; il y en avait beaucoup aussi dans quelques parties de l'Inde 33. On en cultivait à Rhodes 34 et à Chypre ; ici, les fruits ne venaient pas à maturité complète, mais ils étaient néanmoins assez doux35, Après le dattier, une espèce bien connue des anciens était le palmier nain (chamaerops, / )Lztoptpylç), commun en Crète et surtout en Sicile, dont la feuille était utilisée pour les ouvrages de vannerie 36. On a reconnu aussi le palmier doum dans le xouxtorpdpov de Théophraste (cita)37 dont le bois était recherché et dont le fruit avait un noyau dur qui, au moyen du tour, fournissait des anneaux. Les feuilles de palmier servirent d'abord à écrire"; plus tard on en fit des nattes, des parasols, des cordages 39. Son bois avait la réputation de donner beaucoup de fumée ; il fournissait un charbon dont la combustion était lente et qui ne s'éteignait pas facilement". Persea, IIapaé«, le sébestenier ou sébestier 41. C'était LIG 1249 LIG un arbre regardé comme propre à l'Égypte', où il était abondant notamment dans le norne de Thèbes et consacré à Isis 3. On l'avait introduit à Rhodes ; là il fleurissait sans donner de fruits'. Son bois noir ressemblait à celui du lotus 3. Persica, neprstxdv le pêcher 7. C'était un arbre importé en Italie 8 ; il fut introduit probablement à l'époque de la guerre contre Mithridate et cultivé pour ses fruits [POMA] ; avec son bois on faisait des échalas de médiocre qualité f0. Picea, 7reuxr), 7r(Tuç, le pin. Le picea de Pline est un conifère qu'on a identifié tantôt avec l'arbre appelé 7redxq par Théophraste ", tantôt avec l'épicéa 12. Le picea se plaisait sur les montagnes et au froid; il avait parfois une signification funèbre, mais non constamment, puisqu'on l'admettait dans les jardins 13. Son principal produit était sa résine qui était très abondante et dans laquelle il y avait des granules blancs qui servaientà falsifier l'encens. Son bois était inférieur à celui de l'abies'". Les botanistes sont d'accord aujourd'hui pour voir dans l'arbre appelé 7reéxIl et dans celui qui est désigné par le terme 7r(TUç, des espèces de pins 15; mais il est bien vraisemblable que les écrivains, en se servant de ces mots, ne se sont pas toujours astreints à désigner l'arbre dont ils parlaient par celui qui lui convenait absolument et que, à une époque où la valeur des termes n'était pas bien déterminée, plus d'une erreur a été commise 10. Les Grecs reconnaissaient deux genres de pins, le pin cultivé (aeuxrrl.epoç) et le pin sauvage (â7(p(a), et dans ce dernier deux espèces, l'une appelée lôa(x, l'autre 7rapaa(xi7; en Macédoine, on faisait un troisième genre auquel on donnait l'épithète de stérile (dzxap7rov), dans lequel on distinguait l'arbre mâle et l'arbre femelles. En Arcadie, ces distinctions n'existaient pas et l'on se servait du seul terme 7c(TUç pour désigner tous les genres de pins10 Le pin (ireux•il) était propre aux montagnes, en Macédoine20, et aimait le froid"; il y en avait dans la partie montagneuse du Latium u ; cet arbre, qui s'abattait au printemps23, était exploité pour son bois [MATERIES] et sa résine 2". Son charbon était recherché par les ouvriers qui travaillaient les métaux 25. ou pin parasol 28. S'il est hors de doute que ce pin était connu des anciens, on ne saurait affirmer que les expressions pinus, 7r(TUç, désignent toujours le même arbre"; peut-être est-ce à lui qu'Homère a fait allusion 30. C'est un arbre qui ne poussait pas dans les régions un peu septentrionales ; on ne le voyait pas dans le Pont" ; en revanche, il abondait dans l'Elide '2; il y en avait aussi à Chypre, dont le bois passait pour supérieur à celui du pin appelé 7reu)crl 33 [MATERUES1. Ce pin, en Italie, était l'ornement des jardins 3", bien que son ombre fût réputée nuisible aux gazons 33; on le cultivait pour sa beauté et pour ses pignons qui sont comestibles 36 et étaient utilisés en médecine u. Son feuillage fournissait la couronne du vainqueur aux jeux isthmiques 38 [CORONA 39, ARBORES 5ACRAE]; son charbon était recherché dans la métallurgie de l'argent ; enfin il était un attribut de Cybèle "0. Pirus silvestris, âypâç, le poirier sauvage ". Il croissait du côté de l'Olympe sur les montagnes et dans la plaine où son bois était meilleur "2 ; ce bois était de ceux que l'on teignait" [MATERIES]. arbre a été connu en Grèce dès la plus haute antiquité. De divers côtés on en montrait que la tradition faisait remonter au temps de la guerre de Troie S6. Gortyne, en Crète, prétendait posséder le platane qui avait abrité les amours de Jupiter et d'Europe"7 ; la Phrygie, celui où avait été pendu Marsyas vaincu par Apollon "p. C'était un arbre qui croissait facilement 19, se plaisait dans les lieux humides fi0, auprès des sources, au bord des fleuves"; il atteignait en certains endroits, même jeune encore, des dimensions extraordinaires 52. Quelques-uns ont excité une vive admiration, comme celui que Xerxès orna d'une parure d'or" et celui sous lequel, en Lycie, le consul Licinius Mucianus dîna avec dix-sept convives". Les platanes de l'Académie, à Athènes, étaient célèbres J5. Si cet arbre prospérait en Grèce sur le continent et dans les LIG -1250 LIG îles', il paraît avoir eu quelque peine à s'acclimater en Italie. Au Ive siècle avant notre ère, il y en avait peu du côté de l'Adriatique, si ce n'est près du temple de Diomède, et ceux que Denys l'Ancien avait fait planter à Rhegium étaient mal venus 2. Mais au temps de Pline, sa culture avait fait des progrès et il s'était propagé en Gaule jusque chez les Morins, où le sol qu'il occupait était frappé d'impôt 3. On avait même introduit en Italie la variété crétoise à feuilles persistantes 4. Le platane était un arbre qu'on soignait tout particulièrement; on allait jusqu'à l'arroser avec du vin En Grèce, il se multipliait de semis 6 ; en Italie, de provins Dans ce pays, c'est surtout pour son ombrage 8 et comme porte-greffe 9 que l'on fit cas du platane, car son bois paraît n'avoir eu que peu d'emplois f0. Populus nigra, afyetpo;, le peuplier noir" ; populus alba, Acésc , le peuplier blanc 12. Les deux espèces étaient connues des Grecs; ils les décrivent comme des arbres qui se plaisent également dans les montagnes, dans les plaines et auprès des cours d'eau". Le peuplier noir était assez abondant en Crète, où il portait des fruits; ailleurs il était stérile". Chez les Latins, on distingua en outre une espèce appelée libyque (peuplier tremble) 15. En Italie, le peuplier se multipliait de boutures 16 et était utilisé dans les vignobles f7. On attribuait au peuplier noir, qui abondait sur les bords du Pô u, la production de l'ambre t9 [ELECTRUM]. Le blanc était consacré à Hercule 20 [ARBORES 5ACRAE] qui, disait-on, l'avait trouvé près du fleuve Achéron, dans la Thesprotide, et introduit en Grèce u. De là venait que son bois seul était admis pour les sacrifices dans le sanctuaire dédié par le héros à Pélops 22 et dans le temple de Zeus à Olympie 23. Ce bois était aussi employé dans la construction et à divers autres usages [MATERIES]; les charbonniers en faisaient peu de cas 24. Quercus, apik, le chêne. -Ces termes sont les noms génériques les plus fréquents ; ils alternent souvent avec les noms spécifiques et c'est en vain la plupart du temps que l'on chercherait à déterminer chez les écrivains l'espèce dont ils veulent parler 25. D'ailleurs, la nomenclature antique était extrêmement confuse; on n'était d'accord ni sur le nombre des espèces, ni sur leurs noms, ni même sur leurs caractères u, Du côté de l'Ida, on comptait cinq espèces de chênes, toutes fructifères ; en Macédoine, quatre seulement, dont une, appelée âaspt;, selon les uns était stérile, selon d'autres ne donnait que de fort mauvais glands 47. A ceci il faut ajouter les arbres que Théophraste rapproche des chênes et qui sont aujourd'hui regardés comme tels: l'yeuse etie chêne àkermès (vrcùoç)2a puis une espèce de chêne-liège (cpe),X6ipuç) "Al semble aujourd'hui probable que les Latins ont distingué quelquefois le chêne rouvre (robur) du chêne pédonculé (quercus), qui, chez les Grecs, paraissent avoir été désignés par le seul terme apitç 30. Ces deux espèces croissaient à peu près partout en Grèce et en Italie 31 et même plus au nord ; on mentionne le chêne en Thrace o2, dans le Pont", en Germanie, où les rouvres de la forêt hercynienne étaient, pensait-on, contemporains de l'origine du monde 34. Pline énumère en outre quatre autres espèces, le chêne esculus (aesculus)", l'yeuse (ilex), le chêne cerris (cerrus) et le chêne-liège (suber)3s L'esculus (aesculus, tpr' ç) était l'arbre sacré de Jupiter 37 [ARBORES SACRAS] ; c'était lui qui rendait des oracles à Dodone 38 ; à Rome, ses rameaux fournissaient les couronnes civiques 39 [CORONAE]. Il avait aussi de plus humbles destinations ; en Italie, où il était plus rare que les deux espèces précédentes 40, on le cultivait pour en faire des échalas" ; ses glands étaient comestibles 42. On citait de très anciens arbres de cette espèce auprès d'Ilion ". L'yeuse (ilex, Trpivoç) 44, auquel on avait emprunté les premières couronnes civiques 45 et dont le bois était très estimé, venait en Macédoine et en Arcadie". On en connaissait deux espèces en Italie 47. Une variété appelée ilex aquifolia parva est le chêne à kermès, qui poussait en Espagne, en Galatie, en Pisidie, en Cilicie, en Afrique et en Sardaigne 48. Certains de ces arbres étaient célèbres par leur antiquité; on montrait à Rome, sur le Vatican, une yeuse plus ancienne que la ville même ; trois à Tibur, une autre à Tusculum qui avait 34 pieds de tour S9. Le bois de l'yeuse, d'une grande solidité, était recherché pour la menuiserie [MATERIES]. Le chêne cerris (cerrus) 50 était inconnu de la plus grande partie de l'Italie 51 ; son bois était peu estimé", son gland, amer 53. LIG --~ 1251 LIG parait avoir été rare en Grèce ; il n'était pas non plus commun en Italie, à ce qu'il semble 3. L'espèce d'Arcadie n'était peut-être pas un vrai chêne-liège; on en peut dire autant de celle d'Etrurie dont le feuillage n'était pas persistant 4. Son écorce ne parait tout d'abord avoir été employée qu'à faire des bouées, des flotteurs pour filets; plus tard on s'en servit pour boucher des vases et pour garnir des chaussures de femmes l'hiver 5. Le bois, de très médiocre qualité, n'était utilisé qu'à défaut d'autre, par exemple à Lacédémone et en Elide 6, Salix, èréa, le saule, l'osier 7. La Grèce en connaissait deux espèces, l'une appelée blanche, l'autre à écorce foncée et rouge appelée noire ; dans l'une et l'autre espèce il y avait une variété basse 8. En Italie on citait le saule blanc d'Amérie, le saule viminale ou pourpre, le saule gris (nitelina), plus mince que le précédent, le saule gaulois, le plus mince de tous On le cultivait en arbres et en buissons; les branches des arbres se taillaient en échalas, tandis que de l'écorce on faisait des liens; les buissons fournissaient des baguettes flexibles employées par les vanniers 10. C'était des arbres d'un bon revenu", qui se multipliaient de boutures ou de provins 92. En Vénétie, on s'en servait pour marier la vigne 13. Sambucus, âxT7), le sureau1'. Il vivait à peu près partout, sauf sur les montagnes"; dans les endroits ombragés et humides, sa vie était plus longue que dans les lieux secs 10. Sa propagation s'opérait au moyen de boutures 7 ; de son bois on faisait des bâtons légers et des échalas" [MATEHIES]; sa moelle était utilisée pour la conservation des fruits". Sari, a•àpt, le souchet en capitule ou le souchet en faisceau. Cette plante herbacée se trouvait en Égypte"; sa racine ligneuse et dure donnait un charbon estimé dans la métallurgie du fer21. Er,p.6Sce, l'yèble 22, ou le gainier, dit aussi arbre de Judéen. Cet arbre, assez mal déterminé, avait un bois léger utilisé seulement pour faire des bâtons24 Smilax, ap.f su , salsepareille d'Europe °6. -Cet arbuste qui, selon Pline, venait de la Cilicie", était assez répandu en Grèce et notamment en Arcadie 27. Son bois était légèrement sonore et doux à travailler. Sorbus, 8a, 67I, o(-r, 28, le sorbier". Arbre au bois solide et compact, le sorbier se plaisait dans les lieux froids 30 ; on le multipliait en Italie de stolons arrachés avec le talon 31 ; avec ses fruits, on faisait une sorte de vin 32 ; ils entraient aussi dans la préparation d'un fromage fort". Spina, zxavOz, l'acacia vrai 3t. --C'était un arbre exotique dont on tirait du bois de construction [MATERIES] et des gommes-résines odorantes 30. Il croissait dans la haute Égypte, où l'on en trouvait de grandes forêts sur le territoire de Thèbes", Il y en avait deux espèces principales, l'une blanche" et l'autre noire; le bois de celle-ci était le plus estimé. Une autre espèce, sur les confins de l'Inde et de la Perse, produisait une gomme semblable à la myrrhe3' ; une quatrième assez rare, appelée àxavlm Bttr (spina sitiens), se rencontrait dans les solitudes de l'Arabie ".Dans le Pont et dans la Cappadoce, on trouvait une variété semblable à celle d'Égypte, mais plus petite, dont le bois figura dans un des cinq triomphes de Césart0. Les fleurs de l'acacia servaient à faire des couronnes; elles avaient aussi des emplois médicaux4l. Styrax, a'rûpa , le styrax offcinal4". Cet arbre, connu pour son bois odorant", croissait en Pisidie, où l'on en faisait des hampes de lances". Taxas, (r.taoç, l'if45. L'if croissait en assez grande quantité en Macédoine et en Arcadie. Dans l'Ida (Troade), il y en avait moins; là se trouvait une espèce dont le bois de couleur fauve se vendait quelquefois pour celui du cèdre 4fi. Ses baies passaient pour vénéneuses, surtout celles de l'if d'Espagne, son bois pour malsain; on racontait que du vin transporté dans des récipients en bois d'if avait occasionné la. mort. En Arcadie même, le poison de cet arbre était si actif, disaiton, qu'il tuait ceux qui dormaient ou mangeaient à son ombre; mais on le rendait inoffensif en y enfonçant un clou d'airain", ce qui donne à penser que son influence nocive a été fort exagérée. Therebintltus, Tépg.tv@oç, le pistachier", Une seule des espèces connues des anciens était recherchée pour son bois ; c'était celle qui croissait du côté de Damas en Syrie ; dans cette région, les arbres atteignaient de grandes dimensions et couvraient, disait-on, des montagnes entières". En Macédoine et dans la contrée de LIG 1252 LIG l'Ida, le pistachier était petit; on n'exploitait celui-ci que pour son fruit et sa résine Tilia, g ),uca, le tilleul'. Il se trouvait dans les montagnes de'la Macédoine et généralement dans les régions froides et humides, poussant mal sous les climats chauds'. Dans l'Italie transpadane, il servit à marier la vigne 4. Outre son bois facile à travailler, on utilisa aussi son écorce, et notamment les tilles (tiliae) ou tuniques membraneuses de son liber, dont on faisait des liens, des cordes ; les plus fines, appelées philyrae, avaient été très recherchées pour les bandelettes (lemnisci) de couronnes'. L'écorce du tilleul trouva de nombreux emplois à la campagne pour des paniers, corbeilles, mannes à transporter la vendange ; on en couvrait le toit des cabanes ; fraiche, elle servait à l'occasion pour écrire Illmus, rTE) ix, l'orme Il est connu dès une haute antiquité; une tradition rapportait que les nymphes des montagnes avaient planté des ormes autour du tombeau d'Eétion, père d'Andromaque 9. Les botanistes grecs en ont noté deux genres; l'un qui n'était qu'un arbrisseauf0 et l'autre appelé iipEt7sTE)Ea'1 ; celui-ci était un grand et bel arbre qui se plaisait dans les lieux élevés et humides; il croissait en petite quantité dans l'Ida (Troade) " et aussi, à ce qu'il semble, en Macédoine 13. Au temps de Pline, en Italie, on en énumère quatre espèces 14 ; l'orme de montagne appelé atinia, dont les bestiaux mangeaient volontiers le feuillage u ; il ne donnait graine que rarement et était même considéré par quelques-uns comme stérile ; l'orme gaulois16, l'orme italien à feuillage touffu et l'orme sauvage. Toutes ces espèces se multipliaient soit de rejetons (1'atinia toujours), soit de semence". L'ombre de l'orme était réputée favorable 18, et, à l'exception de l'atinïa, il était au premier rang des arbres pour marier la vigne 19 ; ceux qu'on utilisait ainsi et qu'on appelait ulmi maritae20, étaient l'objet de soinsparticuliers; on recommandait de les planter en automne; à cinq ans, ou plutôt quand ils avaient 20 pieds de hauteur, on les transplantait dans les vignobles ; là ils étaient étêtés et leurs branches disposées en étages 21. Vitex, yvoç ou auyoç 22, le gatilier agneau-chaste 23. Ceci est plutôt un arbrisseau, mais à l'occasion il pouvait, comme le lierre, prendre les proportions d'un arbre, et dans ce cas son bois trouva emploi dans la bâtisse 24. On en connaissait deux espèces, l'une arborescente appelée blanche, l'autre petite et rameuse appelée noire". Ses graines étaient employées en médecine 26. Vitis, à(.1. ee),oç, la vigne L1. La culture de la vigne en Grèce remonte à l'antiquité la plus lointaine. Déjà dans l'Iliade, des localités comme Epidaure et Pédasos reçoivent une épithète (4.7rt)i6Elç)28 qui nous dit leur richesse en vignobles. En Italie, d'après Pline, cette culture aurait été très postérieure àcelles des céréales 29. Quoi qu'il en soit, il parait bien vraisemblable qu'au ve siècle avant notre ère elle était déjà très répandue dans cette contrée 30. Les espèces de la vigne étaient innombrables 31 ; seul dans l'antiquité, Démocrite passait pour s'être vanté de connaître toutes celles de la Grèce32. Nous ne pouvons entrer ici dans le détail de la culture de cette plante qui se multipliait de semis et surtout de boutures et de provins" Elle peut prendre un très grand développement et pour cette raison les anciens l'avaient rangée parmi les arbres ; c'est dans l'île de Chypre que les vignes atteignaient la plus grande taille34. On citait à Rome, au portique de Livie, un pied de vigne qui à lui seul formait une sorte de berceau, où l'on pouvait se promener à l'ombre, et produisait douze amphores de vin 35. Le bois de vigne, quoiqu'il fût solide et des plus durables 36, n'avait qu'une médiocre importance à l'époque historique ; ce n'est que dans des temps très anciens et peu fréquemment, ce semble, qu'il fut employé dans la construction et dans la sculpture, notamment des statues de Bacchus dont la vigne est un attribut essentiel [BACCHLS, MATEBIES[. A Rome, un bâton de cep de vigne était l'insigne de la dignité du centurion". Coupe des bois. Les arbres étaient abattus (arbores 7roç 3, Sp~Tdµos 4'') qui les entaillait profondément au pied avec la hache (securis 40, 7riaexu; 46) et dirigeait ensuite leur chute avec des cordes 47. Parmi les arbres, les uns devaient être équarris d8, les autres seulement écorcés (decorticare 49, paot~Ety) 50. Les premiers s'abattaient vers l'automne, lorsque le mouvement de la sève se ralentissait; ainsi procédait-on pour l'alisier (p(a), l'érable (acer), le chêne esculus (aesculus), le frêne (fraxinus), le hêtre (fagus), l'orme (ulmus), le tilleul (Miel) ; le chêne (robur, lpa) se coupait le plus tard, au commencement de l'hiver; son bois était alors dense, dur, incorruptible et à l'abri des vers G1. Au contraire, il était préférable de couper au printemps les diverses sortes de pins et les sapins, parce qu'à cette époque l'écorce se détachait avec facilité ; de plus, le bois de sapin prenait une plus belle teinte après la première sève '. Pour hâter le séchage du bois, on pratiquait quelquefois une entaille circulaire assez profonde au tronc des arbres et on les laissait sur pied afin de favoriser l'écoulement des liquides'. Des idées superstitieuses régnaient au sujet de l'influence de la lune sur les bois. La coupe ne devait avoir lieu que du vingtième au trentième jour de la lunaison', et après le coucher de la lune '. On croyait unanimement qu'il y avait grand avantage à abattre les arbres dans la syzygie; le bois en devait être bien plus durable Le transport des arbres abattus fit, à une certaine épo que, partie des privilèges des DLNDROPHORI. ALF. JACOB. I IGNARIUS. EuAoupyiç. 1. Ouvrier qui travaille le bois', charpentier [TIGNARIUS], menuisier [INTESTINUM opus], bûcheron'. II. Marchand de bois, negotiator mater iarius [MATERIA]. LIGO. Instrument d'agriculture qui servait à remuer le sol'. Cet instrument avait un fer large' ; il était recourbé muni d'un long manche grâce auquel on en pouvait frapper le sol avec force'. Dickson le compare à la bêche 5. Je croirais plus volontiers que le lige n'était pas sans ressemblance avec notre houe. Comme la houe, en effet, le ligo servait à remuer profondément les terres dures ou en friche 7, à extirper les mauvaises herbes' et tout ce qui pouvait nuire à la culture 2, à retourner et à. briser les glèbes10. C'était un véritable instrument de culture, tandis que la bêche est plutôt un outil de jardinage. Existait-il des lige dont, comme pour certaines de nos houes, le fer était divisé en deux dents [BIDENS] ? La question reste douteuse. On ne peut, en faveur de cette opinion, alléguer qu'un seul texte dont l'interprétation est incertaine: fracti dente ligonis". Le fractus ligo, instrument certainement bien connu de Columelle, mais que nous ignorons, était-il un lige dont le fer, à son extrémité, se divisait en deux dents'? Faut-il au contraire, avec certains commentateurs, traduire fractus par recourbé, l'inclinaison du métal imitant, pour l'oeil, l'effet d'une cassure", de telle sorte que cette épithète serait synonyme de celle que nous avons mentionnée plus haut: incurvus ligo"? Peut-être doit-on voir l'image d'un ligo dans l'instrument que représente la figure 4484", d'après une coupe ornée de bas-reliefs représentant les travaux d'Hercule ; la brusque courbure, à angle aigu, de l'instrument, est certainement rendue avec exactitude par l'épithète fractus. Ce sens, un peu détourné il est vrai, est très admissible, car le texte est en vers et les mots y peuvent être employés pour peindre une image ; il n'est d'ailleurs pas plus hypothétique que le sens à deux dents ; ajoutons que, sur notre figure, Hercule se livre à un de ces rudes travaux pour lesquels, d'après les textes, l'usage du lige est tout indiqué, puisque, pour nettoyer les écuries d'Augias, il détourne le cours de