Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

LUCERNA

LUCERNA, LYCHNUS (Aéyvcç 1, quelquefois Xfyvov 2). Le mot latin correspond exactement au mot grec. Tous deux désignent l'ustensile dans lequel la lumière était produite par la combustion d'une mèche imbibée d'huile ; ils s'opposent aux mots lampas, fax, candela, cereus, quaient aux différents genres de torches ou de flambeaux. L'étymologie commune de lucerna et de )iéyvoç doit être cherchée dans une racine lut, ),ux, d'où sont immédiatement dérivés le grec poétique ).6x rl, aube, crépuscule, et le latin lux On a pu croire, pendant longtemps, que les habitants de la Grèce primitive n'avaient pas connu l'usage des lampes, car dans l'épopée homérique les procédés d'éclairage au moyen des torches résineuses et des réchauds (ôa(SEç et )\ŒN.7cTT snç) 4, plus souvent en core au moyen du feu allumé dans l'âtre, paraissent bien rudimentaires, et c'est avec beaucoup de lenteur qu'on voit se former un luminaire plus savant. Pourtant les fouilles de Mycènes ont prouvé d'une façon irréfutable qu'avant Fig. 4564. candélabre. l'invasion des Doriens, la Grèce était déjà en possession d'un système d'éclairage perfectionné, analogue à celui des temps classiques. Cet élément de luxe et de confort sombra, avec tant d'autres, dans la tourmente d'où devait sortir un monde nouveau. Le musée d'Athènes possède plusieurs grandes lampes de pierre dont quelques-unes sont posées sur un support comme des candélabres (fig. 4564) ° et qui ont été trouvées dans les tombeaux de l'acropole mycénienne : la forme est celle de lampes à deux becs, disposés aux deux extrémités de l'axe le plus long et largement ouverts pour recevoir une grosse mèche ; la vasque centrale est peu profonde et ornée sur le pourtour d'une élégante décoration de volutes et de perles (fig. 4565) 6. On y brûlait sans doute de l'huile d'olive ou de la graisse d'animal 7. D'après Clément d'Alexandrie, ce fut aux Égyptiens que LUC 1321 --LUC les Grecs empruntèrent la lampe '. Hérodote nous apprend qu'en Égypte on se servait, comme lampes, d'écuelles remplies de sel et d'huile, et que la mèche était tout simplement placée à la surface de ce mélange'. Aucune lampe de ce genre n'a été retrouvée sur les bords du Nil; mais l'on a découvert une quantité considérable de lampes en forme d'écuelles ou de coquilles dans la plupart des pays que les Phéniciens ont habités ou colonisés, par exemple en Phénicie 3, à Chypre 4, à Carthage 5, en Sardaigne 6. Des lampes de même forme étaient placées dans les nécropoles juives de la Palestine ' ; selon Josèphe 3, ce seraient les Hébreux qui auraient enseigné aux autres peuples l'usage d'allumer des lampes les jours de fête ou pendant certaines cérémonies religieuses. Pour indiquer l'heure du soir où l'obscurité commence, Hérodote se sert de l'expression ,cep( ),éyvmv tçg (au moment où l'on allume les lampes) °. 11 est souvent question, dans les auteurs comiques, de lampes en bronze ou en terre cuite f ° ; à la fin du ve siècle ou au commencement du ive, une lampe d'or, garnie d'une mèche de lin d'une finesse extraordinaire, brûlait nuit et jour dans le sanctuaire d'Athéna Polias, sur l'Acropole". De plus en plus la lampe remplaça la torche ou le flambeau, sauf peut-être dans quelques cérémonies religieuses très anciennes, dont l'origine était bien antérieure à l'introduction du lychnos en Grèce, telles que les lampadédromies, les Éleusinies, les rites de l'hyménée. Jusqu'à la fin du monde antique, l'usage de la lampe fut général en Grèce. A Rome comme en Grèce, on commença assez tard à se servir de la lampe. Les vieux Romains ne connaissaient que la candela32; le mot lucerna est, d'après Varron, d'une invention postérieure au terme candelabrum ; peutêtre même fut-il formé à l'imitation du grec atyvog 13. Deux vers de Lucilius " permettent de croire que le mot lyclmus fut employé par les Latins avant le terme lucerna pour désigner la lampe : En tout cas, Ennius, Lucrèce, Virgile employèrent souvent le mot grec de préférence au mot latin''. Les découvertes archéologiques confirment ces indications. Les plus anciennes lampes qui aient été jusqu'à présent découvertes à Rome proviennent de la nécropole de l'Esquilin ; Dressel, qui en a fait une étude approfondie 10, pense qu'aucune d'entre elles n'est antérieure au milieu du ve siècle de Rome (environ 300 av. J.-C.); en outre, elles lui paraissent être toutes de fabrication campanienne. Ainsi l'usage de la lampe fut emprunté assez tardivement par les Romains aux villes grecques de l'Italie méridionale. Il devint bientôt aussi général dans le monde romain que dans les pays de civilisation hellénique. Sous l'Empire, on employa partout des lampes ; il n'est pas une seule région, où l'on n'ait trouvé quantité de lampes en terre cuite de l'époque im pénale. L'usage de la lampe, adopté par le christianisme, s'est perpétué jusqu'à nos jours ; pendant de longs siècles, aucun changement essentiel ne fut apporté ni au principe ni même à la disposition générale de cet ustensile. Abstraction faite des variétés de détail et des motifs si divers de décoration, que nous examinerons plus loin, la lampe antique, orientale, grecque ou romaine, était formée d'un récipient, destiné à contenir une quantité plus ou moins grande d'huile, et d'un ou de plusieurs becs, d'où sortait la mèche unique ou les mèches multiples, qui s'imbibaient d'huile et que l'on allumait. Le plus souvent, le bec ou les becs se trouvaient dans le même plan horizontal que le récipient lui-même. Le récipient était tantôt à air libre, tantôt couvert. Dans ce dernier cas, la face supérieure du récipient était percée d'un ou de plusieurs orifices, de dimensions variables, oit l'huile était versée; parfois cet orifice ou ces orifices étaient fermés par un couvercle mobile. Souvent aussi un trou extrêmement fin était ménagé dans la paroi supérieure du récipient; il est probable que ce trou était destiné à laisser pénétrer dans la lampe l'air nécessaire, quand l'orifice, par lequel on versait l'huile, se trouvait fermé. A la lampe était souvent adapté soit un manche, soit une anse en forme d'anneau''. Nous connaissons quelques-uns des noms que les anciens donnaient aux diverses parties de la lampe. Dans son ensemble, la lampe portait en Grèce le nom de 'miros ; le bec s'appelait N.uog ou uL`-,«; une lampe à deux becs, ),é vos i(,uu og, à trois becs, Tp(uu,og te ; le nom général de la mèche était I éwtov; les mots tai.i.og, Opé«),atg19 désignaient plutôt la matière dont la mèche était faite. Chez les Romains, la lampe s'appelait lucerna, quelquefois lychnus 20 ; le bec, rostrum ou myxus 21 ; la mèche, ellychniumL2. Les savants de la Renaissance et les érudits modernes ont adopté encore d'autres noms pour les diverses parties de la lampe 23. Les lampes antiques en terre cuite que l'on possède encore sont innombrables. Les lampes en bronze sont moins nombreuses; mais le bronze, comme l'argile, a été employé dès les premiers âges de la lampe ; une lampe en bronze, de forme primitive, a été trouvée à Chypre 24. Et d'autre part le bronze était encore employé à l'époque chrétienne 26. Les lampes d'argile et de bronze étaient d'un usage également courant". Mais l'on fabriquait aussi des lampes en d'autres matières : nous avons parlé de la lampe d'or du temple d'Athéna Polias27 ; une lampe à deux becs, en or, a été trouvée à Pompéi 23 ; une autre lampe, en bronze incrusté d'or, a été découverte, il y a quelques années, près de Domo d'Ossola, dans l'Italie septentrionale 29. Plusieurs lampes en plomb sont sorties de la nécropole de l'Esquilin 30, Des lampes en pierre, ayant la forme d'une petite édicule ornée de colonnes et de chapiteaux ioniques, ont été découvertes dans le sanctuaire de Golgoï, à Chypre 3', Des lampes en albàtre, en verre, en ambre même ont été signalées 32 LUC 4322 LUC Les matières, avec lesquelles on fabriquaitles mèches des lampes, étaient aussi très variées. Les noms grecs Oo~IXi.nt; sont. fort expressifs. Le Lb r o;, en latin verbascuin, est, une plante, que nous appelons la molène ou le bouillonLlanc; la 8cvxni,tç, en latin thryallis, n'en était qu'une variété; c'étaient les feuilles de cette plante que l'on employait comme mèches '. La mèche de la lampe d'or du sanctuaire d'Athéna sur l'Acropole était en lin de Carpasia (Chypre) Les Romains se servaient, pour fabriquer les mèches de leurs lampes, soit d'étoupe ', soit de plantes, par exemple de papyrus de ricin ' , le soufre était aussi employé dans la fabrication de ces mèches'. Quant au jonc ou .ecirpus, mentionné par Birch, il servait plutôt à fabriquer les mèches de flambeaux ou de chandelles que les ellyc[lniu proprement dits . Le liquide dans lequel. trempait la mèche était l'huile végétale, Dur, nleere, quelquefois mélangée de sels; dans certains pays en Sicile, e Babylone, on employait des huiles minérales, que les anciens considéraient comme des bitumes liquides, ou qu'ifs appelaient des eaux huileuses ". On savait aussi, au moins à la fin de l'antiquité, soutenir l'huile au moyen de l'eau et faire plonger au fond du vase contenant les deux liquides un petit trépied portant la mèche à la. surface ". La lampe proprement dite. était souvent complétée par une sorte de lige en métal munie d'un crochet, avec laquelle on Lirait la mèche en dehors du bec pour en raviver la flamme. Quelques-unes de ces tiges ont été trouvées attachées par des chaînettes aux lampes mêmes auxquelles elles servaient" (voir plus loin, fig. 4597). On se servait aussi de petites pinces dont on voit (fig.1r666) un modèle". Sous sa forme la plus simple et la plus répandue, lalampe antique se composait d'un récipient circulaire ou ovale, prolongé par un bec et muni ou non d'une petite anse. Mais cette ferme elle-même s'est modifiée à travers les tiges. On rencontre d'abord des écuelles en terre cuite ou en brome, dont le bord est comme pincé de manière à former un bec. Ces lampes n'étaient pas couvertes; le fond en était rarement plat, et elles devaient manquer de stabilité. Elles n'avaient presque jamais d'anse. De très nombreux spécimens de ce genre ont été recueillis à Chypre 13, en Phénicie ° (fig. 4567), et dans la plupart des régions où les Phéniciens ont séjourné ; une lampe de cette forme, munie d'une anse, se trouve au musée de Constantine''; plusieurs exemplaires analogues, mais sans anse, figurent dans la collection réunie au musée d'Athènes''. Cette forme, très primitive, correspond exactement à la description qu'Hérodote nous donne des lampes égyptiennes"; c'est elle aussi, sans doute, qu'il fautreconnaitre dans ce passage de Pol 'o.... Bientôt deux modifications furent apporté( s à cette forme de la. lampe: d'une part, le bec fut allongé; d'autre part, on se préoccupa de couvrir le récipient, de protéger l'huile contre les poussières et les malpropretés de toute espèce qui pouvaient y tomber. Quelques formes de transition sont curieuse, à observer, par exemple une sorte (le cornet en terre cuite à double ouverture ", trouvé en Tunisie, à. Lamta, dans une nécropole punique (fig. 4i68) ; des lampes de plomb recueillies sur l'Esquilin"-n; plusieurs lampes qui présentent encore la forme générale d'une écuelle ronde, mais dont le bec est nettement détaché et dont les bords sont recourbés à l'intérieur21. Enfin, l'orifice du ré cipient devint de moins en moins large, le bec se développa de plus en plus, et les formes courantes de la lampe grecque se dégagèrent des talonnements du début. Elles peuvent être réparties en deux variétés principales : A. Récipient circulaire, quelquefois cylindrique ; l'orifice occupe le centre du disque supérieur ; le bec, bien détaché, est tantôt simplement arrondi, tantôt élargi à son extrémité ; il n'y a point d'anse ; parfois r le récipient est orné d'une petite corne latérale. Souvent les lampes de cette forme sont recouvertes d'un vernis noir brillant, métallique 2'. Celle qu'on voit (fig..4569), provenant de file de Chypre', est décorée de quelques traits de peinture. La lampereproduite(fig.4S70), munie d'une anse, a été quilin, et parait avoir été fabriquée en Campanie au li' siècle av. J.-C. B. Récipient circulaire, plus aplati que dans les lampes LUC 1323 LI C précédentes; bec long, presque toujours élargi à son extrémité; la lampe est munie d'une anse assez large et souvent cannelée; la corne latérale existe, parfois très prononcée (fig. 4571). En raison de leur forme allongée, ces lampes ont été dites delphiniformes. Beaucoup de lampes de cette forme ont été trouvées dans l'Afrique du Nord; mais elles y ont été importées de l'Italie méridionale, et quelques-unes d'entre elles portent des marques grecques'. Les lampes grecques proprement dites, c'est-à-dire les lampes trouvées en pays grecs et certaine ment antérieures à l'établissement de la domination romaine dans ces pays, sont d'ailleurs fort rares. Nous pouvons suivre avec plus de précision et de süreté le développement de la lampe romaine à partir de l'ère chrétienne. Abstraction faite des formes de transition, trois types principaux se succédèrent 2 : A. Lampe à récipient rond, sans anse, muni d'un bec très détaché, le plus souvent orné de volutes (fig. 4572) ; quelquefois deux oreillettes latérales décorent le bord du récipient à droite et à gauche. B. Lampe à récipient rond, muni d'une anse en forme d'anneau; le bec est court et rond (fig. 4573). C. Lampe de basse époque, dite chrétienne; le récipient est de forme presque ovale ; il est muni, à la place de l'anse, d'un petit manche plein et pointu ; le bec plus ou moins allongé est arrondi et sans ornement (fig. 4574) 3. A ces formes extrêmement courantes de la lampe commune à un seul bec, il faut encore ajouter les lampes dont le récipient était sur monté d'une sorte d'entonnoir adhérent (fig. 4575) ; il est probable qu'elles sont de très basse époque ; en Afrique, elles étaient sans doute contemporaines de l'invasion arabe, puisque beaucoup d'entre elles sont décorées du vernis vert brillant, caractéristique des poteries modernes de Nabeul Ces lampes ordinaires, munies d'un bec unique, ne pouvaient pas fournir une bien vive lumière. De très bonne heure, on s'efforça de remédier à cet inconvénient; on doubla la lumière en donnant deux becs à la lampe. La lampe primitive en forme d'écuelle témoigne déjà de ce progrès. Au lieu de pincer le bord de l'écuelle en un seul endroit, on le pinça en deux points voisins, et l'on obtint ainsi deux becs au lieu d'un (fig. 4576). Cette forme est même la forme habituelle des lampes trouvées dans les nécropoles puniques les plus anciennes, en particulier à Carthage'. Le ),ujvoç ci u,oç des Grecs, la bilychnis des Latins était dès lors inventée. Elle se transforma progressivement comme la lampe à un seul bec; on ferma d'abord le récipient, comme le montre la fig. 4577 s ; puis on en arriva à la bilychnis de l'époque romaine, dont le plus souvent les deux becs étaient très allongés et quelquefois très ornés. La même forme subsista pendant la période chrétienne; mais elle fut moins décorée et perdit de son élégance. On ne s'arrêta pas à la bilychnis ; on fit des lampes à trois, à quatre ou un plus grand nombre de becs. Parfois les deux becs d'une bilychnis, au lieu d'être voisins, étaient très écartés ou même placés aux deux extrémités opposées de la lampe (voir fig. 4593, 4594, 4610). Les lampes à deux ou plusieurs LUC 1324, -LUC becs sont parfois munies d'un ornement, que ne possèdent pas les lampes communes à un seul bec; au-dessus de l'anse, s'élève un manche tantôt triangulaire, tantôt en forme de croissant (voir fig. 4593 à 4595). Quand le nombre des becs était considérable, ils formaient pour ainsi dire couronne autour du récipient, soit que ce récipient fût destiné à être posé, soit qu'il fût garni d'anneaux ou de crochets pour être suspendu. Une lampe en bronze du musée de Naples', de style très ancien et qui rappelle les poteries noires étrusques (fig. 4578), se compose d'une cuve cylindrique autour de laquelle les becs sont distribués; l'un deux, en avant, est modelé en tête humaine. Au milieu du bassin une colonnette sert de manche ; son chapiteau porte une figure de Sirène, au-dessus de laquelle une tige à tête de serpent se replie en crochet; le fond, plat, s'appuie sur trois pieds à grilles. La plupart des lampes circulaires à plusieurs becs devaient être suspendues et pour cela étaient munies d'anneaux, de chaînettes ou de tringles comme celle qu'on voit (fig. 4579) qui a neuf lumières 2. La forme générale des lampes dérivait donc de la forme circulaire de l'écuelle primitive; les lampes communes ne s'en écartent pas sensiblement; même les plus grossières en gardent toujours quelque chose. Les lampes de forme rectangulaire sont rares. Il en existe pourtant qui sont carrées ou oblongues, comme celle du musée de Naples (fig. 4580) qui a seize becs rangés sur les deux côtés d'une sorte de nacelle4; d'autres coniques, allongées en biberons, contournées en croissants. La fantaisie des artisans grecs et romains ne s'en tint point là ; elle donna aux lampes de terre cuite et de bronze les formes les plus variées, les plus originales sans doute, ces formes sont exceptionnelles, mais elles témoignent de la fertilité d'invention des ouvriers anciens, en même temps que de l'habileté avec laquelle ils surent adapter les types les plus divers à la destination propre et aux nécessités pratiques de la lampe. Quelques lampes semblent être de véritables statuettes: cette divinité assise à demi vêtue d'une chlamyde 7, cette Victoire égorgeant un taureau e, cet Éros moitié assis moitié couché ce Silène sur son outre 1o, ce Triton qui tient une rame de la main gauche ", cet enfant endormi sur un lit de repos (fig. 4581) f2, ce potier qui, de son soufflet, ranime ou avive son feu f 3 [FOUIS, fig. 3133, 3134], ce sont des lampes. Bien souvent aussi, les lampes avaient la forme d'une tête : tête de Jupiter Ammon 14, de Silènes, de Pan 1s de Faune f7 ; têtes plus ou moins grotesques de nègres et d'esclaves f8. Le disque supérieur était parfois remplacé par un masque comique (fig. 4582)19. Dans ces lampes, tantôt le bec est formé par la lèvre inférieure proéminente, tantôt il est placé au bout du LIJC 1325 LI'C menton ; l'orifice, par lequel on versait l'huile, est ménagé au sommet du crâne. Avec la tête, c'est le pied qui, de toutes les parties du corps, a été le plus souvent imité par les fabricants de lampes; plusieurs lampes en terre cuite et en bronze ont la forme d'un pied humain(fig.4583) chaussé de ]a trépide, ou sandale 1 courroies CR12FIDAI 1 ; parfois deux pieds sont accolés 2 le bec se trouve placé soit sur le gros orteil, soit tout près de lui. Les lampes en forme d'animaux sont aussi très fréquentes : oiseau «fig. 45811), chien cheval', chameau accroupi «fig. 4585), éléphant 7, tigre rat 9, grenouille t0, tortue ", escargot 10 (fig. 4586) tels furent les types empruntés par les fabricants au règne animal. Nous pouvons y joindre les lampes qui représentent soit un mufle, soit une tête entière de taureau 13. Signalons enfin quelques lampes en forme de barque 1E ( fig. 4587 ), de pomme de pin75, de casque de gladiateur 15, de croissant f 7, de corne d'abondance 1fi, d'édicule ornée de colonnes ioniques 19. Il semble qu'aucune forme, si étrange fût-elle, n'ait paru inapplicable. En dehors de la forme même des lampes, la décoration était des plus variées. Déjà sur les lampes primitives en forme d'écuelles, les potiers phéniciens ou puniques traçaient au pinceau des bandes de couleur brune ou noire20; une lampe en bronze de même forme, trouvée à Chypre, est ornée d'une palmette 21. Les lampes grecques que l'on peut considérer comme les plus anciennes se distinguent surtout par leur couverte noire, d'un brillant métallique 22. I1 semble que les ornements en relief n'aient apparu qu'assez tard. Dans l'Afrique du Nord, où, gràce à des fouilles très méthodiques, nous pouvons plus facilement peut-être qu'ailleurs suivre, dans son évolution chronologique, le développement de la lampe, les premiers reliefs ne se montrent que vers le milieu du second siècle avant l'ère chrétienne. Des nécropoles de Carthage et de Lamta sont en effet sorties deux séries de lampes à reliefs, qui peuvent être datées approximativement. La première série se compose de lampes rondes, sans anse, à bec bien détaché, en terre jaunètre non vernissée ; par leur forme, ces lampes rappellent exactement les lampes grecques à couverte noire très brillante. Le disque est orné de reliefs représentant divers motifs très simples, un cippe ou un autel torse, entre une pomme de pin et une grenade (fig. 4588), un caducée entre deux palmes, une corbeille remplie de fruits, une laie, une vache, une oenochoé, etc. Ce qui caractérise ces lampes, c'est qu'elles portent presque toutes l'image dite de Tanit, soit en relief, soit gravée à la pointe dans l'argile avant la cuisson : le plus souvent cette image décore le bec; quelquefois elle occupe le centre du disque. Les lampes de, cette série ont été trouvées, les unes dans tin puits funé raire voisin de la nécropole punique de Bordj Djedid, les autres au fond du cimetière ces Officiales ; le P. Delattre, qui les a toutes recueillies, estime qu'elles « fournissent de précieux points de contact entre la période punique et la période romaine à Carthage 23 ». La seconde série se compose surtout de lampes dites delphiniformes, qui proviennent des nécropoles de Lamta, de Béja, de Bulla Regia. Le disque est décoré d'un cercle d'oves, de rameaux garnis de feuilles, de rinceaux (p. 1323, fig. 4572) ; à l'origine du bec, se voient souvent deux têtes de cygne ou d'ibis adossées'. Les lampes de cette série ne sont pas antérieures au ter siècle av. J.-C. Dressel assigne la même date aux lampes de forme analogue, décorées, elles aussi, de rameaux (lierre, pampres, etc.), qui ont été découvertes à Rome ou dans les environs 25. A partir de l'ère chrétienne et pendant toute la période de l'Empire, les fabricants de lampes se plurent à décorer de motifs en relief leurs produits, même les plus simples. Ce fut le disque supérieur de la lampe qui leur servit surtout de champ; là, ils placèrent les sujets les plus variés. une ;antre en (sorti, "°cornulus et lento allaaité', par la Lou i''. itf éis cris nc. r pas ia der r; proprement toriques les si . s sont anecdotiques ; le dernier plutôt ,o ' rte, tout au moiras légendaire. La littérature n' d méme avoir étéuse source bien le é iris, L'inscription Titrtrtc,, qui se lit sur _n tant unie scène pastorale' indique. c ra=ce l'illustration te l'églogue !' est peut-être la ft l)ie lf Rertci)'d contée pat' f,stepe, q'tti se trouve sali une lampe trouvée en Suisse, Vin 1;12t - Autour du suje+a, c oral, ils ména;ereut souvent, sur le pourtour du di-. ne zone qu'us remplirent de feuil lage ou de sriotif. i nits: ils voulurent donner an bise le plus d'élégance traitèrent de même le manche, et le petit ce i,erele en métal ou. eu argile des tin(-d couvrir l'ion t. a %i iiuiir,tt : en un mot, ils appliq d' rent. à tous les éléments de la _anape les ressource de leur génie inventif. Les sujets moulés en relief sur le disque les lai nues d'argile sont d'une infinie ariété', La mythologie y tient une très grande place : il n'est pour ainsi. dire au 'nne des grandes divinités du monde gréco-romain qui r( trouve représentée : J upi ter, tantôt assis sur s . in t le sceptre en main, tantôt accompagné de 1 tige, qui tient le foudre dan ses serres; Junon; a:pollon, sofa: les traits du dieu citharède; Diane chasseresse, as ei tain arc et SOU Sein .a tell" yen char traîne par des e rf ; d'are, ■ lied ou en bute, enta u t' de ses attributs, lutée, bour.., coq, bélier, ii.' ie; Minerve, casquée, 1a poitrine couverte de 1 ,e de la lance et du bouclier, ayant parfois la ,t auprès d'elle, Mars; f'énus et l .émou Cérès sur u char attelé de deux dragons: .hii. t vïnité,' marins, Neptune, Amphitrite, avec leur é «daim de Tritons et de Néréides, Scylla; les divinités inter :.',.s; Pluton, Proserpuu -t le chien Cerbère; Bacchus et son thia,e, Sabrer, et Ménade-,, Esculape, Hygie, l'an et Petto (fig. _ puis, non moins fréquents, les demi-dieux et les titi' Castor et Pollux, Hercule, Bellérophon, Persée, et ces êtres légendaires, de nature mixte, inventés ou du moins vivifies par l'imagination aies Grecs, Centaures, Amazones, etc. A la religion proprement romaine, sont empruntées d'abord la. Triade Capitoline, puis quelque divinités allégoriques qui jar irent un grand rôle à 1" que impériale, la 'Victoire, la Fortune, ia déesse Rom.. 1 C,''ii,' de Borne ou d'auguste, L'Orient fournil aux f de lampes les images de Sérapis coitl'ri (lu rnoilius front orné d'une heur de lotus, d 'Anubis d'liarpocrate de Cybèle trônant entre deux cannée de tours, ou encore traînée sur un . '' us, d'A(s,-,, de. Marsyas ; du dieu Sol, la de la déesse Luua, posée sur un croissant do Hui ie ne fut pas seulement par leurs areges que ces dieux, ces déesses, ces héros figurèrent dm-es la décoration des lam pes: ce fut aussi par leurs L'. .1 Ts emblèmes, leurs attributs. Ganymède enlevé pu,. gl , lié='a et le cygne, Europe assise sur le taureau, r„apelient les aventures mythiques de Jupiter ; le sommeil d'Endymion est un des épisodes de ta légende de Diane; parmi les travaux d'Hercule, la victoire du h éros sur i' hydre de Lerne, la capture du sanglier ci Fr rmanthe, ide t" Liche aux p, d'airri.n,deCerbère ;dans le'mythe d.Persée, la.t'élic d'Andromede, la. mort de la (itorgo.ie, citaient , uns des sujets favoris que les potiers repr(.aentr'ie t sur les lampes. D'autre part, l'aigle posé sur le foudre, les dauphins croisés sur une rame ou sur un trident, .e canthare d'où émergent des rameaux sue et le v t;c ii noire on scsphos, ne peuvent étre que des attributs ou. (les emblèmes de Jupiter, de Neptune, de Bacchus, d' lercule. Le cycle de la, guerre de Troie n'est, pais absent de nos lampes : on y voit le jugement de Paéris, le rapt du Palladium par Ulysse et Diomède, la mort, d'Hector, Achille traînant le cadavre d'Hector autour ale Troie, la fuite d'Enée; l'Odyssée , est représentée par plusieurs épisodes Ulysse et les Sirènes, Ulysse et Circé, Ulysse chez Polyphème. Les légendes béotiennes ont fourni les deux motifs du Sphinx et d'OEdipe devant le Sphinx, peut-être aussi celui du taureau de Dircé, Beaucoup plus rares sont les sujets d'inspiration historique ou pnri nientlltté ai •'e. `lueiques r ~ r ça cal i',, cs , re pré ntent ils de empereurs oit rmpéra. tri• ? i,.i ne ,irait l'affirmer, Sur une lampe, on reconnu-H, D'» gène et son pi.thos ; sur une ~ autre, 1 t. i,i'sode bien connu d'Alexandre et rie Diogène' ; sur c la mythologie, c'est la vie et la nature qui. tiennent : plus de place dans la décoration des lampes. Le.. sui.i reiare ne sont pas moins nombreux que les scènes ni tholegiques. Parfois des Amours ou des Génies ailés 1 r ur lassent les personnages réîels ; mais le plus souvent sont copiés directement sur l'a réalité t faut r ligne [put ce qui se apporte l'ai rai ..-'r roue, au théâtre, aux jeux, aux erses, anacombats , gladiateurs de toute sorte, dans 1 toutes les postures, luttes de bestiaires contre des animaux sauvages, combats de bêtes féroces entre elles; vues élu cirque Humus, îig, i.c,al'¢l, courses de biges ou de 1327 -LI t quadriges, cochers t chevaux. vainqueurs; acteurs, =vasques comiques ou tragiques, combats de coqs, coqs vainqueurs, ety.'.. t'aussi sont les scènes de chasse, les sa u les scènes de pèche, les représentations de ba°aus, les s: eues de la vie domestique, qui nous montrent des esclaves allant etvenant, des femmes autour d'un bassin ; signalons encore les motifs suiv'ants : un boucher dépeçant un animal. suspendu à un arbre ', tin bateleur faisant grimper un chien à une échelle«t .1, fig.. rt5), un chamelier conduisant un chameau à l'aide d'une longe 3, un paysan vendant un porc, etc. Quelques sujets sont empruntés à la vie du soldat, : sur une lampe trouvée en Afrique, on voit un militaire faisant le salut à un officier qui passe devant lui à cheval et qui parait lui donner un ordre' (fig. 4590), Les scènes érotiques et obscènes sont fréquentes '. Les animaux, les plantes, les objets visuels ont été figurés à l'envi.: parmi les animaux, les éléphants, les bons, les tigres, les béliers, les chèvres, les brebis, les chiens, les sangliers, les oiseaux et les poissons de toutes sortes ; parmi les plantes, les palmes, les feuilles de eh:",le, les rameaux de vigne; parmi les objets usuels, les ~x particulier les amphores et les canthares, les cilles remplies de fruits. Les petits autels domest'qu.'s, les torches, les cornes d'abondance, les croissants de inc 'accompagnés ou non d'étoiles sont aussi très frnts. Enfin, beaucoup de lampes sont simplement d'ornements géométriques, tels que rosaces, stries en relief rectilignes ou courbes, cercles en relief. La décoration de ces ustensiles communs embrassait ainsi les sujets et les motifs les plus variés, depuis les scènes à plusieurs personnages et les vues d'édifices tels que les cirques et les amphithéâtres jusqu'aux simples lignes droites et courbes. Tantôt ces sujets et ces motifs remplissent le disque supérieur tout entier ; c'est presque toujours le cas pour les lampes sans anse; tantôt au contraire ils sont comme enfermés dans une zone circulaire qui occupe. tout le pourtour de la lampe, et où le potier a figuré soit des oves, soit des ornements décoratifs empruntés au règne végétal, pampres, brunettes de chêne, guirlandes de pins ou palmes: c'est le cas très souvent pour les lampes munies d'une petite anse en forme d'anneau ; cette zone est toujours ménagée et prend une véritable importance dans les lampes chrétiennes. il est assez rare que le disque supérieur des lampes en bronze soit orné de motifs en relief, comme le disque des lampes d arTgile, Matis les bords ou les fiant, du récipient t ' 'oiveut une décoration souvent Ires soignée, constituée soit par des palmettes ou des feuilles, soit par ïtes tètes humaines, des' Casques scéniques, des mufles d'animaux, disposés autour du récipient'. Non moins que le disque supérieur, le heu de la lampe prête à l'ornementation, ici des volutes, qui ne manquent ni de finesse ni d'élégance, rattachent l'extrémité du bec à la circonf érence même du récipient ; parfois cers i Mutes se terminent en têtes d'animaux, de loups, de griffons, de coqs ou de chevaux'. Là, entre le disque et le trou du bec, est posé soit un ]vasque scénique 3, soit un Amour, soit un vase, soit un animal de petite taille, comme un rat. Dans quelques lampes en bronze. le dessous du bec est décoré de feuilles d'acanthe ou de palmettes 'h Plus encore que pour le bectes fabricants des lampes antiques se sont efforcés de donner aux anses et aux manches des formes variées et art isti .tes. Si les anses des lampes communes sont constitua s simplement par un petit anneau, dans les specirr, choix l'anse prend un aspect plus élégant. Elle se déve,ope, s'élance et se recourbe en avant, projetant usqu au-dessus de la lampe une tète d'animal, de cheval (fig. 4591). de bélier, de tigre, de coq, de cygne, de dauphin, de lion, de taureau, ou encore un masque scénique10.Fréquemmentaassi, l'anneau simple qui sert d'anse se dissimule derrière un manche de proportionsrelativement considérables. Plusieurs lampes en terre cuite, surtout des lampes à feux_ ou plusieurs becs, possèdent des manches de forme triangulaire, que décore une palmette (fig. 439'2) : à la base de la palmette, se trouvent parfois deux dauphins affrontés, ou deux oiseaux qui picorent des grains". Sur un de ces manches, on voit l'épisode d'Ulysse et des Sirènes '2, Ailleurs le manche a la forme d'un croissant : la surface du croissant est ornée de motifs en relief tels que Jupiter tenant la, foudre (fig. 4h93) ", ou encore trois images du char solaire, montant, de face, et descendant 14 ; il n'est pas rare qu'au-dessus du croissant se détache soit un buste, par exemple celui de Sérapis, soit un oiseau les ailes éployées, soit un véritable groupe. Ailleurs le manche est constitué uniquement par un buste LUC 1328 LUC ou par une figure isolée. Quelquefois enfin cette partie de la lampe prend un développement anormal : à la place ou en avant de l'anse s'élève une arcade, sous laquelle une divinité, Jupiter(fig. 4594)Minerve, Cybèle, la Fortune (fig. 4695) 2 est assise ou debout 3. Une des lampes publiées par S. Bartoli présente, comme manche, un appendice rectangulaire qui figure un lectisterniu7n [LEC'rI STERNIFM, p. 1011, fig. 4381 et 43821 : devant une table à trois pieds sont à demi couchées sur un lit quatre divinités, Sérapis, Isis, Luna et peut-être Solo. Le couvercle, que l'on plaçait sur l'infundibulum, ne fut pas non plus négligé. On a con de ce genre en terre cuite; ceux que l'on possède représentent en général des masques scéniques s. Les lampes en bronze en ont qui s'enfoncent dans l'orifice comme un bouchon (plus haut, fig. 4391) ou qui se rabattent pour le fermer comme le couvercle en forme de coquille de la lampe reproduite (fig. 4596) provenant d'Éleusiso; ils étaient parfois surmontés de véritables statuettes souvent remarquables et reproduisent des motifs sans doute empruntés à la sculpture, par exemple un danseur (fig. 4597) ou le groupe connu de l'Enfant à l'oie (fig. 4609) '. Nous avons jusqu'à présent laissé de côté avec intention les sujets qui ornent les lampes chrétiennes. Ils forment une catégorie bien distincte et présentent un caractère spécial. Ce sont eux qui justifient le mieux l'épithète : chrétiennes. Les sujets sont empruntés soit à la Vie du Christ, soit à l'Ancien Testament, soit à la symbolique chrétienne. Ici le Christ te'rasse le serpent, le lion, le basilic et le dragon; là il se tient debout entre deux anges; ailleurs nous reconnaissons Daniel au milieu des lions, les trois jeunes Hébreux dans là fournaise, l'épisode de la grappe de Chanaan, Jonas et le monstre marin, Lazare dans son linceul; voici l'agneau, la colombe, le vase, le poisson,tous symboles chrétiens (fig. 1598)3; voici des croix latines, des croix grecques, des croix pattées souvent décorées de petits médaillons où l'on distingue l'agneau portant la croix; voici des chrismes de diverses époques, monogrammes simples, monogrammes cruciformes, monogrammes constantiniens. Le pourtour du disque, dans les lampes chrétiennes, est toujours occupé par une zone remplie d'orne ments : tantôt ces ornements sont purement géométriques, disques, rosaces, fleurons ; tantôt ils sont nettement chrétiens ou symboliques, comme les têtes des douze Apôtres, les colombes, les poissons, peutêtre aussi les coeurs'. La décoration des lampes chrétiennes en bronze est de même religieuse par l'inspiration; la croix et le monogramme y pu, sans témérité, voir dans un manche de lampe qui représente la tête d'un dragon tenant une boule dans son bec, une image du monstre infernal portant dans sa bouche la pomme du péchéf0 J LUC 1329 LUC Une lampe connue sous le nom de lampe du grand-due de Toscane, découverte à Rome ail siècle dernier, symbolise l'Église sous la forme d'une barque que conduit saint Pierre ou peut-être Jésus lui-même, assis au gouvernail; un autre personnage se tient debout à la proue dans l'attitude de la prière '. Comme les lampes de l'époque proprement païenne, les lampes chrétiennes étaient parfois décorées, en avant de l'anse, d'un ornement qui pouvait servir de manche ; la forme en était généralement cir culaire. Les reliefs qui ornent plusieurs de ces disques sont également d'inspiration chrétienne : ils représentent des croix ou des monogrammes, l'agneau pascal, le pois son, etc.= Parfois ces disques sont évidés (fig. 4;399); la croix ou le monogramme sont alors comme découpés dans la terre cuite ou le métal'. Enfin quelques lampes sont ornées de l'image du chandelier à sept branches (fig. 4600), motif d'origine juive et qui devint chrétien'. De tout ce qui précède, il résulte que les fabricants de lampes, pendant plusieurs siècles, eurent à leur disposition un répertoire vraiment énorme de sujets, de motifs, de figures extrêmement variés. Comment ce répertoire avait-il été composé ?Dans quelle mine,à quelle source fut-il puisé? Une conclusion scientifique ne pourra être formulée que lorsqu'on aura retrouvé l'origine certaine d'un grand nombre de ces motifs. Jusque-là, il faut se borner à signaler quelques ressemblances plus ou moins accentuées. Par exemple, Birch a déjà remarqué l'analogie frappante qui existe entre le sujet relevé sur quelques lampes, de la Ménade en furie portant un chevreau à demi déchiré, et plusieurs bas-reliefs néoattiques, qui reproduisent un original attribué parfois à Scopas 6 ; la même observation a été faite à propos d'une lampe trouvée à Rome 6. La Victoire debout sur un globe, tenant une couronne d'une main et une palme de l'autre; la Fortune ayant comme attributs une corne d'abondance et un gouvernail : ces deux motifs, si fréquents sur les lampes antiques, ont été certainement copiés d'après des oeuvres de la statuaire. Il n'est pas non plus impossible de reconnaître dans les motifs de Vénus debout près d'une hydrie et de Vénus accroupie devant une colonnette, des copies, lointaines sans doute, à cause des dimensions et de l'imperfection du travail, mais cependant très probables de la Vénus de Praxitèle et de la Vénus accroupie de Daedalos. Il est curieux de rapprocher le motif de Minerve déposant dans l'urne son vote en faveur d'Oreste (fig. 4601), traité sur plusieurs lampes, du même motif reproduit sur une gemme et sur plusieurs bas-reliefs (t. I, p. 398-399, ; la ressemblance présuppose tin original commun. Les représentations si nombreuses de gladiateurs ont pu être empruntées par les fabricants de lampes aux fresques ou aux tableaux que les riches magistrats faisaient exécuter pour conserver le souvenir des jeux qu'ils avaient offerts à leurs concitoyens '. Il n'y a, au point, de vue artistique, aucun parallèle à établir entre ces produits communs, souvent grossiers, de l'industrie romaine, et les oeuvres de la céramique grecque. Toute proportion gardée cependant, et sans oublier les réserves nécessaires, nous pensons qu'on peut dire de ces reliefs ce qu'on a dit des peintures de vases qui nous conservent l'image lointaine de chefs d'teuvre disparus, qu'ils « sont à peu près pour nous ce que serait l'imagerie de nos revues et de nos journaux illustrés, si notre art périssait tout entier d'un seul coup... 3 ». En second lieu, ces innombrables documents, recueillis dans presque toutes les provinces du monde romain, placent sous nos yeux, nous font connaître les sujets, les motifs préférés, populaires, dont on aimait, aux premiers siècles de notre ère, chez les païens et chez les chrétiens, à décorer le mobilier usuel. Avec eux et par eux, nous pouvons pénétrer dans un domaine reculé, encore un peu obscur, de l'histoire de la civilisation antique. Outre les sujets figurés et les reliefs, les lampes antiques portaient fréquemment des inscriptions, soit imprimées à l'aide d'une matrice, d'un timbre, soit gravées à la pointe avant la cuisson. Il est nécessaire de répartir ces inscriptions en plusieurs catégories très distinctes. Les unes sont destinées à rappeler les circonstances dans lesquelles ou pour lesquelles la lampe a été fabriquée. D'autres sont les légendes de l'image ; elles indiquent avec précision à l'acheteur le sujet représenté sur la lampe. D'autres sont des acclamations ou des formules par lesquelles soit le fabricant, soit la lampe ellemême, s'adressaient au public. D'autres enfin, et ce sont de beaucoup les plus nombreuses, sont des signatures de potiers, de véritables marques de fabrique. A la première catégorie appartiennent les lampes où se lisent tantôt en toutes lettres, tantôt abrégées, certaines formules bien connues, telles que celles-ci : Annotai novuin, faitstupn, felicem niilzi(ou tibi). Genio populi Romani feliciter, G. P. R. F. Ob cives servatos, Ob. civ. Serv.' Souvent ces inscriptions sont gravées sur un bouclier rond tenu par une Victoire. Les deux premières formules expriment des souhaits ; la troisième 133130 LUC rappelle au contraire des services rendus. Sur d'autres lampes, on lit Saeculi, Saeeulo. S`uerud ; ce mot est gravé tantôt sur le flanc du récipient, tantôt eu revers de la lampe. ,)iessei pense qu'il fait allusion aux jeux séculaires '. De même le terme Pubïicn inscrit sur quelques lampes à la suite d'un nom de potier Cie/ne/dis Publrca, flereieti(s) publica, signifierait que la lampe a cté fabriquée spécialement pour une cérémonie ou une illumination publique Sur d'autres lampes sont inscrits des noms de divinités, /'allas J ictri,r...drtenile Ephesiorunt; ces lampes étaient. votives, et on les déposait dans les sanctuaires de ces déesses' Ailleurs les inscriptions se rapportent directement au sujet représenté : ce sont, par exemple, des noms de gladiateurs sur des lampes oh l'on :-oit des gladiateurs combattant i fer-/felenos, Sabinus-Popillius, etc. ; ce sont, à côté de scènes du cirque, des noms de chevaux ou de cochers, probablement vainqueurs, quelquefois précédés du mot cabs, quelquefois suivis des lettres l'A, que l'on interprète va(de feliciter) s; c'est le nom du ou des principa.uxpersonnages de la scène figurée, ainsi sur quelques lampes déjà citées : Ganyntedes `, I)iogenes Tif yru.s ; c'est encore Aen(eas), An(cltises), Asc(anies), sur une lampe qui représente la fuite d':née 9 ; c'est enfin un mot ou une phrase qui illustre le sujet, comme ,ldjuvate sodales, sous un groupe de petits Amours s'essayant à manier les armes d'hercule"; Lugeo auprès d'un Génie funèbre qui pleure"; Plus ft cis.ses si plus lice/et, sur une lampe trouvée à Carthage, autour d'un guerrier''. Parmi les acclamations ou les formules gravées sur les lampes et qui s'adressent soit à l'acheteur, soit au public en général, les plus curieuses ont été relevées d'une part sur quelques lampes très anciennes trouvées à Rome, en particulier dans la nécropole de l'Esquilin, d'autre part sur une série de lampes africaines qui proviennent presque toutes de Caesarea (Cherchell) et de la région environnante. Les lampes de Rome, couvertes d'un vernis noir brillant, portent. en graffites sur le disque supérieur ou sur le flanc, des phrases comme celles-ci : Pone, fur ; .'Ce aligus, non sein tua, J!. sum..; Sonde mn, poli rne taatgere; il' el aliga(s)me, Gecoiiect` suai; -Suai -V aleri ; Speri suan.'3. Sur une lampe grecque d'Athènes, on lit de mémo Frlr, àrrou"Ces inscriptions ne se retrouvent pas sur les lampes de l'époque impériale ; il est possible qu'elles soient spéciales aux lampes grecques ou de fabrication grecque. Les inscriptions des lampes africaines de Caesarea occupent le pourtour du disque; elles sont moulées. La formule générale est : Entite (ou erne) lacunes ab asse colatas. On lit aussi Lucernas colatas de officiant asse ne, sans doute pour asse enté, ou bien Lucernas colatas ex ofcina Populi t6. Sur un moule de lampe du musée d'Oran, on lit : Qui fecerit vivat et q(ui) ernerit. Les fabricants de lampes chrétiennes imprimaient parfois sur leurs produits des phrases du même genre, par exemple : lIono qui erne(rit), i)ntaia Boita"; peuleêtre aussi des sentences religieuses, des conseils, si l'on doit lire Deaato cor naagistrcs Vidie), au lieu de I ita Ponato Cor( o) niagislro, une inscription moulée sur une lampe africaine de Caesarea". Ces deux premières catégories d'inscriptions, légendes du sujet représenté., formules diverses adressées au public, doivent être, selon nous, nettement distinguées des signatures de potiers. Elles font partie de la décoration de la lampe. Les autres inscriptions, que nous allons maintenant étudier, sont des marques de fabrique. Les potiers antiques signaient leurs produits. Il n'est donc pas étonnant que les lampes portent très fréquemment des signatures. En général ces signatures occupent le centre du disque inférieur de la lampe. Tantôt elles ont €''.té gravées à la pointe dans l'argile encore molle, avant la cuisson; ce sont alors de vrais graffites ; tantôt elles ont été imprimées à l'aide d'un timbre; dans ce cas elles sont en creux ou en relief ; les signatures en 1 elief son` parfois encadrées d'un cartouche à queues d'aronde ou enfermées dans l'image d'une plante de pied (vestigiurn, planta pedis). Exceptionnellement dans les lampes munies d'un manche triangulaire, la signature est parfois aurevers du manche' 3. Très rarement, elle peut se lire sur le' disque supérieur ou sur le flanc du récipient''. Les lampes les plus anciennes, en forme d'écuelle à un ou deux becs, ne sont jamais signées. Les lampes, que nous avons cru pouvoir appeler lampes grecques, c'est-àdire les lampes rondes, sans arise, à vernis noir métallique, et les lampes delphiniforines, le sont rarement. Au contraire, les lampes de l'époque impériale le sont très souvent. Sur les lampes chrétiennes, les marques de fabrique sont exceptionnelles. Les plais anciennes marques que nous connaissions ont été relevées sur quelques lampes trouvées dans la nécropole de l'Esquilin : l'une se lit Prae.se(nti.s I), l'autre est un monogramme qui n'a pas été déchiffré 20. A Carthage, sur l'une des lampes néo-puniques trouvées par le P. Delattre au fond du cimetière des (/flEciales, se lit la, parque Vibia ou Elbia? (f"LBIA21). Eu revers d'une lampe delphiniforesie recueillie dans la nécropole de Balla Regia, la signature du potier grec est formée de deux lettres, un u et un n entrelacés`. Sur un certain nombre de lampes, les signatures sont réduites à une seule lettre : A, I. H, R, etc. u ; parfois plusieurs lettres sont groupées en un monogramme 2'°. Le plus souvent les signatures sont écrites en abrégé ; mais les noms sont en général reconnaissables, grâce à quelques exemplaires qui les donnent entiers ou presque entiers. Laformule complète de la signature était: Ex off!'lira Ut.' mit, prr exemple : Ex officiant P'elieis, Ex o/ieina Fa it Le mot officiant est souvent, réduit à quelques lettres ou même à une seule : Ex of/ici, 0i'undinari; ex ofZ. Germani; ex of. Gargili; ex o. Plaiderai. L'officiant était la fabrique d'on sortait la lampe, et le nom propre qui suit au génitif désigne soit le propriétaire actuel de la alpine, Narbonnaise, Sari trouvent une rosette, une croix dans un cercle, un 'A., une feuille, un phallus ' i • avec la marque L. Titept,, -une croix, inc afeuille, un pied, aune palme, un trident, un ; avec la marque C. c)ppi Reste, une feuille, un pied, un coeur, les lettres A, N, 0", L'exemple le plus caractéristique de agies signes additionnels est fourni par une signature de potier, localisée en Gaule, celle de L. e'tos Cri; elle est accompagnée des lettres G, E, Ni, P, Si V, X• Z, AT, A de la, croix+, des signes . Ces signes, lettres ou vignettes, sont placés tantôt au-dessus, tantôt au dessous, quelquefois à 1L de Li ature. Il est probable qu'ils étaient destinés à distinguer des séries différentes dans lia, production d'une même fabrique; mais nous ne possédons sur ce point Rome, Campanie, Sicile, Sardaigne, `?° }art. t. ,z. 6313,. a :Jeun renseignement de détail. ;pur une lampe r'onvee a _ n,h1_e être inscrit. le nom de I«nuvrier qui l'a. on l :; en -.let d'une par'., pat_ du bec, le nom. part l e"cpie connue L. Fol,,oc. t Pro 1. est certainement un des ouvriers , a =ii • , _ la, fabrique de L, n al i'ieius Iara eulu ; ; c'est peut « e de la même (acon qu'il convient d expL( uer le ini Prie qui suit, sur une lampe de Rome, 1., signature C. Onf,i. Res. Il faut rainarquer que, parmi les marques les phis reparrhie out le monde romain, il y en a plusieurs qui nec rrï, que par le cognomen du. potier, le genti l ce ....e pi 'non. étant. les meules. ; ainsi C. nus) T , ,,-) et ' titi:Mu5 6rnr•rr it'us :') i , L. L I ,ttiiiiei(ts F 'clpistus, L, Fa' r lus L, F€br'ieius Saluts DBh, i.. C. Lol11, .. u,0, ollius Finit.'" ; L. lt, eai us 'regs ilrracr(unthar,?). L..léi,,;cat[aes ?, ,fiais Restutus, L. Alunalius Suecessus, L, .rfnna€las TIareptus ". Beaucoup de ces cognornina sont grecs; il n'est point téméraire de supposer qu'ils étaient portés par des affranchis. N'y aurait-il pas lieu d'indiquer alors, à titre d'hypothèse, que ces marques si voisines désignent des fabriques apparentées entre elles, ou encore diverses succursales d'une seule et mémé grande fabrique? Par exemple, _\a'jeetus, Amas r. atha-s, Philerno, 3lestutus, Successus, i'hreptus auraient été des affranchis placés s, la tête de chacune des 'i, rrn. Sein : Rouan Ostie. -die, la Narbonnaise, les Pannonies. méridionale, Sicle, Sardaigne, ïr;21 ,, Sien` Sar nn, Pompéi, Cisatpins, Pannonie. Rome, Campanie, Ski e, Afrique. I `pive, Narbonnaise, .Ionie. -.:Rome, Cisalpine, Afrique. co l Italie, Cisalpine, li ,nnonie, Dacie. e, f.. Il.-bonnaise, Gaule, i,s fabrique, soit peut-être ce que nous ai-j 'tons aujourd'hui la raison sociale. Quelquefois le none glu fabricant est suivi du mot fenil., par exemple tom, Rites fenil. Rarement le motfenilest écrit en ton i e : d'habitude, il. est abrégé et on. lit : It i'is f.,, = in f., `u. ius f fanaurires f., Sextus f., Clenie fit, Crassus fr. Lorsque le potier se contentait d'inscrire son nom ou ses noms sur le fond de la lampe, il employait le génitif ou le nominatif, suivant qu'il sous-entendait: la première ou la seconde des deux formules précitées : par exemple _-toge"„ri (pour .Ex affichiez éi ugt'""t ), .films., . 'a oti,, I`est ; Q. lforati Ifglae, C. ` nhori, C. Jrafi PIzi1 ~. i, Lclli Diadumenf, Larcelti. Justi, P2cllaeni, Fuitaer r.uni, R% i, Semti, 5tr°obili, Vibiani. Les non'. sont moins fréquents ; on trouve cependant : rl Cer'ïartnus. Cresce(o.s) Polir:, Lit'ogen06 Men, (crus, etc. Il est rare, toutefois, que le nom du i,'tier soit écrit, en entier et que le cas employé apparaisse aussi nettement, En général. e nom ou les noms sont abrégés ; les abréviations ne sont pas constantes ni uniformes. Pour ne citer que des marques très fréquentes, la signature de L. Caecilius Sae(tius?) se lit L, Caen. Sae., L. Cae. Sue., L. Ca. Sue' ; celle de Clodius Suceessas se rencontre sous les formes C. Cri..'. C. CM. Suc., Clod, Suc, 2; celle de L. Fabr qis celpistus est abrégée en L. Fabr, Fvel., L. 1*'ai ri ~tez~eh. L. Fabri Revel. 3 ; celle de L. Fabricius _➢fusr•alus, en L. Labrie. Musc., L. Fabric. Musa .L, Falier. ilasel., L. trahi Muse., Mas., Fabric. Mas. i ; celle de L. Marius Mi( lis ?) en Li, Mar. )fi., s,e Ma. .11 t., f:. +". ,f ql irae dérivées d'une fabrique mère fondée par un. 111f., Mar. Mi 3, Nous pourrions multiplier les exemples 1 certain I Munatïus,. , de ces variantes. De plus, il n'est pas rare que les signa,.fie noanbre des signatures de potiers relevées sur les turcs les plus répandues soient accompagnées de petits I lampes antiques est très élevé. Nous donnons ci-dessous signes, lettres isolées oit vignettes, qui diffèrent suivant tm , liste de celles qui 0ont le plus fréquentes avec 1 indi les lampes : avec la marque L. Carie. ,Sac., on trouve une cation des province dei ,t?3pire, romain 7,i elles ont été palme, un pied, un phallus as e 'la marque C. ('le. ,;r.. sure 'iii moti on cercle, une croix, une roue, une étoile, une rosette, une feuille, un pied, un phallus' ; avec la marque L, F'abriç.. .)fasc., un }f, un H, une roue, un phallus, une étoile ; avec la marque 1 mrtis, un un N un G„ une (tourin -ne, une j 5fri feuille, une couronne et une p .1me e , les c'-'ux marques f.. C,Juld.ViceforietC if ut: ',nt guisque toujours gne, Narbonnaise. accompagnées d'un phallus ..,.r latin Ll ' ont été Clod,,%;:r . Rome, recueillies ia Borne"; avec 1. marque L.. ([un..PFiile se daigne, ,?rfrigt Dean. : 'Rogne, toute l'Italie centrale et méridaigre rfrique, Narbonnaise. maïa., S'i Lucre', Afrique . 11^rue, Campanie, Sicile, LI'C 1332 LUC L. Mun. 1 djec. L. :lun. l'hile. L. Mun. I{es. Rome et Afrique. L. Mun. Suc. L.:lun. Thrept. :Iareelli.: Narbonnaise. O. Ment. Roc. Sardaigne. Q. JTent. Pud. M. 1V'ori Justi : Ruine, Naples. Sicile, Sardaigne, Afrique, Narbonnaise. C. Oppi Itest.:Rome, toute l'Italie, Sicile, Sardaigne, Afrique, Narbonnaise. Puffin i : Sardaigne, Afrique. Plta ut,pi : Italie, Cisalpine, Narbonnaise, Pannonie. Strobi/i : Rome, toute l'Italie, Cisalpine, Narbonnaise, Dalmatie, Pannonie. C. Viriri Agat. Bic. Agat: Rome, Afrique. Vibiani : Cisalpine, Narbonnaise, Pannonie. De cette liste, que nous avons réduite aux signatures les plus connues, il résulte que les diverses marques n'étaient pas également répandues dans les différentes régions du monde romain. Si toutes ou presque toutes se retrouvent à Rome, il n'en est pas une seule qui ait été à la fois populaire au nord et au sud. La marque Forcis, extrêmement abondante en Italie et dans toutes les provinces européennes, est très rare en Afrique ; la marque C. Clod. Suc, fréquente en Afrique, à Rome, en Narbonnaise, ne pénétra presque pas dans les provinces danubiennes; il en fut de même pour les marques C. Jeu. Alexi, C. Jun. Drac., M. Novi Justi, C. Oppi Itest. D'autres marques, au contraire, ne sortirent d'Italie que vers le nord; hors d'Italie, la marque Communis ne s'est guère répandue qu'en Pannonie; de même les marques Phoetaspi, Strobili, 1%ibiani, franchirent les Alpes à l'ouest, au nord, à l'est, mais ne gagnèrent ni la Sicile et la Sardaigne, ni l'Afrique. Enfin, certaines signatures paraissent avoir été spéciales à une région, même à une province : ainsi la marque Anni. Ser. est localisée à Rome et à Ostie ; la marque L. IJos. Cri. est tout à fait localisée dans les Gaules, ainsi que la signature Marcelli ; les marques Q. tlfem. Kar. et Q. Mena. Pud. n'ont été encore rencontrées qu'en Sardaigne ; la marque Pullaeni, Pullaenorum, est très nettement particulière à la Sardaigne et à l'Afrique du Nord. Pouvons-nous tirer de ces quelques faits des conclusions générales sur les centres de fabrication des lampes, sur le commerce dont elles étaient l'objet? Il semble bien que la plupart des lampes signées qui ont été jusqu'à présent recueillies dans les provinces proprement romaines de l'empire aient été fabriquées en Italie ; il n'est pas invraisemblable qu'il y ait eu en Italie trois centres de fabrication : Rome ou ses environs, la Cisalpine, peut-être la région de Modène, où se seraient trouvées, d'après Dressel, les fabriques dont les marques sont : Communie, Fortis, Strobili' ; enfin la Campanie. Hors d'Italie, il y eut certainement des fabriques importantes en Afrique et en Narbonnaise. Sur une inscription découverte en Tunisie, non loin de Dougga, sont mentionnés des Praedia Pullaenorum 2 ; il n'est point impossible que les Pullaeni, propriétaires de ces domaines, soient les mêmes que ceux dont le nom est inscrit sur beaucoup de lampes trouvées en Sardaigne et en Afrique. Les lampes signées L. Ilos. Cri. semblent bien avoir été fabriquées en Gaule. Quant aux fabriques locales, elles ont dû être très nombreuses ; mais leurs produits sont en général grossiers et sans intérêt. Une seule mérite d'être signalée, qui se trouvait soit à Caesarea (Cherchell), soit dans la région voisine ; les lampes de cette partie de l'Afrique du Nord sont remarquables par la formule Futile lucernas ab asse colatas, qu'elles portent souvent autour du disque supérieur. Les signatures de potiers grecques sont beaucoup moins nombreuses. On en a recueilli un certain nombre à Rome, en Italie, et dans les provinces grecques de l'empire3. Elles présentent le même aspect général que les marques latines. Elles se composent d'un nom d'homme au génitif, très rarement au nominatif; souvent ce nom grec n'est que la traduction ou la transcription d'un nom latin. Voici les principales : 'A°o«(nâ'nou, 'I ou (Rome), llxéaou, 11),tiwv (Cypre), Iloa7tta(ou (Naples), Quant aux lampes chrétiennes, il est très rare qu'elles portent, comme marques de fabriques, de véritables signatures. Elles se distinguent par des lettres, plus souvent encore par des signes empruntés presque toujours à la symbolique chrétienne, des croix de toutes formes, entourées de cercles ou cantonnées de points, des ancres, des coeurs, des palmes, des grappes de raisins. Lettres et signes sont gravés ou estampillés grossièrement sur le fond de la lampe'. Fabrication des lampes. Nous n'avons pas de renseignements particuliers sur la fabrication des lampes en métal. La lampe d'or de Callimachos, dans le sanctuaire d'Athéna Polias, était une oeuvre d'art, sortie des propres mains du sculpteur''. Les lampes de bronze, qui furent très nombreuses, surtout en Grèce et en Italie, se fabriquaient sans doute comme les autres vases et ustensiles en métal; il ne nous reste aucun document, l'antiquité ne nous a transmis aucun indice, qui nous permette de croire à l'existence d'un procédé ou d'un mode de fabrication spécial. Il semble impossible que les lampes de bronze aient été fabriquées d'un seul morceau, ou qu'on ait employé pour leurs diverses parties une seule et même technique. Le coulage, la ciselure, le travail au marteau, la soudure ont été sans doute mis en oeuvre concurremment pour les lampes comme pour toute la vaisselle de métal [CAELATI:RA]. Nous placerons ici le dessin de la lampe de bronze du musée de Cortone G, chef-d'oeuvre de la toreutique des Étrusques (fig. 4602). Elle mesure 0m,84 de diamètre; ses seize becs sont séparés par des têtes cornues et barbues; au-dessous des figures de Sirènes alternant avec celles de Silènes accroupis, jouant de la flûte; un masque de Gorgone remplit le milieu, entouré d'une première zone d'animaux et d'une deuxième de flots et de poissons. Nous avons cité plus haut une lampe de bronze incrustée d'or trouvée près de Domo d'Ossola ; le fabricant de lampes faisait donc quelquefois appel à l'art de l'incrustation [CnnYSOGRAPn1A]. Nous savons mieux et avec plus de détails comment les potiers s'y prenaient pour fabriquer et décorer les LUC 1333 LUC lampes de terre cuite'. Les plus anciennes lampes, ces écuelles à un ou deux becs qui ont été trouvées dans les nécropoles puniques de l'Afrique du Nord et à Chypre, celles dont se ser vaient les Égyp tiens, les â.yyEiz grava mentionnés par Pollux, étaient certainementfaits au tour 2. Ce procédé rudimen taire suffit, tant que les lampes ne reçurent pas de décoration. Mais lorsque l'on se mit soit à égayer par des ornements la forme courante des lampes, soit à imaginer pour la lampe les formes variées et fantaisistes que nous avons indiquées plus haut, il fallut recourir à une technique plus perfectionnée.Surplusieurs lampes de la nécropole de 1'Esquilin, des inscriptions furent gravées à la pointe, dans la pâte encore molle «voir fig. 4570) ; l'image de Tanit et des palmes, obtenues par le même procédé, se voient sur des lampes grecques qui proviennent de Carthage'. Peut-être aussi les potiers essayèrent-ils de modeler àlamain quelques motifs très simples de décoration, des oves, des rinceaux, des têtes d'ibis Mais bientôt ces tentatives furent abandonnées, et l'emploi du moule devint général. Il est inutile de le démontrer ici en ce qui concerne les lampes auxquelles on donnait la forme d'un groupe, d'un corps V. humain, d'une partie du corps (tête ou pied), d'un animal. etc. ; nous nous contenterons de renvoyer à l'article FIGLINuM (III. La Plastique en terre) et au livre de M. Pottier les Statuettes de terre cuite dans l'antiquité a, où l'on trouvera toutes les indications nécessaires. Les lampes de forme ordinaire étaient fabriquées à l'aide d'un moule double. Le moule d'une lampe se composait en effet de deux parties, dont l'une servait pour la face supérieure(bee,disque, anse ou manche), l'autre pour les flancs et le fond du récipient proprement dit. La première partie du moule comprenait en creux le sujet ou le motif d'ornementation qui devait décorer le disque de la lampe la seconde partie, quand il y avait lieu, portait soit en creux, soit en relief, l'estampille du potier. Les deux parties d'un même moule s'adaptaient exactement rune à l'autre, quelquefois grâce à des tenons qui faisaient saillie sur le bord de l'une ou de l'autre; souvent aussi, une même marque. signe conventionnel ou lettre, était gravée sur les deux parties, afin d'éviter toute erreur (fig. 4603) Plusieurs moules de lampes ont été retrouvés en Cxrèce3, en Italie, en Afrique 9 ; ils sont en terre cuite très dure ou en plâtre. 168 LUC 1331, -~.1TC Comment ces moules étaient-ils fabriques? Autant que nous pouvons lo savoir d'après les documents que nous possédons, il )' avait deux procédés pour obtenir un moule de lampe. 40 Le potier fabriquait en terre massive le modèle même de la, lampe, dont il voulait tir°:',° de nombreux exemplaires "était sur ce modèle que le moule était pris en deux parties. Deux modèles, deux originaux de cette nature ont été étudiés par Ch. Bigot, au. musée d'Athènes. « Le modèle, écrit-il, massif, plein, est fait d'une terre prodigieusement fine ; le grain en est serré, sans la moindre aspérité, doux au toucher comme du marbre poli ; il a acquis la dureté de la pierre... Voilà l'oeuvre même de l'ouvrier antique, Si les moules venaient à s'user, on pouvait sur le modèle primitif les renouveler incessamment e... » 2° Le potier se servait, polir obtenir en creux les sujets ou motifs d'ornementation qu'il voulait reproduire sur les Iampes, de poinçons ou estampilles en relief [Fucraxfa€,. p. 1129-1130]. Ces estampilles devaient se trouver dans le commerce; sans cela, on ne s'expliquerait pas que des reliefs, sortis, sans aucun doute possible, du même moule, puissent orner des lampes qui portent des signatures différentes. Par exemple, le musée de Constantine possède deux lampes dont le disque est orné de deux palmes et de deux couronnes, dans un pourtour d'oves-. La comparaison des deux objets, réunis dans la même collection, permet de constater que les deux reliefs reproduisent le t ieme original; pourtant,les dieux lampes sont signées de deux marques différentes . l'une porte FBOTis, l'autre aluN TRFPT, deux signatures bien connues. L'identités des deux motifs s'explique naturellement, si l'on admet que les chefs d'ateliers pouvaient fabriquer leurs moules avec des estampilles qui se trouvaient dans le commerce'. Et le fait est loin d'être exceptionnel. En voici un autre exemple, A Cherchell, à Saint--Leu près d.'Arzeu (département d'Oran), au sommet du Bou-Kournein, voisin de Carthage, ailleurs encore, ont é découvertes des lampes à deux becs avec manche triangulaire : dans tous ces exemplaires, les becs sont ornés de volutes ; sur le disque est représenté un autel circulaire, entre deux arbres; autour du tronc de chaque arbre, est enroulé un serpent, qui avance la tête au-dessus de l'autel ; le manche est orné d'une palmette, à la base de laquelle on distingue deux dauphins affrontés. II y a, dans toutes les parties de la lampe, ressemblance absolue entre ces exemplaires trouvés si loin les uns des autres. Or de ces lampes une est signée C. Lie, Suc. ; une autre, C. Oppi. Res. ; une troisième éuceessi; d'autres ne portent au revers aucune marque de fabrique. Quant aux motifs purement décoratifs qui se répétaient uniformément soit sur le disque, soit autour du disque (stries rectilignes ou curvilignes, oves, etc.), ils étaient probablement obtenus en creux dans le moule à l'aide de roulettes en terre cuite ou en bronze [FORMA, p. 1245, fig. 3179-31€11. Lorsque le potier voulait signer ses lampes, ou bien il imprimait son nom en creux dans la partie inférieure du moule à l'aide d'un. timbre en relief (Flcravtivi, p. 17.30, fig. 3042:, et, dans ce cas, la signature de la lampe se trouvait, elle aussi, en relief; ou bien il appliquait directement son timbre sur la lampe, au sortir du saoule, avant la cuisson; dans ce cas, la signature était en creux, Les fabriques importantes pess+ darient un jeu considérable de moules. A Rome seulement, il a été trouvé 91 sujets différents sur les lampes signées L. Caec. Sara, 84 sur les lampes signées C. Oppi. Res. 31 sur celles signées Florenti, 43 sur les lampes signées L. Man, 1i.' Or, nous ne possédons qu'une petite partie des produits fabriqués par chacune de ces o f/icinae ; chacun des nombres que nous venons de citer représente donc une proportion relativement faible. Pour fabriquer la lampe, le potier prenait deux morceaux d'argile ; il en étalait un dans la partie inférieure du moule, et l'aantre dans la partie supérieure, Puis il rapprochait les deux parties du moule L'argile étant encore humide, les deux moitiés de la lampe se collaient l'une à l'autre dans le moule même. Quand la terre commençait à sécher, la lampe se détachait facilement du moule. Alors le potier y mettait la dernière main, avant de la porter au four. Il creusait dans l'argile molle le trou du bec, et celui du disque ou infundibulum.; il évidait l'anse en forme d'anneau; il enlevait les bavures qui avaient dû se produire tout le long de la suture des deux moitiés de la lampe; quelquefois il enduisait la lampe d'un vernis ou d'une glaçure. Elle était alors prête pour la cuisson et portée au four. Les lampes n'étaient exposées, en général, qu'à une température modérée 4. Usage des lampes. ---Pour bien éclairer, les lampes de bronze ou d'argile dont se servaient les anciens devaient être placées à une assez grande hauteur. Dans les maisons modestes et dans les catacombes, elles occupaient de petites niches ou cavités creusées dans les murs; quelquefois elles étaient posées sur des tablettes en bois fixées à la muraille ' ; quelquefois aussi elles étaient ace crochées, sans doute à des clous. On a retrouvé plusieurs lampes dont l'anse forée est disposée de telle façon que la lampe était certainement accrochée le long d'une paroi verticale e (fig. 4594). On a aussi conservé des lampes de bronze, auxquelles s'adaptent, du côté opposé au bec, des tiges s'articulant et s'enchainant bout à bout terminées par un crochet Une lampe, trouvée à Rome et qui apassé en Angleterre', forme, par la combinaison ingénieuse de la tige alaquelle elle est attachée, un meuble de transport facile et à deux fins (fig. 46011 : en effet, cette tige est terminée d'un côté par trois pieds sur lesquels elle peut se tenir debout, la lampe est alors suspendue dans la boucle placée à l'autre extrémité; 'es bien f eppa 1.1)C reil. se renverse et, c'est la lampe, arrêtée sous la boucle, qui sert alors de support, et les trois pieds portés en haut deviennent semblables aux. plateaux d'un lampadaire. Unn crochet de suspension y a été ajouté. Les lampes pouvaient aussi étre suspendues n'r plafond'. Celle que l'on voit (fig 460i est en argile; elle a été trouvée accrochée au linteau d'une porte dans le tombeau étrusque des Volumnii à Pérouse 2. L'anneau de suspension est formé par un serpent replié au-dessus de la. tête d'un génie ailé. La lampe est à hait becs. Le dessous est. orné d'une tète de Méduse. On peut en rapprocher les figures 453 et 4602. Le plus souvent on avait recours à un support qui permettait de placer la lampe à la hauteur voulue. Ce support était tantôt adhérent 1 la lampe ellemême, tantôt indépendant. Dans le premier cas, la lampe était munie d'un pied plus ou moins développé, plus ou moins orné. Les lampes à pied sont, on La vu (p. 1320, fig. 4à64), aussi anciennes que la lampe elle-même. On a découvert dans la nécropole punique de Gouraïa, près Cherchell (Algérie), une lampe en forme d'écuelle à deux becs portée par un pied très haut. Le musée de Carthage possède une lampe de même forme, dont le pied est brisé. La collection de M. le cons_mandant Purges renferme une lampe de forme primitive ( rie titille à u.n seul bec), sous laquelle on reconnait l'attache d'un pied; ;'lle provient de la nécropole punique de (Iloilo 3. Dans la nécropole punique, voisine de la colline de Sainte-Monique, le P. Delattre a trouvé en 18398 deux h pied, lampes grecques à pied (fig. 4606) 1. Le musée de Saint-Louis de Carthage possède quelques colonnettes et fragments de colonnettes en terre cuite, surmontées de chapiteaux, qui, suivant toute apparence, étaient, de même, des pieds de lampes. A l'époque romaine, les pieds des lampes en terre cuite reçurent des formes plus variées et plus ornées. Deux séries méritent d'être signalées spécialement. On a trouvé à Rome et aux environs de Naples des ustensiles d'éclairage, composés d'une ou de plusieurs lampes soutenues par un petit autel de forme quadran lulaire i les faces latérales de l'autel sont souvent ornées de bas-reliefs (fig. 4607)5. Plus nombreuses sont les gan;pr's, dont le pied en forme de balustre renversé, est orné d'une ou de pinsieursfigures rlebou en relief', telles que Minerve, Vénus, Apollon citharède, ia déesse de la, Nuit représentée sous les traits d'une feniune voilée qui tient une torche allumée dans la main droite et trois pavots dans la main gauche abaissée, ou la Victoire; un support de ce genre, reproduit dans le recueil de Passeri 7, est décoré de trois figures en pied, où l'on a reconnu Diane chasseresse, Séléné la déesse de la lune, et Hécate (fig. 4608). Enfin, mais plus rarement, le pied de la lampe fut complètement transformé en une figure x, par exemple un Amour avec les attributs d'Hercule ; peutêtre aussi le motif d'Atlas portant le monde fut-il adapté à cet usages. Les lampes en bronze, comme les lampes en terre duite, étaient parfois munies d'un pied adhérent; en générai ces pieds s'élargissent à leur partie inférieure pour donner à la lampe une base plus large, et par suite plus de stabilité. Il n'est pas rare qu'ils aient la forme de trois griffes de lion", Les lampes dépourvues de pied étaient soit posées sur des supports plats, soit suspendues par des chaînettes à des supports de fort. diverses,. Les lampes que l'on posait à plat sur la tablette " du support ou du candélabre (fig. 4609), ne présentent aucune disposition particulière. Les lampes destinées à. être suspendues étaient munies soit d'anneaux, soit, quand elles étaient en bronze, de tiges recourbées, ornées souvent avec beaucoup de soin, par exemple de cols et de tètes de cygne L3. Cer taines lampes, au lieu d'être posées à plat ou suspendues, étaient, pour ainsi dire, fichées sur l'extrémité d'une tige pointue. En Sicile et dans l'Afrique du Nord LUC -13 36 LUC (Carthage, Gourâia, Khenchela), ont été trouvées en effet des lampes dont la forme serait inexplicable, si on n'admettait pas qu'elles devaient être ainsi placées. De ces lampes, les unes sont traversées dans le sens de la hauteur par une sorte de tube, ce qui donne au récipient une forme annulaire (Gourara, peut-être Khenchela) 1 ; les autres présentent, au centre du réci pient, une sorte de renflement, qui s'élève parfois plus haut que le niveau du bord supérieur (fig. 4610 et 4611) ; ce renflement, d'aspect tronconique ou pointu, est creux et permettait de placer la lampe sur le sommet d'une tige qui s'y emboîtait exactement (nécropole de Megara Hyblaea en Sicile ; Carthage) 2. La disposition exactement contraire était aussi appliquée : la lampe était munie à sa partie inférieure d'un appendice en forme de tige, qui s'enfonçait dans le fût du candélabre ou du lampadaire (fig. 4612). Enfin la lampe pouvait être garnie d'une sorte de virole que l'on faisait glisser à volonté le long de la tige du candélabre [CANDELABRUM, fig. 1095]. Les lampes de bronze et de terre cuite étaient d'un usage courant dans la vie privée. Les nombreux exemplaires trouvés à Herculanum et à Pompéi le prouvent sans contestation possible. Comme il est naturel, les lampes de bronze, surtout les spécimens de grandes dimensions, ornés de bas-reliefs, même de figurines ou de groupes en ronde bosse, ne se sont rencontrées que dans les maisons riches ; dans les demeures modestes, les lampes d'argile étaient seules employées. Il n'y a point lieu de distinguer, comme ont cru devoir le faire quelques érudits, les Iampes qui servaient dans les salles de repas, tricliniares, de celles qui éclairaient les chambres à coucher, cubiculares. Il est évident que dans toutes les maisons les plus belles lampes étaient d'habitude réservées pour les salles où les amis et les étrangers étaient reçus, comme tout ce qui pouvait servir à orner la demeure. Les lampes n'étaient pas seulement employées pour l'usage domestique. De bonne heure on alluma des lampes soit dans les rues et les places, soit dans les édifices publics. Mais il importe de déterminer avec précision dans quelle mesure les lampes proprement dites (lacernae, )(éyoi) concoururent à l'éclairage public. Beaucoup de textes, cités par quelques érudits comme mentionnant des Iampes, doivent être écartés, les uns parce qu'ils renferment des mots d'un sens très général, tpwtia en grec, lamina en latin 3, les autres parce qu'ils signalent, non point des lucernae ou ),Gyvot, mais bien des torches, iàècç, ),4.7;nisç ou des bougies de cire, xs(eou x(ovsç Cette réserve faite, il est néanmoins certain que les lampes, en même temps que les torches et les cierges, servaient, dans certaines circonstances, à illuminer les rues, les places, les monuments publics. C'est surtout pour l'époque romaine que nous sommes renseignés. Les maisons particulières étaient illuminées même en plein jour au moyen de lampes allumées autour de la porte d'entrée, à l'occasion de toute réjouissance publique ou privée, telle que l'anniversaire ou le retour d'une personne de la famille, l'anniversaire de l'empereur régnant'. C'était de même avec des lampes que le forum était illuminé sous la République pendant la célébration des jeux romains Lorsque César célébra son triomphe sur les Gaulois, il monta au Capitole, ad lamina, quadraginta elepliantis dextra atque sinistra lychnuchos gestantibus 3. Il est incontestable que les lampes furent assez souvent employées dans des circonstances analogues, fêtes publiques, triomphes, cérémonies diverses ; mais c'étaient là des cas exceptionnels, et nous ne pensons pas devoir en conclure qu'il est forcément question de lampes dans le texte d'Ammien Marcellin relatif à l'éclairage public d'Antioche :... in urbe, obi pernoctantium luminum claritudo dierum solet imitari fulgorem0. Sous l'Empire romain, les amphithéâtres et les théâtres furent parfois éclairés à l'aide de lampes. Domitien fit représenter des combats de gladiateurs et des chasses de bêtes fauves, ad lychnuchos'0; lors des Jeux Millénaires, en 248, le théâtre de Pompée fut éclairé pendant trois nuits de suite à l'aide de torches et de lampes, funalibus atque lychnis tenebras aincentibus 11. Pendânt longtemps, les thermes ne s'étaient ouverts au public que pendant le jour ; Alexandre Sévère permit aux Romains d'en profiter même la nuit, en fournissant l'huile nécessaire à leur éclairage '2; ce détail nous prouve que dès lors les thermes furent éclairés à l'aide de lampes. Athénée cite un )wyvttov donné à la ville de Tarente par le tyran Denys de Syracuse à ce lampadaire pouvaient être suspendus autant de lampes qu'il y avait de jours dans l'année ; il fut placé dans le Prytanée de la ville 13. Les anciens ne se servaient pas des lampes uniquement pour s'éclairer. A celles qu'ils plaçaient dans leurs sanctuaires, ils attribuaient une signification différente, un rôle religieux, rituel. Tantôt ces lampes brûlaient en plein jour, comme la lampe de Callimachos dans le sanctuaire d'Athéna Polias, sur l'Acropole" ; tantôt elles étaient allumées en plein air et dans des circonstances bien caractéristiques. Pausanias rapporte que sur le forum de la ville de Pharae, en Achaïe, s'élevait une statue d'Hermès Agoraios ; devant cette statue existait un foyer en pierre, auquel des lampes de bronze étaient fixées à l'aide de soudures en plomb. Là se trouvait un oracle très fréquenté; ceux qui voulaient le consulter se présentaient le soir, faisaient brûler de l'encens sur le foyer, puis remplissaient les lampes d'huile et Ies L[C -1337 LUC allumaient'. II est évident que l'huile des lampes est ici une offrande au même titre que l'encens, que le fait de jeter l'encens sur le foyer et celui d'allumer les lampes sont deux actes de même nature et de même signification. Un fragment de calendrier, le Philocalus, mentionne pour la veille des ides d'août (1'2 août), une fête nommée Lychnapsia, sur laquelle, malheureusement, nous n'avons aucun autre renseignement'. A Athènes, sous l'Empire romain, une femme s'intitule auwa7cip( xai èvetporoétitç d'une déesse 3. Dans les campagnes, on suspendait à certains arbres sacrés des lampes allumées 4. La coutume de placer ou de suspendre des lampes allumées dans les sanctuaires était donc un rite religieux ; c'est aux païens que les chrétiens l'ont empruntée. Les cierges et les lampes qui brûlent aujourd'hui dans nos églises n'ont fait que succéder aux lampes de métal précieux, de bronze ou d'argile, qui étaient allumées dans les sanctuaires grecs et romains 6. Par là s'explique le nombre considérable de lampes qui ont été trouvées dans des ruines de temples ou sur l'emplacement de lieux consacrés. Ces lampes, qui ne portent pas toujours des traces de combustion autour du bec, étaient apportées dans les temples comme offrandes ou comme ex-voto 6. Dans les sanctuaires de Dali, à Chypre, ont été recueillis des fragments très abondants de lampes en forme d'écuelles ou de coquilles De même beaucoup de lampes ont été découvertes par Newton dans un temenos de Deméter et Perséphone, à Cnide ; l'auteur n'hésite pas à les considérer comme des lampes votives 8. A Sélinonte, M. Salinas a ramassé de très nombreuses lampes sur les gradins qui mènent à l'un des temples de cette ville, et tout autour de la salle qui avoisinait l'entrée de la cella; ce sont des Iampes d'argile grossières, de petites dimensions et sans vernis, ex-voto modestes apportés par la population pauvres. Plusieurs lampes en terre cuite ont été retrouvées autour de l'autel de Saturnus Balcaranensis, qui s'élevait au sommet du Bou-Kournéin, près de Carthage10. Parfois une inscription indiquait en termes formels le caractère de la lampe : Palladi z~ietrici", Jovi Sereno sacrum". 'ApO€g(tôt) lepds 13 Deo qu(i est) M1Ta:riin(us), il s'agit ici d'llarpocrate''". Dans le culte d'Isis, les lampes jouaient un rôle tout particulier. On lit, dans la description qu'Apulée nous donne d'une' procession isiaque : « Ensuite paraissaient les ministres du culte. Ces grands personnages portaient les attributs augustes des dieux tout-puissants. Dans les mains du premier on voyait une lampe qui répandait la clarté la plus vive; mais elle ne ressemblait en rien à celles qui éclairent nos repas du soir; c'était une nacelle en or jetant de sa partie la plus large une grande flamme'''. » De cette description il convient de rapprocher une lampe en forme de nacelle, trouvée à Pouzzoles, où précisément les cultes alexandrins étaient célébrés : « A la proue de la nacelle, Sérapis tenant de la main droite un gouvernail, et Isis, tous deux debout. Au-dessous, un des Dioscures avec son cheval ; plus bas encore un ouvrier nain, tout nu, les jambes tordues, les cheveux disposés en forme de cornes, va mettre au four un petit vase qu'il vient de terminer; à ses pieds sont les instruments de son métier : c'est Phtah démiurge. A l'extrémité de la nacelle, tête radiée du Soleil. Dans un cartouche, au-dessous du Dioscure, le mot Eur),dta, Sous la nacelle l'inscription cette lampe, déposée comme offrande ou comme ex-voto dans un temple de Sérapis et d'Isis à Pouzzoles, reproduisait la forme et la décoration de la nacelle d'or symbolique qu'Apulée nous décrit. Des lampes de forme ordinaire ont été trouvées dans 1'Isium de Pompéi". La présence de lampes soit votives soit symboliques dans les temples antiques explique pourquoi l'on offrait souvent aux divinités des candélabres. Pline rapporte que l'on se plut à consacrer dans les sanctuaires des lychnuchi à suspensions ou encore des lampadaires qui portaient les lampes comme les arbres portent leurs fruits fvoy. CANDELARRGM, fig. 1099, 11001 : Placuere et lychnurhi pensiles in delubris aut arborum modo mala ferentiunt lucentes16. Comme spécimen de ces candélabres, il cite celui que l'on pouvait admirer à Rome dans le temple d'Apollon sur le Palatin ; ce candélabre avait été pris par Alexandre à Thèbes et consacré par le vainqueur dans le temple d'Apollon à Cymé; de là il avait été transporté à Rome. Deux candélabres de bronze ont été recueillis dans l'Isium de Pompéi'°. A l'époque chrétienne, les catacombes d'abord, plus tard les basiliques furent éclairées par des lampes, soit suspendues à la voûte 20 (quelques-unes des lampes qui ont été conservées sont encore munies de leurs chaînes), soit posées sur de petites tablettes de bois ou de marbre, soit encore accrochées à la muraille 21. Dans les coutumes funéraires comme dans les rites religieux, la lampe semble avoir joué un rôle important. Mais il faut ici faire une distinction. Nous ne devons pas nous étonner d'apprendre que les lampes étaient employées pendant l'exposition du corps à l'entrée de la maison mortuaire 22, ni qu'on allumait souvent des lampes près des stèles funéraires ou dans les mausolées. Dans le premier cas, la lampe était employée comme ustensile domestique dans la maison du défunt; dans le second, elle jouait un rôle analogue à celui qu'elle jouait dans les temples : un mausolée, était-ce d'ailleurs autre chose qu'un temple ; une stèle funéraire, autre chose qu'un autel? C'était là un rite essentiel, à en juger par quelques textes épigraphiques et par un passage du Digeste. Tantôt le défunt stipule dans son testament qu'une lampe devra être allumée soit chaque jour 23, soit un mois sur deux 24, soit à. certaines dates près de son tombeau 2.3; tantôt l'épitaphe promet quelque avantage au passant qui placera près de la tombe une lampe allumée : L[C -133g LUC dcutefois l'importance funéraire de ht lampe antique vient d'autre part. Dans la plupart des nécropoles roinalues qui ont été fouillées, et surtout dans les nécropoles qui datent de l'époque impériale, de très nombreuses lampes ont été retrouvées parmi le mobilier funéraire. En règle générale, chaque tombe renfermait une ou deux lampes. Les lampes que possèdent les musées ou les collections particulières proviennent en très grande partie de tombeaux romains. Cet usage de placer une lampe auprès du mort, dans sa tombe même, parait être d'origine asiatique. Les Phéniciens l'observaient. On en trouve des traces fréquentes en Phénicie à Chypre 2, à Carthage', sur l'emplacement de plusieurs colonies phéniciennes de l'Afrique du Nord'. Nul vestige, au contraire, n'en a été jusqu'à présent relevé en Égypte. En ce qui concerne les pays grecs, nom avons iu que des lampes ont été recueillies dans les ruines de l'époque mycénienne. Mais, après le bouleversement qui anéantit cette première civilisation, on sait que l'usage de la lampe se répandit relativement tard dans le monde hellénique ; or ces petits objets d'argile ne pouvaient être admis à figurer dans le mobilier des tombes qu'après être devenus d'un usage tout à fait courant dans la vie domestique ; en outre, rien n'est plus difficile ni plus délicat à modifier que les coutumes funéraires. Dans la nécropole de Myrina il n'a pour ainsi dire pas été trouvé de lampes '. La même observation s'applique soit aux nécropoles sicuîes, si consciencieusement étudiées par M. P, Orsi, soit aux cimetières italiotes entérieurs à l'établissement de la domination romaine dans la péninsule °. Abstraction faite des tombeaux phéniciens, ce fut surtout dans les pays de civilisation romaine et àt l'époque impériale que cet usage fut général. Il subsista jusqu'aux derniers temps du paganisme; mais on n'a découvert aucune lampe dans les cimetières chrétiens; toutes celles qui ont été trouvées dans les catacombes étaient placées dans les niches des galeries ou des arcosolia. Les tombes chrétiennes de Carthage, de Tabarka, de Sfax en Tunisie ne renfermaient non plus aucune lampe ''. Les lampes déposées dans les tombeaux ne semblent pas avoir été allumées. Leur bec ne porte aucune, trace de combustion.Au contraire,parmi les lampes chrétiennes trouvées soit dans les catacombes, soit sur l'emplacement des basiliques de Carthage, il en est beaucoup dont le bec est tout noirci et quelquefois brisé. Les lampes étaient donc placées auprès des corps inhumés ou des urnes cinéraires pour la même raison que les autres poteries ou verreries dont se composait en général le mobilier funéraire des tombes communes. Comme on se figurait que le défunt menait sous terre une existence obscure, analogue à sa vie terrestre, on meublait son tombeau de tous les ustensiles et objets nécessaires : la lampe d'argile figurait parmi ces objets, au même titre que les plats, les vases à verser la boisson, etc., qui ont été recueillis en si grand nombre dans la plupart des netropoies romaines, Les chrétiens, dont les idées sur la mort et sur la destinée future étaient si contraires à une telle conception, rompirent avec cet usage et le bannirent de leurs cimetières. 'tels étaient les trois usages principaux des lampes dans l'antiquité. Elles servaient à éclairer le plus souvent tes maisons particulières, parfois des monuments ou des cortèges publics. Elles étaient placées dans les sanctuaires à titre d'offrandes ou d'ex-voto. Elles faisaient partie du mobilier funéraire'. Mais de plus on les employait dans quelques circonstances particulières. Sous l'Empire romain, on les donnait comme étrennes de nouvel an [STRLXAij. Plusieurs lampes trouvées à Rome ', en Italie ', dans les provinces de l'empire t", portent des inscriptions qui reproduisent en abrégé ou avec des variantes insignifiantes la formule Munirait noues t faustiem Minent entité (ou libi). Dans un ordre d'idées bien différent, les lampes et la eai,on dont se comportait leur flamme étaient souvent observées avec la plus vive attention : certaines personnes superstitieuses croyaient y voir des présages. Au premier livre des Géorgiques, Virgile montre des jeunes esclaves travaillant le soir à la lueur des lampes et prévenues en quelque sorte par elles du mauvais temps qui se prépare' 1. Apulée raconte un épisode oit la Iampe donne un semblable pronostic '2, Jean Chrysostome rapporte un autre usage superstitieux. Lorsque dans une famille on voulait choisir un nom pour un enfant qui devait bientôt venir au monde, on allumait plusieurs lampes auxquelles au préalable on avait donné des noms ; et on choisissait pour l'enfant le nom de la lampe qui s'était éteinte la dernière i3 On voyait là tin présage de longue vie. Quelques érudits se sont demandés si la forme ou la décoration des lampes n'était pas en rapport avec l'usage auquel on les destinait Dans une étude sur une bilychnis en bronze du 3lieseo Borbon'fco 1 `, dont la face supérieure représente un mufle de boeuf orné de bandelettes (fig. Yi61), l'auteur affirme qu'il y avait relation entre les sujets reproduits sur les lampes et la destination des lampes, que dans cette lampe en parsieuliei il convient de, reconnaitre une image du boeuf Apis et qu'il faut la rattacher au culte d'Isis. Ii est impossible de nier que dans certains cas il y ait eu relation étroite entre la décoration des lampes et l'usage qu'on voulait en faire. Si la lampe d'or, qui figurait dans la procession isiaque décrite par Apulée, avait la forme d'une nacelle, c'était, suivant toute apparence, parce que la fête, qui se célébrait alors, portait le nom de ..Vaa'igiuin Isi(jis, et parce qu'elle marquait le moment où les marins pouvaient remettre leurs vaisseaux à la mer sans craindre les tempêtes". La lampe, en forme de barque, ornée des bustes de Sérapis et d'Isis, qui a été trouvée à Pouzzoles, a le même caractère : la double inscription Eûral.6ia, et Aar € p ,z zèv "Halos€pairie prouve nettement, que cette lampe avait un rapport étroit avec le culte alexandrin de Sérapis et d'lsis. De même, lorsqu'on voit Pallas en ronde bosse sur uné lampe où se lit la dédicace Canari tetrïcit, ou Jupiter en relief sur une lampe en terre cuite dont le manche, en croissant, porte l'inscription Joui Sererio 2, force est bien d'admettre qu'il :Ÿ a rapport étroit et voulu entre sa décoration de ces deux lampes et usage auquel on les destinait. D'autre part, les lampes d'étrennes, caractérisées par la formule Aimant novuin faustuin felicem, étaient quelquefois ornées de reliefs qui représentaientles cadeaux échangés en même temps que les lampes elles-mêmes, à l'occasion du nouvel an : par exemple des pièces de monnaie, des plats char LUC -1339 -se Li, €C s de fruits, des guirlandes de fleurs 3, etc, STRENAEj. l'est donc pas permis d'affirmer qu'il n'y avait jamais, aucun cas, rapport entre la décoration des lampes et sage qui. devait en être fait, Mais les exemples que nous venons de citer sont exceptionnels; ce serait une erreur d'en tirer une conclusion générale. Ce qui est vrai, c'est que les mêmes lampes, ornées des "liernes sujets ou des mêmes motifs, étaient employées indistinctement dans les maisons, dans les édifices publics, dans les sanctuaires, dans les tombeaux, Les lampes trouvées à Herculanum et à Pompéi ressemblent tout à fait à celles qui ont été recueillies dans les sanctuaires ou dans les nécropolesç, A Rome, on a recueilli toute une série de lampes, sur le flanc ou le fond desquelles se lit le mot Sacra/fi), Saeeul(o), par allusion sans doute aliv jeux séculaires. Or les sujets qui sont moulés sur lis disques de ces lampes ne se rapportent pas spécialement aux jeux, ni à l'amphithéâtre, ni au cirque : ce sont des images de divinités (Esculape, Hygie, Ba.cehus-. , Apollon, Mars et Vénus, Sérapis, Isis, Harpocrate, Pluton, etc.), des scènes empruntées à la mythologie héroïque (Bellérophon et Pégase, Hercule assis, "Nysse et les Sirènes, Orphée entouré d'animaux), des scènes du cirque !courses, combats de gladiateurs), des motifs de genre, des animaux, etc.' L'étude des lampes qui ont été trouvées, au sommet du Bou-liournein, tout autour de l'autel de Scaturuus Beleai'anenasis, suggère la même remarque : on y toit des sujets mythologiques (Sérapis et `suis, Léda et le t.ygne, un aigle les ailes éployéEs, le groupe de l'étoile et du croissant), des scènes de genre, unis motifs purement décoratifs (feuilles, guirlandes, ornements géométriques) '. D'autre part, il suffit de jeter un coup d'oeil sur les séries très nombreuses de lampes funéraires exhumées soit en Itallie, soit dans l'Afrique du Nerd,pour reconnaître une fois de plus qu'il n'y avait aucune relation entre la décoration des lampes et l'usage auquel on les destinait. Sur les lampes recueillies dans les eolumbaria de la campagne romaine, dans les nécropoles voisines de Caesarea ou de Butta Regia, dans le cimetière des Offaeiales de Carthage, les sujets sont d'une variété infinie, depuis Ies images des divinités les plus vénérables jusqu'aux motifs les plus obscènes'. On a même trouve dans un tombeau, en Italie, une lampe d'étrennes, avec la formule Annam novum faustit,m feraient'. Quant aux lampes chrétiennes, s'il est vrai qu'elles sont décorées de scènes bibliques, de symboles et d'emblèmes chrétiens, rien n'indique que les motifs dont elles étaient ornées fussent différents suivant qu'elles étaient destinées aux maisons particulières, aux basiliques ou aux catacombes. Ici et là, c'étaient les mêmes formes, les mêmes sujets, les mêmes ornements : c'ei4ation étaie partout identique. Ce qu'il faut dire, , c'est que les scènes moulées sur les lampes antiques, qu'elles fussent empruntées à la mythologie païenne., à la vie de chaque jour, à la nature ou à la religion chrétienne, constituent un ensemble des plus intéressants, parce que nous y retrouvons aujourd'hui les motifs qui étaient le plus populaires aux premiers siècles de l'ère chrétienne. Lorsque le citadin ou le campagnard allait chez le marchand de lampes, il choisissait naturellement, dans les limites de ses ressources, les lampes qui lui plaisaient le mieux; les potiers connurent bien vite quels étaient les échantillons le plus demandés ; ils les fabriquèrent en grande quantité; c'est là ce qui nous explique pourquoi l'on découvre tant d'exemplaires d'un seul et même sujet, tantôt signés d'un m@nie nom, tantôt au contraire sortis d'ateliers différents. Que valaient ces lampes comme ustensiles d'éclairage? Il est bien certain qu'on ne saurait les comparer à nos lampes modernes. Il ne faut pas toutefois exagérer en sens contraire. Les lampes communes éclairaient bien autant que les chandelles fumeuses dont, pendant de longs siècles, les pauvres gens se sont partout servis, Dans les maisons riches les lampes à plusieurs becs, souvent suspendues en grand nombre à des candélabres, pouvaient fournir une lumière assez Intense. N'oublions pas enfin que la lampe antique, sous sa forme la plus simple, r st -à-dire sous la forme d'un récipient rempli d'huile et Baia lequel trempe une mèche, est restée en usage jusqu'à nos jours, non seulement chez des peuples routiniers et peu civilisés, comme ceux qui habitent l'Orient ou l'Afrique du Nord, mais même dans maintes régions de l'Europe. J o TOUTAiN LUC '13210 -LUC des exercices du pentathle QLINQuEBTIU241. -C'était, par opposition aux jeux « légers » 4, comme le course ou le saut, un concours «lourd», (3apérepoç: des agonistes qui y prenaient part on exigeait, entre autres conditions, la vigueur physique et le poids. Pourtant, parmi les exercices de force, c'était encore le moins brutal. Défense était faite de frapper l'adversaire à coups de pied et surtout à coups de poing: seuls la pression des membres et l'entrelacement des corps devaient assurer la victoire. C'est ce qui distingue la lutte du pancrace [PANCRATIOV], où l'usage des poings était permis, ce qui en faisait un exercice intermédiaire entre la 7ria r, et le pugilat'. Comme, dans le pancrace, aussi bien que dans la lutte, ce que l'on se proposait d'abord était de renverser l'adversaire, il va de soi que beaucoup de passes et de tours étaient communs aux deux exercices : nous sommes exposés ainsi à les confondre souvent sur les monuments figurés. Pour les distinguer à coup sûr, il faut que l'emploi violent de la main fermée nous avertisse qu'il s'agit du pancrace et non de la lutte simple. I1 importe de nous mettre d'abord en garde contre cette chance d'erreur. I. L'origine de la lutte est très ancienne. Les Grecs, selon leur habitude, en attribuaient l'invention à des dieux ou à des personnages mythologiques. Apollon, sous l'une de ses formes 6, s'y serait, un des premiers, distingué. Hermès, le grand dieu de la palestre, présidait d'une manière particulière aux exercices de la lutte 7 : son protégé ou son fils 9, Autolykos, aurait instruit Héraklès dans cet art ; suivant une autre légende f 0, Harpalykos, également fils d'Hermès, aurait rempli le même rôle 1l ; Palaistra, la personnification de la lutte, est aussi bien la fille même du dieu u. Athéna, l'artificieuse, aurait, directement f3 ou non 14, donné des leçons de à Thésée. Héraklès, fort de l'enseignement qu'il a reçu, est vainqueur'° dans l'agôn légendaire où triomphent, dans d'autres exercices, les Tyndarides : c'est par son adresse à la lutte qu'il bat, non seulement Antée 10, mais le géant de Sicile, Eryx 17, aussi le révère-t-on comme maître en cet art 18. Thésée ne pouvait manquer d'être, ici encore, son émule. Élève d'autres maîtres, il lutte contre le Mégarien Kerkyon 15 et reçoit les mêmes honneurs 20. A ces deux figures semblables, il faut ajouter Atalante, I Arcadienne, victorieuse de Pélée lui-même, aux jeux célébrés en l'honneur de Pélias2', Pélée son rival", et les héros légendaires qui triomphèrent les premiers à Némée, Polynice " ou Tydée 24. II. 9 l'époque classique, les Grecs distinguaient deux sortes de luttes, le combat debout, 0p8; 7cxa 25, et le combat à terre, âa(oL i 26, xfatetç 27. Dans la première forme de l'agôn, que connaissent déjà les poèmes homériques2B, il s'agissait de renverser trois fois son adversaire (voir plus Ioin) : c'est la lutte classique, celle que l'on pratiquait dans les grands jeux Le corps à corps à terre était, semble-t-il, également en usage dans les palestres mais, dans les combats publics, c'était .la forme propre au pancrace [PA;NCRATION. Nous ne l'étudierons plus loin que dans la mesure où en était exclu l'emploi des poings fermés. III. Les termes techniques employés par les auteurs sont, sauf deux ou trois exceptions, très peu explicites. Il est difficile de les comprendre exactement, plus difficile encore peut-être de les rapprocher des monuments figurés qui devraient les « illustrer ». On le comprendra sans peine, si l'on songe qu'aucun d'eux, ou presque aucun, ne désigne, à lui seul, une manoeuvre déterminée. Ils se rapportent tous à des moments très fugitifs et très rapides de la lutte. II n'y a pas de combat, si court qu'on le suppose, qui n'exige, de la part de chacun des deux adversaires, l'emploi opposé, successif ou simultané, d'un grand nombre de ces mouvements : les reconnaître devait être déjà difficile pour un artiste grec, à plus forte raison l'est-il pour nous modernes. J'ai cependant cru devoir réunir par ordre alphabétique les différents termes techniques que j'ai pu retrouver dans les textes. La traduction que j'ai jointe à chacun ne prétend pas à une précision impossible. 'Ayxaai'EaOal, enserrer de ses bras 30, L yoto ", étouffer, àxpo'Etptagdç 32, forme de lutte où l'on combat avec le bout des doigts, à,.N.ar 63, entrelacement en forme de noeuds, àva'iaa,à s v 64 E[ç (ilî ç, soulever l'adversaire en l'air, àvaros7rEty 3:; renverser, àd'un croc-en-jambe, yuoocv 38, arrondir les épaules, ipea6ty a', saisir, aida') 4o, entraîner l'adversaire, IA6),yl 41, attaque, iirEyxa(ym 42, incliner vers le sol, Oà. a),ov 7r«aatam.a 43, manière de lutter propre aux Thessaliens, x)tµxe,:Ety d4, donner une entorse (?), )nt 45, prise que l'on a sur le corps adverse, au é otv 46, rendre flexible comme l'osier, N.Eco7réeSEty 47, saisir par le milieu du entourer de ses jambes, 7rEpt7r)iox(I "2, entrelacement, 7tEpt7 rô«v 53, sauter sur quelqu'un de manière à le serrer entre ses jambes, 7 A«yteeîv â4, attraper ou mettre de côté, aooceidarl attaque, 77TEpv(Ety 56, donner un croc en jambes, atxE)(Ety "7, lutter comme les agonistes de front contre front comme les béliers, ap' xoav 61, amincir et resserrer la taille, rpatzCEty 62, prendre par le cou, (iecexEai~Ety 6S frapper la jambe par-dessous, donner un LUC -13'rlLUC croc-en-jambe, Gti.x(oeat, itàvuwv, méme sens (coupe pousser l'adversaire. IV. Les représentations figurées montrent assez souvent les agonistes sur le point de commencer le combat, de sorte que nous connaissons assez bien ce qu'on pourrait appeler la mise en garde des lutteurs. Une coupe de Munich, attribuée à Euphronios GYMNASTICA, fig. 3678j t, montre chacun des adversaires avec le pied droit en avant, le pied gauche en arrière et sur la pointe: le corps est penché, les épaules courbées de ma nière à offrir le moins de prise possible à l'adversaire, les bras pliés plus ou moins au coude, les mains ouvertes et prèles à saisir.Deux célèbres statues de bronze, trouvées à Herculanum, représentent de même (tes lutteurs avant le combat °. Sur une peinture de vase (fig. 461'ii), la position est un peu différente et les bras sont levés plus haut'. Le schéma est le même lorsqu'au lieu d'hommes faits ou d'éphèbes, les pugilistes sont des Éros ou des enfants : un assez grand nombre de monuments, d'époque tardive, nous les montrent 7AiIILETA, fig. ii98' prenant la même mise en garde 7. V. Parmi les manières dont les athlètes en viennent aux mains, il en est quatre que nous pouvons distinguer tout d'abords. Un moyen très simple de vaincre était de réduire à l'impuissance l'un des bras, de préférence le gauche, de l'adversaire: pour ce faire, on le saisissait des deux mains au poignet et à l'épaule; on pouvait ainsi V. tordre son bras (ro(uety) et l'amener à prendre une position plus favorable au corps à corps. i'ne amphore iltticocorinthienne de Londres s et le cratère dit d`Amphiaraos. à Berlin (fig. 1(ï1~ï10, en donnent des exemples : l'adversaire essaie vainement (le dénouer l'étreinte en faisant usage du seul bras qui lui reste libre. Ailleurs c'est le bras droit qui est fait prisonnier et le gauche qui est libre. Enfin, sur une coupe à figures rouges de Berlin '2, l'engagement parait à peine commencé et le second agoniste ne t'ait aucun effort pour desserrer l'étreinte. Un second procédé consistait à saisir des deux mains h2, deux poi gnets de l'adversaire: une simple pression exercée sur les bras les courbait en arrière et amenait,sans résistance possible, la chute du corps. Une coupe à fi gures rouges (fig. B;1611'1, une fresque de Cornetoetpeutêtreunvaseàbuccherodel.AntiquariumdeBerlinl'nous expliquent ce mouvement. Le schéma devient plus compliqué quand l'un des doux lutteurs saisissant le second d'une main au poignet et de l'autre à la nuque, en mente temps qu'il serre fortement un bras de l'adversaire, tente de le culbuter en ,a, , :Iut une pression sur sou dos. Les monuments, Mi, sent très nombreux. Je citerai le trépied de Tanagra à Berlin''', une amphore de'eicosthènes au British Museum 9, une peinture fI figures rouges d'Oxford J7, un miroir étrusque )ATALAXTA, fig. 39?I, une fresque de Pompéi représentant la butte de Pan et d'Éros f3. La riposte à cette attaque se faisait en mettant la main libre sur la nuque du premier agoniste's ou en essayant de faire fléchir l'un de ses bras, celui qui serrait le poignet2a ou celui qui enlaçait le cou 2-I. Le corps a corps devient plus imminent, quand, au lieu de se poser sur la nuque, les bras restés libres essaient d'attraper les jambes de l'adversaire. Une coupe à figures rouges du British Museum " nous fait connaitre cette dernière manoeuvre, moins usuelle, semble-t-il, que les premières, ruais dont l'effet devait être plus immédiat. VI. Pendant ces divers mouvements, les têtes des agonistes, dont les corps étaient penchés en avant, se trouvaient naturellement très rapprochées. Les fronts se touchaient d'eux-mèmes et il n'y faut pas voir un simple hasard, mais l'effet d'une tactique. Nous savons par les textes (voir sujirài) que l'une des manœuvres favorites LUC 1342 LUC était le heurt des fronts l'un contre l'autre, et, les deux tètes une fois en contact, la pesée graduelle de la première sur la seconde. L'adversaire le moins résistant était de la sorte rejeté en arrière, et, s'il ne trouvait quelque riposte, se trouvait rapidement renversé sur le dos. Cette tactique a à coups de bélier» se trouve représentée sur de nombreux monuments. Je citerai, parmi les vases à figures noires 1, le trépied de Tanagra deux amphores de Nicosthènes, l'une à Londres 3, l'autre à Vienne 4, une coupe du musée de Munich s ; parmi les vases à figures rouges, la peinture déjà citée (fig. 4617) a, deux coupes, l'une de Londres 7, l'autre d'Oxford 8, des sarcophages°, des terres cuites10, des pierres gravéestl et des monnaies 12. Vil. -Au lieu de s'en prendre aux bras et aux épaules, les agonistes pouvaient attaquer l'adversaire par les pieds 1'1 le vaincre en lui faisant perdre brusquement l'équi libre. On a vu plus haut le très grand nombre de termes techniques, dont la traduction approximative est « renverser d'un croc-en-jambe ». La tactique était donc familière aux Grecs, et cela dès les temps homériques. A vrai dire, il est malaisé de descendre dans le détail. L'on peut du moins distinguer deux cas, l'un où les pieds s'enlacent derrière les jambes du corps opposé, c'est le croc-enjambe à proprement parler, l'autre où la jambe est saisie avec les mains et brusquement soulevée en l'air. Une différence fondamentale sépare ces deux manoeuvres : tandis que la seconde exclut le corps à corps, la première ie suppose nécessairement. Aussi n'est-elle jamais employée seule. Les agonistes y avaient recours pour des serrer une étreinte dont ils ne pouvaient se dégager autrement. Par exemple, sur un miroir à relief (fig. 4618} trouvé dans la Russie méridionalef3, un Éros, soulevé en l'air par son compagnon, essaie de faire passer son pied gauche der rière la jambe de même sens du second combattant : s'il y réussit, il le fera choir en avant et sera victorieux, à supposer même qu'il n'ait pu dé gager ses mains, La seconde tactique demandait plus de rapidité dans l'attaque, mais obtenait un résultat plus soudain. Les peintures de deux amphores panathénaïques le montrent très clairement. Sur l'une (fig. 4619) f4, le premier agoniste tient de la main droite le pied gauche de son adver saire : l'avantbras gauche passé sous la jambe en haut du genou soulève très haut le membre, les bras s'agitent en vain pour reprendre l'équilibre , la chute paraît prochaine. Sur le second vase (fig. 4620)16, la main gauche seule attrape la jambe droite au genou : le résultat paraît le même. La manoeuvre devenait naturellement moins efficace, quand les corps étaient entrelacés. Sur une amphore du Louvre 16 et sur une hydrie du British Museum i7, Achéloos et Antée y ont vainement recours contre Héraklès. VIII. Soulever en l'air son adversaire, pour le renverser ensuite sur le sol, était un tour d'un usage très généralfe. Héraklès, suivant une tradition relativement récente 1°, étouffait ainsi Antée, le géant Libyen ; Pélée triomphait de Thétis 2° etTityos essayait de forcer Latone 21. Le difficile, dans cette manoeuvre, était de se garer des bras de l'ennemi qui, de face, empêchaient toute prise. Il fallait l'aborder par derrière, l'envelopper de ses jambes, et, en même temps qu'on le serrait à la taille, empêcher ses mains de dénouer l'étreinte. Une fresque thébaine de Beni-Hassan reproduit un motif un peu différent 22. De même, une amphore de Nicosthènes au musée de Vienne 23 montre les deux corps juxtaposés sur le même plan : le vaincu est attaqué de côté et non plus de dos et, au lieu LUC 1343 LUC de le soulever, le vainqueur essaie simplement de le presser à l'étouffer. Une peinture d'un vase de Cumes (fig. '62111 nous présente le schéma véritable : l'athlète a saisi son adversaire de la main gauche à la hanche, pendant que son avant-bras droit serre à la fois le haut de la cuisse et le poignet droit; donc en même temps qu'il soulève le second agoniste, il lui fait perdre l'usage de son bras droit, et ne le laisse libre que d'essayer, avec sa main gauche, plus faible, de dénouer l'étreinte. Nous avons déjà cité (fig. 4618), à propos du croc-en-jambe, le groupe reproduit sur un miroir en bronze de l'Ermitage 2 : là les deux mains du vainqueur sont solidement jointes l'une I ig. 4631. Enlèvement par à l'autre et enlacées autour de la taille qu'elles enserrent, le second Éros a les deux bras libres, et en même temps qu'il essaie de faire perdre l'équilibre au premier, il lui prend les deux mains aux poignets pour les détacher s'il le peut. Dans l'un et l'autre cas, c'est à peine si le corps est soulevé de terre, mais il pouvait en être bien autrement, et parfois l'homme ceinturé est levé très haut'. Sur un certain nombre de monuments, les adversaires sont fort rapprochés, de sorte que la tête du premier, comme écrasée par le corps du second, est plus ou moins déprimée et rejetée sur l'épaule'' D'autres fois, surtout dans les groupes de Thétis et de Pélée, la tète est pressée contre le corps qu'elle serre et dont elle contribue à réduire la résistance. Enfin il arrive que, au lieu de maintenir son adversaire droit devant lui, le vainqueur le fasse glisser de côté (fig. /3622), afin de lui faire perdre plus facilement le contact et de le rejeter plus aisément sur le 603-Enlèvement sol'. Je ne mentionnerai que pour mémoire un bronze où un support permet d'asseoir à demi le premier des athlètes'. Nous avons déjà vu comment on parait ces attaques. L'agoniste vaincu sur l'amphore de Nicosthènes au lieu de résister et d'essayer de se défendre, lève les deux bras. Quand, comme il arrive souvent sur les représentations de Thétis et Pélée, un bras, laissé libre, est levé en l'air en signe d'appel ou de désespérance 8, c'est que la lutte est érotique autant qu'agonistique, et la résistance plus apparente que réelle. IX. Deux coupes à figures rouges du British Museum nous font connaître un corps à corps tout différent, mais dont l'effet était de même de soulever le corps adverse. Soit qu'en se baissant pour attaquer, l'un des lutteurs ait découvert son dos, soit qu'une manoeuvre savante l'ait fait pencher en avant, le haut du corps de son adversaire s'est abattu sur sa nuque: les bras noués le ceinturent, comme tout à l'heure, mais en partant cette fois du cou et en pressant obliquement ses flancs ; la tète du vainqueur appuyant de plus sur le dos, l'athlète perd forcément: l'équilibre. Kerkyon a beau entourer de son bras gauche le haut du dos ennemi, ses pieds ont déjà perdu 1'égui libre et sa main droite essaie vainement de saisir l'une des jambes de Thésée'. Sur l'autre vase 10, Kerkyon a encore un pied à terre : son bras droit entoure Thésée, tandis que sa main gauche est simplement levée, sans avoir pu attraper le héros. Sur un troisième vase (fig. 4623), Thésée tient enlacé Kerkyon, qui perd équilibre et agite en vain ses deux bras il. X. Par l'un ou l'autre procédé, le corps était soulevé de terre. Un certain nombre de peintures antiques le montrent avant ou pendant la chute. Une fresque de Beni-Hassan nous le fait voir horizontal, sur les épaules du vainqueur, qui se tient droit et debout". Chez les Grecs, le schéma est un peu différent. Le premier athlète s'est courbé en avant et presque accroupi : il fait glisser le corps du second sur ses épaules et tient des deux mains son bras gauche prisonnier pour ressaisir l'équilibre. Le vaincu lève vainement son bras droit : il va infailliblement être projeté sur le sol 13. Les peintures des tombes étrusques représentent fréquemment ce moment du combat. J'en citerai une de Corneto 1. et quatre de Chiusi 1:;. Sur l'une de ces dernières (fig. 4621), trouvée dans la tombe « della Scimia» 18, le corps soulevé a les jambes en l'air et la tête déjà penchée vers le sol : le bras gauche, tenu à deux mains, est dirigé vers la terre et le droit, resté libre, essaie de se cramponner à la nuque du premier agoniste. XI. Au lieu de faire passer le corps sur le dos, ii LUC 13'n LUC était plus simple, sinon plus facile, de le projeter directement, surtout quand on le tenait par derrière et qu'en le soulevant on pouvait l'empêcher de se retourner. Un bronze de Florence fait voir Antée déjà culbutant et la tête penchée en avant: Héraklès Fa levé jusqu'a la hauteur de son épaule droite'. Un bronze conservé à Paris (fig. 4625) représente un moment postérieur. L'un des lutteurs est renversé, les pieds en l'air, la tête vers le sol, la main gauche tendue en avant pour resraisir l'équilibre, la main droite essayant de desserrer le bras de son adversaire 2. Le motif est évidemment antérieur à la légende d'après laquelle Antée tenterait de prendre contact avec Ge, sa mère. Nous le retrouvons sur deux vases à relief, provenant l'un de Vichy l'autre de Sisteron'. XII. Le schéma est un peu plus compliqué sur la coupe attribuée à Euphronios que possède le Cabinet des Médailles La même scène est reproduite deux fois, sur l'extérieur et au dedans du vase. Le premier lutteur qui peut avoir frappé son adversaire en bas du dos l'a soulevé du bras gauche et fait passer par-dessus son épaule : sous l'effort, il s'est agenouillé et son bras droit rejeté en arrière lui sert de balancier. Le deuxième agoniste, dont la tête est en bas, passe le genou droit autour de la tète du premier, et essaie de l'étouffer (voir XVI) en même temps que de s'arrêter dans sa chute. Sur une métope du TheseionKerkyon, « ceinturé » et soulevé, essaiera de même d'attraper de la main gauche le mollet droit de Thésée. XIII. L'une des ripostes, comme aussi l'une des attaques les plus efficaces consistait en l'action exercée sur le cou. La pression pouvait dans certains cas être mortelle sans qu'il y eût là rien de contraire aux lois qui régissaient les jeux publics. Un moyen si violent, et dont l'action était si redoutable, dut être souvent employée ; nous le voyons sur les vases peints. Sur une amphore de Nicosthènes °, l'un des lutteurs ayant passé la tète sous le cou du second, il lui suffit de la relever simplement, pour écraser les muscles cervicaux de son adversaire et lui causer une douleur très forte. Sur un fragment du Louvre, c'est avec les bras noués autour du cou que Thésée étouffe Kerkyoneus 10. Enfin, nous avons vu que sur la coupe de la Bibliothèque Nationale, i'agoniste projeté en l'air entoure de sa jambe pliée au genou le cou de l'athlète vainqueurlf. XIV. Il reste à étudier un groupe souvent reproduit à l'époque alexandrine et que nous fait connaître un beau bronze d'Antioche (fig. 4626), conservé au musée de Constantinople 12. On y voitla lutte finie. Hermès a passé son pied gauche derrière le jarret de son adversaire qu'il a renversé d'un croc en jambe : il le tient sous lui, la main droite appliquée sur sa nuque, la main gauche empêchant l'effort du bras droit. Le vaincu agenouillé appuie sa main gauche à terre. Des répliques semblables, sauf quelques détails, sont conservées à Paris 13, à Londres à Florence 1S à Saint-Pétersbourg ". Celle du British Museum provient d'Égypte, ce qui confirme l'origine XV. Nous ne pouvons in sister sur les autres sortes de luttes. On trouvera plus loin, à propos de l'entraînement, l'énumération d'un certain nombre d'exercices qui ne sont pas des engagements à proprement parler, mais qui devaient y préparer. Peut-être, cependant, faut-il mentionner ici une forme de combat, pratiquée encore aujourd'hui, et que nous fait connaître (fig. 4627) une fresque de Pompéi 17. q ° ~1F;q L'agoniste le plus robuste a l'une des mains repliée derrière le dos, et les adversaires combattent avec des armes inégales : le plus faible, Éros dans l'espèce, aura pour tactique évidente de joindre son autre main, restée libre, à la première et de tordre le membre unique dont Pan ait la disposition. XVI. Telle était l'éphr ire«. La xdatatç, nous l'avons dit plus haut, ne nous intéresse ici que dans la mesure où elle faisait partie, non des engagements des grands jeux, où elle n'était pas pratiquée, mais des combats de la palestre. Dans les concours publics, l'âaivlrlatç n'était permise que dans le pancrace où l'usage des coups de poing était emprunté au pugilat. Nous n'aurons donc pas à étudier les règles propres à cette sorte de lutte, mais seulement quelques-unes des formes, les plus simples et LUC 134,5 LUC les moins violentes, sous lesquelles elle se présentait. Une des plus fréquentes représentations est celle des adversaires à genou, engageant ou sur le point d'engager le combat' : le corps à corps à terre est inévitable avec ces prémisses. Nous le voyons réalisé (fig. 11628) dans le célèbre groupe de la tribune de Florence 2 : le vainqueur 3 a renversé son adversaire d'un croc-en-jambe, en même temps qu'il le ceinturait en haut du corps. Il a déjà réduit à l'impuissance le bras gauche; il ne lui reste qu'à saisir, de sa main droite, la main gauche posée à terre ; il aura ainsi prévenu toute parade possible. Les manoeuvres que nous avons étudiées étaient également de mise avec la r.G),tat,. Non seulement le croc-en-jambe était permis, mais le Tçoe/À' noç paraît avoir été d'un usage courant. Des pierres gravées montrent un lutteur étouffant ainsi des deux bras son adversaire (fig. 4629) 4. Sur une médaille contorniate du Bas-Empire [CONTORNIATI NUM111, fig.1922t, le vainqueur assis semble écraser entre ses jambes la tête de son adversaire, dont les membres sont tordus et disloqués de la manière la plus étrange. Une fresque de Beni Hassan (fig. 4630) fait voir le premier agoniste penché presque horizontalement sur le second et appuyant sa tête sur son cou et son épaule droite' : le vaincu, renversé et sur le point de toucher la terre du dos, essaie, en tombant, (l'entraîner son vainqueur que son bras gauche vient d'accrocher en haut du jarret. Sur une hydrie de Munich à figures noires 6, Antée est déjà couché sur le sol : Héraklès le tient d'une main en bas du genou gauche, de l'autre à la nuque, et le géant s'efforce en vain de saisir le pied gauche du héros. Enfin, un curieux bronze de Vienne nous révèle une forme mal connue de combat où les pieds et les mains paraissent avoir joué un rôle égal Je ne mentionnerai que pour mémoire les groupes érotiques. L'un d'eux, qui représente le combat d'un Satyre avec une Nymphe ou un Hermaphrodite, serait, suivant une opinion douteuse de Stephani°, le symplegma du portique d'Octavie'. XVII. Pour lutter dans les grands jeux, il fallait la réunion d'un certain nombre de qualités physiques, que les anciens avaient soigneusement déterminées. Le corps devait être élancé, tout en étant bien proportionné, le cou ni trop long ni trop court, mais droit comme celui d'un beau cheval, les épaules hautes et solides, les bras forts et sains aux veines non saillantes, la poitrine sortante et bombée, la cage thoracique bien dessinée, le ventre peu développé, les hanches fortes et résistantes, le dos légèrement courbé, les flancs souples, les cuisses robustes, les jambes droites 10. L'endurance était nécessaire, car les passes duraient longtemps et la lutte olympique avait lieu, non seulement en plein été, mais en plein soleil et durant la forte chaleur du jour ". C'était, parmi les conditions physiques, la plus indispensable après la vigueur pti, nique, et, les corps une fois enlacés, la victoire restait au plus solide et au plus lourd12. Pourtant, les qualités corporelles n'étaient pas les seules. Entre les exercices du pentathle, il n'y en avait pas qui exigeât plus d'habileté, de coup d'oeil et de présence d'esprit; c'était le plus savant et le plus fourbe, To/v;xo)7aToa XJ.i 72Œ9007y 6TRTOY 16. L'art que les Grecs avaient de tromper était attribué par certains à leur habitude de la lutte et c'était son talent, 0',D(«, non sa force, qui passait pour avoir donné la victoire à Thésée ". La souplesse du corps était certes nécessaire 16, mais pour savoir en profiter, et pour découvrir du premier coup d'oeil le défaut de l'adversaire, l'ingéniosité était indispensable. Chaque lutteur fameux avait sa manière et ses passes favorites17: l'habileté suprême consistait à se dérober à propos et à n'accepter l'engagement que stêr de sa manoeuvre et à peu près certain de vaincre. XVIII. Pour développer les dispositions naturelles et mettre les agonistes en état de concourir avec avantage, l'entraînement devait être continu et sévère. Les pédotribes étaient généralement d'anciens athlètes 18, auxquels leur tige ne permettait plus de descendre dans le stade, mais que leur expérience mettait à même de donner de fructueux conseils. Les anciens n'étaient pas ingrats à leur égard et savaient fort bien apprécier leur service 19. Pindare rappelle avec insistance à Pythéas d'Cgine ce qu'il doit à son maître Ménandre 20. Cratinos d'rEgira, lutteur célèbre, a sa statue à Olympie : à côté de son effigie, se dressent celles de ses fils et de son pédotribe 2t. On a parlé ailleurs du régime des athlètes LIT 1346 LUC [ATHLETAE. p. 543_. Pour la préparation des lutteurs, Philostrate nous apprend qu'il y eut deux écoles différentes qui se succédèrent. La première était ce qu'on pourrait appeler l'école naturelle. Les lutteurs s'exerçaient en portant des fardeaux pesants, en courant contre des chevaux rapides, en tordant des pièces de fer, en tirant la charrue, en domptant de jeunes taureaux, en nageant dans la tempête : la nourriture était des plus sobres, la vie des plus sévères. De tels athlètes, non seulement illustraient leur patrie, mais étaient, au besoin, capables de la défendre 1. C'est en ce sens que Platon prescrit aux futurs guerriers l'exercice de la lutte, comme « utile à tout » et comme capable, au plus haut point, de donner la santé et la force 2. Les Béotiens aussi se vantaient d'avoir vaincu les Spartiates à Leuctres parce qu'ils étaient, plus qu'eux, habiles aux exercices de la palestre'. Philostrate se plaint que, de son temps, cet entraînement naturel et qui faisait des hommes ait à peu près complètement disparu. Le stade, dit-il, a été « énervé » 4. Les médecins sont intervenus et ont imposé un régime savant et perfectionné'. Les professionnels ont pris le pas sur les athlètes véritables et toutes sortes d'abus ont suivi XIX. -Un des moyens d'entraîner le corps était d'exercer l'agoniste à se servir également des deux bras : Platon recommande expressément que les deux membres reçoivent les mêmes soins et veut qu'ils prennent le même développement 7. Parmi les exercices propres à la palestre et qui préparaient aux luttes publiques, on peut citer celui que nous fait connaître une pierre gravée de Florence : les adversaires y tirent sur une corde dont les d bouts sont fixés à des bâtons (fig. 4631). Une amphore de Munich' met en scène un exercice plus pratique: sur le trône de Zeus sont figurés deux lutteurs nus, les bras également pliés au coude et les mains se serrant à la taille : l'un d'eux a passé le bras sous celui de l'adversaire et tous deux tirent en sens contraire, chacun t )y ( essayant d'entraîner l'autre (fig. nt, si.. 4632). Enfin l'on peut citer ici les légendes que l'on contait sur Milon de Crotone. Il se tenait, nous dit-on, debout sur un disque frotté d'huile sans qu'aucune force pût l'en détacher 10 : e'était, légèrement transformé, l'exercice bien connu dans lequel on essayait de faire sortir quelqu'un d'un cercle tracé autour de lui sur le sol". L'autre prouesse parait lui être propre : seul il tenait, sans l'écraser et sans qu'on pût la lui arracher, une pomme ou une grenade dans sa main fermée 12 XX. Nous n'ajouterons rien à ce qui a été dit de la coiffure et de la nudité des athlètes en général jrATHLETAE f, si ce n'est que la nudité complète rendait seule possible de frotter d'huile le corps entier, suivant une pratique constante qu'il nous reste à examiner. La preuve en serait que l'un et l'autre usage sont relativement récents et sans doute contemporains. De fait, les héros d'Homère qui se ceignaient pour la lutte, essuyaient simplement après l'engagement la poussière dont ils étaient couverts. A l'époque classique, l'onction comprenait deux parties successives, l'onction du corps, û7CZ)sEi6eEeeat et le frottement avec de la terre en poudre, C7coxovit saOat 13. Un passage de Plutarque t4 distingue le 7.-r,X6ç, la xov(a-rpa et le x-i mtr.a [CEROMA:, mais il faut rapprocher l'un de l'autre le premier et le troisième terme : tous deux se rapportent à la première série d'opérations. S'il en fallait une preuve, nous la trouverions dans l'Anacharsis où n'apparaissent que le 1-i' Àég et la x6'éu 7 : le x's pny.a qui n'est pas mentionné était l'ingrédient nécessaire à fixer le ,c'r éç. De la boue, 7t-rads, de la terre délayée et rendue adhérente 'a, tel était donc le premier élément dont on couvrait et frottait tous les membres : un mélange d'huile 17 et de cire r8 facilitait l'onction. Son effet était de rendre le corps glissant comme une anguille 19 et souple comme l'osier, ),uv(saAat20. Non seulement la difficulté de la prise en était augmentée, mais les chutes étaient rendues moins pénibles 21. Il importait seulement de ne pas s'oindre sous le manteau 22, car la pratique, au dire du Pseudo-Aristote, était contraire à la santé, et avait le défaut de relâches les pores de la peau. Un passage de Jean Chrysostome 23 pourrait paraître signifier qu'au lieu de frotter directement le corps, on l'enveloppait d'un himation tout pénétré d'huile : il faut sans doute l'entendre de la graisse qui couvrait les membres préalablement enduits et qui tachait et mouillait l'himation. Cette onction n'était pas seulement pratiquée avant le combat: elle pouvait se combiner avec un véritable massage destiné à fortifier le thorax, ou, d'une manière générale, tout le corps. Dans ce dernier cas, elle était faite par les ALIPTES2: La deuxième opération consistait à saupoudrer de poussière l'épiderme rendu glissant et souple. On le faisait pour rendre les corps à corps faciles ou mème possibles, mais il s'y joignait aussi d'autres raisons. Cette couche épaisse dont le corps était revêtu arrêtait la sueur, abondante sous le soleil d'été; elle empêchait aussi les refroidissements, dangereux par les grands vents qui soufflent fréquemment en Grèce, et qui pouvaient atteindre mortellement des corps nus et échauffés par la lutte 23. La terre dont on se servait était de diverses espèces, que Philostrate nous énumère avec soin Il n'en distingue pas moins de cinq variétés, suivant qu'elle est argileuse (?) 7rr»wôr;ç, coquillière (ôa'rpaxt a-1;), bitumineuse (âatpaa'rsél' ç), noire ou blonde (,.Eaatva, EçavO'i) 2R La manière dont on l'appli quait n'était pas indifférente : il fallait, non la frotter sur LUC 13'r7 LUC le corps, mais la faire couler en écartant légèrement les doigts '. L'épaisse croûte, faite de terre coagulée par la sueur et par l'huile, était raclée avec un strigile2 et enlevée à l'aide d'un bain, partiel ou total' [voy. 5TRIGILIs XXI. C'est à la 18e Olympiade, avec le pentathle, que la lutte fait son entrée officielle dans les concours publics'`. Eurybatès fut le premier vainqueur. Depuis cette date conventionnelle (708 av. J.-C.), elle fait partie, non seulement des grands jeux mais des agôns provinciaux, comme les Ilerakleia de Lesbos 6 et les Asklepieia de Thyatire La lutte des enfants fut introduite moins d'un siècle plus tard, à la 37e Olympiades 1632 av. J.-C.). Elle ne fut pas moins en faveur que la première. Les Eleusinies, les Theseia', tous les grands concours l'adoptèrent comme la lutte virile, que généralement elle précédait dans l'ordre des jeux'0. La huitième Olympique de Pindare est dédiée à un 7caïç 7caaafa'rç, Alcimédon d'Egine, et sa victoire n'est pas moins fêtée que celle des agonistes plus âgés. Dans le pentathle, la lutte suivait la course comme intermédiaire entre les exercices légers et ceux qui demandaient un corps vigoureux et pesant. Des lois spéciales, tout un code très détaillé, la régissaient '2. Elles permettaient exceptionnellement d'accorder la victoire quand aucun concurrent ne s'était présenté ". Elles prescrivaient le jeu de la flûte pendant les concours, tout au moins durant le pentathle 14, Elles arrêtaient que la couronne serait donnée à la troisième chute, Tptavn.dçt°. Surtout elles réprimaient sévèrement les fraudes, soit en punissant les concurrents euxmêmes, soit, quand ils étaient trop jeunes, leurs parents". Il ne faut pas confondre ces lois avec ce qu'Elien nous rapporte du « législateur » Orikadmos de Sicile" : ce que cet agoniste paraît avoir codifié, c'est simplement Tlv atxEJ,ôv Tpd7cov, c'est-à-dire, comme nous l'avons vu plus haut, une passe célèbre d'agonistique, une manoeuvre particulière où l'athlète excellait. XXII, Les représentations de lutteurs étaient fréquentes, mais les textes nous en apprennent peu de chose. L'agôn du bouclier d'Héraklèsi8 et du coffre de Eypselos ", le symplegma nubile de Céphisodote 20, le lur.'tator aiihelans de Naucéros2t, les peintures d'Antidotos 22 et de Timainétos 23, même les effigies d'athlètes connus comme les statues de Pythagoras de Rhegion" sont pour nous autant d'ceuvres ignorées, qu'il faut renoncer à identifier. Nous connaissons mieux, grâce aux auteurs, les noms et les prouesses des athlètes. Nous savons qu'Argos 25, Égine 20, Athènes 27 se disputaient la gloire des meilleurs maîtres et des victoires les plus nombreuses. Il suffira de rappeler ici, d'après Pindare qui lui consacre la neuvième Olympique, le ('2te'SUS 1lOBCriiill d'un agoniste, Epharmoste d'OponteVainqueur à Delphes, à l'Isthme, à Némée, il l'avait été aux lIeraïa d'Argos, aux Panathénées d'Athènes, aux Hérakiaea de Marathon 28. Comme on le voit, les agonistes faisaient le tour de la Grèce et luttaient tour à tour dans tous les grands jeux. Nous aurions sans doute à enregistrer bien d'autres victoires, si nous connaissions la carrière complète d'un Léontiskos de Messine 29, d'un Stratou d'P lexandrie 30, d'un Milon de Crotone", le plus fameux de tous, qui vainquit six fois à Delphes et six fois à Olympie. XXIII. A l'époque hellénistique, et, plus tard, à l'époque impériale, la lutte devient un exercice de thérapeutique. Ses effets fortifiants ont été observés de très bonne heure". Elle empêchait l'obésité", fortifiait le haut du corps 3'. ou, sous la forme de la xxxntnto, les parties inférieures ". Enfin, nous avons vu plus haut que le massage, indispensable à la lutte et qui en procédait, possède une valeur thérapeutique que les anciens avaient su reconnaître. A. DE RIDDER.