LUDI. JEUX PRIVÉS. -Sur les jeux privés des
Grecs et des Romains nous devons renvoyer aux articles spéciaux où il est traité de chacun d'eux en particulier ; maïs il importe de rassembler ici les notions générales qui s'y rapportent et en même temps quelques détails qui ne trouveraient point place ailleurs.
L Écrits des anciens. L'histoire, la nomenclature et la description des jeux avaient fourni, dans l'antiquité même, la matière de plusieurs ouvrages. Au ve siècle av.
J.-C. le poète cornique Grilles, prédécesseur d'Aristophane, avait donné à la scène attique une pièce intitulée les Jeux, ldat1ma( : on ignore quelle était la fiction qu'il avait imaginée sur ce sujet". Suétone écrivit en grec un livre sur les Jeux des Grecs ; nous en avons conservé des fragments'. Il est bien probable qu'il y avait mis à profit des ouvrages antérieurs, en prose et en vers, dus notamment à la plume des Alexandrins°. L'ensemble de ces travaux a plus tard servi de source à Pollux' ; le résumé qu'il nous en a laissé est encore le document le plus important dont nous puissions disposer, malgré les obscurités dont il est rempli 6.
Il. Les jouets ('3('(V;3. i.1'pwa.2t), Sans parler des hochets et des breloques du premier âge [ cama FACrLDM, cREPO6n1Al, 7, les enfants, dans l'antiquité classique, ont eu à leur disposition un grand nombre de jouets d'espèces très variées; de mime qu'aujourd'hui, on vendait pour les filles des poupées avec leur toilette et leur ménage ,_Pipa] ; la balle, le cerceau, la toupie et le sabot 'PILA, TROCRUS, TLBBO ont été aussi en usage de très
bonne heure. A ces jouets bien connus il y a lieu d'ajouter ceux qui n'ont pas d'histoire, parce qu'ils sont de tous les temps et de tous les pays. Lucien raconte comment, dans son enfance, i1 s'amusait à façonner des boeufs, des chevaux et des bonshommes avec de la cire ou de l'argile, talent qui lui attira plus d'un soufflet de ses maitres, ,jusqu'au jour où sa famille s'avisa d'y voir l'indice d'une vocation particulière pour la sculpture'. Cependant beaucoup de jeunes Grecs partageaient ce goût précoce"; c'était pour eux, à ce qu'il semble, une distraction assez ordinaire que de construire des bateaux, de tailler des grenouilles dans des écorces de grenades➢° ou de modeler des animaux de toute espèce avec de la cire ou de la mie de pain t1. Denys le Jeune, tyran de Syracuse, séquestré par son père, charmait les tristes loisirs de sa réclusion en se
fabriquant avec du bois des petits chariots, des lampes, des sièges et des tables 12. Les monuments nous offrent en assez grand nombre des exemples de ces divers jouets, qu'on devait naturellement trouver tout faits chez les marchands. Ainsi on peut voir dans la figure 463313 un enfant grec qui trame derrière lui un
petit chariot à deux roues, ,ua;(ç, plostelluin; cf. CUIR b
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MAxIUM) ; c'est aussi l'attribut d'Éros dans une scène familière où le jeune dieu est représenté à côté d'Aphrodite [CuPIDO, fig. 2175_ 1. On en voit un (fig. 4634) en terre
cuite qui appartient au Musée britannique 2. Celui de la figure 4635 est en bronze ; il a été trouvé à Pompéi'. On faisait même des chars un peu plus
grands, auxquels l'enfant pouvait atteler des moutons ou d'autres bêtes familières, et sur lesquels il prenait place
en guise de cocher [BESTIAE, fig. 529, EDUCATIO, fig. 2609 et 2611] 4. Une autre série, dont nous avons de nombreux échantillons, ce sont les jouets représentant des animaux ; si nous avons perdu ceux qui étaient faits d'une matière périssable telle que le bois (et on devait l'employer souvent), on en a retrouvé une assez grande quantité en métal et en terre cuite ; le cheval que reproduit la figure 4636 a été recueilli dans les fouilles de Myrina ; il mesure 0 m. 26 de haut ; dans le bas des jambes on observe des trous destinés à donner passage à des chevilles qui maintenaient quatre roulettes de terre cuite. Deux autres trous ont été percés dans le cou, et deux dans la crinière, peut-être pour qu'on pût y passer une ficelle et traîner le cheval. Le harnachement et, la crinière sont figurés par des coups de pinceau rouge brun'. On pourrait encore citer dans le même genre bien d'autres animaux: chiens, moutons, porcs, singes, oies, coqs, etc.' I1 ne faut pas oublier que les terres cuites de cette catégorie, comme toutes les figurines de même matière et de même provenance, étaient rehaussées de couleurs très vives ; un porc, trouvé à Rome, a des yeux et divers ornements en émail Parmi les pièces d'une autre matière nous
V.
signalerons seulement, un canard en verre bleu, un léopard en os, un cerf de bronze, que l'on considère, sans doute avec raison, comme des jouets 8. Les figurines de forme humaine, elles
aussi, ont dû bien souvent servir à amuser les enfants °, quoiqu'il soit assez délicat de déterminer quelles sont, dans nos collections, celles qui ont été faites uniquement pour cette destination. Mais on ne peut guère assigner un autre emploi, vu leurs dimensions exiguës, à diverses babioles en
plomb ou en étain, qui représentent des divinités et des objets du culte, ou des miroirs, des boucliers, des roues, etc. 16 Il en faut dire autant des vases minuscules qui se rencontrent un peu partout dans les fouilles 11, et des tirelires en terre cuite, évidemment faites pour contenir de modestes économies d'enfants, dont il a été parlé ailleurs [LOCULUS . Il faudrait prolonger outre mesure cette énumération, si on voulait passer en revue tous les objets qui ont pu amuser la jeunesse ; c'étaient parfois des coquillages (conchae) ramassés au bord de la mer t2, ou de petits cailloux ronds et brillants (lapilli teretes, ocellata), qui faisaient peut-être l'office de nos palets ou de nos billes f3. Quant aux jouets mécaniques, si l'on excepte les pantins et les marionnettes 5NEUROSPASTA], ils ne furent jamais qu'une curiosité, d'autant plus remarquée qu'elle était plusrare14.Mentionnons, pour finir, les lettres d'ivoire qui servaient à instruire les enfants tout en les amusants 6.
Les occasions dans lesquelles on faisait des cadeaux aux enfants n'étaient pas moins fréquentes que chez nous. A peine venu au monde, l'enfant recevait les cadeaux que les Grecs appelaient « du premier regard » (36;91
ata)" ; il en recevait le jour où ses parents lui donnaient un nom (liaetg 1tviOÀtat) 17, puis à chaque anniversaire de sa naissance (dies natalis), au premier de l'an [STRENAE], et il est probable qu'on ne l'oubliait pas le 17 dé
171
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celubre; dans la fête des Saturnales, ois il était d'usage de d stribuer des figurines coloriées et autres bagatelles . S'il était, rd.mis en culte mystérieux, le jour de I'init,iation lui valait encore d'autres présents 2. Ajoutons le-ncc"sione 12 6ordinalres où les amis, et
notcultrrrena les pai luit.-,. '"ut ce tribut à la famille'.
Las jouets étaient .. nt enfermés dans une
corbeille (xti.'PL;, eb malle) Les garçons leur disaient adieu dans leur aiix-sr°ptiè-ue année, au moment de prendre la toge virile, lorsqu'ils suspendaient leur bulle au-dessus du foyer domestique; chez les Crees ils consacraient même leurs jouets à une divinité th Les jeunes fille' faisaient cette offrande la. veille de leur rnariage ; elles se mariaient., comme on sait; beaucoup plus tô€ qu'aujourd'hui, queigt tris à douze ans ; c'est surtout a Diane et, a t ictus qu'elles dédiaient ces souvenirs
de leur enfances ; elle, l oiris, a, l'origine, elles les
déposaient près le l eil.el s Lares mais le coutume grecque se généralisa pal' t ` PT: iAJ '.
Quand un enfant mourait, on enfermait ses jouets avec lui dans sa tombe, comme on enfermait dans celle des grandes personnes leur parure et les objets très variés qu'elles avaient eus à leur usage. C'est à cette coutume que nous devons les jouets retrouvés sous terre, qui ont été énumérés plus haut t Le christianisme ne l'a point fait disparaetre d'un coup ; nos spécimens les plus curieux et les mieux. conservé sont peut-être ceux qui proviennent des catacombes de Rome °.
Les jeux des enfants sont souvent représentés sur les monuments figurés, notamment sur les vases peints. même quand les personnages sont empruntés à la mythologie. Comme la poésie, l'art, à partir d'une certaine époque, s'est complu à prêter aux divinités juvénites, dans des tableaux de genre imités de la vie réelle, des amusements familiers à tout le monde". C'est ainsi qu'il nous fait assister aux ébats de l'Amour [curium, fig.. 21644, 21751, de Venus, des Grâces, des Panistpms et 'tes Satyres ; on voit même quelquefois le Tels personnifié sous la forme d'une jeune fille, Iloli é, qui semble présider à ces scènes aimables'`".
III. jeux d'imitation.Par cela li'êIele qu'ils sent tris. simpMes, très naturels et qu'ils peuvent varier à l'infini, les jeux d'imitation échappent à toute classification. ii est probable qu'ils ont souvent inspiré les bas-reliefs, les peintures et autres monuments, où l'on voit de petits Amours simuler les courses du cirque; les jeux sanglants de l'amphithéâtre, les cérémonies du mariage, etc.12. Voici quelques-uns de ces jeux que nous connaissons par des témoignages antiques :
Illoulei' ci cheval sur aine canne (xxbat+.aa omri °sjv'l, t"q zitar'e in aé'undinc). Agésilas ne dédaignait pas de se livrer avec ses enfants à cet innocent exercice ; un jour, surpris par un de ses amis, il eut un mot charmant
1 Margnardt-',tau, J rivrtleb. p. 250, 251, 252. 2 Ter. Pharm. L. c. 3 Theoph, ^": a. race. 't , Juven. v', 118. I Piaut. Rud. L. c.; Vitruv.
: Anth. Pal, ail, 282, 309; Pers. 1I, 70, Bull. de corn. hell. Vi, p. 43e; X, p 466, S. Rohach et Postier, blyrina, p. 216 8 Sapho ap. Athen. 1X, p. 410 E; Anih. Pal. Vi. 2i, 280. Pers. 70 Marquardt-Mau, Pr:vatleb. d. Bo.. p. 43, n, 12. -S Piïp. Episi. IV, 2. Voir surtout la nomenclature do R. Rochette, L. c.; Margnardt-Mau, Priratleb, p. 367. 9 De Rossi,
€ e u~ L. c. Sur les jouets, vos encore top c. Aire ; Apoli Rhod. Hi, 131
Gfauaa ai Rapt. Proseep. Palisue,'Ath Etna 20, Plut. Consoi. ad
LS Fuis eeeo, , L 'e C ,. d. Iirgt..,'. t. ,, col 1556 Lis 70;
, d'en parle à personne, lui dit-il, avant d'être toi-même devenu père" La figure 163i représente, d'après un vase peint, un jeune garçon,
qui, un fouet à la main, un bâton entre les jambes, se donne l'illusion d'une course à cheval Dans la figure 4638 on voit un Amour qu'une jeune femme semble faire sauter sur
son pied'''. Le jeu qui consiste à monter à califourchon sur le dos ~pe d'un camarade ireet
lttcrrteris ver'fur r " n'était pas le moins popuiall ç rut:O,llsllCisj.
Les soldats l«rfaT;à o,). De même qu'ils jouaient aux
gladiateurs, les enfants jouaient aux soldatsc'est ce qui explique l'utilité de petites armes, telles qu'un carquois en bois qui a été
trouvé dans un tombeau d°enfant près de hertch (Crimée) 1e.
Les juges (ôlzzs'rzi,
,judices). Le jeu du roi (BASILi'uA2) était, dans les républiques de l'antiquité, un legs des anciens tiges. Mais les enfants n'avaient qu'à assister aux débats quotidiens de la place publique pour avoir l'idée de s'improviser magistrats. Nous sa
vons, en effet, que les petits Romains aimaient à imaginer des procès dans lesquels ils se distribuaient les rôles; le plus envié était évidemment celui du juge, qui
avançait, vêtu de ta prétexte, précédé de licteurs et de hérauts, pour prendre place sur son tribunal entre les avocats et les plaideurs. Le condamné se voyait confisquer ses jouets ou était mis en prison. Ce trait de moeurs nous fait comprendre la précocité de certaines vocations; le goùt des fonctions publiques, de l'éloquence et de la chicane commençait de bonne heure. Parmi les personnages connus chez qui il se manifesta dès l'enfance, on cite Caton d'Utique et Septime Sévère 19. Il est bien probable que le peuple d'Athènes, pour qui Aristophane a écrit les V2uépes, pratiqua ce jeu au moins autant que les Romains.
Arts divers.En somme, il n'y a point de métier qui
Droitier, Gany,nedes, col. 1599, 62. Catalogue descriptif de ces monuments dans 0. Jahn, L. e. p. 243-260. Il 0, Jahn, L. c. p. 260 et pl. xi. 19 Epict. Men 29, 3; casmeroa, fig. 3584; Heibig, 7?'andgeus. Campan. no 797, 798 ; soir ei, général les nf• 757 a 8220 Collignon, Mythe de Psyché, estai. n' 96, -13 Plut. Agas. 25; Apophth. Lacon. 70, p 213Aelian. Var. hist. XII, 25; Cal. Mar VIII, 8 est. 2; Hor. Sat. IL 3, 248. 10 Mon. d. Istit. inch. 1855, pl. e,. il Tischbein Bec. do gravures d'après des vases cuit. 2795, III, pl. xxvm; 0. Jahn, L. e. p. 260, n. 86. -16 liesych. s. r. imsuud; Poli. IX, 119; Hor. Epod. 17, 74. 17 Hesych s. v. (uueniin; Chrysost. Ad Corinth. I, 1. 18 Stephani, C. rendus, 1873, pl in 8 et p. 54. -19 Senee. De const. sup. 12; Plut. Cat, nain. 3; Spartiate Sept. Sec. 1, Ae1. Aristid. Apeli. £enatül. 73; Trchell. Poli. Gal,.
LUI) 1359 -LUD
ne puisse être imité par les enfants ; mais, comme le recommande Platon', de tout temps on a cherché à tourner de préférence leur instinct d'imitation vers ceux qu'ils pourront réellement exercer plus tard. L'ingéniosité naturelle des Grecs dut se donner libre carrière dans ces jeux, qui formaient le premier apprentissage d'un artiste ou d'un artisan (tieyvora(yvta.). On a vu comment Lucien révéla son goût pour la sculpture. D'autres jouaient à l'architecte; il est déjà question dans l'Iliade des édifices de sable que les enfants élèvent au bord de la mer 2 ; d'après Vorace, c'était un des passe-temps favoris de l'enfance de construire des cabanes (aedi/icare casas) 3, et Sénèque a philosophé sur ces « simulacres de maisons, simulacra domuum 4» (7 aGi,x oixoloh.rN.atia) 3.
Les déguisements procuraient encore à l'imagination de l'enfant des plaisirs variés et peu coûteux : un petit manteau (palliolum), une petite casaque (thorax) de couleur voyante suffisaient pour faire un heureux e. La figure 4639 représente, d'après une peinture d'Herculanum 7, un Amour qui cherche à effrayer deux de ses compagnons en se cachant derrière un masque.
IV. Jeux de force, de souplesse ou d'adresse. Outre ceux qui ont fait l'objet d'articles spéciaux ou qui rentrent dans le domaine de la gymnastique !(GYMNASTICA], nous mentionnerons les suivants :
'Axtvr~ iv z. Il s'agissait de rester immobile (âx.n-cc ) sous les poussées d'un ou de plusieurs adversaires 8. 'Eaxuarivôx. Deux adversaires saisissaient chacun le
bout d'une corde et tiraient (Dzn'i) de toutes leurs forces jusqu'à ce que l'un des deux eût réussi à entrainer l'autre et à se rendre maître de la corde entière On peut rapprocher de ce jeu un exercice en usage chez les lutteurs [LGCTA, 4631)10. L'appareil appelé par les Grecs scAPERDA en offre une autre variété.
dteaxuati(vôa. Les joueurs, partagés en deux camps, entre lesquels on avait autant que possible égalisé les forces, cherchaient à s'entraîner mutuellement dans le camp adverse en se saisissant un par un. Les camps
étaient séparés par une raie (,(pa,ii.g"t) tracée sur le sol. La partie était gagnée quand tous les joueurs d'un camp avaient été emmenés dans l'autre. On pouvait venir au secours des prisonniers ; car il arrivait quelquefois que Fun d'eux était tiraillé en sens contraire par les deux partis ".
Monter à la corde (âvapptyâeOe; fila eyov(ou) 72 et grimper
Le labyrinthe était moins un jeu qu'une distraction hygiénique. Pline mentionne les labyrinthes qu'on voyait de son temps tracés « sur les pavés ou dans des lieux champêtres pour l'amusement des enfants (pueroru7n ludicris campestribus), de telle sorte qu'on y trouvait, sans sortir d'un espace étroit, de quoi parcourir en se promenant plusieurs milliers de pas ». Des pavements en mosaïque répondent à cette description 13. A la campagne, les allées du labyrinthe étaient sans aucun doute limitées par des plantes formant des bordures ou der, charmilles comme on en voit encore quelquefois dans les vieux jardins français, où la tradition a même main
Marcher sur les mains n'était pas seulement le talent des acrobates [cERNUUS], puisqu'on voyait en Grèce des enfants qui savaient faire la roue (tioo'bv utgrtelat) ".
Ppur avoir l'idée de jouer à la lutte (-tzc-,) ou à la bataille (N..y r) les enfants n'avaient qu'à suivre un de leurs instincts les plus naturels l7. Des simulacres de combats ont même été quelquefois organisés entre grandes personnes; dans une joute livrée sous les yeux de Cyrus le Jeune on se battit à coups de baguettes (vâaer,i,i) et de mottes de terref8. Des pommes servirent de projectiles dans un divertissement du même genre auquel assista Alexandre : ce fut une mélomachie 1 . Les deux fils de Lollius, ami d'Horace, engageaient l'un contre l'autre, sur une pièce d'eau de la villa paternelle, des naumachies, où ils imitaient la bataille d'Actium fNAUXIACHIA; 20
Lancer des pierres est un jeu à la portée de tous, que les gamins, comme nous le voyons par le Noyer d'Ovide, pratiquaient avec ardeur en dépit des réprimandes 21.
Faire tenir un bdton en équilibre sur son doigt. A cet exercice, qui était peut-être celui du x012tio79a.xrv,222, on a rapporté avec peu d'apparence, de raison, une peinture de vase 2s.
Kuvâaatep.dç. Chaque joueur, muni d'un piquet (xévôa),os, 7r«eeaao6), taillé en pointe, devait le lancer devant lui avec force de manière à l'enfoncer dans la terre préalablement ameublie et mouillée_ Mais ce n'était pas tout ; il fallait encore déloger le piquet de l'adversaire en le frappant à la tête avec le sien ; de là le proverbe : « Au
piquet le piquet », ,:aeeâat? tibv aàeeaaov, qui équivaut à
celui-ci : « Un clou chasse l'autre ». Le joueur s'appelait
Dans les pays du Midi les enfants avaient rarement l'occasion de faire des glissades (o)i,teOn(vetv). C'est un jeu
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qu'ils connaissaient bien dans les contrées plus froides de la Thrace, là où des rivières telles que l'llèbre gelaient quelquefois'.
V. Jeux avec les animaux.On trouvera dans l'article BESTIAE MANSUETAE les renseignements nécessaires sur les animaux familiers des anciens (voir aussi EOUCATIO, fig. 2609, 2611) et sur les diverses bestioles capturées par les enfants, hannetons, papillons ou autres. On voit sur des vases peints des enfants (fig. 4640) ou des Amours
prenant des insectes pour s'en amuser 2. Les combats de coqs et de cailles
passionné les anciens ; c'était, en réalité, une forme des jeux de hasard; les paris auxquels ils donnaient lieu expliquent en grande partie la faveur extraordinaire dont ils jouissaient. Dans ce genre de divertissements cruels nous mentionnerons seulement celui qu'on appelait é guyoxo7c(a; le propriétaire de la caille (ç9-r5 ), après l'avoir dressée pour les combats, au lieu de l'opposer à une autre caille, la plaçait seule au centre d'un cercle ; un second joueur, adversaire du premier (épruyoxd7roç), frappait l'oiseau avec l'index ou bien il lui arrachait des plumes sur le sommet dé la tète. Si la caille reculait et sortait du cercle, c'est qu'elle avait été mal dressée, et son propriétaire avait perdu ; sinon il gagnait l'enjeu 3.
VI. Farces, facéties, grimaces (sannae), etc. -Quand on voulait tourner une personne en dérision, on lui tirait la langue, ou avec les deux mains rapprochées de la tête on imitait les oreilles de l'âne, ou bien encore on lui faisait « la cigogne » (ciconia) 4. Ce geste consistait peut-être à étendre dans sa direction le bras droit allongé comme le cou de l'oiseau, pendant que de la main gauche on se tapait l'occiput à petits coups ; tous les gamins savent comment il faut s'y prendre. Notre approbation est acquise au grammairien qui affirme que donner à quelqu'un des coups de pied par derrière (aOx tuyl etv, cxo:Pp(~Ety, yorgs;v) est « un jeu malhonnête 5 » ; le montrer du doigt en faisant la nique (extp.a).1 etv) ou lui donner une chiquenaude sur le nez (cxvs8ap(Ety, talitrum) 6 ne valent guère mieux. Les polissons de Rome prenaient aussi un malin plaisir à sceller un sou au pavé des rues, et ensuite, demeurant aux aguets, ils s'amusaient de la déconvenue des passants qui se baissaient pour le ramasser'. Ou bien encore ils leur suspendaient dans le dos, à leur insu, un objet quelconque, formant une queue (cauda), qui les rendait ridicules 8.
VII. Rondes, jeux de sociétés, etc. Kuvvlr (y a, le jeu du baiser. Il était en usage à Athènes au v° siècle et nous devons admettre qu'à un certain moment les joueurs se donnaient un baiser (xuvuty) 9. Mais pour le reste quelle en était la règle? Était-ce une ronde? On l'a supposé
sans raisons bien plausibles. Dans un de nos jeux modernes, deux personnes placées face à face entrechoquent alternativement et à tonte vitesse leurs mains droites el. leurs mains gauches. Ce serait là, suivant une autre opinion, la xuv-iT(vln ; le baiser aurait été le prix du gagnant". On ajoute même qu'il fallait s'embrasser « en marmite » (yéTpa), c'est-à-dire en tenant la tête de l'adversaire par les deux oreilles comme par deux anses
Mais ces rapprochements sont purement hypothétiques ' 2 . Ce qui ne l'est pas, c'est que le jeu du baiser, comme beaucoup des nôtres, n'était «innocent » qu'à la condition d'être joué par des enfants "a.
Les gestes commandés (xE)(EUap.arv.). Dans les festins la personne qu'on avait choisie pour y présider et qu'on appelait le roi [coMISSATIO] avait le droit de faire exécuter ses ordres par les autres convives. Au nombre des inventions plaisantes qui se rattachent à cette coutume, il faut citer le jeu des gestes commandés. On raconte qu'un jour cette souveraineté éphémère étant échue à la célèbre Phryné, elle trempa un linge dans une coupe d'eau et s'en frotta le visage ; toutes les femmes présentes durent en faire autant; comme elles étaient peintes, leur fard tomba et avec le fard une grande partie de leur charme. Phryné, qui n'avait pas recours à ces artifices de toilette, resta belle de sa seule beauté 14. Il est fort probable que le jeu, sous sa forme essentielle, était commun ; car on le pratique encore aujourd'hui 15.
XEatxuawv-li, jeu de la tortue. Des jeunes filles couraient en rond autour d'une de leurs compagnes assise et figurant la tortue (yE),wrl). Alors s'engageait ce dialogue en vers iambiques : « Torti-tortue (xÉat~Eawv~), que fais-tu là au milieu? Je dévide la laine et le fil de Milet. Mais ton fils, comment a-t-il péri? Du haut des chevaux blancs il a sauté dans la mer 16, » Il est probable que sur ces derniers mots la « tortue » sautait aussi hors de sa place et s'élançait à la poursuite de la bande joyeuse. Les vers, qui n'ont pas plus de suite que creux de nos rondes enfantines, peuvent avoir été inspirés par quelque mythe très ancien".
"E'Ex', tpt),'ratu, parais, d cher Soleil! En hiver, quand des nuages voilaient le soleil, les enfants lui adressaient cette prière accompagnée d'un grand tapage; le plaisir devait consister dans l'attente de l'effet qu'elle était censée produire ; elle pouvait facilement donner lieu, par exemple, à des paris et devenir un jeu de hasard". Au même ordre de coutumes se rattache la chanson par laquelle on célébrait au printemps l'apparition de des chants et parfois une quête, auxquels l'enfance était associée. Le xopa3vtcµa au contraire, ou chanson de la corneille, était chanté par des hommes; ils s'en allaient de maison en maison, portant sans doute avec eux une corneille et demandant des sous ou des offrandes en nature; en échange ils appelaient sur leurs bienfaiteurs toutes les bénédictions du ciel".
i
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.,Waliades, pst! Roeées, pst ! ,héliées ! Les jeunes filles, dans leurs ébats, s'excitaient les unes les autres à accélérer leur course en poussant cette exclamation bizarre ; les noms propres sont, paraît-il, des noms de nymphes ; c'est tout ce que l'on en petit dire; les grammairiens anciens qui les ont recueillis n'en savaient pas plus que nous.
"E1.6x),XE xu),n?7, jette dans le creux (de la inain91. Nous ne sommes pas mieux renseignés sur ce jeu que sur le précédent. Il devait y avoir un moment où l'un des joueurs tendait le creux de la main en invitant les autres à y mettre de l'argent ou un prix convenu. De là s'était formé un dicton qu'on appliquait aux personnes cupides et trop portées à mendier des cadeaux ou des faveurs 2.
un petit bouc boiteux. On suppose que le petit bouc était un enfant, qui devait courir à cloche-pied après ses camarades pour les attraper ; celui qu'il touchait le remplaçait. Si le bouc posait le second pied à terre, on avait le droit de le poursuivre à son four jusqu'à ce qu'ileùt repris sa place. Mais cette explication ne repose sur aucun témoignage antique. Le jeu était particulier à Tarente 3.
tant à la corde. scoliastes, qui hésitaient déjà beau
coup, il fallait lancer des figues (iayri.ôxç) en l'air et les rattraper dans sa bouche. Ce qui n'est pas clair, c'est le sens donné au verbe. La
grande variété des explications proposées par les grammairiens anciens prouve qu'ils ne l'entendaient pas mieux que
nous 1.
Enfin nous en sommes réduits à des conjectures encore plus incertaines pour les jeux appelés
(la quête?) a, )r,x(vôa. (cla
quement des doigts ?)°, 4(v'2( danse de l'épée ?) 8, N.oay(vâx(le jeu duveau?) 5.
VIII. Jeux dont les noms anciens sont inconnus. On a cru voir le saut-de-mouton représenté sur
quelques monuments; mais aucun texte n'en fait men
Une statuette en bronze (fig. 4641) représente sous les traits d'un jeune faune le saut à la corde ; la corde a été restaurée t0.
Il est difficile de ne pas reconnaître le cerf-volant dans la figure 4642
L'enfant représenté sur la figure 4643 d'après une coupe du Musée de Berlin 12 s'amuse avec un objet de forme circulaire suspendu au bout d'une ficelle ; on reconnaît là un certain jouet un peu passé de mode aujourd'hui, qui fut en grande faveur après la Révolution ; il est connu sous le nom d'émigrant, émigré ou énli
drette, qu'on lui donna à cette époque. 11 se compose de deux petits disques réunis au centre par tin court cylindre; sur ce cylindre on fixe l'extrémité d'une ficelle qu'on enroule tout autour ; puis on prend l'autre extrémité entre les doigts et on laisse tomber l'objet. Quand la ficelle est entièrement déroulée, l'émigrant remonte aussitôt en vertu de la force acquise et revient au point d'où il est parti, enroulant la ficelle sur le cylindre. Il descend une seconde fois, remonte encore a et il continuerait incessamment ce manège, si une partie de l'impulsion qu'il a d'abord reçue n'était à chaque instant détruite par le frottement de la ficelle et par la résistance de l'air ; aussi le joueur est-il obligé de seconder le mouvement du, jouet par le mouvement de la main, qui en s'abaissant et en s'élevant tour à tour lui communique une force nouvelle 13 ». On a découvert à Athènes de petits objets en terre cuite qui semblent avoir été faits précisément pour cet usage ; ils
mesurent environ Om,12 de diamètre ; des sujets mythologiques sont peints sur les deux faces. L'un d'eux" est reproduit (fig. 4644) et le profil d'un autre (fig.
4640 f".
IX. Jeux inconnus. A cette liste il y a lieu d'ajouter les jeux dont l'existence nous est révélée par les monuments, et dont nous ne pouvons déterminer ni le nom, ni la règle ; c'est le cas, par exemple, pour celui de la figure 4646 ". Les joueurs sont partagés en deux camps, chacun attaquant ou défendant des sortes de quilles
1362 LUIT
posées à terre. Ils tiennent à la main, à ce qu'il semble, une courte crosse renflée du bout, ou peut-être
un objet souple. en étoffe ou en cuir. G. LAsxiE.
L( DI PUBLICI ('AY uveç). Les concours et les jeux de toute espèce ont tenu une très grande place dans la vie des anciens, à toutes les époques de leur histoire, depuis les temps homériques jusqu'à la décadence byzantine. La plupart des questions qui se rapportent soit à la nature des concours, soit à I'organisation des jeux, étant traitées dans des articles qui concernent chacun d'eux, nous nous contenterons ici d'exposer le développement historique des jeux, de montrer quel en a été le caractère prédominant aux diverses périodes de l'antiquité, quels en ont été l'influence et le rôle dans la vie publique et privée des anciens.
L GRèCE. I° Époque homérique. Les plus anciens jeux grecs que nous connaissions avec quelque détail sont les jeux funèbres que, dans l'Iliade, Achille fait célébrer, après les funérailles de Patrocle '. Ces jeux ne sont placés sous l'invocation d'aucune divinité ; leur caractère est nettement, exclusivement funéraire ; ils ne se rattachent au culte que dans la mesure où les funérailles elles-mêmes s'y rattachent. Ils ne sont précédés ni suivis d'aucune cérémonie religieuse; Achille seul les organise et les préside sans le concours d'aucun prêtre
nul sanctuaire, nul autel n'est mentionné près du lieu où ils se célèbrent. Ces jeux sont exclusivement physiques ils se succèdent dans l'ordre suivant : course en chars attelés de deux chevaux, combat du ceste. lutte, course à pied, combat en armes, jet du disque, tir de l'arc, jet du javelot. Les concurrents sont les héros de l'épopée homérique, les chefs les plus illustres des Grecs. C'est sur leurs chars de guerre qu'ils disputent le prix de la course : c'est avec leurs armes, leur arc, leurs javelots qu'ils luttent entre eux. Ce ne sont point des athlètes; ils ne se sont point préparés d'avance à ces jeux. Un double sentiment les anime : la passion de la gloire et le désir de remporter les prix qu'Achille propose aux vainqueurs. Ces prix sont honorifiques, sans doute mais ils ont aussi une grande valeur : ce sont de belles esclaves, des coursiers et des cavales, des taureaux, des armes, des vases précieux, des coupes artistement travaillées, des trépieds, de l'or, du fer. Les autres jeux attribués par les auteurs anciens à cette époque lointaine et légendaire sont tous des jeux funèbres : tels sont les jeux qu'Acastos, le Thessalien, compagnon de Jason, célèbre en l'honneur de son père Pélias 2 ; les combats gymniques fondés, suivant Phiiochore, par le roi de Crète, Minos, en l'honneur de son fils Androgée, tué par les habitants de l'Attique' ; tels, les jeux cités dans l'Iliade, jeux
funèbres en l'honneur d'Amaryncée, jeux célébrés lors des funérailles d'OEdipe ° ; tels encore les jeux qui eurent lieu après la mort d'Azan, fils d'Arcas, le héros éponyme des Arcadiens et les jeux institués à Lemnos en mémoire (le Thyms, roi légendaire de l'île, par sa fille Hypsipylea. Les grands jeux nationaux de la Grèce, Olympiques, Pythiques, Isthmiques et Néméens, passaient pour avoir été à l'origine des jeux funéraires'.
Dans l'Odyssée, qui nous montre une société plus civilisée que celle de l'Iliade, les jeux ont une physionomie un peu différente. Ils font partie de la fête que le roi des Phéaciens donne en l'honneur de son hôte 3 ; ils se célèbrent sur la place publique de la cité (âyooz)'. Mais pas plus que les jeux funèbres de Patrocle, ils ne sont en relations avec une cérémonie religieuse. Ils suivent le festin offert par Alcinoüs à Ulysse ; lorsqu'ils ont pris fin, les deus héros rentrent au palais, où les servantes préparent pour Ulysse un bain tiède et parfumé. Les luttes énumérées par le poète sont la course à pied, la lutte, le saut, le jet du disque, le ceste. Les jeunes gens des plus nobles familles se mesurent entre eux ; a pour eux, dit Laodamas, fils d'Alcinoüs, il n'est pas de plus grande gloire que de vaincre à la course ou de triompher à lalutte ». Ils s'y exercent; ce sont déjà des athlètes; du moins Euryale reproche à Ulysse de ne pas en être un". Après les jeux physiques, l'aède Démodocos chante les aventures d'Arès et d'Aphrodite ; puis dans l'arène même ont lieu des danses; mais il ne semble pas que ces chants ni ces danses soient des jeux, des concours au sens précis du mot; on ne voit point de rivaux luttant ensemble ; aucun vainqueur n'est désigné Ces jeux sont présidés par neuf citoyens, que le peuple a choisis 'e. 11 n'est pas fait mention des prix qui sont accordés aux vainqueurs.
Ainsi, à l'époque homérique, les jeux se présentent à nous d'abord sous la forme de jeux funèbres, puis avec le caractère de réjouissances publiques; nulle part nous ne voyons qu'ils se rattachent à un culte ou à un sanctuaire particulier ; nulle part non plus il n'est dit qu'ils soient célébrés périodiquement. Bien au contraire nous n'y assistons que dans des circonstances exceptionnelles : funérailles d'un chef, réception d'un hôte par le roi des Phéaciens. Les concurrents, qui se disputent la victoire dans les divers jeux, appartiennent aux plus nobles familles. Les concours sont surtout physiques ; cependant les chants des aèdes et les danses commencent peut-être à y jouer un rôle. Plus tard, on raconta que les concours de poésie étaient aussi anciens que les jeux eux-mêmes; selon Plutarque, Acastos le Thessalien aurait déjà proposé un prix de poésie lors des jeux funèbres qui accompagnèrent les funérailles de son père Pélias 13. L'Iliade ni l'Odyssée ne nous montrent rien de pareil. De même, si dès cette époque les grands jeux panhelléniques d'Olympie, de Delphes, de Némée et de l'Isthme avaient existé, il est vraisemblable que des allusions y seraient faites dans l'Iliade et l'Odyssée, dont les auteurs connaissaient fort bien la Grèce méridionale.
2° Période historique, jusqu'à la mort d'Alexandre le Grand. La période qui commence avec l'invasion des Doriens dans le Péloponèse et qui finit à la mort
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d'Alexandre le Grand, est, dans l'histoire des jeux comme dans l'histoire générale du monde hellénique, la plus brillante et la plus caractéristique. Les jeux atteignent alors leur plein développement; ils occupent dans la vie municipale et dans la vie nationale une place considérable ; ils acquièrent et ils gardent longtemps une physionomie tout empreinte de grandeur et de dignité ; pour chaque ville et pour la Grèce entière, ce sont de véritables solennités; ceux qui y prennent part, qui concourent à en rehausser l'éclat, sont partout acclamés ou vénérés, Il n'en était pas ainsi à l'époque homérique ; plus tard, pendant la période hellénistique, ces caractères s'effaceront.
Les Grecs attribuaient à la plupart de leurs jeux une origine très ancienne et mythologique : le fondateur des jeux Olympiques était Héraclès; les jeux Isthmiques avaient été institués par Poseidon, d'après les uns, par Thésée, en l'honneur de Poseidon, d'après les autres; Héraclès jouait encore un rôle important dans les origines des jeux Néméens ; les Panathénées, antérieures à Thésée, furent réorganisées par lui, si l'on en croit les
PANATHENAEA]. En réalité, nous ne connaissons ni la date,
même approximative, à laquelle furent fondés ces jeux, ni les circonstances de leur fondation. D'autres jeux furent créés à l'époque historique : par exemple, les jeux que les Chersonésiens instituèrent, en mémoire de Miltiade, fondateur de leur ville' , les jeux des Éleuthéries de Platées [ELEOTUExlA], et ceux que les habitants d'Amphipolis établirent en l'honneur de Brasidas, après sa mort'. Quelle que fût d'ailleurs leur origine, qu'ils fussent très anciens ou de création récente, les jeux étaient très nombreux et très fréquents dans le monde grec, non seulement dans la Grèce propre et les îles de la mer Égée, mais même en Sicile et jusqu'à Chypre
Le caractère essentiel de tous ces jeux était d'être en relations très étroites avec la religion et le culte. C'était toujours en l'honneur d'une divinité ou d'un mort héroïsé qu'ils étaient célébrés ; ils étaient toujours précédés, suivis, accompagnés d'une procession solennelle ou de sacrifices. Les jeux Olympiques se donnaient en l'honneur de Zeus Olympien : ils ne formaient qu'une partie de la fête, les pratiques religieuses constituant l'autre. Les jeux Pythiques se célébraient d'abord sous la direction des prêtres d'Apollon Delphien ; ils furent toujours consacrés au dieu. Les jeux Néméens étaient un hommage rendu à Zeus, les Isthmiques à Poseidon. Ce n'étaient; pas seulement les grands jeux panhelléniques qui avaient cette physionomie ; il en était de même pour les jeux propres à chaque ville. La plupart d'entre eux portaient des noms, dérivés de noms de divinités ou de héros mythiques : Panathenaea,Dionysia (Athènes,Élide, Laconie, Lesbos, Naxos, Chios, r'enedos), Ileraea (Élide, Argos, Égine, Samos), Hermaea (Phéneus, Pellène, Tanagra), Asclepiaea (Épidaure, Céos), Her^aciea (Thèbes, Syros), Pythia ou Pythaea Trézène Si yoa ", Mégare),
Y rtemisia (Amarynthos d'Eubée, Éphèse), Pycaea (!Arcadie, autel de Zeus Lycaios), Didymea (Milet, culte d'Apollon Didyméen), ICarneia (Laconie, culte d'Apollon Karnaeos), Ithornaea (Messénie, en l'honneur de Zeus Ithomatas), Hyakinthia (Amyclées), Arnphiaraea (Oro
pos), T°ophonia (Lébadée), ,4icethoea (Mégare, en l'honneur du héros Alcatnoiis), é iakeia (Égine, en l'honneur d'Éaque), etc. D'autres jeux étaient désignés par un adjectif tiré du nom de la aille ou du lieu oïl ils étaient célébrés ; néanmoins, il ne saurait y avoir de doute sur leur véritable caractère : les jeux des, l!, u,sinia, ceux des Dcüa, les ér_tia sous leur forme la plus ancienne, étaient des cérémonies religieuses, ou faisaient partie intégrante de telles cérémonies. Lors même que les jeux étaient institués en mémoire d'un mortel, d'un personnage historique, tel que Miltiade, fils de Cypsélos, 1.e fondateur de la colonie athénienne de la Chersonèse de Thrace, ou encore Brasidas, que les Amphipolitains voulurent honorer comme le fondateur de leur ville, leur caractère religieux subsistait : avec eux sont toujours cités des sacrifices. «Après la mort de Miltiade, dit Hérodote, les CLier sur'ésiens lui s',r,'ihèrent. comme c'est l'usage -1.l'égard d'un fondateur , ils instituèrent des jeux gymniques et équestresL » «Les Amphipolitains, écrit Thucydide, entourèrent d'une enceinte le tombeau de Brasidas ; ils lui immolèrent des victimes comme à un héros, et établirent en soit honneur des jeux et des sacrifices annuels » La même idée est explicitement affirmée par Pindare, dans la ë Il° Olympique : « Là Tlépolème, prince des Tirynthiens (le fondateur légendaire des colonies grecques de Rhodes), trouve une douce consolation à sa déplorable infortune dans les honneurs qu'on lui rend comme à un dieu. C'est en son honneur que la graisse des troupeaux brûle sur l'autel et que l'on célèbre ces jeux où deux fois Diagoras a couronné son front des fleurs de la victoire',» Ainsi les jeux étaient célébrés en l'honneur soit de divinités ou de héros, soit de mortels héroïsés', Ce fut seulement au début du rv' siècle que les Grecs, par flatterie, son gèrent à rendre le même honneur à de grands personnages vivants : ainsi, selon Plutarque, les Samiens, après la victoire remportée par Lysandre à Aegos-Potamos, donnèrent e leur fête nationale des Ileraea qui comportait de grands jeux, le nom de Lysanda ça Mais cette pratique, qui fut si répandue pendant les périodes hellénistique et romaine, était alors inouïe ; d'ailleurs, dans le même passage, Plutarque, rapporte, d'après Duris de Samos, que Lysandre fut le premier qui 'es villes gr ,tiques dressèrent des autels et offrirent des sacrifices comme à un dieu '°. Sous quelque forme et dans quelques circonstances que nous les rencontrions, les jeux nous apparaissent à cette époque comme revêtus d'un caractère religieux ; ce sont des cérémonies du culte, dont le rôle est tantôt essentiel comme à Olympie, à Delphes, à Némée, tantôt secondaire et accessoire, comme à Éleusis.
De ce caractère en découlent forcément d'autres. Puisque les jeux accompagnaient des fêtes célébrées en l'honneur de divinités ou de héros, ils étaient publics au même titre que ces fêtes elles-mêmes ; comme elles aussi, ils revenaient d'habitude à dates fixes ; normalement et sauf exception, ils étaient périodiques. A l'époque lhistori.que, il n'est fait jaspais mention d'ydoi; privés téléhies soit à l'occasion d'un culte domestique, soit en l'honneur d'un mort ; ii nous paraîtrait exagéré, même inexact, de considérer comme des jeux privés le luttes et les courses proposées par Clisthène, tyran de Sicyone, à tous les prétendants qui recherchaient la main de sa
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fille Agariste 1, ou encore les jeux gymniques que le gêné ral athénien Démosthène donna sous les murs d'Épidaure, pour attirer hors de la place les troupes ennemies qui y tenaient garnison 2. Attribuera-t-on d'autre part le caractère de jeux privés aux concours de toute sorte que Nicoclès fils d'Évagoras, faisait célébrer auprès du tombeau de son père avec la magnificence et la pompe qu'Isocrate a louées°j Parmi les associations, corporations et confréries que la Grèce connut alors, nous n'en voyons aucune qui donnât des jeux ; en ce qui concerne les diverses catégories ou divisions, soit génétiques, soit politiques ou administratives qui existaient dans les cités du monde hellénique, comme les phratries, les tribus, les dèmes, seuls les dèmes attiques semblent avoir célébré des jeux' ; mais c'était là un souvenir des temps lointains où chaque dème formait une cité indépendante, et à l'époque historique, la plupart de ces jeux, Dionysies du Pirée, Brauronies, I-Iéraclées de Marathon, étaient devenus des jeux officiels de l'État
En réalité, les jeux grecs étaient tous, on peut le dire, des jeux publics. Les uns étaient particuliers à une ville ; d'autres étaient célébrés par une fédération ou amphictyonie; d'autres enfin, communs à tout le monde grec, étaient nationaux ou panhelléniques. Dans chaque cité grecque il y avait une divinité et un sanctuaire qui étaient l'objet d'une grande vénération ; en l'honneur de cette divinité, autour de ce sanctuaire étaient donnés des jeux qui attiraient souvent beaucoup d'étrangers : tels étaient les Donat henaia à Athènes, les Heraea à Argos, les Asclepiaea à Épidaure, les Karneia à Sparte, les Heraclea à Thèbes, les Artemisia à Éphèse, les Dionysia à Naxos, les Didymea à Milet, etc. Parmi les jeux de caractère fédéral ou amphictyonique, les plus fameux à l'époque historique étaient les jeux qui accompagnaient les Delia de Délos, fête amphictyonique à laquelle prenaient part surtout les cités ioniennes de la mer Égée [DELIA] et les jeux des Ephesia en l'honneur d'Artémis [EPHESIA'
d'autres jeux étaient célébrés en l'honneur d'Apollon Triopien par les cinq villes doriennes de Lindos, Ialysos, Camiros, Cos et Cnide '' : citons encore les jeux des Amarynthia ou Amarysia, qui se donnaient sur le territoire de la petite ville eubéenne d'Amarynthos, près du sanctuaire d'Artémis, et qui étaient des jeux communs à plusieurs cités d'Eubée ou des îles, Chalcis, Érétrie, Carystos, Céos, Andros, Téos, etc. [AMARYNTHIA] ; les jeux qui accompagnaient les fêtes de Poseidon à Oncheste, ville béotienne qui était le centre de l'amphictyonie peut-être la plus ancienne que nous connaissions' ; les Pamboeotia de Coronée, où il y avait certainement des jeux équestres'. Il est probable, mais non prouvé par des documents formels, que des jeux faisaient également partie des fêtes amphictyoniques ou fédérales de Calaurie en Argolide 8, de Samicum en Élide', ainsi que des Panionies de Mycale 10. Enfin, le caractère national ou panhellénique était réservé à quatre jeux seulement : les Olympiques, les Pythiques, les Néméens, les Isthmiques
Tous ces jeux, même ceux qui avaient le caractère de jeux funèbres, comme 1''Ert'rciptoç 'e o d'Athènes, se célé
braientrégulièrement à date fixe. Les uns étaient annuels; d'autres ne revenaient que tous les deux, trois ou quatre ans. Parmi les jeux annuels, nous citerons ceux qui accompagnaient les grandes Dionysies ou Dionysies urbaines d'Athènes, les Éleusinies, les anciennes Apollonies de Délos, les Ephesia en l'honneur d'Artémis éphésienne, les Hellotia de Corinthe, les Heraea de Samos, les Heraclea de Thèbes, les Hermaea de Tanagra, de Délos, de Sestos, les Gymnopédies, les Hyakinthia et les Karneia de Laconie, enfin l'Epitaphios agon d'Athènes ; d'autres jeux étaient annuels, mais prenaient de temps en temps un éclat particulier, par exemple ceux des Panathénées et ceux des Delia institués par les Athéniens à Délos en 4`26. Ces jeux étaient célébrés tous les quatre ans avec plus d'ampleur et de pompe. Les jeux Isthmiques [ISTHMIA] et les jeux dédiés à Apollon Actios [ACTIA] ne revenaient que tous les deux ans ; les jeux Néméens se donnaient deux fois en quatre ans ; les jeux Olympiques, les jeux Pythiques, les jeux des Éleuthéries de Platées, des Heraea d'Argos, des Heraea d'Élide, des Asklepiaea d'Épidaure étaient quinquennaux,c'est-à-dire, suivant le comput antique, étaient célébrés chaque cinquième année ou tous les quatre ans ; enfin, il est vraisemblable que les jeux en l'honneur du Zeus Lycaios d'Arcadie avaient lieu tous les neuf ans". Les Grecs réservaient le nom de jeux périodiques, c'est-à-dire déterminant une période chronologique, aux quatre grands jeux nationaux : ils appelèrent olympiade l'intervalle de quatre années qui séparait deux fêtes olympiques successives; pythiade, l'intervalle de quatre années qui séparait de même deux fêtes pythiques ; isthmiade, l'intervalle de deux ans qui séparait deux fêtes isthmiques; néméade, le même intervalle entre deux fêtes néméennes. La supputation par olympiades était générale en Grèce ; on comptait par pythiades à Delphes, par isthmiades à Corinthe, par néméades en Argolide [CHRONOGRAPHIA].
Les jeux grecs comprenaient de nombreux exercices et concours, que l'on répartit d'habitude en trois catégories : jeux équestres (ywvmç ii atxof), jeux gymniques (aytwEç yu(.vtxof), concours de musique, chant et danse (ywveç µouatxoi). Les jeux équestres et les jeux gymniques étaient les plus anciens ; ils comprenaient presque tous les exercices de l'époque homérique, la course à pied, la course en chars, la lutte proprement dite, le pugilat avec le ceste, le jet du disque et celui du javelot, le combat avec les armes de guerre; plusieurs de ces jeux furent combinés et ces combinaisons donnèrent naissance à de nouveaux jeux : le pancrace, le pentathle, le jet du javelot à cheval, le tir de l'arc à cheval. D'autre part, on voit alors apparaitre le saut, les régates, les courses avec torches ou lampadédromies, l'exercice des
MIA, DESULTORES]. Ce furent surtout les 'p veç p.ouitxoi
qui prirent à l'époque historique un développement considérable ; la place qu'ils tinrent alors dans les jeux grecs devint de plus en plus importante. Ils étaient fort variés ; car on entendait sous ce nom plusieurs concours, auxquels ne pourrait pas s'appliquer le mot moderne de
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musique : à côté des concours de musique instrumentale (flûte, lyre ou cithare), de chant ou de poésie accompagnée de musique, de danse et spécialement de danse en armes ou pyrrhique, il y avait des concours de poésie (oeuvres épiques ou lyriques, éloges de la divinité) et d'art dramatique (tragédie et comédie). Parmi les plus anciens âyôlvsç p.ouetxol, il faut citer le concours de cithare des KAONEIA de Sparte, créé probablement vers 676 av. J.-C., le concours de flûte des jeux Pythiques (586 av. J.-C.), qui fut remplacé dès 558 par un concours de cithare', les àytinveç u.ouatxo( des Panathénées institués par Pisistrate vers le milieu du vie siècle ; les concours de choeurs tragiques et de comédie n'entrèrent dans l'agonistique qu'un peu plus tard ; toutefois ils étaient déjà fondés avant la fin du vie siècle. Mais jusqu'à cette date, les jeux équestres et les jeux gymniques furent plus populaires que les âyéu ç Es.ouctxof. A partir du ve siècle, au contraire, et, semble-t-il, sous l'influence d'Athènes, ces derniers concours furent entourés d'un éclat sans cesse croissant. C'est d'ailleurs entre l'époque des guerres médiques et celle d'Alexandre le Grand que les jeux grecs revêtent leur forme définitive.
Les jeux étant publics et formant presque toujours partie intégrante d'une cérémonie religieuse, c'était en principe soit à l'État, soit, dans le cas des jeux fédéraux,
à l'institution fédérale, amphictyonie ou association d'États, qu'incombait la charge de leur préparation, de leur organisation, des dépenses de toutes sortes qui en résultaient. Mais souvent les États grecs rejetaient sur les citoyens les plus riches une partie au moins de ces charges et de ces soucis. C'était la coutume des liturgies [LEITOURGIA] ; à Athènes, la plus importante des liturgies était la chorégie [LEITOURSIA, CHOREGIA]. L'intendance et la direction des jeux Olympiques appartenaient aux Éléens ; les jeux Pythiques étaient organisés par l'amphictyonie de Delphes ; les deux villes de Cléones et d'Argos se disputèrent longtemps l'honneur de préparer et de présider les jeux Néméens; Corinthe avait la charge des jeux Isthmiques ; Athènes, celle des DELTA, après 426 av. J.-C.
Les fonctionnaires, qui étaient spécialement désignés pour cette tache et qui étaient en même temps les juges des concours, s'appelaient soit épimélètes [EPIMELETAI,
B 2o, p. 678), soit agonothètes ou athlotètes [ACONOTHÈTESI. A Olympie, ils portaient le titre d'hellanodiàai. [HELLANODIKAI]. Ils devaient, au nom de l'État ou de l'amphictyonie dont ils étaient les représentants, prendre, avant et pendant les jeux, toutes les mesures nécessaires
à leur célébration, à leur bonne tenue, à leur éclat. Le détail de ces mesures se trouve indiqué aux articles Ace
nérale, ces personnages avaient la présidence et la police des jeux; ils décernaient les prix aux vainqueurs.
Les jeux pouvaient durer un ou plusieurs jours. Les grands jeux, tels que les Panathénées, les Olympiques, les Pythiques, les Néméens, les Isthmiques, occupaient plusieurs journées. Un sacrifice solennel était d'abord offert à la divinité, en l'honneur de laquelle la fête était célébrée; quelquefois aussi une procession avait lieu. Le début des jeux proprement dits était donné par l'agonothète chargé de la présidence. Les diverses espèces
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de concours ou de combats se succédaient d'habitude dans l'ordre suivant : d'abord les ây veç Eioua,xol, puis les concours gymniques, enfin les jeux équestres. C'était le cas, par exemple, pour les grandes Panathénées'. Les prix étaient distribués après la fin des jeux ; une fois couronnés, les vainqueurs formaient une procession, puis se rendaient au banquet qui leur était offert par l'État ou par l'amphictyonie à qui incombait le soin de célébrer les jeux.
Les athlètes qui prenaient part aux jeux gymniques et équestres, les concurrents des âymveç µouetxoi devaient être des hommes libres et des Grecs. Les esclaves et les lâp6apot étaient, pendant cette période, absolument exclus des jeux. Aux grands jeux panhelléniques, tout homme libre de race grecque était admis à concourir, quelle que fût sa patrie, et pourvu qu'il n'eût pas été privé par une condamnation infamante de ses droits de citoyen
l'admission aux jeux Olympiques équivalait à la reconnaissance de la nationalité grecque ; ce fut le cas, par exemple, pour le roi de Macédoine, Alexandre, contemporain des guerres médiques4. Des athlètes de Sicile, de Cyrène, de Rhodes, furent souvent couronnés à Olympie, à Némée, à Delphes, à l'Isthme de Corinthe
Dans les jeux de caractère amphictyonique ou fédéral, les concurrents devaient en principe être citoyens de l'une des villes de la fédération ou de l'amphictyonie dans les jeux particuliers à une cité, les concurrents devaient en principe être des citoyens de la ville. Et cela se comprend fort bien, puisque les jeux avaient un caractère et un sens religieux. Mais à mesure que les relations amicales et les traités devinrent plus fréquents entre les divers États et groupes d'États du monde hellénique, les citoyens des États alliés furent admis à prendre part aux jeux, comme d'ailleurs aux cérémonies religieuses. Parmi les athlètes vainqueurs chantés par Pindare, il en est plusieurs qui ont remporté de nombreuses couronnes dans des jeux locaux : Diagoras de Rhodes fut vainqueur non seulement dans sa patrie et à Olympie, mais encore à Argos, à Thèbes, à Pellène, à Égine, à Mégare s; Épharmoste le Locridien, originaire d'Oponte, fut couronné à Argos, à Marathon, à Athènes, à Éleusis, à Thèbes, à Pellène, en Arcadie La famille des Oligéthides de Corinthe comptait, parmi ses ancêtres, des athlètes qui avaient remporté de nombreux prix à Argos, à Thèbes, en Arcadie, à Pellène, à Sicyone, à Mégare, à Égine, à Marathon, à Éleusis, en Eubée, et jusque a dans les villes opulentes qui s'élèvent près de l'Etna 3 ». Télésicrate de Cyrène' et Thiéus d'Argos 'o furent vainqueurs dans les jeux des Panathénées. D'autres jeux, au contraire, étaient exclusivement réservés aux citoyens de la ville où ils se célébraient : tel était le cas pour l'âywv àuet-iyioç de Sparte 11, et pour les Théoxénies de Pellène i2. Enfin, nous connaissons quelques cas particuliers d'exclusion
les athlètes d'Élide n'étaient pas admis à concourir aux jeux Isthmiques 13 ; les citoyens d'Halicarnasse étaient exclus, au temps d'Ilérodote, des jeux qui se célébraient en l'honneur d'Apollon Triopien, en Carie ". Parfois, au cours de la même Pète, plusieurs jeux étaient réservés aux seuls citoyens de la ville, tandis que d'autres étaient accessibles à des étrangers [HIPPoDRoxos, p. 2041.
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Le, athlètes étaient divisés en catégories distinctes, iiapres leur lié. Au v' et au 1v" siècle, on distinguait d habi1ade les hommes faits, An ç, âgés de plus de vingt ans ; tes adolescents, ê sciot, entre seize et vingt ans, et les enfants, .x'ôeç, entre douze et seize ans. Quelques textes épigraphiques signalent rne'ine des subdivisions : amsi une inscription attique mentionne, à propos des
ç rl.t.xç . dans une inscription de Béotie, on lit
En principe, les femmes n'étaient pas admises à concourir dans les jeux. Mais, d'une part, elles pouvaient y participer indirectement, comme propriétaires de chars et d'attelages de courses ; d'autre part, elles pouvaient figurer exceptionnellement dans certains concours ,ainsi Plutarque nous apprend qu'une EryLhréenne, Aristomaelle, remporta le prix de poésie aux jeux Isthmiques ; aux Délies, les prix des âyèvcç rcuc. o: étaient disputés par des choeurs de jeunes filles 'nruanl; les courses des rai axrt d'] lido étaient des' courses de vierges, et des femmes remplissaient aussi les fonctions d agonothètes.
Les récompenses décernées aux athlètes vainqueurs étaient très variées : les unes avaient une valeur intrinsèque, parfois considérable; les autres étaient purement honorifiques. On distingue parfois les jeux grecs en âyâ,
vEç 0E11ZT1Tat et en â.ywveç cr ViTat, les premiers étant
ceux dont les prix avaient une valeur intrinsèque, les seconds, au contraire, étant, ceux qui ne procuraient aux vainqueurs que des prix honorifiques [CERTAMINA[. Cette division, déjà formulée dans l'antiquité, nous semble un peu artificielle : car, dans beaucoup de jeux, les vainqueurs recevaient à la fois un prix_ de valeur réelle et un prix purement honorifique par exemple aux fler'aea d ' nr gos, le vainqueur de la course de 7 aècrr ç recevait à la foi,, un bouclier d'airain et une couronne de myrte fueaurai.Parfois des sommes d'argent étaient distribuées a.u :'vainqueurs. L'huile, que recevaient les vainqueurs de Panathénées, était pour eux un prix de grande valeur, puisqu'ils recevaient en même temps le droit exclusif de t'exporter librement [cr,RTannnv[. t Pellène, dans certaines jeux, on donnait au vainqueur un chaud vêtem' ut 3. Les prix honorifiques consistaient surtout en couronnes et. en palmes [eoaos a, p. 15-29 et suiv.] Suivant les jeux, les couronnes étaient de chêne, de laurier, de myrte, d'ache, de pin; le rameau ou la palme était d'olivier à Athènes, de palmier à Délos. Mais à cette époque, comme nous le verrons plus loin, la récompense véritable des athlètes vainqueurs était la gloire dont Ieur• ~ Horn était entouré, non seulement sur le lieu même de leur triomphe, mais dans leur patrie, et pour les vainqueurs des jeux panhelléniques, dans la Grèce tout entière,
On verra, dans les articles spéciaux consacrés aux t principaux jeux publies de la Grèce, quelle était 1'a.flluence des spectateurs à Olyinpie, à Némée, à Delphes, à l'Isthme de Corinthe. Pour assister à ces fêtes, on accourait de tous les points de la Grèce ; des historiens modernes ont pu dire avec raison que, les quatre grandes tètes d'Olympie, de Némée, de Delphes et de l'Isthme, étaient cousine les assises nationales du peuple grec'.
Mais, en outre, tes Panathénées surtout les grandes Pana-thénée.-, l' s Ch-usinier, les ClcraI.'eade Thèbes, tes Pallia, les Ife. „'t d'Argos, les 1 ayceea d'.Arcadie attiraient une: grande foule; beaucoup de cités y étaient invitées ou envoyaient des délégations officielles rn~oaraj, a. Les places d'honneur dans les hippodromes, les stades, les théâtres, étaient occupées par les présidents et organisateurs, par les prêtres et les magistrats de 1 emphictyonie ou. de l'Etat qui donnait les jeux, par les délégués des autres villes, par des hôtes d'honneur, auxquels avait été décernée cornme un témoignage de très haute est„nne
était gratuit. L'assistance à la plupart des jeux grecs était interdite aux femmes.
Les jeux tenaient une place importante dans la vie des Grecs. Le rôle qu'ils jouaient dans la vie privéa peutêtre été exagéré; liinIluence qu'ils pouvaient exercer sur l'éducation des éphèbes ne semble pas avoir été aussi considérable qu'on l'a dit. On oppose souvent, à ce point de vue, les temps qui ont précédé le règne d'Alexandre le Grand aux périodes hellénistique et romaine. On est tenté de croire qu'aux erre, vr° et s' siècles, il n'y avait pas d'athlètes de profession, tandis que plus tard et jusqu'à la fin du monde antique l'athlétique, ou, dans un sens plus large, u-'agonistique, devint un véritable métier, un art qui avait ses virtuoses et auquel il fallait se consacrer exclusivement. Ainsi formulée, cette opposition n'est pas exacte. Sans doute, à l'époque ancienne, on peut citer, parmi les vainqueurs des jeux grecs, soit des personnages qui appartiennent à des familles très distinguées et que seules l'émulation et la passion de la gloire ont fait descendre dans l'arène ; soit, au contraire, des individus de naissance modeste, qui, dans la vie courante étaient ouvriers ou petits marchands 1TULLTa, p. 5151Mais, dès l'époque de Pindare, un double fait apparaît nettement. D'une part, les athlètes vainqueurs vont de jeux en jeux et collectionnent 1,-3 prix, si l'on peut ainsi parler : Lei ce Diagoras de Ris ,de-, cieux fois vainqueur dans sa patrie aux Tleinolc' i,,. ,u iatr.e fois couronné aux jeux Isthmiques, deux fois aux l't mécns vainqueur encore à. Athènes, à egos oà il emporta dans les fieraea le bouclier d'airain, à Pellène, à Thèbes, f 'Égine où il lutta six fois avec un égal succès à Mégare, enfin vainqueur au pugilat à Olympie ; tel cet l:pharmoste é'Oponte, vainqueur à la lutte dans les jeux Olympiques et dont Pindare mentionne des victoires antérieures aux isthmiques, è Némée, à Athènes, à Marathon, chez les Parrhasiens, au sanctuaire de Zeus Lycaios, à Pellène, à Thèbes, à illeusis 10. II semble que dans certaines familles l'athlétique ait été un art héréditaire. Dans l'ode consacrée à Xénophon de Corinthe, vainqueur à la. course du stade et au pentathle olympique, Pindare, après avoir rappelé que ce mème Xénophon avait été déjà couronné aux jeux de l'Isthme et à ceux de Némée, passe en revue les victoires de ses aïeux : « lie souvenir de son père Thessalos aux pieds rapides vit encore sur les bords de l'Alphée. A Delphes, un seul jour l'avait vu. vaincre au stade et à la double course ; et le merde mois, dans l'aride Athènes, une courte journée lui suffisait, pour placer sur son front trois glorieuses couronnes. Aux
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fêtes d'Athéna lfellotis (à Corinthe), il triompha sept fois. Dans les jeux institués près des deux mers en l'honneur de Poseidon (les Isthmiques), Ptéodore, père de Thessalos, et ses parents, Terpsias et]+'riLime, méritèrent encore de plus grands éloges. Combien de fois cette famille (la famille des Oligéthides) n'a-t-elle pas été couronnée à Delphes et dans le repaire du lion que vainquit Hercule (à Némée) `'... Que de victoires encore au pied du Parnasse escarpé, ii Argos et à Thèbes' Que de glorieux témoignages lui rendront aussi et l'autel auguste du Lycée. qui domine l'Arcadie, et Pellène, et Sicyone, et Mégare, et le bois redouté des Éacides à Égine, et la brillante Marathon. :Éleusis, l'Eubée et les villes opulentes qui s'élèvent au pied des sommets sourcilleux de l'Etna ! » II nous parait bien difficile de ne pas voir dans Diagoras, dans Epharmoste, dans Xénophon et ses ancêtres, dans d'autres encore comme Télésicate de Cyrène', Thiéus d'Argos r,
iilissos de Thèbes', des hommes qui se consacraient entièrement à l'agonistique, sinon par profession, du moins par goût ou par vanité, peut-être dans certains cas par tradition de famille. Et d'autre part, il ressort avec évidence de plusieurs passages de Pindare;, que l'on se préparait, que l'on s'entraînait pour les jeux, qu'il y avait des écoles et des maîtres particulièrement célèbres; Pindare cite Orsias", Ménandre l'Athéniens, Milésias, qui après avoir été athlète lui-même et avoir remporté plusieurs victoires, forma de très nombreux disciples, dont pins de trente furent couronnés «II est plus facile, ajoute le poète, d'enseigner ce que l'on sait soi-même
celui qui n'a pas appris d'abord est toujours ignorant, et l'esprit reste léger, s'il n'a pas affronté l'épreuve. Celui qui sait, au contraire, pourra dire bien mieux qu'un autre, par quels travaux, par quel genre de vie doit se préparer celui qui aspire à gagner dans les combats sacrés ces palmes si désirables', » Il n'est donc pas douteux qu'il y avait déjà en Grèce, au commencement du v' siècle, des écoles d'athlètes et des professeurs d'agonistique. Nous ne prétendons pas que les concurrents fussent tous sans exception des athlètes de métier; rirais de tels athlètes existaient dès cette époque, en grand nombre. Aussi ne peut-on guère voir dans l'agonistlclue une simple branche de la gymnastique ordinaire ; c'était vraiment; une science à part. H serait téméraire, écrit excellerrment. M. Paul Girard, de prétendre que les couronnes des Panathénées et celles des jeux Théséens n'étaient point recherchées des jeunes Athéniens, élèves du pédotribe. Beaucoup, sans doute, les ambitionnaient:. Ce n'était pourtant pas en vue de ces succès que la majorité des jeunes gens fréquentaient les palestres; c'était moins encore afin de briller plus tard dans les grands jeux de la Grèce. Leurs modestes travaux n'eussent pas suffi, semble-t-il, pour les rendre capables de figurer avec éclat à Olympie ou à Delphes. Ces rudes épreuves demandaient un entraînement spécial ; elles exigeaient qu'on se familiarisât de bonne heure avec le genre de lutte oit l'on souhaitait de vaincre, et, pour cela, qu'on negiigeint. le reste. C'est ce qui ne pouvait se faire chez le pédotribe, oh les enfants se livraient à des exercices variés, sans en cultiver aucun au détriment des autres. Ajoutez que les concurrents aux jeux ne représentant qu'une infime portion de la population athénienne, on a peine à conce
voir qu'un enseignement national comme celui de la, gymnastique eût pour unique but l'éde camion de ces rares sujets'. e
Tout ce qui précède s'applique spécialement aux jeux gymniques. Pour la course de chars, le prix était décerné non pas au cocher qui avait pris part à. la course c ti dirigé l'attelage, riais au propriétaire des chevaux : c'est idnsi qu'Iliéron de Syracuse, Alcibiade d'Athènes, le roi Philippe de Macédoine furent vainqueurs à Olympie. Enfin, dans
Ions' °{l'.»)u gour'»ol, les concurrents divers, rhapsodes citha
ristes, joueurs de flûte, chanteurs, choreutes, acteurs de tragédie et de comédie, furent de bonne heure des professionnels, desvirtiuoses.Encoremoinsl«lducation ordinaire pouvait-elle préparer les jeunes Grecs à la poésie tragique ou cornique. Il y avait plus loin encore d'un Eschyle, d'un Sophocle, d`un Aristophane à un jeune Athénien d'instruction moyenne que d'un Diagoras ou d'un Xénophon_ de Corinthe àun éphèbe devïgueur et de souplesse ordinaires.
A nos veux, c'est beaucoup moins clans la vie privée des Hellènes que dans 1a vie publique des (di:fis grecques que les, jeux ont tenu une place considérable. C'étaient, en tout lieu des fêtes officielles, ou tout au moins ils faisaient partie de fêtes offieu'les ; ils en étaient l'élément le plus populaire. « Ln principe, ils n'étaient que l accessoire des cérémonies religieuses ; en fait cependant ils tenaient la première place. Jamais les pro cessions, les choeurs et le sacrifices n'auraient, sans les jeux, attiré de toutes les contrées de ia Grèce un pareil concours de pèlerins'°. » Les organisateurs, les présidents des jeux étaient de véritables fonctionnaires ; les prix étai rut décernés au nom de la. cité ou de I aonphictcunie (l'ii :Innriait les jeux, Pendant les jeux comme pendant les fêtes solennelles, les affaires publiques chômaient, sauf les tas d'extrême urgence . Athènes, aucun tribunal ne siégeait durant les Panathénées". Une loi, citée par Démos' thème au début de la M_idienne, stipule que « pendant les Dionysies du Pirée, où se donnent des tragédies et des comédies; pendant les fêtes Lér 'ennes, accompagnées des mêmes jeux scéniques ; pendant, la célébration ales l)ianv-Éros urbaines, auxquelles prennent part des
rh jeunes gens, et qui comportent des festins et pr -. sentn'.tions scéniques; pendanii les jeux. publies d!' Tin r
gralïes, il ne sera pas permis de prendre des gai ïe rien exiger de personne, néme de ceux dont les obligations sont échues. » Et Démosthène ajoute : « Vous pou usez tous l'humanités et le respect des Dieux jusqus`eui"érer, pendant leurs fêtes, la réparation des injustices qui ont été commises auparavant'.., Il en 'hait sans doute de rnênne pour tous les jeux qui avaient rrn caractère officiel et public. Les Délies, qui comportaient des jeux très brillants, suspendaient toute action judiciaire, toute exécution capitale. Mais la conséquence la plus grave de ces fe les était l'établissement de trêves, qui avaient arn caractère sacré, La plus célèbre et la _mieux connue de ces trêves sacrées était la trêve olympiques or.vrt iej ou 'Exe"t,oix irrr',uo..ua'mA Une trêve analogue existait penriant les jeux Pythiques, Isthmiques, Nélnéens s ïui_s, rsrnsnA. NEmEA,, L'État ou la fédération d'États qui faisait. célébrer les jeux envoyait à l'approche de la fête, des messagers dans toute la Grèce pour réclamer le bénéfice de la trêve sacrée en faveur de la ville oit se donnaient.
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les jeux et de tous ceux qui s'y rendaient'. Toutes les Ekécheiries n'étaient pas également respectées par les États qui ne prenaient pas part aux jeux. Seuls les grands jeux nationaux et surtout les jeux Olympiques avaient le privilège d'arrêter à peu près complètement toute hostilité entre Hellènes [OLYMPIA]. A Sparte, toute opération militaire était rigoureusement suspendue pendant les Karneia, qui étaient accompagnées de ,jeux; les soldats spartiates ne pouvaient pas se mettre en campagne avant
la fin de cette fête [KARNEIA].
Enfin l'importance publique des jeux est encore attestée par les récompenses et les honneurs officiels que chaque État accordait aux athlètes vainqueurs. Ces récompenses et ces honneurs étaient surtout caractéristiques pour les vainqueurs des grands jeux nationaux [ATIILETA, p. 31l]. Dans ce cas, l'athlète était vraiment considéré et honoré comme le représentant de la cité tout entière. Sa victoire était celle de sa patrie. Il était reçu en triomphe, comme un général vainqueur des ennemis. Il devenait, au moins pour un temps, le premier citoyen de l'État. Ses concitoyens s'enorgueillissaient, comme lui-même, de son triomphe à la course, à la lutte, au pugilat. Son nom était célèbre non seulement dans sa patrie, mais dans toute la Grèce 2.
Les jeux ont peut-être été l'institution la plus nationale de la Grèce antique. a Il est bien vrai que les Grecs pouvaient, en ces occasions, se sentir les enfants d'une même patrie, unis malgré ses divisions par les liens du culte, de la langue et des moeurs, recherchant les mêmes biens, jouissant avec la même ardeur de ces belles et grandes choses inconnues aux Barbares, et dont le germe ne pouvait se développer en dehors du sol de l'Hellade. Grâce à la trêve sacrée, les citoyens mêmes des États en guerre les uns contre les autres entretenaient des relations amicales ; les inimitiés s'apaisaient; les anciennes affections renaissaient, et il s'en formait de nouvelles3.
3° Période hellénistique et romaine. Nous avons insisté longuement sur la nature et l'histoire des jeux publics de la Grèce avant Alexandre, parce que c'est la période de l'histoire hellénique pendant laquelle ils ont revêtu le caractère le plus distinctif et le plus original. Nous nous bornerons à indiquer, pour la période suivante, les modifications que ces jeux ont alors subies et qui en ont altéré la physionomie primitive.
Jusqu'alors les jeux étaient restés, sous leurs diverses formes, une institution purement grecque. Après Alexandre, ils se répandirent dans toutes les contrées oit pénétra la civilisation hellénique, surtout en Asie Mineure, en Syrie, en Égypte. Alexandre, qui aimait beaucoup les jeux, en avait fait célébrer à plusieurs reprises pendant son expédition ; il se plaisait surtout aux Dionysies 4. Les Diadoques suivirent son exemple; les diverses capitales hellénistiques rivalisèrent de fêtes brillantes : à Alexandrie, à Antioche, à Pergame furent donnés des jeux magnifiques et fréquents ; à côté des
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capitales, les anciens centres de population des pays conquis par les Grecs, revêtus parfois de noms nouveaux, Sardes, Tarse, Aphrodisias, Tralles, Ancyre, Laodicée, Stratonicée, Apamée, Ascalon, Sidon, Tyr, etc., et quelques villes nouvelles ou relevées de leurs ruines, comme Ilion ou Alexandria Trous, s'efforcèrent d'imiter aussi les villes grecques'. De nationaux les jeux devinrent uni
versels, oecuméniques (oixoty.evtxtiç Ywv)G.
Des jeux nouveaux s'ajoutèrent aux anciens. On continua de célébrer en Grèce les jeux d'autrefois; mais, en outre, des concours furent fondés en l'honneur des Diadoques ; un peu plus tard en l'honneur de Rome divinisée, de ses plus illustres généraux, même de ses fonctionnaires' ; enfin en l'honneur de César, d'Auguste et des empereurs. Ces derniers jeux ne furent qu'une forme du culte provincial de Rome et d'Auguste; c'est pourquoi les assemblées provinciales de Grèce et d'Asie les célébrèrent souvent'. Les jeux se multiplièrent alors à l'infini ; il serait fastidieux de les énumérer tous ; citons du moins les principaux : Antiyoneia 9, Attaleia 10, Demetreia 11, Ptoleonaia'3, Seleuceia", Philadelpheia", homaea''. Lucullia ", etc. ; Caesareia ", Augusteia 8, Sebasteia ou Sebasta 19, Trajaneia 20, Jfadrianeia 21, Antonineia 22 Commodeia 23, etc. D'autres jeux furent institués pour rappeler le souvenir d'un événement heureux, par exemple les Soteria de Delphes, en l'honneur de la déroute subie par les Gaulois en 27824. Mais les Grecs de l'époque hellénistique et romaine ne se contentèrent pas d'allonger la liste de leurs jeux pour exprimer aux puissants du jour leurs sentiments de flatterie et de soumission. Ils firent plus ; ils voulurent assigner en quelque sorte une place à leurs idoles nouvelles dans leurs anciens jeux nationaux. Les Athéniens donnent à leurs Dionysia le nom de Delnetria [DEMETDIA] ; les habitants d'Oropos appellent les Amphiaraea d'autrefois 'Aµptapâa xai 'Pwi a 25 ; dans une inscription trouvée à Cos, on lit la
caractère religieux, qui avait été jadis leur caractère essentiel; désormais les Grecs se préoccupent moins de rendre hommage à leurs vieilles divinités nationales que d'honorer en toute circonstance et de toute manière les nouveaux maîtres dont ils subissent le joug, despotes macédoniens, syriens, égyptiens ou empereurs romains. Les grands jeux panhelléniques sont dépouillés de leur prééminence passée : les noms d'Olympia, de Pythia sont attribués à des jeux nouveaux. On rencontre des Olympiques à Alexandrie, à Athènes, à Cyzique, à Éphèse, à Pergame, à Smyrne, à Tralles ; des Pythiques à Ancyre, à Chalcédoine, à Hiérapolis, à Magnésie, à Milet, à Perga, à Périnthe, à Thessalonique, à Tralles; des Isthmiques à Ancyre27; pour donner plus d'éclat à d'autres jeux, on les déclare égaux aux jeux Olympiques, 'Iao),up.c(ot 28, égaux aux jeux Pythiques, 'Ieo774A ot 29 En souvenir de sa victoire d'Actium, Auguste donne un éclat inouï aux an
ciens Actia, qui devinrent "AxTta Tâ E.rya),a Kataagra et se
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célébrèrent tous les quatre ans le 2 septembre, jour anniversaire de la bataille; on compta par actiades, comme on comptait par olympiades [ACTIA]. Aussi les anciens jeux de la t °èce indépendante tombèrent-ils dans une décadence de plus en plus marquée ; quelquesuns d'entre eux ne furent plus célébrés qu'irrégulièrement; d'autres disparurent. Et pourtant il n'y eut jamais plus de jeux en Grèce et en Orient qu'à l'époque impériale. Des particuliers en fondaient dans leurs villes, quelquefois par testament. Chaque cité, même modeste, possédait son stade, son hippodrome, son théâtre.
Le programme des jeux subit, lui aussi, quelques altérations. Les jeux gymniques, si importants au vie et au ve siècle, passèrent au second plan ; les courses hippiques et les â,(ïcç [itoucixo( occupèrent désormais la première place. Plusieurs documents épigraphiques nous apprennent qu'au commencement du Ir siècle av. J.-C. les jeux équestres des Panathénées se célébraient avec un éclat vraiment extraordinaire [R1PPODROnos, p. 2041-205j; les courses de chars étaient les plus brillantes et les plus magnifiques de toutes. D'autre part, les concours de musique et les jeux scéniques 9e répandirent partout ; à l'imitation d'Alexandre, les Diadoques favorisèrent les Dionysies ; on en célébra désormais dans ta plupart des grandes villes grecques [DloNYsIA, p. 2!161. Il est probable que des «ywEç uouatxo( furent alors introduits pour la première fois dans les jeux Isthmiques et les jeux Néméens. Dans ces concours, les choeurs subsistèrent, mais leur rôle devint accessoire. Au contraire, les exécutants isolés prennent la première place : une inscription relative à une représentation des Soteria de Delphes au 1110 siècle av. J.-C. nomme des rhapsodes, des citharistes, des citharèdes, des joueurs de flûte, des maîtres de flûte, des auteurs tragiques, des auteurs comiques, et trois choeurs dont les choreutes sont cités chacun par leur nom, les 7aïôsç zopsuTa(, les »Foi ivSpôw, et les yopcu'xi xwp.txo('. Il n'y a là que des individus ; les choeurs ne forment plus un ensemble en quelque sorte anonyme, comme autrefois. Un nouveau concours s'ajoute aux chants, aux danses, aux rhapsodies, aux jeux scéniques : c'est le concours d'éloges 2 ; les inscriptions mentionnent l'Eyxwµtov Entxdv, éloge en vers, et
hymnes, qui étaient des i xoàN.ix E7txz, étaient exclusivement consacrés à l'éloge des dieux ou des cités ; à cette époque, les vivants, surtout les empereurs, furent loués comme les dieux. Jupiter Capitolin et la Dea Borna acquirent alors un grand prestige auprès des Éyxwp.toypâtpot. Les aywvaç p.ou ixo( ont perdu leur caractère et leur sens religieux primitifs. Les Dionysies n'ont pour ainsi dire plus de rapports. directs avec la légende de Dionysos.
Quant aux concurrents, aux âywv(aTxt, ils sont devenus sans exception des professionnels de leur art [ATIILETA]. Athlètes proprement dits, cochers de quadriges, musiciens, chanteurs, compositeurs d'éloges, de tragédies ou de comédies, acteurs tragiques et comiques sont de plus en plus, pendant les siècles qui précèdent et qui suivent immédiatement l'ère chrétienne, des virtuoses. Ils exercent un métier et gagnent leur vie en prenant part aux jeux. Ils forment des associations puissantes, sous le nom
Ils se transportent deville en ville, et donnent des représentations presque quotidiennes. Plus que jamais ils sont fêtés, acclamés, richement payés et récompensés. Si les xywvEç µouatxo; et les jeux scéniques sont plus prisés que les jeux gymniques, par contre les athlètes, les lutteurs vigoureux et adroits sont plus populaires que les acteursi les plus célèbres d'entre eux reçoivent des pensions d'honneur ; beaucoup de cités leur décernent le titre de citoyen honoraire, même de sénateur 3 ; on leur élève des statues, on promulgue des décrets en leur honneur. Les fils de famille se mettent à leur école et veulent comme eux paraître dans l'arène; ils y réussissent parfois et acquièrent une grande renommée. L'athlétique devient au i et au ne siècle ap. J.-C., au moins dans les provinces grecques de l'empire, un sport à la mode. Elle pénètre aussi dans la société romaine, qui cependant avait d'abord montré une véritable répugnance pour les jeux gymniques : l'une des plus belles salles des thermes de Caracalla était ornée de très nombreux portraits en mosaïque d'athlètes victorieux
Les jeux grecs, sous leur triple forme de jeux gymniques, de courses équestres et d'àYwvcç N.watxof, durèrent pendant tout l'Empire. Encore très brillants au tee, au ne et même au début dumesiècle de Père chrétienne, ils subirent, plus tard, l'influence des maux de toutes sortes qui s'abattirent sur le monde romain au milieu du me siècle et au Ive siècle. Leur décadence fut progressive et irrémédiable. Les plus célèbres d'entre eux résistèrent jusqu'à la fin du Ive siècle; l'empereur Julien essaya même de leur donner un éclat nouveau ; mais ce fut en vain. Sous Théodose, les jeux Olympiques furent abolis en 391. Cette date marque, on peut le dire, la fin de l'agonistique grecque.
Nous avons montré plus haut quelle place les jeux tenaient avant l'époque d'Alexandre dans la vie publique des Grecs. Ils la conservèrent pendant la période hellénistique et la période romaine. Les jeux étaient les fêtes les plus brillantes qui se célébraient dans les cités grecques. Les ruines innombrables de stades, d'hippodromes et de théâtres, qui se rencontrent partout en Grèce et dans les provinces orientales de l'empire, suffiraient à attester la diffusion et la fréquence de ces jeux jusque dans les villes les plus modestes. Les inscriptions qui les mentionnent sont de même très abondantes. On sait d'autre part quelle impulsion les jeux donnèrent à tous les arts, en particulier à la sculpture : statues de vainqueurs, ex-voto en ronde-bosse et en bas-relief, monuments commémoratifs de victoires remportées dans l'arène ou sur le théâtre, remplissaient les sanctuaires, les places publiques, les thermes, tous les édifices oit se donnaient des jeux. La littérature dut beaucoup aux âyuvs6 fouatxo(: la poésie épique et lyrique, la tragédie, la comédie trouvaient dans les jeux des occasions répétées de produire des oeuvres nombreuses.
II. ÉTRURIE. L'Étrurie mérite une place à part dans l'histoire des jeux antiques, parce que c'est à elle que Rome a emprunté l'usage des courses équestres et des combats de gladiateurs. Les jeux étrusques se présentent dans les documents avec un double caractère, funéraire et religieux; tantôt ils sont représentés dans les fresques
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ci décoraient les parois des grands tombeaux sur les bas-reliefs des sarcophages, sur les stèles qui marquaient l'emplacement des tombes plus modestes' ; tantôt, au contraire, ils sont cites par les auteurs anciens comme ayant une origine religieuse ou comme ajoutant à l'éclat de certaines _érémonies du culte, par exemple de la fê=te fédérale annuelle, qui se célébrait à VuIsinies et qui réunissait les douze principales cités de l'Étrurie t. Il n'y a point lieu d'opposer l'une à l'autre ces deux catégories de renseignements : chez tous Ies peuples de l'antiquité, les rites des funérailles ont eu un sens religieux. D'après une antique tradition, dont l'écho se retrouve dans Tertullien, ce serait chez les Lydiens de l'Asie Mineure qu'il Faudrait chercher l'origine des jeux étrusques : mais cette tradition n'est. guère qu'un jeu de mots, fondé sur le rapprochement du mot latin Urdus et de l'ethnique grec
, o , ' _Hérodote, d'autre part, rapporte l'épisode suivant : près qu'une frotte phocéenne eut été battue dans les eaux de la Corse par les Étrusques et les Carthaginois coalisés, beaucoup de prisonniers tombèrent entre les mains des vainqueurs, qui les lapidèrent. Cette cruauté fut e inm; en particulier chez les Agylléens (habitants d'Agylia ou de Caere), tout ce qui passait à l'endroit où les Phocéens avaient été tués , devenait estropié et difforme : moutons, bêtes de somme et humains étaient également frappes. Les Agylléens s'adressèrent à l'oracle de Delphes. « La Pythie leur prescrivit l'expiation qu'ils pratiquent encore ; en effet, ils honorent ces victimes par de grands sacrifices funèbres, et ils ont institué en leur mémoire des jeux gymniques et équestres 'd» Ne pourraiton pas conclure de ce passage d'Hérodote que la Grèce a 2te en cette matière l'initiatrice des Étrusques?
Les jeux étrusques ressemblaient beaucoup aux âyiiv_=ç grecs. Ils étaient peut-être moins variés; mais les trois principales catégories de jeux grecs se retrouvent en Étrurie : jeux gymniques, jeux équestres', concours de musique, de danse et de chante. Parmi les jeux gymniques, les Étrusques pratiquaient : la lutte, le pugilat avec le caste, la course à pied, le saut avec haltères, le
à rate, le jet du javelot, le jet du disque; parmi les
s. la course à cheval, la course en biges, la course en quadriges, le tir de l'are à cheval, le jet du jar elot à cheval; parmi les / oiurç gouetxol, les concours de lyre et de flûte, peut-étre la pyrrhique ou danse en armes 9 ; nous avons moins de détails sur les ludi scaenici proprement dits, qui ne sont représentés sur aucune fresque, sur aucun bas-relief. A ces jeux, communs aux Étrusques et aux Grecs, s'ajoutaient chez les premiers les combats de gladiateurs; les auteurs anciens sont unanimes à rapporter que l'Étrurie a été la patrie de ces luttes sanglantes et inhumaines [GLADIATOR]. Enfin les jeux
tics comprenaient, outre les èywveç et les concours proprement dits, toutes sortes de représentations et de distractions variées : des bateleurs, des mimes, des acrobates, des musiciens égayaient le spectacle 16.
Ces jeux étaient publics. Sur une fresque d'une tombe découverte près de Chiusi, se voit une tribune ou estrade
remplie de spectateurs"; les jeux fédéraux de Vulsinies attiraient une grande foule d'Étrusques et d'étrangers ETtiI?SCT, p. 8241. Nous ne savons à peu près rien de leur organisation. Les vainqueurs recevaient des couronnes et des palmes, qui sont figurées sur plusieurs fresques, en particulier sur l'une des peintures de la Grotta della, Simia, à Chiusi'', Les jeux tenaient une place considérable dans fa vie des Étrusques; ils étaient chez eux comme en Grèce une institution nationale et populaire ; dans la tradition romaine, la plupart des jeux romains étaient d'origine étrusque.
111. RoMm:. -1° Depuis les débuts de l'histoire romaine jus qu'a la fin de la République. De toute antiquité il y eut des jeux à Rome, puisque les historiens en mentionnent dès l'époque de Romulus. Les plus anciens jeux romains que nous connaissions avaient, à la différence des jeux grecs de l'époque homérique, un caractère nettement religieux ; les jeux pendant lesquels les compagnons de Romulus enlevèrent les Sabines, étaient des courses données en l'honneur du dieu Cousus1 3 ; les t,quirria, qui passaient pour être les jeux les plus anciens de Rome avec ceux des G'onsualia, étaient de mémo, comme leur nom l'indique, des courses de chevaux ; elles avaient lieu au Champ-de-Mars, en l'honneur de Mars
LCONSOALIA, EQUTRRIA]. D'après Tertullien, (lui cite ses
auteurs, Pison et Suétone, d'autres jeux furent institués par les premiers rois de Rome en l'honneur de Jupiter Feretrius, de Mars, de la déesse Robigo, d'autres divinités encore f' ; il insiste sur l'origine idolâtrique de ces jeux : a rei causa idolatria est;... cati idolo et ceci superstitioni tutti notarentua ". » Tarquin l'Ancien donna un grand essor aux jeux romains. Ce fut lui, suivant la tradition, qui nt construire le Gircus Maximus dans la vallée située entre le Palatin et l'Aventin lutta-si; il donna aux jeux une organisation pour ainsi dire régulière et décréta qu'ils seraient annuels; il fit venir d'Étrurie des chevaux de course ; enfin il introduisit à Rome le pugilat ". Les jeux ainsi réorganisés par Tarquin l'Ancien furent ceux qui portèrent plus tard le nom de ludi Romani ou magni's [LLDI ROMANI]. Sous la République, d'autres jeux annuels furent créés : les ludi Plebeii au in' siècle av. J.-C. [Lune PLEREII] ; les tutti (,eriales vers la même époque [CEIlEA
LIA] ; les ludi «lpollinares en 212 [LLDT APOLLTyARES,I' Ies ludi lIegalenses en 204 [MEGALESIA] ; les ludi Florales en 173 [FLORALTA]. Au dernier siècle de la République, des
jeux d'un caractère différent furent fondés pour perpétuer le souvenir des victoires remportées par Sylla et César : les ludi Victoriae Sullanae (82-81), les ludi Victoriae Goes
saris ma Veneris Genetricis (46) LLLDT vICTORIAE SELLA
blissement de l'Empire, les seuls jeux à la fois annuels et officiels de Rome.
Mais d'autres jeux furent souvent célébrés par les magistrats romains en accomplissement d'un voeu, pour apaiser la colère divine, lors d'un triomphe, d'une dédicace de temple ou d'édifice public. C'étaient des jeux extraordinaires. Il est probable que la plupart des jeux
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annuels eurent d'abord ce caractère : nous le savons expressément pour les ludi ilpollinares, qui furent voués et célébrés pour la première fois en 212, rnais qui ne furent définitivement organisés comme fête annuelle et fixe qu'en 208 ; pour les ludi Florales, qui paraissent avoir été 'reés en 2i0 ou 238', et qui ne devinrent annuels qu'en 173 3. En outre, nous connaissons un assez grand nombre de jeux extraordinaires, qui furent donnés une fois seulement : tel fut le cas des jeux tumultus causa voti par le dictateur A. Postumius Tubertus (431 av. t.-C.) ; de ceux qui furent voués par le dictateur M. Furius Camillus en 396, et qui furent célébrés en 392 par les consuls L. Valerius Potitus et M. Manlius, après la chute de Véies° ; de ceux qui furent voués, lors du ttraaaulta4s Ga/lieus de 360, par le dictateur Q. Servilius Ahala° ; de ceux que le premier Africain avait voués en Espagne pendant une mutinerie de ses troupes, et qu'il célébra à Rome en 2071, à la veille de partir pour la Sicile et l'Afrique' ; de ceux encore que P. Cornelius Scipio, propréteur en Espagne, avait voués en l'honneur de Jupiter pendant un combat indécis contre les Lusitaniens, et qu'il célébra à Rome l'année de son consulat, en 191 av. J,-C,, etc. On donne parfois à ces jeux extraordinaires le nom de ludt votivia. Les magistrats romains promettaient des jeux à la divinité comme ils lui promettaient un sacrifice extraordinaire ou i érectiond'un temple nouveau. Dans d'autres circonstances, les jeux faisaient l'office de véritables actions de grâces: ainsi, après que les Gaulois se furent éloignés de nome, le dictateur M. Furius Camillus fit décréter par le Sénat que des luth
os=ai seraient quod Jupiter Optimus
ilium. rs t mu :;;::.'1 ,,, atlue aredm populi Romani in re te tela tutatus esse.
Outre les jeux publics soit ordinaires, soit extraordinaires, il y avait à Rome des jeux privés, c'est-à-dire des jeux qui étaient célébrés par des particuliers. Ces jeux, autant que nous pouvons le savoir pour l'époque républicaine, étaient surtout des jeux funèbres (ludi funebres), qui tantôt suivaient de très près les funérailles du défunt 'FU7:ts, p. 1ti00-1401'., tantôt étaient célébrés après un plus long intervalle en l'honneur du défunt, ou même en l'honneur de deux défunts de la même famille. Par exemple, en l'année 200, le premier Africain donna à Carthagène des combats de gladiateurs et des jeux funèbres en mémoire de son père et de son oncle, P. Cornelius Scipio et Cru Cornelius Scipio, tués tous deux cinq ans auparavaut'0, Lorsqu'ils étaient célébrés à Rome, les jeuxfunèbres pouvaient avoir lieu sur le Forum romain" ou sur le Forum Boarium I L, Vers la fin de la République, les ambitieux qui briguaient les suffrages du peuple lui offraient des jeux, en particulier des combats de gladiateurs : il fallut même, â l'époque de Cicéron, promulguer des lois contre ce mode de captation de l'opinion publique [ArismTU5, p. 224]. De même, avant l'Empire, les riches Romains, suivant en cela l'exemple des Étrusques et des Campaniens, offraient à leurs invités des jeux et .des combats de gladiateurs, en mème temps que des repas d'un luxe inouï". Quelques-uns d'entre eux possédaient de véri
tables troupes ale gladiateurs [GLADIATOB, p, 1577]. En tin l'habitude était de j'r prise d'ordonner par teséunent.des jeux du même genre".
Les plus:anciens jeux romains furent des courses de
chevaux et des courses en chars toastALIA, EQUïxxiA,
émeu e . Tarquin l'Ancien parait y avoir ajoute des jeux. gymniques, puisqu'il fit venir d'ltrurie des pugilesl'L en même temps que des chevaux ; pourtant les exercices athlétiques furent d'abord peu goûtés et peu populaires chez les Romains. Pendant longtemps, les seuls jeux qui se donnèrent à Rome furent ceux du cirque 16 En 361, des jeux scéni■ uns, luth scaenici, y furent pour la première fois J ''oC,Par cette innovation les Romains se flattaient d'apa' n r la colère des dieux, à laquelle ils attribuaient une peste épouvantable qui désolait leur ville. Les jeux scéniques furent d'abord de simples danses ou pantomimes avec accompagnement de flirte ; puis on y joignit des vers, jusqu'au moment où. Livius Andronicus donna à ces jeux une forme plus littéraire, et en fit de véritables représentations dramatiques f7, Dès lors les jeux scéniques acquirent une grande vogue : ils eurent leur place dans la plupart des jeux; ils furent ajoutés aux jeux du cirque dans les loti Romani; ils formèrent d'abord presque tous les ludi Apollinares, peut-être aussi tous les tuai M1fegdlenses ; ils furent la partie essentielle des Floralia. On en donnait aussi dans les jeux extraordinaires et dans les
Les combats de gladiateurs, comme les jeux scéniques, furent empruntés par les Romains à l'Étrurie. 115 ne figurèrent d'abord que dans les jeux funèbres; les premiers d'entre eux furent donnés à Rouie en `36.4 av. J.-C., par Martius et Decimus Brutus, àl'occasion des funérailles de leur père Brutus Pera 19. Bientôt la foule y prit un très vif plaisir, et ces combats devinrent de plus en plus fréquents. Les candidats en donnèrent pourse concilier les faveurs de la populace, en l'an 105 av. J,-C., les deux consuls P. Rutilius Rufus et C. Manlius les célébrèrent pour la première fois officiellement. A la fin de la République, la gladiature était déjà l'une des plaies de la
Des jeux à la mode grecque, des furent célébrés à Rome pendant les deux derniers siècles de la Ddépuplique. Le premier qui offrit au peuple le spectacle de luttes d'athlètes fut M. Fulvius Nobilior, en 186 av.1 C. °'0. Son exemple fut suivi par Sylla en 8121, par M. Aemilius Scaurus en 5822, par Pompée, quand il inaugura son théâtre en 35", par M. Curio en 33 ", par César en 462°,
Enfin, pour compléter l'énumération des spectacles de tout genre que l'on comprenait sous le nom de ludi, nous citerons les chasses ou combats d'animaux sauvages, qui remontent au moins au début du u' siècle, puisqu'une venatio 1(mm/in et pantherarurn est mentionnée par Tite-I,ive parmi les jeux que M. Fulvius Nobilior offrit au peuple [vcNATTo[ 23, les naumachies ou simulacres de batailles navales [NALMAC11IA], les danses pyrrhiques, les mimes, le ludus Tro,/ae, exécuté par des enfants à cheval ['IROJAE LUDUï'. Rien ne peut donner une idée plus exacte de ce qu'étaient les jeux romains à la fin de la
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République que la description, dans Suétone, des spectacles variés offerts par César au peuple romain en 13 : combats de gladiateurs, jeux scéniques dans toutes les langues, courses du cirque, luttes d'athlètes, naumachie, pyrrhique, Iodes Trojae, chasses', etc.
Sous la République, les jeux publics de Rome étaient organisés par des prêtres ou par des magistrats. C'était à des prêtres qu'incombait tout naturellement le soin des jeux qui faisaient partie intégrante du culte, du rituel : ainsi les Consualia, les Equirria étaient, préparés et présidés par le Collège des Pontifes. Il était de même logique que les jeux, ordinaires ou extraordinaires, voués, institués et célébrés au nom de l'État, fussent organisés par les représentants de l'État, c'est-à-dire par les magistrats. Pendant les premiers siècles de la République, ce furent les consuls ou, dans les circonstances exceptionnelles, les dictateurs qui donnèrent des jeux; plus tard, l'organisation et la surveillance des jeux annuels furent confiées aux édiles, soit aux édiles curules (ludi Romani, dlegalenses, Florales), soit aux édiles plébéiens (ludi Plebeii, ludi Ceriales) ; le préteur urbain fut par exception chargé des ludi Apollinares; en 44 av. J.-C., César créa des aediles Ceriales auxquels il confia le soin de célébrer les ludi Ceriales [AEDILVS, p. 99 et 100]. Quant aux jeux extraordinaires, voués au nom de l'État par un magistrat ou un général en campagne, ils étaient d'habitude célébrés par ce magistrat ou ce général, après son retour à Rome ; par exemple P. Cornelius Scipio Nasica célébra à Rome en 191, pendant son consulat, les jeux qu'il avait promis à Jupiter, alors que, propréteur en Espagne, il livrait une bataille indécise aux Lusitaniens ° ; de même M. Fulvius Nobilior donna à Rome en 186 les jeux qu'il avait voués pendant sa campagne contre les Étoliens, le jour de la prise d'Ambracie par ses troupes en 189'. Les jeux privés étaient organisés et présidés par ceux qui les donnaient; mais les édiles exerçaient sur ces jeux un droit de surveillance, d'autant plus légitime que ces jeux avaient lieu très souvent, en public, sur le Forum romain [AEDILES, p.99].
Primitivement, les jeux à Rome ne duraient qu'un jour : ainsi les Equirria, qui se donnaient deux fois chaque année, à quelques jours d'intervalle, le 27 février et le 14 mars, se terminaient chaque fois en une journée [uuuIImIA]; il en était de même des Consualia, qui avaient lieu également deux fois chaque année, le 21 août et le 15 décembre (cossus). Mais peu à peu la durée des jeux fut prolongée, et à la fin de la République, la durée respective des grands jeux annuels était de quinze jours pour les ludi Romani (4-19 septembre), de quatorze jours pour les ludi Plebeii (4-17 novembre), de huit jours pour les Iedi Ceriales (12-1.9 avril), de huit jours pour les ludi Apollinares ;6-13 juillet), de sept jours pour les luth YFegalenses (4-10 avril), de six jours pour les ludi Florales (28 avril-3 mai), de sept jours pour les ludi Victoriae Sullanae (26 octobre-1°'' novembre), de onze jours pour les ludi Victoriae Caesaris (20-30 juillet). IIy avait ainsi chaque année soixante-seize jours consacrés à ces grands jeux publics : de ces soixante-seize jours dix-sept se passaient en ludi circenses, cinquante
cinq en ludi seaenici, deux en equoruin probationes ou essais de chevaux qui accompagnaient les ludi Romani et les ludi Plebeii, et deux en epula sacra ou repas sacrés qui suivaient ces deux mêmes jeux 5. Les chiffres ci-dessus représentent la durée normale de chacun de ces grands jeux ; mais il pouvait arriver que l'un ou l'autre fût prolongé de quelques jours par la coutume de l'instauratio. Rien ne prouve mieux que l'instauratio le caractère religieux de ces réjouissances publiques. On sait combien il était important à Rome de se conformer strictement, dans les cérémonies du culte, à tous les détails rituels; la plus légère omission, le moindre changement, le fait en apparence le plus insignifiant, avaient ce résultat d'annuler la cérémonie, qu'il fallait ensuite recommencer, si l'on ne voulait pas provoquer la colère divine. Les mêmes scrupules se produisaient pour la célébration des jeux : il était indispensable qu'ils fussent rite facti, et Cicéron nous indique pour quelles raisons insignifiantes on croyait parfois que les rites n'avaient pas été observés : si ludius consistit, eut tibicen repente conticuit, aut puer si thensam non tenuit aut lornas omisit, aut si aedilis verbo aut simpulo aberravit6. Parfois même les jeux pouvaient être annulés en raison d'un fait qui s'était passé quelque temps auparavant à l'endroit oit ils devaient être célébrés. Ce fut le cas en 4,91: cette année-là, au moment ou les jeux allaient s'ouvrir, un malheureux esclave avait été battu de verges dans le cirque, par ordre de son maître, puis de là mené au supplice'. Lorsque de tels événements se produisaient, il fallait recommencer les jeux, sinon dans leur totalité, du moins dans la partie pendant laquelle s'était produite l'omission ou la faute. C'est pourquoi il est souvent question dans Tite-Live de ludi in diem unum instaurati", per biduuln instaurati per triduum instaurati 10, toti instaurati". Il arriva que des jeux furent recommencés plusieurs fois, ter12, quater', quinquies", septies13; Dion Cassius semble même rapporter qu'on en recommença jusqu'à dix fois 1B Ani" siècle de l'ère chrétienne, l'empereur Claude crut devoir prendre des mesures contre cet abus de l'instauratio' Il édicta qu'en cas d'instauratio les jeux équestres ne pourraient être donnés la seconde fois que pendant un jour.
Depuis les débuts de l'histoire romaine jusqu'à la fin de la République, la durée des jeux ne fit qu'augmenter; les dépenses nécessaires pour les donner suivirent une progression encore plus rapide. Tout d'abord l'État fournissait aux magistrats qui organisaient les jeux publics les sommes dont ils avaient besoin : cet argent, qui sortait du Trésor public, portait le nom de lucar, peut-être parce qu'il était prélevé sur les revenus des bois sacrés situés aux environs de Rome u [Luxes]. Jusqu'en l'année 200 av. J.-C., le Sénat votait pour chacun des jeux qui se donnaient une somme déterminée d'avance : par exemple, lorsque les ludi Romani devinrent annuels, à la suite de la victoire remportée par le dictateur A. Postumus près du lac Régille, le Sénat décréta que l'État donnerait chaque année, pour la célébration de ces jeux , 200000 sesterces 19 ; cette somme demeura invariable jusqu'à l'époque des guerres puniques. Mais à partir de la fin du m' siècle
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av. J.-C., les dépenses de l'État pour les jeux devinrent beaucoup plus considérables : en 217, il donna plus de 330000 sesterces pour les ludi Romani' ; en 51 av. J.-C, la contribution de l'État atteignit 760 000 sesterces. En 212 l'État avait donné 12 000 as seulement au préteur pour les ludi Apollinares 2 ; en 31, il fournit pour les mêmes jeux 380000 sesterces ; la même année, il contribua pour 600000 sesterces à la célébration des ludi Plebeii 3. Et d'autre part, en 200 av. J.-C., une innovation dangereuse pour les finances publiques avait été adoptée : dès lors les magistrats purent vouer des jeux et le Sénat les décréter sans fixer d'avance la somme nécessaire, pecunia incerta'. De graves abus furent bientôt commis. Pour donner aux jeux le plus d'éclat possible, les magistrats chargés de les célébrer, en particulier les édiles, voulurent ajouter à la contribution officielle de l'État d'autres ressources, obtenues par des moyens plus ou moins licites ; c'est du moins ce que l'on peut induire d'un passage de Tite-Live, où nous lisons que les jeux donnés par l'édile Ti. Sempronius pesèrent lourdement non seulement sur l'Italie et sur les alliés latins, mais même sur les provinces. En 182, sous le consulat de L. Aemilius et de Cn. Baebius, un sénatusconsulte fut promulgué qui réglementait sans doute la matière, mais nous n'en connaissons pas les dispositions. Trois ans plus tard, en 179, lorsque le consul Q. Fulvius voulut célébrer les jeux qu'il avait voués à Jupiter pendant sa campagne contre les Celtibériens et pour lesquels il avait ramassé de l'argent en Espagne, le Sénat décida que l'État ne dépenserait pas plus d'argent pour ces jeux que pour ceux que M. Fulvius Nobilior avait donnés après sa guerre contre les Étoliens ; il rappela le sénatusconsulte voté en 182 et défendit à Q. Fulvius ne quid ad eos ludos arcesseret, cogeret, acciperet, faceret adversus id senatus consultum 5. Mais, plus la populace romaine montrait d'enthousiasme pour les jeux, plus les citoyens ambitieux s'efforçaient, soit pendant leur édilité ou leur préture, soit en toute circonstance, de les célébrer avec éclat et avec luxe. Ils contractaient même des dettes énormes, certains d'acquérir plus tard, quand ils seraient envoyés comme gouverneurs dans les provinces, des fortunes suffisantes non seulement pour se libérer de leurs dettes, mais même pour donner de nouveaux jeux avec plus de faste encore'. Quelquefois aussi ils faisaient appel à la bourse de leurs amis', ou même à une souscription publiques. Quant aux jeux privés, ils restaient entièrement à la charge de ceux qui les donnaient : l'État ne s'en occupait que pour exercer sur eux son droit de surveillance.
A la fin de la République, les jeux avaient pris à Rome une place et une importance considérables. Les plus anciens et les plus importants d'entre eux, en particulier les ludi Romani et les ludi Plebeii, s'ouvraient par une procession solennelle, qui partait du Capitole, traversait le Forum romain et gagnait le Circus Maximus 9 [cimes, p. 1192-1193]; à la fin des jeux, quand les courses équestres et les représentations scéniques étaient terminées, il y avait un repas sacré, un epulum [EPULA, p. 738]. Sous la République, les courses de chevaux et de chars, ainsi que les jeùx gymniques, quelquefois des combats
V.
de gladiateurs, des chasses d'animaux sauvages (venutiones), des danses ou exercices militaires (armatura, pyrrhica) se donnaient soit dans le Cirrus Maximus [CIRCUS, p, 1193 et p. 1200 et suiv.], soit au Cirrus Flaminius qui fut construit en 220. Les jeux scéniques eurent lieu d'abord sur des estrades en bois qui étaient dressées pour la circonstance10 ; encore en 179 le théâtre qui avait été construit pour les jeux Apollinaires ne fut que provisoire; on le démolit après les jeux. La première scène en pierre fut construite en 174; le premier théâtre complet et permanent en pierre fut celui de Pompée, bâti en 5,3 [THEATRUM]. Le Forum romain, le Forum Boarium servirent aussi sous la République d'emplacements pour les jeux. On a vu plus haut que les Equirria se donnaient au Champ-de-Mars.
Primitivement tous les citoyens pouvaient assister aux jeux ; seuls les esclaves et les étrangers en étaient exclus". Exception était faite naturellement pour ceux des étrangers qui avaient été admis comme hôtes publics et que l'on traitait avec les plus grands égards. Des places d'honneur étaient réservées aux magistrats en exercice et aux prêtres ; plus tard, on sépara de la foule, en leur assignant des places privilégiées, les séna
teurs 12 et les chevaliers [THEATRUM, CIRCUS, p. 1188]. En
principe, au moins dans les jeux publics, le spectacle était gratuit; mais, vers la fin de la République, des jeux privés furent donnés, pour lesquels une partie au moins des places étaient payantes13
Quant aux acteurs mêmes des jeux, conducteurs de chars, athlètes, gladiateurs, chanteurs, mimes, danseurs, c'étaient, en règle générale, des professionnels.Les jeunes Romains ne paraissaient que dans quelques jeux particuliers, d'un caractère militaire, tels que la Pyrrhica, le ludus Trojae, les luth Sevirales 14. Aux premiers temps de la République, quelques riches Romains avaient fait courir leurs attelages dans le cirque ; mais cet usage disparut de bonne heure, et, jusqu'à l'établissement de l'Empire, on considéra comme une honte et une humiliation le fait pour un citoyen de paraître dans le cirque ou sur la scène pour l'amusement du public
2° L'Empire. Si brillants et si fréquents que fussent les jeux dans les dernières années de la République, ils le devinrent bien plus encore sous l'Empire. C'est pendant les quatre siècles qui s'écoulent depuis Auguste jusqu'à Théodose que les jeux atteignirent dans tout le monde romain leur apogée.
D'abord le nombre des jeux publics et le nombre des jours de l'année qui leur étaient consacrés augmentèrent à Rome dans des proportions considérables. Des huit jeux publics annuels qui existaient à la fin de la République, six au moins se maintinrent jusqu'aux derniers jours de l'Empire : les ludi Romani, Plebeii, Florales, Megalenses, Apollinares, Ceriales sont encore mentionnés dans les Fasti Philocali ; seuls les ludi Victoriae Sullanae et les ludi Victoriae Caesaris disparurent sans que l'on sache exactement à quelle époque f5. D'autre part, beaucoup de jeux nouveaux furent insti
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ï,i,'D 1374 LU[)
tués : sous Auguste, les tant rllartial,°s, en l'honneur de Mars, créés à l'occasion de la dédicace du temple de Jl ans Inter ; av. ou d'une chapelle ;arr./dm/a) du intime dieu sur le Capitole' ; ces jeux se célébraient le 12 mai ; ils ex ` t It encore au iv" siècle; les tudi Aagusuales, donne 1'a-ard pour fêter le retour d'Au
guste de l'Orient 19 av. puis annuels i ils duraient. du 3 au Id octobre; on les célébrait encore au Ive siècle ; les ludi pour l'anniversaire de la naissance d'Auguste (23 septembre), qui furent déclarés perpétuels en 8 av. J.-C.3, et qui durèrent pendant tout l'Empire ; --enfin les Actta de Rome, établis àl'imitation des Actia de Nicopolis, qui se célébraient tous les quatre ans, mais qui ne paraissent pas; en tant que jeux de la capitale, avoir suraeeu a A gguste -A ( Iii . Après, Auguste, les jeux se multiplièrent à. Rome : les uns furent créés en nions neur de divinités, comme I1er.cule Janus, Neptune., Sol, Urbs Rome t ; d'autres furent établis pour célébrer l'anniversaire de la naissance de l'empereur vivant; ils duraient après sa mort, s'il avait reçu l'apothéose : les empereurs qui furent ainsi honorés sont : Auguste, Vespasien, Titus, Nerva, Trajan, Hadrien, Antonin le Pieux, ;Marc-Aurèle, Luc. Verus, Pertinax, Septime Sévère, Alexandre Sévère, Gordien III, Claude le Gothique, Aurélien, Probus, Constance Chlore, Constantin 1, Constance II, Julien, Honorius, Théodose II, Valentinien III; e cette liste il faut ajouter L. Aelius Cesar, le frère de Mare-Aurele, et Feu : tine, le femme d'1\ ntonin le Pieux", De ces tutti a-rataltcii, destinés à fêter l'anniversaire de la naissance des empereurs, il faut distinguer les jeux qui se donnaient, sous chaque empereur, le jour anniversaire de son avènement (tuai natals iniperii), D'autres jeux encore étaient fondés ob laetitias,rublicas, pour célébrer des victoires remportées sur les ennemis de Rome ou les rivaux de l'empereur : tels les luth Parthici, institués par Hadrien en souvenir de la dernière expédition de
Trajan"; les tuai Adiabenicte :1 ;rtlrn,rrartici, Francini,
(lofici Per°sïet, ~arrraatici, créés au iv' siècle par les successeurs de Constantin ; tels encore les tutti f'ugato Lieinio, établis sous Constantin pour commémorer sa victoire définitive sur son rival Licinius'.
Une '3e-ltion spéciale doit être ace'-.rée aux jeux séc' lait as s SE' ULABCS LUDSj qui furent célébrés sept fois sous l'Empire, en 4.7 av. J.-C. par Auguste, en 4.7 ap. J.-C.. par Claude, en 88 par Domitien, en 147 ou 148 par Antonin le Pieux, en 264 par Septime Sévère, en 248 par Philippe avec un éclat particulier pour le millième anniversaire de la fondation de Rome, enfin en 262.
Rome assista sous l'Empire è, des ;eux privés très fréquents, dont les uns étaient, comme sous la République, des jeux funèbres; dont les autres étaient des fêtes offertes soit par de riches particuliers pour commémorer un heureux événement (tels les jeux offerts en 93 par L, Arruntius Stella en l'honneur des victoires remportées par Domitien sur les Sarmates) a, soit des réjouissances privées offertes par les empereurs à un cercle restreint de privilégiés : à cette catégorie appartenaient les bien Palatini qui se célébraient du 17 au 22 janvier dans
le palais impérial, et dont les calendriers du Ive siècle font encore mention' ; ce fut dans des jeux privés, semble-t-il, que Caligula 10, Néron rr, Commode, Caracalla, Élagabal 12 parurent sur la scène du théâtre, dans l'arène du cirque et de l'amphithéâtre.
Enfin, des jeux grecs nouveaux, des x' 'io . furent t ustitués par Néron'', par Domitien, par Gordien, par Aurélien, L'Agon IVeroneus, qui fut abandonné après la mort de son fondateur, fut restauré par Gordien III en 243 sous le nom d'Agon dlinei'e'ae'' L'Agon fondé par Domitien13 en 86. sous le nom d'Agon Capitolinus moi CAPITOLINIii fut le plus fameux de tous ; il se maintint jusqu'à la fin de l'Empire ; il se célébrait tous les quatre ans; à Limitation des grands jeux de la Grèce, il comprenait des jeux gymniques, des jeux équestres, des,tè'iuç u.4u5ezol 10. Enfin, en 271, Aurélien, pour donner plus d'éclat au culte du soleil, créa un Argon lotis, dont nous ne savons pour ainsi dire rien 1".
De ces jeux si nombreux, fondés par les empereurs, il en est beaucoup qui n'eurent qu'une existence éphémère ; néanmoins, on se rend assez bien compte de la place que les jeux tenaient dans la vie publique de la Rome impériale, et de l'accroissement constant que leur nombre subit, lorsque l'on constate que dans les Fasti Philocali. 175 jours de l'année, soit presque la moitié, étaient occupés par des jeux réguliers (tuai stati ou stativil 1D.
De Rome, la passion des jeux se répandit en Italie et dans les provinces occidentales de l'Empire, en Afrique, en Espagne, en Gaule. Les ruines si nombreuses de cirques, de théâtres, d'amphithéâtres qui se rencontrent dans ces régions suffiraient à prouver combien les jeux y étaient populaires à l'époque romaine. Mais, de plus, beaucoup d'inscriptions nous apprennent que très souvent des magistrats municipaux ou de simples particuliers donnaient à leurs concitoyens le spectacle de concours, de luttes, de combats de gladiateurs, de jeux scéniques" ; quelquefois aussi, de tels jeux étaient fondés par testament, et une rente annuelle destinée à en faire les frais était léguée par le défunt20. Et, de même, les invectives éloquentes dirigées par Tertullien et par d'autres Pères de l'Église contre les jeux et les spectacles païens ne s'expliquent que si de tels jeux et spectacles étaient répandus partout et passionnément goûtés 2zp
Pour la description des divers jeux nous renvoyons
Les jeux étaient les fêtes favorites de la populace romaine. La foule aimait à s'asseoir pendant de longues journées sur les gradins de pierre des cirques, des amphithéâtres et des théâtres ; parfois elle y passait des nuits, lorsque les empereurs lui donnaient des jeux à la lueur des torches et des lampes 2'-. Ces spectacles ne lui étaient pas moins nécessaires que le pain de chaque jour ; on connaît la formule fameuse : panem et circenses. Les Romains aimaient passionnément les jeux pour euxmêmes ; ils prenaient parti avec un enthousiasme et parfois une violence extraordinaires, pour un cocher du
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cirque, pour un gladiateur, pour un pantomime ou un danseur. Les acclamations ou les invectives retentissaient avec fracas suivant que les favoris de la multitude remportaient la victoire ou se laissaient battre par leurs concurrents. « Pour la masse, le cirque était à la fois un temple, une demeure, un lieu de rendez-vous et le but de tous les désirs, Partout on voyait des groupes s'entretenir des courses avec la plus grande animation; des hommes d'âge, protestant de leur longue expérience, y juraient par leurs rides et leurs cheveux gris que c'en était fait de l'Empire, si tel cocher ne gagnait pas la course. Les jours où il y avait fête au cirque, le peuple y affluait avant l'aube ; bien des gens passaient même les nuits à veiller dans l'attente de cet événement, l'esprit tendu et plein d'anxiété. Cette foule innombrable suivait toutes les phases de ces luttes dans un état d'agitation fébrile'. » Les jeux de l'amphithéâtre, en particulier les combats de gladiateurs et les chasses d'animaux sauvages, n'étaient pas moins populaires que les courses du cirque. Les gladiateurs vigoureux et hardis étaient acclamés; les combattants malhabiles ou lâches étaient condamnés à mourir par la foule impitoyable; plus tard, cette foule assista avec joie aux martyres des chrétiens livrés aux bêtes dans l'amphithéâtre. Quant aux jeux scéniques, ils étaient réduits presque uniquement, sous l'Empire, à la
dont le caractère prêtait souvent à l'obscénité. La passion pour les pantomimes était un des fléaux de Rome : les spectateurs se passionnaient au théâtre pour ou contre tel acteur, comme au cirque pour ou contre tel cocher.
Mais ce n'était pas seulement le spectacle lui-même et l'intérêt qu'il y prenait qui attirait le peuple de Rome au cirque, à l'amphithéâtre, au théâtre. Il y trouvait encore d'autres avantages : car souvent on lui donnait à manger et on le comblait de cadeaux. De gigantesques banquets étaient servis à la foule, au milieu des jeux, et quelquefois l'empereur lui-même y assistait Toutes sortes de fruits et de comestibles, des figues, des dattes, des noix, des gâteaux, du gibier étaient distribués aux spectateurs ; enfin, on leur jetait des jetons, véritables billets de loterie avec lesquels on pouvait gagner de l'or, de l'argent, des pierres précieuses, et jusqu'à des immeubles en ville ou des maisons de campagne 3 rmiss LIA,
Enfin, depuis que le Forum avait été fermé aux luttes politiques, les jeux étaient les seules occasions offertes à la foule pour manifester ses sentiments à l'égard du maître de l'Empire. Lorsque l'empereur paraissait aux jeux, le peuple l'acclamait [ACCLAMATIO] ; il n'était pas rare que l'on profitât de sa présence et de sa bonne humeur pour lui présenter des requêtes et des suppliques, qui concernaient soit les jeux eux-mêmes` (représentation de tel ou tel genre de spectacle, apparition dans l'arène de tel ou tel gladiateur célèbre, affranchissement d'un acteur ou d'un cocher), soit tout autre sujet. Ce fut à la suite d'une violente manifestation dirigée contre lui au théâtre, que Tibère se résigna à faire replacer devant les thermes d'Agrippa l'Apoxyomenos de
Lysippe, dont il avait orné son propre palais '. Parfois aussi, des moqueries ou même de bruyantes démonstrations étaient dirigées par les spectateurs des jeux soit contre l'empereur lui-même, soit coutre ses favorise ; au théâtre, il arriva souvent que des allusions aux affaires publiques, à la vie privée des empereurs, à leur personne, à leur entourage, furent soulignées et vivement applaudies par la foule ".
Ainsi, les divers jeux publics de Rome constituaient l'une des manifestations les plus caractéristiques de la vie sociale dans la capitale de l'Empire. Par leur nombre, par leur éclat, par les spectacles dont ils se composaient, par tous les événements dont ils trouvaient être l'occasion, ils tenaient dans la Rome impériale une place très considérable. Aussi n'est-il pas étonnant que le gouvernement se soit occupé avec soin de Ieur organisation. De graves changements furent apportés dès le début de l'Empire à la cura ludoruhhl. Sous la République, la charge de préparer et de célébrer les jeux publics annuels avait surtout pesé sur les édiles. Sous l'Empire. ils en furent complètement débarrassés AEDILES, p. 100. Auguste la transféra aux préteurs : le préteur urbain dut s'occuper des ludi tllegalenses, des ludi Florales : le préteur pérégrin, des ludi Augustales [PRAETOR. Les consuls furent chargés des Actia et des jeux destinés à célébrer l'anniversaire de la naissance d'Auguste ; à partir du ne siècle, ils donnèrent à leurs frais des combats de gladiateurs avant leur entrée en charge ; ils offrirent d'autres jeux, de plus en plus coûteux et brillants, le jour même oit ils prenaient possession de leur dignité e. Les questeurs ne furent pas épargnés dans cette distribution des diverses charges de la cura ludoruni En l'an 4r7, Claude leur imposa l'obligation de donner tous les ans des jeux de gladiateurs à leurs frais, pour fêter leur entrée en fonctions'. Entre l'année 54 et le règne de Domitien, l'obligation ne fut pas toujours strictement maintenue; mais après Domitien, les ludi queestorii se donnèrent régulièrement chaque année. Alexandre Sévère restreignit cette charge aux seuls questeurs candidati Caesaris ; pour les autres, il leur fournit, sur l'argent du Trésor public, les
sommes nécessaires aux jeux1D GLADIATOR, MU_NERA, QLAES
TOR]. Quant aux jeux privés, ils étaient à la charge de celui qui les donnait. Hors de Rome, la charge qui résultait des divers jeux pesait tantôt sur des magistrats, tantôt sur des particuliers. Les jeux qui accompagnaient les fêtes provinciales du culte de Rome et d'Auguste étaient célébrés, au nom de l'assemblée provinciale, par le prêtre de la province, qui, le plus souvent, en assumait les frais ; dans chaque cité, les jeux du même ordre étaient organisés par le /lamen Augusti ou laulen pet'petuus ". Dans les cités provinciales, la cura ludoram continua d'être l'une des attributions des édiles et des
ToR]. Enfin, comme nous l'avons indiqué plus haut, des jeux fréquents furent offerts par de simples particuliers ".
L'importance prise par les jeux de toutes sortes dans le monde romain et la passion avec laquelle la foule y assistait, expliquent la popularité vraiment extraordinaire
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qui s'attacha sous l'Empire aux athlètes, cochers du cirque, gladiateurs, acteurs et mimes. Ce n'est pas ici le lieu d'insister sur la célébrité qui fut acquise alors par ces diverses catégories de personnages ; on trouvera
MLKEs, etc., les détails les plus circonstanciés sur chacune d'elles. Mais, à côté de ces professionnels, des amateurs, appartenant parfois à de très hautes familles, se produisirent, de gré ou de force, devant le public du cirque, de l'amphithéâtre, du théâtre. Des empereurs eux-mêmes, -Néron, Commode, Caracalla, s'abaissèrent jusque-là ; Néron parcourut la Grèce comme un histrion; Commode parut dans l'amphithéâtre sous le costume et l'armure des gladiateurs ; Caracalla conduisit un char dans le cirque. De tels exemples ne furent que trop suivis par des chevaliers, par des sénateurs même. En vain quelques empereurs s'efforcèrent, au moins pendant le premier siècle de l'Empire t, de mettre un terme à ces exhibitions scandaleuses : ils n'y réussirent pas. Ce goût irrésistible des membres les plus élevés de la société romaine pour les métiers d'acteur, d'athlète, de gladiateur, de cocher, est un des témoignages les moins équivoques de la démoralisation profonde et incurable dont souffrait alors le monde antique'.
C'est au christianisme que revient l'honneur d'avoir attaqué le plus énergiquement cette manie des jeux et d'avoir dirigé contre elle les premiers coups. Deux raisons essentielles guidèrent les chrétiens dans cette oeuvre essentiellement humaine. D'abord, comme le dit Tertullien, les jeux étaient, au moins dans leur origine, des pratiques d'idolâtrie 3 ; en second lieu, ils éveillaient dans le coeur de l'homme les plus mauvais sentiments, ceux-ci par leurs obscénités et leurs turpitudes`, ceuxlà par leur sauvagerie et par la vue du sangs. Sous l'influence de ces idées, Constantin le Grand, par un édit de 326, supprima ce qu'on appelait la damnatio ad luduln [GLADIATOR, p. 1599] ; les combats de gladiateurs subsistèrent encore jusqu'au début du ve siècle ; mais ensuite ils disparurent. Les courses du cirque durèrent beaucoup plus longtemps : on sait quel rôle le cirque et ses factions ont joué dans l'empire byzantin [CIRCUS, surtout HIPPODROMES, p. 207 et suiv.]. La coutume des venationes se maintint en Occident : on en trouve des traces encore au moyen âges. Quant aux jeux scéniques, tels que l'Empire romain les avait connus et aimés, ils disparurent complètement : lorsque au moyen âge se produisit le premier réveil de l'art dramatique, l'inspiration en fut toute chrétienne ; il n'y restait plus rien de ce qui caractérisait la scène antique.
Les jeux romains ne le cédaient pas en importance aux x.yavsc helléniques. Ils n'étaient ni moins fréquents, ni moins brillants, ni moins populaires. Mais ils n'ont jamais, à aucune époque de leur histoire, revêtu le caractère national qu'ont eu les jeux grecs, au moins du vIe au ive siècle av. J.-C. Ils n'ont été, sous leurs diverses formes, que des réjouissances et des spectacles. Sous l'Empire, leur influence a été néfaste, démoralisante. Tandis que le souvenir des jeux Olympiques ou des Panathénées évoque quelques-uns des traits les plus nobles
et les plus sympathiques de la civilisation grecque, la vue des cirques, des amphithéâtres et des théâtres romains rappelle au contraire ce qu'il y avait peut-être de plus immoral et de plus inhumain dans le monde antique.
LUDI APOLLI7 ARES. Jeux institués à Rome en l'hon
neur d'Apollon pendant la seconde guerre punique. Quelques années après le désastre de Cannes, en 212 av. J.-C., le Sénat fit consulter un recueil de prédictions, qui avait été récemment découvert à Rome, les Carmina Marciana [DUIi4vIRI, p. 433]. Tite-Live et Macrobe affirment, contre l'opinion d'autres historiens et annalistes qu'ils ne nomment point, que cette consultation eut lieu non pas à l'occasion de quelque famine, épidémie ou prodige, mais à cause des victoires d'Annibal et de la situation critique dans laquelle se trouvait l'État romain. La réponse des Carmina Marciana nous a été conservée par les deux auteurs en termes à peu près identiques : a Hostem, Romani, si expellere vultis, vomicamque, quae gentium venit longe, Apollini vovendos censeo Judos, qui quotannis comiler Apollini fiant, quum populus dederit ex publico partem, privati uti conferant pro se suisque. lis ludis faciendis praeerit praetor is, qui jus populo plebique dabit summum. Decemviri Graeco rite hostiis sacra faciant. Haec si recte faxitis, gaudebitis semper fietque res vestra melior; nam is Divas extinguet perduelles vestros, qui vestros campos pascunt placide'. » Les livres sibyllins furent consultés et donnèrent la même réponse. Aussitôt le Sénat décida que des jeux seraient voués et célébrés en l'honneur d'Apollon, et que le préteur urbain recevrait pour ces jeux une somme de 12000 as8. Ces jeux furent donnés par le préteur P. Cornelius Rufus, surnommé Sibylla ou Sylla, dans le Circus Maximus'. Les spectateurs portaient des couronnes de laurier; chacun d'eux dut verser une cotisation, conformément aux prescriptions des Carmina Marciana". Pendant quelque temps, les ludi Apollinares furent de nouveau décrétés chaque année par le Sénat, et le jour de leur célébration variait d'une année à l'autre t'. En l'année 208, une épidémie dangereuse ayant éclaté à Rome et dans les campagnes d'alentour, le préteur urbain P. Licinius Varus fit voter par le peuple une loi, d'après laquelle hi ludi in perpetuum in statam diem voverentur. Tite-Live ajoute que le jour choisi fut le troisième jour avant les nones de juillet, et que ce jour ne fut pas changé depuis lors12. Il y a là une erreur manifeste, qui provient sans doute d'une faute de copiste ; il faut lire : le troisième jour avant les ides de juillet. En effet, Tite-Live lui-même, dans un autre passage, indique que ces mêmes jeux, en l'année 190, se célébraient le cinquième jour avant les ides de juilleti3. Primitivement, les ludi Apollinares avaient lieu le 13 juillet et ne duraient qu'un jour ; mais bientôt ils acquirent plus d'importance et d'éclat : si en l'année 190, le cinquième jour avant les ides de juillet, c'est-à-dire le 11 juillet, était occupé par eux, c'est que, dès cette époque, ces jeux duraient au moins trois jours (du 11 au 13) ; dans les anciens calendriers, ils occupent huit jours, du 6 au 13 juillet; dans le calendrier dit de Philocalus, qui date
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de 331 ap. J.-C., ils en occupent neuf, du 3 au 131.
D'après Tite-Live, en 212 les ludi Apollinares furent célébrés dans le Circus Maximus : c'étaient donc des ludi circenses. Mais de très bonne heure des jeux scéniques y furent joints : en 169 av. J.-C., le Thyeste d'Ennius fut représenté aux jeux donnés par le préteur C. Sulpicius Gallus 2 ; en l'an 60 av. J.-C., une partie des jeux se passait au théâtre'. A la fin de la République, les ludi Apollinares comprenaient aussi une venatio4. Sous l'Empire, ces jeux gardèrent toute leur importance et tout leur éclat; ils se célébraient encore au milieu du
Dès l'année 212, sur l'ordre des Carmina Jlarciana, le soin d'organiser et de célébrer les luth Apollinares avait été confié au préteur urbain. Ce magistrat resta toujours chargé de cette tâche.
LUDI AUGUSTALES. Le nom d'Auguste fut donné à trois ludi différents : 1° aux ludi natalitii de l'empereur, qui se célébraient le 23 septembre de chaque année, date anniversaire de sa naissance; ces jeux furent d'abord donnés à titre privé par les préteurs, puis un sénatusconsulte les institua officiellement en 8 av. J.-C. ; ils durèrent pendant tout l'Empires ; 2° aux jeux annuels qui accompagnaient les Augustalia, depuis l'année 11 av. J.-C.' ; 3° enfin à des ludi, qui furent institués, d'après Tacite, l'année de la mort d'Auguste, sur la proposition des tribuns de la plèbe 3. Friedlaender croit que ces derniers sont les mêmes que ceux des Augustalia, qui se célébraient du 3 au 12 octobre [AUGUSTALIAI 9.
LUDI CAPITOLINI. D'après Tertullien, le nom de ludi Capitolini aurait été porté, dès les premiers temps de Rome, par des jeux que Romulus aurait fondés en l'honneur de Jupiter Feretrius; les mêmes jeux se seraient aussi appelés ludi Tarpeii 10. Nous ne connaissons rien d'eux.
D'autres ludi Capitolini furent institués en 389, après que les Gaulois se furent éloignés de Rome. Ces jeux étaient célébrés en l'honneur de Jupiter Optimus Maximus, pour remercier le dieu d'avoir sauvé le Capitole, suam sedem atque arcem populi Romani". Ils étaient annuels, solennes. Le dictateur M. Furius Camillus reçut du Sénat la mission de constituer un collège, qui devait être chargé de les organiser et se recruter uniquement parmi les Romains qui habitaient sur le Capitolei2. Ce sont peutêtre les membres de ce collège que Cicéron mentionne, dans une lettre à son frère Quintus, sous le nom de Capitolini13. A ces jeux Capitolins, se rattache un proverbe curieux, assez répandu à Rome, mais dont l'origine était oubliée. D'après Plutarque l£ et Festuslo, pendant les jeux Capitolins, on amenait devant la foule un vieillard, vêtu de la robe prétexte et portant au cou une bulle d'or, que l'on promenait en criant : Sardi venales; alios alio nequior. Suivant les uns, le mot Sardi signifiait : Étrusques, parce que le peuple étrusque passait pour être originaire de la Lydie, dont la capitale était Sardes; le vieillard, avec sa toge prétexte et sa bulle d'or, représentait un roi des Véiens, fait prisonnier par Romulus et vendu par lui publiquement. Suivant d'autres, le mot Sardi désignait les habitants de la Sardaigne ; le consul
Ti. Sempronius Gracchus, après avoir conquis en 238 av. J.-C. la Sardaigne et la Corse, n'en rapporta comme butin que des prisonniers qui se vendirent à très bas prix. De là serait venu le proverbe : « Sardes à vendre; ils ne valent pas plus les uns que les autres. » Aucune autre mention n'est faite de ces ludi Capitolini.
Beaucoup plus connu est le concours Capitolin, institué par Domitien en 86. A la vérité, c'était moins un ludus romain qu'un â'd' grec, et le nom qu'on lui donne d'habitude est celui d'Agon Capitolinus. Ce concours fut créé à l'imitation des grands jeux grecs. Il comprenait des
ces derniers, il y avait primitivement des concours d'éloquence grecque, d'éloquence latine, des concours de chorocitharistae et de psallocitharistae, qui disparurent de bonne heure; au contraire, les concours de poésie grecque et latine, de cithare et de flûte furent maintenus pendant longtemps. Les jeux équestres et les jeux gymniques étaient les jeux habituels de la Grèce. Domitien y avait ajouté une course de jeunes filles; mais elle tomba très vite en désuétude ts. Ces jeux Capitolins furent célébrés jusqu'aux derniers temps de l'Empire. Les prix de poésie étaient très recherchés ; en l'année 110, le prix de poésie latine fut remporté par un enfant de treize ans, P. Valerius Pudens d'Histonium 17.
Le concours Capitolin avait lieu tous les quatre ans (quinquennale certamen), probablement en juin ou en juillet. Domitien le présida lui-même, en costume grec, le front ceint d'une couronne d'or où se voyaient les images de Jupiter, Junon et Minerve ; auprès de lui siégeaientle flamine de Jupiter et les Sodales Fluviales 78. Pour les jeux gymniques et équestres, il construisit au Champ-de-Mars un stade immense, qui pouvait contenir plus de trente mille spectateurs, et dont l'emplacement est aujourd'hui occupé à Rome par la Piazza Navone ; pour les concours scéniques, il éleva l'Odaeum [sTADIUM,
LUDI MARTIALES. Un texte formel de Dion Cassius
nous apprend qu'au début de l'Empire des jeux équestres étaient célébrés tous les ans, le 1°r août, en souvenir de la dédicace du temple de Mars Ultor ". D'autre part, les Fast i Maffeiani, que l'on suppose dater du temps d'Auguste (entre 8 av. J.-C. et 3 ap. J.-C.), signalent des ludi Maras in circo le 12 mai. Mommsen pense que ces derniers jeux furent institués pour commémorer l'érection d'une aedicula Martis sur le Capitole en 20 av. J.-C. 21.
LUDI PALATINI, jeux privés institués par Livie pour honorer la mémoire d'Auguste". Ces jeux se donnaient sur le Palatin; à l'origine ils duraient trois jours. Tous les empereurs se firent une loi de les célébrer ; à la fin de l'Empire, ils occupaient cinq jours, du 17 au 22 janvier u.
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Ce fut pendant les ludi Palatini que Caligula fut tué par Chéréas'. Il est possible que plus tard ces jeux aient été consacrés à tous les Divi,' pmeç2.
LUDI PISCATORII, jeux fort anciens, qu'Ovide 3 mentionne dans les Fastes à la date du 6 juin, mais sur lesquels nous n'avons d'autre renseignement que la phrase suivante de Festus : Piscatorii ludi vocantur, qui quotannis mense Junio trans Tiberim tieri soient a praetore urbano pro piscatoribus Tiberinis, quorum quaestus non in macellum pervenit, sed fere in aream Volcani, quod id genus pisciculorum datur ci den pro aniinis humanis 4.
hum PLEBEH, jeux très anciens, dont ]a véritable origine était, semble-t-il, inconnue des Romains euxmêmes. Il n'y a pas grand compte à tenir des renseignements que le pseudo-Asconius nous donne sur la date et les circonstances de leur fondation [EPULONES, p. 7411. D'autre part nous pensons qu'il ne faut pas établir une relation trop étroite entre l'origine des ludi Plebeii et la construction duCircus Flaminius. Sans doute c'est dans le Circus Flaminius que les ludi Plebeii furent célébrés 3 à partir de l'année 220 av. J.-C,, date de la construction de cet édifice6. Mais nous savons qu'il y eut à Rome des jeux scéniques bien avant qu'aucun théâtre y existât, et des combats de gladiateurs bien avant qu'aucun amphithéâtre y fût élevé. Nous pouvons admettre, par analogie, que les ludi Plebeii furent institués avant la création du Cirrus Flaminius. Toutefois il est difficile de croire que ces ludi aient existé avant l'année 293, dont l'histoire détaillée termine la première décade de TiteLive. Il n'est pas question, en effet, des ludi Plebeii dans les dix premiers livres de l'historien. C'est donc entre 293 et 220 que nous fixerions l'origine de ces jeux. Ils étaient organisés et célébrés par les édiles plébéiens'. Primitivement, sans doute, ils ne duraient qu'un jour ; dès l'année 207 av. J.-C., leur durée était augmentée'. A la fin de la République, ils occupaient quatorze jours, du 4 au 17 novembre 9. Au ive siècle de l'ère chrétienne, ils avaient perdu de leur importance et de leur éclat : dans les Fasti Philocali, quatre jours seulement leur sont attribués, du 12 au 16 novembre. Ces ludi furent à l'origine des ludi circenses, puisqu'ils se donnaient dans un cirque ; mais, de très bonne heure, des jeux scéniques y furent représentés; en 200 av. J.-C., on y joua le Stichus de Plautef0. Ces ludi, comme les ludi Romani, étaient accompagnés d'une equorum probatio ; dès l'année 213, ils étaient précédés d'un repas sacré en l'honneur de Jupiter, Epulum Jovis [EPULoNEs, p. 7411. Ce repas sacré avait lieu le 13 novembre.
LUDI RoMANIou MAGNI, les plus anciens jeux romains
après les Consualia et les Equirria. Tite-Live en attribue l'institution à Tarquin l'Ancien": solennes deinde annui mansere ludi, Romani magni-que varie appellati. Pourtant, pendant les premiers temps de la République, le même historien mentionne presque exclusivement des
ludi votivi extraordinaires, et il y a lieu de penser, avec Mommsen 12, que les ludi Romani ne devinrent vraiment des jeux annuels et perpétuels que vers le milieu du Iv' siècle. Célébrés d'abord par les consuls ou les dictateurs, ils furent ensuite organisés et présidés par les édiles curules [AEDILES, p. 99. A l'origine, sans doute, ils ne duraient qu'un jour; Ieur durée fut successivement portée à deux, trois, quatre, dix jours"; à la fin de la République, ils occupaient quinze jours; après la mort de César, un seizième jour fut ajouté en mémoire du dictateur. Sous Auguste, ils se célébraient du 4 au 19 septembre". Leur importance décrut sous l'Empire; les Fasti Philocali, qui les mentionnent sous le nom de ludi Romanorum ou Romaniani, ne leur attribuent plus, comme aux ludi Plebeii, que quatre jours, du 12 au 15 septembre".
Les ludi Romani étaient consacrés, semble-t-il, à Jupiter. Ils étaient précédés d'une procession solennelle, qui partait du Capitole, traversait le Forum romain et, par le Vélabre, gagnait le Circus Maximus [POMPA ] 16 Ils comprenaient d'abord des courses, courses de chars et courses de chevaux tenus en main; puis des luttes gymniques"; plus tard, après 364, les jeux scéniques y furent introduits et y prirent un grand développement. En 161 av. J.-C., le Phormion de Térence fut joué aux ludi Romani. Un Epulum Jovis y fut adjoint on ne sait à quelle époque : il n'est mentionné que sur les calendriers, à la date du 13 septembre °R. II y avait, pour les ludi Romani comme pour les ludi Plebeii, une equorum probatio, qui se faisait le 14 septembre".
LUDI VICTORIAE CAESARIS, jeux institués par César en
46, lorsqu'il procéda à la dédicace du temple qu'il avait élevé à Venus Genitrix. Pour célébrer ces jeux, qui consistèrent surtout en chasses de bêtes fauves et en combats de gladiateurs, César construisit un amphithéâtre provisoire en bois 20. Les ludi Victoriae Caesaris, appelés aussi ludi Veneris Genitricis 21 en raison des circonstances dans lesquelles ils furent célébrés, lors de leur fondation, furent organisés en l'an 34 av. J.-C. par les consuls". On ne tonnait point leur histoire ultérieure. Ils ne sont pas mentionnés sur les calendriers du ive siècle. D'abord célébrés le 24 ou le 25 septembre, ils furent ensuite reportés du 20 au 30 juillet, après la réforme julienne du calendrier, suivant l'hypothèse vraisemblable de Mommsen23.
LUDI VICTORIAS SULLANAE, jeux institués par Sylla en 82
pour célébrer la victoire décisive qu'il venait de remporter à la porte Colline, sur le chef samnite Pontius Telesinus "-`. Sous Auguste, ils duraient sept jours, du 26 octobre au ter novembre. Ils n'existaient plus au ive siècle de l'ère chrétienne25. J. TOUTAIN.