ALOPÈRIS (Aac.Iarlxiç, Aàoenixe7l). Nom que les Grecs donnaient à un bonnet de peau de renard, coiffure nationale des guerriers thraces, qui servait à les garantir contre les rudes hivers de leur pays'. L'usage exclusif des bonnets de fourrure s'est perpétué jusqu'à nos jours parmi les peuples de ces contrées ; c'est même de chez eux qu'il paraît avoir passé dans le costume de presque toutes les armées de l'Europe. Le bonnet des anciens Thraces se distinguait par une forme particulière, analogue à celle d'un casque antique, surmonté d'une pointe ; la queue de renard flottait en guise de crinière derrière le cou, avec les deux pattes postérieures de l'animal, qui probablement pou
vaient au besoin se nouer sous le menton et servir dejugulaires.Tels sont les détails qu'on observe sur les vases peints où ont figuré des héros de cette nation , particulièrement Orphée ou le roi Rhésos (fig. 227)'. Les mêmes personnages sont toujours, en outre chaussés de hautes
bottes en peau de faon ou
embades, qui faisaient partie de l'équipement des peuples
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de la Thrace'. La coiffure que nous venons de décrire, avec l'accompagnement ordinaire des hautes chaussures et avec un manteau d'une espèce particulière qui représente peut-être la zeira des Thraces, est portée aussi par la figure de l'aède, dans le beau bas-relief grec du Louvre (fig. 228), qu'une fausse inscription a fait nommer la Réconciliation d'Amphion et de Zéthus. L'emploi du costume thrace fournit une preuve nouvelle et décisive en faveur de l'opinion des archéologues qui croient y reconnaître plutôt l'histoire d'Orphée et d'Eurydice. Polygnote, il est vrai, dans ses peintures de Delphes, avait habillé Orphée à la grecque ; mais cette remarque même de Pausanias montre que tel n'était pas l'usage constant des artistes, et qu'ils distinguaient volontiers le chantre de la Thrace en lui mettant sur la tête le Opâxtov i O71p.a (entendez le bonnet dont nous nous occupons). Un fait plus difficile à expliquer, c'est qu'une coiffure semblable à l'alopèkis est portée, toujours avec les hautes bottes montant au genou, par quelques-uns des cavaliers de la frise du Parthénon (fig. 229) : on peut supposer que les jeunes Athéniens, par suite desfréquents rapports d'Athènes avec laThrace,avaient admis cette mode étrangère dans leur tenue équestre ; ou peut-être, des auxiliaires thraces ayant figuré parfois dans la cavalcade des Panathénées, le sculpteur s'était emparé de cette circonstance et y avait cherché un motif de variété. L. HEUZEY.