MATA. I. GRLCE. Maia (et aussi b11(1ç) vient de la
racine ma qui signifie maternité'. Ce n'est guère plus qu'un nom, dont la raison d'être est qu'il fallait donner une mère à Hermès 2. Il est fils de Zeus et de cette nymphe Maia qui se sont aimés sur le Cyllène «il avait un temple sur cette montagne)'. Elle-même est fille d'Atlas et de Pleionè '«ou Steropè) a ; elle est l'aînée 7 ou la plus belle' des Pléiades, la nymphe aux belles sandales0, et, sans doute comme ayant vécu sur le Cyllène, elle est appelée aussi nymphe des bois10. Elle a servi de nourrice à un fils de Zeus et de Callisto appelé Arcas". Sur le vase François (du début du vie siècle), elle figure dans le cortège nuptial de Thétis et Pélée avec Hermès, derrière lequel on l'aperçoit de profil sur le sixième char n. Sur une oenochoé à fond blanc de la fin du même siècle, on la voit debout, tendant une couronne à son fils Hermès imberbe (fig. 4790)13 qui tient le caducée et une patère. Sur un vase du Ive siècle elle est debout, causant avec
Hermès; Atlas et Sélènè font pendant à ce groupe ; Hercule occupe le centre de la composition t4. Nulle trace d'un culte qui lui ait été rendu avant qu'elle ait été confondue avec la déesse romaine du même nom. Mais nous connaissons, par une inscription gréco-latine des premiers temps de l'Empire romain, l'existence à Délos d'une confrérie d'herilaistai qui consacrent un temple à Hermès-Mercure et à Maia' [MERCUBIUS].
II. RoME. -L'homonymie est toute fortuite entre la Maia grecque et une déesse latine, dont le nom vient de la, racine Dlaq, qui a formé Dlaq-is, ulay-7l us, ulaj-or. Maia
est pour Mag-ia16 et se présentait aussi sous la forme Maiesta, que quelques-uns croyaient seule bonne". Elle personnifie l'accroissement des choses vivantes et surtout le développement des végétaux. Le nom du mois de mai, Maiu.s, ale même sens et, sans doute, vient directement de la même racine, mais les Romains, qui célébraient la fête de Maia en mai, inclinaient à croire que la déesse avait donné son nom au mois ". Ayant ainsi divinisé la poussée de la sève et la force végétative, il a fallu, pour qu'une telle conception religieuse n'ait pas pris chez eux une autre ampleur leur formalisme étroit et la sécheresse de leur dévotion. Cependant ils avaient relié Maia à la Bonne Déesse [BONA DEA, t, I, p. 7251, c'està-dire à la Fécondité. Maia, c'est la forme de Boira Dea qu'on adore en mai ; c'est la fertilité renouvelée de la Terre, ou c'est la Terre elle-même 20. La Terre n'était-elle
MAI 1554 MAI
pas confondue avec la Bonne Déesse qui, parmi les conceptions religieuses des Romains, a été une des moins étroitement délimitées ? Le sacrifice offert à la Terre, une truie pleine, était aussi celui qu'on offrait à Maia. Ce sacrifice étant accompli par le flamine de Vulcain, il n'en a pas fallu davantage pour qu'on ait fait de ce dieu l'époux de Maia. Peut-être l'idée que Vulcain représente la chaleur souterraine y a-t-elle aidé? La formule Maia YVulcani 2 se lisait dans les livres des prètres.
Maia est donc une déesse toute romaine, née d'une étymologie, associée par une assimilation naturelle à la Terre et accidentellement à Vulcain. Mais quand les poètes grecs ont enfin fait connaître avec le nom d'Ilermes celui de Maia sa mère, les Romains se sont prêtés avec empressement à la confusion de leur déesse et de son homonyme grecque. Ils ont même imaginé les explications les plus forcées pour établir l'affinité avec Mercure de la déesse du mois de mai'. Dès lors, c'est à Maia, mère de Mercure, que furent consacrées des fêtes et des monuments dédicatoires. Les calendriers portent à la date du 15 mai : Mercurio Meiae. A cette date, l'an
de Rome, avait été dédié un temple à Mercure, voisin du Cirrus ruaminais. ('ne inscription : Maine «d nous fait savoir que Maia en partageait les honneurs.
Ce culte commun de Mercure et de sa « parèdre » parait, avoir été très répandu hors de Rome. C'est ce que nous montrent des inscriptions de Venouse ', de Pompéi (oit il y eut des ininistri JIercurii et _Waiae,, de Constantinople', de Lyon 9, enfin de Germersheim1°, du Rossberg", de Kreuznach ". de Mertzwciler, de Pfafl'enhofen' Dans cette région de la Moselle et du Rhin, Mercure remplaça un ancien dieu local qui avait lui-même sa parèdre, Rosrnerta14. En assimilant Mercure à leur dieu, les habitants du pays acceptèrent aussi sa mère et sa compagne, niais l'acceptation ne fut pas générale ni exclusive, et tantôt Rosmerta, tantôt Maia est nommée avec le dieu romain dans des inscriptions d'ailleurs presque identiques. Un certain nombre de bas-reliefs présentent une femme avec le caducée ou la corne d'abondance, qui accompagne Mercure et souvent reçoit de ses mains une bourse'. Mais il n'en est pas un seul sur lequel se voient nettement à la fois l'inscription et les personnages. Il n'est donc pas possible d'établir si c'est réellement Maia à qui Mercure remet la bourse. Pourtant en Italie même des monuments figurés nous présentent le même motif, une femme voilée à laquelle Mercure tend un objet rond qui peut être une bourse; cette femme est signalée par une inscription comme étant la Terre 76. Il est probable, mais non certain, que ce personnage, Maia et la parèdre rhénane de Mercure doivent être identifiés. Ce qui est établi, c'est qu'en Italie et hors d'Italie Maia est fréquemment associée aux hommages rendus à Mercure et que la
luire du dieu grec ne fùt pas devenue si populaire clans le monde romain, si elle ne se fùt trouvée être l'homo
nyme d'une vieille déesse latine. ADRIEN LECR.IND.