Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MERCATOR

MERCATOR. GRÉcE. H est difficile de définir le marchand. Les législations commerciales modernes arrivent à peine à marquer la ligne qui sépare le commerçant du non-commerçant. On admettra ici que MEN 1730 MEN conclure que les instruments réels de mesure étaient loin d'être convenablement vérifiés. La discussion des distances réelles qui ont été relevées sur des voies romaines entre des bornes milliaires n'a pas abouti davantage à des résultats suftisarnment concordants. D'autre part, si l'on tonnait très exactement le 'poids de la livre romaine, et si l'on pourrait par suite en déduire théoriquement la valeur du pied romain (au moins entre certaines limites dépendant de la densité du vin et de la température à supposer, mais en réalité assez rapprochées', il faut bien reconnaitre que, eu égard à l'imperfection des procédés des artisans d'alors. la relation légale était seulement théorique. Les calculs, pour les déductions de ce genre, ont d'ailleurs montré, en thèse générale, qu'on arrive ainsi constamment à une valeur plus forte que celle de l'étalon réel. En somme, le procédé qui inspire le plus de confiance est le suivant : comme, en tout cas, on a la longueur du pied avec une certaine approximation, si l'on prend soigneusement les diverses mesures d'un édifice antique, un temple par exemple, et qu'on recherche les rapports simples qui existent entre ces mesures, il est relativement aisé de trouver la valeur du pied dont s'est servi l'architecte du bâtiment et cela avec une approximation d'autant plus grande que les mesures concordantes sont plus nombreuses. Or il est à supposer a priori que les architectes se servaient de mesures officielles pour les constructions d'édifices publics qui donnaient lieu à des marchés avec des entrepreneurs ; a posteriori, cette hypothèse est confirmée parce que les mesures systématiquement faites dans cet ordre d'idées sur divers édifices aboutissent à des résultats dont la concordance est satisfaisante. Les travaux dans lesquels on peut avoir le plus de confiance ne révèlent pas, en effet, une discordance de plus d'un demimillimètre (entre O m.2953 et Om. 296) et l'on ne peut guère s'attendre à moins, même pour des mesures réellement comparées à l'étalon, dans les conditions où les anciens devaient faire cette comparaison. On peut donc estimer, comme valeur moyenne, avec llultssch 1, l'étalon du pied romain à 0 rn. 2957. Signalons toutefois que, pour les monuments construits à partir de Septime Sévère, le pied architectonique tombe à Om.2942. L'étalon du pied attique a été particulièrement établi d'après les mesures du Parthénon ix«Tdy.amôos et déterminé à Om.3083. Les Romains l'évaluaient pratiquement aux 25/24 de leur pied (ce qui donnerait 0m. 308). Les mesures d'anciens temples grecs, en particulier• de l'Héraion de Samos, ont démontré l'emploi d'un pied de 0 m. 3143, ainsi sensiblement supérieur au pied attique et qu'on peut assimiler à celui de ]a ;À é-cptos 7t' yu d'Hérodote. Le pied déduit de la valeur des mesures de capacité éginètes serait un peu plus fort (entre 0 m. 3183 et 0m. 3167). Mais ici on manque encore d'éléments pour aller plus loin. L'ingénieuse combinaison de Hultsch 2, d'après laquelle on devrait regarder le pied de la [.1.ézptos 7C';/Us comme égal aux 3/3 de la coudée babylonienne et l'évaluer à o m. 315, comme longueur moyenne généralement admise en Grèce, n'a en effet aucune valeur démonstrative. Nous ne savons nullement si Hérodote3, en parlant d'une coudée ordinaire (qu'il oppose à la coudée royale de Perse), vise un étalon déterminé. Nous ne savons pas davantage quelle est la précision du rapport de 9 à 8 qu'il établit entre la coudée royale et la coudée ordinaire; on ne peut donc même pas exclure absolument l'hypothèse qu'il ait voulu parler de la coudée attique. Quant aux étalons des mesures de capacité, il convient de remarquer que, d'après la détermination du pied romain, le r/uadrantal ou amphore ne devrait atteindre qu'une contenance d'environ 23lit.79 (avec une erreur possible de 12 centilitres en plus ou en moins). Les mesures très soignées du célèbre conge Farnèse (actuellement à Dresde) conduiraient àune contenance beaucoup plus élevée (27lit. 025). Si l'on s'attache enfin à ladétermination légale du poids de vin contenu dans l'amphore, comme le poids de la libra romaine est très exactement connu, on doit resserrer cette contenance entre 2Glit, 22 et 26 lit. 37. Hultsch' admet Olit. 347 pour le setier, quarante-huitième de l'amphore. Pour le métrète attique, les mesures déduites des vases anciens donnent, au contraire, des contenances généralement inférieures à la valeur légale. Mais il est raisonnable d'identifier le yovs attique et le congius romain. Des mesures alexandrines. Si l'on écarte le détail des mesures locales, dans lequel nous ne pouvons entrer ici, il reste, en dehors des systèmes d'Athènes et de Rome, à considérer celui que les Ptolémées établirent en Égypte, parce qu'il a joué, dans l'antiquité, un rôle relativement considérable. Tout d'abord, les Alexandrins ont un pied particulier, déduit de l'ancienne coudée royale et sensiblement plus grand que les pieds grecs, Ce n'est point celui que les Romains connurent soirs le nom de pes ptolemaïcus : ce dernier, que leurs gromatici trouvèrent à Cyrène, lorsque Ptolémée Apion la légua à Rome, était un pied grec ordinaire. Ils identifièrent, au contraire, le pied alexandrin avec celui qui, dérivé de la coudée perse, régnait dans l'Asie Mineure et qu'ils connaissaient sous le nom de pes philetaereus, depuis qu'ils avaient hérité de Pergame. Ils fixèrent enfin la valeur de ce pied royal d'Orient aux 6i3 du pied romain ; ce qui revient d'ailleurs très sensiblement à égaler 7 stades alexandrins contre 8 stades attiques au mille romain. Mais les métrologues anciens, et en particulier les tables dites héroniennes, nous parlent, ati contraire, d'un u.D,tw qui aurait contenu 7 stades et demi, par suite 4 300 pieds philétériens ou 5400 pieds romains. Hultsch' a admis que la dénomination romaine a été appliquée à une mesure égyptienne, contenant 1000 uaa, c'est-à-dire 3000 coudées. C'est, à mon avis, attribuer trop d'importance à des textes qui ne nous sont parvenus que dans des ouvrages remaniés par les Byzantins. Il y a là, très probablement, une de leurs additions complétée par un calcul erroné, mais reposant sur l'existence réelle d'un stade de 7 1/2 au mille, stade correspondant à un pied qui valait environ les 10/9 du pied romain. L'existence de ce pied, comme le remarque d'ailleurs Hultsch s, a été reconnue par l'étude des monuments d'Asie Mineure. Le stade alexandrin, de 7 au mille romain, est sans doute celui dont Ptolémée (après Marinus de Tyr) s'est servi dans ses calculs géographiques. Mais pour le stade d'Ératosthène, la question de la valeur à lui attribuer reste toujours débattue. Nous nous rallions à l'opinion l MEN 1729 --MEN (l'i77txGv, longueur de ]a piste pour la course des chars) ; enfin le ôoaty,ç (longue course), évalué à 12 stades, mais qui a dû avoir diverses valeurs. Quant au stade luimême, ilestconsl»amont évalué à600piedsou100toises). Cependant, comme mesure itinéraire effective, son évaluation soulève de graves difficultés. Les diverses mesures en stades données par Hérodote et Xénophon' sont notamment discordantes les unes par rapport aux autres, et conduiraient en général à une valeur du pied singulièrement faible. 11 faut nécessairement admettre que telles de ces mesures en stades proviennent de réductions erronées de mesures égyptiennes ou perses, telles autres d'évaluations grossières d'après le temps de marche, telles autres enfin d'après le compte des pas (240 p-lu.aia ou pas simples par stade 7). Mais ce dernier procédé lui-même ne donne des résultats admissibles qu'avec des marcheurs particulièrement exercés (Alexandre et ses successeurs semblent de fait avoir entretenu des bematistes remarquables) 2 et ne se forçant pas; car la longueur du trajet amène une réduction notable de la valeur du pas moyen. Mesures de capacité. Les métrologues anciens distinguent toujours les mesures de capacité pour les matières sèches et pour les liquides (p.érpx ;qpd, 111':p« typ). De fait, ces mesures forment, en général, deux 'séries bien distinctes, n'ayant qu'un ou deux termes communs, les plus faibles. Les mesures locales, dans le détail desquelles nous ne pouvons entrer, sont passablement nombreuses. Voici le système classique : L'unité inférieure, commune aux deux séries, est la cotyle (xoiu),ri), en latin hemina (comme moitié du .sextarius romain): pour les mesures de grains, 4 cotyles font unchénix (zoivts), 8 chénices un ixTEUç, sixième du uéatv.voç. Le médimne vaut donc 192 cotyles, etl'hecteus en vaut 32. Les Romains n'ont pas de mesure analogue au médimne, ni au chénix, mais leur menus (udatoç) correspond à l'hecteus (de même que le semodius à l'~p(extav). Pour les liquides, 12 cotyles valent un conge (yosç, conyius),12conges un tJ,ETpAiTqç. Les Romains partageaient le cange en six sextarii, et le sextarius (,Éa'rr,ç, setier) devint l'unité à laquelle ils rapportèrent les diverses mesures des peuples conquis. Les Romains comptaient d'autre part 8 conges au quadrantal (amphora, xepéN.tov) et 20 amphorce au culleus. Ces divers noms indiquent soit des relations de contenance, soit des formes de vases appropriés aux grains ou aux liquides. La coordination systématique, certainement très peu commode, eut à tenir compte des habitudes déjà ordinaires pour les dimensions de ces vases, mais elle dut être presque contemporaine des premiers étalonnages des mesures, qui se trouvèrent imposés dès que les rapports commerciaux entre la Phénicie et la Grèce dépassèrent le simple troc. A cette époque, que représente le nom légendaire du roi d'Argos Phidon, les Grecs furent naturellement conduits à adopter des étalons de mesures de capacité, et aussi de poids, conformes à ceux des Phéniciens (qui étaient les mêmes que ceux des Babyloniens). En même temps, et parce que cela était beaucoup plus commode que le procédé inverse, les mesures de capacité furent étalonnées comme contenances de poids donnés d'eau (ou de vin) ; les Babyloniens avaient d'ailleurs déjà établi entre leurs poids et leurs mesures une relation analogue à celle de notre système métrique, et les Grecs eurent à résoudre le même problème sans copier Ies Orientaux, ce qui aurait nécessité l'adoption intégrale du système de ces derniers. La solution la plus ancienne parait être celle que donne le système dit éyinète, et que l'on peut représenter comme suit, d'après Hultsch : il y a équivalence entre a métrètes et 3 médimnes; c'est, d'autre part, le volume d'un poids de 6 talents (talent de 60 mines ou de 6000 drachmes), et le double du cube d'une coudée que l'on peut assimiler à la û..-rptoç 7Ti7uç d'Hérodote (intermédiaire entre la coudée orientale et la coudée du pied attique). Une autre solution est due à Solon, dont la seisachthie fut liée à une réforme économique et à une refonte du système des poids, mesures et monnaies de l'Attique ; dans les nouvelles relations, les 4 métrètes, 3 médimnes ou, en poids d'eau, 6 talents, ne correspondent plus qu'à 16/3 du pied cube attique (au lieu de 27/4 du pied d'Égine). D'autre part, le pied attique est légèrement inférieur au pied d'Égine, en sorte que les nouvelles mesures sont aux anciennes dans le rapport légal de 100 à 138. Enfin une troisième solution est celle qu'adoptèrent les Romains et qui fut consacrée par un plébiscite que proposèrent les tribuns P. et M. Silius'. Le pied cube romain (quadrantal) est le volume d'un poids de vin de 80 librae (équivalent à celui d'un talent attique); il se divise, comme on l'a' vu, en 8 songes de 6 setiers, pour la mesure des liquides, et, pour celle des grains, en 3 modii de 16 setiers. Comme le setier romain est identique, d'ailleurs, au double du cotyle attique, il s'ensuit naturellement que le pied romain est sensiblement inférieur au pied attique. D'autre part, il est clair que cette régulation des poids et mesures de Rome a été établie de façon à obtenir une concordance suffisante avec le système attique, tel que Solon l'avait constitué. On ne peut nier que cette régulation ne soit relativement simple et commode. Détermination des étalons de mesures dans l'antiquité. D'après ce qui précède, chaque cité antique a un système de mesures de longueurs et de surface, qui est bien déterminé pour nous, si l'on connait la longueur, par rapport à nos unités, de la mesure fondamentale, le pied. Mais on doit s'attendre à ce que chaque cité ait un étalon particulier ; et nous avons déjà reconnu trois valeurs distinctes : le pied du système d'Égine, le pied attique et le romain. Le premier à cause de son antiquité, les deux autres à cause de l'importance historique de leur emploi (car c'est aux mesures attiques ou romaines que se réfèrent les écrivains classiques), ont naturellement concentré les efforts tendant à déterminer la valeur des étalons 5. Il subsiste plusieurs pieds romains ayant servi comme instruments de mesure, d'autres qui sont des modèles décorant des monuments funéraires. Mais les mesures très soigneuses auxquelles ces pieds ont été soumis ont fait ressortir de l'un à l'autre des différences sensibles (allant jusqu'à 5 millimètres, c'est-à-dire de l'ordre de celles que pouvaient présenter les étalons de diverses cités). On ne peut donc obtenir par ce moyen une détermination satisfaisante de l'étalon réel, on doit seulement MEN 1728 MEN constitué dans le stade précédent; d'autre part, comme l'étalon adopté n'est en fait qu'une dimension moyenne de telle ou telle partie du corps humain, l'emploi effectif de cette dimension par les individus subsiste naturellement à côté de l'emploi de la mesure officielle, toutes les fois qu'une précision particulière n'est pas réclamée. L'unité principale de longueur chez les Grecs et les Romains est le pied (7rouç, pes), c'est-à-dire la longueur du pied, qu'il faut supposer chaussé, ce que nos enfants appellent une semelle. Cette unité semble avoir également été nationale chez les peuples celtiques et germaniques, et elle n'a pas encore été complètement supplantée par le mètre. Mais la division courante du pied, au moyen àge et dans les temps modernes, est la division en douze pouces; or, si les Romains ont appliqué au pied l a division duodécimale de leur As (voir ce mot et aussi l'art. PONDUS), ils ont toujours dénommé uncia la douzi.ème partie, ct même, dans Isidore, le pollex (travers du pouce) n'est évalué qu'au quinzième du pied. La dénomination de pouce est donc d'origine barbare, s'appliquant probablement au pied nu, mais en tout cas passablement inexacte. D'un autre côté, concurremment avec la division duodécimale, les Romains ont couramment employé la même division que les Grecs, sans qu'on puisse déterminer s'ils la leur ont empruntée de très bonne heure ou si elle remonte avant l'époque de la séparation des deux nations de leur souche commune. Cette division classique partage le pied en quatre travers de main (7rx),xtcril, palmus, paume) et la paume en quatre travers de doigt (ôz-nu)(s„ digitus). Le pied vaut donc 16 doigts ; les fractions plus petites n'ont pas de désignation particulière. Comme unité plus grande que le pied, les Romains n'ont eu en réalité que le double pas (passu.s) et le pas simple i1u.z, gradus), respectivement réglés à 5 pieds et à 2 pieds et demi, et qui sont la base de leurs mesures itinéraires. L'aune (ulna) de 4 pieds, mesurés de l'épaule gauche à l'extrémité de la main droite étendue (métrage des étoffes), n'apparait que dans les textes du moyen âge. Chez les auteurs classiques, le sens du mot ulna est ambigu; Ovide' et Virgile 3 paraissent entendre une longueur de 2 pieds, Pline celle de 6 pieds (l'ôpyu(x grecque). Les métrologues et les grammairiens grecs nous ont, au contraire, conservé nombre de termes désignant des dimensions corporelles, avec des évaluations précises, auxquelles il ne convient pas pourtant d'attacher une importance très grande : le zdvlu),oç (longueur d'une phalange), 2 doigts, le Swpov (terme homérique) e, la ôoi/N.r (Aristophane) ou Saxruao6deyr, équivalents à la paume de 4 doigts, le Styç ou demi-pied, 8 doigts, la Àsyâç (petit empan, du pouce à l'index), 10 doigts, l'ôpediwpov (longueur de la main à partir du carpe), 11 doigts, la erd5ap.rl (empan, du bout du pouce à celui du petit doigt), 12 doigts, la 7uy1J,n (du coude à la naissance des phalanges), 18 doigts, le 7ruydv (du coude au bout des phalanges, la main fermée), 20 doigts. Mais, dès leurs premiers rapports avec les peuples orientaux, Ies Grecs les trouvèrent en possession de systèmes de poids et de mesures déjà parfaitement étalonnés ; chez ces peuples, l'unité principale était non pas le pied, mais la coudée (7t7yuç, cubitus) (du coude à l'extrémité des doigts de la main étendue). Divisée chez les Égyptiens en 24 doigts, la coudée valut donc pour les Grecs un pied et demi ; dès le temps d'Ilérodote s elle leur était aussi familière que leur unité nationale, et la spithame (empan), comme demi-coudée, entra dès lors aussi naturellement dans le système grec. Enfin, la plus grande dimension du corps humain, la brasse (ôoyut«), mesurée entre les extrémités des bras étendus, et comptée pour 6 pieds, complète le système grec des mesures de longueur ordinaires; comme cette dimension est identique, dans l'homme bien fait, à celle de la taille, l'orgyie peut également représenter notre ancienne toise de 6 pieds. Mesures agraires. Les mesures qui précèdent, empruntées au corps humain, et qui constituent un système véritablement naturel, suffisent pour les besoins de l'architecture et du commerce des tissus, Pour les mesures agraires, il faut des unités plus grandes, que les Grecs déduisirent du pied suivant une progression décimale. La perche du laboureur (xzxeez, pertica decempeda) a 10 pieds ; la longueur du sillon après laquelle on laisse souffler les boeufs de labour et l'on revient en arrière (aÉ),cpov, anÉAFov, vorsus, actus) est de 10 perches ou de 100 pieds. Le même terme de plèthre désigne le carré de 100 pieds de côté, qui est l'unité agraire. L'origine de ces mots ne doit pas ici faire supposer l'emploi de mesures plis ou moins arbitraires avant l'adoption de la progression décimale ; celle-ci remonte au moinsàl'époque que nous avons désignée comme second stade métrologique, et est incontestablement antérieure àla période des poèmes homériques'. Mais dans ceux-ci, àcôtédu plèthre, on trouve une mention d'unie autre mesure agraire, la 7(5(„ dont l'étendue n'était plus connue à l'époque classique. Les inscriptions d'Héraclée f0 (colonie de Tarente) y ont fait connaître l'existence d'un yu-gç, mesure agraire locale, que Hultsch" évalue à 50 plèthres (attiques). Le système de progression décimale fut aussi, en général, celui des anciens peuples italiens (Osques, Ombriens), ruais les Romains le modifièrent pour appliquer aux champs le système de leurs fractions de l'as. Ils portèrent à 12 perches ou à 120 pieds la longueur de l'actes; d'autre part, ils doublèrent Pattus carré pour obtenir leur unité principale, le jugerum, qui vaut ainsi 28800 pieds carrés, en sorte que la plus petite fraction de l'as-unité, le scripulum,correspond à 100 pieds carrés ou à la perche carrée. La nomenclature des mesures agraires romaines serait d'ailleurs à augmenter, d'après Columelle 12, du clinla, quart de Pactes carré ; d'après Varron", de l'heredium, 2 jugera; la centuria, 100 heredia; le saltus, 4 centuriae. Mais ces derniers termes, appliqués dans le cadastre des colonies, ont en réalité correspondu à des surfaces variables, d'après l'importance donnée au lot attribué à chaque colon. Mesures itinéraires. Mille passus de 5 pieds forment le mille romain (E.(),tov), d'après lequel les voies de l'Empire furent mesurées et bornées. L'unité grecque a un tout autre caractère ; chez ce peuple ardent aux sports, le stade (arraStov) représente la distance normale qu'un coureur peut parcourir à toute vitesse sans souffler. Au stade s'ajoutent son double, le ô(«oÀoç, son quadruple MEN 1727 'IEN ce qui a fait penser 1 que les mensores adjutores, les naulicarii et les acceptores formaient trois sect ions différentes d'un même collège de mensores, sans qu'on puisse préciser le service spécial de chacune. » Ultérieurement, les contrôleurs d'Ostie se rencontrent sous la désignation de mensores Portuenses ; ils étaient chargés alors de garder les greniers de Portus a. Les mensores de Rome formaient, de leur côté, une autre corpora lion. On les nommait mensores 7nachinarii frumenti pub/ici '. M. Waltzing fait remarquer que ce sont les seuls qui portent ce surnom. L'explication en est donnée par une scène gravée sur une coupe de verre du 1v' ou du vrsiècle (fig. 4915) e.On yvoit un personnage vêtu de la paenula, fonctionnaire de.l'annone, qui préside à un pesage. Devantlui une grande balance estmontée sur un chevalet (machina). Deux chevaux conduits par des valets en tuniques courtes tirent des voitures chargées sans doute des denrées quel' on se propose de peser (les voitures n'existent plus). Ce n'est pas d'ailleurs la seule représentation de cette sorte que nous ayons conservée. Une fresque du cimetière de Sainte Domaine (fig. 4916) nous montre un homme debout tenant une balance ; à côté, un mensor frumentarius porte à la main une règle 6 destinée à niveler le contenu des modii qui sont par terre, à ses pieds'. Un bas-relief funéraire du. Latran nous présente pareillement (fig. 4917) l'image d'un mensor, la règle à la main, se préparant à égaliser la surface supérieure d'un boisseau d'oit sortent des épis Il y avait aussi des mensores dans les provinces, à l'endroit où l'on centralisait ou embarquait les denrées destinées à l'annone Ces mensores jouissaient de certaines immunités qui leur sont fermement reconnues par le Digeste '». Certains passages du Code Théodosien nous prouvent. que, bien que chargés d'empêcher la fraude, ils n'étaient pas eux-mêmes sans reproche à cet égard; on y voit, en particulier, qu'ils s'entendaient avec les connu:ARlr'' pour substituer au froment destiné à la nourriture du peuple de Rome un blé de qualité inférieure. R. C.sGNAT.