Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MENS

MENS. Les calendriers romains, à la date du 8 juin, font mention de la dédicace sur le Capitole, en l'an 217 av. J.-C., d'un temple en l'honneur d'une divinité de ce nom' ; ce temple avait été voué deux ans auparavant par le préteur T. Otacilius 2, en même temps que Fabius Maximus en vouait un autre à Vénus Érycine et que le Sénat ordonnait des démonstrations de piété extraordinaire à l'adresse des Douze Grands Dieux, le tout à l'instigation des duumviri sacris faciundis qui avaient consulté les livres Sibyllins Il s'agissait de conjurer la colère céleste qui s'était manifestée dans les premiers désastres de la seconde guerre punique. Les deux temples de Mens et de Vénus Érycine étaient voisins, séparés seulement par un fossé ; l'emplacement choisi, qui était en dehors du pomoerium, et les circonstances où ils furent voués leur donnent un caractère de religion exotique 4. Cependant Mens paraît avoir figuré de toute antiquité parmi les divinités des INRIGITAMENTA, mais le sens en était différents. Elle n'est plus seulement désormais celle qui préside à l'éclosion de l'intelligence chez l'enfant, mais la personnification du bon sens réfléchi qui, ayant fait défaut au consul Flaminius, causa la perte des Romains au lac Trasimène 6. Son temple fut restauré vers 120 par Aemilius Scaurus, vainqueur des Cimbres 7 ; à partir de cette époque, Mens prend place avec Fides, Salas, Concordia, etc., parmi les abstractions divinisées, avec le qualificatif de Bona; on lui opposait une Mens Laeva ou Maki qui correspondait à l'Atè des Grecs ; celle-ci représentant l'esprit d'imprudence et d'erreur. Boita Mens, qui figure sur les inscriptions ' et chez les auteurs de l'Empire, a souvent une signification politique, celle du dévouement loyal; d'autres la réclament avec la santé du corps, pour que leur union fasse l'homme complet; le mens sana in corpore sano de Juvénal en est une variante 10. J.-A. lIILL.