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MÉNÉLAS. --Ménélas était, en Laconie, l'objet d'un
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697908 locaux d'habitation sur un total de 910504), et surtout tenir compte de la multitude des ouvres charitables non officielles, qui secourent ou hospitalisent bien des milliers de pauvres, dont un nombre considérable, mais difficile à apprécier, ne reçoit certainement rien de l'Assistance publique, ce qui remonte la proportion. Au total on ne doit pas s'écarter beaucoup du dixième. A supposer que nos conclusions, en ce qui concerne Rome, soient exactes, l'avantage serait d'ailleurs en faveur de Paris, puisque l'esclavage était dans l'antiquité un triste mais incontestable restrictif de l'indigence.
A part la sportule [SPOBTULA], qui est pour les clients pauvres une véritable aumône, à, laquelle, il est vrai, les moeurs antiques n'attachaient aucune idée de honte, on ne voit pas qu'aucune oeuvre de charité ait existé à Rome avant le christianisme. C'est à peine si avant l'époque de Trajan on voit quelques particuliers faire des legs ou ales donations en faveur d'enfants pauvres de différentes cités, comme le fit Pline le Jeune'. En revanche, les secours extraordinaires étaient assez fréquents, sous forme de congiaires [COSCIARIUM], de banquets donnés à l'occasion d'une solennité religieuse, des jeux, d'un triomphe, de grandes funérailles, événements les uns exceptionnels et les autres réguliers 2. Une somme d'argent était souvent offerte à la place du banquet, mais toujours en vue d'améliorer le repas ordinaire ou de faciliter l'organisation de festins particuliers3 [EPULAE]. Les congiaires étaient donnés le plus souvent en signe de réjouissance, mais aussi en temps de disette. Les bénéficiaires étaient les mêmes qui recevaient l'annone, mais on y regardait de moins près et le nombre habituel était parfois de beaucoup dépassé, puisque le plus considérable que nous trouvions pour le règne d'Auguste atteint 320000, c'est-à-dire probablement le total de la plèbe urbaine. Par générosité, on put favoriser les familles nombreuses, en y admettant quelquefois les enfants au-dessous de onze ans
Il nous faut maintenant examiner de quelle efficacité ces divers secours étaient aux indigents et quels sacrifices ils imposaient à l'État. Les cinq modii de blé distribués chaque mois à chacun produisaient environ 38 kilogrammes de pain. Ils étaient donc tout juste suffisants pour un individu. Si celui-ci n'était pas seul, il n'était donc nullement dispensé de chercher d'autres moyens d'existence. Nous en avons d'ailleurs la preuve dans ce fait que.. en un temps de disette, Auguste fit doubler la ration ordinaire. C'est donc que les pauvres étaient dans l'impossibilité de se procurer un surplus nécessaire et qu'en d'autres temps ils trouvaient par leurs propres ressources. En effet, le même empereur tenta de réduire les distributions à trois par an, le total du blé accordé restant le même « afin de ne pas détourner trop souvent les plébéiens de leurs travaux » Cette double ration fut elle-mème insuffisante, et Auguste y ajouta 60 sesterces par tête. En 28 ap. J.-C., la ration fut quadruplée °. Sénèque disait que le peuple était moins bien traité que les prisonniers 7. Le surplus, il le trouvait dans la sportule, dans les congiaires, les epulae et aussi dans un peu de travail; les professionnels de la mendicité, dans
l'exercice de leur triste métier. Une partie de cette plebs urbana était d'ailleurs bien réellement plongée dans une extrême misère, au point même de n'avoir pas de logement fixe. On disposait des matelas grossiers dans le grand cirque et sans doute en d'autres lieux similaires où venait coucher cette population errante 3. C'était une sorte d'hospitalité de nuit. II y en avait qui couchaient au Forum°, sous les portiques'°, dans les bois voisins de la ville ". Enfin les mille allusions des poètes à la misère et à la mendicité prouvent combien étaient insuffisants les moyens d'assistance. La même preuve serait fournie par le nombre des pauvres nourris par l'Église dès le milieu du ms siècle. Rome en cela subit le sort de toutes les grandes villes.
Quant aux sacrifices qu'imposaient fi l'État les distributions de blé et les congiaires, nous croyons que la meilleure méthode, pour nous rendre compte de leur importance relative, est d'établir encore une comparaison entre le passé et le présent. Tant pour la période qui précède la réfection des listes que pour le reste de la durée de l'Empire, c'est-à-dire en prenant pour base 320000 puis 200000 participants à 5 modii par mois et en faisant ressortir le modius à un prix moyen de 4 sesterces, nous trouvons une dépense annuelle de 50 fr. 40 par tête. En ce qui concerne les congiaires en argent, les chiffres du monument d'Ancyre, en prenant une moyenne de 250000 participants, donnent 11 fr. 90 par an et par têtet2. En additionnant les données du Chronographe de 354 pour la période de cinquante-six ans qui s'étend de Néron à la mort de Septime Sévère, nous trouvons une moyenne de 7 500 000 francs par an, soit 37 fr. 50 partète 13. Le total annuel des frumentations et des congiaires serait donc de 62 fr. 40 par tête sous Auguste et plus tard de 87 fr. 90. Ces chiffres ne peuvent évidemment être qu'approximatifs. Il faudrait en tout cas y ajouter les congiaires en nature, huile, vin, viande, vêtements, etc. Admettons donc que chacun des 200000 secourus coûtait annuellement à l'État une centaine de francs. A Paris, en 1876, les seuls bureaux de bienfaisance ont distribué 51 fr. 11 par personne secourue. En 1899, l'Assistance publique a secouru en tout 199 530 personnes. La dépense totale a été de 47 288842 francs, soit 237 francs par tête. La différence avec 1876 provient de ce que pour 1899 nous faisons entrer en ligne de compte, comme il est légitime, les malades des hôpitaux, les hospitalisés, les enfants placés à la campagne. Tout en tenant compte de la diminution du pouvoir d'achat de l'argent, mais en nous souvenant que la charité privée dispose à Paris d'un budget énorme, nous pouvons conclure que ni les distributions de blé gratuites ni les congiaires ne peuvent être taxés de prodigalité. On ne saurait y voir davantage sans parti pris un instrument de corruption aux mains du despotisme. Le vrai reproche que l'on peut adresser à l'assistance romaine est d'avoir été faite d'une manière par trop grossière et rudimentaire. Nul discernement n'y présidait. Considérée comme un droit acquis, assurée à vie, elle avait tous les défauts de toute espèce d'assistance, mais elle les avait au plus haut degré. C'est dans son application inintelligente,
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sait que César trouva 320000 bénéficiaires, chiffre qu'il réduisit à 150000', mais qui remonta bientôt, puisqu'une nouvelle réduction opérée par Auguste maintint 200000 participants On retrouve le même chiffre sous Septime Sévère 3. II est probable que dans l'intervalle il était resté sensiblement le même, puisque sous Trajan, comme après la réduction opérée par César, on se contentait de remplacer ceux qui disparaissaient'. Devonsnous accepter ces chiffres comme représentant le nombre des indigents officiellement secourus à Rome? Qu'ils fussent en effet nombreux dans cette grande ville, il n'y a pas à en douter. Les témoignages abondent en ce sens, et la simple réflexion suffirait pour l'établir. S'il y a exagération, comme on 1'a dit [AXNONA, dans le mot du tribun M. Philippes qui s'écriait, l'an 101 av. J.-C., qu'il n'y avait pas 2000 citoyens qui possédassent un patrimoine^, il n'en est pas moins significatif. Et quant au témoignage terrible de C. Gracchus, rapporté par Plutarque s : a Les animaux ont une tanière pour y élever leurs petits; les citoyens romains qui prétendent régner sur les nations n'ont ni feu ni lieu, point d'asile pour reposer leur tête s, nous verrons que ce n'est pas là une simple hyperbole pour signifier que beaucoup de citoyens romains avaient cessé d'être propriétaires. Cette allégation est littéralement confirmée par des textes postérieurs pour d'autres époques, et rien ne permet de croire que ce dénuement ne frit pas le partage d'un grand nombre, dès le temps où C. Gracchus le dénonçait. Mais lorsque l'on considère que César raya d'un seul coup 170000 participants, on est amené à penser que tous, dans cette plebs urbana. n'étaient pas indigents au point d'avoir absolument besoin pour vivre de recevoir les secours de l'annone. Il est vraisemblable que l'on raya d'une part ceux qui ne pouvaient établir leur droit de citoyen romain, et d'autre part ceux qui, tout en réunissant les conditions requises sous ce rapport, pouvaient à la rigueur se passer de secours. Suétone dit que le questeur dut tirer au sort chaque année parmi ceux qui n'avaient pas été inscrits pour remplacer les morts et les disparus'. Il n'y a pas à s'étonner si les candidats à cette faveur étaient nombreux, mais comment était établie la liste sur laquelle on tirait au sort? Il ne parait pas que personne en fût légalement exclu. Du moins, aucun document ne mentionne-t-il qu'une exception soit faite pour les sénateurs et les chevaliers. La moralité n'entrait pas non plus en ligne de compte 8. Mais il était obligatoire de faire devant les magistrats la déclaration que Ibn entendait être inscrit sur les listes de l'annone a. Cela ressemble si fort à une demande de secours qu'il n'est pas admissible que riches et noblesse soient abaissés à la faire.
Ces listes paraissent, en somme, avoir comporté la plebs urbana tout entière, divisée en ses tribus. En effet, le nombre de 320000 participants à l'annone, qui fut réduit par César, est donné aussi par le monument d'Ancyre comme le nombre le plus considérable de citoyens qui aient participé à un congiaire sous Auguste. Ce ne doit pas être là une simple coïncidence 10, et l'on admet assez généralement que la plebs urbana tout
entière comprenait 320000 citoyens. Quant aux riches, ils avaient, s'ils y tenaient, un moyen de tourner la difficulté et de profiter des largesses de l'État : c'était d'affranchir des esclaves, de les faire inscrire dans une tribu ou de leur acheter une tessère frumentaire", puis de se faire apporter par eux le blé ainsi obtenu.
Néanmoins, cet abus devait être limité. Autrement on ne s'expliquerait pas les expressions dont se servent les auteurs en parlant de la plèbe frumentaire : r1~1~o413, 71r,bc13, et surtout v7lce, 14, 57LOCU 15. Cependant
quelque chose subsistait de la coutume primitive d'où étaient sorties les distributions, en ce sens qu'on n'y appliquait pas nécessairement l' idée d'aumône. Ce qui se passait à Constantinople en est une preuve frappante, Pour encourager la construction dans cette ville, le droit de testera y fut accordé aux propriétaires de maisons neuves et à leurs successeurs, l'héritage suivant la maison [ACNOCA CIV1C . Mais en fait, il faut admettre que les 200000 inscrits de Rome étaient bien des pauvres, avec cette réserve qu'il pouvait et qu'il devait y avoir des exceptions dont il est impossible de fixer le chiffre, soit par suite d'abus, soit en vertu d'un droit reconnu.
Pouvons-nous donc dire qu'il y avait à Rome 200000 pauvres? Il est probable qu'il y en avait davantage. En effet, si d'une part nous reconnaissons que parmi les participants quelques-uns n'étaient point des indigents, d'autre part il y avait une liste de candidats toujours ouverte et en outre des étrangers qui n'étaient pas légalement admis aux distributions. Le nombre des étrangers est évalué à environ 60000. Ils (levaient apporter un assez fort appoint à la population indigente. II y aurait donc eu à Rome deux cents et quelques milliers de pauvres.
Si, avec beaucoup d'historiens, nous adoptons pour la population de la Rome impériale un total approximatif de 1600000 à 2000000 d'habitants 1f, nous trouvons qu'un peu plus d'un dixième aurait été tout à fait pauvre, moyenne très acceptable. Remarquons même que cette proportion confirmerait l'opinion qui accepte pour la population de Rome le chiffre que nous avons admis. C'est en effet, à peu de chose prias, celle que saint Jean Chrysostome déclare exister à Antioche 1l où il y avait, suivant lui, un dixième de pauvres. Elle serait un peu plus forte pour Rome, et il n'y a pas lieu d'en être surpris. La comparaison avec la ville de Paris. quelles que soient les différences sociales dont il faut tenir compte, ne donne pas des résultats bien différents. En 1.876, les seuls bureaux de bienfaisance ont secouru 140000 per sonnes, et plus de 160 000 loyers inférieurs à 400 franc ont été dispensés de la cote mobilière et personnelle. En 1881, il y avait 126000 inscrits aux bureaux de bienfaisancef3. En 1899, nous trouvons 199530 secourus, hospitalisés et enfants assistés compris, pour une population d'environ 2 millions et demi d'habitants 1s. La proportion serait donc moindre qu'à Rome, mais ce n'est sans doute qu'une apparence, car il faut y ajouter la dispense de contributions locatives et mobilières accordée aux loyers inférieurs à 500 francs (soit
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le bois d'Égérie (où les Juifs pouvaient élire domicile) et la route d'Aricia2 où ils poursuivaient les chars en envoyant des baisers aux voyageurs ; ils portaient besace et bàton (fig. 4899)", leur costume était parfois des plus sommaires 4. Un naufrage était souventlacause ou le prétexte de leur dénuement. Ils en portaient avec eux l'image peinte sur un tableau et le racontaient ou le chantaient en complainte 0. Ce n'était pas toujours d'ailleurs une pure invention 6, en un temps où il n'existait rien qui ressemblât à une assurance maritime. Un as était l'aumône qu'on leur jetait d'ordinaire'. Beaucoup simulaient des infirmités qu'ils n'avaient pas ; les larmes, les serments accompagnaient leurs plaintes'. Mais il arrivait que l'on finissait par les connaître et que l'on se moquait d'eux'. L'un feignait une jambe cassée, un autre des crises d'épilepsie10. Certains se livraient à des extravagances, telles que de ronger et d'avaler de vieilles semelles de souliers, de s'enfoncer des clous dans la tète, de se plonger en hiver dans l'eau glacée. Alors la foule s'amassait, riait, admirait et leur jetait en quantité des petites pièces de monnaie t7. Il y en avait qui chantaient et, pour s'accompagner, plaçaient au bout de leurs doigts des coupes, des gobelets qu'ils entrechoquaient en cadence. Leurs chansons avaient un caractère licencieux. Ils obtenaient de grands applaudissements et tout le monde donnaitt2. Quelques mendiants cependant restaient respectueux des passants et gardaient une attitude pleine de dignité, mais ceux-là n'avaient pas tant de succès' 3. Toutes ces turpitudes bouffonnes ne sont rien auprès des abominations que stigmatisent à plusieurs siècles d'intervalle Sénèque le Rhéteur et saint Jean Chrysostome. Il existait, au temps du premier, de véritables entrepreneurs qui ramassaient des enfants exposés et leur infligeaient toutes sortes d'infirmités, épaules déformées en bosses, yeux crevés, pieds brisés, langues coupées; puis, quand ils étaient en âge, on les envoyait mendier, et ils devaient remettre à leur patron la plus grosse part du bénéfice". Le second nous signale des parents assez barbares pour crever les yeux à leurs propres enfants à peine nés pour s'en servir comme d'instruments de compassion 'SD'autres affectaient des allures bien différentes. Richement vêtus, ils se targuaient d'une noble naissance, feignaient des dettes ou des pertes imaginaires et se présentaient ainsi chez les particuliers et plus tard chez les dispensateurs des aumônes de l'Église, comptant sur leur mise soignée pour obtenir une plus forte somme. Cette catégorie devait titre aussi nombreuse qu'intrigante, puisque saint Ambroise se plaint qu'elle épuise le trésor des pauvres, et qu'il met en garde les fidèles contre leurs entreprises 16. Au ive siècle encore il en est qui se donnaient pour des moines quand ils se présentaient chez des chrétiens17, mais ils n'en avaient que l'habit, et sans doute adoptaient-ils quelque autre apparence pour s'adresser à des païens. Ils couraient ainsi la terre et la mer ', pleins
de force, et sans autre raison de mendier que le plaisir de vagabonder 1J.
Parmi les mendiants professionnels il faut encore ranger les philosophes cyniques 10, les prêtres de Cybèle qui couraient les marchés des grandes villes dans un accoutrement bizarre, au bruit des cymbales, des tambourins, des triangles et des flûtes, pénétraient à grand bruit dans les maisons riches et se livraient à mille excentricités sanglantes, en récompense de quoi ils recevaient force pièces de monnaie, vin, fromage, etc." Mendiants d'habitude encore, ces pauvres clients qui, l'écuelle à la main, vont le matin solliciter quelque aliment ou une petite pièce de monnaie à la porte de leurs patrons et dont cette aumône quotidienne est le seul revenu". Et ne serait-on pas tenté de mettre aussi au nombre des mendiants, et des plus éhontés, les riches qui ne craignaient pas de tendre la main avec les misérables, comme ce personnage dont parle Juvénal, qui, chaque jour, va toucher la sportule chez de plus grands que lui, s'y fait porter en litière, et pour mieux faire sa cour, traîne avec lui son épouse languissante ou près d'accoucher, ou feint seulement sa présence, en interpellant l'absente à travers les rideaux de la litière vide 23 ?
Mais le mot mendicus ne désigne pas seulement le mendiant professionnel. Il comprend, et c'est bien ainsi que l'entendent les textes de lois, quiconque vit en totalité ou en partie de dons gratuits faits par l'État ou les particuliers, sans aucun service rendu en échange. Nous avons donc à reprendre ici, au point de vue particulier qui nous occupe, la question de l'annone [ANNONA, ANNONA CIVICA]. Les distributions de blé vendu à prix réduit furent fréquentes, mais intermittentes avant les Gracques. Elles avaient lieu en temps de disette 21.. La loi de C. Gracchus, promulguée en 123 av. J.-C., les rend régulières et le prix du modius est fixé à 61 /3 d'as 23. On ignore quelle quantité de blé était mise à la disposition de chacun, mais tous, patriciens aussi bien que gens du peuple, en pouvaient profiter20. La loi de L. Apuleius abaisse ce prix à 3/6 d'as. En 91, le Sénat empêche d'appliquer la loi de Livius Drusus qui marquait des tendances analogues, et à une date inconnue, mais sans doute peu de temps avant ou après la foi Li-via", suivant M. Mommsen, les patriciens font passer une loi beaucoup plus raisonnable du tribun M. Octavius 2'. Il semble que Sylla ait supprimé entièrement les distributions, puisqu'après sa mort Lépidus, en 73, demande et fait passer sans résistance la distribution de cinq modii 26. Enfin, après diverses vicissitudes, la loi Clodia, en 38, établit la gratuité des distributions 30. En à9, Pompée détermine le nombre des participants 31. Quel fut ce nombre à ditl'érentes époques? Laissons de côté les distributions à prix réduits qui paraissent s'être appliquées à tous les citoyens sans distinction. D'ailleurs, les discussions auxquelles a donné lieu la loi Terentia et Cassia sont peu concluantes 32. Occupons-nous seulement des distributions gratuites. On
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lois, de basse époque il est vrai, mais qui peut-être ont eu des devanciers que nous ne connaissons pas, indiquent la préoccupation des pouvoirs publics à ce sujet. Quant à la sportule, si à l'origine elle n'était destinée qu'aux véritables clients, plus tard bien d'autres tentaient d'en profiter, et tous ces Graeculi dont Juvénal se plaint si amèrement' sont-ils autre chose que des mendiants étrangers, mendiants déguisés et plus industrieux que d'autres, mais véritables mendiants néanmoins?
On ne sait rien de précis sur la question de la mendicité pour les premiers siècles de la République, mais on peut sans hardiesse admettre que dans une cité où les sénateurs eux-mêmes cultivaient leur champ, comme Cincinnatus la mendicité paresseuse aurait eu peu de succès'. D'ailleurs, la monnaie était rare et chacun n'avait que le nécessaire pour soi et les siens. Il était inévitable toutefois que, pour des causes diverses, il y eût quelques indigents. Les ravages de l'ennemi, les emprunts à un taux usuraire, les terres laissées sans culture à cause des expéditions militaires devaient créer des misères au moins momentanées. Aussi les édiles distribuaient-ils du grain au temple de Cérès 4. On n'a d'ailleurs aucun détail sur les règlements qui régissaient les secours publics. Tant que Rome fit des conquêtes très proches et assura ainsi des terres nouvelles à un peuple qui ne demandait alors qu'à les cultiver, la misère habituelle dut en somme être rare 5. Dès le temps des rois, des terres conquises furent distribuées à la plèbe. Aux deux jugera primitifs [IEREDIUM] Servius Tullius en substitua sept par chef de famille plébéienne [AGRARIAE LEGES]. Après l'expulsion des rois, le Sénat fit don au peuple de la dépouille des Tarquins'. Chaque plébéien reçut, selon Pline, sept jugères 7, c'est-à-dire la quantité de terre qu'après la victoire sur Pyrrhus, Manias Curius estimait suffisante pour l'entretien d'un citoyen, et de sa famille évidemment Cincinnatus se contentait de quatre jugères'. Plus tard, pendant la première guerre punique, sept jugères étaient tout le bien de Régulus. Il en tirait la subsistance de sa femme et de ses enfants 10. Rome se trouva donc, durant quelque temps, et toutes réserves faites pour les périodes les moins favorisées, à peu près dans l'heureuse situation d'Athènes en ses plus beaux jours : tout le monde était pauvre, sans que personne ou presque personne fût misérable.
Mais cet état de choses ne pouvait durer toujours, et cela pour trois raisons principales, comme le remarque M. Naudet : le mépris où l'on tenait les métiers manuels empêchait les citoyens d'en exercer aucun ; les guerres plus lointaines et plus longues nuisaient à la culture des terres et aux récoltes; enfin le luxe s'introduisit dans Rome, créant des besoins nouveaux auxquels beaucoup ne pouvaient satisfaire avec leurs anciennes ressources''. Ajoutons l'usure et le mal que nous avons signalé plus haut, à savoir l'affluence des oisifs de toutes sortes et des gens qui dans une capitale vivent d'une foule de petits métiers, avouables ou non 12, qui souvent confinent à la
mendicité. A défaut de documents historiques, les nombreuses allusions de Plaute à la mendicité montrent qu'elle était déjà fort répandue dans le premier quart du 110 siècle avant notre ère et depuis longtemps, car elle avait à Rome ses habitudes bien arrêtées".
Elle ne put que s'accroître en même temps que Rome se développait et que les causes de misère se muftipliaient. Sans retracer ici l'histoire de la lutte entre le peuple et la noblesse, rappelons que dès le premier siècle de la République la question des dettes se pose. La fréquence des guerres est un fléau pour le petit cultivateur. Il emprunte à un taux élevé, ne peut rendre, et tombe sous le coup d'une législation impitoyable. Entre la première dette et l'esclavage final, un large champ s'ouvrait à l'indigence et à la mendicité. De là les retraites du peuple sur le mont Sacré ou l'Aventin, ces menaces de rupture avec la Rome impitoyable des patriciens. Les lois sur les dettes, les mesures de circonstance se succèdent pendant toute la durée de la République, mais ce sont de simples palliatifs dont le peuple ne retire qu'un soulagement momentané. Il en est de même des lois agraires. La plus efficace, celle dont les conséquences heureuses se firent le plus longtemps sentir est certainement la loi Licinia, promulguée en 376, et qui portait à la fois sur les dettes et sur rager publicus. C'est surtout après la chute de Carthage que la disproportion des fortunes s'accentue au point, de substituer aux petites propriétés les latifundia qui rabattent sur Rome beaucoup de campagnards [LATIFUNDIA]. Plus tard enfin, la dépossession par les généraux, à partir de Sylla et jusqu'à la fin des guerres civiles, de propriétaires italiens au profit de leurs vétérans qui eux-mêmes ne gardaient pas toujours ces terres, mais les vendaient et en dilapidaient le produit, accrut encore la turba forensis, toujours prête à se mettre aux gages du premier politicien venu. Ces gros bataillons constituaient la réserve de la mendicité 14.
Il nous faut distinguer entre les pauvres, c'est-à-dire la partie de la population qui,
ne pouvant se ~tA
soutenir par
ses propres moyens, avait besoin de secours, et les professionnels
de la mendicité.
De ceux-ci il nous est im
possible de re9Jiee .; chercher le nombre. En re
vanche, poètes et prosateurs nous font assez bien connaître leurs moeurs. Ils avaient l'habitude de stationner sur les ponts,dans l'île d'Esculape 1J, autour des temples f 0 aux portes de la ville et particulièrement à la porte Trigemina t7, aux endroits fréquentés des environs, comme
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pauvre pour faire honte à l'État par la mendicité'. Ils faut du moins tenir compte des circonstances. D ' ailleur il y avait nécessairement à Athènes comme partout des estropiés, des infirmes, des vieillards, des enfants qui, dépourvus de soutien naturel, pouvaient se trouver sans ressources. En ce cas, une assistance proprement dite leur venait en aide. Pisistrate avait voulu que le citoyen estropié à la guerre fût nourri le reste de sa vie aux dépens de l'État, suivant en cela l'exemple de Solon qui avait appliqué cette mesure à un particulier'. Elle s'étendit plus tard à tous les infirmes qui possédaient moins de trois mines'. Ils recevaient une somme variant de une à deux oboles par jour suivant les époques. De même, les enfants de ceux qui étaient morts à la guerre étaient élevés aux frais de l'État et, parvenus à l'âge d'homme, recevaient un équipement complet d'hoplite. Aux jeunes filles pauvres l'État fournissait une dot qui leur permît de se marier'. Enfin on pouvait être secouru par le prêt collectif des associations libres dont il a été parlé à l'article ERANOS 6. En résumé, nous trouvons à Athènes à peu près les mêmes mesures d'assistance qu'à Rome contre le paupérisme, mais, et malgré les défauts que nous avons signalés, appliquées avec bien plus de discernement et d'intelligence. La principale cause, outre l'esprit plus pénétrant naturel aux Grecs, est qu'au lieu d'être, comme à Rome, des expédients surtout politiques issus de principes et de coutumes où l'idée d'assistance n'était pour rien à l'origine, elles furent prises expressément pour prévenir ou secourir la misère. Celle-ci, ainsi que son corollaire inévitable, la mendicité, y fut donc réduite à son minimum. Mais, il ne faut pas l'oublier, tout ce qui précède ne s'applique qu'aux citoyens de l'Attique. Rien ne permet de croire que l'on ne vit pas à Athènes un nombre plus ou moins considérable de mendiants étrangers et nomades.
A Sparte, le rôle de chacun dans l'État était trop strictement limité, la richesse trop exactement répartie, pour que la mendicité y pût trouver place. Grâce à la richesse du sol, non seulement on n'y voyait point de pauvres, mais tout le monde y vivait dans l'abondance ', du moins, il est permis de le supposer, tant que les institutions de Lycurgue y conservèrent quelque vigueur. Quant aux étrangers, les Spartiates, qui n'admettaient pas dans la cité même ceux qui eussent pu se rendre utiles 8, ne devaient pas aisément tolérer les fainéants sur leur territoire.
On a vu ailleurs ]MEDICus] qu'il existait en Grèce une assistance médicale gratuite.
RoME. Si de la Grèce nous passons à Rome, une première observation s'impose : autant les institutions de Sparte et d'Athènes étaient judicieusement combinées pour prévenir le paupérisme extrême et la mendicité, autant les institutions de Rome et ses moeurs semblent avoir été propres à développer ces deux fléaux. Il est facile d'en apercevoir les causes : d'abord, a priori, on peut admettre sans difficulté que des mesures efficaces dans de petites cités l'eussent été beaucoup moins dans une ville comme Rome, sans cesse en voie de transformation,
1 Boeckh, O. c. 1. IV, eh. u1, p. 286, trad. fr. Voir Aristoph. Plut. 552; Alexis ap. Athen.l, Id. 55 a. 2 Plut. Sol. 65. -3 Lysias, '1nie :sa kS•,•,üvoo ; Aesch. 0. ch. xvn ; Schoemann, Antig. hel. trad. Galuski, t. 1, p. 501. 6 Boeekh, Eeon.
de plus en plus populeuse, centre de la politique, des affaires et des plaisirs pour une grande partie du monde méditerranéen. Un autre vice, particulier à Rome, se trouve dans l'origine du principal secours accordé aux citoyens pauvres, l'ANNONA, puis à l'usage qu'on en fit. L'annone, en effet, n'est point primitivement une institution d'assistance, mais la participation légitime, suivant les idées antiques, de l'ensemble des citoyens aux bénélices de la conquête. Ensuite les lois frumentaires furent trop souvent une arme politique aux mains des partis, et par conséquent un instrument de corruption. L'annone devint surtout, il est vrai, une forme d'assistance publique, mais qui, en vertu de ses origines, resta toujours mal définie dans son but comme dans ses applications. Les institutions alimentaires marquent un grand progrès sur l'annone, et cela précisément parce qu'elles furent créées pour un objet bien déterminé et d'après un plan raisonné ALIMENTA, ALIMENTAR1I]. Cet objet était d'arrêter la dépopulation, et le moyen fut d'entretenir aux frais de l'État un certain nombre d'enfants dans chaque localité où existaient ces institutions. Les effets durent s'en faire sentir sur le paupérisme, même en admettant que la faveur eût une certaine part à l'inscription des favorisés, comme on le vit dans l'application de la loi sur les pères de trois enfants.
Les moeurs ne poussaient pas davantage au développement de la richesse publique et privée par le travail. Le mépris où étaient tenus les métiers manuels interdisait aux citoyens pauvres une ressource aussi sûre qu'honorable. L'agriculture italienne, qui aurait dû nourrir la population des campagnes et l'y retenir, fut ruinée en partie par l'abandon des riches propriétaires, en partie par l'esclavage, et sans doute plus encore par la contribution en nature levée dans les pays conquis riches en céréales, et qui rendait la concurrence impossible au cultivateur indigènes. Que dire de la sportule _SPORTULA], louable peut-être dans son principe, sinon qu'elle se transforma rapidement en une mendicité à peine déguisée? Et de l'usage d'acheter pour l'esclave affranchi une tessère frumentaire, sinon que c'était lui constituer une police d'assurance contre la paresse? L'excès des jeux de toutes sortes fut encore une des causes qui attiraient à Rorne ou y retenaient une population toujours avide de spectacles. Un autre inconvénient des distributions de grains et plus tard d'autres denrées fut de jeter dans Rome une foule d'étrangers, et, comme le dit Appien, tous les fainéants, tous les gueux, tous les mauvais drôles de l'Italie, remarque qu'il applique aux temps troublés qui suivirent immédiatement la mort de César 10, mais dont on peut étendre la portée. En effet, bien qu'en principe les citoyens romains fussent seuls admis à bénéficier des distributions tant à prix réduit que gratuites, il est parfaitement sûr que de nombreux intrus trouvèrent moyen d'y prendre part. Il fallait que ce fût tin abus bien ordinaire pour qu'il osât se produire en présence même de l'empereur, comme Auguste le constata à l'occasion d'une distribution faite à ses frais 11 s'en montra fort irrité. D'autre part quelques textes de
LVII. 8C'est pourquoi les paysans affluent n Rome et c'est ce que n'ont compris ni Salluste (Cat. 37), ni Varron(R. rosi. 1. IIpraef.. 3). Ce dernier prend pour la cause ce qui est plutôt uu effet. 1.o Appian. De bel. cil. II, 120. 1l Suct. Aug. XLII.
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paire. Mais les conditions de la vie ont un peu changé. La société grecque est certainement plus assise et plus calme qu'à l'époque des grandes aventures de la guerre de Troie. L'agriculture, le commerce maritime sont les occupations ordinaires des hommes. Aussi les causes de l'indigence et de la mendicité sont-elles plus terre à terre que dans l'Odyssée. Une mauvaise récolte, une culture insuffisante, la paresse, l'imprévoyance, la mauvaise chance dans le négoce, les naufrages, sont donnés comme les plus habituelles. Le court poème des Travaux et des Jours y fait plusieurs allusions. Ilésiode nous montre à son tour le mendiant allant de porte en porte, ou se tenant sur la place publique'.
On manque de données précises sur la mendicité dans la Grèce archaïque postérieure à Hésiode, et dans la Grèce classique. On peut conjecturer qu'elle exista à Athènes avant Solon, beaucoup moins que ne le ferait supposer l'extrême misère qui régna alors dans le peuple par suite de la mainmise des Eupatrides sur la plus grande partie des terres. En effet, la pauvreté conduisait alors non à la mendicité, mais à l'esclavage2. Le débiteur insolvable devenait le bien du créancier et cultivait pour autrui la terre qu'il possédait auparavant. Sa situation matérielle devait en être plutôt améliorée ; du moins le pain quotidien lui était-il assuré. Il arrivait aussi qu'il fût vendu à l'étranger comme esclave 3. L'on vit même des parents réduits à une telle extrémité qu'ils vendaient leurs propres enfants. Il faut reconnaître que les lois de Solon mettent tout en oeuvre pour prévenir sinon la pauvreté, du moins la misère. Aussi, dans la période oit fleurit l'Aréopage, s'il faut en croire Isocrate, le panégyriste enthousiaste de cette institution, l'Attique n'aurait pas connu l'extrême pauvreté. Une judicieuse répartition des charges de l'État, la division de la fortune publiques, auraient fait d'une honorable médiocrité le partage de la totalité du peuple'. Solon avait eu soin de mettre en honneur les métiers manuels. On sait qu'il avait enjoint aux pères de famille de faire apprendre un métier à leur fils, faute de quoi ils perdaient tout droit à être nourris par ceux-ci dans leur vieillesse 0 L'Aréopage punit quiconque ne vit pas d'un travail régulier'. Selon Pollux, la paresse était punie d'atimie LATIMIA18, sous le règne des lois de Dracon. Les lois de Solon maintinrent cette peine, mais seulement pour une double récidive 9. Quelques auteurs prétendent même que Solon avait emprunté aux Égyptiens une loi qui punissait de mort quiconque ne pouvant justifier d'un genre de vie régulier et laborieux, faisait sur ce point une déclaration mensongère ou vivait par des moyens illicites10. Mais il faut observer qu'en ce cas il y avait autre chose que le simple délit de paresse. L'Aréopage avait soin que les occupations fussent réparties suivant les capacités pécuniaires. Les petits étaient encouragés à se maintenir dans l'agriculture, les métiers, le commerce ", évidemment de détail, puisque des grands personnages, comme Solon, ne répugnaient pas au commerce maritime 12. Plus tard, suivant Isocrate, les choses se gâtèrent, quand l'Aréopage
eut perdu de son pouvoirt', et la robuste pauvrete d'Athènes se changea en un contraste choquant de misère chez les uns, d'opulence chez les autres. Toutefois, alors encore, les rétributions accordées aux citoyens pour l'assistance aux assemblées du peuple, aux séances des tribunaux, à partir de Périclès, la viande provenant des sacrifices, les oeufs, les fromages offerts à Hécate par les riches à chaque nouvelle lune, devaient être d'une assez grande ressource aux citoyens pauvres. Les distributions de blé, à prix réduit ou gratuit, et d'autres encore, tant reprochées aux Romains, n'étaient pas inconnues à Athènest4. On peut même affirmer qu'elles y eurent une influence démoralisatrice plus funeste dans une démocratie que dans la monarchie impériale. Elles y furent, en effet, un moyen de corruption politique des plus efficaces. Jusqu'à Thémistocle, le superflu du produit des mines était partagé entre tous les citoyens. Les distributions de blé étaient faites soit aux frais de l'État'`, soit aux frais de particuliers généreux ou ambitieux, soit encore grâce à des présents venus du dehors 16, Il y eut aussi des distributions d'argent, et la source en était parfois des moins pures, comme la confiscation des biens prononcée par le peuple à l'instigation des démagogues, à l'égard de citoyens qui lui déplaisaient. Ce moyen servait aussi à pourvoir aux indemnités de l'assemblée et des tribunaux t'. Enfin, si le peuple avait le pain, il avait aussi les jeux. Ce serait une attention touchante à l'égard des pauvres que d'avoir voulu leur assurer de temps à autre une journée de plaisir en leur donnant l'entrée gratuite au théàtre, si l'institution des Otcuplxei, tant reprochée à Périclès [THEOnuiONj, n'eût lourdement grevé le budget de l'État et entraîné par la suite de dangereux abus1e. Les OEwp;s prirent en effet une extension plus grande et l'on distribua de l'argent sans qu'il y eût de représentation théâtrale, mais toujours à l'occasion des fêtes 's. Comme à Rome aussi, on pratiqua parfois le système des colonies pour décharger la ville des citoyens pauvres qui y affluaient, attirés par les avantages qu'elle présentait20. La préoccupation de fournir du travail aux pauvres n'est pas étrangère non plus au système des grands travaux publics adopté par Périclès 21. Bonnes ou mauvaises, suivant les temps, les mesures préventives ne manquèrent donc pas pour épargner à Athènes le développement du paupérisme. Il y a lieu de croire qu'elles furent assez efficaces. En ce qui concerne la période antérieure à Périclès, Isocrate affirme, peutêtre avec un peu de complaisance, que pas un citoyen ne manquait du strict nécessaire". Cependant, en cette même période, Cimon n'acquiert-il pas de la popularité par sa bienfaisance23? Il est clair que pendant de mauvaises périodes telles que les guerres médiques ou durant la guerre du Péloponèse, quand la population rurale s'entassait dans Athènes tandis que ses récoltes étaient pillées, ses arbres et ses fermes brûlés, il dut y avoir beaucoup de misère et de mendicité. Nous croyons donc que Boeckh généralise trop le résultat de ses calculs sur la division des terres au ve siècle quand il dit que personne alors n'était assez
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anachronisme, ii n'en est pas moins intéressant de constater que le procédé était en usage de son temps.
D'après Hérodote, les peaux destinées à l'écriture (liez les Ioniens étaient des peaux de chèvre et de mouton' ; les textes nous montrent qu'à la fin de l'Empire c'étaient toujours celles qu'on préférait ; nos plus anciens manuscrits sont sur parchemin de mouton. On connaissait, même au Ive siècle le parchemin d'agneau mort-né, ou parchemin « vierge » . Quant à la préparation, les auteurs n'en parlent point ; mais comme c'est l'antiquité qui l'a inventée, on ne s'avance pas beaucoup en supposant que les procédés employés dans le haut moyen âge remontent à l'époque classique, d'autant plus qu'ils sont à la fois très simples et indispensables'. Après avoir fait macérer la peau dans de la chaux pendant trois jours, on la dépouillait de son poil, puis on la tendait sur une table où on la raclait avec un instrument tranchant [cf. corn M] et enfin on la polissait des deux côtés à la pierre ponce, ,jusqu'à ce qu'on eût obtenu une surface parfaitement égale'. Dans l'Édit de Dioclétien, le salaire maximum de l'ouvrier (lnembronarius, L(sltponotoç) 8 est fixé à quarante deniers (0 fr. 90) par quaternion [LIBER[ d'un pied carré (Om,30 de côté) 7, soit 0 f'r. 225 pour la double feuille. G. LAFaYE.
Le peintre le plus ancien de la mendicité dans la société grecque est Homère. L'Odyssée nous montre la mendicité comme y étant d'un usage courant et même très répandu. Elle a ses habitudes ses traditions, presque ses lois. La (lasse des mendiants est nombreuse, variée, bien définie. Ses défauts sont connus de tons, comme aussi l'expérience a démontré qu'il y a mendiants et mendiants. La mendicité a déjà revêtu quelques-unes des formes qu'elle conservera durant toute l'antiquité. Les unes sont de tous les temps, d'autres appartiennent en propre au monde ancien et ont à peu près ou entièrement disparu avec lui. Rien de mieux observé, de plus réaliste que la peinture du mendiant Irus dans Homère. Arnée, dit 'rus (le sobriquet est encore une des caractéristiques des professionnels de la mendicité), est un colosse paresseux et gourmand grossier, brutal, querelleur, lâche et fanfaron'. II est déjà une sorte de parasite, car il pénètre partout familièrement. Sa réplique est vive et hardie, sinon spirituelle. II redoute la concurrence, et c'est pourquoi, lorsque Ulysse introduit par Eumée arrive à son tour déguisé en mendiant, il lui fait si mauvais accueil'. C'est par goût, par choix, que le mendiant tel qu'Uns mène cette vie honteuse plutôt que de se livrer à quelque travail utile'. Ulysse, sous son déguisement passager, représente une autre catégorie de mendiants, qui durera autant que l'antiquité elle-même, et dont la psychologie n'est pas moins bien connue d'Homère : le nomade, le voyageur. Celui-là est parfois un honnête homme qui a éprouvé des revers. Plus rarement, mais le cas se présente, c'est même un homme puissant, illustre, que pour
suivent la Fortune ou la colère des dieux. Œdipe sera plus tard l'exemple le plus frappant de ce typa Ceux-ci, tombés d'un haut rang dans l'indigence, ne désespèrent pas toujours de retrouver plus tard leurs avantages. Ils adoptent l'extérieur et les manières des mendiants vulgaires :sur la tunique usée pend une besace attachée par une lanière de eu ir, u n bâton assure leur marche (fig.1898)
ils vont de porte en porte, et font le tour des tables bien garnies. Mais un reste de fierté leur fait volontiers insinuer qu'ils ne sont pas ce qu'ils paraissent'. D'ailleurs, la plupart des mendiants noruades ne sont que des aventuriers, et ceux-ci se donnent pour ce qu'ils ne sont pas. Une de leurs ressources est d'exploiter la curiosité publique..Ils recueillent les bruits et les colportent, vrais ou faux'. On ne les croit guère? et ils le savent, bien, mais ils n'en débitent pas moins leurs nouvelles avec un
aplomb imperturbable, assurés qu'ils sont de rencontrer, dans le public badaud des agoras de petites villes et dans beaucoup de maisons a, des oreilles complaisantes. On les écoute, en effet, parce qu'ils arrivent d'ailleurs, peut-être de loin, parce que les nouvelles parviennent rarement et difficilement, parce qu'enfin le Grec aime les histoires, tout en se méfiant de leurs propos'. On sait que les mendiants ont coutume de bavarder à tort et à travers. Un de leurs moyens ordinaires est d'apporter à chacun la bonne nouvelle qui l'intéresse. L'aumône tombe plus abondante dans la besace d'un heureux messager 10.
II est d'ailleurs un autre motif, plus grave et plus élevé, pour que le mendiant soit assuré d'un bon accueil. C'est qu'il bénéficie des lois de l'hospitalité ". Il est, comme l'hôte, l'envoyé de Jupiter t2: les dieux et les Érinnyes vengent ses injuresf3. Quelquefois les dieux visitent les hommes cachés sous cet extérieur ". On le traite donc avec un curieux mélange de respect et de mépris. Cela est sensible même dans la réception qu'Ulysse ratait chez Eumée. Celui-ci ne lui refuse rien et en agit avec lui avec bonhomie et générosité, mais sans lui dissimuler le peu de confiance que lui inspirent ses propos. Tous les prétendants accueillent Ulysse d'une manière convenable et lui accordent quelque don". Antinoüs seul fait exception, et tous les convives réprouvent sa conduite 13. Cependant ils ne ménagent pas la raillerie au nouveau venu et prennent un plaisir extrême à le mettre aux prises avec (rus 17. Ceci est la part de la brutalité des moeurs primitives. Elle se donne libre carrière vis-à-vis de l'ignoble Irus 98, mais n'épargne pas Ulysse 10
Au temps d'Hésiode, la mendicité n'est pas moins ordi
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légendes de la Mélissa crétoise, première prêtresse de Rhéa, et de la Mélissa tuée pour n'avoir pas voulu divulguer les Mystères de Déméter et du corps de laquelle la déesse fit naître les abeilles; aussi désignait-il surtout les prêtresses de Rhéa', celles de Déméter et celles de Déméter et de Perséphone2. CH. LecaIVAIN.