Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MELIASTAI

MELIASTAI (Sie),ixe-rxO. Les Méliastes étaient une sorte de confrérie bachique, attachée au sanctuaire de Dionysos à Mélangéia, bourgade suburbaine de Mantinée, en Arcadie. L'existence des Méliastes n'est signalée que par Pausanias'. Il y avait, à 7 stades de Mélangéia, dans la direction de Mantinée, une source des Méliastes (xc'ep--, Mel,taa2wv), voisine d'un pt yapov. de Dionysos et d'un lepdv d'Aphrodite Mélainis. Les périboles de ces deux sanctuaires contigus et la source des Méliastes ont été identifiés par les voyageurs2 et récemment explorés3. Il MEL 1705 MEL doit être attribuée aux boissons sucrées. Il y en avait de plusieurs sortes : 1° L'hydromel (bodp.e),I, aqua mulsa), mélange d'eau et de miel [HYDBOMELIi. Si on le buvait sur-le-champ, c'était une inoffensive eau sucrée. Mais on pouvait aussi, après avoir opéré le mélange dans des proportions déterminées, le laisser fermenter, et cette aqua ntulsa inveterata devenait alors une boisson enivrante 1. En appliquant les recettes des anciens, on obtient en effet une liqueur qui, par sa couleur, son goût et ses propriétés, ressemble, comme ils nous l'ont dit, aux meilleurs vins blancs, au point de tromper les connaisseurs les plus expérimentés L'hydromel, qui à l'époque historique était encore en usage chez des peuples barbares, a peutêtre, sous le nom de p.é0u, précédé en Grèce le vin luimême ; les anciens en avaient déjà fait la remarque. De là le rapport qu'ils établissaient entre le miel et Bacchus [BACCHHS]3. Mais, sous l'Empire, l'hydromel était depuis longtemps condamné comme une boisson inférieure`. Le lait au miel (µe),(xp5Tov) G représentait dans l'esprit des anciens ce que la nature avait produit de plus parfait et de plus suave pour la nourriture de l'homme ; le lait et le miel avaient été l'aliment de rage d'or et ils étaient les délices de l'enfance. Leur mélange a pris un sens symbolique, que l'Église primitive lui a longtemps conservé dans son rituel : on le donnait à boire aux fidèles pour leur rappeler qu'ils devaient un jour renaître en Jésus-Christ'. 3° Le mellitites se faisait avec du moût de raisin, dans lequel on diluait du miel. On pouvait le laisser fermenter si on voulait en garder une provision. Mais au temps de Pline a il y avait des siècles » que l'usage en était passé et il n'en donne la recette que pour être complet'. 4° Au contraire, le mulsum (o'tvduoÀ() jouissait de la plus grande faveur; après avoir fait bouillir le miel, on le mélangeait avec du vin des meilleurs crus tels que du Massique ou du Falerne a, et de préférence avec du vin vieux. Dans un repas bien ordonné c'était l'accompagnement ordinaire des entrées (gustatio, promulsis) °. On citait des personnes qui étaient parvenues à une extrême vieillesse en ne prenant pour toute nourriture que du pain trempé dans du vin au miel. Un jour qu'Auguste avait été invité à dîner chez Romilius Pollion, vieillard plus que centenaire, il lui demanda par quel moyen il s'était entretenu dans une telle vigueur de corps et d'esprit: o Dlulsum au dedans, huile au dehors 1, répondit son hôte 10. A Pompéi on a trouvé sur des tables de boutiques les traces des vases où avaient bu les clients; il y avait du miel dans toutes. Outre les boissons énumérées plus haut, il est possible qu'on ait consommé là de l'eau chaude, sucrée avec du miel [CALDA]". Les parfumeurs faisaient entrer le miel dans la composition d'un grand nombre d'huiles aromatiques destinées à la toilette, huiles au lis, au fenugrec, au cinname, etc. [UNGUENTA] 12. A cause de ses propriétés adoucissantes, il jouait un rôle très important dans la pharmacie ; on l'employait pour combattre les affections des yeux, des oreilles, du nez, de la gorge et de la poitrine. Pur ou mêlé à d'autres substances, il passait pour guérir les blessures, les morsures des animaux venimeux, l'empoisonnement par les champignons, etc. 1' '. Certaines boissons composées avec du miel semblent avoir été surtout des boissons médicinales : le Bx)xoaé,E),I se fabriquait en mélangeant par parties égales du miel, de l'eau de pluie et de l'eau de mer; c'était un purgatif''°. On donnait à boire aux fiévreux l'UGp.EÀI, où le miel était mêlé à du vinaigre, du sel et de l'eau de mer; il n'était plus en usage au temps de Pline1°, Enfin le çoiéyc),t, qu'on obtenait en faisant macérer des roses dans du miel, devait ressembler beaucoup à notre miel rosat". On avait une telle confiance dans la médication par le miel qu'on attribuait au Soleil le mérite de l'avoir inventée, symbolique légende dont le sens est manifeste ". Provenant, suivant les anciens, d'une origine céleste, ouvrage d'un insecte dont ils faisaient un emblème de pureté, le miel avait à leurs yeux l'avantage de ne pouvoir être atteint par la corruption : ce fut un de leurs principaux antiseptiques78. Nous avons vu qu'ils s'en servaient pour conserver les fruits 1". Aux naturalistes il rendait le même office que leur rend aujourd'hui l'eau-de-vie : on y plongeait les monstres et autres curiosités naturelles". De là vint aussi l'idée d'embaumer avec du miel les cadavres des grands personnages qu'on ne voulait pas incinérer immé diatement ou auxquels on voulait assurer une durée éternelle'. L'exemple semble en être venu d'Asie par l'intermédiaire de la Crète 22. Quelquefois on employait la cire au lieu du miel, xs7xxrpouv'-3 [GERA]. Ces deux procédés pour embaumer les morts (Tap7GEty, Txplzercly 21) pouvaient en effet empêcher la décomposition en fermant complètement tous les pores de la peau à l'air extérieur. Il est certain qu'on les pratiquait déjà à l'époque homérique : il y en a un souvenir dans le passage de l'Iliade, oit nous voyons Thétis verser le nectar et l'ambroisie dans les narines de Patrocle mort, pour le préserver de la corrup tion 26. On ne peut s'expliquer autrement que les corps d'Hector et d'Achille restent exposés l'un neuf jours, l'autre dix-sept avant qu'on les livre au bûcher 'G. Les auteurs nous ont transmis quelques exemples qui datent de l'époque historique 27. Le plus fameux est celui d'Alexandre, ensev,eli dans du miel, comme l'avaient été probablement les souverains asiatiques ses prédéces MEL 170t MEL Quand Virgile écrivit les Géorgiques, il est probable que la récolte du miel en Italie n'était plus proportionnée à ses besoins et que, le bien-être ayant augmenté avec la fortune publique, Rome était devenue de plus en plus tributaire des provinces pour cette denrée, comme pour beaucoup d'autres. De là la nécessité de donner un nouvel essor à l'apiculture dans les campagnes de l'Italie. Sous l'Empire, nous la voyons développée en Calabre, près de Tarente ; dans l'Apennin central, chez les Paeligni, aux environs de Sulmone, patrie d'Ovide"; dans la vallée du Pô, à Mantoue, à Hostilia, entre Vérone et Ferrare L'Espagne ' élevait aussi des abeilles; enfin Pline cite des rayons de miel d'une grosseur exceptionnelle obtenus dans les provinces de Germanie 5. Comme tous ces miels de bonne qualité ne suffisaient encore pas à la consommation, on avait trouvé le moyen de les falsifier 6, en les additionnant de matières moins coûteuses ou en les mélangeant à d'autres moins estimés. Il y en avait en effet qui avaient mauvaise réputation, par exemple le miel de Corse; on lui trouvait un arrière-goût amer, que l'on attribuait au buis, très commun dans les maquis de cette île 7. On se défiait encore davantage du miel de Sardaigne ; butiné principalement sur les fleurs de la mélisse (rue? adl+uaaov, apiastrum), plante chère aux abeilles, il passait pour rendre fou'. comme celui que récoltaient les Sanni dans la région du Pont-Euxin, et qu'on appelait « miel fou » (p.atvdpcEVOV); la fleur du rhododendron lui aurait communiqué cette funeste propriété. Celui d'Héraclée du Pont tirait d'une sorte d'azalée des principes vénéneux, mais seulement, assurait-on, dans certaines années, si le printemps avait été mauvais. Et enfin on parlait de ruches observées en Perse et dans la Maurétanie Césarienne, dont les rayons n'étaient empoisonnés qu'en parties. Paix. -L'élevage des abeilles présente un avantage précieux surtout dans les contrées du Midi, c'est qu'il permet de tirer un revenu de terrains arides et impropres à la culture". LaCorse, pays pauvre, payait aux Étrusques,quand elle faisait partie de leur empire, un tribut annuel de miel et de cire" ; les Romains, devenus maîtres de l'île en 173 av. J.-C., lui imposèrent un tribut de 200 000 livres de cire (65490 kilos) t=, ce qui suppose une production de miel au moins égale. Varron cite un particulier qui tirait tous les ans de ruches qu'il avait louées 5 000 livres (1 637 kilos) de miel". Deux frères, qui avaient hérité de leur père, près de Faléries (Étrurie), une petite ferme mesurant à peine un arpent (2500 mètres carrés), couvrirent tout leur terrain de ruches et de fleurs et ils arrivèrent ainsi à vendre chaque année au moins pour 10 000 sesterces (2 750 francs) de miel f4. Tout le monde connaît par Virgile l'histoire du vieillard de Ta rente, « possesseur de quelques arpents d'un terrain abandonné, qui n'était ni propre au labour, ni favorable aux troupeaux, ni propice à la vigne ». Il l'avait transformé entièrement en jardin ; grâce à son industrie, il était le premier dans le pays « à voir ses abeilles fécondes se multiplier et à presser ses rayons pleins d'un miel écumant" ». L'édit de Dioclétien 16 fixe comme il suit le prix maximum du miel : miel de première qualité (optimum), le setier italique (demi-litre) 40 deniers (0 fr. 90) ; miel de seconde qualité (secundum), le setier italique 20 deniers (0 fr. 45). Par miel de première qualité il faut entendre celui qui dégouttait de lui-même des rayons entassés dans la passoire; le miel de seconde qualité (secundae notae) s'obtenait ensuite en pressant la cire dans d'autres vases; il était naturellement beaucoup moins pur et moins fluide que le premier ; aussi se vendait-il la moitié moins''. Le prix maximum est presque identique à. celui d'aujourd'hui. L'édit mentionne encore le miel foenicinum, qui se vend à très bas prix, soit 8 deniers (0 fr. 20) le demi-litre ; mais ce miel n'était pas l'ouvrage des abeilles ; c'était une sorte de liqueur qu'on obtenait en faisant bouillir des dattes (poivtxEg) légèrement fermentées; elle est encore en usage en Syrie ; comme on peut la fabriquer en utilisant des fruits de rebut, elle ne coùte presque rien 1'. USAGES. Les méridionaux ont toujours eu beaucoup de goût pour les sucreries. Les Grecs et les Romains considéraient le miel comme un présent céleste et ils s'imaginaient que la nourriture des dieux devait être d'une nature analogue ; c'est ce qui leur a donné l'idée de l'ambroisie et du nectar [AMBROSIA, NECTAR]f0. Après le lait de la nourrice, c'était un des premiers aliments que l'on présentait au nouveau-né". Frappés de ses vertus hygiéniques qu'ils exagéraient encore, certains philosophes tels que les Pythagoriciens lui accordaient une place d'honneur dans leur régime ". Sans miel point de placentae mellitae)22, point de pâtisserie fine [PISTOU]. Avec le miel on fait des confitures de coings et de toute espèce de fruits, soit qu'on prépare chaque espèce à part, soit qu'on les mélange les unes avec les autres. On peut encore plonger les fruits entiers et sans cuisson dans du miel très liquide ; on a ainsi une provision de fruits pour tout l'hiver et en outre un sirop qui s'imprègne de leur goût (p.-riX p.E),t)23. Servi en rayons, le miel est le régal des tables rustiques"4 ; épuré et mêlé à d'autres friandises, il a sa place marquée sur les tables les plus riches ;Néron se fit un jour offrir par un personnage de sa cour un banquet dans lequel le miel seul représentait une dépense de 400000 sesterces (110000 francs) "4. Une forte part, la plus forte peut-être, dans ces prodigalités inouïes MEL 1703 MEL ouvert la partie postérieure de la ruche, on en approchait la marmite et on soufflait dans l'intérieur du vase pour pousser la fumée sur les abeilles, que 1bn chassait ainsi vers l'extérieur. Alors on se mettait en devoir de couper les rayons ; Columelle recommande de se procurer pour cette besogne deux outils de fer mesurant un pied et demi de long (0 ln. 45) : un couteau cuiter) bien affilé pour clé tacher les rayons par-dessous, et un autre, tranchant des deux côtés et crochu par un bout, pour nettoyer les cellules'. Ln bas-relief trouvé à Rome représente peutêtre la récolte du miel. On y voit au pied d'un arbre un personnage; devant lui sont placés à terre deux objets de forme circulaire et au-dessus voltige un insecte ailé; en arrière on aperçoit quelque chose comme des flammes. Suivant M. Hülsen, nous aurions là l'image d'un apiculteur en train d'enfumer ses abeilles. Toutefois cette interprétation reste douteuse'. A peine détachés de la ruche, les rayons étaient portés en toute hâte dans une chambre obscure et bien close (cella mellaria) 3 et empilés dans un panier (qualus) en osier à larges mailles, de forme conique, semblable à ceux qui servaient à passer le vin ; de ce panier suspendu au plafond le miel dégouttait dans un bassin (alveus) placé au-dessous °. Il est probable que dans certaines contrées on remplaçait le panier par un vase percé de trous : on a trouvé dans les marnières des environs de Parme, au milieu de débris antérieurs à l'époque romaine, des ustensiles qui semblent avoir été affectés à cet usage ; ils sont tout à fait conformes à ceux dont on se sert encore aujourd'hui en Italie 6. Lorsque dans le récipient supérieur il ne restait plus que la cire ,CERA], on transvasait le miel du bassin dans des pots, qu'on laissait ouverts pendant quelques jours pour lui donner le temps de fermenter, et où on l'écumait avec une cuiller (ligula). C'est tout l'ensemble de ce matériel nécessaire pour « faire le miel » (met con ficere) 6 et pour le conserver qu'on désignait sous le nom d'instrunientuin mellarium, vasa mellaria 7. Le vase que représente la figure 489à d'après une monnaie de File d'Anaphé, et au-dessus duquel voltige une abeille, est probablement un pot de miels. Espèces. On distinguait un grand nombre despèces de miel différentes, par exemple le miel de printemps ou miel de fleurs (nid vernuna, antllinuni) 9 et le miel d'été (aestivum) appelé aussi â,paiov parce qu'il avait été produit quand la belle saison (ddpx) était dans son plein; on le croyait bon surtout pour la pharmacie 10. Les amateurs établissaient encore des catégories et des rangs d'après les plantes que les abeilles avaient butinées; le miel le plus apprécié était le miel de thym; puis venait celui des autres plantes aromatiques, le serpolet, le romarin, la sarriette, etc. Le plus dédaigné était le inel nemorense, Silvestre, eric'aeuln, provenant de plantes sauvages qui poussent dans les bois, tels que le genêt, l'arbousier et la bruyère (Ep(x-r,); on mettait sur le même rang le met villaticant ou miel des métairies, butine sur les légumes et les plantes entourées de fumier 1k. Sans entrer ici dans les autres distinctions établies par les spécialistes il importe de noter que le miel de certains pays avait sur le marché beaucoup plus de valeur que d'autres. PAYS PRODUCTEURS. Le miel de l'Attique était le plus estimé de tous; les poètes l'ont célébré à l'envi et sa réputation a traversé les tiges. Athènes en consommait déjà beaucoup au temps de Solon 13. On le récoltait principalement sur les flancs de 1 llymette. Ce qui faisait sa supériorité, c'était d'abord la qualité exceptionnelle du thym dont la montagne était couverte; on avait essayé d'en semer la graine ailleurs pour obtenir le même résultat, mais inutilement". En outre, les cultivateurs de l'Attique avaient l'habitude de châtrer leurs ruches sans les enfumer, et l'on prétendait que leur miel sans fumée (ïxa7vov, âmeitrnet ov) gardait ainsi beaucoup mieux que les autres son parfum naturelle. La Thessalie, l'Achaïe et l'Arcadie ont pratiqué aussi l'élevage des abeilles 111, Ii ne réussissait pas moins bien dans l'Eubée, à Thasos et dans les Cyclades, particulièrement à Scyros 17 Le miel de l'ile,de Calymna pouvait rivaliser avec celui de l'Attique 1U, Suivant certains auteurs, c'est en Crète que seraient nées les premières abeilles ; une légende de ce pays racontait que Jupiter enfant y avait été nourri de miel dans une grotte par Melissa, fille d'un de ses rois 13 on peut en conclure avec vraisemblance que l'apiculture y était en honneur depuis une antiquité reculée. Une abeille en or a été trouvée en Crète20, A Éphèse, les prêtresses de Diane s'appelaient des « abeilles » )SIELiss u et de vieilles traditions établissaient un rapport mystérieux entre ces Insectes et la grande divinité locale, comme en font foi les monnaies de la ville2l, Une plaque en or repoussé provenant de Rhodes semble bien représenter sous une forme symbolique cette Diane amie des abeilles". Chypre et l'Afrique produisaient une quantité considérable de miel 23. Il ne valait pas celui de la Sicile, surtout celui d'IIybla, très apprécié chez les Romains =`, rectangulaire (quadrata ou oblonga), composées d'un assemblage de rondins dont on bouche les joints avec de l'argile (fig. 7° La ruche en planches; on recomman(lait particulièrement hêtre, le chêne, le pin et le MEL 1702 MEL 6° La ruche en bois de férule. M. Hamy en a retrouvé chez les Berbères des spécimens modernes; ce sont de petites cabanes de forme pour cette destination le figuier 2. Certains amateurs, sous l'Empire, garnissaient les parois de leurs ruches avec des feuilles transparentes de mica ou de corne, qui permettaient de surveiller de l'extérieur les progrès du travail'. Quelquefois aussi on les fermait par derrière avec une planche mobile (operculum) on la poussait en dedans si l'on voyait que la ruche était trop grande pour l'essaim, afin, dit Pline, de ne pas décourager les abeilles ; puis on la ramenait, peu à peu en arrière au fur et à mesure que l'ouvrage avançait'. Cette disposition était commode aussi pour retirer les rayons'. caîov ; alvariam, alrare, apiarianz, mellariuln) " exigeait des soins très minutieux sur lesquels les auteurs ont beaucoup insisté. Tous les apiculteurs savent encore que le rucher doit être exposé au midi, mais dans un endroit abrité du soleil, à proximité de la ferme, mais assez loin pour ne pas avoir à souffrir des odeurs et des émanations malsaines, et que les abeilles doivent trouver aux alentours de l'eau pure et des fleurs à butiner'. Dans une exploitation bien tenue, les ruches étaient posées sur un soubassement (suggestus) en maçonnerie de trois pieds de hauteur (0 m. 90) sur une épaisseur égale, qu'on revêtait d'un enduit bien poli pour empêcher les animaux nuisibles d'y monter. Les ruches, convenablement espacées entre elles, s'étageaient sur deux rangs, trois au plus on les séparait par des cloisons en briques, de façon que chacune fût enfermée dans une niche ouverte sur le devant et le derrière. On prévenait l'humidité en donnant une légère inclinaison au plan de chaque étage. Toute la construction était abritée sous un toit, un appentis de branches mortes, ou bien sous un portique. Enfin, si le rucher se trouvait trop loin de l'habitation pour qu'on pût le surveiller, il était prudent de l'enfermer entre quatre murs percés de petites fenêtres pour la commodité des abeilles. On élevait même quelquefois dans cette enceinte une cabane pour le gardien 8. C'est qu'en effet il n'était pas rare de voir un rucher saccagé par les voleurs'. On les tenait. encore en respect en plaçant les ruches sous la protection do certaines divinités rustiques, telles que Pan ou Priape"; chez les Romains, c'était une des principales attributions de ta déesse illeilona I.'APICU LTU RE. -Les anciens avaient dressé le calendrier de l'apiculteur ; ils y avaient noté avec soin le genre de travaux qu'il devait entreprendre dans chaque saison. Au printemps, entre le d3 mars et le 12 mai, on nettoyait les ruches et on faisait disparaître les insectes parasites. Fers la fin d'octobre ou au commencement de novembre on les visitait de nouveau, puis on les couvrait de paille pour les garantir du froid. Pendant l'hiver on plaçait au-devant quelques aliments destinés à soutenir les forces des abeilles engourdies. Entre beaucoup de prescriptions qui sont encore observées, les traités des anciens en contiennent beaucoup d'autres qui reposent sur des idées erronées et sont bien faites pour nous surprendre: ainsi on croyait que des essaims pouvaient naître du cadavre d'un boeuf en putréfaction ; Virgile luimême a chanté cette légende de la Bougonia, qui est manifestement d'origine égyptienne et que plusieurs auteurs alexandrins avaient rapportée comme digne de foi depuis le ni° siècle av. J.-C.i3 Dans certains pays on estimait que les abeilles avaient épuisé à la fin du printemps toutes les fleurs qu'ils pouvaient leur fournir et qu'il fallait les transporter dans d'autres, plus favorisés de la nature. On enlevait donc les ruches pendant la nuit et on allait les installer ailleurs ; l'Achaïe envoyait les siennes dans l'Attique et en Eubée ; à Scyros on rassemblait celle des Cyclades; à Hybta, celles des autres villes siciliennes. Le même procédé était appliqué, parait-il, sur les bords du Pô et en Espagne ". Dans ce dernier pays on en a trouvé une trace curieuse; c'est une inscription gravée sur une tablette de plomb, attestant qu'à la date du 30 août d'une certaine année, un nommé L. Valerius Capito a pris possession d'un terrain pour son rucher : aleari locum occupavit. La tablette devait être fixée dans un mur voisin pour établir son droit de premier occupant' b LA RÉCOLTE. On châtrait (castrare) if les ruches en général deux fois par an. Cette opération, appelée tantôt une moisson (messis) et tantôt une vendange (cindemia) 1', se faisait la première fois à l'entrée de l'été, la seconde en automne 13. On avait soin chaque fois de laisser une partie du miel pour la nourriture des abeilles, soit le cinquième en été et le tiers en automne ". L'ouvrier commençait par enfumer la ruche en brûlant une sorte de férule appelée galbanum ou de la bouse desséchée. Le combustible était enfermé avec de la braise dans un vase de terre garni d'anses comme une marmite (olla) ; il avait à l'avant un goulot percé d'un petit trou destiné à livrer passage à la fumée, et du côté opposé une large embouchure à travers laquelle on soufflait. Après avoir MEL 1701 MEL athénien. Au Pirée, la république permettait aux marchands étrangers d'élever des temples à leurs dieux natio naux, et autour de ces centres 1PAKAlrI0HETAlOEIl religieux se groupaient les métèques et les esclaves originaires de la même région'. Le plus souvent, ces étrangers, sur le sol de la Grèce, donnaient à leur dieu le nom de la divinité grecque qui s'en rapprochait le plus par la nature de ses attributs ou la ressernblance du son. C'est ainsi que le Zeus Milichios du Pirée n'est vraisemblablement autre chose qu'un Baal Milik du panthéon sémitique. les anciens aient connu la canne à sucre [sAcCHARUM], le miel a joué dans leur alimentation le même rôle que le sucre dans la nôtre; il a eu chez eux, comme objet de commerce, une importance que nous ne pouvons nous figurer par l'usage que l'on en fait actuellement. C'est le miel qu'ils employaient uniquement pour la pâtisserie, la confiserie, la pharmacie, pour la préparation des vins doux et autres friandises de dessert. Ainsi s'explique en particulier que Virgile dans ses Géorgiques ait consacré à l'apiculture un chant sur quatre : un rucher pouvait rapporter autant qu'un vignoble. Virgile, du reste, a résumé les connaissances et les préceptes exposés dans une longue suite d'ouvrages techniques que nous avons perdus pour la plupart. Sans parler ici des poètes qui ont célébré la douceur du miel, sa pureté et son arome', ni des naturalistes qui, depuis Aristote jusqu'à Pline, ont décrit à un point de vue scientifique les moeurs des abeilles 2 [ACES], il convient de rappeler qu'un grand nombre d'écrivains, préoccupés surtout des intérêts d'une industrie fructueuse, avaient condensé pour les apiculteurs les leçons de l'expérience '. Ceux-là, c'étaient d'abord ceux qui avaient traité de l'agriculture, entre autres Magon le Carthaginois, Ménécrate d'Éphèse Varron, Hygin et, après Virgile, Cornelius Celsus et Columelle'. Puis il y avait aussi les spécialistes, par exemple Aristomaque de Soles, qui pendant cinquante-huit ans s'occupa d'apiculture avec une passion exclusive ; Philiscus de Thasos, surnommé le Sauvage parce qu'il s'était retiré dans un lieu désert, oit il n'avait d'yeux que pour ses abeilles, et encore, à l'époque alexandrine, Néoptolème et le poète Nicandre 6. Les Meataeoopytxâ de ces auteurs, dont il ne reste rien, n'ont pas peu contribué à entretenir l'admiration presque VI. religieuse qu'inspirait aux anciens l'industrieux insecte LES RUCHES. De vieilles légendes attribuaient l'invention de l'apiculture à Bacchus [BACCHUS], d'autres à Aristée [ARIsTAEUS] ' ; elles semblent bien attester que cette partie des travaux rustiques avait chez les Grecs une origine très ancienne. On a cependant contesté que les contemporains d'Homère connussent l'art d'élever les abeilles 8 ; mais, outre que les preuves que l'on en donne manquent de consistance, il n'est guère vraisemblable qu'on attendit seulement des abeilles sauvages le miel employé dans les sacrifices et les funérailles Hésiode mentionne formellement des ruches 10. On peut seulement admettre que les plus anciennes furent très rustiques et semblables aux abris naturels que choisissaient les essaims sauvages, par exemple des troncs d'arbres évidés ", ou des vases de pierre". Dans la suite on perfectionna la construc yndXog, uea(aaetov ; alvus, alvarium, alvearium, alveare)1.6, sans renoncer. complètement aux vieux modèles. Les plus répandus étaient les suivants : 1° La ruche d'écorce ou de liège. Elle avait, aux yeux des apiculteurs, le grand avantage de n'être ni trop froide en hiver ni trop chaude en été. On l'emploie encore en Afrique dans la province de Constantine ; l'écorce est roulée en forme de tronc de cône, assujettie avec un lien d'osier, et unbouchon de bois en ferme l'orificesupérieur'l 2° La ruche de terre cuite (/ictilis). Les agronomes n'en étaient point partisans; c'est, dit Columelle, la pire de tou tes, parce qu'elle ne préserve les abeilles ni du froid ni de la chaleur. On arécemment signalé des ruches de ce genre dans la haute Égypte, où les indigènes n'ont jamais cessé d'en fabriquer depuis les temps antiques. Ce sont des tuyaux de terre cuite longs de près d'un mètre et larges de 0 m. 20; on les bouche aux deux extrémités avec de la terre pétrie et dans l'une des extrémités on perce des trous pour laisser passer les abeilles. Puis on empile ces tuyaux les uns sur les autres horizontalement(fig. 4893). Il est clair que si ce type a disparu partout ailleurs, c'est à cause du grave défaut constaté par Columelle 10. 3° La ruche de briques (ex lateribus) en avait un autre : celui de ne pouvoir être déplacée à volontéi8 4° La ruche en bouse de vache offrait l'inconvénient d'être facilement inflammable". 5° La ruche ronde en osier tressé, connue même de l'Égypte pharaonique, est encore en usage partout ". 214 MED 1700 MEI professionnelle, mais le désintéressement, la bonté et la charité. Le rescrit impérial de 368 se fait simplement l'écho de la sagesse hellénique lorsqu'il prescrit aux médecins publics de mieux aimer soigner les pauvres que de servir bassement les riches, obsequi tenuioribus quant turpiter servire divitibus. Il ne semble pas que le christianisme ait rien ajouté à la déontologie médicale du paganisme. SALOMON REINACH.