Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MEDICUS

MEDICUS. `IxTpdç, le médecin. Le mot latin a été rapproché du titre donné au magistrat suprème chez les Samnites, n eddix tuticccs 1, équivalent, suivant Briau, de curator publicus [MEunIXj'; ce titre impliquerait l'existence de curatores privati, qui auraient été les médecins des Samnites. On trouve le mot clinieus 3 (xatvtxdç 4) pour désigner spécialement le médecin qui visite les malades alités; la médecine ainsi exercée an lit des malades s'appelle clinice'. Le mot arclziatrus (âpy.xTpdç ou âpzlxTpoç) désigne les médecins publics ou constitue un titre honorifique [ARCIIIATRUSj. Le médecin public d'une ville est parfois appelé salariarius'. En grec, on trouve les formes iaT~p, irT~,p et les termes poétiques â'ECTr,p, 'Aexkg7ctxt, ol ixTpâly 7izibuç, pour signifier les médecins, s'expliquent par la célébrité de la famille médicale des est un médecin masseur, intermédiaire entre le gymnasiarque et le isTpdç ; à Rome, il est dit iatraleiptes e ou les ixTpo u µxrix , prétend connaître la marche des maladies par l'observation des planètes 10, Le ixTpdj.avriç est un médecin adonné à la divination ". Le ixTpoco(ftcTrç (is'r ocot?tcrtxr,) est à la fois médecin et sophiste ; c'est un sophiste qui fait des conférences sur des sujets médicaux, un professeur de médecine. Suidas qualifie ainsi Gesios, qui vécut sous l'empereur Zénon, alors qu'Estienne de Byzance appelle le même personnage b rEpttpxvrç Tév ix' v cotpte'r )ç. Le conférencier médical, beau diseur, mais ignorant de toute pratique, est appelé par dérision VI. ),tat(x-rpoç. L'iatro.sophiste qui voyage en enseignant rentre dans la classe des 7tEawbuuTx( (circulatores), ou médecins ambulants, dont le nom ne se rencontre que dans la basse grécité, ruais dont la profession était très ancienne ; on désignait aussi par ce nom les cliniciens, (pli visitaient leurs malades à domicile au lieu de les recevoir citez euxLe mot ic 31T~wrç, dans Aristophane, parait employé avec une nuance de mépris13 ; en revanche, /EtpsTéyv' ç, dans un traité hippocratique f4, désigne un médecin expérimenté, celui qui, de l'aveu de tous, possède son art (il ne s'agit pas d'un chirurgien, car tout le passage concerne exclusivement la diététique). Nous indiquerons plus loin (§ VI, IX, XIII) la terminologie concernant les spécialistes, les femmes vouées à la médecine et les médecins publics. On ne trouvera, dans le présent article, ni l'histoire de la médecine antique et des doctrines médicales, ni la biographie des médecins, ni la bibliographie de leurs oeuvres. Notre recueil a pour objet l'éclaircissement de la vie publique et privée des Grecs et des Romains; l'histoire des sciences ne rentre pas plus dans son cadre que celle des savants. ]Nous chercherons donc surtout à rendre compte de la situation et du rôle des médecins dans les sociétés antiques, tant dans la vie civile et militaire qu'à la cour des princes, de la manière dont ils s'initiaient à leur art, le pratiquaient et en tiraient leur subsistance. Il ne sera question qu'incidemment de la médecine sacerdotale, magique ou théurgique, pour laquelle nous qu'aux noms des diverses divinités AESCU LAPILS, APOLLO, MANA, uïGIEIA, etc., auxquelles on attribuait plus parti culièrement le pouvoir de guérir les maladies. Toutefois, nous devons dire quelques mots, dès le début de ce travail, d'une question fort controversée, celle des relations de la médecine sacerdotale avec la médecine expérimen tale ou rationnelle, ne fût-ce que pour définir la situation des médecins séculiers par rapport aux prêtres des dieux guérisseurs et, en particulier, d'Esculape. 1. Médecine sacerdotale et médecine laïque. C'est une idée fort répandue que la médecine grecque du va siècle est sortie des temples, où elle avait été cultivée surtout par les prêtres d'Esculape, et qu'Ilippocrate, en sécularisant l'art de guérir, mérita d'être appelé le père de la médecine. L'étude des textes historiques et même légendaires ne confirme pas cette manière de voir. Elle nous montre, au contraire, que la médecine laïque, née de l'expérience I, et du raisonnement, est aussi ancienne que la médecine théurgique, qu'elle se développa parallèlement à cette dernière et, sans échapper àson influence, lui donna, en somme, plus qu'elle n'en reçut. Nous 210 MED 1668 MEI) art qu'en littérature. Il est représenté sur plusieurs vases de l'Italie méridionale. Il faut citer surtout la grande composition (hg4877) d'un vase de Canosa conservé à Munich : au milieu du registre supérieur se dresse le palais où expire Créuse ; au-dessous, une figure allégorique, la Fureur (O s'r o;), maintient l'attelage de serpents; Médée, sur la gauche, vêtue d'un riche costume oriental, s'apprête à percer du glaive un de ses fils qui s'est réfugié sur un autel ; un serviteur protège son second enfant; à droite accourt Jason suivi d'un doryphore, et, un peu en recul, apparaît l'ombre d'.1eétes, qui évoque les origines de cette tragique histoire'. Deux arnphores, provenant de Nola et de Cumes, représentent le meurtre des enfants 2. Sur une autre amphore trouvée à Canosa, Médée s'enfuit emportée par son char de dragons et poursuivie par Jason' ; enfin une autre peinture de vase la montre chevauchant un dragon et tenant encore son glaive à la main .". La statuaire et la peinture antiques ont été inspirées par ce même sujet". En fait de statues, il ne nous reste guère aujourd'hui qu'un groupe de Médée et ses enfants conservé au Musée d'Arles'. Peut-être a-t-on quelque réminiscence d'oeuvres célèbres dans les sculptures des sarcophages et dans les peintures murales de la Campanie. On ne con naît pas moins de onze sarcophages, entiers ou fragmentaires, qui se trouvent à. Rome, à Paris, à Berlin et ailleurs, où se déroulent, plus ou moins complètement, les différents épisodes empruntés aux amours de Jason et de Créuse et à la vengeance de Médée': on y distingue le mariage de Jason et de Créuse, l'échange des présents entre les époux, la mort de Créuse, le meurtre des enfants de Médée, la fuite de la magicienne sur son char traîné par des serpents (fig. 4878) 8. Parmi les peintures murales, une des plus remarquables provient de la maison des Dioscures à Pompéi : Médée, la main sur la garde de son poignard, jette un regard sur ses deux enfants qui, jouent aux osselets à côté d'elle sous les yeux de leur pédagogue (1879) f. Enfin c'est encore à la même tragédie que sont empruntés les motifs de deux terres cuites, l'une au Musée de Naples t', l'autre à Berlin", et d'un certain nombre de gemmes 12. A. la légende athénienne se rapportent les peintures de quelques vases : une coupe de Kodros, où l'on voit Médée au milieu de la famille royale d'Egée", un vase provenant de Panticapée qui MED 1667 ME[) qui renferme des drogues', parfois aussi un rameau de laurier ou de genévrier 2 ; d'autres fois elle est armée du poignard qui doit donner la mort à ses enfants (fig. 4879). Nous ne mentionnerons pas ici les monuments figurés off l'on reconnaît la première entrevue ou encore le mariage de Jason et de Médée; la plupart ont été cités à l'article JASON, comme aussi ceux qui figurent les différents exploits du héros en Colchide, et où. d'ordinaire Médée est présente 3. La victoire sur Talos, en Crète, est le sujet d'un beau vase de Ruvo avec une variante inconnue aux textes : le géant, dompté par les philtres de Médée, tombe aux mains des Dioscures `. Au séjour de Médée à Iolcos se rattachent les épisodes d'Aeson et de Pélias qui ont fourni les motifs de plusieurs vases peints. Le rajeunissement d'Aeson se voit sur une hydrie de Musée Britannique', probablement aussi sur un lécythe à. figures noires de Leyde où Médée assise, tenant à la main la baguette magique, regarde sortir Aeson, sous l'aspect d'un enfant, de la marmite'. Un miroir étrusque représente le rajeunissement d'Aeson ou, suivant une autre interprétation, de Jason (f'asun) par Médée qui lui tend une coupe'. La cuisson du bélier dans le chaudron magique, en présence de Médée, de Pélias et de ses filles, a été plusieurs fois traitée, avec des variantes, par la céramographie : on en a vu un exemple à l'article MACLA, fig. 4780' ; même sujet sur un stamnos de l'ancienne collection de Canino', sur une pyxis inédite du Louvre reproduite plus haut (fig. 4876), sur une kylix du Museo Gregoriano 10. On le voit encore dans deux peintures pompéiennes 11 et un bas-relief attique du Musée de Latran Le drame de Corinthe n'a pas eu moins de faveur en MED 1666 MED très probablement l'inventeur, a été suivie depuis lors par la tradition littéraire ainsi que par les monuments figurés'. Les enfants, nommés d'ordinaire Merméros et Phérès 2, eurent leur sépulture et un monument à Corinthe Médée, le crime accompli, s'enfuit à Athènes auprès du roi Égée, ou, suivant une autre tradition, à Thèbes, où elle guérit Héraclès de sa folie". On a vu, à l'article JASON, les différentes versions sur la mort du héros. Hérodote mentionne déjà le séjour que fit Médée à Athènes'. Les deux scènes où figure Égée dans la tragédie d'Euripide indiquent que cet épisode appartient à la légende athénienne'. Une autre pièce d'Euripide, aujourd'hui perdue, Aiyo' ç, avait justement pour thème le rôle de Médée à la cour du prince.Nous en connaissons le contenu par un scoliaste d'Homère : Médée, après sa fuite de Corinthe, épouse Égée. Quand Thésée revient de Trézène, elle le dénonce au roi, qui n'a pas reconnu son fils, comme un rival et le décide à l'empoisonner. Thésée va boire la coupe, lorsque son père le reconnait à l'épée et à la chaussure qu'il lui rapporte de Trézène ; Médée, démasquée, est chassée d'Athènes'. Ces détails sont conformes, dans l'ensemble, au récit de Plutarque 8. D'après Apollodore, c'est aussi sur le conseil de Médée qu'Égée envoie son fils Thésée combattre le taureau de Marathon'. Plusieurs textes mentionnent un fils Médos né d'Égée et de Médée 1o. Diodore est le seul auteur qui rapporte que Médée, à son arrivée en Attique, comparait pour ses crimes devant l'Aréopage, qui l'acquitte". D'Athènes, Médée se rend, d'après Cratès ", à Ephyra en Élide. La tradition la fait généralement retourner en Asie. Il ne faut voir, dans ce dernier épisode de sa légende, qu'une exégèse étymologique destinée à expliquer le nom de la Médie, qui viendrait d'elle ou de son fils Médos, né de Jason ou d'Égée". Elle chasse l'usurpateur Phérès, qui règne en Colchide, et rend à son père Aeétès son royaume ". D'après Diodore, Médos est né de ses amours avec un prince asiatique'°. Dans d'autres versions encore, Jason, réconcilié avec Médée, l'accompagne en Asie, et conquiert avec Médos et Arménios de vastes territoires dans l'intérieur du pays ". Enfin, après sa mort, la poésie fait d'elle l'épouse d'Achille dans file Leucé 1". A Rome, elle a été identifiée Les mythologues modernes ne s'accordent ni sur l'an tiquité relative des différents éléments qui ont constitué la légende de Médée ni sur le sens qu'il convient de leur attribuer, ni par suite sur le caractère primitif de Médée elle-même. Pour les uns, c'est dans la tradition corinthienne que se retrouvent les traits originels ; son rôle dans l'expédition des Argonautes ne serait qu'un épisode adventice et surajouté". Pour d'autres, le mythe est thessalien d'origine, et la poésie dorienne l'a adapté ensuite à des légendes corinthiennes ". On a souvent insisté sur les points de contact que présente Médée avec la déesse Héra, et de nombreux savants ont reconnu en elle une divinité lunaire 20. Il ne parait pas cependant qu'ily ait dans sa légende d'indices suffisamment décisifs pour imposer cette interprétation. Les traditions qui la rattachent aussi bien à Hélios et à Hécate qu'à Héra s'expliquent d'une manière aussi satisfaisante par son caractère de magicienne. C'est sous son aspect de magicienne que les anciens, dès l'époque la plus lointaine où nous puissions remonter, l'ont toujours considérée" : c'est aussi celui auquel la critique de la magie moderne doit sans doute s'arrêter en dernière analyse. Qu'il faille chercher son berceau à Corinthe ou à Iolcos, c'est la Thessalie, la terre classique de la magie, qui, en tout état de cause, a développé la légende et a imaginé la plupart des épisodes caractéristiques. Il est vraisemblable que Médée a été conçue à l'origine comme la fée bienfaisante, par opposition à Circé qui change les hommes en bêtes; son rôle, à l'origine, est tout entier dans l'appui qu'elle donne au héros thessalien, Jason 92. La résistance de son père cause son premier crime; c'est le point de départ d'une série de forfaits, qui va frayer la voie à une conception différente. Le meurtre de Pélias est une nouvelle conséquence de son dévouement à Jason. Euripide achèvera la transformation en faisant d'elle la mère dénaturée qui va jusqu'au massacre de ses enfants. Pour les différents procédés magiques qui sont attribués à l'art de Médée, voir l'article MAGIA, p. 1.498 et suiv. Monuments figurés. Sur les vases peints, et notamment dans la céramique du style le plus récent, Médée porte souvent le costume asiatique à longues manches et le bonnet phrygien ; cependantlarègle n'est pas absolue ; dans les oeuvres plastiques notamment, comme aussi dans les peintures murales, elle est souvent vêtue du chitôn hellénique. En sa qualité de magicienne, elle a pour attribut une petite boîte carrée qu'elle tient à la main et MED 1665 MED fois usurpé le trône, a contraint au suicide les parents de Jason et fait périr leur jeune fils Promachos 1. A son arrivée, Médée aide Jason à tirer vengeance de ces attentats. Elle abuse les filles de Pélias en leur promettant de rajeunir leur père; pour leur inspirer confiance dans les vertus de sa magie, elle transforme sous leurs yeux en agneau un bélier dont elle a fait bouillir les membres dans un chaudron; sur son conseil, les Péliades dépècent le corps de leur père ; mais, le forfait accompli, la magicienne ne prononce pas la formule qui doit rendre au roi la jeunesse avec la vie (fig. 4876) 2. A la suite de ce crime, Médée et Jason sont chassés du pays par Acastos, fils de Pélias3. Cette fable, à laquelle Pindare fait déjà une allusion", avait fourni le thème à deux tragédies de Sophocle' et à une tragédie d'Euripide ". Dans la tradition commune, le séjour de Médée à Corinthe est motivé par l'exil qui chasse les époux d'Ioicos Toutefois le rôle de Médée dans le culte indigène de Corinthe, l'ancienne Ephyra 8, induit à penser qu'il y a eu un raccord artificiel entre l'expédition des Argonautes et la légende corinthienne ; quelques savants ont même pensé qu'il faut chercher dans celle-ci l'élément le plus ancien du mythe. Au dire d'Hésiode et d'Alcman, Médée était adorée à Corinthe comme une divinité'. Il semble qu'il y ait une connexion entre le culte dont elle était l'objet et celui d'Hélios, le dieu primitif de l'Acrocorinthe 10. Nous y trouvons Hélios associé à Aphrodite 11 : or une tradition nous apprend justement que Médée était censée avoir fondé le culte d'Aphrodite à Corinthe f9. Les dragons ailés qui, dans quelques récits, transportent à travers les airs le char de Médée, ne sont sans doute qu'une réminiscence des attributs d'Hélios 13. D'autre part, nous trouvons Médée attachée, comme prêtresse, au culte d'Héra Acraea, qu'elle aurait fondé, et qui avait pour siège un temple bâti, non loin de la ville, sur le promontoire qui ferme l'entrée du golfe de Léchaeon, en face de Sicyone'". Une tradition parlait des amours de Zeus pour Médée, amours repoussées par celle-ci par crainte de Héra ; la déesse, touchée de ses scrupules, l'aurait admise dans son sacerdoce ". La fête annuelle célébrée dans le ternple d'Héra Acraea [HERAIA, p. 771 avait un caractère expiatoire. On racon tait que Médée ayant laissé ses enfants dans le sanctuaire, les Corinthiens, par haine de l'étrangère, les lapidèrent dans cet asile. Une peste étant survenue dans le pays, l'oracle prescrivit d'instituer un culte pour les enfants de Médée 16 ; sur leur tombeau, on dressa l'image de l'Épouvante17 ; quatorze enfants, sept garçons et sept filles, choisis parmi les familles nobles, passaient une année dans le sanctuaire, les cheveux coupés ras et vêtus de noir, et célébraient le culte de la déesse par des chants d'un caractère mystique13. Il est vraisemblable, comme on l'a supposé, que ces rites expiatoires en l'honneur des enfants de Médée ont pris la place de sacrifices d'enfants qui étaient liés dans l'origine au culte d'Héra1J. Par là se trouverait confirmée l'affinité primitive entre les cultes de Médée et d'Héra, celui-ci peut-être importé d'Argos 20, et l'on a pu supposer que cette dernière divinité s'était substituée à la déesse indigène, Médée". Dans d'autres traditions corinthiennes encore, Médée passait pour avoir été reine du pays, épouse du légendaire Sisyphos22. Eumélos et Simonide, au contraire, font de Jason et de Médée les souverains légitimes de Corinthe 23. Puis la légende se modifie encore : Jason et Médée sont des étrangers arrivés d'Iolcos à Corinthe 24, où la royauté est exercée soit par Créon 25, soit par son fils Hippotès 26. Médée mérite la 'reconnaissance du pays en le délivrant d'une famine par un sacrifice offert à Déméter et aux Nymphes Lemniennes, soeurs des Cabires [CAHnu, p. 769, n. 278 ; CERES, p. 1024, n. 108j. La mort des enfants de Médée n'était pas imputée dans l'origine, comme nous l'avons vu, à la magicienne ellemême, mais aux Corinthiens; elle était expliquée par leur haine contre l'étrangère 27. Puis elle fut motivée par l'inconstance de Jason. Le héros abandonne Médée pour Thétis26 ou pour la fille de Créon, que l'on appelle tantôt Glauké 2°, tantôt Créuse 30. Médée se venge de l'infidèle en faisant périr sa fiancée par l'envoi d'une tunique empoisonnée, ou encore, suivant Diodore, en mettant le feu au palais royal". Les Corinthiens, par représailles, mettent à mort ses enfants 32. On sait qu'Euripide, dans sa Médée, a donné un autre dénouement à ce drame : c'est Médée elle-même qui, pour punir Jason, égorge les enfants qu'elle a eus de lui. Cette version, dont il est MED 166i MED Les textes les plus anciens associent déjà Médée à la légende des Argonautes [AROONAUTAE] et aux aventures de JASON. Le catalogue qui termine la Théogonie d'llésiode mentionne le rapt de la fille d'Aeétès par Jason I1 était question, dans les A-aupactia de Karkinos et dans le poème d'Eumélos de Corinthe, des exploits du héros et de l'assistance que lui prête Médée2. C'est dans Pindare que nous avons conservé le premier récit systématique de cette légende 3. Elle est devenue surtout populaire par le poème d'Apollonius de Rhodes qui n'a guère fait qde mettre en oeuvre et développer le thème transmis par ses devanciers 3. Égarée par la passion violente que lui inspire Aphrodite 3, Médée prend le parti de Jason contre les résistances d'Aeétès. Elle obtient du héros la promesse qu'il la prendra pour femme et l'emmènera en Grèce. Sur la garantie de ce serment, elle l'assiste dans les redoutables épreuves qui lui sont imposées. Au mo ment où il part pour aller dompter les taureaux divins, elle lui fournit la drogue dont il doit s'enduire, lui et ses armes, et qui le rendra invulnérable au fer et feu'. C'est elle encore qui lui enseigne le stratagème auquel il a recours pour diviser entre eux les Spartes nés des dents du dragon'. Enfin, quand Jason affronte le dragon, gardien de la Toison d'Or, c'est Médée qui compose le philtre destiné à l'endormir'. Après la conquête de la précieuse toison, les deux amants s'enfuient sur le navire Argo, en semant sur leur route, pour retarder la poursuite d'Aeétès, les membres d'Absyrtos, que Médée a égorgé' ou empoisonné 10. Elle devra plus tard, pour se faire purifier de ce meurtre, se rendre auprès de Circé ". Toute la trame de cette légende a pour point de départ la passion violente de Médée pour Jason. Mais de très bonne heure, il s'y joint la promesse d'un mariage so lennel faite par Jason 12, C'est en effet sous la forme d'un hymen régulier et légitime que nous est présentée l'union des deux amants : ce trait, dû peut-être à la poésie généalogique des Doriens 13, est fortement marqué dans la légende : si bien qu'on a pu soutenir la thèse paradoxale que les aventures de Jason et l'expédition même des Argonautes ne sont pas autre chose que le développement poétique de l'iirbc y4.oç de Jason et de Médée et de la conquête de la fiancée par l'époux : c'est là qu'il faudrait chercher le coeur même de la légende et sa signification originelle ". D'après certaines versions, c'est en Colchide même que le mariage aurait été célébré"; une seule indique Byzance `l ; le plus grand nombre en localisent la conclusion à Corcyre, file des Phéaciens, et colonie de Corinthe : un sacrifice annuel en perpétuait le souvenir dans le temple d'Apollon iNomios; dans ce même sanctuaire, Médée aurait fondé les autels des Nymphes et des Néréides en commémoration de son mariage ". Divers enfants, dont les noms varient avec les textes et les localités, sont nés de cette union [JASON, p. 617]. Il faut naturellement supposer Médée présente aux diverses péripéties qui marquent le retour des Argonautes ; mais on ne lui voit guère jouer un rôle que dans la lutte contre Talos, le géant d'airain, qu'elle dompte par un charme48. L'arrivée à Iolcos et la remise de la toison d'or à Pélias forment le dénouement de l'expédition des Argonautes. D'après une des formes de la légende, Jason et Médée vivent à Iolcos réconciliés avec Pélias ; Médée, par les procédés de son art, rend la jeunesse à son beau-père Aeson 19, à son propre époux Jason 20 et aux Hyades, les nourrices de Dionysos 21 ; Pélias meurt et les Argonautes participent aux jeux magnifiques qui se célèbrent à l'occasion de ses funérailles 22. Une autre forme, plus récente apparemment, de la tradition, a multiplié les crimes dans la famille royale' d'Iolcos 2a Pendant l'absence des Argonautes, Pélias a une seconde MED -1.663MED pain ou à galette étaient ordinairement en bois'. On trouve le même terme mentionné dans une inscription, parmi les vases apportés en offrande et faisant partie du mobilier d'un temple'. Il avait passé dans le latin et Horace l'emploie pour désigner un plat creux, contenant de la volaille (fig. 4875)3. Ces récipients étaient de grandes dimensions °. E. POTTIER.