Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MATRIMONIUM

MATRIMONIUM. P«h.o,. 1. GRàt'i';. Nous envisa gerons d'abord le mariage au point de vue juridique, en laissant de côté tout ce qui a trait aux mœurs, aux coutumes et aux cérémonies du mariage, du moment qu'elles ne rentrent pas dans le droit matrimonial proprement dit. 1 cet égard, d'ailleurs, ici comme dans bien d'autres matières du droit, les sources sont assez pauvres ailleurs qu'à Athènes. La loi de Gortyne ellemême qui, en dehors de l'Attique, est la source la plus riche, et qui renferme nombre de dispositions intéressantes concernant le droit de famille, ne traite, dans l'état où elle nous est parvenue, que de quelques points spéciaux du mariage, notamment de la dissolution du mariage par le divorce et des effets de cette dissolution en ce qui concerne, soit les biens des époux, soit la condition des enfants nés après le divorce. Les règles posées par la loi de Gortyne à ce sujet ont, du reste, été précédemment exposées [voir olvouTit-rt, p. 371 ; DOS, Dans la Grèce antique, le mariage est loin d'avoir le caractère élevé qu'il présente dans les législations modernes. Son objet principal n'est point l'union de deux êtres qui se connaissent et qui s'associent pour le bonheur comme pour les peines de la vie; c'est avant tout, en unissant deux personnes dans un même culte domestique, d'en faire naître une troisième qui soit apte à continuer ce culte. C'est ce dont témoigne à Athènes la formule sacramentelle qui, au dire de Clément d'Alexandrie, était prononcée lors de la célébration du mariage'. C'est ce qu'attestent également pour Sparte de nombreux témoignages 2. Aussi peut-on considérer comme très exacte la définition que donne l'auteur précité du mariage grec en général et du mariage athénien spécialement : l'union de l'homme et de la femme formée pour la procréation d'enfants légitimes 3. Aussi, en raison du rôle qui lui est assigné, à savoir de devenir mère et de donner de nouveaux citoyens â la cité, la femme athénienne, du moins à l'époque classique, n'occupe-t-elle au foyer domestique qu'un rang tout à fait secondaire GYNAECELSI1. Par contre, l'épouse est seule à ce foyer et n'a pas à craindre d'y voir une rivale. Non seulement, en effet, comme on l'a précédemment expliqué, l'unité du mariage est admise dans le droit athénien (BIGAMIA], mais encore l'épouse légitime n'a point à tolérer dans la famille la présence si insultante d'une autre femme, d'une concubine, donnant également le jour à des enfants légi MAT 1638 MAT que fa triade est une sorte de synthèse artistique et religieuse à la fois, peut-être nuitée de celles qui sont usuelles dans la religion gréco-romaine et se résolvant dans l'idée plus générale de la pluralité, laquelle est attestée par tous les monuments épigraphiques sans exception. D'autres monuments varient les attitudes, en ce que la figure du milieu est représentée debout et les deux autres assises, ou réciproquement, sans qu'il y ait lieu de voir là autre chose que des fantaisies artistiques C'est à tort que M. J. Becker, a cru pouvoir démontrer que les figures féminines chevauchant isolément sur des mulets ou des ânes, et dont un nombre assez considérable a été découvert en pays celtiques, représentent des Matres individuelles, pour cette raison que la coiffure quelquefois, la corne d'abondance et aussi le fruit symbolique les font ressembler aux Matres 2. Cette opinion n'est plus défendable aujourd'hui, après la double réfutation dont elle a été l'objet, au nom d'Epona par M. S. Reinach, au nom des Maires par M. Ihm qui s'est fait l'historien en titre de ces dernières divinités. Ce qui d'ailleurs n'est pas douteux, c'est que les cultes d'Epona et des Matres sont pratiqués dans les mêmes lieux et que leur diffusion, partie du même berceau, s'est opérée sous l'influence d'une piété identique. On peut s'en convaincre en comparant les deux cartes dressées, l'une par M. Haversfield pour les Matres-Matronae, l'autre par M. S. Reinach pour Epona 3. De plhs, les Matres sont souvent invoquées de concert avec Epona et peut-être même associées à sa légende 4; ainsi les M'aime sont nommées à côté d'Epona dans une inscription du pays de Dijon, alors que les Equites singulares à Rome rendent des hommages communs à la protectrice des chevaux et aux Matres qui, sous le vocable de Sulevi.ae et Campestres, sont les patronnes de la vie militaire et les gardiennes du camp 3p A Bregenz, sur le lac de Constance, on raconte encore la légende d'Hergotha, légende dont l'héroïne est Epona, qui y exerce une action tutélaire analogue à celle des :Matres 8. Deux espèces de vocables accompagnent d'ordinaire le titre de Matres ou de Matronae, les uns latins, peu nombreux et de signification assez vague, qui nous permettraient à peine par eux-mêmes de déterminer leur nature, les autres latinisés, mais à consonances celtiques ou germaniques, très fréquents, niais le plus souvent obscurs et livrés aux interprétations les plus conjecturales°. Quelques-uns cependant, dérivés de noms de lieux connus, nous fournissent des indications précises ; et tous ensemble sont suffisamment explicites pour nous faire distinguer deux ordres d'idées ayant inspiré et répandu le culte de ces divinités. Tantôt elles sont redevables de leur désignation spéciale à une localité, tantôt elles les tirent d'une qualité morale, d'une influence surnaturelle'. Nous avons déjà cité celles de domesticae, communes, macres omnium gentiunz, transinarinae qui impliquent des notions géographiques et ethniques. D'autres laissent nettement transparaître quelque bourgade ou pays connu', comme les Matres Mahlineae (Malines), Nersihenae (Neersen), Vacallainehae(Wakelendorp),Albiahenae (Elvenich), Gerudatiae (Gironde), Eburnicae (Ivours), NaN.aoatxaào=Nemausicis (Nimes), Afrae, Britannae, Britannicae, Brittae, Gallae, Gallicae, ftalae, Germanae, Noricae, Treverae, Suebac 1 e, adjectifs parfois remplacés par des génitifs possessifs comme Delmatarum, Pannoniorum qui sont connus ; Ausuciatium, Braecorium, Gallianatiurn, Masuonnum, etc. (nous ne mentionnons pas ici ceux qui sont germaniques), d'interprétation difficile ou conjecturale . D'une manière générale, on peut dire, avec un celtisant autorisé, qu'il est le plus souvent impossible de voir au premier abord si l'attribut est dérivé d'un nom de lieu ou non. o Souvent on ne sait à quelle langue attribuer certain mot latinisé, mais évidemment d'origine non latine. Car, tandis qu'il arrivait quelquefois qu'un étranger rendait hommage aux divinités de sa résidence temporaire, il n'arrivait pas moins souvent que l'un ou l'autre, se ressouvenant loin de son pays de ses dieux tutélaires, leur consacrait un monument à l'étranger n De même il n'est pas douteux que, parmi les appellations de provenance celtique ou germanique, bon nombre n'aient eu une signification morale" ; mais comme les linguistes sont loin d'être d'accord sur leur signification, on ne sera pas surpris que nous nous bornions à les mentionner. Nous connaissons celles qui, de forme latine et classique, ont une valeur honorifique ; il y faut ajouter le titre de Dominae'''. Viennent ensuite les vocables qui font rentrer ces divinités dans le cercle des génies protecteurs du foyer familial ou de la patrie, comme domesticae, paternae, maternae, trisavae 1G, ou simplement les possessifs meae et suae's. Une classe spéciale est celle des Matres campestres qu'ont honorées les Equites singulares à Rome, et aussi des soldats quelconques en divers lieux; elles rappellent les Génies spéciaux de l'armée et des camps que nous avons cités ailleurs". En ATR-CESAIE; 4°'',,1 u f LaV'ALEN T N [ Vi_YA-1v, r N'A x1M? R1opSARVM 206 Fig. te.8. né, fe-mère d'Angoulême. MAT '1637 MAT parler d'un bas-relief d`Avigliana sur lequel cinq femmes se tiennent par la main en dansant, au-dessus d'une invocation aux Matres, lesquelles ne sont pas sûrement ces femmes', il est question ailleurs de divinités analogues aux Matres, groupées par deux 2. Nous reprodui sons ici un monument encore unique dans son genre qui, trouvé dans le sol de la ville de Poitiers, représente les 'Ores groupées par deux sur une sorte de chaise euFig.4857.-Déesses-mèresdel'oitiers. rtlle ; Ufle Corne d'abondance est placée entre les deux eL sur leurs genoux sont déposés des fruits comme attributs caractéritiques' (fig. '1857). Et enfin, il n'y a aucune témérité à interpréter comme des Matres ou Matronae individuelles, des figurines en terre cuite, la plupart découvertes en Gaule, qui représentent des femmes assises, dans l'attitude et avec le costume de celles qui sont groupées ailleurs par triade, et portant dans la main ou une pomme, symbole de leur action bienfaisante et fécondante, ou la corne d'abondance'. Tel est le cas de la figurine, encore inédite, qui a été trouvée récemment à Angoulême et dans laquelle on a voulu voir quelque divinité égyptienne, opinion aussitôt abandonnée que formulée : nous estimons qu'elle doit ètre cataloguée également parmi les Matres ,fig. 4858). Cependant c'est le groupement par trois qui nous fournit la représentation caractéristique des Matres ou .Matronae; et parmi les monuments qui nous les présentent ainsi, le plus remarquable est la niche trouvée en 1875 dans le duché de Juliers en Prusse rhénane, aujourd'hui placée au musée de Mannheim (fig. 4859). Elle porte l'inscription : MATRON(is) CESAIEN(is) M. JUL(ius) VALENTINUS ET JULIA JUSTINA EX IMPERIO IPSARUM L(ibentes) M(erito). Le vocable Cesaienae ou Gesaienae reste obscur; Tacite cite un Julius Valentinus parmi les chefs du soulèvement des Bataves en 70 ap. J.-C.', mais le nom est fréquent dans cette région. L'inscription, en grandes capitales, soutient la niche où les Matronae sont assises sur une banquette à dossier, munie de coussins et dont les 1 Bonn. Jahrb. 83, p. 48, et lbm, Matrmzenkallus, p. 48, Ill, ns 35; cf. 1877, p. 297. 2 Cc sont les duce Alaisiogiae qui, sans être nommées maties, rentrent apparemment dans cette catégorie, comme un grand nombre de personnifications féminines de même nature, toujours nommées au pluriel et par le seul vocable, avec ellipse du nom Matres. Voir Ihm, chez Roselier, p. 2472, monument a été reproduit par de Caumont, Abécédaire d'Archéol. in galloron1., p. 260, puis cité par de la Ménardière, Op. cit., p. 15, mais sans allusion à sa particularité la plus curieuse, le groupement par deux. Tudot, Figurines gauloises, Paris, 1860, p. 15; cf. Monceaux, Le grand Temple du Puy-de-D6nae, Beve histor. 1887, p. 256. 3 Cf. Chauvet, Hypoth. sur une statuette antique, Angoulême, 1901, et la note de M. Poucart, p. 19. Il semble d'ailleurs que les Gallo-Romains aient confondu dans un même type certaines divinités romaines de premier rang avec leurs Matres indigènes. Le Musée des Antiquaires de l'Ouest (u' 91) possède un autel quadrangulaire .couvé aux environs de Poitiers, sur lequel VI. bras sont sculptés en forme de dauphins. Un chapiteau corinthien, sculpté à plat, est censé soutenir par le milieu l'entablement; extérieurement, sur chacun des flancs, sont représentés en haut relief d, personnages, dans la tenue etavec les attri buts des sacrificateurs;àdroite un homme en tunique courte, à gauche une femme vètue d'une longue robe transpa rente. Les déesses sont assises, drapées dans d'amples et épais vête)g.,( ments, un manteau recouvrant la robe qui tombe jus qu'aux pieds : sur leurs genoux elles portent des paniers où sont placés des fruits ; celle de gauche appuie familièrement la main droite sur le bras de sa voisine; celle-ci, qui occupe le milieu, est tête nue, de taille plus petite; les deux autres sont coiffées de bonnets dont les bords s'élargissent en turbans et que certains interprètes ont pris à tort pour des auréoles On retrouve la même coiffure sur un monument de facture grossière qui est originaire de Mtimling-Crumbach" ; ici encore la figure du milieu est tète nue, mais de taille plus grande que ses compagnes et placée sur un siège plus élevé. Un bas-relief de Londres, dont la partie inférieure seule subsiste, offre la même disposition, avec traces du même costume et sur les genoux des divinités les mêmes paniers remplis de fruits 10. Lyon possède une nielle analogue oit les Matres, surnommées Augustae par l'inscription votive, sont coiffées simplement de leurs cheveux roulés en bandeaux épais; celle du milieu tient, une corne d'abondance de la main gauche et une patère de la droite; toutes les trois portent des fruits dans les plis de leurs robes" (fig. 4860). Si l'on veut bien remarquer que nulle part les inscriptions ne mentionnent les !Matres ou Matronae comme allant par trois, on est fondé â croire sont grossièrement sculptées les figures de Cérès, Minerve, Hercule et Apollon. Cérès est assise, le polos en tête; sur ses genoux, dans les plis de la robe sont déposés des fruits ronds et la main gauche lient la corne d'abondance. V. de Lon qui a le tort d'appeler cette figure une Cybèle. " Tac. Hist. IV, 68-83. 7 Nous pensons, avec Baameister, L. c., qu'il n'y a aucun rapport mythologique entre ce poisson et la nature des Matres représentées. 8 Voir reproduit chez Roselier, Op. cit. p. 2469. -l9 Botnn. Jahrb. Ibid. p. 4l, et Ilun, chez Roselier, Ibid. 2470. Sur un bas-relief trouvé à l'abbaye de SL-Laurent de Belley, les Mères assises an nombre de trois portent sur leurs genoux un objet. rond que l'on peut à volonté prendre pour une miche on pour une corbeille. C'oep. insu•. lat. Xill, 2498, avec la dédicace : IN xoneae.n,... ue.ams... xeauucs. 1r Boissieu, limer. de Lyon, p. 56; reproduit dans Bonn. ✓aloeb. 83, p. 40, et chez Roselier, L. c. p. 2469. MAT 1636 MAT lions de celles-ci sont plus relevées et leur pouvoir d'une application plus compréhensive. Aux Maires les hommes s'adressent plus que les femmes ; et les Matronae semblent honorées assez souvent dans des conjonctures et pour des intérêts particuliers à leur sexe'. Ce qu'elles furent au juste les unes et les autres, nous l'apprenons d'abord par les pays d'off elles sont originaires et par la nationalité de ceux qui, en pays latin, leur adressent des hommages. A Rome, la religion des Maires figure parmi les cultes pratiqués par les FOUTES SINGFLARES, garde impériale qui se recrutait surtout aux bords du Rhin et du Danube 2: sur les inscriptions découvertes au Latran, oit ces soldats avaient une de leurs casernes, elles sont invoquées comme des divinités de la patrie absente. Les dédicants, soldats ou officiers de grade inférieur (le plus élevé en grade est un tribun) 3, sont manii'estelnentdes étrangers transplantés dans la capitale. De même en pays latin, les adorateurs des Matres ou ,Matronae, quand ils ne sont pas des soldats, sont des peregrini, marchands, esclaves ou affranchis, toujours gens de basse condition, quelquefois des femmes`. Datés, les monuments modestes qu'on leur élève sont à placer entre le règne de Caligula et celui de Gordiens ; c'est le 11e siècle qui en fournit le plus grand nombre. Hors de l'Italie, les inscriptions sont surtout fréquentes sur la rive gauche du Rhin, plus rares sur la rive droite; elles se multiplient à mesure que l'on descend vers la Lyonnaise. Nombreuses aux pays des Voconces, des Allobroges, dans la Narbonnaise orientale, il y en a chez les Séquanes, les Helvètes, les Lingons". Dans tous ces pays domine la dénomination de _patres; rllatrona au contraire est de règle dans la Gaule transpadane, exceptionnel dans la Gaule proprement dite, très fréquent en pays germanique, oit des vocables barbares, au sens le plus souvent obscur, le déterminent'. En revanche, la GrandeBretagne, qui nous fournit une ample moisson d'hommages aux Matres, semble ignorer les Matronae8, alors que l'Espagne, qui ne tonnait pas davantage ces dernières, ne figure que pour de rares documents dans la statistique des Matres ; mais partout, dans ces deux derniers pays, les dédicants sont des soldats ou des voyageurs qui ont transporté en pays étranger un culte de leur patrie. Particularité curieuse : l'Aquitaine et la partie de la Narbonnaise qui l'avoisine semblent à peu près indifférentes, aussi bien aux Matronae qu'aux Matres, comme si ces provinces étaient purement romaines. Cependant si en Aquitaine les inscriptions sont rares, c'est cette province qui nous fournit deux des monuments figurés dont il est question plus loin ". A ce point de vue, une épithète caractéristique est celle de translnarinae que donnent aux Mères les inscriptions de la Grande-Bretagne, afin de marquer qu'elles y sont venues du continent70: non moins démonstratifs sont les hommages aux Mères d'Italie, de Germanie, de Gaule, de Bretagne, d'Afrique, dont les auteurs sont des légionnaires stationnés à l'étranger l1. Quelques-uns généralisent en invoquant les déesses à titre de (Minesticae, de communes, de nzatres omnium yentium, ce qui doit s'entendre des nations que les Romains appelaient barbares, à l'exclusion des Romains eux-mêmes 12. Pour le surplus, la distribution géographique de toutes ces inscriptions en général, l'origine de ceux qui les élèvent là où les ont menés les hasards de leurs campagnes, et par-dessus tout le grand nombre de vocables celtiques ou germaniques (lui diversifient leur personnalité, nous permettent de ramener la religion des Mères à son berceau ; on peut hésiter entre la Germanie occidentale et la Gaule 13. L'opinion la plus probable, c'est que les :patres sont de provenance celtique et que celles qui ont l'allure germanique ont été importées sur la rive droite du Rhin. puis acclimatées en Germanie, par les Celtes qui y formaient un élément notable de la population, comme elles ont été plus tard acclimatées en Italie par les Germains et les Celtes de concert14. L'adoption devait être d'autant plus aisée que les Germains aimaient à diviniser la femme, à lui accorder l'intuition prophétique et une influence surnaturelle dans les affaires publiques et privées'". Un fait qui à ce point de vue est important, c'est que les représentations encore subsistantes des Macres ont toutes été trouvées dans les pays celtiques ou dans des régions de Germanie et d'Italie que les Celtes avaient occupées par immigration ou conquête 76, Toutes aussi ont subi l'influence de l'art romain pour l'ordonnance générale des monuments et pour le choix des attributs qui rendent les divinités reconnaissables. Celles-ci y sont d'ordinaire groupées en triade, ce qui les a fait identifier, dans l'antiquité déjà, avec les trois Parques ou FA'nA, auxquelles elles ressemblent à d'autres égards". C'est pour cela que des mythologues modernes les ont rapprochées des Nornes de la légende germanique et leur ont donné la même origine; d'autres même ont voulu y voir la personnification des trois Gaules1°. Toutefois ce nombre ne parait pas exclusif d'autres groupements ; sans MAT 1635 MA1' En fait, la synonymie maintenue entre les termes sa raison et même plusieurs raisons d'être. La distinction entre LQTpo)soy(x et «ai. tovovR, au sens de science des astres, n'aurait pu être que conventionnelle, comme elle l'est aujourd'hui'. Rien dans la structure des deux mots ne limite l'étendue de cette science. L'astrologie divinatoire a la prétention de tôurner en applications pratiques les données de l'astronomie, qu'elle est censée connaitre toute et en perfection. D'autre part, ces applications sont déterminées par des constructions géométriques et des supputations arithmétiques qui mettent à contribution tout l'ensemble des mathématiques, même et surtout des mathématiques pythagoriciennes, spéculant sur les propriétés intrinsèques et vertus occultes des nombres'. L'astrologie divinatoire est issue de dogmes religieux, quel'on retrouve à son berceau, en Orient; mais les Grecs ne l'ont connue que déjà revêtue d'un masque scientifique, et, dans les trois ou quatre siècles qui précédèrent la renaissance de la théosophie (néo-pythagoricienne ou néo-platonicienne), ils s'attachèrent à en éliminer tout alliage mystique. Les astres pouvaient toujours être appelés divins ou même dieux, au sens panthéistique du mot; mais leur action sur la Terre et ses habitants était expliquée par leur constitution matérielle, par les effluves de leur substance entrant en contact harmonique ou en antagonisme avec les éléments contenus dans les règnes de la nature terrestre, effluves analysés par la physique, dirigés par les lois de la géométrie et de la mécanique, évalués au point de vue de leur intensité par des calculs relevant de l'arithmétique. Physique, arithmétique, géométrie, géodésie même et géographie, celles-ci intéressées par la correspondance établie entre les zones et régions terrestres, d'une part, et les planètes et signes, d'autre part (chorographie astrologique), tout cela entrait dans l'énorme bagage de connaissances que les astrologues étaient censés posséder à l'état de sciences exactes. Le public leur accordait la réputation qu'il leur plut de prendre, et il n'est pas étonnant que, sans leur réserver, à l'exclusion de tous autres, le titre de mathématiciens, il ait vu en eux Ies mathematici par excellence.