Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MATHEMATICI

MATHEMATICI. Terme employé dans le langage courant, d'où il a passé dans les textes juridiques, pour désigner les astrologues, considérés comme les mathématiciens par excellence. Ce mot, qui s'est prêté à des déviations sémantiques sans que son sens primitif se soit jamais oblitéré, est né dans l'école de Pythagore. On dit que Pythagore faisait passer ses disciples par un noviciat qui leur imposait la règle du silence : les néophytes écoutaient («xouaTtxoi), sans avoir le droit de poser des questions. Cette première étape franchie, ils devenaient disciples ou apprentis (paAtiµartxoi). Leurs études terminées, ils étaient en possession de la science de la nature (uuatxo!) La philosophie pythagoricienne fondant sa physique et sa métaphysique sur la science des nombres, qui étaient pour elle l'essence des choses, c'est cette science des nombres qui était le µx9-r,N.2, les µ1A -iipactx, la patOlIp.aTtx(Ti/)v-t,). Le mot vague de « chose à apprendre» reçut ainsi de l'école un sens limitatif, qui s'est conservé dans toutes les acceptions, plus limitées encore, qu'il a pu recevoir par la suite. Il n'y eut de « mathématiques » que les connaissances reposant en dernière analyse sur la science des nombres. Pour les savants, les mathématiques comprenaient l'arithmétique [ARITIIAIETICA] ou science abstraite des rapports numériques, et l'application de ces rapportsàl'espace, application connue sous le nom accidentel et insuffisant de géométrie [GEOMETRIA]. Les pythagoriciens et platoniciens y faisaient entrer aussi la musique [3ILSICA], dont le vulgaire ne connaitqueles effets sensibles, et qui se résout pour l'intelligence en une succession ou combinaison de rapports numériques, causes réelles del' a harmonie ». Le monde étant pour eux une construction harmonique dans laquelle les distances respectives des orbes célestes au centre représentent les intervalles musicaux, l'astronomie [ASTRONOM1A) avait tous les droits possibles au titre de science mathématique. Il est aisé de comprendre que le langage courant le lui ait donné et l'ait appliqué ensuite à ce qui, des siècles durant, parut être le but ultime et le résultat pratique de cette science, c'est-à-dire à la divination aujourd'hui dénommée astrologie judiciaire ou simplement astrologie. Lorsque cette méthode divinatoire fut importée de l'Orient en Grèce, il y avait longtemps déjà que l'étude MAT 1632 MAT Bois de chauffage.Nous n'avons guère de rensei MAT 1631 MAT Bois de sculpture. L'art s'adressa aussi au bois pour en tirer des statues (çôava, ây),p.a'ra) de divinités et des ouvrages de divers genres, coffres, cratères, sarcophages, etc. [SCULPTURE]. Tous les bois qui résistaient bien à l'action du temps et qui n'étaient pas sujets à se fissurer furent employés 1. Il y avait à Olympie une statue d'Apollon en buis 2. Le cèdre, ayant la réputation d'être éternel, était très recherché; Rome possédait une statue d'Apollon en cèdre apportée de Séleucie3; il servit à représenter Vénus', Esculapet'; la statue de Diane à Éphèse était peut-être de ce bois 6. D'après Pausanias, les bois de chêne avaient été employés par les anciens dans la statuaire 7 : l'esculus 4,riyds) est plusieurs fois mentionné, entre autres pour une statue de Pan ". Le bois du chêne-liège aurait jadis été sculpté, si l'on en croit Théophraste, puis on y avait renoncé et on l'avait remplacé par celui du palmier'. Il y avait une statue de cyprès dans le petit sanctuaire d'Artémis à Scillonte 1p ; on cite encore une statue d'Orphée à Libèthre, en Piérie it ; une autre de Triton i2. Deux statues de Junon Reine en cyprès avaient été consacrées dans le temple de la déesse sur le mont Aventin, à la suite d'un prodige". Pline cite encore une statue de Véjovis, à Rome ", qui avait plus de six cents ans; et Pausanias, une statue d'athlète" L'ébène servit aussi à représenter les dieux et les héros : Apollon 16, Artémis 17, Ajax t6 ; on devait à Dipcene et à Scyllis des statues en ébène de Castor et Pollux et de leurs enfants 1D. L'érable paraît avoir été peu employé 20. Le figuier fut le bois préféré pour les statues de Dionysos Meilichios21 et de Priape" ; Pausanias fait aussi mention d'une statue d'athlète en figuier, qui avait mal résisté au temps". Le gatilier (zyvos, vitex) est mis par Vitruve, avec le peuplier, le saule et le tilleul, au nombre des bois bons pour la sculpture"; du premier on avait tiré une statue d'Esculape à qui, pour cette raison, on avait donné le surnom d'Agnitas 23. Le genévrier fut vraisemblablement employé aussi ; mais il n'est nommé nulle part". Prit-on la peine de sculpter des coupes de hêtre, ou est-ce une invention de Virgile Z7, comme le nom du sculpteur lui-même? Quoi qu'il en soit, ce bois n'est pas cité parmi ceux qu'employaient les artistes ; on fait en revanche mention du micocoulier L8. Une antique image d'Aphrodite avait été exécutée en myrte 20. La statue d'Athéné Poliade était en bois d'olivier 30, ainsi que les images de Damia et Auxesia, à Égine u ; une tête de Dionysos de la même matière avait été trouvée dans la mer II, 9, 13) la disent en cèdre, d'autres, les plus nombreux, prétendaient qu'elle était en ébène, et un personnage consulaire, Mucianus, affirmait qu'elle était en cep de vigne; cf. Plia. XVI, 21.3. Bliimner (Op. cit. Il, p. 256) croit que les statues de cèdre (silp,va) mentionnées par Pausanias étaient plutôt en bois de genévrier; cf. Schubart, dans Abois. Mus. N. S. XV, p. 106. 7 Paris, statue d'Hercule, Anth. Pal. IX. 337. 9 Theophr. V, 3, 6. 10 Xen. Anab. 37 s. f. Plia. XVI, 216. 15 Paris. VI, 18, 7. Pour d'autres descriptions de statues en cyprès, cf. Mar t. VI, 49, 4; 73, 7. 16 Pans. I, 42, 5. 17 plia. 22, 5. 20 Cf. Propert. V. 2, 59 (statue grossière antérieure à Numa); Ov. Ars Bucol. III, 36, il s'agit d'une coupe sculptée en hêtre. 28 Theophr. V, 3, 7; Fans. VIII, 17, 2. Selon Théophraste (IV, 2, 5), on aurait aussi exécuté des kyeaµaza en sébestéaier (persea), dont le bois ressemble à celui du micocoulier. par des pêcheurs de Méthymne". La racine de cet arbre servit pour faire des images de petite dimension 33. I1 y avait à Mycènes une très ancienne statue de Héra en poirier sauvage (àypxs) 3S. D'après une tradition, recueillie par Suidas, Massinissa avait envoyé aux Rhodiens de l'ivoire et du bois de thuya pour refaire les statues des dieux renversées par un tremblement de terre3'. Enfin on fait mention d'antiques statues en lois de vigne représentant Dionysos Baccheus'' ; Jupiter, dans la ville de Populonium 37, en Étrurie ; et la mère des dieux 38 Bois à tourner [TORNATIRA. -Les tourneurs usaient aussi beaucoup du bois 39 ; ils l'employaient lorsqu'il étai t encore vert, parce que, étant moins dur, il se laissait travailler plus facilement et ne fatiguait pas les outils Æ0. Parmi les bois les plus propres à cette industrie, on cite l'alaterne" (u)éx'ri), le buis 42, le frêne qui servait, ainsi que le mûrier (auxâ~tvos, 7norus), l'orme et le platane, à faire certaines pièces de gréement+3; le noyau du fruit du palmier doum"[LIGNA). Particulièrement avec le ctnur du pistachier on faisait des coupes (xuntxts), imitations de celles en terre noire appelées coupes de Thériclès. Ce bois, frotté d'huile, devenait meilleur et plus beau". Récipients. -Le hêtre était la matière de vases à boire très simples " [scvenus] que l'on enduisait de cire à l'intérieur ', Le chêne ((me a:us) servit polir des cratères CRATER] ; l'esculus gvyds) pour des coupes. Avec l'if ou fit en Gaule des espèces de tonneaux pour transporter le vin (rasa victoria), qui étaient regardés comme malsains'". Le lierre fut employé pour des coupes à boire [CODA]. Avec certaines excroissances du sapin (E1,iTr,) on faisait, en Arcadie, des cratères" ; avec la souche du tamaris (p.op(x•r„ myrica), des coupes52 (xd),lr.Eç). Instruments de musique. Le buis parait avoir été particulièrement recherché pour les tlûtes 53 (TIBIA en usage dans les cérémonies religieuses de Bacchus "', de Cybèle et dans les sacrifices en Étrurie 50. Il entra dans la construction de la lyre" et de la phorminx "7, ainsi que l'yeuse qui servait à faire les traverses ('oyx.)U8. Les flûtes de micocouliero0 (an,Tds, lotus) passaient pour une invention libyenne 60 ; à Rome, les flûtes des spectacles (ludicrae) étaient de ce bois 6t. L'invention de la flûte de laurier (t7zoyopàds aundç) était attribuée aux nomades libyens qui gardaient les troupeaux 62. On en fit aussi avec le sureau". Bois pour manches d'outils. Pour emmancher les marteaux et les tarières on se servait du buis, du frêne p. 151. Pausanias (Vlll, 17, 2) cite une statue de Hermès en thuya; cf. Dio Chrys. V, 3, 2: cf. Plia. XVI, 205, qui a cru que Thériclès était celui qui fabriquait ces 188 ; Plia. XVI, 185; peut-être en a-t-on sculpté, Virg. Racol. DI, 36. 48 Plin. XVI. MAT 1630 terebin(/las), la racine de sureau (xi , sambucus), l'y euset (-co?vos, fiez) ; mais l'arbre le plus recherché pour ce genre de travail fut le thuya ou citre 2 (edx, 96ov, citrus) dont on plaqua des lits 3, des tables 4, de petits plateaux et dont on fit aussi à Rome des tables massives, qui atteignaient des prix fabuleux°. C'étaient les loupes veinées de la racine qui fournissaient les plus beaux bois', dans lesquels on prisait surtout la nuance, la dimension, puis la disposition des veines. La couleur vineuse était la plus recherchée; les loupes dont on pouvait tirer des plateaux de table d'une seule pièce avaient naturellement une plus grande valeur et, dans les veines, on recherchait principalement les dispositions appelées tigrines. panthérines et pavonines, el aussi celle qui présentait comme des grains serrés les uns contre les autres et que, pour cette raison, on appelait apiiate (semblable à la graine d'ache). On recourait à divers moyens pour donner à ce bois toute sa beauté; les barbares, dit Pline, l'enfouissaient dans la terre encore vert et l'enduisaient de cires. Les veines de l'érable et du thuya furent imitées au moyen de l'écaille de tortue 9. Le bois du palmier doum (xouxto(pépov, ceci), élégamment veiné, était très estimé en Perse ; on en faisait des pieds de lits 70. Des deux variétés de pistachier de Syrie, celle qui avait des veines de nuance rouge foncée était utilisée pour les meubles de prix, lits, sièges ', etc. ; nous avons vu plus haut qu'on en faisait des placages ; ce bois fut imité aussi avec l'écaille de tortue". Parmi les bois employés pour les lits et les tables, il faut encore citer celui du sébesténier (aEsaéa, persea) 13. Avec l'yeuse on fit des pieds de lits14. Le bois du poirier sauvage (à-/(?7s, pires silves/ris) se teignait, peut-être aussi celui du noyer (juglans)t3 ; mais nous ignorons l'usage de ces bois teints. Bois de menuiserie (ISTLSTINr su oral]. -Si les parois et les portes d'une cabine du vaisseau de Hiéron étaient entièrement en buis 16, la menuiserie n'employa guère ce bois que pour de petites pièces qui exigeaient une matière compacte et non susceptible de se corrompre ou (le s'altérer par vétusté, par exemple pour des attaches destinées à fixer entre elles des pièces de bois; on employait encore pour ces attaches le cyprès, le genévrier, l'olivier, le rouvre". Le buis et les autres bois durs. comme le micocoulier, l'olivier, l'yeuse, servirent à faire des pivots de portes n (aioptyye„ sardines) pour lesquels on recommandait aussi l'orme, mais à la condition de l'employer tête en bas, sinon il se déjetait 19. Du rouvre, qui avait la particularité de ne pouvoir se coller ni avec MAT le pin ni avec le sapin '70, on fit des bardeaux (scandulac)', des seuils de portes22 des pièces de fermeture appelées repegula "3, des bancs '. Le bois si dur du cornouiller (xoâvata, cornus) fournit des coins et des chevilles 23. Avec le cyprès, qui prenait et conservait admirablement le poli, on faisait des jambages de portes u et des portes magnifiques ; ce bois avait servi pour celles du temple de Diane, à Éphèse, qui après quatre cents ans paraissaient encore neuves=' ; on en fit encore des coffrets" et des cercueils 29. Le frêne se prêtait à (le nombreux usages30 que nous ne connaissons pas tous; on fabriquait avec ce bois et avec le hêtre des espèces de lits élastiques (ràtvxplx ivôdr~x)N1, Du second on lit aussi des tables', des bardeaux" ; découpé en lames minces et flexibles, il servit à faire des coffrets, des cassettes3'". pour lesquels on employait aussi le tilleul Le houx, le laurier et l'orme fournissaient des traverses (ventes)". Le bois de l'if avait la réputation d'être durable et imputrescible 31; celui que produisait l'Arcadie était de couleur foncée ; au contraire, celui qui provenait de l'Ida était fauve et vendu quelquefois pour du cèdres. Le laurier trouva emploi pour la confection des lits39. La menuiserie utilisa aussi le mélèze, dont le bois était de bonne dimension et facile à travailler'. On sait que l'olivier avait fourni la matière du lit d'Ulysse construit par lui-même='. Le pin et le pipier donnèrent des bardeaux 42 ; de ces deux bois et de l'aune on fit des tubes pour conduites d'eau i3. Dans le bois très dense du poirier sauvage on taillait de petites tablettes, sur lesquelles les cordonniers affilaient leurs outils'`. Le sapin était réputé propre à toute espèce d'ouvrage de menuiserie" ; notalnmsnt la partie inférieure des troncs, que l'on appelait sappinea 10 LIGNA,'. On en faisait des portes;1, mais on avait soin de ne pas employer pour ce genre d'ouvrage les arbres qui avaient poussé à l'ombre, comme ceux de Krané, en Arcadie, parce que, s'ils étaient de belle venue, te bois n'en était pas très durable4". Le saule (salix) servait pour divers ustensiles de campagne et des sièges `9 ; peut-être même en fit-on des meubles, puisque, d'après Ovide, le lit et la table (le Philémon et Baucis étaient de ce bois5°. Le thuya, si recherché en ébénisterie, fournit au une siècle avant J.-C. la matière de portes dans le luxueux bateau de Ptolémée Philopator 51 ; une cabine du vaisseau de Hiéron avait des portes de thuya rehaussé d'ivoire 52. Le bois de vigne, bien que l'on vante ses qualités, ne fut guère utilisé, sauf dans des temps très anciens; ainsi l'on prétendait qu'on montait au faite du temple de Diane, à Éphèse, par un escalier fait d'un seul pied de vigne de Chypre 33 [LIGNA;. MAT 1629 MAT pin (7.Eéxrl' picea) servit à construire la coque et la quille des bateaux marchands ; on l'employa quelquefois pour les trières, quand on manquait de sapin'. Le bois du celui de Chypre, était encore plus estimé que le bois du pin'. Quoique le platane soit mentionné parmi ces bois", il ne semble avoir eu qu'un emploi restreint; les pièces de gréement tournées (ToovEla) que l'on faisait avec ce bois étaient très inférieures à celles que fournissaient l'orme, le marier et le frêne". Le bois le plus estimé est sans contredit le sapin' ; sa légèreté le faisait employer pour la construction des trières et des vaisseaux longs (N.as 7tXota)8; on en tirait des mats, des vergues (Tavotai, antennae) ° et des rames 10 ; entre autres, ceux de Krané, en Arcadie, fournissaient des nuits d'une longueur exceptionnelle, mais peu solides", On citait un sapin d'une grosseur extraordinaire, mat du navire qui, sous Caligula, avait servi â transporter l'obélisque du cirque du Vatican; il fallait quatre hommes pour l'embrasser; de pareils mats se vendaient 80000 sesterces 12. L'emploi du tilleul (tptaGpz, tilia) est signalé pour les planchers des longs navires (uaxpw) 7r),olwv aavt Pilotage et construction des ponts. Tous les bois qui n'étaient pas exposés à se pourrir dans l'eau convenaient naturellement aux pilotis. On cite, comme spécialement utilisé pour cet usage, l'aune qui, enfoncé en terre dans les lieux marécageux, passait pour avoir une durée indéfinie'' et pouvait supporter de lourdes charges15. Tous les édifices publics et privés de Ravenne reposaient sur des fondements de ce genre'". On fit aussi des pilotis avec le chêne rouvre (robur) et le chêne pédonculé (quercus), le mélèze, que Pline met au même rang que l'aune noir pour l'emploi dans l'humidité17, et l'olivier durci au feu. L'intervalle entre les pilotis était rempli avec du charbon'". Les mêmes bois ainsi que le sapin entraient dans la construction des ponts". Tibère avait fait couper en Rhétie des mélèzes destinés à reconstruire le pont de la Naumachie, à Rome 2". Les piles d'un pont romain, trouvées auprès de Zurzach, en Argovie, et celles du pont de Trajan, aux Portes de Fer, sur le Danube, étaient de chêne et de mélèze". Bois de charronnage. Le chêne rouvre, le hêtre blanc ou hêtre de montagne, le sapin entraient dans la construction des chars et des chariots2L. Pour faire les essieux on recourut, dès une haute antiquité, au bois du chêne esculus22 (tpriys); plus tard nous trouvons le VI. hêtre''-'; on employa aussi l'yeuse à cause de sa solidité, le frêne â cause de sa souplesse, et l'orme parce qu'il réunissait ces deux qualités". Dans les régions où ne poussait pas l'yeuse, comme en Élide et à Lacédémone, on utilisa le chêne-liège". Les roues pleines (tponpana) se firent peut-être en cyprès; ce bois servit aussi pour les rais 27 ainsi que le cornouiller2". Pour les jantes, on prit le peuplier (aïyEtpos, populos) et le figuier sauvage Les jougs se faisaient en érable" (avôau.vos, ~uyla, acer) [ciusA], en tilleul" ; celui du chai' de Priam était de buis 32. Différents bois avaient paru convenir aux diverses parties de la charrue [AHATHEM] : on recommandait le chêne (éUç) pour le sep ('é)wua)", l'yeuse (ttptvoç, ilex) pour Page ; pour le timon, le laurier (ôa(fv-ii, Taurus) et Forme"; ce dernier aussi pour la pièce appelée burin"; le hêtre pour le mancheron (stiva)37. Ces bois étaient exposés à la fumée avant d'être mis en usage 3". Bois d'ébénisterie. L'industrie de l'ameublement mit en oeuvre un assez grand nombre de bois, tant indigènes qu'exotiques, soit massifs, soit en placages fournissait des protubérances ou loupes, médiocrement prisées d'ailleurs, que l'on débitait en lames minces (lamnae) t«0 pour en revêtir d'autres bois. Le buis servit aussi à faire des placages, notamment de lits"; l'ébène (ë6Evos, hebenus) fut débité de même 10 ; ce bois dense et réputé inaltérable" est mentionné parmi ceux, qui étaient entrés dans la construction ou l'ornementation du temple de Diane, à Éphèse ". L'érable de montagne veiné 43, surtout celui que l'industrie italienne tirait de l'Istrie et de la Rhétie, était fort estimé pour les loupes de sa racine, appelées bruscuna et molluscum, dont on faisait des placages très recherchés polir les tables et les lits de luxe 1U. Le tronc lui-même fut aussi utilisé, vraisemblablement à 1 état massif, pour des sièges ", des lits", des tables", des espèces de plateaux (repositoria) "° â transporter les mets. Nombre de bois se taillaient en lames minces (lamnae, bracteae) 3' destinées à recouvrir une matière plus commune; outre ceux dont nous avons déjà fait mention, i1 faut citer le houx" (xs,).,aa'rpos, aquifoliunt), l'if "3 (u_),os, taxus), la racine de micocoulier 3'(ÂwTéS, lotus), le palmiert«yoivi', palma), le peuplier " (a(yttpos, populos), le pistachier (TÉputvOos, 205 MAT 1628 -MAT durée'. Si ce bois avait le défaut de s'incurver facilement, sa rupture imminente était annoncée par des craquements qui permettaient de prendre la fuite 2. Il ne paraît pas que l'on ait fait quelque différence entre le bois de l'olivier sauvage (x6Ttvoç, oleasler) et celui de l'olivier cultivé (E),xlx, olea). De ce bois extrêmement dense 3, mais cassant', qui résiste bien à l'humidité, à la vermoulure et au temps', on tirait de petites poutres 0 (taleae) et des pieux (poli) que l'on utilisait en position verticale 7. L'orme (nTEa€x, ulmus) donnait un bois de charpente qui se conservait bien à l'air 8, mais il passait pour se déjeter, inconvénient auquel on obviait en le faisant sécher comme le frêne ; alors, devenu sec et dur, il était employé, ce semble, aux mêmes usages que celui-ci'. En Assyrie et en Perse, le palmier trouvait emploi dans la charpenterie 10 pour les poutres en position horizontale, parce que son bois fibreux (isoSly,s) " facile à travailler, léger f2 mais solide, quoique cassantL3, passait pour avoir la propriété de se bomber sous la charge''`, ce qui tenait vraisemblablement à l'humidité de la couche de terre, épaisse de deux coudées, dont on couvrait les toits pour.se protéger contre la chaleur excessive 13. Résineux, lourd, noueux et incorruptible, le bois du pin 10 (ncéxq, nf;uç ", picea) était estimé à cause de sa rectitude, principalement pour les poutres en position horizontale, car on lui attribuait la même propriété qu'au bois du palmier 19. Le pinier (7cE1xr, -1yspoç, hinus) était aussi noté comme un bois de construction résistant bien àla carie et aux insectes i0. Mais le sapin (àkTri, aides) était prisé plus que les deux précédents comme bois peu dense, fibreux, facile à fendre, mais très solide 26 ; il fournissait d'excellentes poutres qui offraient une grande résistance et ne fléchissaient point ; on les employait notamment pour la charpente des toitures 21. La partie du tronc du sapin appelée fusterna [LIGNA' était particulièrement estimée 22. Ce bois passait en Grèce pour imputrescible; ceci a été contesté par Vitruve23 ; mais il faut remarquer que la qualité du bois différait selon les lieux oit les arbres avaient poussé. Ainsi les sapins de Krané, en Arcadie, fournissaient de belles poutres, mais leur bois n'avait pas la solidité de celui des arbres qui avaient crû dans des lieux exposés au soleil" [LIGNA . Nous voyons le saule et le peuplier mentionnés parmi les bois de construction ; mais nous ne savons pas exactement quel usage on en faisait 23. Quant au thuya, si recherché au temps de Cicéron comme bois de luxe20, il avait été employé dans son pays d'origine (la Cyrénaïque) pour la charpente des toits de quelques anciennes maisons 27. Le bois de vigne, malgré sa solidité et sa longue résistance à l'action du temps q8, ne parait avoir étti utilisé dans la construction que dans des temps très anciens ; on citait les colonnes en bois de vigne du temple de Junon à Métaponte, en Lucanie 29. A Pompéi on a constaté l'emploi du chàtaignier, du chérie, du hêtre, du noyer, du sapin et de diverses espèces de pins". vxunryfQt~x n, /nateria navalis 33). Ceux-ci étaient moins nombreux que les précédents. Parmi ceux qui pouvaient servir à ces constructions, nous trouvons naturellement les bois durs et imputrescibles capables d'opposer une longue résistance à l'action de l'eau de mer et aux tarets. L'acacia noir (xxxvrix yi)oeevy, shina Migra), dont on vantait la résistance à l'eau, s'employait pour la coque des bateaux". Les Égyptiens le débitaient en planches de deux coudées de longueur pour construire des barques de transport (7c),oia.l3o, L'aune (x),;Aox, (anus)", dont le bois, peu durable à l'air sec, passait pour se conserver indéfiniment dans l'humidité, servit en général à faire des barques. Mentionnons en passant le bois de ben ((30.«vos, balanus) [LIGNA:, sur l'emploi spécial duquel nous manquons de renseignements. En Syrie, en Phénicie et en Égypte, oit le sapin ne poussait pas, ce fut le cèdre qui fut le principal matériel des constructions navales ; on s'en servit pour les trières 37. Le chêne rouvre (robur) fut employé de préférence pour les bateaux qui devaient naviguer en eau douce 38. On l'utilisa aussi pour la carène des trières et celle de tout btîtimont qui devait être tiré à sec ; on ajoutait même une fausse quille en chêne aux bâtiments de transport pour cette opération 69; c'était à cause de la solidité de ce bois et pour que la quille pût résister, car on avait reconnu que si le chêne ne se corrompait pas dans l'eau douce, il n'en était pas de même dans l'eau de mer. Le cyprès est toujours mis au nombre des bois de ce genre40. Alexandre avait fait construire une flotte avec des cyprès coupés en Babylonie, dans les enceintes sacrées et dans les parcs appelés nxpsiu; ot 41. Le frêne n'était employé, ainsi que le marier (ouxsutvos, fnorus) et l'orme, que pou' certaines pièces de gréement travaillées au tour (TocvElx), pour les epotides (EnwT(dEç) et pour une pièce voisine de la carène, appelée CTEpiwLLzt2 [NAVis], Du hêtre on faisait de fausses quilles pour les bâtiments de petite dimension que l'on tirait à sec ; la pièce appelée yi),uayx était tout entière de ce bois4J. Le mélèze, malgré son incorruptibilité dans l'eau, n'était peut-être pas utilisé pour les constructions maritimes, car on le disait sujet aux tarets''. Dans l'olivier on:tailla des rames b5. Le MAT 1627 MAT [ler'el, findeee') ou kciés t:v 3, ^,,:etv :SERRA OU équarris ''ru? exâv do/are 6 rnoLAlul a) pendant qu'ils étaient encore verts, car les bois se prêtaient mieux à ces travaux préliminaires lorsqu'ils contenaient encore une certaine humidité'. On obtenait ainsi trois sortes de bois : les bois ronds ;,acç6y'u),x8, Potine/a°), les bois fendus ou sciés (a-/tai7, a~,azx50, /issilia"), les bois équarris 7:3nEx-r73, dolat0 "). On prétendait que les seconds se fissuraient beaucoup moins que les autres 13. 1.'aspr is [-LIGNA] et quelques autres (diènes de Macédoine étaient laissés en grume, sous peine d être inutilisables'`. D'après ceci, il est vraisemblable que l'on divisait le plus tut. possible les bois pour les différents métiers qui devaient les mettre en oeuvre. L'aubier était séparé du coeur e.x'OIIiurnar.e,,a, afin de ne pas employer ensemble des matières de qualités différentes'". Pour opérer la division on avait égard, dans certains cas, à la disposition des fibres, par exemple pour les sapins et les pins On se préoccupait ensuite du séchage" ; car seuls les bois qui devaient être travaillés au tour ou sculptés étaient employés encore un peu humides 17. Cette opération avait une grande importance, car il fallait prendre des précautions pour que la matière ne se fissurit pas ; on recommandait, pour obvier à cet inconvénient, de l'enduire de bouse de vache; ce procédé s'appliquait notamment aux bois durs dont on faisait des pivots de portes (arç8ptYyaç, ("andines) canin)] 90. Un antique procédé consistait à suspendre les pièces de bois dans des cheminées21. Pour certains arbres, comme le frêne et L'orme, le séchage précédait quelquefois l'abatage : on les laissait sur pied après avoir pratiqué vers le bas du tronc une profonde entaille circulaire22. Vois de construction terrestre [~'xoooutxr ü)., 2' On admettait comme matériaux de construction à peu près tous les bois, sauf ceux qui étaient trop faibles ou de dimensions trop petites; mais, selon leurs qualités, ils avaient des emplois difl'érents24. L'acacia blanc (xavOz, spinal fournissait des chevrons )-'ti.oç Ur,) de douze coudées de longueur 2J. Le bois du cèdre, regardé comme éternel, fut naturellement utilisé dans les contrées qui le produisaient; il entra dans la construction des palais de Persépolis 26 et d'Ecbatane 21, dans celle du célèbre temple de Diane, à Éphèse ; on citait encore les antiques poutres en cèdre de Numidie du temple d'Apollon à Utique 2". De plus on l'exportait, et les laeunaria de tous les temples célèbres en avaient été faits 2". Du charme 30 (iarcç, carpirras). estimé pour sa dureté et sa résistance il, ainsi que du chiilaignier, classé parmi les bois solides et durables, mais un peu lourds 32, nous ignorons le aile spécial dans la bâtisse. 1.e bois du chêne rouvre ! robot' , débarrassé de son aubier u, et celui du chêne pédonculé (quereus) [LIGNA] étaient rangés parmi les plus solides et les moins sujets à la pourriture 3'', ruais aussi parmi les plus difficiles à travailler" ; ils étaient fort employés dans la construction des maisons 3H, surtout pour les parties qui devaient être couvertes de terre ou d'eau douce"; au contraire, le bois du chêne escolus ,-gi; s'utilisait pour celles qui devaient se trouver au sec 3B. On préférait mettre les poutres de chêne dans la position verticale, à cause de la tendance qu'elles ont à s'incurver sous da charge qu'elles supportent "50. On vante le cyprès v. (7oç, cupressus) comme imputrescible et inaccessible à la vermoulure; il entrait dans les constructions de luxe40 Les Grecs regardent le figuier (aux=,, liens) cousine un bois solide, sauf en position verticales' ;les Latins paraissent n'en faire aucun cas". Le frêne t u En(x, fra.s'inlas) avait la réputation (le se déjeter facilement ; niais on remédiait à cet inconvénient en le laissant sécher sur pied ; alors il devenait plus dur et se comportait bien dans les assemblages43. Le genévrier (xsxEUBoç, juniperus), qui s'einployait aux mêmes usages que le'cèdre" et dont le coeur était même mis au-dessus de ce dernier ", était rangé parmi les bois imputrescibles qui se comportaient aussi bien à l'air libre que sous terre et, dans l'humidité''', car les poutres Crabes) du temple de Diane, à Sagonte, antérieur, disait-on, de deux cents ans à la guerre de Troie, existaient encore au temps de Pline ". Le bois du hêtre de montagne fores ) était fort estimé en Grèce et avait de nombreux usages": non seulement on le regardait comme incorruptible dans l'eau, mais on croyait qu'il devenait meilleur à l'humidité Y9 ; les auteurs latins disaient au contraire qu'il s'y corrompait rapidement. JO. 11 est vraisemblable qu'il s'agit d'espèces différentes, car Théophraste parle d'une variété noire qui venait dans les plaines et n'était guère utilisée [LIGNA]. Parmi les bois qui résistaient à. l'humidité et n'étaient pas susceptibles de se pourrir, le mélèze (fane) occupait une place importante. On en tirait de belles poutres qui pouvaient supporter de grandes charges dans la position horizontale ". Le noyer aussi (xa.cx t' orx'i„ ,juglans) fournissait de grosses poutres." employées pour les toitures et les constructions souterraines 63, car son bois passait pour incorruptible 3" ; tout au moins, il avait une longue MAT 1626 MAT de Jupiter; les peintures avec la carte de File conquise sont de l'ordre des ex-roto que les voyageurs et les naufragés offraient aux divinités qui avaient assuré leur salut ou leur retour'. Cependant Matuta, qui en recevait l'hommage, n'y semblait guère prédestinée ni par sa signification originelle, ni par le culte dont continuaient de l'honorer les matrones romaines'. Au lendemain du jour où elles avaient fait à Vesta les offrandes de mets dans les plats qui rappelaient le bon vieux temps, elles faisaient cuire, non pas au four, mais sur le foyer, dans des moules d'argile grossière, des gateaux rustiques, ceux-là mêmes dont Caton l'Ancien nous a conservé la recette et que confectionne Simulus dans le A[oreiunt de Virgile". Au temple même n'étaient admises que les femmes mariées ; celles-là seules avaient le droit de toucher à l'image de la. déesse qui n'avaient connu qu'un seul mari : uniu'irae 1. La cérémonie était interdite aux femmes esclaves; pour accentuer cette exclusion, l'une d'entre elles y était traînée de force, puis chassée honteusement, après avoir reçu un soufflet'. Autre coutume caractéristique : les matrones priaient, non pour leurs enfants propres à titre de mères, mais pour les enfants de leurs frères et soeurs en qualité de tantes'. Il ne manque pas de témoignages, les uns légendaires, les autres historiques, qui exaltent les fonctions de la tante dans la société romaine, vis-à-vis de neveux et de nièces qui seraient venus à perdre leurs mères'. Peut-être faut-il établir un rapport entre cette particularité du culte de Matuta et ce que nous avons dit ailleurs de celui (le Juno Sororia Jt_XOyss, p. 691'. Comment la vieille divinité authentiquement romaine est-elle dans la suite des temps devenue une personnification maritime? Si Portunus, ce que rien ne démontre, fat de toute antiquité considéré comme son Fils, la tra nsformation s'expliquerait d'elle-même; Portunuslui-même n'était, à l'origine, que le génie de l'habitation sédentaire; il avait une clef pour attribut et Janus était honoré sous le vocable de Portunus 3. Ce sont les progrès (le la navigation sur les côtes du Latium et a l'embouchure du Tibre, qui firent de Portunus et un dieu distinct et un génie maritime; de méine pour Matuta, les divinités du ciel clair étant fréquemment mises en rapport avec les choses de la navigation, chez les Romains comme chez les Grecs". Le changement est accompli à Rome au temps de l'expédition de Sardaigne. par T. Sempronius Gracchus ; ce fut, sans doute à cette époque que les hellénisants identifièrent Matu ta avec Ino-Lencothea et Portunus son fils avec Pala.emon-Melicertes f~LrrErTEs]. On peut voir, dans un long développement des Fastes10, comment Ovide, à. grand renfort de subtilités et d'assimilations bizarres, réussit à accommoder, pour Matuta et Portunus, les souvenirs de la tragédie grecque qui avait fait d'Iuo-Leucothea une de ses héroïnes préférées ; avant Ovide, Cicéron déjà nous permet d'affirmer que cette identification prenait pied dans l'opinion''. Cependant les archéologues ne sont pas d'accord, même lorsqu'il s'agit de confondre Matuta avec quelque divinité hellénique; nous voyons par Strabon que, Denys de Syracuse ayant ravagé en 384 av. J.-C. Pyrgi, le port de la ville étrusque de Caeré, et renversé un temple célèbre situé en ce lieu, les uns considéraient ce temple comme celui d'Ino, les autres comme celui d'llithvia : les deux points de vue se concilient si l'on y voit un sanctuaire de Matuta. La preuve cependant que les attributions maritimes de la déesse n'effacèrent pas entièrement le souvenir de sa première fonction, esta chercher dans les temples où elle continue d'être honorée. Deux seulement sont à proximité de la mer : celui de Pyrgi en Étrurie et celui de Pisaurum en Ombrie, oit nous avons déjà signalé le culte de àuuueA'3; les autres sont en plein pays de montagnes, comme celui de Bénévent chez les Samnites, ceux de Préneste et de Cora clans la partie la plus accidentée du Latium et celui de Calès en Campanie''°. Le plus célèbre, en dehors de Roule, est le temple de Satricum chez les Volsques. Lors des guerres de ce peuple avec le Latium, les assiégeants, épouvantés par une voix terrible sortie du sanctuaire, s'abstinrent de le brider avec tout le reste; et trente ans plus tard les Romains, qui reprirent la ville sur les Latins, firent preuve des rhèmes scrupules'. L'histoire de la seconde guerre punique fait mention, parlai les prodiges de l'an 206 av. J.-C. qui en compta un grand nombre, de la foudre tombée sur le temple de Satricum]°. En dehors de l'Italie, il n'y a pas trace d'un culte de Matuta; on a cependant trouvé à Béryte, en Syrie, une inscription votive par laquelle deux femmes, aux noms latins, dédient tin autel commun à Matuta età Juno, preuve que, même sous l'Empire, n'a pas disparu encore le sens primitif de sa divinité". J.-A. HILD.