Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MARRA

MARRA. Instrument d'agriculture et de jardinage, servant à enlever du sol les herbes et les racines nuisibles, sarcloir. Pline' dit qu'on l'emploie pour nettoyer la luzerne lorsqu'elle a trois ans, alors qu'on ne peut plus, en arrachant les plantes qui l'étouffent, détruire ses racines, qui ont poussé profondément. D'après Columelle2, MAR 1605 MAR Gaule. « Aujourd'hui, dit Pline, on taille les Alpes pour en tirer mille espèces de marbres'. » Il y a là certainement une hyperbole ; mais de ces nombreuses variétés, dont le versant de la Gaule transalpine ne fournissait sans doute qu'une partie, aucune ne nous est connue ; le sujet a été jusqu'ici peu étudié par les archéologues Le marbre noir de la Gaule, mentionné dans un texte 3, venait peut-être de l'Aquitaine, comme d'autres qui ornaient vers la fin du ve siècle une église de Lyon décrite par Sidoine Apollinaire'. On a relevé dans les Pyrénées les traces de plusieurs exploitations antiques 5 : Saint-Béat (Haute-Garonne). Marbre blanc, bon pour la statuaire, qui se rapproche des marbres de Paros et de Luna. Les carrières, largement mises à profit parles plus grands sculpteurs modernes, ont fourni dans l'antiquité la matière d'un très grand nombre de monuments, stèles votives, statues, bas-reliefs, etc., qui remplissent les musées du Sud-Ouest, depuis Toulouse jusqu'à Poitiers. On a calculé que les marbriers gallo-romains auraient extrait de la seule carrière de la Penne-SaintMartin « près de 6000 mètres cubes de marbre, dont les blocs ne doivent pas avoir beaucoup perdu, grâce à la régularité de l'exploitation. La tranchée a 40 mètres de hauteur maximum, sur 20 mètres de profondeur et 12 mètres de largeur. Elle ressemble exactement au vide d'une tour carrée, dont un des murs latéraux serait écroulé et laisserait voir les parois dénudées de l'intérieur'. Marignac, à 2 kilomètres de Saint-Béat. -Brèche à fond jaune avec des marbrures blanches ou rousses'. Une inscription trouvée à Marignac nous fait connaître deux personnages, qui les premiers y avaient taillé des colonnes monolithes de vingt pieds de haut, et les avaient exportées; ce document doit dater à peu près du me siècle'. Barousse (Hautes-Pyrénées). Marbre blanc, dur, présentant des analogies avec le Luna, mais d'un travail difficile'. Espagne. Les principaux gîtes se rencontrent au sud de la péninsule ibérique, dans la Sierra Morena et la Sierra Nevada. L'Andalousie, l'Estramadure (Espagne), l'Alemtejo, Estremoz (Portugal), possèdent plusieurs carrières importantes, signalées par les minéralogistes modernesf0. Il est probable qu'elles furent mises en VI. valeur par les Phéniciens et les Romains et que Pline a spécialement en vue ces différentes parties de l'ancienne Bétique lorsqu'il parle, sans préciser davantage, des carrières d'Espagne". Nous connaissons les suivantes : Albanchez, sur le versant nord de la Sierra Filabres, en Andalousie12. Pages nlarmorarius (Almaden de la Plata), dans la Sierra Morena, à l'ouest de Cordoue. Carrières où l'on travaille encore aujourd'huif3. Italica (Santiponce), près Séville. -Des carrières impériales devaient se trouver à peu de distance, car une inscription d'Italica mentionne un poste (statio) de scieurs de marbre, esclaves ou affranchis de l'empereur 14 Dalmatie. Carrières à Tragurium (Trac, Autriche), sur le bord de l'Adriatique''. Le marbre jouait un certain rôle dans la pharmacie antique; on lui attribuait, comme à beaucoup d'autres minéraux [GEMMA, LAPIDES;, des vertus curatives; réduit en poudre, il entrait dans diverses compositions; ainsi on le mêlait à de la cendre de poisson calciné pour en former une pâte, que l'on croyait propre à guérir le mal de dents 16 On se servait de la poudre de marbre (/Cos ou farina marinoris) ", comme on le pratique encore aujourd'hui dans le Midi, pour clarifier le moût, avec lequel on faisait le vin cuit appelé defrutum [vlriua] ". G. LAFAYE.