Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MAPPA

MAPPA. I. -Serviette et nappe de table. On a vu à l'article COENA (p. 1-280) et à l'article MANTELE (p. 1579) que les mappae se confondent sans cesse avec les mantelia, pour désigner les serviettes de toilette ou de repas et les napperons que l'on plaçait sur les tables elles-mêmes. C'est qu'en réalité la serviette, mantele, est devenue la nappe, à une époque assez basse 1. On n'en voit pas trace à l'époque grecque. Même à l'époque romaine, l'usage ancien était de placer les mets directement sur la table : on l'essuyait avec un torchon [GAUSAPAI entre les différents services Ce qu'on appelle les mappae, dans l'ordonnance des banquets, doit concerner souvent les linges et étoffes, plus ou moins ornés, qu'on plaçait sur les lits pour les draper a. Varron parle de mappae tricliniares'. Nous avons vu, en effet (p. 1580), que mantele et /nappa désignent non seulement des serviettes, mais toute espèce de linges, et même des parures de tête ou des vêtements. Le luxe des nappes paraît dater seulement des règnes de Titus et de Domitien ; le poète Martial fait allusion aux mappae qui couvrent le bois des tables Il est probable que c'est alors une simple serviette jetée sur le meuble; on peut l'emporter et la voler facilement s. Sous Héliogabale et ses successeurs, on voit apparaître les nappes dorées ou rehaussées de couleurs; certaines étaient ornées de broderies qui représentaient les mets et les comestibles du repas ', comme on le voit dans certaines fresques de Pompéi (fig. 1447 et suiv.). Il existait dans la maison impériale un service a mappis, c'est-à-dire des employés chargés de faire confectionner et de garder les serviettes et nappes destinées à la table de l'empereur 8. C'est surtout sous les empereurs chrétiens et pendant le Bas-Empire que l'usage des nappes se répand de plus en plus, sous le couvert d'une idée religieuse. Les objets sacrés ne doivent être touchés qu'avec des mains pures, enveloppées de linges blancs [voir MANTELE, p. 1581]; l'autel, pour être plus pur, sera aussi recouvert d'une étoffe blanche. De là les nappes d'autel et les nappes de communion dans la liturgie chrétienne. Les Notitiae dignitatum de l'Empire nous font voir, recouvertes d'une MAN 1592 MAP est chargée de réparer un ballislariuni 1. La légion III° Auguste fui lit un temple à Esculape2 ; la cohorte des Belges en construit à Liber Pater 3 ; la même légion IIP Auguste amène l'eau dans son camp 4 ; à Caernarvon c'est une cohorte de Sunuci qu'on occupe à un travail semblable 3. Par contre, pour les autres travaux on s'abstenait presque toujours de faire appel aux légionnaires ; s'agitil de refaire une route italienne, on réquisitionne des lirones juventalis novae italicae ° ; de relever les murs de itomula, une troupe de Syriens ' ; de percer un aqueduc à Bougie, des gésates et des marins' ; d'agrandir le port de Séleucie, une aile de cavalerie'. Une seule fois nous trouvons mentionnés ino'ontestablernent des légionnaires à propos d'un travail de cette sorte, mais c'est après la victoire de Vitellius, et les légionnaires font partie de légions qui viennent d'être vaincues : il y a là des conditions toutes particulièresi0. Dans l'exploitation des mines, cependant, les inscriptions citent des soldats ou des officiers appartenant à des légions, à côté de troupes auxiliaires et de marins". Leur participation à des travaux aussi pénibles et presque serviles serait surprenante si l'on n'avait déjà signalé des faits analogues, par exemple, à propos de l'établissement de la route de Coptos à la mer Rouge. On a constaté 12 que lors de ce travail on avait détaché cent vingt-huit légionnaires seulement sur les dix ou douze mille que la garnison comportait, tandis qu'on avait mis en mouvement mille deux cent soixante-treize auxiliaires sur un effectif total de six ou sept mille hommes ; on en a conclu que, dans ce cas, les légionnaires ne pouvaient que faire l'office de surveillants, les auxiliaires de travailleurs effectifs. Il en était de même dans les carrières: les détachements légionnaires et les officiers qu'on y rencontre dirigeaient l'exploitation et le transport des pierres LEGIO, col. 10631 ou même se contentaient de faire la police, veillant à l'exécution des travaux par les condamnés 13. Un fait comme celui que rapporte Tacite lorsqu'il nous montre Curtius Rufus faisant ouvrir une mine d'argent dans le territoire des Mattiaci par la main-d'oeuvre légionnaire, est une exception; il ne pouvait se produire que dans un pays à peine soumis et en territoire militaire : c'est presque une opération de guerre". R. CAGNAT.