Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MAPALIA

IAPALIA. Nom donné par les auteurs latins, d'après la dénomination indigène, aux habitations des tribus nomades de l'Afrique septentrionale. Hérodote, sans prononcer le nom de tnapalia, dit que les Libyens nomades habitent des huttes mobiles, faites de joncs entrelacés de feuilles d'asphodèle'. Dans la littérature latine, le mot paraît pour la première fois avec Caton 2. Salluste l'explique lorsqu'il raconte que les Numides ruraux, dans leur langue, appellent leurs demeures des mapalia, et que le toit de ces maisons, de forme oblongue et aux pentes incurvées, les fait ressembler à la carène renversée d'un navire 3. Pline donne aussi ce nom aux habitations, faites de joncs tressés, des nomades, Numides et Maures 4 ; et de leur côté, 'Pite-Live 3 et Virgile e nous représentent ces cabanes de sparterie, disséminées dans les campagnes de l'Afrique, comme des huttes de bergers. Au temps des guerres puniques, les Numides, dans leurs campements militaires, n'avaient pas d'autres abris que ces légères cabanes, soutenues intérieurement par quelques pieux enfoncés dans le sol : ce qui permit à Scipion de profiter d'un grand vent pour mettre, la nuit, le feu dans le camp de Syphax et jeter ainsi le désordre dans les quartiers de l'ennemi'. Citons encore le témoignage de saint Jérôme, disant que les rustiques demeures des Africains ressemblent à des fours 9. On peut rapprocher de ces divers textes quelques récentes découvertes de l'archéologie africaine. Deux mosaïques trouvées à El Alia, à 211 kilomètres au sud de Mahdia (Tunisie), dans une villa romaine représentent des scènes pittoresques et champêtres que l'artiste paraît avoir voulu placer sur les bords du Nil : on y remarque (fig. 1828), entre autres choses, des gourbis en treillis, qui ont la forme de ruches d'abeilles, rondes, à tige conique, et dont la pointe, en sparterie souple, est inclinée". Il est impossible de ne pas reconnaître ici les mapalia des auteurs latins. Une autre mosaïque, trouvée à Oudna (l'ancienne Uthina), a pour sujet principal une ferme avec l'habitation des maîtres, et, devant celle-ci, une petite chaumière basse avec toit triangulaire en chaume 12 : c'est la maison des esclaves ; elle ressemble aux cabanes des charbonniers dans nos forêts. Sur un sarcophage du musée de Philippeville, est figurée une petite chaumière d'un genre tout différent : c'est (fig. 4829) une cabane circulaire, en treillis, surmontée d'un toit conique en chaume; une femme se tient devant la porte, ayant sur sa tète une corbeille et tenant une cruche de la main gauche". Aujourd'hui, les gourbis mobiles et transportables des Berbères, qui affectent différentes formes, suivant les tribus, nous représentent les anciens mapalia; Ch. Tissot signale même des tribus des environs de Tanger dont les gourbis, faits de nattes tressées, affectent encore la courbe des flancs d'un bateau renversé". Cette dernière forme MAN 1591 MAN les gouverneurs de provinces auraient le droit. de préter aux municipalités le concours de travailleurs militaires' ; mais que jamais on ne devrait y faire appel pour le service d'un particulier, fùt-ce (l'un général 2. L'ordonnance remonte à Auguste et fut strictement maintenue dans la suite', C'est ce que confirme le témoignage des textes littéraires et surtout des inscriptions : nous y voyons les troupes de toutes sortes, légions et auxiliaires, employées à des constructions militaires dont le but est de défendre le territoire romain ou d'en faciliter l'occupation; à des ouvrages d'utilité publique, destinés surtout à assurer la sécurité ou la bonne administration de l'Empire, comme aussi à servir les intérèts de l'empereur et de la caisse impériale; enfin à des travaux qui devaient augmenter la prospérité des provinces ou celle des municipalités. I° Travaux purement militaires. Fortification des différentes frontières de l'Empire : limes de Bretagne', limes du Rhin, de la Germanie et de la Rétie °, linges du Danube, depuis Passau jusqu'à. son embouchure limes de Syrie et d'Arabie 3, limes de Numidie, de Maurétanie et de Tripolitaine8 jLIMESj ; construction de routes ° : vraie de Salona à Andetium par la légion VII° 10 route d'Aquincum à Mursa par la légion II° Adjutrix route de Dacie par la cohorte Ti Ilispanorum 12, route de Berytos à Biblos en Syrie par la légion III' ' Gallica'3, voie de Theveste àTacape''• et de Carthage à Theveste par la légion III° Auguste ; percement d'une voie à travers 1' Aurès par un détachement de la légion VI" Ferrant 10 établissement de la voie de Coptos à la mer Rouge par des troupes de l'armée d'Égypte sous Auguste, etconstruction d'un camp pour la défendre ainsi que de citernes échelonnées sur la voie " ; construction d'un pr'aetoriuin sur une route stratégique en Maurétanie. Tingitaue 1'; percement d'un grand tunnel à Séleucie de Piérie'' ; percement d'un canal entre la Meuse et le Rhin, qua incerta (»ce« ni vitarentue "0 ; d'un autre canal entre la Moselle et la Saône, ut Copia)' per ealn fo.ssam in Ithenum crin Oceanum accurrrerent21 ; construction d'une digue pour contenir le Rhin 2'' ; d'une basilic« e(luestrio exercitatoria à Netherby par une cohorte d'Espagnols n et d'une basilics semblable à Syène par une cohorte de Ciliciens 28 ; adduction d'eau de source dans un camp légionnaire"; édification de temples °'', de bains', de magasins2e pour les besoins des soldats; d'un amphis [haire pour l'amusement (les troupes et des vétérans fixés dans le voisinage'3, de monuments divers dans les villes issues des camps 'temples", fontaines'', arcs de triomphe 82 ; fondation de colonies sur le territoire d'une légion et en partie pour les vétérans"; tombeaux élevés en l'honneur de soldats morts sur le champ (le bataille ou même d'ennemis 3". 2° Ouvrages d'utilité publique, niais ayant quelque intérét pour la sécurité de l'empire oie 1011m inistratioli impériale. -Établissement de routes ('n Italie 30 : dragage du Nil sous Auguste ut feratioreni habilioremque alvzon0e urbicae redderet3 ; réfection des murailles d'une ville pour assurer la sécurité du pays 88 ; construction d'un pont à Similtu, pour faciliter l'exportation des marbres de la carrière impériale voisine 3'' ; exploitation de carrières et (le mines faisant partie du domaine impérial `0. 3° Travaux intéressant surtout les municipalités et la prospérité des provinces. Curage du port de Séleucie" ; aménagement de sources thermales construction d'amphithéàtres à Crémone et à Bologne, « en partie, dit Tacite, pour occuper les légions, en partie parce que les affaires n'absorbaient: jamais assez Vitellius pour qu'il oubliilt les plaisirs." » ; percement d'un long aqueduc à Bougie." ; édification de ponts, temples, portiques, basiliques en É gypte"; desséchement de marais eL assainissement des environs de Sirmiunl par Probus" ; plantation de vignes dans la méme région87 ; envoi de soldats pour obliger les paysans de Syrie à combattre les sauterelles ~8. Cette liste n'a point la prétention d'ètre complète, surtout pour les ouvrages purement militaires : elle ne contient qu'un certain nombre d'exemples caractéristiques fournis par des documents précis; if faudrait y ajouter toutes les constructions où ont (né employées des briques ou des tuiles avec estampilles de légions ou de corps auxiliaires, ce qui prouve qu'elles ont été (levées par des soldats [TECUL70_. Hais les tuiles de cette sorte sont innombrables et se retrouvent dans toutes les parties du inonde romain : un relevé de cette nature excéderait les limites de cet. article'''. L'examen comparatif des textes ci-dessus réunis suffit à montrer que toutes les espèces de troupes n'étaient pas indifféremment affectées à chaque catégorie de travaux. Aux besognes purement militaires, fontaines, routes stratégiques, constructions de la frontière, les légions doivent faire ','ace aussi bien que les auxiliaires, suivant que les nécessités locales le réclament. A Bthning, sur le limes de Germanie, c'est un détachement de. la légion Ill" Italique qui élève le vallum, des postes et des tours; à Schvvaderloch, en Suisse, la légion 'V'III° Auguste est chargée de construire un burgusa°; le camp de Lambèse est l'ouvre de la légion III° Auguste'' ; mais à Risingham, la porte et les murs du camp sont relevés par une cohorte de Vangiones°", eL à Riechester une cohorte de Vardulli MAN 1590 MAN grandes propriétés o Cru ci1'iu01 c'est-à-dire par les 1 débiteurs L'addictin est encore pratiquée rigoureusenlellt à l'époque de Quintilien et d'Aulu-Gelle'. Il y a de fréquentes mentions (le l'emprisonnement pour dettes dans le Digeste", dans les écrits de saint ,Ambroise, de saint Jean Chrysostome". Ces textes signalent également les mauvais traitements, les tortures dont les débiteurs étaient victimes. C'est probablement pour celte raison, autant que pour empêcher la juridiction privée, usurpée sur leurs domaines par les sénateurs, les fonctionnaires et les grands propriétaires, qu'au Bas-Empire les lois interdisent si souvent les prisons privées, cahceres pricati". Malgré les interdictions inutilement répétées, les enfants des débiteurs sont souvent, pris comme gages, détenus comme esclaves, contraints (le servir pour la dette de leurs pères, souvent même vendus par les créanciers`. En Orient, sous Justinien, la prison publique a peut-être fini par remplacer la prison privée pour dettes '. Il faut remarquer d'ailleurs que c'est surtout en Orient, sous l'influence persistante du droit grec et des coutumes helléniques, qu'a été pratiquée la contrainte privée avec le plus d'arbitraire et de violences. Signalons aussi un autre abus, fréquent au Ras-Empire °, et qui est, une sorte de niunus inj ietio posthume, l'usage pratiqué par les créanciers de retenir le corps du débiteur défunt.] G. HUMBERT. [CH. Li;cRls.(IN.]