MANTELE. Xttpoi. xTpaV. Serviette. Chez les anciens, la différence entre les serviettes de table, les essuiemains, les mouchoirs et les fichus, n'était pas aussi précise qu'elle l'est aujourd'hui. Les mots très variés dont on s'est servi, surtout en latin, s'appliquent à ces différents objets, sans qu'il soit toujours possible de les distinguer nettement : mantele, man/ilium, ntappa, mappula, gausape, factitergium, manutergium, manumu.ndium, orarietm, sudarium, etc.' Comme on l'a remarqué justement', c'est le linteum ou pallium, le morceau d'étoffe rectangulaire, plus ou moins long, plus ou moins carré, qui, suivant la matière, la grandeur et l'usage auquel il est destiné, peut devenir: un vêtement, une serviette, un mouchoir, tin voile de tète, même une couverture de lit oit de siège, un rideau, etc.
Ce qui a empêché les anciens de préciser, c'est que pendant une grande partie des âges classiques on a fort peu usé de ces accessoires de toilette qui chez les modernes sont d'un usage constant : serviettes de table, serviettes de toilette, mouchoirs. On ne les voit guère entrer dans les moeurs, d'une façon définitive, qu'à l'époque chrétienne, et sous le couvert d'un sentiment qui n'est pas tant celui de la propreté que celui de la pureté. Les serviettes et les nappes de nos repas dérivent surtout d'un usage religieux.
1. -En Grèce, il ne semble pas que l'âge homérique ait connu ces raffinements ni qu'il possède de mots pour les exprimer : ni dans les bains ni dans les repas le poète n'y fait allusion. Il faut descendre au vile siècle pour trouver le mot /atpd)J.«x-oov dans tin vers attribué à Sapho 3. Il est vrai que, d'après Athénée, il désigne un mouchoir de tète [IKÉixRYPUALOS . Mais la composition du mot lui-même implique qu'on aurait eu, dès cette époque, l'habitude de s'essuyer les mains avec un linge spécial. Au v` siècle l'expression est courante ; mais on l'applique encore à des ornements de tête et à des
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On suit la même progression dans les transformations du costume des femmes. L'ancienne sfo/a fut peu à peu abandonnée par les matrones jsroi,Aj. Ala tunique, commune aux deux sexes, les femmes comme les hommes ajoutèrent souvent des manches, qui descendirent de plus en plus bas en s'élargissant, jusqu'à couvrir entièrement le bras, comme on le voit dans la figure .4813, d'après une peinture de la première moitié du tne siècle'. On peut constater d'ailleurs les mêmes changements de la mode que pour la tunique des hommes : au 15 siècle et dans les siècles suivants, les manches sontajustées en gaines étroites et serrées au poignet. Nous nous contenterons de rappeler ici le diptyque de Monza' ou se trouvent réunis des types des costunies masculin et féminin au commence
ment du ve siècle.
chez les Grecs et chez
les Romains, des pièces de vêtement, couvrant seulernent la main connue nos gants ou nos mitaines? Ils en avaient certainement de semblables, quoiqu'ils n'en fissent usage que pour des besoins exceptionnels. L-exemple le plus
connu est celui de Laërte, le père d'Ulysse, qu'Homère dépeint travaillant dans son jardin : le vieillard a enveloppé ses jambes de houseaux et a mis des gants à ses mains (geto~ôaç 'ri xapaO; ces gants. dit Eustathe" dans son commentaire, étaient faits de cuir, et il ajoute que les archers en avaient de pareils, niais sans doigts (galopai gpiuv2at ai a' ôaxTUÀcnTaïç). Ilérodote' raconte que le roi de Sparte Leutychidès, étant en Thessalie, se laissa gagner moyennant une forte somme d'argent ; elle remplissait un gant, sur lequel il se tenait assis, pour le dissimuler, quand il fut pris. Xénophon avait remarqué l'emploi des gants de fourrure chez les Perses: ils en couvraient leurs
mains et leurs doigts, dit-il °, tapi âxpatç Taïç Ï .ptôaç ment les doigtiers. Tous les peuples anciens qui habitaient sous des climats froids paraissent avoir employé ce moyen pour se protéger. Une garniture de fourreau en bronze, trouvée en Suisse, à Vindonissa, avec d'autres anliquités romaines a, offre l'image (tig. 4814) d'un Gaulois prisonnier, entouré d'armes de sa nation ; on y voit deux gants, dont les doigts sont marqués. Pièces de vêtement ou d'armure, les Romains aussi bien que les Grecs avaient donc pu voir des gants chez des voisins barbares et les imiter. Quelques personnes l'avaient fait, puisque Cicéron' y fait allusion pour railler Antoine. Pline le Jeune rapporte 8 que son oncle, le Naturaliste, pour ne pas dérober un moment à l'étude, se faisait accompagner, quand il sortait, d'un secrétaire qui, en hiver, portait des mitaines manicas), afin que le froid ne l'empêchât pas d'écrire. Palladiuss recommande les gants de fourrure ouatinas de pellibus) pour les travaux de la campagne et pour la chasse. Les médecins employaient des gants de cuir ou de laine pour les frictions t0. Il est aussi questim2 d'une sorte de moufles ou gants sans doigts dont on se serait servi pour pétrir le pain et aussi pour laver i'. Quant aux doigtiers au moyen desquels un gourmand évi tait de se brûler en mangeant1', ils ne sont connus que par une anecdote et ce n'est qu'un fait isolé. Tous ceux qui viennent d'être rapportés prouvent que si les anciens n'ont pas adopté les gants pour leur costume, ce n'est pas faute d'en avoir apprécié la commodité et d'avoir su s'en servir au besoin.
III. Une pièce d'armure défendant une partie du bras ou le bras tout
entier parait aussi n'avoir été qu'une exception chez les Grecs et chez les Romains , quoiqu'on en pût voir de semblables chez des peuples voisins. Xénophon 'a parle, dans la première moitié du 1v' siècle, comme d'une invention
récente qu'il approuve, d'un brassard !ge(pl pour les cavaliers, recouvrant le bras gauche depuis la main qui tient les rênes, jusqu'à l'épaule, et défendant aussi l'aisselle au défaut de la cuirasse. D'après ce que dit l'historien des pièces qui composaient cette armure I€xTa(veTat ô? xa'. ou'(xz.7tTaTat), on peut imaginer qu'elle était faite do laures superposées horizontalement, rentrant les unes sous les autres en suivant le mouvement du bras ; c'est ce que fera mieux comprendre la fig. 4815, qui reproduit un garde-bras en bronze, trouvé en Italie, non loin de Naples 1«. D'autres brassards provenant également de l'Italie méridionale sont faits d'une tige de bronze contournée en
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voir figurer, ainsi. qu'un de ses compagnons 1, avec la tunique à manches (fig. /4809) sur le sarcophage de
passés entièrement de tunique sous la toge C1NCTUS, p. 1173_, ils eurent des tuniques courtes et qui lais
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Sidon auquel on a donné son nom 2 ; et de même, dans la
grande mosaïque de Pompéi 3, qui
reproduit vraisemblablement une peinture du ive siècle, le roi sous sa cuirasse est vêtu d'une tunique à manches (LoaalcA, fig. 45311. On ne voit pas, à consulter les monuments, que cette introduction de la mode orientale ait laissé beaucoup de traces dans le costume grec. Nous ne dirions rien des peintures pompéiennes exécutées sous l'influence alexandrine 4, si
l'une d'elles n'offrait (fig. 4810) le remarquable exemple d'une
manche séparée du reste du vète
I5g. 4810. ment et de couleur différente; elle est jaune et couvre le bras jusqu'au poignet, en laissant l'épaule nue. Le personnage ainsi vêtu assiste à la toilette d'un Hermaphrodite, auquel il tend le miroir; comme sa robe, son visage, malgré sa barbe, est féminin: l'auteur de la peinture lui a volontairement donné le même caractère ambigu qu'au principal personnage de cette scène. Dans une autre peinture connue une marchande d'amours porte à ses deux avant-bras, audessus du poignet, des demi-manches serrées ou des brassards de couleur verte (fig. 4811). On peut se demander si ces brassards, qu'on ne retrouve pas ailleurs, ne caractérisent pas ici l'oiseleur, puisque cette femme en exerce le métier
Les Romains, pendant bien des siècles, eurent pour les manches la même répugnance que les Grecs. Après s'être
salent les bras nus. Celles qui étaient longues et larges, descendant sur les bras et jusque sur les mains (cmrridolae, analaicalae, manulalae tunicae) 8, leur paraissaient ne convenir qu'aux femmes. Cependant, dès l'avantdernier siècle de la République, il y eut des hommes qui en portèrent et par là méritèrent d'être signalés pour leurs habitudes efféminées °. Même sous l'Empire, et au ne siècle, quand Aulu-Gelle t0, en rendant hommage aux moeurs du passé, témoignait de leur changement, les exemples qu'on pourrait
citer sont encore rares ; ils sont relevés comme des exceptions; on reprocha à l'empereur Commode de s'être montré en public vêtu
de la DALSIATICA, qui n'é
tait qu'une tunique à manches, sans ceinture". Mais son exemple fut suivi : on s'habitua à porter la dalmatique par-dessus la tunique ordinaire. Au nie siècle, les tuniques à manches sont d'un usage commun : Aurélien en distribue au peuple12; au Ive siècle tout
le monde en porte et, pour les personnes d'un certain rang, il serait inconvenant de n'en pas avoir 13. Nous nous référons aux nombreuses figures déjà insérées dans de précédents articles, qui montrent des hommes de toute condition, paysans (fig. 859, 2070, 2094), ouvriers (fi g. 731, 990, 3281), soldats (fig. 819, 874), généraux (fig. 1501), magistrats ou grands dignitaires (fig. 1198, 1420, 1909, 3981) et l'empereur lui-même (fig. 1503, 2450, 3986), portant des vêtements à manches, larges et flottantes ou étroites et serrées au poignet 14; elles ont de plus en plus cette dernière façon à mesure que l'on descend dans le bas Empire. La fig. 4812 reproduit la partie ancienne de la statue colossale de Barletta, dans laquelle on reconnait généralement l'image de Théodose 16.
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les urnes où reposent leurs cendres fleurisse un perpétuel printemps, parfumé de crocus.
11 importe de remarquer qu'au fond ces hommages rendus aux Mânes sont différents, par l'intention et le rite, des honneurs rendus aux dieux ; et même qu'on ne rencontre que rarement chez les Latins la foi précise et vive dans la survivance des âmes individuelles qui a peuplé le Panthéon grec de personnifications héroïques. La croyance à la divinité spéciale des Mânes est plus répandue que l'héroïsation, mais elle est beaucoup plus vague' ; seule l'imitation des Grecs et la force des convictions philosophiques en dégage, par exception, des hommages formels, rendus aux morts comme à des êtres surnaturels, continuant après la mort de séjourner dans un lieu de délices et d'agir sur leur descendance avec les facultés personnelles propres aux héros et aux dieux. En résumé, on ne saurait affirmer que l'opinion populaire des Latins ait jamais accordé aux Mânes les prérogatives des dieux, à savoir l'immortalité consciente et la félicité parfaite'FEIIALIA, GENII S, JCNONES, LARES, LARVAE,
LEMURES, PENATES, DAEMOA, IIEROS]. 1.-A. HILO.