MORDUS SONTICUS. Les grammairiens et les jurisconsultes romains désignaient ainsi toute maladie assez grave pour fournir une excuse légale'. Il n'était pas nécessaire qu'elle fût perpétuelle, comme l'indiquent à tort plusieurs textes'. D'après la loi des Douze Tables et la législation postérieure3, le morbus sonticus, soit
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des syssities, recrutée par le libre choix des membres qui constituaient celte unité? Le nom de l'énomotie indique une association qui, primitivement du moins, était scellée par un serment'. Les énomoties étaient-elles rattachées aux pentécostyes, celles-ci aux loches, les loches à la more d'après une règle fixe, ou bien les rois et les polémarques disposaient-ils ces diverses unités dans la more comme ils l'entendaient? Nous admettrions plutôt la première explication.
Quel était l'effectif de la more? D'après les lexicographes', il aurait été de 500, de 800, de 1000. Plutarque' rapporte qu'Ephore attribuait 500 hommes à la more, Callisthène 700, et d'autres écrivains, en particulier Polybe, 900. En donnant à la pentécostye le chiffre d'hommes qu'indique ce nom, c'est-à-dire 50, on aurait, d'après le passage déjà cité de Xénophon pour le loche 200 hommes, pour la more 400. Mais nous savons que ces chiffres ne correspondaient pas à la réalité, et c'est là ce qui explique les divergences. En effet, on n'appelait pas toujours le même nombre de classes ; tantôt c'étaient les hommes de vingt à trente ans qui étaient convoqués, tantôt les hommes de vingt à trente-cinq, tantôt comme lors de la bataille de Mantinée', c'était une levée en masse. Ce qui restait fixe probablement dans cette organisation, c'est le nombre des diverses unités : chaque more comprend toujours 2 loches, 8 pentécostyes, 16 énomoties; mais l'effectif de chacune de ces unités était plus ou moins élevé selon qu'on avait appelé un nombre plus ou moins grand de classes. Ainsi, à la bataille de Leuctres, I'armée spartiate comprenait quatre mores 0: on avait pris toutes les classes jusqu'à cinquantecinq ans ; l'énomotie était sur trois files de 12 hommes, soit 36 hommes par énomotie', ce qui donne 72 hommes par pentécostye et 576 hommes par more, soit pour les quatre mores, 2304 hommes ; sur ce nombre, il y avait 700 Spartiates. Les pertes furent énormes : Xénophon, toujours favorable à Lacédémone, les porte à 1000 hommes dont 400 Spartiates8. L effectif de la more qu'Iphicrate détruisit au célèbre combat du Léchaion, était encore plus élevé : il était environ de 600 hommes 9 ; enfin, à la bataille de Corinthe 10, en 394, les Lacédémoniens mirent en ligne 6000 hommes, ce qui donne pour chaque more 1000 combattants. On doit donc admettre que l'effectif de la more et des subdivisions qui la constituaient était en rapport direct avec le nombre des classes qui étaient appelées. On comprend alors pourquoi les témoignages qui nous sont parvenus sur ce point de la question présentent de si nombreuses différences.
Nous savons par Thucydide" que les Lacédémoniens n'organisèrent une cavalerie qu'en 424. Cette cavalerie ne comprenait que 400 hommes. Elle prend part à la bataille de Mantinéef2. Une more de cavaliers est mentionnée la première foisen 396, à la bataille de Némée;
en 391, elle comprend environ 600 hommes'. Nous avons vu, par le texte de la République des Lacédémoniens ", qu'il y avait six mores de cavaliers correspondant aux six mores d'hoplites; il en résulte que la more de cavalerie était de 100 hommes. Ceci concorderait avec un renseignement que nous trouvons dans Plutarque 16, d'après lequel la division inférieure à, la more, l'oularnos, était de 50 hommes ; il y aurait eu deux oulamoi par more. Mais est-ce Lycurgue qui a Institué les deux oulamoi? Quoi qu'il en soit de cette question, il reste établi qu'à chaque more d'hoplites correspondait, comme nous l'avons vu, une more de cavaliers. Or le corps de cavalerie créé parles Lacédémoniens en 424 était de 400 hommes ; comme ce chiffre de 400 n'est pas divisible par 6, nous pourrions trouver là une preuve nouvelle pour admettre que la division en mores n'etait pas encore, en 424, introduite dans l'armée; c'est 1à une confirmation de ce que nous avons dit, au début de cet article, que cette institution date seulement de la fin de la guerre du Péloponèse. Chaque more de cavaliers était commandée par un hipparmoste". Cet officier était sous les ordres du chef de la more d'hoplites, le polémarque ". La cavalerie lacédémonienne a été longtemps mauvaise : le mode de recrutement était très défectueux ; on ne mettait dans cette cavalerie que les hommes trop faibles pour servir comme hoplites 19. On vil même un jour un hipparmoste faire descendre ses hommes de cheval et leur ordonner de charger comme hoplites20. Xénophon rapporte que plus tard on forma cette cavalerie avec des mercenaires, et que cette réforme donna de bons résultats 21. Il semble que l'organisation de la cavalerie ne fut pas changée à cette occasion et que la division en mores fut conservée; en tout cas, Xénophon ne dit pas que rien ait été changé
sous ce rapport. ALBERT MARTIN.