Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

MONILE

MONILE ("Ogsnç, (troôipfç). Mots de signification identique, les seuls dont on semble s'être servi, en grec et en latin, pour désigner les colliers et autres bijoux portés au cou. 1. ORIENT. 011 ne saurait déduire une filiation artistisque d'un peuple à l'autre, en se fondant simplement sur la coutume de suspendre au cou des ornements alignés sur un fil, car cette coutume est commune à tous les peuples et à toutes les époques. Cependant, il semble bien que l'Égypte ait exercé, dans ce domaine, une forte influence sur la Grèce préhistorique. Parmi les trésors merveilleux de Dahchour', on trouve déjà des colliers à rangs multiples, d'une richesse extraordinaire ; ees bijoux prouvent que les orfèvres égyptiens avaient résolu, dès cette époque lointaine, tous les problèmes techniques de leur art, tels que grènetis, filigrane, émaux et incrustations. Les bijoux de la reine Ah-hotep confirment que l'orfèvrerie du Nouvel Empire n'a pas pu surpasser l'excellence prodigieuse des ancêtres. C'est un art qui a atteint son apogée, et qui, en Égypte, n'est désormais destiné qu'à dégénérer. La Chaldée est infiniment plus pauvre en bijoux, et surtout en colliers. On peut cependant citer une curieuse statuette de femme trouvée à Tello, dont le col est orné d'un collier à grains de cornaline, de turquoise et de cuivre doré, incrustés à même dans la pierre et enchâssés dans une série d'alvéoles'. On trouve aussi quelques chaînettes à pendeloques suspendues au cou de figurines MON 1983 MON La surveillance et la responsabilité de la fabrication des monnaies était confiée à trois magistrats appelés triuniviri ou tresviri afro, argento, acre flando, feriundo ', titre qu'on abrège sur les monnaies etdans les inscriptions en I(IV[R A. A. A. F. F. L'institution de ces magistrats remontait, disait-on, à l'année 465 de la fondation (le Rome' [TRIUSlvlxr MONETALES]. Cette fonction était comprise au nombre (les magistratures inférieures dont la réunion composait le vigintivirat, premier degré de l'échelle hiérarchique des dignités de la République Les triumvirs monétaires n'étaient pas, du reste, les seuls magistrats que le monnayage pût concerner 4. Ils surveillaient la fabrication et l'émission des espèces en temps ordinaire, mais dans des cas exceptionnels le Sénat insvetissait quelquefois, par une décision spéciale, des édiles ou des questeurs du pouvoir de diriger des opérations monétaires 3 ; ces magistrats indiquaient alors sur la monnaie l'origine de leur pouvoir spécial et temporaire par les formules S. C. ou EX S. C. °. En vertu d'un décret de cette nature, le préteur Q. Antonius Balbus fut chargé par le Sénat, pendant la guerre civile entre Marius et Sylla (82 av. J.-C.), de rassembler tous les trésors des temples pour les fondre et en faire de la monnaie C'est la seule fois, du reste, que l'on vit, du temps de la République, un magistrat de ce rang investi de la direction des émissions monétaires à Rome même. Mais les généraux commandant en chef des armées en campagne avaient dans toute sa plénitude le droit de battre monnaie pour les besoins de leurs troupes [CAS'MENSES NUMMi], et ce monnayage militaire eut à de certains moments un grand développement. César, quand il saisit le pouvoir suprême, augmenta le nombre des magistrats inférieurs 8. Au lieu de vingt il y en eut vingt-huit. Les surveillants de la monnaie, du nornbre de trois, furent portés à quatre, et la date de cette innovation est marquée par un denier frappé en l'an 710 de Rome (44 av. J.-C.), sur lequel on lit L. FLAMINIVS CHILO IIIIVIR PRlmus FLAvit 9. Les quatuorvirs monétaires figurent encore sur les pièces frappées lors du triumvirat d'Octave, Antoine et Lépide10. Auguste rétablit l'ancien nombre de trois magistrats seulement, on ne sait pas exactement en quelle année, car il existe dans la numismatique romaine une lacune absolue pour l'indication des officiers présidant à la monnaie, entre le moment du triumvirat et les environs de l'an 20 avant notre ère. Or, les pièces frappées à cette dernière époque mentionnent des triumvirs, et non plus des quatuorvirs monétaires". On peut donc seulement dire que le changement eut lieu dans l'intervalle que nous venons de signaler. Quatre ans après, selon Mommsen 12, ou huit ans, suivant Eckhel ' et Cavedoniu, lorsque le droit d'émettre l'or et l'argent fut enlevé au Sénat par Auguste et transformé en privilège du pouvoir impérial [AUREUS, MONETA], les triumvirs monétaires cessèrent d'être mentionnés•sur les espèces de ces deux métaux, à la fabrication desquelles ils étaient désormais étrangers. Leur office consista seulement depuis lors à s'occuper dit monnayage sénatorial du cuivre, concentré dans l'atelier de Rome, et pendant une dizaine d'années leurs noms figurent encore sur les pièces de cuivre'. C'est seulement en l'an Il de l'ère chrétienne 16 qu'ils en disparurent définitivement et que la monnaie de cuivre devint, ce qu'elle resta pendant tout le reste de l'Empire, pareille à la monnaie impériale d'or et d'argent, sauf la présence des lettres caractéristiques S. C. Mais le collège des triumvirs monétaires ne fut pas supprimé pour cela, et il continua pendant plus de deux siècles et demi à diriger la fabrication du numéraire sénatorial de cuivre, car on voit figurer des magistrats de cette espèce dans les inscriptions jusqu'au règne de Gallien''. L'office avait seulement été en perdant toujours de son importance, et bien qu'encore compris dans les degrés du cursus honorant des personnages des plus grandes familles, il pouvait être aussi rempli par des individus appartenant aux rangs inférieurs de la société, car un texte épigraphique du temps de Gordien III mentionne un IIIVIR A. A. A. F. F. qui n'est qu'un simple affranchi 18, En outre, le monnayage de cuivre sénatorial, dirigé par les triumvirs, était soumis à la surveillance des mêmes contrôleurs que le mon-. nayage impérial d'or et d'argent, et ces contrôleurs étaient des officiers impériaux dont le titre était exactor auri argenti aeris 19. Bimard de la Bastie20 et Eckhel'' ont ingénieusement conjecturé que la suppression des offices de triumvirs monétaires, et la direction de tout le monnayage des trois métaux remis aux mêmes officiers, avaient dû se produire en même temps que l'on supprimait le droit du Sénat sur la fabrication de la monnaie de cuivre, à l'époque d'Aurélien, et, comme les autres réformes monétaires de ce prince, être la conséquence de la grande révolte des ouvriers monnayeurs, que les historiens mentionnent sous son règne22. Quand Dioclétien eut multiplié les ateliers des monnaies dans les diverses parties de l'Empire [MONETA], on multiplia les magistrats chargés de la direction supérieure de cette importante opération, et on en institua un par chaque atelier. La Notice de l'Empire23 place les procuratores monetarum sous les ordres du cornes saerarum largitionum, et en indique six pour les seules provinces d'Occident. Une inscription parle aussi du naonetae Trevericae praeses", Au reste, dès le temps d'Auguste et pendant toute la durée de l'Empire, tandis que la monnaie sénatoriale de cuivre se frappait dans l'atelier de Rome sous la surveillance des triumvirs monétaires, il y avait dans les provinces un certain nombre d'officines impériales pour la fabrication des monnaies d'or et d'argent. Strabon 2 en signale une à Lugdunum, et son témoignage est confirmé par les inscriptions26. Chacun de ces établissements monétaires était dirigé et administré par un procurateur 27, ce qui prouve qu'on les considérait comme dépendant de la maison de l'empereur. Les procuratores naonetae augustae appartenaient souvent à l'ordre MON 1982 -MON les noms des prêtres d'Hélios que sont datées les anses d'amphores rhodiennes Le monnayage des villes grecques sous les empereurs romains, dans les longues légendes inscrites alors sur le revers des pièces, fournit un plus grand nombre de renseignements que celui de l'époque pleinement autonome sur les autorités qui y présidaient. Nous voyons par les monuments numismatiques de cette série que la surveillance monétaire n'était pas attribuée uniformément dans toutes les villes au même magistrat. Dans un grand nombre de cités de Lydie et de Phrygie, à Chios et à Mélos, c'était l'archonte 2; en Ionie, en Éolie, en Mysie, à Lesbos, le stratège3 ; à Rhodes, le tiag.ia; ou questeur 4; à A.ttuda, à Cymé, le prytane 5; dans plusieurs villes d'Ionie, de Lydie et de Phrygie, le ym.µxsauc ou secrétaire publics ; à Lacédémone enfin, l'un des éphores 7. Il importe de ne pas confondre les mentions de ces fonctionnaires avec d'autres mentions de magistrats qui se rencontrent fréquemment sur les pièces de la même époque et de la même série et qui y figurent à titre de notation de date pour l'émission monétaire. C'est ainsi qu'un assez grand nombre de bronzes des villes d'Asie portent le nom d'un des hauts fonctionnaires de l'ordre sacerdotal, en exercice au moment où fut frappée la monnaie, de l'Asiarque, du grand prêtre (âpxtepEUt), du stéphanéphore, de l'hiéromnérnon, de l'agonothète, etc.; c'est ainsi que, sur beaucoup de pièces du mémo-pays, on lit le nom du proconsul précédé des mots ETT6 ANOYTTATOÏ, « sous le proconsulat de N. » , Les cistophores, assez multipliés, qui offrent des noms de proconsuls en latin portent tous, en même temps, en grec le nom du magistrat local spécialement chargé du soin de la monnaie 8. Dans les colonies romaines qui jouissaient du droit de monnayage, c'étaient les autorités municipales qui y présidaient ; mais il n'y avait pas non plus de règle fixe pour la détermination du magistrat qui avait cet office important dans ses attributions. En interrogeant les monnaies elles-mêmes, nous y voyons la garantie donnée tantôt par les duumvirs:, tantôt par les quatuorvirs'`', tantôt par l'édile", tantôt par les décurions", Ni les auteurs, ni les monuments ne fournissent aucun renseignement sur la condition des ouvriers monétaires dans le monde hellénique, soit aux beaux temps, soit sous la domination romaine. C'est seulement par conjecture, et d'après l'analogie de la condition des ouvriers employés dans les mines et dans les travaux de l'administration des mesures publiques, qu'on les considère assez généralement comme ayant appartenu à la classe servile et ayant été pris parmi les esclaves publics. En revanche, depuis la belle étude que Raoul Rochette a consacrée à ce sujetf3, nous savons avec certitude que ceux qui gravaient ces admirables coins des médailles grecques étaient de véritables artistes, tenus pour tels et assez considérés pour qu'on leur permit quelquefois d'inscrire leur nom à côté de celui du magistrat responsable, quoique dans une place moins saillante. 11 semble que ces artistes exerçaient le métier de graveurs sur pierres fines en même temps que celui de graveurs en médaillest4. Les érudits ont déjà relevé les noms d'une quinzaine de ces graveurs sur les monnaies de la Sicile, de quatorze sur celles des villes de la Grande Grèce, de trois sur celles de Cydonia de Crète, enfin de quelques autres à Érétrie d'Eubée, à Samos, à Clazomène. Tous appartiennent à la plus belle époque de l'art. Les plus habiles de ceux dont on possède les oeuvres signées sont Cimon (fig. 5119, 5120) et Événète (fig. 5121), auteurs des merveilleux médaillons d'argent de Syracuse, Euclide qui travailla également pour Syracuse (fig. 5122), et Théodote, dont les oeuvres se rencontrent dans la série de Clazomène (fig. 5123). Quelquefois deux artistes s'associaient pour graver en commun une même monnaie, l'un exécutant le droit et l'autre le revers ; ainsi nous possédons des pièces de Syracuse où ont travaillé en commun Eumène et Euclide ou bien Événète et Eumène, et des pièces de Catane, oeuvres de la collaboration d'Apollo nios et de Choirion. Quand un graveur de monnaies avait acquis une certaine réputation d'habileté et de talent, la sphère de son activité d'artiste ne se ,.-restreignait pas à la cité qu'il habi tait, et de nombreuses villes se disputaient l'avantage de lui voir graver les coins destinés à la frappe de leurs espèces métalliques. C'est ainsi que les monuments numismatiques nous font voir Événète travaillant pour Syracuse et pour Ca tane ; Parménide pour Syracuse et pour Naples ; Aristippe pour Tarente, Héraclée de Lucanie et Métaponte; Apollorios pour Métaponte et pour Catane, etc. Leur condition était donc la même que celle de tous les autres artistes dans la société grecque, libre et honorées. Pour ce qui est de Rome, nous possédons les données les plus abondantes et les plus positives sur tous les degrés de l'organisation du monnayage. MON 1981 -MON tyran d'Athènes', par Apellicon son complice2, par un Ammonius 3, un Thémistocle descendants des plus illustres familles, par le roi de Cappadoce Ariarathe Philopator qui séjourna à Athènes vers 158, par les proconsuls romains Q. Coecilius Metellus et L. Mummius 5. Mais de quel magistrat le nom est-il inscrit à cette place? On serait tenté de penser, avec Beulé, à ce grand administrateur des finances publiques que l'on appelait tantôt et dont les fonctions furent remplies par Aristide, par l'orateur Lycurgue, par Habron son fils et par Aphobétos frère d'Eschine. Cependant, avant la guerre lamiaque et les révolutions qui en furent la conséquence dans la constitution athénienne, les fonctions d'administrateur suprême des finances avaient une durée de quatre ans, et d'un autre côté les indications numismatiques ne permettent pas d'admettre que le premier magistrat monétaire occupât son poste plus d'une année. Si c'était le magistrat É7cl ' totxrlaet que l'on devait reconnaître en lui, il faudrait que dans les siècles de la décadence athénienne son office, de quadrennal, fût devenu annuel, ce qui n'a, du reste, rien d'inadmissible. Il est pourtant possible qu'en dehors de cas exceptionnels ce fût un magistrat d'un ordre moins relevé, dont l'office se serait borné exclusivement à la surveillance et à la direction de la Monnaie. Albert Dumont a très ingénieusement reconnu le premier magistrat d'un des groupes de tétradrachmes athéniens, Aropos 8, dans le personnage du même nom qui figure sur une inscription attique' comme trésorier d'une confrérie d'éranistes. Il était tout naturel qu'ayant été dans l'association l'un des officiers de finances de la république, on en eût fait le trésorier. Le second nom a paru à Beulé être celui du directeur spécial de la Monnaie (p y upoxo7raiov), du citoyen qui la prenait peut-être chaque année à entreprise, ou plutôt, qui était désigné pour cette liturgie [LEITOURGIA]. Ce qui serait de nature à faire penser que c'était une liturgie, une fonction imposée, c'est l'annuité. Du reste, quand Démosthène tenait à honneur d'être commissaire pour l'achat des grains, il n'y avait pas moins d'honneur à être commissaire pour la fabrication des monnaies. [Telle est encore, en ce qui concerne les deux premiers noms des magistrats monétaires d'Athènes, l'opinion de M. Barclay V. Head, dans le Catalogue des monnaies d'Athènes, du Musée Britannique. Récemment, M. Th. Reinach s'est efforcé d'établir que les deux premiers noms des monnaies d'Athènes étaient le stratège des armes (arpati,lybç id râ 67).a) et le stratège des préparatifs, c'est-à-dire des finances (arparriybç E78i rrv 7rapaaxeuiv) 10. Les quelques exemples que cite M. Reinach à l'appui de sa théorie ne permettent pas de la généraliser d'une manière absolue. En la combattant, M. Erich Preuner a cité des cas positifs où il ne saurait être question de ces deux stratèges". M. Kirchner a démontré par d'autres arguments que les identifications de stratèges proposées par M. Reinach ne sont pas sûres 12. VI. Néanmoins, il paraît certain que les deux premiers noms sur les monnaies d'Athènes sont ceux de personnages appartenant à des familles illustres, souvent même apparentés l'un à l'autre, dont les fonctions dans la République étaient variables et de tout ordre au moment où on leur donna le droit de signer les monnaies, honoris causa. C'est là ce qui explique la présence sur les monnaies athéniennes de personnages étrangers ou même de rois.; Quant au troisième magistrat, qui changeait à chaque prytanée, nous trouvons, dans l'organisation du gouvernement d'Athènes, plusieurs fonctionnaires dont l'office avait exactement cette durée et qui pouvaient avoir dans leurs attributions la charge de s'occuper des monnaies. Tels sont les métronomes ou surveillants des mesures [METRONOsms[, les apodectes ou receveurs publics [APODERTAI], enfin les âpyov-roç roll p?upiou que mentionne une inscription attique 13. Ces derniers officiers étaient, d'après l'inscription même qui en parle, plusieurs à remplir leurs fonctions dans une même année, circonstance qui empêche absolument de reconnaître, avec Cavedoni 14, un p, osv 'roc àpyup(ou dans le magistrat nommé le premier sur les tétradrachmes athéniens. Dans la plupart des cités de l'Asie Mineure, au temps des successeurs d'Alexandre, c'était aux prytanes qu'appartenait la direction du monnayage [PRYTANEIA]. Une célèbre pièce d'or de Smyrne, frappée à cette époque, porte la légende IMYPNAIfN I1PYTANEII, et les tétradrachmes d'argent de cette ville portent un monogramme qui contient les éléments du nom des prytanesJ5. Sur les cistophores frappés à Pergame on lit aussi la mention des mêmes magistrats dans un monogramme composé des lettres npYT16 A Naples, Ch. Lenormant et de Witte" ont reconnu dans le XAPIAEf2I mentionné sur plusieurs monnaies 1s le Charilaûs qui, étant premier magistrat de la ville, la livra aux Romains 19. On doit conclure de ce rapprochement presque incontestable qu'à Naples le nom inscrit sur la monnaie était celui du principal magistrat, appelé démarque". Corcyre avait un gouvernement calqué sur celui de Corinthe 21, sa métropole. Le pouvoir suprême appartenait à cinq prytanes annuels, dont le premier était éponyme, c'est-à-dire donnait son nom à l'année pendant laquelle il exerçait ses fonctions2". Or, il résulte de la comparaison des monnaies et des inscriptions de Corcyre, que c'est le prytane éponyme qui est mentionné sur les espèces monétaires de cette ville quand on y trouve un nom de magistrat". A Rhodes, il semble que les magistrats qui signent les monnaies de la ville, et dont plusieurs ont aussi leurs noms inscrits sur les tétradrachmes d'Alexandre le Grand à la marque de l'atelier de Rhodes", doivent être considérés comme des prêtres d'Hélios. C'était, en effet, à ce pontife annuel qu'appartenait l'éponymie2°, et c'est par 249 MON 1980 MON toute trace monétaire de la suprématie impériale disparut dans les royaumes germaniques de l'Occident, et de cette manière s'inaugura le monnayage des peuples modernes. Aussi est-ce à l'usurpation de Théodebert que nous arrêterons notre coup d'œil sur la nature et l'histoire du droit de battre monnaie dans les temps MONETA FALSA. Fausse monnaie, A Athènes les faux-monnayeurs étaient poursuivis en vertu d'une action publique appelée vou.( exsoç i; atoràs ~çxi r ; ceux qui étaient convaincus de ce crime étaient punis de mort et il parait en avoir été de même dans les autres cités grecques'. A Rome, ce crime ne dut pas rester impuni pendant la République. Sous la dictature de Sylla, il fut l'objet spécial de la loi Cornelia nuinmaria, qui parait n'avoir été qu'un chapitre de la loi Cornelia de falsis, portée par le dictateur en Gia de Rome Elle frappait de l'aquae et igais interdictio et de confiscation générale quiconque avait fabriqué ou altéré des pièces de monnaie d'or ou d'argent, en les raclant ou en les lavant avec des liqueurs mordantes, ou avait vendu ou acheté sciemment des monnaies de plomb ou d'étain'. II parait que d'autres délits analogues furent soumis à. la pénalité de cette loi, par des sénatus-consultes ou des constitutions impériales postérieures. Ainsi, sous Néron et sous Vespasien, on punissait les ARcESTARn et les marchands qui refusaient la monnaie de bon aloi'. Du temps de Paul', on leur appliquait la peine des faux-monnayeurs. Mais à cette époque, l'usage s'était introduit de réprimer extra ordineln le crime de fausse monnaie, ce qui laissait au juge une certaine latitude. Les peines indiquées par le jurisconsulte ne semblent pas s'accorder avec celles qu'énonce Ulpien 6, parce que celui-ci n'a parlé sans doute que des personnes humiliores. En combinant ces textes, on arrive à dire que les hone.stiore.s étaient déportés dans une ile ; les hommes libres, de basse condition, condamnés aux mines ou livrés aux bêtes; les esclaves crucifiés. La première de ces peines était réservée, comme moins grave, à certains cas. Ainsi le fait de rogner ou fabriquer des écus d'or était plus grave que celui d'altérer la composition de la monnaie d'or, ou de fabriquer celle d'argent. En effet, il n'est guère possible à d'autres qu'aux ouvriers de l'atelier officiel, ou qu'à celui qui fournit les lingots, aliquid in aurum vitii addere; la fabrication de la monnaie d'argent offre également moins de danger'. On trouve au Code 'l'héodosien 8 trois titres consacrés au crime de fausse monnaie. Le second s'occupe spécialement de ceux qui circumcidunt solidi circuluin, ou qui font passer sciemment dans le commerce des pièces altérées, ou refusent une monnaie portant l'effigie du prince. Constantin punit ces crimes de mort, même par les flammes, au gré du juge (317 av. J.-C.). Cependant le même empereur, en 319, ne prononça que la déportation et la confiscation contre les faux-monnayeurs décurions ou fils de décurions, les mines contre les plébéiens, et la croix contre les esclaves'. En 321, il dispensa les accusateurs des peines de la calomnie et refusa le droit d'appel à l'accusé1', et frappa de confiscation la maison dans laquelle on avait, à l'insu du propriétaire, fabriqué la fausse monnaie ; en 326, il renouvela les prohibitions précédentes 11. Quelques restrictions furent toutefois introduites à la rigueur de la pénalité contre le maître de la maison qui avait servi d'atelier f2. Ces constitutions remaniées par Justinien n'en forment plus qu'une seule dans son code'. Bien plus, il attribue à Constantin une constitution rendue en 743 par Constantius, et qui inflige la peine du feu aux fauxmonnayeurs''`. Enfin Valentinien, Théodose et Arcadius les assimilèrent aux criminels de lèse-majesté, en 38915, et s'interdirent le droit de les gracier, en 393' S. U. HUMBERT,