MNAMONES, MNEMONES. D'après Aristote', les fonctionnaires chargés dans les villes grecques d'enregistrer les contrats privés, les jugements, les plaintes civiles et criminelles portaient les noms de iEpop.vp.oveç, N,vrl(7,ovEç, irai et autres noms du même genre ; dans quelques villes, ils étaient répartis en plusieurs collèges, dans d'autres ils n'en formaient qu'un seul. Primitivement, les temples servaient de dépôts d'archives : c'est ce qui explique l'assimilation établie par Aristote entre les mnémons et les hiéromnémons [IIIEROMNEMONES, p.175]. A l'époque historique, les greffiers, qui répondent en partie à la définition d'Aristote, portent plutôt soit le nom générique de 7pxcawrz ç, soit des noms spéciaux
çircrporodaaxoç 3. Cependant, ils sont encore désignés par le mot N.v7'N.o9Eç (dor. N.vâu.ovEç) s dans plusieurs inscriptions.
Sur une inscription de Iasos 7 relative à la vente de biens confisqués, les mnémons, au nombre tantôt de trois, tantôt de cinq, tantôt de deux, collaborent à la vente avec les autorités civiles et religieuses, et on peut admettre par suite qu'à Iasos les ventes n'étaient définitives qu'après l'inscription sur les tables des mnémons. Dans une loi, malheureusement très obscure, d'Halicarnasse et de Salmacis, qui règle les contestations et les revendications au sujet des propriétés foncières, sous la tyrannie de Lygdamis II, sans doute peu avant 454-/é53 av. J.-C. 8, il y a deux mnémons annuels, dans chacune de ces villes ; c'est à eux que la loi parait adressée ; ils paraissent être chargés d'inscrire les mutations de propriétés foncières et dans les procès leurs dires lient les juges 9.
A Corcyre, dans un arbitrage entre deux villes, le mnémon paraît être le président des trois arbitres plutôt que le greffier10. A Mégare, à la fin d'un décret de l'époque romaine en faveur d'un Mégarien, il y a la mention du mnémon ". Le mnémon est cité plusieurs fois dans la grande loi de Gortyne en Crète" : c'est le juge et le mnémon qui, s'ils sont encore vivants et en possession de leurs droits politiques, attestent l'existence d'une condamnation ; le mari qui a divorcé doit faire ses réclamations pécuniaires quatre jours à l'avance au juge et au mnémon ; le mnémon corrobore par son serment la durée d'une instance : le mnémon est donc à Gortyne une sorte de fonctionnaire, attaché à un tribunal, qui suit les actes de la procédure, se les rappelle et dont les dires constituent des preuves, comme à Halicarnasse. Ce même texte montre à Gortyne l'existence d'un mnémon auprès du
VI.
cosme des étrangers et une autre inscription y mentionne le mnémon du collège des Cosmes 13. Dans tous ces cas, qu'on utilise leur mémoire ou leurs écrits, les mnémons ont le rôle de greffiers [GRAMMATEIS]. Un mnémon parait avoir un caractère religieux sur une inscription d'Acrae en Sicile 14. Les mots composés désignent des magistrats d'un caractère tantôt politique, tantôt sacerdotal f3, Cnide a eu un sénat aristocratique de soixante membres nommés à vie, les âuiriEuoveç 10. Dans l'Acarnanie, le Tooo.vâ niov et les ruEL7rpo(/.véU.ovEç sont des magistrats fédéraux éponymes et on a conjecturé qu'ils jouaient le même rôle que les proèdres et leur chef dans le sénat d'Athènes, et que par suite les simples sénateurs fédéraux se seraient appelés mnémons 17. A Stymphale, il y a un 7rp5N.v41o)V parmi les magistrats éponymes 18; à Chersonésos, des asle.1tvâIIo9Eç sont chargés de faire une proclamation publique eB.