Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MISSIO

MISSIO. Libération du service militaire. On reconnaissait trois sortes de libérations' : Missionum generales causae sont tres, dit Marcien : honesta, causaria, ignominiosa honesta est quaeternpore militiae impleto dater; causaria quuni quis vitio anisai vel corporis minus idoneus militiae renuntiatur;ignominiosa causa est goum quis propter delictunl sacramento solvitur. Ulpien s'exprime à peu près de même2 : Multa genera sont missionum. Est honesta quae emeritis stipendiis vel ante ab imperatore indulgetur. Est causaria quae propter valetudinem laboribus militiae solvit. Est ignominiosa.... De cette dernière, il a été question à l'article MILrrUM La missio causaria, c'est la réforme, quand, au cours du service, on devenait infirme par suite de maladies ou de blessures ; c'est aussi la dispense quand, au moment de l'enrôlement, on est reconnu impropre à l'état militaire [DILECTUS]. Les soldats réformés étaient dits causarii.Ils n'avaient pas droit aux mêmes avantages que ceux qui avaient accompli tout leur temps, et quelque faveur qu'on leur accordât, ce n'était jamais pour les égaler aux autres'. On ne les appelait ou rappelait au service que dans des occasions tout à fait exceptionnelles`. La missio honesta, comme le dit Ulpien, ne suppose pas absolument l'accomplissement du temps réglementaire; dans certains cas, en récompense de services exceptionnels, le soldat pouvait être libéré : dans un diplôme militaire de Vespasien °, on cite des soldats qui ante emepita stipendia eo guod se in expeditione belli fortiter industrieque gesserant exauctorati surit. En général, pourtant, on ne l'accordait qu'après le temps de service légal accompli (DIPLOMA, STIPENDIUM], et souvent même, surtout au 1°" siècle de notre ère, on gardait les soldats sous les drapeaux plus longtemps que de raison 3. Même lorsqu'elle était octroyée au jour réglementaire, elle ne libérait pas immédiatement le soldat : on pouvait être retenu encore à l'armée, tout en étant misses 7. Les difficultés pécuniaires au milieu desquelles se trouvait l'empereur l'obligeaient ainsi à retarder parfois le paiement de la retraite aux vétérans. M. Mommsen a noté', d'ailleurs, que, en règle générale, du moins au u° siècle, la missio s'accordait aux environs du 1" janvier, tandis que l'exauctoratio ne partait que du 1" mars, début de l'année militaire ancienne. A l'époque républicaine, le service cessait quand on avait atteint l'àge fixé; on était alors rayé par les censeurs des rôles de l'armée active'. Sous l'Empire, le congé était concédé par l'empereur, chef suprême des troupes : il donnait lieu àune constitution impériale qui pouvait comprendre soit tous les soldats libérables d'un corps d'armée, soit une partie seulement d'entre eux 10. L'honesta missio entraînait des avantages pécuniaires ou autres, dont il est question ailleurs [DIPLOMA, PRAEMIA est l'autorisation donnée par le magistrat de prendre possession des biens d'autrui. Cette autorisation était donnée anciennement dans deux séries d'hypothèses : 1° lorsqu'une personne était appelée par le préteur à une succession' ; 2e pour sauvegarder les droits de certains créanciers ou de certaines personnes qui, d'après le droit civil, avaient vocation à une hérédité. Sous l'Empire, ces deux applications de la missio inpossessionem ont reçu un caractère distinct : dans le premier cas, l'envoi en possession crée un droit nouveau; dans le second, il garantit un droit préexistant. Dès lors, la terminologie fut modifiée: l'expression in possessionem mitterefutréservée pour le second cas ; dans le premier, il ne s'agit plus d'envoyer en possession, mais de bonorum possessionem dare 2. Les missiones in possessionem du premier groupe ont été précédemment indiquées [BONORUM POSSESSIO] ; on ne s'occupera ici que des missiones du second groupe. L'envoi en possession a presque toujours pour objet un patrimoine. Dans deux cas cependant, il est restreint it une chose déterminée : 1° lorsque la personne contre laquelle on exerce une action en revendication est absente ou ne défend pas au procès, le magistrat permet au propriétaire de s'emparer de la chose qu'il revendique 3 ; 20 lorsqu'une maison menace de s'écrouler sur le fonds voisin et que le propriétaire refuse de faire les réparations nécessaires ou de garantir le voisin contre le dommage éventuel, le préteur rend un décret pour autoriser le voisin à prendre possession de la maison [DAMNUM INFECTUM]. A part ces deux exceptions, la missio in possessionem est une missio in bona. C'est une mesure conservatoire dont on va indiquer les applications, les effets, la sanction. possession accordé aux créanciers.1' Contre un débiteur insolvable L'envoi en possession est ici, en général, le préliminaire de la vente en masse des biens de l'insolvable [BONORUM EMPTIO, t. I, p. 734]. Ces biens sont saisis par les créanciers en attendant qu'ils soient vendus aux enchères à leur profit. 2° Contre un héritier suspect qui ne fournit pas caution. On considère comme suspect celui dont la solvabilité est douteuse. Le préteur peut, sur la demande des créanciers du défunt, le forcer à fournir des cautions pour garantir le paiement des dettes de la succession. En cas de refus de l'héritier, le préteur enverra les créanciers en possession des biens héréditaires MIS 1937 MIS nostri Iovis hi ferantur imbres'. Cette pluie, cette rosée, cette grêle s'accordent très bien avec in populum mulla Tapina cadit (mots de Martial auxquels correspondent de façon frappante les mots de Stace largis gratuitum cadi/ rapinis) et pas du tout avec le fonctionnement de l'appareil auquel a songé M. Friedlànder. Notons que, si son explication, qui est fausse, était, juste, la linea aurait été l'instrument, non de la sparsio, mais d'une largesse analogue, la complétant ou la remplaçant, comme le firent la direptio et la loterie. Auguste, ayant assisté aux exercices des éphèbes de Caprée, leur fit servir en sa présence un epulum et « permit ou mieux exigea, dit Suétone, qu'ils se livrassent au badinage et pillassent des aliments et d'autres cadeaux »). Non content de sa sparsio en bons au porteur, Agrippa exposa au milieu du cirque une masse de denrées que le public fut invité à mettre au pillage a. Aux jeux de Néron pour l'éternité de l'empire, où il y eut des sparsiones pour les spectateurs, il y eut aussi une direptio pour les acteurs : après la représentation de l'Incendium d'Afranius, le mobilier de la maison en flammes fut abandonné aux comédiens Le futur empereur Gordien 1°r, étant édile 5, et après lui l'empereur Probus plantèrent dans le cirque une forêt artificielle qu'ils remplirent de bêtes et d'oiseaux; puis la foule, lâchée sur le bosquet, fit la chasse à son gré et à son profit. Dans la direptio, non plus que dans la sparsio, il n'y a aucune part faite d'avance pour personne, à chacun appartient ce que lui procurent sa force, son adresse et la faveur du hasard. La différence n'est que dans la manière d'offrir les cadeaux : au lieu d'être sparsa, ils sont in medio posita. La direptio nous apparaît comme une variété relativement récente de la sparsio. De même la loterie présente le caractère spécifique des missilia. La ressemblance est frappante surtout entre elle et la sparsio en tessères. Mais dans ce cas même, outre la différence des procédés de distribution, le tirage et le jet, il y a celle-ci que le hasard seul fait les parts d'une loterie. C'est Elagabal qui passe pour avoir introduit ce mode de largesse dans les jeux publics. Ses billets gagnaient des lots de valeur très inégale : dix ours, dix loirs, dix laitues, cent écus d'or, une livre de viande de boeuf, des chiens morts. La même fantaisie extravagante présidait à ses loteries de table où les convives tiraient des billets écrits sur des coquilles et valables pour dix chameaux ou dix mouches, dix livres d'or ou de plomb, dix autruches ou dix oeufs de poule 7. Au reste l'usage des sortes convivales n'était pas de son invention : les pittacia qui circulent dans une coupe au festin de Trimalcion et assignent à chaque invité des apophoreta à surprises, ne sont pas autre chose 3. La direptio et la loterie appartenant à la même espèce que la sparsio, il ne serait pas surprenant que le mot missilia, qui signifie au propre des cadeaux jetés, en fût venu par dérivation à signifier des cadeaux offerts. Du moins Suétone appelle-t-il missilia une partie des objets livrés par Auguste à la direptio. L'usage des sparsiones avait pour les donateurs deux avantages, l'un plus ou moins durable, l'autre momen tané : elles servaient, comme la largitio sous toutes ses formes, à leur concilier la faveur populaire et ils y cherchaient un amusement. Gains, le jour où il périt, s'était fort égayé, dit-on16, à voir la foule piller ses missilia. Soyons assurés que ce genre de plaisir, il ne le goûta pas seulement ce jour-là et ne fut pas seul à le goûter. En ces circonstances, le public romain, à qui l'on offrait tant de spectacles, était lui-mémo un spectacle. Sénèque, qui l'a vu plus d'une fois contre son gré, nous en a laissé une description saisissante" où il a noté le paroxysme des convoitises, l'impatience fiévreuse de l'attente, les regards fascinés et les vêtements déployés, puis la rapacité violente et l'égarement des pillards, l'incertitude des yeux et des pas, les mains brutales qui s'arrachent les objets et les mettent en morceaux, les déceptions, les bousculades, les coups. Aux pieds d'Elagabal beaucoup de gens périrent écrasés ou s'enferrèrent sur les armes des soldats de l'escorte 92. Parfois c'étaient des batailles sanglantes où sévissaient les pierres, les bâtons et même les glaives". Aussi les personnes les plus sages s'esquivaient-elles prudemment, dès qu'apparaissaient les missilia, sachant que dans ces mêlées on risquait de payer cher un maigre profit ". Le droit de bénéficier des sparsiones, comme celui d'assister aux jeux publics, n'appartenait régulièrement qu'aux gens de condition libre. Mais, autorisées ou tolérées, la règle souffrait bien des exceptions. Non seulement Caligula avait admis les esclaves à ses jeux du Palatin, mais il avait voulu qu'ils pussent s'asseoir à n'importe quelle place t'. Quintilius Priscus de Ferentinum stipula qu'à ses sparsiones annuelles de noix participeraient les pueri plebeii sine distinctione libertatis 16. A une fête de Domitien, la sparsio du matin et l'epulum ne furent que pour le public normal, mais un élément nouveau pénétra dans le cirque au moment de la sparsio du soir : les histrions, les musiciennes, les courtisanes, les marchands de soufre commun". Les sparsiones avaient leurs professionnels qui opéraient par bandes, mais ne versaient pas toujours loyalement leur butin à la masse de l'association16. Les spéculateurs, qui achetaient, pour un prix fait d'avance, à ceux qui se jetaient dans la bagarre tout ce qu'ils auraient la chance d'attraper", devaient aussi avoir du mal à se garder contre la duperie. Ces habitués, plus adroits et plus brutaux que les autres, avaient facilement la meilleure part. Du reste, même pour les plus favorisés d'entre eux, le profit n'était pas durable; ils dépensaient leur gain aux cabarets, ne rapportaient rien chez eux ; bien plus, ils escomptaient le bénéfice des sparsiones à venir et s'endettaient°. L'abus des missilia avait un autre inconvénient que tette influence corruptrice sur les basses classes de la société : la dépense, onéreuse même pour le fisc impérial, devenait ruineuse pour les citoyens à qui elle incombait'. L'autorité souveraine intervint plus d'une fois afin de remédier au mai. En `217 furent supprimées les largesses des préteurs, sauf à la fête des Floralia22. Martien défendit aux consuls les sparsiones en espèces. Quelques autres princes, nous ne savons MIS 1936 -MIS faisaient normalement, eux aussi, à l'occasion de leurs jeux. Les textes, cités plus haut, d'Horace et de Perse, prouvent qu'en ceci la tradition de l'époque républicaine ne s'était point perdue aux premiers temps de l'Empire. Un passage altéré de Dion Cassius' nous permet ,encore de deviner qu'il en fut de même pour les préteurs au moins jusqu'au début du me siècle. Nous savons positivement que les consuls ont fait des sparsiones jusqu'à la fin, non pourtant sans que l'usage ait eu à subir quelques interruptions 2. Les particuliers avaient-ils, en dehors des solennités privées, le même droit? Probablement non, du moins dans la capitale. Lorsque Arruntius Stella fêta par ses jeux avec missilia le triomphe de Domitien, il était sans doute préteur Hors de la capitale, les riches particuliers pouvaient employer ce moyen de conquérir une popularité qui, étant toute locale, ne portait pas ombrage au maître '''. Cependant, c'étaient naturellement les dignitaires municipaux, édiles, tresviri, quinquennales, etc., qui avaient surtout l'occasion d'en user. Notre énumération démontre, d'autre part, qu'à Rome ou en province la sparsio missilium ne fut presque toujours que l'accessoire d'une fête. On la trouve souvent associée avec l'epulum, largesse analogue aux missilia de l'époque primitive, renforcement ou dédoublement des cadeaux alimentaires motivé par la prolongation du spectacle 3. Comme de tout temps les empereurs avaient fait quelquefois des sparsiones indépendantes (Caligula, Élagabal), dans la basse époque les consuls en faisaient, non seulement à l'occasion des jeux, mais aussi à de certains jours solennels de leur charge, pendant leurs processiones . Enfin, notre revue des sparsiones célèbres nous a permis de constater que si la variété des cadeaux répandus fut en somme très grande, parfois les missilia ne consistèrent qu'en aliments, et le plus souvent il y eut parmi les missilia des aliments. Ainsi l'usage amplifié, transformé, gardait néanmoins sa marque originelle. Tant que les missilia n'avaient consisté qu'en de grossières friandises, on avait offert directement au public l'objet lui-même, et cette procédure fut souvent encore employée à l'époque impériale pour les cadeaux de bouche, malgré le dommage que les mets plus délicats, usités alors, risquaient d'en éprouver. Mais souvent aussi l'objet fut remplacé par une tessère représentative. Quels que fussent les cadeaux, le souci d'en éviter la détérioration ou la destruction totale recommandait ce système 7 ; la nature de certains l'imposait absolument. L'emploi des bons au porteur est attesté pour plusieurs sparsiones, en commençant par celle d'Agrippa; pour d'autres cas, il est probable ou sûr que nos auteurs, en parlant du jet des cadeaux eux-mêmes, se sont exprimés au figuré. Ainsi Néron, quoique semble en dire Suétone, n'a évidemment pas jeté à la foule des navires, des maisons et des champs. Les tessères de Titus, d'après Dion, étaient de petites boules de bois portant un signe, cuat que la matière et la forme n'ont pas toujours été les mêmes. Nous possédons un assez grand nombre de tessères (fig. 5080, 5081 et 5082) ' que l'on peut avec vraisemblance regarder comme ayant servi à cet usage ou à l'usage analogue des loteries dont nous dirons un mot tout à l'heure. Elles sont en métal, en os ou en terre cuite; les unes reproduisent la forme de l'objet, les autres en portent simplement la figure. Les objets signifiés sont très divers : un lion, un cheval, un lièvre, une tête de bélier, une oie déplumée, un poisson, une noix, un demi-melon, etc. Avec le signe de l'objet il y a souvent un chiffre qui indique sans doute pour combien d'unités le bon était valable. II va de soi que la sparsio n'était pas toujours faite par le dona teur lui-même ou par le donateur seul ; Dion parle d'agents, probablement esclaves dispensateurs, qui exécutèrent celle de Titus" Le jet à la main fut naturellement le procédé primitif, qui demeura jusqu'au bout en usage pour certaines catégories de missilia faciles à lancer de la sorte, par exemple les pièces de monnaie et les tessères. A un moment donné on imagina un appareil qui s'appelait linea et dont l'existence nous est révélée par deux témoins contemporains de Domitien. « L'opulente linea ne cesse de fonctionner, dit Martial", et il en tombe sur le peuple un butin abondant. e Et Stace" : « Les friandises pleuvaient de la linea. 'e Qu'était-ce au juste que cet appareil? Il faut avouer que nous l'ignorons. M. Friedlàndertt affirme qu'il s'agit d'une cordelette tendue à laquelle étaient attachés des cadeaux que l'on pouvait happer au bond. Or les textes contredisent son affirmation. Dans celui de Martial nous ne saurions prendre nec linea dives cessat et et in populum ntulta rapinacadit pour l'expression de deux choses distinctes, d'une part la linea fonctionnant, d'autre part la sparsio ordinaire. Car, d'après Stace, c'est une pluie de cadeaux qui tombe de la linea, et il insiste longuement sur cette image : Bellaria linea pluebant. Hune rorem veniens profudit eurus. Quidquid... largis gratuitum cadit rapinis... Non tantis Hyas inserena nimbis terras ()bruit eut soluta Plias, qualis per cuneos hiems Latinos plebem grandine contudit serena. Ducat nubila duppiter per orbem et latis pinvias minetur agris, dam MIS 1935 MIS s'adresse à un auditeur fictif, édile ou préteur) pern'a.sque lupinis, lattis ut in cirer) spatiere », pourrait s'entendre, aussi bien que d'une sparsio missilium, d'une epulatio '. Mais dans celui de Perse : « Cicer ingere large rixanti populo, nostra ut Floralia possint aprici rnerninisse senes », le mot rixanti ne se conçoit bien que si les parts ne sont pas faites d'avance, s'il s'agit d'une sparsio et non d'une divisio'. [1 est manifeste quel'allusion d'Ilorace, librement imitée par Perse, ne se rapporte pas à une coutume nouvelle alors, c'est-à-dire dans les premières années de l'époque impériale. Si nous considérons l'ensemble des témoignages, nous devons admettre qu'elle n'était point particulière à certaines fêtes, Cerealia et Floralia, mais s'étendait à tous les jeux La première sparsio rnissilium que nous puissions dater est celle d'Agrippa pendant l'édilité qu'il exerça étant déjà consulaire, en 7411 de Rome = 33 av. J.-C. Elle est aussi en ce genre le premier exemple d'une variété somptueuse qui contraste avec la simplicité monotone de la coutume primitive. A la fin de ces jeux mémorables, Agrippa répandit du haut du cirque parmi le publie des bons au porteur valables pour de l'argent monnayé, des aliments et d'autres objets4. En 38, à la suite de jeux gymniques, Caligula fit, en bons aussi, une riche sparsio Suétone en mentionne une autre du même prince, laquelle semble avoir été, avec une epulatio, l'accessoire de jeux scéniques et se composait d'objets divers: sparsit et missilia variai-am rerum 6. Flavius Josèphe 7 nous apprend que le jour où Gains fut assassiné, troisième et dernière journée des jeux célébrés au Palatin en mémoire d'Auguste, le spectacle (scénique) avait été précédé d'une sparsio qui consistait en une grande quantité de fruits et d'oiseaux rares. Par les deux auteurs nous savons que, quelque temps auparavant, du haut de la basilique Julienne, le même empereur avait plusieurs fois jeté à la foule une somme considérable en pièces d'or et d'argent 3. Aux jeux que Néron célébra après l'assassinat d'Agrippine, il jetait à profusion des tessères valables pour toute sorte de mets coûteux et d'objets précieux ; à ceux qu'il donna pro aeternitate impea°ü et qu'il présida e proscenii fastigio, tous les jours furent semés parmi le public des cadeaux très variés, sparsa populo missilia omnium rerum, un millier par jour d'oiseaux de toutes les espèces, des vivres divers en abondance, des tessères frumentaires, des vêtements, de l'orfèvrerie et de l'argenterie, des pierres précieuses et des perles, des tableaux, des esclaves, des bêtes de somme, des animaux sauvages apprivoisés, à la fin des navires, des maisons de rapport, des domaines ruraux'. Lorsque Titus, en 80, inaugura ses thermes et le Colisée, au cours des spectacles qui durèrent cent jours, il répandit sur les assistants des tessères valables pour des comestibles, pour des vêtements, de l'argenterie, de l'orfèvrerie, des chevaux, des bêtes de somme, des têtes de bétail, des esclaves ".Domitien, après avoir, le premier jour du sacrum septimontiale, offert aux spectateurs une epulatio distribuée en panaria et sportellae, le lendemain « ontne genus rerum missilia sparsit », et, comme les cadeaux étaient tombés en majeure partie sur les gradins de la plèbe, il ordonna une sparsio supplémentaire de cinquante tessères par cuneus de sénateurs et de chevaliers". Sous le même prince, à la fête des calendes de décembre 90, le spectacle fut précédé d'une copieuse sparsio de fruits, gâteaux et autres friandises, et d'un epulum; il fut suivi d'une nouvelle sparsio non moins abondante, mais celle-ci d'oiseaux exotiques'. Aux jeux d'Arruntius Stella pour le triomphe sarmatique de Domitien, en 93, il y eut chaque jour riche sparsio; les missilia furent tantôt des lasciva nomismata, c'est-àdire sans doute des jetons à figures obscènes donnant accès gratuit dans les lieux de débauche, tantôt des tessères valables soit pour les fauves qui avaient paru sur l'arène, soit pour du gibier à plumes" Hadrien, en 119, pendant les fêtes de son anniversaire, fit des sparsiones par tessères au théâtre et au cirque, les unes pour les hommes, les autres pour les femmes 1' Elagabal, monté sur de hautes tribunes construites exprès, jetait à la foule des coupes d'or et d'argent, des vêtements, du linge, des animaux domestiques et sauvagest6. Les documents épigraphiques attestent que l'usage des missilia n'existait pas seulement dans la capitale. Dans maintes villes d'Italie ou de province quelque riche notable offre à ses concitoyens des sparsiones16 ou des ludos cum ni issilibus 17. En général, la nature de ces missilia n'est pas spécifiée. Cependant nous apprenons qu'un personnage de Bénévent répandit des tessères valables pour de l'or, de l'argent, de l'airain, du linge et d'autres objets O. Deux inscriptions de Ferentinum mentionnent entre autres largesses (distributions d'argent, de gâteaux, de vin doux) des sparsiones de noix, dont l'une de trente boisseaux, à l'intention des enfants, le tout pour commémorer chaque année la naissance du donateur19. Il y a tout lieu de croire que ces sparsiones de noix, à la mode antique, restèrent longtemps en honneur dans les fêtes de famille, surtout dans les mariages20. Dans les solennités publiques les missilia étaient une largesse normale'', et les exemples précis que nous avons pu citer ne doivent évidemment être regardés que comme des cas remarquables de la pratique courante. Quoique nous ayons très peu de ces exemples précis pour toute la période postérieure au milieu du lue siècle 2', nous sommes sûrs que la coutume se maintint, en Occident et en Orient, jusqu'à la fin des temps antiques. Les sparsiones des empereurs furent en général les plus mémorables par la quantité ou la qualité des cadeaux. Mais il n'est pas douteux que les magistrats qui, aux divers moments de l'époque impériale, participèrent à la cura ludorurn," questeurs, édiles, préteurs, consuls, en MIS main, prêt à le frapper '. La figure 4315 le montre traînant le corps du monstre hors du labyrinthe. Ce motif se retrouve sur une plaque d'or archaïque de Corinthe 2 et sur une cuirasse de bronze provenant d'Olympie . Le combat est aussi le sujet d'une métope mutilée du Théscion et d'une mosaïque romaine trouvée en Suisse, près de l'ancien Ascupicum , Il est traité encore, mais comme un corps à corps sans arme, dans des bronzes conservés au Musée de Berlin G et au Louvre Plusieurs torses de Minotaure en marbre, dans différents Musées, proviennent de groupes analogues en ronde bosse8. Les autres motifs empruntés à la même fable sont 10SSCZ rares. Deux statuettes de bronze, trouvées en Crète et à Olympie, et ayant servi d'ornements à des trépieds, figurent le Minotaure debout °. Une urne étrusque représente (fig. 5077) la naissance du monstre sous la forme d'un enfant à tête taurine0, Un relief de marbre a pour sujet le Minotaure conduisant pal la main, à l'autel, sept jeunes filles, ses victimes Sur quelques peintures murales de la Campanie, il git, abattu aux pieds de Thésée vainqueur, qui est salué et embrassé par les jeunes gens qu'il a délivrés 13, F. Duiuopscn