Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MISSILIA

MISSILIA. Les cadeaux, de nature et de valeur très diverses, qu'en certaines circonstances solennelles de la vie romaine, spécialement à l'occasion des jeux du cirque, du théâtre et de l'amphithéâtre, les personnages qui présidaient la fête répandaient ou faisaient répandre parmi le public, s'appelaient d'ordinaire missilia, quelquefois sparsio. Au propre, cc dernier substantif signifiait l'action de les répandre. Les znissiiia litaient donc une des multiples formes de la LABGITI0. Mais cette espèce différait essentiellement de toutes les autres [c0NGIARIUSI, allaient par portions déterminées à des personnes désignées, tandis qu'aucune partie des lfliSSilia n'était prédestinée à aucun individu de la foule à laquelle la masse était offerte1. Les tnissilia étaient en droit l'es dep'elictae et chacun devenait d'emblée propriétaire de tout ce qu'il avait la chance d'en recueillir L'usage de répandre des présents aux réjouissances publiques se rencontre, an moins à l'étal rudimentaire, chez les Romains de l'époque républicaine et rnênse chiez les Grecs avant la conquête. Lorsqu'au jer siècle de notre ère l'agonothète Épaminondas d'Acraephiae, entre autres largesses prodiguées aux spectateurs de ses jeux, répandit de magnifiques cadeaux, )]g. [m] èobo'i ro'.4.)u xvi royuvo) , on peut dire qu'il ne fit que suivre la mode romaine; le mot p.sv'rx n'a évidemment pas ici son sens ordinaire de pâtisseries; il dérive de 7t(0, non de et traduit le latin nissilia t, Mais plusieurs passages d'Aristophanet nous apprennent que, de son temps, souvent les poètes faisaient jeter à l'assistance, pour se la rendre plus sympathique, des friandises Tp(oï..4)/lo.), telles que figues, noix, grains d'orge grillés. Peut-être faut-il voir dans cette coutume la survivance de quelque vieux rite; mais peut-être aussi faut-il en expliquer plus simplement l'origine : envoyant beaucoup de spectateurs, pour tromper leur faim ou compliquer leur plaisir, grignoter de ces choses et d'autres pareilles (TEv'r £e;v) ° apportées avec eux, l'idée serait venue aux poètes de les leur offrir. En dehors de toute influence hellénique, comme aussi de toute intention religieuse, la même cause n pu produire à Rome le même effet. Voulant flatter la gourmandise grossière du plébéien e' acheteur de noix et de pois chiches torréfiés o, les présidents des jeux se seraient avisés de lui procurer gratis ces menus aliments. La coutume remonte, à coup sûr, très haut. Si l'on adopte pour un passage mutilé de Festus , citant Sinnius Capito °, la restitution spécieuse de Scaliger, l'origine d'une locution proverbiale, par conséquent ancienne, y est expliquée par l'usage de jeter au public, pendant les (Jerealia, des noix entre autres présents. Le témoignage des scoliastes d'Horaco o et de Perse 11 montre qu'ils jugent la coutume fort ancienne. Le texte d'I'lorace : o In cicere atque fuba boita lu MIN 1933 MIN