Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article MINOTAURUS

MINOTAURUS (Mtta(raupot). A la requête de Minos, qui voulait se prévaloir auprès des Crétois de la faveur divine, Poseidon avait fait surgir des flots un taureau d'une exceptionnelle beauté, à condition que l'animal lui serait ensuite offert en sacrifice. Mais le roi ne résista pas au désir de le conserver parmi ses troupeaux, et lui substitua une autre victime. Pour punir ce parjure, Poseidon rendit furieux le taureau divin et inspira à Pasiphaé, l'épouse de Minos, une passion monstrueuse pour lui : de ces amours naquit le Minotaure, à tète de taureau, au corps humain. Saisi d'horreur à sa vue, Minos le reléguadans le Labyrint he. Plus tard, ayant réduit Athènes à sa merci, il imposa à la cité un tribut annuel de sept jeunes gens et de sept jeunes filles qu'il jetait en pâture au Minotaure, jusqu'au jour où Thésée, qui faisait partie, comme victime volontaire, du second ou du troisième convoi, tua le monstre d'un coup d'épée ou de massue'. La fable dont nous nous bornons à esquisser ici les traits essentiels, paraît être, sous cette forme qui a prévalu, l'oeuvre de la tradition athénienne opérant, dans un esprit d'hostilité contre Minos, sur des souvenirs de l'histoire crétoise'. On sait aujourd'hui, depuis les remarquables découvertes de M. Evans à Cnossos, que ces vieux mythes, si singuliers et si longtemps inexpliqués, ont leur point de départ dans des réalités historiques désormais bien constatées. Le mystérieux Labyrinthe [LABYRINTHeS] paraît n'être pas autre chose que le palais de Minos récemment exhumé; il tire son nom du nom carien de la hache, ),aâpéç, dont l'emblème se retrouve si souvent dans les ruines 3 ; que si on l'a conçu plus tard comme un édifice tortueux et souterrain, c'est vraisemblablement par une confusion qui s'est faite dans la suite avec le labyrinthe égyptien du lac Moeris°, Quant au Minotaure lui-même, c'est, entre plusieurs autres, une forme particulière des légendes qui se sont greffées sur l'ancien culte du taureau, si familier à tout l'Orient V1 et à la civilisation mycénienne 3. On a rappelé fort à propos que Phalaris, tyran d'Agrigente, jetait des vielimes humaines dans les flancs rougis au feu d'un taureau d'airain : il n'est pas difficile de supposer qu'un supplice analogue a pu exister dans quelque ville du monde ancien, et que la légende athénienne, systémati quement hostile à Minos, s'est emparée de ce trait pour composer le Minotaure 0. Cette explication, très simple et très plausible, dispense de rappeler les autres essais d'interprétation qui ont été tentés de la même fable 7. Le type du Minotaure n'a pas varié dans les nombreuses représentations qu'il a fournies à l'art antique. Conformément aux indications des mythographes a, il est toujours constitué par le corps d'un homme et la tête du taureau'. C'est ainsi qu'il figure sur beaucoup de monnaies crétoises, en particulier de Cnossos (fig. 5078)[0; dans beaucoup d'exemplaires, il tient de la main droite ou des deux mains un disque ou un globe, que l'on interprète soit comme un disque ou un globe de planète, soit comme une pierre que le monstre aurait saisie dans sa lutte contre Thésée. On voit aussi une allusion à un ancien culte stellaire dans la série de petits cercles qui encadrent le haut de quelques-unes de ces monnaies ". On rappelle à ce propos que le Minotaure porte lui-même dans quelques récits le nom d'Astérion ou d'Astérios f2, et enfin que, sur quelques vases peints, il a le corps constellé d'une multitude de petits points, formant comme un semis d'astres". Dans la légende du Minotaure, c'est surtout l'épisode de sa lutte contre Thésée qui a inspiré les artistes [THESEUS1, ce motif revient assez souvent dans la peinture céramique, et notamment sur les vases à figures noires : d'ordinaire, Thésée maintient par une corne le monstre agenouillé ou debout et le perce de son épée 14 (fig. 3079) ; ou bien il se dirige contre lui, l'arme à la 243 MIN -1932-MI N peut aliéner sans la volonté du mineur; il n'est pas vice domina.. La présence d'un curateur était pour les tiers une garantie' : la restitution en entier n'était possible que si le curateur avait mal administré Les empereurs du m1° siècle allèrent ptus loin : pour rassurer les tiers, ils leur permirent de forcer le mineur à demander un curateur pour certaines affaires : pour recevoir un paiement ou un compte de tutelle, pour défendre à un procès Dans ce dernier cas, le rôle du curateur consiste à conseiller le mineur : ici apparaît pour la première fois, d'une manière certaine, le consensus cura/taris 4. L'obligation d'obtenir le consensus d'un curateur a été étendue aux mineurs qui veulentagir en justice 3. Les mineurs sont dès lors considérés comme incapables de soutenir un procès. Leur situation ressemble, à cet égard, à celle des pupilles en tutelle; le consensus du curateur produit le même effet que l'auctoritas du tuteur. L'assimilation de la curatelle à la tutelle a été admise dans le cas même oh le mineur a un curateur permanent : celui-ci peut à son choix, comme le tuteur, plaider au nom du mineur ou le faire plaider avec son consentement 6. L'incapacité partielle des mineurs fut bientôt étendue : les mineurs pourvus d'un curateur ne peuvent rendre leur condition pire sans le consentement de leur curateur; leur situation est, sous ce rapport, analogue à celle des pupilles en tutelle Appliquée indistinctement à tous les mineurs pourvus d'un curateur, cette règle eùt été excessive ; on admit un tempérament : les mineurs de vingt-cinq ans peuvent être relevés de leur incapacité partielle par la faveur du prince ; on leur accorde la venin aetatis e. Grâce à ce bénéfice, ils sont traités comme des majeurs : ils n'ont plus le droit de demander l'in integrum restitutio et peuvent conclure tous actes juridiques sans le consentement de leur curateur. La concession de ce bénéfice a été réglementée par Constantin ; elle est subordonnée à deux conditions : l'âge de vingt ans pour les hommes, dix-huit ans pour les femmes ; la justification devant le magistrat de l'honorabilité du mineur et de son aptitude à gérer ses biens'. D'autre part, l'effetdela venia aetatis subit une restriction : le mineur reste soumis, pour l'aliénation des fonds ruraux et, depuis Justinien, pour la constitution d'une hypothèque, à l'obligation d'obtenir un décret du magistrat 10. En cas de contravention, la nullité de l'acte peut être demandée pendant cinq ans pour les actes à titre onéreux, pendant dix ans pour les actes à titre gratuit entre présents ; le délai est porté à vingt ans entre absents II, Mineurs de dix-sept, vingt, trente ou soixante ans. Indépendamment des mineurs de vingt-cinq ans, la loi romaine s'est occupée des mineurs de dix-sept ans, de vingt ans, de trente ans, de soixante ans et les a frappés d'incapacités diverses. Laloi Aelia Sentia de l'an 757 défend au maitre, mineur de vingt ans, d'affranchir un de ses esclaves sans l'autorisation d'un conseil institué à cet effet [LEx SEL1A SENTIR, t. III, p. 4127]. Cette règle a été modifiée par Justinien : il 'a abaissé à dix-sept ans 12, puis à quatorze ans 13 l'âge à partir duquel le maître peut librement affranchir ses esclaves par testament. La même loi Aelia Sentia défend d'affranchir l'esclave mineur de trente ans [t. III, p. 1128], sinon il n'a qu'une liberté de fait: mais1Y elle lui facilite l'accès de la cité romaine lorsqu'il se marie et qu'il a un enfant d'un an. Tant que l'enfant est minor anniculo, son père n'est pas admis à invoquer le bienfait de la loi (causae probatio). Les lois caducaires exemptent des déchéances infligées aux coelibes,les hommes mineurs de vingt-cinq ans oumajeurs de soixante, les femmes mineures de vingt ans ou majeures de cinquante. Ils ont la solidi capacitas 10, mais non le droit de profiter des parts caduques ] CADUCARIAE L17GES D'après une règle établie par la jurisprudence pontificale, les mineurs de soixante ans ne peuvent adroger un enfant 16. Au temps des Antonins, on discutait la question de savoir si un minor natu pouvait adopter ou adroger un majeur; elle a été résolue négativement au milieu du me siècle " [ADOPTIO, t. I, p. 79, n. 49 à 52]. 1II. Les mineurs en droit public. A l'exemple du droit privé, le droit public romain a fixé à vingt-cinq ans l'âge minimum requis pour avoir accès aux magistratures sénatoriales ordinaires, spécialement à la questure'a. Cette règle, introduite par Auguste, fut étendue aux magistratures municipales '9. Sous la République et encore au temps de J. César20, l'âge minimum était celui de trente ans ANNALES LEGES, t. I, p. 273], et en principe les trente années devaient être révolues2L. Sous l'empire au contraire, l'année commencée est réputée accomplie 22, et cette faveur a été maintenue en droit public même à l'époque où elle a été écartée en droit privé 93. Auguste modifia également l'âge requis pour être inscrit sur les listes de juges. Il abaissa à vingt ans 24, l'âge d'abord fixé à trente ans 23; mais on ne put être forcé de remplir les fonctions de juge avant vingt-cinq ans : celui qui avait témérairement accepté la mission de juger une affaire, pouvait, suivant l'opinion générale, demander à en être déchargé 26. L'âge est parfois une cause de dispense de l'impôt personnel (tributum capitis). En Syrie, sont exempts les majeurs de soixante-cinq ans, les hommes mineurs de quatorze ans et les femmes mineures de douze ans. L'âge s'apprécie à l'époque de la déclaration au cens 27 MIN 1931 MIN calcul des délais, n'a pas cru pouvoir réduire même d'une heure le temps fixé par la loi Plaetoria. Au ter siècle de l'Empire, on était moins rigoureux ; d'après un papyrus latin trouvé en Égypte', on discutait au temps de Claude la question de savoir si l'on devait inscrire sur les listes des cinq décuries de juges les mineurs de vingt-cinq ans. Dans une Oratio adressée au Sénat, l'Empereur le permet, mais il défend de donner un mineur pour récupérateur avant l'âge de vingt-quatre ans. Il est, dit-il, conforme à l'équité de réserver le soin de juger les causes de liberté et de servitude aux citoyens qui, pour agir eux-mêmes en justice, n'ont pas besoin du secours de la loi Plaetoria. Le mineur n'était donc plus protégé dès qu'il atteignait l'âge de vingt-quatre ans. C'est l'application de la règle : annus coeptus pro pleno habetur. Le mode de protection organisé par la loi Plaetoria est tout différent de celui du droit moderne. Le mineur de vingt-cinq ans reste capable, mais la loi édicte des pénalités contre ceux qui abusent de son inexpérience i(cm CUMSCRIPTOR, t. I, p. 1186]. Le délit, prévu par la loi Plaetoria, est désigné par le mot circumscriptio2. Il comprend d'abord les actes dolosifs commis au préjudice du mineur. Cicéron fait remarquer que le dol n'était puni par la loi romaine que dans des cas exceptionnels, comme le fit la loi Plaetoria en faveur des mineurs de vingt-cinq ans; le préteur généralisa ces exceptions en créant l'action de dol. Mais le mot circumscriptio est plus large que le mot dol : il s'applique à des actes permis entre majeurs parce qu'ils ne contiennent pas un dol caractérisé. C'est ainsi que dans la vente et dans le louage il est permis de se circonvenir mutuellement'. Les pénalités édictées par la loi Plaetoria ne sont pas connues : il est vraisemblable qu' elles étaient pécuniaires et assez fortes pour qu'on en redoutât l'application. La condamnation entraînait comme peine accessoire l'infamie prétorienne 4 et, depuis la loi municipale de J. César, l'exclusion du décurionat5. Divers textes font allusion aux poursuites autorisées par la loi ; mais la nature de l'action ne peut être définie avec certitude. D'après Cicéron, la loi Plaetoria donne lieu à un judicium publicumrei privatae 6, ce qui semble indiquer une action criminelle exceptionnellement autorisée dans une affaire qui concerne un intérêt privé. Mais, d'après un papyrus d'Égypte récemment découvert, l'action de la loi Plaetoria est une action noxale, donc une action privée, servant à réprimer un délit'. Il est possible que les deux actions se confondent et que la loi Plaetoria ait créé une action populaire que tout citoyen pouvait intenter si le mineur négligeait de demander la répression du délit dont il avait été victime 3. Cependant certains auteurs pensent que la circumscriptio donnait lieu à une double poursuite, l'une intentée par le mineur, c'est l'action privée; l'autre, par tout citoyen, c'est l'action publique 9. La première seule est noxale 10; elle doit être exercée par le mineur au plus tard dans l'année qui suit sa majorité" D'après le biographe de Marc-Aurèle, Capitolin, la loi Plaetoria contenait une autre disposition : elle autorisait le préteur à nommer au mineur un curateur pour des causes déterminées, faiblesse d'esprit ou démence. Ce curateur devait avoir pour mission d'administrer les biens du mineur : c'est la fonction normale des curateurs. On a soutenu que le curateur était chargé de conseiller le mineur, de lui donner son consentement toutes les fois qu'il avait une affaire à conclure. Mais il n'y a pas d'exemple de curateurs spéciaux sous la République. Puis la création d'un acte non formel, comme le consensus, ne convient pas au temps de la loi Plaetoria : c'est le droit classique qui a réagi contre le formalisme et qui a consacré la validité des actes non solennels 12. Le consensus du curateur n'apparaît qu'au me siècle. La protection accordée aux mineurs a été élargie par le droit prétorien : il a créé à leur profit une exception pour les dispenser, lorsqu'ils ont été circonvenus, d'exécuterleurs engagements (exceptio legisPlaetoriae)13; puis il a promis de les restituer en entier contre tout acte qui leur est préjudiciable1°. Le préteur n'exige plus dans ce dernier cas qu'il y ait circumscriptio15, il suffit que le mineur ait agi par inexpérience 1q, qu'il n'ait pas d'autre voie de recours'', qu'il ait subi une lésion. Cette lésion doit avoir une certaine importance 18 : de minimis non carat praetor. Elle peut consister en un manque d'acquérir (répudiation d'une hérédité), aussi bien qu'en un appauvrissement19. La demande en restitution doit être formée dans le délai d'un an utile 50, Sous Constantin, le délai fut porté à trois ans, quatre ans ou cinq ans, suivant les régions2'. Justinien a supprimé ces distinctions et fixé le délai uniformément à quatre années continues22 L'in integrum restitutio était un mode de protection très efficace, mais les tiers, menacés pendant un an de voir rescinder l'acte conclu avec le mineur, préféraient s'abstenir de traiter avec lui. Marc-Aurèle jugea utile de généraliser l'usage des curateurs : il autorisa les magistrats à nommer un curateur à tout mineur qui en ferait la demande; aucune justification ne fut exigée''' Ce curateur est un curateur honoraire 24; ses pouvoirs sont moins étendus que ceux des curateurs légitimes : il ne MIN 1930 MIN temps d'Auguste . Une monnaie de Galba représente Vesta tenant le Palladium Le culte de la Minerve romaine apparaît répandu dans tout l'Empire, et, comme dans la capitale, surtout pratiqué pèr les corporations d'artisans et de commerçants. Les inscriptions signalent ce culte à Barium , Cortone clans la région de Plaisance , à Brixia , Vérone etc. Les dédicaces de collèges sont nombreuses ; les musiciens de toutes sortes la reconnaissent comme leur patronne , ainsi que les scribes et instructeurs militaires '°. En plusieurs endroits, elle s'associe ou s'identifie avec des divinités indigènes (Minerva Berec)Jnthia, à Bénévent)", en Gaule avec la déesse régionale du commerce et de l'industrie ; en Bretagne, avec la déesse des sources thermales de Bath ou Aquae Sulis 1 (Dea Sul Minerva) ° de même, à Nîmes", avec Mercure 1, Neptune, Fortuna'1, etc. Les interprétations savantes du caractère de Minerve comme déesse de l'Éclair 1',summum net liens cacumentu ou comme luna20, ou comme onemoniat1, ou sapientia22, tentées par les érudits latins, ne sont qu'une exégèse postérieure des caractères combinés de l'Athéna grecque et de la Minerve romaine. G. FOUGEHES Empire les fonctionnaires du palais (castrensiani) spécialement chargés du service de la table impériale j, Ils avaient succédé aux esclaves et aux affranchis qui avaient eu ces attributions pendant le Haut-Empire' [CASTRENSES1. Ils relevaient du vin spectabilis castrensis2, Une loi les exempte des obligations municipales au bout de quinze ans de service G. LIOCEIVAIN. MINOR. I. Mineurs de vingt-Cinq ans. En droit moderne, le mineur est celui qui, en raison de la faiblesse de l'âge, est considéré comme incapable d'exercer ses droits civils. La majorité est fixée par la loi française à vingt et un ans accomplis. o A cet fige, dit l'article 488 du Code civil, on est capable de tous les actes de la. vie civile, sauf la restriction portée au titre du Mariage. Rien de pareil à Rome, aux premiers siècles. D'abord la capacité juridique n'appartient qu'au citoyen paterfamilias : le fils de famille, quel que soit son tige, est. incapable; la femme est en tutelle perpétuelle. Puis le paterfamilias devient capable d'exercer ses droits dès le moment de la puberté, c'est-à-dire lorsqu'il est autorisé à revêtir la toge virile, vers lige de dix-sept ans. Protégé jusque-là par son tuteur, il est désormais présumé avoir la force et l'aptitude nécessaires pour administrer ses biens, défendre ses intérêts ou faire valoir ses droits en justice. Cet état du droit se conçoit aisément. chez un peuple d'agriculteurs, alors que les rapports d'affaires sont très limités : il n'existe qu'un très petit nombre d'actes juridiques et ils exigent soit la présence de témoins solennels (mancipation, nexum, libération par l'airain et la (in jure cessio). Ce sont là des garanties suffisantes pour que tout se passe correctement. Il en fot autrement lorsque le commerce se développa, et que l'on sanctionna des formes d'actes plus simples comme celles de la stipulation ou de l'expensitatio, ou même des actes sans formes, comme le prêt (mutuuni) Ces actes qui peuvent se conclure sans témoins étaient dangereux pour les personnes qui n'étaient pas en état d'apprécier les conséquences d'une formule captieuse. Les usuriers les employèrent plus d'une fois pour circonvenir les jeunes Romains, maîtres de leur fortune. La loi dut intervenir pour réprimer les abus et protéger les jeunes gens contre leur inexpérience : ce fut la loi Plaetoria, rendue vers l'an 563 [LEX PLAETOIOIA, t. III, p. 1158]. Elle fixa à vingtcinq ans la limite de sa protection; Plaute l'appelle lex quinavicenaria2. On distingua dès lors les mineurs et les majeurs de vingt-cinq ans. Le mineur est le chef de famille pubère qui,n'a pas encore vingt-cinq ans révolus. L'âge (aetas legitiina) se calcule de inotnento ad snomentutn2, et non, cousine d'ordinaire, de die ad cucul. La jurisprudence classique, qui a établi les règles sur le MIN 1929 MIN attesté par des inscriptions archaïques , Ce serait donc de la ville des Falisques que les Étrusques, puis les Homains, auraient reçu Minerve, déjà peut-être associée en triade avec Jupiter et Junon 2 90 La llineri'e cemaJn. Après la prise de Faléries en 13-41, la Minerve falisque fut installée k Homo dans une chapelle ou Jfineri'w,n au pied du mont Coelius sous le nom de J[tnet'va Capta Mais il existait déjà k Home un plus ancien sanctuaire de Minerve, celui de l'Aventin dont l'anniversaire de consécration (19 mars) coïncidait avec la grande fête de Mars, les QFINQUATHLS 6, qui devinrent une fête de Minerve7, sinon dans le culte officiel, tout au moins dans la pratique populaire. Comme la Minerve romaine est essentiellement la protectrice du commerce et de l'industrie 8, la fête des Qu\QUATifiS réunissait toutes les corporations d'artisans reconnues par l'État °. Ovide énumère les foulons, teinturiers, cordonniers, charpentiers, médecins, ciseleurs, peintres, sculpteurs, trompettes Mais il y avait d'autres collèges participant au culte de Minerve : le droit d'offrande et l'accès au sanctuaire équivalaient, pour une corporation, à la reconnaissance officielle 1f, C'était aussi jours de fête polir les écoles, dont les élèves offraient à leurs maitres un cadeau, lu Winen'al ' ou Alinert.'ale mufles. C'est probablementl'analogie de la Minerve romaine avec l 'Athéna Ergané des Grecs qui n produit l'identification de Minerve avec Athéna. Peu à peu, les attributions multiples de la déesse hellénique, comme divinité poliade guerrière, politique, se sont ajoutées au caractère primitif plus spécial et plus restreint de la déesse italique, mais cela plutôt dans la mythologie des lettrés que dans le cuite populaire. C'est ainsi que la Minerve de la triade du vieux Capitole, en s'hellénisant, prend le caractère de divinité poliade cumtos urbis) ou innerva custos". Auguste élève un temple à lIins'vr'a £Iieleidiea, le Chai cidicuni voisin de la curie julienne, et Domitien en consacra un second dans le Champ de Mars" et deux autres temples de Minerve, l'un près du temple des Dioscures 17 au nord-est du Palatin, l'autre en 86 sur le I"ot'uon (cons itoé'iurn qui fut achevé par Nerva ". partie très mutilée de la frise de ce temple subsiste en placet° ; elle représente Minerve, tout à fait hellénisée, présidant aux divers métiers C'est aussi sous l'influence grecque, et par analogie avec l'Athéna Pallas et l'Athéna iNiké, que Minerve s'identifie avec :qiruo, la compagne de Mars dans la vieille religion romaine, et avec BELI 078520, et entre dans une triade avec mitas et LUS, divinités quibus spolia Iiostmuét dif'are »i6' faoque est". C'est aussi comme Athéna Niké que l'honora Cn. Pompée par la fondation d'un temple de ineinibtis22 Le culte de .Jliuei'va ifedica polit s'expliquer par la participation, aux fêtes des QUINQUXTRU5, de la corporation des médecins dont Minerve est la patronne 20 . il ï' avait un temple de .Jlinerva Jiedica sur l'Esquilin '26 et, aux environs de Plaisance, un temple fameux de ihIinecl'lf P[ernoé' ou iifineé'i'a Medica Cabar'diacensis t'a C'est par assimilation avec Athéna Ergané que Minerve est qualifiée par les auteurs récents de dea laniflcii alors que, dans la littérature antérieure, elle reste étrangère au travail féminin ' Minerve parut pour la première fois au grand lectislernium de 537-217 av. J-C., associée à Neptune àl'iustar du couple hellénique Athér;a-Poseidon . Elle prit dès lors place dans le panthéon des douze dieux gréco-romains t. C'est sers la fin de la République que se répandit la légende du Palladium qui figurait dans le temple de Vesta parmi les pignora imper'ii ° et que l'on identifiait avec le Palladium de Troie, censément rapporté à Home par l'ancêtre de la gens iVaulia, adoratrice de Minerve 01 Mais c'est seulement sous Commode que la présence du Palladium fut officiellement constatée". Toutefois il n'est pas impossible qu'il y ait eu dès une haute antiquité rifle idole armée conservée avec les aneiCa. Nous possédons une représentation f111 Palladium romain fig 5076) sur une hase de Sorrente, du en qualité de é,gsyoç, donnant la en-tètes de décrets attiques, à des per de peuples amis d'Athènes ou, en MIN 1927 MIN l'Acropole ' représente ainsi la déesse dans une attitude pensive, devant un pilier qui supportait peut-être la ciste où reposait le petit Érichthonios. De nombreuses statues', en tête desquelles se place la belle statue Campana , aujourd'hui à Saint-Pétersbourg, et qui semble dériver d'un original du iv0 siècle , de style praxitélien, se rapportent à ce type. De l'attitude primitive du bras demi-relevé, (lui tenait le bouclier, dérive aussi le type quasi maternel d'Athéna, tenant dans un pli de son vêtement le petit Érichthonios représenté sous sa forme humaine ou sous la forme d'un serpent. La déesse le contemple avec une expression de douceur et de sollicitude, le bras droit s'appuie sur la lance ce type parait avoir été popularisé par le groupe en bronze, attribué à Alcamène, d'Athéna Hephaistia et d'Héphaislos, dans le temple de ce dernier 1. On reconnaît des répliques de 1'Athéna iléphaistia dans la Minerve à la ciste du musée du Louvre dans une statue de Cherchell 1, dans l'Athéna Glienicke8, etc. Plusieurs autres attitudes de l'Athéna pacifique, toujours dérivées des précédentes, sont encore à signaler O Celle de la déesse coiffée d'un bandeau, tenant son casque d'une main, l'autre bras s'appuyant, soit sur la lance, soit sur la hanche. Telle serait l'attitude d'un petit bronze de l'Acropole d'Athènes ; telle est celle d'Athéna, sur un basrelief dEpidaure, où la déesse présente son casque à un autre dieu, probablement Asklépios , et sur un bas-relief de la collection Lansdowne 11, Telle aurait été, d'après M. FurLwàngler, l'attitude de l'Athéna Lemnia de Phidias, dont il a proposé, avec une statue de Dresde et une tête de Bologne, une restitution très discutable12 u Athéna, main, sur des sonnifications qualité de Bouya(, à la personnification de la Boulé t BOL'LE, fig. 87J; 3° Athéna votant à l'Aréopage et s'apprêtant à déposer la fève dans l'urne 15, en faveur dOl-este. La célèbre statue chryséléphantine d'Athéna, dite Pai'thénos, exécutée par Phidias et installée au Parthénon en 438, est une adaptation du type de 1'Athéna à l'offrande et de la grande Athéna de bronze : le bras gauche, allongé le long du corps, repose sur le bouclier posé à terre l'avant-bras droit soutient, en guise d'offrande, une statue en or de Niké portant une couronne; la lance est reportée à gauche, appuyée sur l'épaule de la déesse ; le serpent Érichthonios s'enroule dans l'orbe du bouclier ; une stèle soutient la main droite portant la Niké Le colosse mesurait 6 coudées, au dire de Pline (environ 1 mètres sans le piédestal), et la Nikè à elle seule était haute de 8 coudées (1 141. 80) 15, Le poids de l'or employé était de 'iO talents (environ 4 millions de francs), divisés en pièces qu'on pouvait détacher pour en vérifier le poids. Le vêtement, une longue tunique talaii'e, et l'armure étaient en or ; les parties nues, en ivoire plaqué sur une armature de bois, le Gorgoneion en ivoire; les yeux en pierreries. Le casque était chargé d'ornements un sphinx au milieu flanqué de griffons; la surface extérieure du bouclier, dont le centre était orné d'une tête de Méduse en argent doré, était décoré de bas-reliefs représentant un combat d'Athéniens et d'Amazones ° Sur la surface interne du bouclier, était figurée une Giganto machie ; sur la tranche de la semelle des Foe. 5070. All,éuu sandales était figure un combat de Cen taures et de Lapithes, et sur les faces du piédestal, la naissance de Pandore". Quelques monuments, complétés par les représentations des monnaies attiques, permettent de reconstituer dans I MIN 1926 MIN en la dépouillant, sinon de ses armes, du moins de ses allures combatives. Plusieurs classes sont à distinguer dans cette lignée. Dans la première, la déesse, dont le bras droit à demi levé a déjà, sur la figure d'Égine, cessé de pointer d'un geste menaçant, convertit définitivement cette attitude en repos : le bras est toujours levé, mais pour s'appuyer sur une lance inactive, dont la pointe est tournée en l'air; quant à la position du bras gauche, elle divise cette lignée en deux classes, suivant que le bras encore à demi levé et replié soutient le bouclier à mi-corps', ou que, presque complètement abaissé, il s'appuie sur le bouclier pacifiquement déposé à terre. C'est ainsi que se sont changés en une pose de repos majestueux et paisible le bras levé des Palladia et la direction plongeante de leur lance. Ce type devait être représenté sur l'Acropole par quelque original célèbre, peutêtre par la colossale statue d'airain, consacrée après les guerres médiques et attribuée à Phidias 2. Un texte, d'ailleurs assez suspect, de scoliaste désigne cette statue comme une IIp6p..xyos 3. Mais les détails que donne Pausanias indiquent que la pointe de la lance, visible de loin, devait être dressée vers le ciel. C'est elle que représentent, semble-t-il, avec quelques variantes, plusieurs monnaies attiques en bronze 4 ; elle serait le prototype d'une nombreuse lignée d'imitations et d'adaptations postérieures plus ou moins libres' : telle, l'Athéna de Cassel, j AEGIS, fig. 144] qui nous montre une inter version des attributs et des gestes des deux bras. Les artistes furent conduits à supprimer le bouclier pour alléger la figure d'un attribut encombrant, moins nécessaire à une déesse pacifique. Le bras gauche devenu libre lit le geste familier à nombre d'idoles archaïques : il tendit la main vide ou garnie d'une patère pour recevoir une offrande ' ; la représentation de l'offrande revue se convertit en représentation d'attribut, grenade, chouette, Victoire, etc. La lance passa du bras droit au bras gauche, et inversement l'offrande. De ce type, représenté par de nombreuses statues et bronze de Portici et celles Hope. de la collection Ilope fig. 5066) 10 sont des spécimens remarquables. De légères modifications dans le mouvement du bras gauche (dont beaucoup sans doute attribuables aux restaurateurs modernes) donnent à la déesse un geste oratoire, qui semble la transformer en cc,ropx(x ou en (3ou),a(x. A ce type appartiennent la Minerve, coiffée d'un xuver, de la villa Albani la Pallas de Velletri (fig. 5067)1= et de nombreuses répliques qui, sous des costumes divers, reproduisent la même attitude ta Un autre type résulte d'une variante de ce mouvement : celui de la déesse représentée avec un bras sur la hanche, soit nu, soit enveloppé dans les plis de l'himation. Ce geste peut aussi être une adaptation du geste de quelques figures archaïques oit Athéna relevait de son bras libre les plis de sa robe f4Un petit bas-relief de C. fithena idéalisée. L'évolution plastique qui avait émancipé, par une série de mouve ments progressifs, le Palladium primitif de sa raideur hiératique, produisit, parallèlement à ces figures offensives de l'Athéna Promachos et de l'Athéna conductrice des guerriers, un type de la déesse debout et armée. mais reposée et comme détendue dans une attitude pacifique. Athéna Ergané réagit sur la Pallas guerrière 242 MIN1 1925 MIN Nous en rapprochons une plaque décorative, représen tant un Palladion entouré de deux hiérodules portant la coiffure en osier entrelacé (fig. 5060); on retrouve dans cette dernière composition comme un lointain souvenir de la plaque mycénienne signalée plus haut'. B. Promachos. Un premier progrès consista â donner au Palladion enfermé Fig. 5058. Palladans sa gaine une allure plus libre, en monnaie de per_ séparant les jambes, de façon à. reprogam, duire l'attitude réelle du guerrier qui combat. Ainsi se créa le type de l'Athéna Promachos, représenté par le vase de Berlin reproduit (fig. 5061) e, par des bronzes archaïques de l'Acropole d'Athènes (fig. 5062) et d'autres endroits par les figures des amphores panathénaïques 4 et par quelques statues du genre de l'Athéna d'Herculanum (fig. 5063) 5, et le torse de l'Athéna archaïstique de Dresde De l'Athéna Promachos dérivent aussi les représentations de la déesse en lutte contre les Géants et terrassant Encelade (voir APGis, fig. 142). On retrouve des variantes du même type dans la figure centrale d'un fronton d'Égine ÿ (fig. 5064) e, où le mouvement du ~Al :; . bras droit et la direction de la lance y s ne sont plus offensifs, et dans l'A5059. Palladio„ théna plantant sa lance dans le sol de Nea-ui°°. de l'Acropole, pour en faire jaillir l'olivier, attitude vulgarisée par le fronton occidental de l'Acropole, autant qu'on en peut juger par le vase de VI. kertch reproduit plus haut. II est même probable que la légende de ce coup de lance a été suggérée par l'attitude familière aux vieux Palladia pointant avec leur lance de haut en bas. L'attitude de la Promachos est celle de l'hoplite de première ligne qui, sans sortir du rang et ferme sur ses jambes écartées, jette sa lance en avant, en se protégeant du bouclier levé pour la parade (parfois remplacé pour Athéna par l'égide). Mais cette attitude se convertit en un mouvement de marche impétueuse dans les représentations d'Athéna, qui, à peine sortie de la tète de Jupiter, entraîne les guerriers au combat (Athéna cri de guerre. Telle était probablement l'allure de la déesse, assez semblable à une Iris ou à une Niké, dans le fronton oriental du Parthénon dont le putéal de Madrid, reproduit plus haut, nous donne une réplique 5 ; plusieurs statues, statuettes10 et figures de monnaies attiques " dérivent visiblement de cet original (fig. 5065). Ce type trouve son expression la plus vigoureuse dans le morceau de la frise de Pergame représentant Athéna en lutte contre les Géants MIN 1.924 MIN or trouvée à Mycènes'. C'est une figure de sexe indéterminé, armée de la lance et du bouclier double orbiculaire. Ce type est une sorte de trophée anthropomorphique, peu à peu converti en xoanon vêtu d'un chiton ou d'un péplos, armé du casque, de la lance et du bouclier. Une curieuse peinture sur tablette de chaux, trouvée à Mycènes, malheureusement trop mutilée pour ètre ici reproduite, représente un de ces Palladiatrophées, à côté d'un autel, entre deux dames vêtues de la robe mycénienne à volants, qui lui apportent des offrandes I. Mais la figure 5057, empruntée à un vase àfigures rouges de Mégare, représente un de ces trophées, considérés comme une image de la déesse qui a donné la victoire (Athéna Niké) et à qui l'on offre un sacrifice t`. Diverses divinités, telles que Zeus, l'Apollon Amycléen l'Aphrodite de Sparte Artémis, Héra, etc., furent adorées primitivement sous cette forme du xoanon armé. Mais à la longue ce type d'idole devint plus spécialement l'effigie de la Vierge guerrière (Pallas, Niké), de bonne des acropoles ou Athéna Polias, sous le nom de Pallas Athéna ou d'Athéna Niké. Le Palladion du type mycénien n'est pas connu des poèmes homériques, puisque, nous l'avons vu, la statue assise d'Athéna Polias à ilion, d'après l'Iliade, semble n'être qu'une réplique imaginaire d'une Athéna Polias attique du temps de Pisistrate. Mais il était, semble-t-il, assez répandu dans les acropoles préhistoriques de la Grèce achéenne ; la légende, telle qu'elle était fixée dans les poèmes post-homériques sur la prise de Troie, transporta aussi ce type sur l'acropole d'Ilion, dont le Palladion, conçu comme un xoanon debout et armé, fut donné comme le prototype imaginaire des Palladia répandus dans toute la Grèce. La Nouvelle-Ilion fut une création artificielle d'origine littéraire, le symbole et le produit du folk-lore. Elle bénéficia naturellement de tout ce travail de l'imagination poétique et des légendes locales, et reçut son Palladion constitué de toutes pièces, combinaison fantaisiste du xoanon armé et de l'Athéna Ergané à la quenouille 6. Des monuments assez nombreux et assez concordants nous permettent de reconstituer l'évolution du type archaïque du Palladion postmycénien dans les villes grecques. La déesse était représentée debout, sur une base, une stèle ou une colonne parfois assez élevée (prolongement du poteau du trophée primitif), les jambes emprisonnées comme en une gaine dans les plis d'un chiton dorien ou ionien, la tête coiffée du casque corinthien, ou du polos en forme de calathos, le bouclier levé par l'avant-bras gauche, la poitrine couverte de l'égide, le bras droit tenant la lance obliquement de haut en bas, les pointes du péplos retombant symétriquement des deux bras. Quelques statuettes en bronze de l'Acropole d'Athènes et d'autres pays nous montrent la forme authentiquement archaïque de ce type 7. L'art hellénistique, la sculpture archaïsante, ainsi que les gemmes, les monnaies et les vases peints représentant l'enlèvement du Palladion troyen 8, ont fréquemment reproduit ce type avec toutes sortes de variantes. Notre figure 5058 reproduit une monnaie d'or de Pergame 9, dont il est intéressant de rapprocher la belle statue archaïsante récemment découverte à Poitiers 10 ainsi que le type du Palladion de Néo-Ilion d'après une monnaie agrandie de cette ville (fig. 5059) ".