Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article NABLIA

NANUS ou NANNUS (Nzvoç ou vâvvoç). I. Le terme nanus n'est que la simple transcription latine du grec veivoç. Selon la définition d'Aulu-Gelle, il désigne « brevi atque humili corpore homines, paulum supra terram exstantes u, c'est-à-dire les nains 1. C'est dans les pays de moeurs grecques et ioniennes que nous constatons d'abord ce goût bizarre pour les nains et autres jeux monstrueux de la nature. Ils étaient surtout en vogue à Sybaris, où on les appelait axn rafiot 2. Mais de la GrandeGrèce cette mode passa aux Romains. A la fin de la République et sous l'Empire, il n'y avait pas une riche Romaine qui, outre ses oiseaux de l'Inde, ses paons de Médie et son bichon de Malte, n'eût aussi son nain Pline l'Ancien cite deux de ces personnages minuscules qui vivaient du temps d'Auguste, Conopas et Andromeda, et qui n'atteignaient que deux pieds une palme'. Le goût des nains n'était pas particulier au sexe féminin. Il y en avait à la cour de Tibère Domitien imagina de faire combattre de ces petits hommes dans l'amphithéâtre contre des femmes 6. La cour d'Elagabale en était remplie, à ce point que son successeur Alexandre Sévère dut, à son avènement, VII. pour s'en débarrasser, en faire don au peuple 7. On leur apprenait parfois des arts d'agrément, tels que la pantomime, la danse (fig. 5258) 3. Dans les banquets ils avaient leur place au milieu de la foule des bouffons (copreae), chargés d'égayer les convives °. Si la plupart de ces avortons étaient des produits de la nature 10, d'autres ne devaient l'exiguïté de leur taille qu'à des pratiques barbares : Longin parle de boites (y)teT'nixoµx) où on enfermait certains enfants pour arrêter leur croissance 1f. Des nains proprement dits, il y a lieu de distinguer les distorti, pauvres êtres contrefaits et rabougris f 2 [MORIO] 13 : les nani étaient de proportions régulières, et leur croissance était achevée t4. Il ne faut non plus les confondre avec ces enfants (pueri minuti)1o, le plus souvent d'origine exotique, maure, syrienne, ou égyptienne f6, qu'entretenaient souvent, à cause de leur gentillesse et de leur babil, les grandes familles de Rome II. Le mot nanus désignait aussi un vase bas et concave, rapproché du situlus barbatus d9, O. NAVARRE.