des vaisseaux. Dans Athènes, où les stratèges commandaient à la fois l'armée de terre et l'armée de mer, cette magistrature n'a jamais eu qu'un rôle très secondaire ; aussi les lexicographes ne mentionnent-ils pas le navarque. Dans d'autres pays, au contraire, on pensa qu'il y avait intérêt à donner à la marine des chefs spéciaux.
C'est la navarchie de Sparte qui nous est le mieux connue. Cette magistrature existe déjà au moment des guerres médiques. Eurybiade, fils d'Eurycleidès, navarque des Lacédémoniens, quoiqu'il ne fût pas de race royale, commande la flotte confédérée des Grecs à Artémision et à Salamine'. Il semble que primitivement le commandement de la flotte ainsi que le commandement de l'armée appartenaient aux rois. En effet, aussitôt après Eurybiade, c'est le roi Léotychidas2, et après lui, le roi Pausanias 3 qui sont navarques. Mais peu à peu les éphores dépouillent les rois de toutes leurs prérogatives, même d'une partie de leur autorité militaire. Dans la période de paix relative qui s'étend de 477 à la guerre du Péloponnèse, les Spartiates ne semblent pas avoir nommé de navarque; en 44'29, ils nomment Cnémos qui n'est pas de la famille royale; et, à partir de cette époque, les navarques semblent toujours être des hommes du peuple Il n'y a guère qu'une exception : quand Agésilas relève la dignité royale, il confie la navarchie à deux de ses parents, qui, par conséquent, appartiennent à la famille royales. Il avait ainsi repris une ancienne prérogative de la royauté, la nomination des navarques ; ce droit avait fini par passer aux éphores'.
Quelle était la durée de la fonction ? M. Beloch' la croit annuelle ; M. Solari' pense, au contraire, que le navarque n'était nommé que pour une entreprise déterminée et qu'il restait en charge tant que l'entreprise n'était pas accomplie. Il faudrait alors supposer qu'au moment de la nomination du navarque, la durée de l'entreprise était réglée à l'avance, ce qui est difficile à admettre ; pouvait-on prévoir les événements10? M. Solari cite plusieurs navarques qui ont été en charge deux ans de suite; mais ces navarques ont pu être prorogés ou bien leurs fonctions ont pu être annuelles en étant à cheval sur deux années. M. Solari " croit encore, contre M. Beloch', qu'au moins à partir des dernières années de la guerre du Péloponnèse, il y a eu plusieurs navarques à la fois. Nous savons, par un texte précis de Xénophon, qu'un navarque ne pouvait pas être nommé deux fois de suitei3. Ces changements trop nombreux étaient fâcheux ; de plus, on nommait souvent des hommes qui n'avaient aucune expérience de la mer. Des réclamations se pro
duisirent 11, Les Lacédémoniens essayèrent de remédier à cet état de choses en confiant la navarchie à des magistrats subordonnés aux navarques 75 [EPISTOLEHS].
Les pouvoirs du navarque sont très étendus. Non seulement il commande en maître la flotte pour des expéditions déterminées ; il peut aussi, si la circonstance l'exige, tenter des entreprises nouvelles10 ; il a encore certains droits qui ont été enlevés à la royauté, il règle les relations avec les alliés ; il peut même être chargé de conclure des trêves, des traités ; c'est comme navarque qu'Antalcidas a conclu avec la Perse le fameux traité qui porte son nom 1'. Aussi Aristote a-t-il pu comparer l'autorité du navarque à celle d'un roi et a-t-il signalé les dangers que pouvait faire naître une telle accumulation de pouvoirs 1fi. Les rois, quand ils commandaient les armées, avaient toujours auprès d'eux deux éphores pour les conseiller 10, ou plutôt pour les surveiller. Les navarques pouvaient aussi être assujettis à avoir auprès d'eux des aâp.Pouaoi chargés de les contrôler et de les surveiller ; mais il semble que ce n'était pas là un fait ordinaire : il devait être motivé par les circonstances 20. Dans certains cas, le navarque pouvait être révoqué" ; cette révocation était prononcée par les éphores; c'est des éphores seuls que les navarques dépendaient ; c'est à eux seuls qu'ils devaient rendre des comptes à l'expiration de leur charge 22.
On se rendra bien compte de l'importance du navarque, si l'on pense que c'est en cette qualité que Lysandre, vai nqueur à Aegos-Potamos, a gouverné la Grèce pendant plusieurs années. Cette importance était en quelque sorte rendue visible à Delphes par le monument que les Spartiates y avaient élevé en l'honneur de leur victoire. Ce monument, l'ensemble sculptural le plus important de Delphes, comprenait plus de trente statues, celle du Dieu protecteur de Sparte, celles de Lysandre, de son devin Abas, du conducteur de sa galère, enfin celles des commandants ou navarques des contingents alliés. Il semble bien que la dénomination populaire de ce monument était oi va6apxot a3a
Pour les autres cités de la Grèce, nous sommes moins bien renseignés sur cette magistrature. Elle existait dans Athènes : nous voyons à deux reprises, dans Xénophon, un navarque commander une escadre de trois vaisseaux2i. A Syracuse, le navarque commande la flotte à la fin de la guerre du Péloponnèse 25, sous Denys l'Ancien 26 et sous Dion 27. A Rhodes, il était le premier magistrat ; il avait le droit de conclure des traités sans prendre l'avis du peuple". A Abydos, le navarque était peut-être le magistrat éponyme 29. Des navarques sont encore mentionnés, mais dans une situation moins élevée, dans la flotte d'Alexandre 30, à Halicarnasse 31, en Syrie 32, à Calymna 33
NAV -20NAV
A Rome, les officiers de marine, ainsi que les soldats, étaient inférieurs à ceux de l'armée de terre. On ne sait pas art juste quelle distinction il faut établir entre les titres de lrierarchi, navarefbi, principes et centuriones (c1assiarii). On les explique d'une fanon plausible en considérant les navarchi et les trierarchi comme des capitaines de grands et de petits navires, qui, une fois assimilés par faveur spéciale aux centurions de l'armée de terre, prirent le titre de centurions et même de