Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

NEOI

NEOI (Néot), C'est le nom que donnent les textes, surtout les textes épigraphiques, à des collèges de jeunes gens qui apparaissent très nombreux dans le monde grec à partir dune siècle avant notre ère, particulièrement en Asie Mineure 1ENIERI, p. 635]. Nous ignorons les limites d'âge qu'il convient d'assigner aux véos; peut-être variaient-elles d'une cité à l'autre. Ce qui est certain, c'est qu'ils étaient plus âgés que les éphèbes ; cela ressort avec évidence des inscriptions agonis!iques qui distinguent entre les vainqueurs les nalseç, les Enrleoi et les véot, et qui donnent pour synonyme à ce dernier terme le mot avipeç '. On s'est demandé si les vÉOt formaient, là où ils se rencontrent, des associations publiques ou privées '. Le doute, sur ce point, ne semble pas permis. A Iasos, en Carie, il est question d'un gymnasiarque qui a dirigé les quatre gymnases de la ville, celui des €yrpeot, celui des véot, celui des 77peo urepot, et sans doute aussi celui des 7ral:seç 3. A Milet, un personnage a été gymnasiarque des vist, des 7tvr€peç et des 7 0)s:T t 4. Or la gymnasiarchie est ici une fonction publique [GYMNASIARcIHA, p. 9678 et suiv.], d'où il résulte que les vioc étaient placés sous la surveillance de l'État. Leur collège n'était, semble-t-il, qu un prolongement de l'éphéhie Leurs occupations nous sont mai connues ; ils en avaient de littéraires et fréquentaient les bibliothèques publiques ; mais c'est surtout la gymnastique qu'ils cultivaient : leurs gymnases paraissent avoir été principalement consacrés aux exercices du corps, tandis que ceux des natôeç, et même des Ërpveot, étaient des établissements complets d'instruction. Les sociétés de v_oi étaient propriétaires. A Iasos, les viOs possédaient des immeubles et des capitaux dont la gestion était confiée à des ôtotxrira( élus par le collège'. Ils recevaient des dons de particuliers qui subvenaient aux dépenses de leur gymnase, parmi lesquelles la plus considérable était celle de l'huile nécessaire aux exercices de la palestre'. P. GIRARD. NEPTUNALIA SEPTUMS nom de Poseidon se présente dans les différentes con trées sous un assez grand nombre de variantes' : 1101-E(Souv en Thessalie 2, IluTetl mv en Béotie' ; en Arcadie, chez les populations doriennes, on rencontre IIorEtforme lloaetôânwv est homérique ; la forme attique lloaetSov, dérivée de l'ionien IIooEsli v ", a prévalu dans la langue commune10. Les essais d'étymologie tentés par les anciens sont, comme à l'ordinaire, négligeables ". Ceux des modernes se réduisent, en somme, à deux systèmes. Les uns voient, dans le premier des deux éléments dont le mot se compose, la préposition 7d0 (ner() = 700ÿ, et dans le second un mot exprimant le gonflement des flots (o è)J.a xÀuertoç, épithète sous laquelle précisément il reçoit un culte à Argos t2: c'est une allusion à la vague qui se soulève pour venir battre le rivage. D'après une autre interprétation, plus généralement acceptée, la première partie du nom est formée du thème no, qu'on retrouve dans 7coroydç, nbcoç, nda„ et qui aurait la signification de liquide, eau 13 ; la fin du mot est un simple suffixe; ou encore elle recèle peut-être le nom de Zeéç (4v, Av), en sorte que Poseidon, c'est le Zeus de l'élément humide 14. Ces tentatives d'étymologie ne sont qu'ingénieuses, et ou ne saurait les prendre comme point de départ pour l'exégèse. ému'. Dans la généralité des ouvres littéraires et des monuments de l'art, Poseidon apparaît avant tout comme le souverain des mers. On sait comment, dans la mylhologie traditionnelle 15, le partage du monde entre les trois Eronides a attribué ce domaine à Poseidon (JL ['IFEM,, p. 692]. Dans les poèmes homériques, sa résidence est supposée sous les flots ; il en émerge pour intervenir parmi les humains ou se rendre à l'assemblée des dieux, puis il s'y replonge". Dans une description célèbre, l'Iliade le représente embrassant, des sommets de Samothrace, le champ de bataille de Troie. puis courant à grandes enjambées jusqu'à Ae,gae, oit, clans les profondeurs sous-marines, est bâti son palais resplendissant d'or'. Pour traduire la souveraineté du dieu sur les mers, les anciens ont maintes épithètes: telles ne),a NEP 60 NEP ''yŒ OG ' ou -n E),4toç 2, (ria),anztoç 3, 1r6VTCOS ~, Efv .À t056, 77OVT0.L 0)v 6, (.0 Olt V'r10ç 7, âXux6ç 8 etc. D'autres font allusion à la vaste étendue de son domaine : EupuxpEitnv EU pV(tÉSIUV 10, EûpuoOEVr;ç l', vipug(aç 12 ; au tumulte ou au grondement sourd des vagues : Ép1n pn.payoç ip(x'unoç ", E'puC6aç16; à la couleur sombre des flots : xua11oy5t(TT)çf8. C'est lui qui agite la surface des mers et qui y soulève les tempêtes 17 ; la première partie de l'Odyssée, qui met si souvent Ulysse aux prises avec les difficultés de la navigation, est pleine de son nom. C'est le dieu qui brise les vaisseaux de l'impie Ajax, fils d'Oïlée 18 ; c'est encore lui qui, pendant les guerres médiques, anéantit une flotte perse sur les côtes thessaliennes ". On a remarqué que, dans le calendrier des villes ioniennes, le mois IloatSEs,v, qui lui est consacré, est un des mois de l'hiver, où la fureur du dieu est le plus redoutable L0. C'est précisément parce qu'il tient à sa discrétion le sort des navigateurs, que ceux-ci l'invoquent ; l'épithète d'âe?O Etoç, qui d'ordinaire a une autre acception, paraît être parfois entendue dans ce sens spécial : étant le maître des éléments, on lui demande la sécurité, il dispense les vents favorables et le temps calme 2' ; en cette qualité, il est quelquefois associé à Aphrodite qui est, elle aussi, une divinité de la navigation et porte le surnom d'EU7c),ota 22. Il est le dieu des marins, des négociants et des pécheurs, qui lui confient leur fortune et leurs espérancesL3. Il préside au succès des flottes•de guerre, et c'est pourquoi il est adoré souvent sur les côtes et dans les îles en qualité de Tp67catoç 2'; les amiraux victorieux se parent de ses attributs et passent pour ses favoris25; les rois Antigone et Démétrios, plus tard Sextus Pompée et Agrippa, en commémoration de leurs victoires navales, avaient voué au dieu une reconnaissance particulière et reproduit son image sur leurs monnaies et en d'autres monuments 26. En son honneur, on célèbre en différentes contrées des régates ou naumachies, notamment au dème attique de Sunium, à l'Isthme, à Corcyre 27. L'arme redoutable que la légende met entre les mains de Poseidon, et qui est à la fois son symbole et son attribut le plus constant, c'est le trident. Quelle en est l'origine ? L'explication la plus simple, c'est d'y reconnaître l'engin qui sert à la pêche des gros poissons, comme le thon et le dauphin, le harpon 28 ; on peut faire valoir à l'appui que la même arme se retrouve entre les mains d'autres divinités marines, chez lesquelles elle ne peut avoir d'autre signification 19. Une autre hypothèse, c'est que le trident n'est pas autre chose originairement que le foudre de Zeus [ruLMEN], dont la forme s'est particularisée pour s'adapter aux fonctions dévolues à Poseidon; et cette seconde explication concorderait avec la théorie qui identifie les deux divinités 30. Quoi qu'il en soit, cette arme est, sur les monuments figurés, son attribut spécifique; c'est avec elle qu'il soulève la mer, qu'il détruit citadelles et remparts, brise rochers et montagnes, fait jaillir les sources, lutte contre les Géants 31. Le dauphin, l'animal cher à toutes les divinités qui résident dans la mer ou qui sont protectrices des navigateurs 3L, est aussi un des attributs constants de Poseidon dans les oeuvres d'art : le dieu est souvent représenté tenant un dauphin en main, ou posant le pied sur l'animal qui lui est consacré". C'est un dauphin qui va chercher Amphitrite fuyant auprès d'Atlas la poursuite de Poseidon 34; sous la forme d'un dauphin il surprend Mélantho, la fille de Deucalion et la mère de Delphos 36 ; il donne à son fils Thésée une escorte de dauphins pour l'accompagner au fond des mers à la recherche de l'anneau de Minos 36. Les sept dauphins qui décorent la spina des cirques romains [coccus, p. 1190 sq., et fig. 1520-1523] sont une allusion à Poseidon qui préside aux jeux équestres. L'hippocampe [HIPPOCAMPUS], un des coursiers ordinaires du dieu, n'est pas autre chose qu'une combinaison du cheval, dont nous dirons le rôle dans sa légende, et du dauphin 37. Ce n'est pas seulement à la surface des eaux, et comme dispensateur du calme et de la tempête que le dieu manifeste sa puissance : il est aussi, par une extension naturelle, en relation immédiate avec les continents et les îles, à qui la mer sert de ceinture et, suivant les idées des anciens, de support. Il faut entendre en ce sens l'appellation si fréquente de yatioyoç 38 : elle signifie qu'il maintient et soutient la terre, et a de nombreux équivalents dans les surnoms de i;spaîoç 39, 8E(1.E)stoC'oç 40 Ft~oôy oç ', Sa).aa(/fJWV 2, surtout âahâÀetoç ou âa~âÀtoç, une des épithètes de culte qui revient le plus souvent'. Or le dieu dont la fonction est de maintenir fermes les assises de la terre est aussi celui dont on reconnait l'intervention dans les secousses qui l'ébranlent. La croyance à ce redoutable pouvoir trouve, elle aussi, son expression dans mainte épithète, comme Evvoalyatoç, qui se substitue souvent au nom propre du dieu', &voIiZOmv aElaiyO(v 6, i)cEaiylo.v "'. Il est probable qu"EpEy0E6ç, le héros athénien, n'est que le doublet de Poseidon, et son nom une de ses épithètes, de même sens que ces dernières, et parvenue à une personnalité distincte 8. Au chant XX de l'Iliade, quand les Immortels sont aux prises, Poseidon ébranle la terre d'une si violente secousse, qu'A'idoneus, saisi d'épouvante, s'élance de son trône et s'attend à voir le sol s'entr'ouvrir au-dessus du royaume des morts'. La légende attribuait au dieu bien des cataclysmes physiques. C'est lui, notamment, qui avait fait surgir des flots les Sporadesf0. L'île de Nisyros était un rocher qu'il avait arraché à Cos dans sa lutte contre les Géants pour en accabler Polybotès ou Ephialte (fig. 5304)". On expliquait le dessèchement de la Thessalie par un coup de son trident qui avait fendu la ceinture de montagnes et frayé au Pénée une issue : d'où son surnom de IlErpaioç1°. A l'époque historique même, l'apparition brusque d'un îlot près de Théra en 237 fut attribuée à Poseidon, et les Rhodiens s'empressèrent de lui vouer un sanctuaire sous le nom d"AaeOXEtoç 13. C'estaussi à Poseidon 'Aarpzntoç que la population de Sparte chante un péan pendant un tremblement de terre14. Bref, tous les phénomènes de même nature, failles des rochers, ruptures de montagnes, sont des prodiges dus au trident du dieu. On montrait Cellini. fr. 285. 8 Bncchyl. XVI, 19. 3 Par exemple Aristoph. Ach. 682; Plut. I'hes. 36; Aristid. 1, p. 29; Poli. s. v. aimai..; Cornut. L. c.; l'Istym. Magn. donne l'équivalence avmadq,, [Spain,, c'est-à-dire « immobile Macrob. I, 17, 22; ef. Paus. III, 11, 9 (Sparte); Soid, v. Taf.apo. ; Inscr. Argot. 1063, I. 4 (Epidaure) ; C. 1. ,gr. 4433 (Aegae de Cilicie) ; finit. corn hell. VI, p. 454 (Cyzique), etc. ; cf. une dédicace métrique à Zeus ,,n-cuwnnç, à Pluton et Poseidon eatatq3.1isi Ath. Mitth. XXIV, p. 358, et Papageorgiou, Uned. Insehr. von Mity. lene, Leipz., 1900, n. 8. 4 Il. VIII, 440; IX, 362, etc.; Od. V, 423; VI, 326, etc. ; Hes. Theog. 818, 930; Sent. Herc. 104; Hom. Hymn. XXII, 4; Epigr. VI, 1; Quint. Smyrn. 111, 767; V, 89; XIV, 343; Nonn. Dion. XI, 271 XIII, 37; Orph. Argon. 1367; Juven. X, 162; cf. t..ovlln; dans Pind. Pylh. IV, 33, 173; Schmidt, Zeitschr. f. vergl. Sprachf. 1881, p. 145; Schalze, Quaest. ep. p. 160. 6 1l. VII, 445; Vlll, 208; Xl, 751, etc.; Od. 1, 74; III, 6; V, 282, etc. ; Des. Op. et dies, 667; fr. XXXIII, 2; Orph. fr. 160, 3. 6 Pind. Isthm. 1, 53; Baccbyl. XVIII, 21; Orph. Argon. 345, etc. 7 Pind. Pyth. VI, 50; cf. encore Hom. Hymn. XXII, 2 7e e,,ç xi.,0s0pa ; Pind. Isthm. IV, 19; Soph. Tracta. 502 swaxswp yaiuç Aristoph. Nub. 568 : ymç su xv.[ âxaupüç las2eeo;ç ayp,ov y.o0Soo,5o. 8 PrellerRobert, 1, p. 203, n..2; Gruppe, Gr. Myth, p. 25 et 1139, n. 2; cf. le verbe tp€flu, pousser, frapper 9 11. XX, 5G-65. 10 Cathim. In Del. 30 sq. ; Diod. V, 47 ; Orph. Argon. 128e sq. C'est pour une raison analogue qu'il y avait différents à l'Acropole d'Athènes la marque de l'arme divine qui avait frappé le sol, ainsi que la source d'eau salée qu'il avait fait sourdre à l'Erechtheion, Ozaacaa 'EaEyliT)Îç, ef où l'on entendait gronder le mouvement de la mer''. Dans le même ordre d'idées se trouve peut-être l'explication des légendesquimontrent Poseidon constructeur et destructeur de murailles : d'après l'Iliade, il a bàti pour Laornédon les remparts de Troie, et c'est aussi lui qui les a renversés d'un coup de trident 16 ; les Byzantins racontaient qu'il avait aidé à élever l'enceinte de leur ville ". Poseidon dieu des sources et des fleuves. -Les derniers traits que nous venons d'esquisser se ramènent, sans trop de difficulté, à la conception du dieu qui est souverain de la mer. Mais la physionomie du dieu se présente encore sous d'autres aspects. Comme en témoignent plusieurs légendes, on adore en lui une divinité des eaux douces, des fleuves et des sources. A titre d'analogie, il convient de rappeler que l'Océan est également considéré comme le père des eaux fluviales "e. L'Iliade nous montre les rivières de l'Ida obéissant à la voix de Poseidon". D'après un vers de Pindare, il est censé résider dans le lit de l'Alphée20. Pour séduire la nymphe Tyro, il emprunte la forme de l'Enipeus 21. Il préside aux sources et aux fontaines sous les noms de xpr,voûyoç et de vugpceyirsç 22 aux lacs sous celui d'E I),(µvloç 23. Il y avait à l'agora de Corinthe une statue de bronze de Poseidon, posé sur un dauphin qui servait de fontaine 24. Cet aspect de son caractère se révèle dans plusieurs légendes qui racontaient les liaisons amoureuses du dieu avec les Nymphes locales, et l'un doit remarquer à ce propos que quelquefois les fils issus de ces unions sont les fleuves du pays 25. La plus connue de ces fables est celle de la nymphe AMYMONE pour prix de ses faveurs, le dieu fait jaillir du sol la source de Lerne 26 En revanche, si le sol de l'Argolide passait dans l'aDliquité pour le pays de la soif, 7coauié.)tov "Apyoç 23, c'est que Poseidon y avait desséché les sources pour punir machos d'avoir consacré la contrée à IIéra, et non à lui-même te. En maint endroit, son affinité avec les eaux douces est mise en évidence par la proximité de sources auprès de ses sanctuaires : ainsi le puits Kallichoros auprès de son temple à Eleusis ; à Aegiae, près de Gythion, un lac dit de Poseidon 30 ; une source d'eau douce au port de Nyinphaeon près du cap Malée 3f ; le tourbillon de Biné sur les côtes del'ArgolideS'. Une légende libyenne expliquait qu'Atbéna a les yeux glauques parce qu'elle est fille de Poseidon et du lac Tritonis 33, etc. sanctuaires à l'entrée du Pont-Euxin, Aristid. III, ln Ncpl. I, p. 35 sq.; même légende pour le détroit de Sicile, Diod. IV, 85. u Apollod. 1, 38 ; Taus. I, 2, . Strab. X, 489 ; Steph. Biz. s. o. Nfvupo;; Eustath. ad Dion. Pcricg. 525. Plusieurs vases peints montrent Poseidon armé du bloc qui représente File de Nisyros ; Gerhard, Triuksch. und Gef(isse, x, xi A et 13; Overbeck, Kunstmyth. Atlas, iv, 2; v, 1; xui, I; Pottier, Vases ant. du Louvre, E 732, etc. -12 Pind, Pyth. IV, 138; Herod. VII, 129 ; Pbilostr. Imago Il, 14 ; Schol. Pind. Pyl/o. IV, 2.40 ; Olynn. dlagn. 473, 42. 13 Strob. 1, p. 57. 14 Xcn. Hell. [V, 7, 4. 16 Apollod. 111, 178; ef. Herod. V[11, 55; Paus. I, 24, 3; 26, 5. -'6 R. VIL, 452; XXI, 446; Virg. Aen. II, 610. Peinture de Pompéi, Helbig, 4Vand,gem(ikle n. 1266. II détruit les remparts des Achéens il. XLI, 27 sq, Il Hesych. Mil. Orig. 12. 18 lies. Theog. 367 sq. : ausagui... 545; 'Dstu«uiu; cf. Aesch. Sept. 307; Serv. Georg, i, i2 Neptunus et fluminibus et fontibus et omnibus apis praeest f'retter(tobert, I, p. 548 sq. 19 Il. XII, 17 sq. 20 Pind. 01. VI, 58. 21 Od. XI, 241 sq. -22 Cornut. XXII. 23 Ilesych. s. u. -24 Pans. 11, 2, 7. -25 Ainsi Taras, Paus. X, 10, 8; Mélas (le Nil), Ps.-Plut. De flua. 16, etc. 26 Apollod. Il, 14; Ilyg. Pab. 169; 0. Gruppo, ()p. cit. p. 1150, n. t. 27 Il. IV, 171; cf. "ms»; hie8pu., Hesiod. fr. 49 Llzach; Eus[aH,. p. 461, 2 sq. 28 Apollod. 1, 13. -29 Pans. 1, 38, 6. 30 Id. III, 21, 5. 31 Id. III, 23, 2. 32 Id. VIII, 7, 2. 33 Id. I, 1 4, G. NIDS maître de la mer infertile » . été souvent envisagé comme une divinité bienfaisante et fécondante, qui préside à la végétation et aux cultures. En ce sens, il est appelé, comme Zeus, il-u'ri?,i).toç t ou encore PavlQtoç 2. A Trézène, ou précisément se trouvait un temple de Poseidon Phytalmios, il avait eu de Léis, dont le nom signifie sillon, un fils Althépos (âa0a.vw, guérir et primitivement faire croitre) qui fut roi du pays et lui donna le nom d'Althépia' : la légende est ici particulièrement claire. Le même sens se retrouve dans celle d'Anthas, personnification de la floraison, fils aussi de Poseidon et roi mythique de Trézène, puis fondateur d'Halicarnasse, ancêtre enfin dans ces deux villes des Anthéades, prêtres du culte posidonien 6. A Athènes, le Gros des Phytalides, qui avait pour Poseidon une dévotion spéciale, se réclamait du héros Phytalos, nom sous lequel se dissimule sans doute celui du dieu lui-même 0. Les Aloades [ALOADAE[, qui représentent, comme on l'admet généralement, la germination des épis et la fécondité de la nature, sont aussi, suivant les traditions, soit les enfants de Poscidon, soit ses petits-fils`. L'association du culte de Poseidon avec les divinités agraires en différentes contrées témoigne également de ce caractère : avec Déméter à Éleusis 7, à Trézène a, en Arcadie 9, à Myconos 10, à Athènes 17. Lors de la fête des HALO A, célébrée dans les dèmes attiques au mois Posidéon pour la récolte des fruits de la terre, et consacrée spécialement aux divinités éleusiniennes, on honorait Poseidon Phy talmios par une procession spéciale12. A Trézène, on lui consacrait les prémices des récoltesi '. D'autre part, nous le voyons sur quelques monuments, associé à Dionysos qui personnifie une des formes les plus précieuses de la production agricole L4; les deux divinités présidaient à l'humidité qui gonfle les plantes : c'est à ce titre, nous dit Plutarque, que la plupart des Grecs rendent hommage également à Poseidon Phytalmios et à Dionysos Dendritès6; la fête des P1lOTRYGAiA, qui précédait immédiatement les vendanges, leur était consacrée en commun16. Ces différents traits montrent Poseidon intervenant dans la croissance des plantes, gonflant les semailles et faisant ninrir les moissons, D'autres indices, dont l'interprétation est plus délicate, tendent à le révéler comme dieu des patres, des bouviers, des éleveurs, et laissent même supposer qu'il a été très anciennement, sous différentes formes, l'objet de cultes zoomorphiques. Pausanias men Lionne près de Mantinée la source Arné, et rapporte à ce sujet la fable suivante : Rhéa, mère du dieu, pour dérober le nouveau-né à la voracité de son père Kronos, le fit élever parmi les troupeaux d'agneaux qui paissaient autour de la source : le nom d'Acné rappelle cette circonstance ". Ce nom, importé par les Minyens, désignait d'anciennes villes en Thessalie l' et en Béotie 19 : l'héroïne qui en était l'éponyme, Arné, fille d'!Eolos, avait été aimée de Poseidon et était mère de Boeotos 10. De cette légende il faut rapprocher celle de Mélanippé, rendue mère par Poseidon de deux jumeaux, Aiolos et, Boeotos, élevés dans une étable à boeufs 27. On peut rappeler encore, peut-être dans ce même ordre d'idées, que le bélier à toison d'or de la légende des Argonautes était le fruit des amours de Poseidon et de Théophané, métamorphosés l'un en bélier, l'autre en brebis2". Le taureau est une des victimes préférées du dieu. C'est celle que lui immole Nestor dans l'Iliade comme dans l'Odyssée 23. Pindare nous montre des troupeaux de taureaux paissant dans un sanctuaire du dieu24 et Bellérophon offrant également à son père Poseidon un taureau blanc comme victime 23. A l'occasion de la colonisation de Lesbos, on précipita un taureau vivant dans la mer en l'honneur du dieu 26. Homère nous montre Enosichthon se réjouissant au convoi des taureaux qui défilent à sa fête en Ionie27. Les combats ou courses de taureaux qu'a connus l'antiquité lui sont consacrés" : c'est probablement en son honneur qu'étaient célébrés les T«Upoxaàiljata et la Taueo071pta à Larissa 29. A Éphèse, les jeunes gens qui versaient la libation de vin pendant la fête du dieu portaient le nom de vaûoo R0. La fête des Tauoeta a fait donner le nom de TaupcG,v à l'un des mois de l'année en différentes villes de l'Asie Mineure i1 . Le taureau est également son symbole sur plusieurs monnaies 32; dans une peinture de vase il lui sert de monture 10, et l'on peut rappeler encore les taureaux furieux déchaînés par Poseidon dans la fable, comme celui de Minos [6rrNO'TAUnus], celui d'HippolyteS4, etc. Quelle est la relation entre le dieu et l'animal? D'ordinaire on suppose que celui-ci exprime, avec le mugissement des flots, la force dévastatrice de la mer ou encore celle des fleuves débordés' 3: le taureau, en ce sens, ne serait donc qu'une image. Or le lien qui unit Poseidon à l'animal devenu plus tard son symbole est sans doute à l'origine bien plus intime et il semble que les cultes béotiens notamment en accusent la vraie nature. On a supposé que le nom même de Béotie NEP -63 --NE18 provenait d'un cuite du Poseidon-taureau'. Le surnom de Txét,Eoç qui est donné au dieu dans le Bouclier d'Hercule' serait un ressouvenir d'une conception naturaliste, de même que celui d'Hippios fait allusion au cheval qui était une autre de ses formes primitives. La légende que nous avons rappelée de Boeotos, fils de Poseidon, élevé parmi les boeufs, vient appuyer cette hypothèse. Muxx),aç, « le Beugleur », qui a donné son nom à Mycalessos, est peut-être identique à Poseidon tlli-même'; en effet, il y a dans cette dernière ville un culte de Déméter qui voisine souvent avec et si l'on se souvient que la déesse portait à Lébadée le nom d'Europé", on sera fondé à croire que la légende d'Europe enlevée par un taureau a ici une forme particulière, celle de la déesse Déméter ravie par Poseidontaureau°; on aurait donc ici un pendant à la fable arcadienne de la déesse subissant la violence de Poseidon-cheval [caRCS, p. 1060, et plus loin]. L'épithète `Ealxovtoç sous laquelle Poseidon reçoit un culte chez les Ioniens 7, et qui dérive soit de l'Hélicon béotien, soit de la ville d'Héliké en Achaïe, parait en tout cas formée du mot Ëal„ l'épithète épique du boeuf, et par là encore nous serions ramenés à la même conception'. Plus encore que le taureau, le cheval est par excellence l'animal de Poseidon. Le xXne des Hymnes homériques dit expressément que le dieu a une double puissance : celle de dompter les chevaux et de sauver les navires'. Le culte de Poseidon °I7eictoç es, un des plus répandus 10 : nous le rencontrons en Attique, à l'Isthme, à Mantinée, à Olympie, à Épidaure, et la même épithète est constante chez les poètes " ; on trouve aussi celles, équivalentes, d''Ireiroxoéproç 13 et d 'Inreoii..ôwv 13. Dans l'Iliade, l'affinité du dieu et du cheval se manifeste en de nombreux traits : c'est Poseidon qui dételle pour Zeus les chevaux de son char" ; quand il parcourt luimême la mer, c'est sur un char traîné par des coursiers rapides, qu'il dételle à l'arrivée " ; c'est lui qui a donné à Pélée les chevaux immortels dont Achille a hérité f0, et qui encore, avec Zeus, a enseigné à Antiloque les exercices variés de l'art équestre: tous ces traits impliquent qu'il passe pour l'inventeur de la science équestre et le patron des cavaliers. Divers héros, fils de Poseidon d'après la légende, reflètent aussi, soit dans leur nom, soit dans les circonstances de leur vie, le caractère équestre de leur père : tel Ilippothoon, l'éponyme de la tribu attique `h'd-idwvtits, né des amours du dieu et d'Alopé, exposé par sa mère et allaité par une jument "; tels Pélias et Néleus, les deux jumeaux nés de la belle Tyro et de Poseidon, exposés eux aussi par leur mère, élevés parmi les troupeaux de chevaux, nour ris par une jument, devenus d'habiles écuyers, et plus tard rois d'Iolcos et de Pylos''. Il passait, en certains pays, pour avoir le premier dompté ou attelé le cheval : c'est ce que les Thessaliens exprimaient par le surnom d'ii4toç20 ; à Corinthe, on honorait Poseidon àxlJ.xlo5 avec Athéna Xxaav -dç 2t, à Délos Poseidon `I;c,ryy v ç en Attique Poseidon 'E),zti' ç, c'est-à-dire conducteur de chars ", et l'on sait qu'au dème de Colone Athéna et Poseidon sont également associés à ce titre'". Dans les monuments, on le représente parfois dans l'attitude de l'aurige, conduisant un attelage de chevaux ailés 2,; c'est le motif que choisit Platon pour la statue colossale du dieu qu'il imagine pour son Atlantide'S, et d'autre part le cheval est son symbole sur les monnaies de nombreuses villes, en Béotie, à Posidonia, à Mylasa, etc. 27 Le cheval est une des victimes offertes au dieu. Sur la côte de l'Argolide, on noyait des chevaux tout harnachés dans le tourbillon de Diné ". En Illyrie, tous les huit ans, c'était, un quadrige tout entier que l'on plongeait dans les flots pour honorer le dieu 29. Mithridate, puis Sextus Pompée sacrifièrent également à Poseidon des chevaux vivants 30. Parmi les cérémonies les plus brillantes qui sont destinées à glorifier le dieu ou censées instituées par Poseidon, il convient de mentionner surtout les concours hippiques et les jeux de l'hippodrome, qui ont joui de la plus grande faveur en Grèce dès les temps les plus reculés 3i. L'hymne homérique à Apollon Pythien vante les courses de char d'Onchestos, siège d'un des plus anciens sanctuaires de Poseidon ". A l'hippodrome d'Olympie, le dieu a son autel" ; il y a également des jeux équestres en son honneur en Laconie et en Messénie 3". Les plus célèbres des fêtes de ce caractère sont celles de l'Isthme de Corinthe fondées soit par Poseidon lui-même, soit par Thésée pour lui [is'rnMlA A côté de ces solennités, il faut rappeler les umi'poi,to Art, ii, qui s'adressent en Arcadie à Poseidon Hippios, et qu'un témoignage ancien compare aux IONSUAL4A romains. Comment expliquer l'étroite affinité que les anciens ont établie entre le dieu et l'animal qui est son favori :t Un certain nombre de mythographes modernes la rattachent à la conception du Poseidon marin, et retrouvent dans le cheval une image des vagues rapides qui servent de coursiers au dieu des mers, et qui en déferlant étalent comme une crinière d'écume a" Toutefois, si la forme des vagues et leur agilité impétueuse suggèrent en effet cette comparaison pittoresque, et si les différents traits que nous avons recueillis jusqu'ici concordent avec elle et peuvent à la rigueur s'expliquer par elle, il n'en est pas de même d'autres légendes et d'autres aspects de Poseidon Hippios qu'il nous reste à envisager. Outre NEP 6/4 NEP que ces légendes se localisent pour une partie à l'intérieur des terres, et ne peuvent en conséquence émaner que de populations continentales, Poseidon y apparaît aussi comme le créateur du cheval. Pégase, le cheval ailé qui jaillit du sang de Méduse, est le fils de Poseidon, qui s'est uni d'amour à la Gorgone GORGONES] et, comme le dieu lui-même, Pégase fait jaillir du sol à Trézène une source, °I7c7too xp-ly2. En Thessalie, Poseidon IIETpaïoç, frappant le rocher de son trident, avait fait sortir de terre le premier cheval, Exutptoç; on commémorait ce prodige par des concours hippiques'. Dans d'autres légendes le dieu, pour engendrer le cheval, prend lui-même la forme de l'animal. En Béotie, ce premier cheval, 1"ApEiwv qu'a chanté la poésie épique est fils du dieu, et issu des embrassements de Poseidon et de l'Erinys qui réside dans la source de Tilphossa°. En Arcadie nous retrouvons ce mythe avec des variantes et des circonstances qui le précisent : ici, c'est Déméter qui, métamorphosée en cavale, subit la violence du dieu [CERES, p. 10h9 sq.]. On racontait à Phénéos que la déesse avait. pris cette forme pour échapper aux entreprises de Poseidon 6. Cette légende locale est une forme abrégée et à demi effacée de celle qui avait cours à Thelpousa, autre cité arcadienne;. là Poseidon retrouvait la déesse sous sa forme de jument, et, pour lui faire violence, prenait luimême la forme du cheval : c'est à cette aventure qu'il devait son surnom d'vI7atoç ; et la déesse portait clans le sanctuaire le surnom d"'Eptvéç, qu'on expliquait par son ressentiment' ; le fruit de cette union, ce fut une fille a dont les initiés seuls peuvent savoir le nom », et le cheval Areion 8. Dans une troisième cité arcadienne, à Phigalie, la même fable avait cours, mais ici la déesse n'avait donné naissance qu'à une fille, Despoina 9. De ces différentes fables, il faut rapprocher celle de Mantinée sur la naissance du dieu : Rhéa, nous l'avons vu, ayant enfanté Poseidon, le fit élever parmi les agneaux auprès de la fontaine Arné ; puis, pour tromper Kronos, elle lui présenta comme son fils un poulain à dévorer 10, Ces légendes, qui ont une saveur si prononcée'd'archaïsme, nous ramènent à une phase très primitive de la conception religieuse ; elles supposent le fétichisme animalier et l'adoration du cheval, soit que Poseidon ait été représenté lui-même, dans le principe, sous la forme chevaline, soit que, en raison de certains de ses attributs, il ait été identifié avec le cheval-fétiche". Avec le progrès de la pensée religieuse, cette grossière image s'est atténuée, mais en laissant dans la terminologie du culte le surnom transparent d'°I7«toç et, dans la légende, des récits étranges imaginés plus tard, à titre d'exégèse, pour des symboles dont le sens vrai s'était perdu. La raison première de ce culte et de cette image doit être cherchée sans doute dans l'élève du cheval, qui rencontrait, dans les plaines fermées et dans les vallées fluviales de l'Arcadie et de la Béotie, des conditions favorables 12. Dieu des sources et des fleuves, de l'humidité qui favorise la végétation, de l'agriculture et de l'élevage, nous avons vu Poseidon associé aux divinités agraires par excellence, Déméter et Despoina. Or il participe aux deux aspects de ces divinités elles-mêmes, puissances à. la fois nourricières et souterraines 1R. Il est dans certains cultes un dieu infernal. Le sanctuaire mantinéen de Poseidon Hippios avait été fondé par les héros minyens Agamédès et Trophonios J4 ; ceux-ci avaient aussi édifié le temple de Delphes 13 : or le culte apollinien de Delphes s'était substitué à l'oracle de Poseidon et de GêThémis 3e, et les Moires, qui sont les compagnes du Poseidon delphique t7, indiquent assez qu'il s'agit d'un dieu infernal", Au Ténare, le sanctuaire du dieu est une grotte, et l'on y pratiquait les rites de l'évocation des àmes ", ce qui manifeste clairement le caractère chthonien de ce culte. D'autres traits, dans les cultes arcadiens et béotiens, paraissent donner des indications de même ordre sur ce côté spécial de la physionomie de Poseidon20. Le Poseidon X«u.ce-ri),oç auquel on offre à Athènes un v-ipâ.),tov, c'est-à-dire une libation d'eau pure, le huit du mois Posidéon27, paraît avoir également le sens de yOdvtoç22. A quoi l'on peut ajouter encore que, dans Hésiode, c'est lui qui a construit les portes du Tartare 23 et que, dans l'Odyssée, ce sont des taureaux noirs qu'on lui offre en sacrifice à Pylos 24. Ainsi, par cette nouvelle voie nous aboutissons à la conception d'un dieu qui réside dans les entrailles de la terre, qui, à l'occasion, y peut manifester sa puissance par des secousses imprimées au sol et par des grondements souterrains. A ce titre, non moins que comme dieu marin, les épithètes 'Evvoa(yatoç, 'Epo-,Oeôç et similaires lui conviennent, ainsi que les symboles du taureau et du cheval". Interprétation. Dans cette revue des aspects divers que le caractère de Poseidon a revêtus, l'ordre que nous avons suivi n'a été qu'une méthode de classification ; il n'a pas la prétention de reproduire l'évolution réelle ni même probable qu'a suivie la conception du dieu. Sous quelle forme, avec quel caractère s'est-il tout d'abord présenté à l'imagination religieuse? et quels sont les traits les plus récents de sa physionomie? cette question reste entière. Nous sommes ici en présence d'un de ces problèmes d'origine si difficiles à résoudre pour toutes les grandes personnalités de la mythologie hellénique. Pour ce qui est de Poseidon, le problème n'est pas complètement éclairci. Pour Preller comme pour Welcker, VII. 9 NEP 65 NEP Poseidon est essentiellement le dieu de l'élément liquide en général, de l'eau sous toutes ses formes, de l'eau douce comme de la mer, et par là s'explique qu'il ait été considéré, suivant les régions, soit comme le souverain des mers, soit comme dieu agraire'. Pour 0. Gilbert, il est, à l'origine, identique à Zeus lui-même : c'est le dieu de l'atmosphère céleste, qui emplit sources et fleuves, féconde et dévaste la terre tour à tour et qui, d'autre part, bouleverse la face des mers par les vents et les tempêtes 0. Gruppe insiste surtout sur son caractère chthonien`. A notre sens aussi, les cultes minyens de la Béotie et de l'Arcadie représentent la phase la plus ancienne de la légende : le Poseidon qui s'y révèle, divinité rurale et chthonienne, a un type si franchement et si grossièrement naturaliste, qu'il semble difficile de le rattacher par dérivation à une autre conception : il y a là des éléments premiers et irréductibles. Si, par la suite, Poseidon a été promu dieu des mers, c'est peutêtre simplement que les tribus dont il était la divinité nationale sont devenues avant les autres de hardis navigateurs'. Il paraît vain de rechercher tous les degrés et le processus logique de ce développement. Pour expliquer la transformation, le changement du milieu est une raison suffisante; le dieu suit son peuple, et tout naturellement s'adapte à de nouvelles conditions d'existence. III. PRINCIPAUX LIEUX DE CULTE. Grèce du Nord.Nous avons rappelé les souvenirs que Poseidon a laissés en Thessalie, la naissance du cheval Exéi,toç, l'union du dieu et de Tyro, d'où naissent Pélias et Néleus. C'est d'lolcos, la ville de Pélias, que pari l'expédition des Argonautes : nous voyons Jason offrir un sacrifice à Poseidon 5, et si plus tard Poseidon est hostile aux Argonautes, son inimitié s'explique par des motifs poétiques, comme celle qu'il manifeste pour Ulysse'. Une tradition fait de lui le père de Minyas lui-même, et la nymphe Larissa lui donne d'autres fils, éponymes de peuplades thessaliennes, Achaios, Phthios et Pélasgos 7. Il n'est guère contestable que ce sont des Éoliens de Thessalie et en particulier les Minyens qui ont propagé son culte dans le reste du monde grec, car nous le retrouvons partout où l'on a des raisons de croire qu'ils se sont établis 3. A l'époque historique on rencontre à Larissa un culte de Poseidon sous le vocable obscur de IIapa7avutoç°, et nous avons dit que les courses ou combats de taureaux célébrés dans cette ville sont probablement institués en son honneur 10. Avec les Minyens, nous retrouvons Poseidon en Béotie : il paraît avoir été un des grands dieux de la contrée (fig. 5305)". Il semble bien que le culte de Poseidon Héliconios présuppose un ancien sanctuaire dans les régions de l'hélicon 12 Mais des sanctuaires béotiens, celui d'On chestos, sur le territoire d'llaliarte, a seul laissé un souvenir précis. Il se composait d'un temple et d'un bois sacré 13 ; sa fondation était attribuée à Onchestos, fils de Bmotos ". Dès les temps les plus anciens, il avait été le centre d'une amphictyonie; et lorsque la confédération béotienne se reforma vers la fin du ive siècle, les villes béotiennes, pour éviter sans doute de donner la suprématie à l'une d'entre elles, y tinrent de nouveau leurs assemblées : les actes de la ligue qui est identique à l'«pxcevBotcuToîç 15. Les monnaies d'llaliarte portent l'emblème du dieu, le trident sur un bouclier, ou encore son image ls (fig. 5306). A Delphes, dans le temple d'Apollon, Poseidon a encore un autel à l'époque historique : c'était le vestige de l'ancien culte où il avait été associé à l'oracle de Gê 17. La phratrie des Labyades le vénère comme dieu 0pàTptoç'e;lafête qui lui est consacrée, bait dans le mois IlotTp47ctoç qui précédait le solstice d'hiver et coïncidait avec le Posidéon des Ioniens 20. Les Phocidiens se réclamaient du héros Phocos, dont une version fait tin fils de Poseidon 2' ; une inscription d'Élatée, consacrant audieu tout un groupe de héros nationaux, atteste encore les racines que son culte avait autrefois dans le pays". En Locride, Pausanias signale des temples qui lui sont consacrés à Myonia 23 et à, Anticyra 24. Au promontoire de Miron, les Locriens célébraient en son honneur un sacrifice et des fêtes, les `P'Eta 25. La célèbre querelle d'Athéna et de Poseidon se disputant l'Attique [MINERVA, p. 1979) exprime, personne n'en doute, le conflit de deux cultes qui correspondent à des populations différentes et se sont rencontrés ; mais c'est une question de savoir quelles sont ces populations, et lequel des deux cultes est le plus ancien. On croit généralement qu'Athéna a été la première installée à l'Acropole 26 ; mais la forme du récit d'Apollodore laisse entendre que c'est Poseidon qu'on considérait comme le premier occupant27. Par qui a-t-il été introduit ? Peut-être venait-il de Béotie, soit directement, soit en faisant le détour d'Éleusis 28. C'est l'1reclitlreion qui était, comme on sait, le siège du culte commun de Poseidon et d'Athéna à l'Acropole : on y montrait, avec l'olivier sacré, la marque du trident et la 66 Fig. 5307. Monnaie de Potidée. NEP source salée, les deux symboles du dieu'. Quelle est, dans ce culte, la relation qui l'unit à Erechthée? à l'Érechtileion même, d'après Pausanias, on offrait sur son autel des sacrifices à Érechthée 2. Dans la. plupart des textes, 'Epsx®eûç n'est qu'une épithète du dieu, et le sacerdoce qui dessert ce culte, perpétué dans la grande famille des Etéoboutades, porte le titre officiel de prêtrise de Poseidon Érechtheus 3. D'autre part, la légende considère souvent Érechtheus comme un héros distinct du dieu, voire comme son adversaire [ERECHTHEUS]. On admet quelquefois qu'en effet c'est à l'origine une personnalité indépendante, qui s'est plus tard absorbée dans celle du dieu 4 : le processus inverse parait plus vraisemblable, et c'est la légende qui aura opéré le dédoublement du dieu et de son épithètes. L'union de Poseidon et d'Athéna, réconciliés après le jugement des dieux-arbitres, qui assignèrent décidément à la déesse la suprématie 6, se manifestait non seulement à l'Acropole, mais au dème de Colone, où tous deux étaient adorés sous le nom de "I rittot', et au cap Sunium, où ils avaient l'un et l'autre un sanctuaire'. Maints vestiges témoignent encore, en Attique, de l'importance du culte rendu primitivement à Poseidon. Son nom figure, avec celui de Zeus et de Déméter, dans le serment des héliastes 9. On retrouve son culte avec les surnoms de Iiuvâlrlç 10, d''EaâTrç ", de M€aavOoç t2, de 1ltuTàau,toç à la fête des HALOA Sa, Au sud-est de l'Acropole, sur la colline d'Agrae, un autel était consacré au Poseidon `Eatxeivtoç des Ioniens f4, etc. Éleusis. -Le rôle de Poseidon dans la cité des Mystères, fort affaibli à l'époque historique, a dû être beaucoup plus important aux origines [ELEUSINIA, sect. I]. On faisait d'Eumolpos, l'ancêtre d'une des deux grandes familles éleusiniennes, un Thrace, fils de Poseidon et de Chioné 1'. De même, de Poseidon et d'Alopé était né Hippothoon, l'éponyme de la tribu Ilippothontis, de laquelle dépendait la ville sainte t6. Sur une coupe d'Hiéron (fig. 2629), on voit figurer Poseidon et Amphitrite à côté des grandes divinités d'Éleusis". Au temps de Pausanias subsistait encore à Éleusis un temple de Poseidon IIo'rr r Ss Si l'on se rappelle l'union du dieu avec la Déméter arcadienne, et la relation très certaine entre ces cultes et celui d'Éleusis, on est conduit à penser que, dans ce dernier, Poseidon jouait un rôle analogue à celui qui lui était prêté en Arcadie. Péloponnèse. Diodore remarque que le Pélopon t Herod. VIII, 55; Apollod. III, 178 ; Pans. VIII, 10, 4; Jahn et Michaelis, Arx Athen. tab. XX et XXI, lettre k ; XXVI, lettre D. Dans une des formes de la légende, Poseidon, au lieu d'entr'ouvrir le rocher pour y faire apparaître la source, crée le cheval, comme dans la légende thessalienne, pour manifester sa puissance : Serv. ad Ceorg. I, 12; Prob. Georg. I, 18; Myth, Vat. 1, 2 ; II, 119 ; III, 5, 4. 2 Paus. 1, 26, 6. Dans le culte, les deux divinités sont parfois distinguées : Bull. corn. hell. XII, p. 331. 3 Athenag. Log. 1; Hesych, s, v. C. i. att. I, 387,; HL 805 (Dittenberger, Syll.2, 363) ; 276 AA2 ; IV, 2, 556 c; aeasfov, 1889, p. 20 ; Bull. eorr. hell. VI, p. 436. Busolt, 0. 1. 112, p. 73, n. 1. 5 Gruppe, p. 10. 6 Sur ce jugement, voir Preller-Robert, 1, p. 203 et n. 1. L'attentat d'Halirrhotios, fils de Poseidon, qui met la cognée à la racine de l'olivier, l'intervention des Eumoipides qui font la guerre à Athènes pour soutenir les prétentions de leur dieu, sont les échos des luttes qui mirent aux prises les adorateurs des deux divinités; cf. Eurip. Erechth. fr. 351-371. 7 Paus. I, 30, 4 ; Corp. insu. att. 1,'97 ; Thue. VIII, 67 ; schol, Soph, Oed. Col. 71t. s Pans. I, 1, 1 (Athéna Eoav,s); Aristoph. Eq. 559 (0 8ilsissiv ésti, Eses04past) ; Corp. insu. at;. i, 196, 207, 273 ; Herod. VI, 87. Le plus important de ces sanctuaires, celui dont les colonnes dominent encore le cap, était consacré à Poseidon, et non à Athéna, comme en le croyait jusqu'ici : les fouilles de la Société archéologique d'Athénes ont mis ce peint hors de doute. 'Ep. pp. 1900, p. 113 sq. 9 Dem. NEP nèse a été dès une très haute antiquité le a domicile » de Poseidon et qu'un très grand nombre de cités sont restées fidèles à son culte 19. Ici, en effet, on le rencontre partout et sous les différents aspects que nous avions étudiés. Tout à l'entrée de la presqu'ile, c'est tout d'abord le célèbre sanctuaire de l'Isthme où se célébraient tous les quatre ans l'une des quatre grandes fêtes panhelléniques. 11 occupait une petite acropole près de Schoinus20. Pausanias signale, dans le pronaos du temple principal, deux statues de Poseidon avec une Amphitrite, et, à l'intérieur, un riche ex-voto d'Hérode Atticus, un quadrige traîné par des chevaux et des Tritons, et monté par Poseidon et Amphitrite 21 ; des statues de Poseidon et de Leucothéa se trouvaient dans le temple de Palémon". C'est aussi à l'Isthme que les Grecs, après le succès des guerres médiques, consacrèrent au dieu un colosse de bronze haut de sept coudées23. Pour les traditions sur l'origine des jeux, pour leur célébration et l'historique du sanctuaire, où la présence de Mélicerte indique l'intrusion d'éléments étrangers 24, voir ISTIIMIA , MELICERTES. Une des plus anciennes légendes sur la fondation des jeux voulait que l'Isthme eût été attribué à Poseidon et [Acro-Corinthe à Hélios, à la suite d'un débat entre les deux divinités pour la possession de Corinthe 26. Cette forme de la tradition indique à elle seule que Poseidon était, dans cette ville, une divinité très ancienne; il s'y trouvait sans doute déjà dans l'Ephyra qui précéda Corinthe 26. A l'époque historique, il y avait plusieurs statues 27 et un culte, où, en qualité de ràn evîoç, il était associé à Athéna XI),aviTtç 23 ; la fable de Pégase, né de lui et de Méduse, appartient aussi à un très ancien fonds mythique. C'est de Corinthe que ce culte se transmit à Corcyre 29 et à Potidée 30 ses colonies. Potidée porte le nom du dieu lui-même et il figure à cheval armé du trident sur ses monnaies (fig. 5307). C'est également autour du culte de Poseidon que se groupa l'une des plus anciennes amphictyonies dont l'histoire fasse mention, celle de la côte orientale de l'Argolide 31 ; le sanctuaire fédéral, le temple du dieu qui servit souvent d'asile et est resté célèbre par la mort de Démosthène 32, se trouvait dans l'île de Calaurie : d'après la légende, Poseidon avait reçu cette île en échange de Délos, qu'il abandonna à Latone, et de Delphes où il céda la place à Apollon 33. Parmi les villes fédérées, Stra 13 C. i. att. 1H, 269 ; cf. Paus. 1, 237, ; Plut. Qu. cons. Vlll, 8, 4, p. 730 E. -ta C. Wachsmuth, Stadt Athen, 1, 394. Il est à remarquer que, tout à proximité, les Athéniens avaient consacré un sanctuaire à Néleus, fils de Poseidon, en commun avec Codros et Baailé C. i. att. IV, 53a; Pauly-Wissowa, s. e. Agnat; Busolt, Cr, Cesch. I2, p, 287, u. 3 ; et 112, p, 74. Autres cultes en Attique Aixoné, Lolling, Ath. Mitth. IV, p.202 ; Képhisa, C. i. att. Ill, 815; au Pirée, 705 mloeulais; avec choeurs cycliques : Plut. Vit. X Ore. VII, 13, p, 8428. fs Lyc. In Leocr. 98 ; Pans. I, 38, 2; erecsnua, n. 1. 10 Pans. 1, 5, 2; 38, 4; 39, 3 ; stsuein;a, n. 15. 17 Monum. IX, pl. mie ; Hartwig, Gr. Meisterschal. p. 282. ta Pans. I, 38, 6. 19 Diod. XV, 49, 4. 20 Isrusua, p. 589, n. 26. 21 Paus. Il, 1, 7-8; Imhoof-Blumer et Perey-Gardner, Numism. Comment. pl. 0, item sq. 22 Id. II, 2. i ; cf. Aristid. Isthm. I, p. 38. 23 Herod. IX 81. 24 Gruppe, Op. cit, p, 135 sq. ; Gilbert, Gr. Gdtterl. p. 449, n. 1 ; schol. Pind. Isthm. tlypoth, ; schol. Apoll. Rhod. III, 1240. 26 Pans. 1I, 1, 6, ascesno, p. 588, n. 2. 26 Gruppe, p. 132. 27 Paus. Il, 2, 8; II, 3, 4-5. 28 Schol, Pind. Cl. XHI, 90. 29 Head, Hist. num. p. 277. 30 Head, p. 188; Herod. VIII. 129. 31 Preller-Robert, 1, p. 573 sq. ; Busolt, 0. 1. 12, p. 186. 32 Strab. VIII, 373 ; Plut. Dem. 28 sq. ; Pomp. 24; Paus. H, 33, 3 ; Luc. Enc. Dem. 46. Des fouilles ont été faites à ce sanctuaire : Wide et Kjellberg, Athen. Mitth. XX, 267326; Inscr. Argot. 840 sq. 33 Strab. VIII, 373-374; PausIl, 33, 2. Eustath. D, 498 ; Panofka, An.ali, 1.845, p. 63-67. De là le nom d"Aµo56e5s qui lui fut attribué : sehe in Lyc. 617. NEP 67 NEP bon nomme Hermione, Épidaure, Égine, Athènes, Prasiae, Nauplie, et Orchomène de Béotie' : la présence de cette dernière ville semble indiquer ici encore l'influence minyenne 2. Dans chacun des États confédérés se retrouve le culte de Poseidon. Nous l'avons montré pour Athènes ; ajoutons qu'en Attique un culte de Poseidon KzÀaupné''s1ç rappelle cette amphictyonie Nauplios, fils du dieu et d'Amymone, est l'éponyme de Nauplie où il y a un temple de Poseidon 4 ; à Lerne, le dieu est adoré comme PEVE6wç, en souvenir de la même aventure d'Amymone 5. Il a son sanctuaire au Térnénion 6, à Argos sous le nom de Hpoax),ueTtoç 7, à Hermione 8; il apparaît à Épidaure on célèbre en son honneur des fêtes qui durent seize jours 72. C'est surtout à Trézène, qui paraît avoir été à la tête de la confédération, qu'il a laissé une forte empreinte. Calaurie fait partie de son territoire. La ville elle-même portait le nom de lloo.Etlwv(a13. Ici encore Poseidon et Athéna se sont disputé le pays; les deux divinités y ont gardé des droits égaux, Poseidon avec le titre de Baet),EGç 14 : les monnaies portent en effet la tête d'Athéna et le trident '5. Poseidon $uTà)quoç, ainsi nommé à cause de la légende d'Althépos, a son temple voisin de Déméter Thesmophoros16. Ici se localise encore la légende d'Ai thra, rendue mère par Poseidon de Thésée 11. Nous avons marqué le caractère spécifique du culte posidonien en Arcadie18. Poseidon "Iriinoç est la divinité poliade de Mantinée 19 ; son prêtre est encore à l'époque impériale l'éponyme annuel de la cité 20; les hoplites l'invoquent au combat n et portent le trident pour emblème sur leurs boucliers 2L. La même divinité a ses sanctuaires à Kaphyae P3, à Lycosoura4", à Méthydrion 25, à Pallantion 2°, à Phénéos 3', à Thelpousa 28 : dans cette dernière localité et à Phigalie29 a cours la légende de l'union de Déméter et de Poseidon sous la forme chevaline. A Aséa, le dieu s'associe à Athéna30 ; leur sanctuaire commun avait été fondé par Ulysse31 ; à Orchomène, il est groupé avec Aphrodite32. A Mégalopolis, il prend les noms d' 'E7r67rr-gs et d' 'AauaEtoç 33 : son image y était représentée sous la forme d'un hermès, de même qu'à Tricolonos 34. Le tour des légendes arcadiennes, la similitude de certains noms géographiques et mythiques, donnent à croire que c'est à l'influence minyenne qu'est due la diffusion de ce culte dans la contrée 33. II descend la vallée de l'Eurotas jusqu'au cap Ténare, où nous avons indiqué son caractère probablement chthonien 36, Le dieu y portait le nom d" Airciisusuç ; son sanctuaire, très célèbre, a plusieurs fois servi d'asile 37. A Sparte même un temple de Poseidon Tuivàptoç38 doit être une succursale du précédent : alentour s'était groupée une société de Tatvàptot ou TatvaptaTaé 39. A Sparte encore, Pausanias mentionne l'ispév commun d'Athéna Agoraia et de Poseidon Asphalios 40, celui de Poseidon `I7rTioxoéptoç dans le voisinage de celui d'Artémis A'cytvaéa41 et peutêtre en relation avec lui ; celui de Poseidon Patio, oç à l'hippodrome42; enfin le dieu était à Sparte l'objet de deux autres cultes, sous les vocables de l'evÉOAtoçn et de aw1.1.aTlTY1ç qui le désignent sans doute comme divinité gentilice et dieu du foyer 46. Son culte est attesté en d'autres localités de Laconie : à Amyclae4G, AEgiae 47, Gythion 48, llélos, qui l'honore par des concours équestres 49, au port de Nymphaion 56, sans parler d'autres villes dont les monnaies portent son image 51. Les Nélides minyens, qui se réclamaient de Poseidon comme ancêtre, avaient introduit son culte dans les deux Pylos, celles de Messénie et de Triphylie 5": sur le promontoire Samikon, près de cette dernière, le célèbre sanctuaire de Poseidon Eµroç groupait dans une fête commune les habitants de toute la Triphylie n. On disait que la statue de ce culte avait été transportée plus tard à Olympie @4. A Olympie même Poseidon et Zeus, sous le même surnom de Aaoéraç, ont un autel commun v15, et, à l'hippodrome, Poseidon Hippies partage l'autel de Héra Hippia ï°. Sur la côte septentrionale de l'Achaïe, Poseidon est l'objet d'une dévotion particulière et qui remonte très haut. Patras et IEgion lui avaient consacré des temples; là aussi se trouvaient les deux villes d'iEgae et d'Héliké, toutes deux sièges d'un célèbre culte du dieu 57: la première ruinée avant l'époque historique, mais qui parait avoir donné son nom d'Ai,(xtoç à Poseidon J8 ; quant à Héliké, d'où 1"on a souvent dérivé le surnom d'Entxa'o, ç 39, elle fut ruinée en 373 dans un cata clysme qu'on attribua à la colère du dieu'. Une tradition, restée très vivante, voulait qu'Héliké eût été le berceau du culte de Poseidon `E),txcovtoç, célébré par les villes fédérées d'Ionie au promontoire de Mycale Lies et littoral de la mer Égée. En Eubée, outre un Poseidon Eûp(7rtoç 3, nous trouvons un temple du dieu à JEgae en face d'Anthédon ; Poseidon I'Epa(artoç était célébré, au cap Géreste, par des fêtes PEpa(oTte Le temple de Poseidon et d'Amphitrite à Ténos, où les insulaires voisins venaient s'associer à la fête des Poseidonia 0, a peut-être joué primitivement, comme centre fédéral des Cyclades, un rôle analogue à celui qui fut plus tard usurpé par le sanctuaire délien 7. Le dieu portait à Ténos le nom d"IaTpdç 8. A Délos, il avait également sa part d'honneurs : au mois qui porte son nom on célébrait des .Iloa(lEta 9. Il y est aussi adoré par des étrangers sous le nom d'AYatoç10; une association de Beyrout, les Posidoniastes, lui avait consacré un sanctuaire privé ". Nous le retrouvons à Myconos avec les épithètes de TEf1.ev(Trlç et de ,1uxtoç 12, à Syros sous le nom d"An ),ctoç 13, à Céos garant des serments'", à Arnorgos u ; à Naxos, il avait cédé la place à Dionysos 'G. Le Poseidon Héliconios que les Ioniens adorent en commun au cap Mycale a ses sanctuaires dans plusieurs villes du xotvdv à Milet, où il porte aussi le surnom d''Evt7cnUç 17, et dans ses colonies Sinope et Tomi, ainsi qu'à Téos18 et à Samos 19 ; on connaît un Poseidon 'E e.lrtoç et 'EXÛT,toç à Lesbos 20 ; on l'honore à Chios 21, à Ephèse 22, etc. Parmi les populations doriennes de l'Archipel, il n'est pas moins répandu. Trézène l'a implanté à Halicarnasse 23. Nous le rencontrons à Cos, où on célèbre des IIoaotô7e.o 2", et à Symé25. A Rhodes, il prend les noms d'"17r71toç 20 de Pt),aïoç 27, de I lip'fiTEtoç 28, de'FuTâaiutoç 29, et paraît là s'être combiné avec des éléments phéniciens 30. A Carpathos se trouvait un sanctuaire renommé de Poseidon Ildp6µtoç 3f. On constate encore ce culte à Milo u, à Nisyros u, Télos 34, Théra, où il fut importé, soit par les Minyens, soit par des colons de Sparte". C'est à ce dernier culte ou à celui du Ténare qu'on rattache celui de Cyrène, oit Poseidon porte les épithètes d''Autpiéatoç 30 et de Ilnaaavtoç 37 Bien que Poseidon soit considéré comme l'ancêtre de la. population crétoise 38, et que, d'après O. Gruppe, il faille chercher en Crète l'origine de plusieurs éléments de la légende béotienne3A, il ya laissé peu de traces : on 1 Strab. VIII, p. 384 sq.; Diod. XV, 49; Paus. L. c. 2 Paus. et Strab. L. c.; Herod. I, 148; Aelian. Nat. an. XI, 19; Schol. 1l. XX, 404; C. i. gr. 2909. 3 lies. s. u. 4 Strab. VIII, 386; IX, 405; cf. Pauly-Wissowa, s. u. ~~ Od. Ill, 187; HM.. Sfagn. 327, 41; Strab. X, 446; Steph. Byz. s. v. ripa„roç; Schol. Pind. Pyth. XIII, 159; Bull. corp. hell. XV, p. 404; cf. Aristoph. Eq. 561. On connaît un mois r,paiono, en Laconie, à Calymna et à Cos, Bischoff, De fastis, p. 366, 379, 381 sq. ; à Trézène une tribu l%lace o, Bull. corp. hell. X, p. 141; Géraistos, fondateur du culte eubéen, est frère de Calauros et de Taiuaros ces rencontres établissent un lien entre le culte de ces différentes contrées Preller-Robert, 1, p. 578; Wide, O. c. p. 43 sq.; Gruppe, p. 1151. 0 Strab. X, 487; cf. Philoch. fr. 185; Tac. Ann. Ill, 63; Bull. corr. hell. XI, 333 sq. Ce sanctuaire a été récemment exploré par M. Demoulin sous les auspices de l'École française d'Athènes : Bull. Corp. helt. XXVI; monnaies : Overbeck, Poseidon, Müuztaf. VI, 10; Brit. Mus, Cat. Crete, xxvu,, 17, etc. 7 O. Gilbert, Op. cit. p. 445 et n. 2. A l'époque historique, en dépose parfois à Ténos les actes de la confédération des insulaires : Corp. inscr. gr. 2329 sq. 8 Philoch. fr. 184; cf. Gilbert, Loc. cit. 9 Bull. torr. hell. X1V, p. 460, n. 4, et 495, n. 4; cf. Jahrbuch, V, p. 225 sq. 10 Bull. corp. hell. Vll, p. 349. n Ibid. 1V, 190; VII, 402 sq. et 468; C. inser. gr. 2271. 12 Dittenberger, Syll.2, 615 : ose,~rs, ç désignerait une divinité dont le :€µavo; ne contient pas de temple; Ibid. n. 32. 13 Inser. ion. V, 671 sq. 14 Athen. Mitth. Il, p. 144. -15 Ibid. 1, p. 330.-10 Plut. Qu. conv. IX, 6. 17 Sellol. Lyc. 722. 18 Paus. VI!, 24, 5; Michel, Recueil, 734; E64lo7o4, IV, p. 104 sq.; .Vum. Chron. 1885, pl. n; Head, Hist. num. p. 435. 19 Bdll. l'invoque comme divinité garante du serment dans les contrats publics 40. Lélex est son fils". Dans la Carie, qui paraît avoir entretenu d'anciennes relations avec la Crète "2, on adorait sous le nom d"Osoycéç une divinité marine, que les Hellènes identifièrent plus tard avec Zeus et que l'on désigna aussi par le nom de Z-gvoicoaetl v L3. Grande-Grèce, Sicile. Les Grecs ont introduit Poseidon dans leurs colonies de l'ouest. Sybaris tenait son culte des émigrants achéens d'Héliké et des Trézéniens, et elle le transmit à sa colonie Paestum, d'abord nommée Poseidonia'`t. Orion, fils du dieu, lui avait construit un sanctuaire au promontoire Péloron45. L'éponyme de Tarente, Taras, est aussi son fils, et son image figure avec la sienne sur les monnaies de la villei6. Kalabros, l'éponyme de la Calabrie, est frère de Tainaros et de Géraistos t7. Nous trouvons Poseidon à Sélinonte", à Syracuse 49 ; il est avec Pan une des deux divinités principales de Messine r'0, etc. IV. LÉGENDES. -Nous avons eu l'occasion, soit en définissant le caractère de Poseidon, soit en énumérant les principaux lieux de son culte, de rappeler les légendes les plus remarquables, ainsi ses relations avec Déméter et Athéna. D'autres sont racontées à des articles spéciaux : sa naissance [CYBE.LE, p. 1677 sq.; JUPITER, p. 692 ; [sATURnus], sa participation à la Gigantomachie [fig. 5303 et GIGANTES, p. 1568 et 1560]. 11 est l'époux légitime d'AMPHITRITE. Mais ce qui prédomine dans la fable, ce sont ses liaisons amoureuses: nul dieu n'en comptait plus que lui, après Zeus91. Ses aventures multiples sont localisées sur tous les points du monde grec : les plus connues sont celles d'AMVOIONE, d'Aithra [THESEUS], de Mélanippe, d'Armé, etc. Aussi sa postérité est-elle innombrable. Aulu-Gelle remarque qu'on lui attribue la paternité de personnages réputés pour leurs vertus, Éaque, Minos, Sarpédon, comme celle des héros les plus sauvages et les plus barbares, tels que le Cyclope [CYCLOPES], Kerkyon, Skiron, les Lestrygons52 ; à cette liste on peut joindre Procuste, Sinis, Amykos, Antée [ANTAEUS], qui construit un temple à son père avec les ossements de ses victimes 53, Busiris. les Cercopes, puis des êtres gigantesques ou monstrueux, comme les Molionides, les Aloades [ALOADAE], les deux Cycnos, BRIAREUS, LAMIA. Il est enfin l'ancêtre et la divinité nationale ou gentilice ('(Ev€Utoç, 7raTpoyivEtoç 5") de nombreuses nations, tribus ou familles illustres, ayant eu pour fils Pélasgos, Lélex, corp. hell. VII, p. 518; Ath. Mitth. X, p. 32. 20 Hes. s. u. 21 Bull. con.. hell. 111, p. 323. 22 C. i. gr. 3028. 23 Dittenberger, Syll.2, 608; Schol. Theocr. XVII, 61, 69. 24 Paton-Hicks, Inser. of Cos, 43 b et 401. 25 Diod. V, 53. 26 Inser, Ms. 1, 809, 835, 845, 936; Scrinzi, Atti del R. Istit. ueneto, 1898-1899, p. 251 sq. n. 12. 27 laser. ins. I, 766. 28 Ibid. 1, 705. 29 1b. I, 905; Hccn,Saz,usss Ibid. 1, 162, 164. 30 Diod. V, 58. 31 Insu. ins. 1, 1031-1036. 32 Ib. HI, 1096. 33 lb. III, 103. 34 Ib. III, 37. 35 Strab. 1, 57 ; Paus. III, 15, 6 sq. ; Setol. Pind. Pyth. IV, 11 ; Preller-Robert, 1, 575, n. 1; Studniczka, Kyrene, p. 57. 38 Schol. Lyc. 617. -37 Hes. s. D. ùs Apollod. 111, 1 sq. ; Diod. IV, 77 ; V, 69, etc. 39 Op. cit. p. 58 sq. et passim. 40 Corp. inscr. gr. 2554. 41 Paus. 1, 44, 3; III, 12, 5; VII, 4, 1. 42 Bull. de torr. hell. XII, p. 8 sq. 43 C. i. gr. 2700, et p. 1107: Preller-Robert, 1, p. 580, n. 2; Athen. Il, 15, p. 4; VIII, 18, p. 337 D. Monnaies : Müller-Wieseler-Wernicke, pl. xu, 26 et p. 15t. 44 Aristot. Pol. V, 3, 10; Strab. VI, 252 et 263; VIII, 373; Busolt, Gr. Gesch. 12, p. 398, n. 5, et 400, n. 3; monnaies de Sybaris et de Poseidonia : Overbeck, Poseidon, p. 219 sq. et Münzt. IV ; Head, Hist. muni. p. 67 et 70. 45 Diod. IV, 85. 40 Horat. Od. 1, 28, 29; Veil. Pat. I, 15, 4; Weleker, Xl. Schr. I, p. 89 sq. 47 Steph. Byz. s. r.'raGapor. 48 h,scr. Sic. et Ital. 268. 49 Ibid. 7. 50 Head, Hist. nues. p. 135. 51 Prop. 11, 26, 46 : lVeptunus fratri par in aurore lori cf. Justin. Mart. Ad Gent. 2; Glenn. Alex. .Prote. II, 3; Arnob. IV, 26; Jul. Firm. p. 16. 02 Gell. XV, 21. 53 Pind. Isthrn. III, 72. 54 Plut. Qu. conv, VIII, 8, 4. NEP 69 -NEP Oncheslos, Mégareus, hleios, Taras, Pélias et Néleus, figée, Thésée, Eumolpe et bien d'autres V. RPPIO SE'TAT]oxs ARTISTIQUES. Parmi les représen tations du dieu que les anciens signalent, trois datent de l'époque archaïque, et elles appartiennent toutes trois au Péloponnèse : un relief de bronze de Gitiadas dans le temple d'Athéna Chalkioicos à Sparte`-, un motif dans les scènes qui décoraient l'autel d'Hyakinthos à Amyclées 3, et une peinture de Cléanthes au temple d'Artémis Alplteioneia à Olympie'. Dans ces trois oeuvres, Poseidon ne jouait qu'un rôle accessoire. Dans les monuments qui nous sont parvenus de l'époque primitive, le type du dieu n'est pas encore constitué par des caractères spécifiques ; rien ne le distingue des représentations ordinaires de Zeus. Sauf de très rares exceptions, il porte la chevelure longue et la barbe entière. On le reconnaît, indépendamment de son groupement avec Amphitrite, au trident, qui lui sert d'arme, ou simplement d'insigne, comme à Zeus le foudre ; il tient aussi, mais moins souvent, un thon comme attribut, jamais le dauphin. On ne connaît jusqu'ici qu'une statue de Poseidon antérieure au ve siècle : c'est un bronze, moins grand que nature, trouvé sur la côte de Béotie, et qui représente le dieu nu et debout; l'identification n'a pu être faite que griïce à l'inscription gravée sur la plinthe, car les bras ont disparu avec les attributs". Il faut, chercher les images primitives du dieu d'abord dans la curieuse série de plaques votives en lente cuite qui ont été découvertes à Corinthe. 11 y est représenté tantôt, seul, tantôt en compagnie d'Amphitrite ; soit au repos, debout (fig. 5308), vêtu du long chitôn et de lIn mat il) u, soit en marelle et avec une l'Inique courte, soit encore en char avec Amphitrite ou d'autres divinités exceptionnellement à cheval Les peintures de vases à figures noires représentent assez fréquemment Poseidon, nais il est rare qu'il y joue un rôle principal ; d'ordinaire il y apparaît, comme personnage accessoire, dans les assemblées de divinités 8, dans les cortèges de chars qu'affectionne l'art archaïque', on encore comme spec Lateur de certaines scènes divines ou héroïques, telles que la naissance d'Athéna 10, le combat de Cycnos ",la lutte d'lléraclès contre Triton'. Parmi les rares scènes où il est plus en vedette, nous citerons deux amphores qui le montrent groupé avec Athéna " ou Aphroditeune hydrie de Vulci où Poseidon monte un char attelé de chevaux ailés ", une amphore de même provenance où, faisant pendant à Dionysos, il chevauche un taureau noir et une coupe du Louvre où il chevauche un cheval marin". Dans toutes ces représentations, il est conforme au type que nous avons décrit; dans de très rares exemples il est imberbe Le même type se perpétue dans la céramique à figures rouges de style sévère ,jusqu'au début du v° siècle. Nous le retrouvons ici dans des motifs analogues, des assemblées de dieux'', l'introduction d'I-Iéraclès dans l'0lympe19, ou groupé avec Dionysos et Niké 20: il y est debout, vêtu du costume ionien complet (fig. .';309) 2', parfois assis comme Zeus lui-même 22. Cette dernière attitude est celle de Poseidon sur la coupe d'Iliéron qui représente la mission de Triptolème21 et sur le beau cralère de Girgenti où est figuré l'accueil fait à Thésée 24. Il est aussi mêlé à des scènes d'un caraclère plus animé, comme des gigantomachies " et la poursuite de la nymphe Aithra"e' dans ce cas, son costume est souvent simplifié : le dieu ne porte pas Fhimal ion ou même il est complètement nu28. Notons enfin que c'est sur les vases de cette catégorie qu'apparait pour la première fois le dauphin attribut du dieu, qu'il Lient parfois dans une main, l'autre portant le trident". Il faut faire une place à part, dans les monuments le la période archaïque, aux monnaies de Poseidonia-Paestum, qui nous offrent (fig. 5310) une image du dieu assez sensiblement différente. Il est toujours debout, dans une attitude animée, le bras gauche tendu en avant, le droit élevant, le trident; le vêtement s31o. Poseidon est réduit à une petite chlamyde qui à Pvs1""'. pend des épaules sur l'arrière-bras; enfin quelquefois le type est juvénile et imberbe?0 Dans la décoration sculpturale du Parthénon, Poseidon NEP -70 -NEP est représenté deux fois. Le fronton ouest, comme on le sait, était occupé par la dispute de Poseidon et d'Atliena MINERVA, p. 1919 et n. 6j. Grâce aux dessins de Larrey', aux minutieuses études de Sauer2, et avec le secours d'un vase peint qui parait s'être inspiré de cette composition (fig. 5051), on arrive à reconstituer le mo tif central : Poseidon, d'un coup de trident, cherchait à déraciner l'olivier que protège Athéna. Il ne reste de lui que le torse, où la saillie des muscles et des veines trahit un violent effort 3 ; sans doute il était presque nu: seule une pe tite draperie pouvait cou vrir le dos. Dans la frise du côté oriental, le dieu figure parmi les divinités assises qui contemplent la procession des Panathénées' : ici (fig. 5311) un manteau enveloppe les jambes, le torse restant nu ; la main droite pend inerte ; la gauche élevée tenait le trident qui était représenté par la peinture. L'image du dieu avait aussi tenté la grande peinture du vesiècle. Une composition de Micon au Théseion 3, dont nous avons probablement un souvenir dans un cratère attique de Bologne°, le représentait dans les profondeurs de son domaine sousmarin, à demi couché sur un lit, tandis qu'Amphitrite remettait à Thésée la couronne d'or. Il y a, dans la céramique de cette époque, d'autres exemples de Poseidon assis 7. D'autre part, elle nous le montre aussi, comme aux périodes précédentes, dans la fougue de la lutte contre les Géants où il combat, armé du trident, soit à pied (fig. 3561, 5304), soit à cheval'. Dans l'oeuvre de Scopas, Pline signale avec admiration une vaste composition où figuraient Poseidon, Thétis et Achille, avec un cortège de Néréides montées sur des dauphins, et d'autres divinités marines : nous ignorons la pose et le mouvement qu'il attribuait au dieu. C'est à Lysippe, auteur d'une célèbre statue de bronze consacrée à l'isthme de Corinthe 16 que paraît remonter un motif depuis fort répandu : le dieu posant un pied sur un rocher élevé ou sur un dauphin, le haut du corps penché légè rement en avant, le regard perdu dans le vague. C'est l'attitude notamment d'une statue colossale du Latran (fig. 5312) " et de quelques autres répliques conservées à Dresde, à la villa Albani, au Louvre, à la Bibliothèque nationale et ailleurs 12 : d'ordinaire le dieu est complètement nu ou ne porte qu'une légère draperie. On retrouve ce motif en des oeuvres très variées : un relief de marbre de la villa Albani 13, des vases peints'', des peintures murales 15, des mosaïques70, un camée de Vienne S7, plusieurs gemmes56 des monnaies (fig. 5313)19. Parmi toutes les images que l'antiquité nous a laissées de Poseidon, on peut dire que cette dernière seule est une représentation spécifique du dieu ; toutes les autres n'étaient guère que des adaptations de motifs déjà créés pour Zeus, et l'on éprouve la même impression pour celles qu'il nous reste encore à signaler à l'époque hellénistique etgréco-romain e. Ainsi l'on apensé, avec apparence de raison, que le Poseidon de Milo (fi g. 5314) rendait dans sa pose, sinon dans son style, le Zeus de l.éocharès 20 : il est campé, non sans quelque emphase, la main droite levée et appuyée sur le trident, la gauche retenant sur la hanche la draperie qui couvre le bas du corps. La statuaire est restée fidèle àla même attitude du NEP 71 --NEP dieu debout, avec diverses variantes: tantôt, comme dans une statue de Cherchel, les deux bras retombent' ; tantôt l'un des bras est levé comme dans le Poseidon de Milo, la main tenant le trident posé à terre, et l'autre main ou bien s'abaisse pour s'appuyer sur la hanche 2, ou bien s'avance légèrement en tenant un dauphin'. Outre les attributs, ce qui distingue ordinairement ces exemplaires des représentations analogues de Zeus, c'est le caractère de la chevelure et de la barbe, plus incultes ou comme mouillées, et l'expression de la physionomie, tantôt rêveuse et mélancolique, tantôt hautaine ou inquiète ; parmi les têtes les plus caractéristiques, on peut citer, outre celle de Milo, une tête de Syracuse celle' d'une mosaïque dm Palerme (fig. 5315)', le buste Chiaramonti au Vatican, remarquable par son caractère naturaliste et l'affaissement qui y est empreint'. Parmi les oeuvres gréco-romaines, il convient de rappeler la frise de Munich qui représente le cortège nuptial de Poseidon et d'Amphitrite, et où l'on avait cherché à tort autrefois une réminiscence de la grande composition de Scopas 7. L'image du dieu se retrouve sur un certain nombre de gemmes et surtout de monnaies, dans les attitudes les plus diverses, debout et au repos avec le trident et le dauphin, dans un mouvement de marche rapide et au combat, ou encore assis, montant un cheval ou un hippocampe, etc. a. renseignement précis sur le caractère primitif du dieu que les Latins ont assimilé au Poseidon des Grecs. La présence d'une fête des Neptanalia dans le vieux calendrier romain [FERIAE, p. 1049 et 10621 suppose un dieu Neptunus dans la religion nationale : le mot est de formation adjectivale, comme Pot-tonus, Forlima, mais nous en ignorons l'étymologie 10. Des Neptunalia nous connaissons la date, qui tombait le 23 juillet 1t, et ce détail qu'on y construisait des luttes de feuillages, umbrae, en guise d'abris contre l'ardeur du soleil12. La fête succédait immédiatement à celle des Lucaria, qu'on célébrait le 19 et le 21 du même mois, et dont par malheur le caractère nous échappe aussi '3. Wissowa a émis l'hypothèse que ces deux fêtes sont en relation, et que, célébrées au coeur de l'été, elles ont sans doute pour objet d'obtenir de la divinité une protection contre l'excès de la sécheresse74 : mais c'est une pure hypothèse. En tout cas, si, comme le fait croire l'identification postérieure avec Poseidon, Neptutlus est à quelque titre un dieu de l'élément liquide, on n'a aucune raison de penser qu'il est dans le principe, à Rome, une divinité de la mer. Dans les anciennes formules de culte conservées par Aulu-Gelle, il est associé à une déesse nommée Salacia S5. Ce rapprochement n'apporte aucune clarté nouvelle, car Salaria, elle aussi, n'est pour nous qu'un simple nom. Les anciens l'ont dérivé soit de salax, « lascif », et en ce cas, ils ont interprété Salacia comme une déesse des courtisanes 1°, soit de saloon, te la mer » 11 : mais cette dernière étymologie est manifestement suggérée par la conception ultérieure qu'on s'est faite de Neptune. et c'est pourquoi on a aussi assimilé Salacia à Amphitrite 18. Veuille, autre divinité de l'entourage de Neptune, n'est pas mieux connue : on a fait d'elle une Nymphe ou on 1'a identifiée avec Vénus " H ; dans Virgile, elle est la rnère de Turnus et la soeur d'Amata 20 ; dans Ovide, l'épouse de Janus et la mère de Caneras 21. Ce fut sans doute dans l'Italie méridionale, soit à Tarente, soit à Poseidonia-Paestum, que les Romains apprirent à connaître le Poseidon grec qui s'introduisit dans le culte de la cité sous les espèces de Neptune. La plus ancienne circonstance où nous voyons cette fusion réalisée, c'est le premier LECTISTERNUM décrété en l'an de Rome 355, ou 399 av. J.-C.", Qu'il s'agit bien ici du Poseidon hellénique, c'est ce que prouve son association, dans cette solennité, avec cinq autres divinités qui sont sûrement, elles aussi, des dieux grecs sous des noms latins, et le fait que ce lectisterne fut inspiré par la consultation des livres sibyllins. Dans la cérémonie, les six dieux furent groupés deux par deux ;Neptune y figurait à NEP 72 NER côté de Mercure ; plus tard, dans le grand lectisterne de l'an 217 av. J.-C., offert aux douze grands dieux, c'est à Minerve qu'il est associé'. Tite-Live mentionne, à l'occasion d'un prodige survenu en 203 av. J.-C., un temple de Neptune situé près du Circus Flaminius' : nous ignorons l'année où il avait été construit ; Cn. Domitius Ahenobarbus, consul en 32 avant notre ère, y consacra, sans doute après avoir reconstruit l'édifice, un autel que décorait la frise aujourd'hui conservée à Munich; le jour du 1°' décembre, qui était le dies nt-rit-dis du temple' commémore probablement cette réédification'. Il faut distinguer de ce temple celui qu'un texte signale in campo 6 et qui est sans doute celui qu'édifia Agrippa en 25 avant notre ère au Champ de Mars pour perpétuer le souvenir de ses victoires navales'. La conception de Neptune à l'époque classique n'offre guère de traits originaux. Il est essentiellement le souverain des mers. Quand les (lottes de la République mettent à la voile, il est question parfois de sacrifices publics qu'on lui offre en commun avec Jupiter'; dans la guerre navale avec Sextus Pompée, Octave sacrifie à Neptune en même temps qu'aux Vents favorables età la Tranquillité dos mers"; c'est aussi à Neptune et à Mars qu'il consacre le trophée d'Actium 10. Le chant des frères Arvales mentionne des voeux adressés à Neptunus pater pour le retour et le succès de Trajan lors de la campagne contre les Daces ". C'est en cette même qualité de dieu favorable aux navigateurs qu'on lui adresse des dédicaces ou qu'on célèbre des /udi en son honneur dans différentes villes du littoral de l'Italie t2. Dans certaines parties de l'empire, le culte de Neptune parait assez répandu et se présente avec une physionomie particulière qui diffère de la conception hellénique et officielle. Dans la région des lacs septentrionaux de l'Italie et en Pannonie, ii paraît invoqué comme une divinité de l'élément humide en général, qui préside aux sources, aux eaux courantes et aux lacs" peut-être at-on dans ces cas un ressouvenir du 1Veptunus vieuxromain, qui aura été assimilé avec une divinité locale ". C'est avec ce même caractère, comme dieu des sources, qu'il se retrouve dans un certain nombre de dédicaces de la province d'Afrique". Il est associé aux Nymphes le ; ses images et ses chapelles se dressent sur les ponts des cours d'eau 1' ; il est le protecteur des pécheurs, des meuniers, des bateliers ". A ces divers titres, son culte a survécu assez tard sous l'Empire; on continue de célébrer les IVeptunalia t9 auxquelles se joignent des tiédi Neptunalici, comportant sans doute des naurnac llies 20. Quant à la représentation figurée de Neptune, elle est identique au Poseidon hellénique; ses attributs restent le trident et le dauphin ; on note un exemple où le dieu tient, avec le trident, 1a corne d'abondance L1. F. DulI1bACI1.