Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article NOUMENIA

bNOUMENIA (Nousvta), Le jour de la nouvelle lune, premier du mois, était chez les Grecs un jour de repos, de prières et d'offrandes'. A Athènes les affaires publiques étaient suspendues, mais les marchés étaient particulièrement fréquentés, car ce jour passait pour favorable aux achats et en général à toute entreprise E. S. disaient : _ l °i o3 âx c ,ç, « la chose est sur le tranchant du rasoir ». L'expression, qui se rencontre déjà dans l'Iliade avec son sens proverbial, témoigne assez de la haute antiquité du rasoir'. Nous en avons une autre preuve dans les plus anciens monuments de l'art hellénique, où des hommes, qui portent au menton une barbe longue et fournie, ont la lèvre supérieure complè tement rasée'. Les Romains connu rent aussi cet instrument de très bonne heure, comme en fait foi la légende de l'augure Attus Navius, qui aurait, sous Tarquin l'Ancien, fendu une pierre avec un rasoir'. Le rasoir devint encore plus nécessaire à partir du jour où s'intro duisit la coutume de se raser entière ment le visage ; elle a duré chez les peuples classiques depuis Alexandre le Grand jusqu'à Hadrien, pendant plus de quatre siècles [BARBA). Aussi le rasoir est-il souvent mentionné dans les textes parmi les instruments usuels du barbier On a trouvé dans tous les pays jadis occupés par les Celtes et les Étrusques un nombre considérable d'objets en bronze, qui sont actuellement considérés comme des rasoirs par la plupart des savants voués à l'étude des temps préhistoriques. Ce sont, en général, des lames arrondies, en forme de demi-lune, dont le bord convexe était assurément fait pour couper ; la main devait s'introduire dans l'échancrure concave pratiquée sur le bord opposé ; à la partie supérieure est un anneau qui permettait de suspendre l'objet quand on avait fini de s'en servir (fig. 5333)'. Quelques archéologues ont contesté que ces objets' fussent des rasoirs; ce seraient, d'après eux, des tranchets de cordonniers a ; mais leur opinion n'a pas prévalu. M. Helbig, notamment, a soutenu avec force l'opinion contraire; il admet même comme une certitude que ces bronzes étrusques et celtiques nous ont conservé le type du rasoir en usage chez les Grecs depuis l'époque homérique et que la forme semi-lunaire fut pendant toute l'antiquité la forme la plus commune. II allègue principalement tin vers, où Martial parle de l'étui recourbé, curva t/teca, dans lequel le barbier enfermait son rasoir' (en grec, :upcOrxr, et'upoSdxr)e, Il n'en reste pas moins un fait singulier; c'est que ces objets des temps primitifs soient si nombreux et que nous en connaissions si peu d'analogues par les monuments grecs et romains de l'époque historique. On peut voir à l'article KAtROS (fig. 4251) un bas-relief qui représente l'Occasion sous les traits d'un jeune homme tenant une balance posée sur un objet demi-circulaire; si cet objet, comme on l'a pensé, est un rasoir, nous aurions là une image symbolique du proverbe connu ; l'Occasion fait pencher la balance posée 1, sur le tranchant du rasoir » 9. On a mentionné aussi une lame semi-lunaire avec manche en os, provenant d'une fouille faite à Rome; d'après M. Helbig, elle rappelle absolument les rasoirs préhistoriques et n'a pas pu servir à un autre usage 16, Il semble bien, en tout cas, que la forme demi-circulaire n'a pas été la seule que les anciens aient connue; car on a signalé, même parmi les vestiges des populations préhis toriques ou non classiques, des lames Instruments de barbier. droites, quelques-unes à double tran chant, qui par leurs dimensions et leur faible épaisseur paraissent avoir été destinées à remplir le même office". La figure 5334 représente les instruments professionnels d'un barbier [TONSOR), d'après une pierre tombale des bas temps de l'antiquité romaine ; on y voit NOV -'109 NOV un peigne, un miroir, des ciseaux et deux autres instruments, qui ne peuvent être que des rasoirs. Ils semblent avoir été d'une seule pièce, avec une petite queue courte, servant de manche, et il est clair que la partie rectiligne était la partie coupante. Cet exemple est, en somme, le plus sûr qui soit parvenu jusqu'à nous, parce qu'il ne peut y avoir de doute sur le caractère du monument et sur le nom des objets représentés '. Enfin, on a signalé, parmi les antiquités trouvées à Carthage, des rasoirs en bronze qui ont encore une autre forme ; dans l'ensemble, ils rappellent le ciseau du menuisier ; c'est une lame droite, terminée à sa partie inférieure par un tranchant curviligne; la partie supérieure est surmontée d'un manche très mince, du même métal, affectant la forme d'un col de cygne. La surface est couverte d'ornements gravés, images de divinités, d'hommes, de plantes, d'animaux, etc. (fig. 5335). Il parait que les nègres du centre de l'Afrique se servent encore aujourd'hui de rasoirs du même type. Peut-être dans l'antiquité était-il particulier aux populations puniques et africaines. En tout cas la forme courbe du tranchant fournit un point de comparaison utile avec les rasoirs découverts en Europe, et l'hypothèse qui fait de ceux-ci des rasoirs s'en trouve fortifiée 2. On a parfois désigné sous le nom de novacula des couteaux destinés à des usages plus grossiers que le rasoir, mais qui en rappelaient probablement la forme'. G.LAF_SYE.