Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article NOVENSIDES

NOVENSI®ES, NOVENSILES. Dès l'antiquité, l'ori gine et le sens véritable de ce mot étaient fort obscurs' Les uns prétendaient retrouver dans les deux premières syllabes du mot le mot novent, et croyaient qu'il s'agissait d'un groupe de neuf dieux : telle était l'opinion, entre autres, de L. Calpurnius Piso, de Varron, de ManiBus', les autres, au contraire, rattachaient ces deux syllabes à la racine nocet au mot novus : pour Cornificius, les Di Novensides étaient des dieux novitatum praesides; pour L. Cincius Alimentus, c'étaient des numina peregrina ex 'invitai(' appellata3. Deux inscriptions, trouvées l'une à Pisaurum, en Ombrie, l'autre dans le pays des Marses, et le texte du carmen devotionis de P. Decius Mus reproduit par Tite-Live', où le mot se retrouve, n'apportent point d'argument décisif : les deux inscriptions donnent la forme nove . selle, novesede, en un seul mot ou en deux mots séparés par un point, et ne fournissent autan renseignement sur la nature de ces dieux. Dans le carmen devotionis, les Divi Novensiles sont invoqués après Janus, Juppiter, Mars pater, Quirinus, Ilellona, les Lares, et avant les Dii Indigetes; la place qu'ils occupent dans cette énumération ne nous parait pas justifier l'opinion d'après laquelle les Divi Novensiles et les Dii Indigetes forment deux groupes qui s'opposent l'un à l'autre'. On ne voit pas pourquoi, si les Dii Novensiles ou Novensides sont les dieux les plus récemment adoptés par les Romains, le carmen les intercale entre les divinités nommément désignées et les Dii Indigetes'. Dans Diodore, il est vrai, la formule du serment, que les Italiotes jurèrent, dit-on, avant l'explosion de la Guerre sociale, pour soutenir les projets de leur protecteur M. Livius Drusus, renferme dans les premiers les Dii Indigetes, dans les seconds les Dii Novensides. Mais l'ordre suivi dans cette formule est exactement l'inverse de l'ordre suivi dans le carmen devotionis, et les autres dieux invoqués, Jupiter Capitolinus, Vesta, Mars, Tellus, ne sont pas exactement les mêmes que ceux du carmen devotionis. Il n'est pas non plus légitime à notre avis d'assimiler les dii adventicii, mentionnés par Tertullien, aux dii I avensides e. Les savants modernes ne sont pas moins divisés d'opinions que les auteurs anciens. Mommsen', Corssen ", Deecke", Jordan12 croient que les Di Novensides formaient un groupe de neuf divinités, d'origine sabine NOX I l l NOX o°u étrusque; au contraire, M. Bréal ', Biicheler Madwig', Marquardt4, Wissowa 3 voient en eux des dieux admis après coup dans la religion romaine. D'après Bréal, le mot Novensides a été créé par la réunion des deux mots novi et eatsides, pluriel de enses, mais pourquoi, dans l'un des deux documents épigraphiques qui renferment le mot Novensides, ce mot est-il coupé nettement en noue.sede, tandis que dans l'autre la forme novesede montre combien peu importante était la lettre n, par laquelle se termine la seconde syllabe? Nous devons nous résigner, jusqu'à l'apparition de documents nouveaux, à laisser ce problème sans solution certaine. J. TuTAIN.