Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

NUMERUS

NUMERUS. Les légions, les cohortes auxiliaires de fantassins et les corps de cavalerie appelés ailes [LLGIO, collons, ALA] n'étaient point les seules troupes que les Romains employassent à l'époque impériale pour la garde des provinces. Dès le ter siècle, ils firent appel à des milices indigènes qu'ils chargèrent de maintenir l'ordre ou de coopérer à la défense des frontières'. Bientôt même, les empereurs imaginèrent de faire de ces milices un usage plus direct etmoins exceptionnel ; ils les envoyèrent en dehors de leur pays et les utilisèrent concurremment avec les auxiliaires réguliers. Ceci commença à se produire dès l'époque de Trajan 2, mais l'institution ne se développa qu'au courant du 1I° siècle, quand le recrutement des légions d'abord, des corps auxiliaires ensuite étant devenu régional [DILECTUS], il parut nécessaire de renforcer certaines armées provinciales par des éléments de choix venus d'ailleurs. Ces troupes formées de soldats orignaires de pays autres que ceux où elles stationnaient sont désignées sous le nom de numerus. Proprement, un numerus est un corps d'irréguliers, qui n'est ni légion, ni cohorte, ni aile 3. Peu importe qu'il se compose de fantassins, de cavaliers ou des deux ; pour désigner les corps de cavalerie de cette sorte, on se sert bien, au n° siècle, du terme vexillatio 4 et au me siècle du terme cuneus' ; mais on emploie aussi le mot numerus pendant cette période pour désigner une troupe montée 6. Les numeri nous sont connus par quelques passages du traité attribué à Hygin sur la castramétation 7 et par des inscriptions. Ces documents permettent de se rendre compte, au moins d'une façon générale, de la nature et de l'organisation de ces troupes. Elles étaient recrutées aussi bien en Orient qu'en Occident et naturellement chez les peuples guerriers dont on pouvait attendre un emploi utile dans l'armée romaine : Bretons (numerus exploratorum Bremeniensium 8 ; pedites singulares Britannici 9 ; numerus Brittonum10, Brittonum Triputiensium", BrittonumlVemaningensium12, etc.) ; Germains (numerus Divitiensium i3, numerus Meneluensium'4, numerus Frisionum Aballavensiuml', etc.); Pannoniens (numerus Cattharensium 16); Rètes (numerus Gesalorum17) ; Sarmates (numerus equitum Sarmatarum 18) ; Maures (vexillarii Africani et Mauretani Caesariensesf9, numerus Mauretanorum Tibiscensium 20, numerus Maurorum Aurelianorum2f, etc.); Palmyréniens (numerus Pal NUM 418 .N113i myrenorum 1) ; Syriens (numerus Syrorum 2), etc. Contrairement à ce qui se passa pour les cohortes auxiliaires, ce recrutement ne fut pas modifié pendant les trois premiers siècles; même lorsqu'un numerus n'était pas campé dans sa province d'origine, il continuait à être alimenté par des recrues qui en étaient tirées. Ainsi les soldats du numerus Patmyrenorum campé à El-Kantara (Nuinidie) continuent à venir de Palm,yre3, comme venaient aussi de Syrie ceux qui composaient lenumerus SyrorumdeDacie4. De même, nous rencontrons dans les numeri de Germains, un grand nombre de noms qui prouvent leur origine indigènes. D'après les renseignements fournis par l'ouvrage attribué à Hygin, l'effectif de ces troupes variait entre 500 et 900 hommes a. Le commandant en portait quelquefois le titre de praefectus' ou de tritiunus8 ; mais pour l'ordinaire, le corps étant irrégulier, il était désigné sous le nom, habituel en pareil cas, de praepositus, qui ifnplique une charge passagère, cumulée souvent avec un autre commandement. Et, en fait, les préposés de numeri exerçaient en même temps un autre commandement : ce sont des tribuns 9, ou des préfets 10 de cohortes auxiliaires, des préfets d'ailes de cavalerie, ou plus souvent encore des centurions légionnaires". On rencontre une fois un centurion de cohorte, curator numeri, pour le numerus des Palmyréniens d'El-Kantarai2. Quant aux officiers inférieurs ou sous-officiers, ce sont à peu près les mêmes que pour les autres auxiliaires : decuriol3, centurio l t, optio'' pour le commandement, signi fer 16 et imaginifer pour le port des enseignes, cornicularius 18 et actarius 1° pour l'administration ; on trouve aussi dans les numeri des sesquiplicarii" et des immunes'. A l'époque postérieure à Dioclétien et spécialement à la période que nous fait connaître la IVotice des Dignitels, le mot numerus est employé pour désigner un corps de troupes quel qu'il soit, légion, aile, cohorte auxiliaire ou prétorienne, flotte même. Ainsi, d'un soldat qui sert dans l'armée impériale on dira : in numeris militat 22 ; d'un officier : se/tolets et numeros tractai 23. Pour indiquer les troupes soumises aux magistri militum sans distinction, la Notice s'exprime ainsi : qui numeri ex praedictis per infra scriptes procincias hanentur24. Dans les exemples où.. le mot numerus semble employé avec un sens plus technique25, M. Mommsen est d'avis26 qu'il faut voir un mélange incorrect, et t,el qu'il se produit souvent à ces époques de décadence, de désignations générales et de termes spéciaux maladroitement mélangés R. CAGNAT. nuis]. IL Ouvrier monétaire f MONETAR1US, p. 1984].