Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article NUMMUS

NIUMMUS. Le sens de ce terme a varié suivant les temps ; il a désigné tantôt la monnaie en général, tantôt certaines espèces monétaires déterminées. Chez les Grecs, le mot vdg.oç fut parfois employé comme synonyme de ns',.tcpi.o et signifia « la monnaie légale n, déterminée par la loi, c'est-à-dire la monnaie en général. Une inscription de Priène, de l'époque romaine, donne encore ce sens générique au mot vdu.oc'. Dans les colonies doriennes de la Sicile et de la Grande Grèce, où ce mot revêtait la forme vsoggnç, il signifiait la monnaieétalon, la pièce qui servait de base au système monétaire'. Or, il y eut dans ces colonies deux espèces d'étalons monétaires, l'un importé delaGrèce, l'autre d'origine indigène ; de là, deux espèces de vobu.goa. Le voûggoç d'origine grecque était une pièce d'argent se rapprochant du didrachme corinthien Au Ive siècle le nom de vodi.3.gcç ou vôgoç est cou ramment donné dans la Grande Grèce à la pièce étalon dont le poids, suivant les villes, varie entre 7 et 8 gr. 404. Cer tains ateliers frappent des divisions de ce voCggoç ; il y a des demi-voéggot à Velia, Tarente, Métaponte"; des tiers et des sixièmes de voup.got à Crotone, Locres, Métaponte, Posidonia, Sybaris, Thurium On rencontre même exceptionnellement le double vouggoç ou èivouggoç et le quadruple ou Tm'rpâvouggoç à Thurium et à Métaponte Dans les trésors du sanctuaire de Délos où, au ne siècle avant notre ère, affluait l'argent de la Grande Grèce aussi bien que des autres parties du monde hellénique, les inventaires, notamment celui de Démarès en 180, mentionnent des Tmtipxvoga., des ôivogx, des vdgot'. Le vo"vôgoç de Tarente est reproduit ici (fig. 534.2). L'autre espèce de vôgoç ou voûggoç se rattachait au système monétaire indigène des Siculo-Italioi:es qui avait pour base la LrrIiA. Nous rappelons qu'on donnait le nom de titra non seulement à la Ji vre de bronze, mais à lapetite l'équivalent ; lorsque les co lons grecs s'installèrent dans le pays, ils appelèrent cette petite titra indigène du nom qui, chez eux, désignait la monnaie-étalon, voûggoç ; et comme cette monnaie indigène ne cessa pas d'être frappée même dans les colonies doriennes, en concurrence avec celle qui était d'origine grecque, il arriva qu'il y eut deux monnaiesétalons ou vovggot, l'une pesant suivant les villes, de NUM 11`.? NUM 8 gr. 40 à 7 grammes, l'autre du poids d'environ 0 gr. 86 ou 0 gr. 87, équivalant au dixième du statère corinthien. Aristote évaluait le volEr.µas siculo-italiote à 1 1/2 obole attique'. L'exemple donné (fig. 5343) est un vouuf,.os de Syracuse. Comme les autres Italiotes, les Romains frappèrent leur petite titra d'argent à côté de leur énorme titra ou as de bronze; ils l'appelèrent sesterce et, par assimilation avec le nom que donnaient les Grecs à la pièce analogue de l'Italie méridionale et de la Sicile, nummus sestertius : c'est ainsi que le terme de ve,o zizos, transcrit nummus, fit son entrée dans la langue latine -SESTERT1US)2 Mais les Romains empruntèrent aussi aux Grecs de l'Italie méridionale et de la Sicile le terme de voufu..os, nummus, pour désigner leur grande pièce d'argent, leur denier. lis disaient nummus denarius pour désigner leur pièce d'argent qui valait dix as de bronze )DEyARJrs] ; ils employèrent aussi l'expression nummus quinarius pour leur quinaire d'argent ou demi-denier LQUINiRIuSj, et c'est ainsi que le mot nummus en arriva à désigner toute espèce de monnaie d'argent, puis toute pièce de monnaie quel qu'en fût le métal : numrnus aureus, nummus argenteus, nummus aereus sont des expressions courantes dans la littérature latine, de même que l'usage du mot nuinrnas accompagné du qualificatif désignant chaque espèce de monnaie : nummus centenionalis, nommas castrensis, nummus bractea.tus, nummus irtcusus, nummus deeorggrus, numrnus mixtes, nummus serratus ou dentatus, etc. Vers la fin de l'Empire romain et à l'époque byzantine, à côté de ce sens général de u pièce de monnaie quelconque », le mot nummus reprend un sens spécial et désigne la plus petite des monnaies réelles. Un texte juridique de l'an 327 évalue des amendes à 100000 et à 20000 nummi3. Les comptes se font en nummi; une parcelle de pain se paie un nummus `. Ce nummus n'est autre que la pièce appelée aussi centenionalis, nummus centenionalis et aussi denarius conzrnunis, si bien que denarius et nurnmus finirent par désigner la même pièce, l'unité de bronze qui était, à cette époque, une petite monnaie dont le poids varie de 3 gr. 55 à 2 gr. 60 environ " _ Une ordonnance de 335 prescrit d'établir désormais tous les comptes en nummi centenionales a. Cedrenus assimile le nummus au follis : ?d),ÀEtu trot voGli.;v.ot 7, et un passage de la chronique du comte Marcellin nous fait connaître exactement quel était, sous Anastase, ce nummus-follis de bronze : Anastasius nummis g2.'os Romani terentianos, Graeci pltollares votant, suo nornïne fia _catis, implacabilem plebis cornmutationem distra.xit3, Ainsi le numrnus fo/taris des Grecs était un cronce (quadrans) pour les Romains, et cette pièce nid marquée de son nom (nummis suo nouaille figtti ri.). En effet, sur les monnaies byzantines de bronze, à partir d'Anastase, on voit assez souvent les lettres iN-ai, qui sont l'abrégé du mot voutgcdv, nummium, forme byzantine la plus ordinaire à la place de vdµoç ou voà,cf o, (4. 5345 à 5347). Ceslettres sont accompagnées d'indices numéraux qui correspondent à la valeur des pièces Les plus grands de ces folles-nummia portent l'indice XXXX ou XL dans les ateliers latins, l'indice M (40 numrnia) ou même MC (Ui dans les ateliers grecs (fig. 5343). Viennent ensuite les pièces marquées K ou XX, I ou X, C ou V 20 nummia, f0 nummia (' Exzveug,a,ia), et 5 nummia. II y a aussi des pièces de 8 nummia, de 4 nummia et enfin l'unité ou nummium3. Parfois la mention N-M fait défaut, l'indice mimerai seul étant gravé. Sur les monnaies de bronze des Vandales, frappées à Carthage, on relève les marques NXLIi, NXXI, AXII, N1l11 qui signifient 42, 21, 12 et rn nurnmia t0 (fig. 5348. 3343). Dans la série byzantine la pièce de an nammiurn cesse d'être frappée à partir de Justinien. Le nummtium devient alors une simple unité de compte dont il est fort difficile d'apprécier la valeur. Des gloses nous informent qu'on comptait 12 nommé ou numrnia dans une silique et 288 dans un sou d`or" ; mais quels étaient ces nummi? Cassiodore compte au contraire 6000 nurnmi ou denarii de bronze dans un sou dur 12. Cette équivalence subit, d'ailleurs, suivant les temps, d'incessantes variations, et la valeur du sou d'or monta parfois jusqu'à 5760 et même 7 200 de ces nummia de compte 13. E. BaèEm,o:v. NUN 120 NUN