Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article NUNTII

NUNTIIEsclaves messagers [SERVI!. homérique,Fusage des nourrices semble avoir été répandu, On connaitla nourrice d'Ulysse, Eurycléiat. Nausicaa avait été allaitée par une esclave, Eurymèdousa2. Toutefois il n'est pas vrai, comme on l'a affirmé, que ce fût là une coutume générale 3. 11 y a, dans Homère même, des exemples d'enfants nourris par leur propre mère : Hécube avait donné le sein à Hector 4, Pénélope à Télémaque°.De plus n'oublions pas que c'est, presque exclusivement, la vie des riches et des puissants que l'Iliade et l'Odyssée nous mettent sous les yeux. Dans la foule des ménages pauvres, le nourrissage maternel était, certainement, la règle. A l'époque historique, on distinguait la'rér6ri, ou nourrice proprement dite, de la -rpo?éç, garde ou nourrice sèche 6. Le nourrissage mercenaire paraît avoir été à peu près général à Athènes, dans les familles aisées Presque toujours cet emploi était exercé par des femmes de condition serviletrès rarement par des femmes libres Les fonctions de la nourrice étaient, naturellement, à peu près les mêmes que de nos jours. La vieille nourrice des Choéphores 10, pleurant la mort d'Oreste, en énumère l'essentiel : o Mon cher Oreste, lui que j'ai nourri..., et dont les cris aigus me faisaient lever au milieu de la nuit. Tant de peines perdues.... Un enfant encore dans les langes, cela ne sait rien dire, soit que la faim le presse, ou la soif, ou l'envie de se soulager. Et ventre d'enfant n'attend pas la permission. Je prévoyais tous ses besoins, mais souvent aussi, on s'en doute, j'arrivais trop tard. Et alors il fallait laver les langes blanchisseuse et nourrice, c'était le même emploi. » Après le sevrage, c'était NUT 123 -N Y K encore la Tfr9-tl ou la 'ois qui nourrissait l'enfant avec des aliments, qu'elle machait, d'abord, elle même dans sa bouche : cette pratique s'appelait 'teog.(Uty, rtr('(stv Promener l'enfant dans les brase, le bercer', lui chanter des chansons 4, l'amuser par de beaux contes', l'effrayer, quand il n'était pas sage, par toutes sortes de croquemitaines (Acco, Alphito, Empousa, Ephialtès, Gello, Gorgo, Lamia, Mormo, Mormolyké) 6, ce sont là des soins communs aux nourrices de tous les temps [EDUCATIO, p.li6]. Particulièrement estimées et recherchées étaient les nourrices lacédémoniennes'. La laconomanie, qui fut, comme on sait, une mode au ve siècle parmi l'aristocratie athénienne, suffiraitàexpliquercette vogue8. Mais, de plus, ces femmes avaient des procédés d'éducation particuliers. Elles élevaient les enfants virilement, à la spartiate', ne les emmaillotant point (contrairement à l'usage athénien), les habituant à n'être point délicats pour la nourriture, à n'avoir peur ni dans la solitude ni dans les ténèbres, enfin à n'être ni grognons, ni pleurards 10. La nourrice d'Alci-biade, Amycla, était une de ces Lacédémoniennes ". Comme de nos jours, on se plaignait déjà amèrement en Grèce des défauts des nourrices. On leur reprochait, d'abord, leur gourmandise : plus d'une, en mâchant les aliments à son nourrisson, ne se faisait pas scrupule d'en avaler une bonne part" Puis, leurs soins, même dévoués, étaient trop souvent inintelligents. « L'enfant a-t-il faim, la nourrice le couche. A-t-il soif, elle le met au bain. A-t-il sommeil, elle choisit ce moment pour agiter des crotales à ses oreilles". r Rien de plus niais, et parfois de plus dangereux, que les histoires par lesquelles elles amusaient leurs nourrissons : la sottise des contes de nourrices (rttOav µélot) était passée en proverbe''. Enfin, leur affection même n'était la plupart du temps qu'apparence et simulation intéressées. Aussi les moralistes prêchaient-ils l'allaitement maternel '°. Toutefois il y avait aussi, cela va sans dire, de bonnes et fidèles nourrices. A l'époque homérique, Eurycleia en est le type : aussi, sa mission achevée, est-elle restée dans la maison d'Ulysse, où elle vieillit, respectée et honorée 16. Dans la période classique il suffirait de rappeler le rôle, si honorable, confié aux nourrices dans plusieurs tragédies. Nous avons déjà cité la vieille Cilissa, dans les Choéphores. Non moins attachées se montrent la nourrice de Déjanire chez Sophocle t7, celles de Médée1e, de Phèdre 19, d'Hermione 20 chez Euripide : leur zèle aveugle va parfois jusqu'au crime. La poésie n'a pas inventé de toutes pièces ces figures : si elles ont pris au théâtre une telle place, c'est que la vie réelle, dans un cadre plus bourgeois, en offrait de toutes semblables. Nous en trouvons la preuve, entre autres, dans un plaidoyer du ive siècle", où l'on voit une vieille nourrice, que ses longs et dévoués services font regarder moins comme une servante que comme une personne de la famille, défendre, lors d'une saisie, le bien de ses maîtres avec un zèle farouche qui lui coûte la vie. Les nourrices sont représentées assez souvent dans l'art grec; les coroplastes en ont fait un type familier(fig. 5360) 22, quelquefois poussé à la caricature. Sur les sarcophages oit elles sont pla cées à côté de Phèdre, de Médée (fig. 4878), de Clytemnestre, des Niobides, etc., on les reconnaît au mouchoir qui leur enveloppe la tête (fig. 5350)23. sieurs siècles, les moeurs romaines firent à la mère une obligation stricte de nourrir elle-même ses enfants 21. Il vint un temps, cependant, où les familles riches prirent l'habitude d'avoir, selon la mode grecque, des nourrices 'n Au dernier siècle de la République, l'usage en était devenu général 26. Leurs fonctions étaient celles que nous avons dites plus haut"; on distinguait la nourrice proprement dite (nutrix, ou même mater)" de la nourrice sèche (cessa nutrïx)2D. Sous l'Empire, quand la langue hellénique devint partie intégrante de l'éducation des classes élevées, on regarda même comme nécessaire de donner à l'enfant des gouvernantes grecques 30. Très souvent, après que leur nourrisson avait grandi, les nourrices romaines restaient dans la maison. Il n'était pas rare, même, qu'une fois mariées, les jeunes femmes les gardassent auprès d'elles, comme des personnes sûres et dévouées' [EDUCATIO, p. 479]. O. N 1vARAE,