Le Dictionnaire des Antiquités Grecques et Romaines de Daremberg et Saglio

Article NYMPHAE

NYMPHAE. Niip.pat. Si l'étymologie du nom des Nymphes est controversée', il ne saurait, du moins, y avoir de doute sur leur signification primitive. Elles sont la personnification des forces naturelles qui président à la croissance et à la fécondité, tant dans le règne végétal qu'animal. Tous les produits de la terre sont, en effet, sous la puissance des Nymphes : ce sont elles qui, en leur prêtant la chaleur et l'humidité appropriées, les font croître et fructifier 2. La prospérité des troupeaux est aussi leur oeuvre : de là leur surnom d'E7ttu7ïatieç 3. Enfin l'espèce humaine elle-même n'échappe point à leur action. Elles protègent et nourrissent l'enfant dans le sein maternel, et c'est pourquoi, à sa naissance, on leur rendait grâce par un sacrifice'. Ainsi s'explique également leur rôle dans les cérémonies des fiançailles et du mariage. Résumant d'un mot leur puissance, Eschyle les appelle 13t63wpot, déesses qui donnent la vie'. A l'appui de cette conception des Nymphes, on peut invoquer encore leurs intimes rapports avec d'autres divinités, qui, elles aussi, président à la végétation et à la fécondité [MAENADES, p. 14791. Ainsi nous les trouvons associées dans l'art, dans le culte, dans les inscriptions votives avec les Ménades, les Heures', les Charites Déméter', Hermès', Apollon Nomios 10, Pan ". Dans plusieurs légendes même, en particulier dans celles d'Hermès et de Dionysos, elles apparaissent comme nourrices des dieux enfants. La religion des Nymphes est déjà fixée en ses traits essentiels chez Homère. Filles de Zeus, qui tient l'égide f 2, elles sont déesses elles-mêmes 13 ; et, à ce titre, elles assistent, sinon aux conseils ordinaires, du moins aux assemblées plénières des immortels f4. Le poète les répartit, d'après leur séjour préféré, en trois grandes classes : les Nymphes des montagnes (ôpen6uç)15, les Nymphes des fleuves et des sources (v7r)ïieç ou xp'tïvaïat)16, les Nymphes de la campagne (âypovéust)f7. Division qui embrasse, comme on voit, la nature physique tout entière, ramenée à ses aspects fondamentaux. Au sommet des monts, sur l'Erymanthe et sur le Taygète, les Orestiades accompagnent Artémis dans ses jeux et ses chasses 1d. A la source des fleuves ", les Naïades siègent en des grottes, pareilles à celle d'Ithaque décrite par le poète : « Près d'un 1 Paus. 1, 40, 6. 2 Plut. Isis et Osiris, XXXV; cf. Plut. Quaest. rom. CXII; Pbylargyr. ad Virg. Georg. IV, 521 ; Serv. ad Aen. IV, 303; A. Mommsen, Delphika, p. 275 et 277; Preller-Robert, Griech. Myth. p. 690; Rhode, Psyche3, II, p. 45.