OCTOBER EQUUS. Le vocable de Cheval d'Octobre, pris au sens restreint, désignait à Rome la victime d'un sacrifice solennel, offert le jour des Ides du mois à Mars', divinité agricole, par le Flamen liIartialis, en présence des Pontifes et sans doute aussi, quoique les témoignages n'en fassent pas mention, du collège des Vestales. Au sens étendu, il s'applique à l'ensemble de la cérémonie, qui compte parmi les plus anciennes et les plus caractéristiques de la religion champêtre, dans la région des sept collines 2. A ce titre, elle est à mettre au même rang que la procession des Saliens, la noyade des Argées, la course des Lupercales, les fêtes des Palilia et des Fordicidia, avec lesquelles elle offre des traits de ressemblance et des rapports d'intention Il en est question pour la première fois dans un texte de Polybe, qui se réfère à Timée 4 ; les détails nous en sont révélés par' Festus et son abréviateur Paul, qui les avaient empruntés au traité De significatione verborurn, composé sous Tibère par l'antiquaire Verrius Fluents '.
La cérémonie avait lieu au Champ de Mars; elle débutait par une course de chars attelés de deux chevaux; c'est le cheval de droite du char victorieux qui fournissait la victime. Celle-ci était immolée sur un autel très ancien, situé au lieu dit : ad Ciconias Nixas, le même autour duquel les Saliens dansaient en mars la danse des armes 6. Aussitôt le cheval égorgé, on lui coupait la queue, qu'on transportait en courant àlallegia, afin d'en égoutter le sang sur les cendres du foyer de Vesta. Ce mélange était conservé au penus de la déesse pour être incorporé au produit de la combustion des veaux mortnés, dont le sacrifice formait l'élément principal de la
OCTOBER EQUUS. I Fest. (édit. 0. Müller), p. 178, 179. Plutarque., à tort, Quaest. Rom. 97, parle des Ides de décembre. 2 Mannhardt, dlythol. L'orsclnu,
6 Voir, avec les passages cités plus haut, Paul D. p. 220 Panibas; Ibid. 131
Premier, Hestia-Vesta, p. 312; Marini, Atti, p. 151. Pour l'autel, voir Tit. Liv.
groupe en bronze de cigognes qui se bégnelaient.
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cérémonie des Foirdicïdia'. Par les soins des Vestales la mixture de ces éléments divers était distribuée à la foule le jour des Palilies, pour servir à la purification des trou
Le troisième acte de la fête débutait par la décollation du cheval ; la tète tranchée était ornée d'une guirlande de pains et devenait l'objet d'une lutte entre les habitants des quartiers limitrophes de la Voie sacrée et de Suburre 2. Suivant que les, uns ou les autres triomphaient, le trophée était cloué ou aux murs de la lzegia, ou au faite de la Tour Mamilia, devenant ainsi pour ses possesseurs d'une année un gage de lustration et de prospérité'.
Quoique Timée et après lui Verrius Flaccus et Plutarque se soient mépris sur la nature de cette fête, en v mêlant le souvenir du Cheval de Troie avec des idées guerrières, les Romains en avaient deviné le caractère champêtre et indigène. Elle est célébrée, disaient-ils, ab fruguni eventuln; non pour la prospérité des semailles qui, au déclin de l'automne, sont confiées à la terre, mais pour la conservation des récoltes alors mises en grange
C'est le fait que symbolise notamment la guirlande de pains dont on ornait la tète du cheval avant de l'exposer °. Il est question de panes laureati dans les actes des Arvales, et aux VESTAL1A les ânes employés dans les moulins recevaient un collier de pains entrelacés de fleurs'.
L'immolation du Cheval d'Octobre suivant la forme rituelle était pratiquée encore à Rome, au déclin de la République, et il y est fait des allusions par les poètes sous le règne d'Auguste'. Lors du triomphe de César en 'iG av. J.-C., des soldats s'étant révoltés, deux d'entre eux furent exécutés en présence des pontifes et sous la présidence du flamine de Mars; leurs têtes encadrèrent sur les murs de la Media, où résidait le dictateur en sa qualité de grand pontife, la tête du Cheval d'Octobre'. Le calendrier de Philocalus, qui date de Constantin, prouve que, comme les Lupercalia, elle survécut quelque temps à l'établissement du christianisme 9.
Les mythologues modernes, qui ont interprété avec succès les pratiques des religions grecque et romaine parles usages populaires, ont prouvé que celle du Cheval d'Octobre, à Rome, se rencontre dans un certain nombre de cultes champêtres. Grimm en a trouvé des traces chez les anciens Germains" ; Mannhardt, dans une étude très complète et très documentée, dont nous nous bornons à citer la conclusion, a établi que les divers épisodes de l'immolation_, telle qu'elle se pratiquait au Champ de Mars, sont les actes d'une cérémonie de lustration et de
propitiation qui se retrouvent chez plusieurs peuplades agricoles, et finalement que le cheval sacrifié à Mars, divinité rustique, n'est autre chose que la personnification du daemon, ou génie protecteur des céréales (Celreidedaemon). J, A. llu.b.
mière de ces désignations' s'applique peut-être à un fabricant d'instruments à l'usage des médecins oculistes 2; peut-être, aussi bien que la seconde, se réfère-t-elle à la pratique, constante dans l'antiquité', d'incruster dans les tètes des statues de métal, et même de pierre ou de marbre, des yeux faits d'autres matières, argent, cuivre, ivoire ou os, émail, pierre dure colorée, combinées de manière à leur donner une
apparence plus vivante. On voit (fig. 3375) un oeil trouvé avec un second pareil dans les ruines de Dodone°. Ces yeux sont en pierre blanche, la prunelle creusée renferme un cercle de cris
tal de roche ; ce cercle transparent était entouré d'un anneau, mais celui-ci a disparu avec la matière colorée qui marquait le point visuel. Ils devaient appartenir à une sculpture de grandes proportions'. 11 ne manque pas d'ouvrages anciens; surtout en bronze, qui ont encore en place des yeux ainsi rapportés'. E. S.acr.lo.